Sfyof/jS
RECHERCHES N l^
SUR
LES USAGES DE LA RATE,
LA DÉVIATION DE LA LANGUE DANS L’HÉMIPLÉGIE
,
ET LE SIEGE PRÉCIS DE LA PNEUMONIE;
Tbèse présentée
etsoutenue à
laFaculté de Médecine de Paris
, le18 août 1821, pour obtenir
legrade de Docteur
en médecine
jPar
J.LE BIDOIS, de Caen,
Départementdu Calvados;
Bachelier ès-lettres
;
Élève de première
classede
l’École pratique ;Chirurgien
internede deuxième
classede
i’Hôtei-Dieu etdé
l’hospice de la Maternité
de
Paris.— — —
mmmOptarem res et percipiet tradi circa ipsarum nominaposse.
Galk*.,dePuis,di/fer.
,lib. i, class.4,t. ».
A PARIS,
DE L’IMPRIMERIE DE
Imprimeurde la Faculté de Médecine,
DIDOT LE JEUNE
ruedes Maçons-Sorbonne5 n.# i3.
»
1821.
FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS.
M. LEROUX,
doyen.Professeurs.
M, BOYER, Examinateur
.
M. G HAUSSIER,
M. G O R V
IS A R
T.M. DE YEUX.
M. DUBOIS.
M. HALLE.
M. LALLEMEJNT.
M. PE L L ETA N
,Examinateur.
M. PINEL.
M. THILLA YE.
M. DES GENETTES.
J
M. DUMÉRIL.
|
M. DE JUSSIEU.
M. R IC HER AND.
M. VAUQUELIN.
M. DESORMEAUX.
M. DUPUYTREN.
M. MOREAU, Examinateur.
M. ROYER-COLLARD.
M. BÉCLARD, P
résiduel.M. MARJOLIN.
M. O RFI LA
M. FOUQUIER, Examinateur
.\
M. ROUX, Examinateur.
'
L
9J’4,V.
-J
Par délibération du 9 décembre 1798 , l’École a arrêté que les opinions (mises dans les dissertations qui lui sont présentées, doivent être considérées '•oinme propres à leurs auteurs, et qu’elle n’entend leur donner aucune appro-
1 ation ni improbation
A MON PÈRE,
Docteur en médecine
de la Facultéde
Paris;Chirurgien en
chet de lamaison
centrale de détention de Beaulieu.A MA MERE
X ^ \
Tribut d'amour
filial.J.
LE BIDOIS.
1
A MONSIEUR
C HAUSSIER,
*
7Chevalier
de
laLégion-d’Honneur
et de l’ordre royalde
Saint- Michel; Professeur de la Facultéde médecine de
Paris;Médecin
en
chef
de 1 hospicede
la Maternité; Président des jurysde médecine;
de IÉcole de pharmacie
,de
laCommission
des re-mèdes
secrets etdu Comité
central de vaccine; ancien Secrétaire perpétuel de l’Académie de
Dijon
, etc., etc.Témoignage de reconnaissance pour
labienveillance dont
ilm a honoré dans
lecours de mes études
.A MONSIEUR
LE CHEVALIER VARELIAüD
Docteur en médecine
de la Facultéde
Paris; Chevalier de la id
Honneur; Membre
de plusieurs ssociétés egion- savantesTémoignage de reconnaissance
et d'amitié.J-
LE RIDUIS.
.
/I
I18 au AH 3
\ \
ia8 s-U i î *>t> J9 nminolTIh-itoiï/il i . r>i? .
D
i
V
; {-«iloH si) Si; t'j./ Ni j|) e- :i ! {isfJzv «v*b ta 'hr *> îi» ci - ; ' h -y:'.;*< ,»h ]:üb *»
- m;' : »I) h , .i. . »!o •? . : .•/. a
'
>*..•
, ai» , afmbiisvjh • ai) i-v-nju
Xz \i \> V3V vA\Vvj'-,-sV\ V,
VU*\
V ft\< .'i,•bvV V *t\% 3-.-- i V* ‘V v tvv . :
a y a
i ?.t o
ta
"
’l f f J a
/ .7 liiu.? V HO
..i' :
• '
,
• ' T
"A
' *•' • :.!**•! »)*< b ;• .w-‘!Ut; ' •>••W0©ti b
.... . 1r •<;
y
yJ
su'' 'RECHERCHES
SUR
LES USAGES DE LA RATE,
LA DÉVIATION DE
LA LANGUE DANS
l’hÉMTPLÉGIE ,ET LE SIEGE PRÉCIS DE LA PNEUMONIE.
DES USAGES DE LA RATE.
'
- \ !
'
'MVWVWVVVWAVWVWVVVVVVVVVVVVVVV
-
De
tous les viscères , la rate estun de ceux dont
les usages ont excite le pluslong-temps
et le plusvainement
peut-être la curiosité des physiologistes.Son volume,
son siégé , la grosseur de ses vaisseaux , sesconnexions
étroites avec l’appareil digestif, ont appelé debonne heure
l’attention sur elle.On
s’est plu tour à tourà lui faire jouer
un
rôledans
les différentes affectionsde lame,
1 élaboration des
humeurs
, la formationde
la bile, les maladies, etc.On
1 asoumise
eton
lasoumet encore
àune
multitude d’expé- riences, dont la plusremarquable,
et celle qui devrait être la plus décisive , est son ablation.L’animal
n’a pasparu en
souffrirCe
t
8
)résultat , en renversant toutes les théories qui attribuaient
beaucoup
d’importance à ce viscère, a singulièrement refroidi l’intérêt qu’il inspira d’abord, etmême
fait douter de soumilité dans l’économie.Cependant
la naturene
fait rienen
vain; et il est difficile de re-gardé/comme
remplissantune
place vide , servantuniquement
de contrepoids,un organe
qui existe dans toute la série des ani-maux
vertébrés , se trouve toujours lié h des viscères principaux,et présente des différences
marquées
et constantes, selon lage,les appétits, les
époques
de la digestion, certaines maladies.Haller
y d’après des considérations dont je parlerai plus bas,pensa que
la rate était destinée à préparerun
sang plus convenableet plus
abondant pour
la sécrétion de la bile. Il expliquait l’affluxplus considérable de ce sang
au
foiependant
la digestion par lacompression que U
rateéprouve
alorsde
la partde
l’estomacrem-
pli d’alimens.
Depuis
lui, la plupart des physiologistes ontadmis
cette théorie ,
au moins pour
lefond, comme
étant la plus vrai- semblable.Beaucoup
d’autres, trèsrecommandables
sans doute, jugent encore à propos de se taire.Parmi
ceux-ci ,on
doit distin-guer M.
le professeur Chaussier,
dont les connaissances profondes pourraient jeter tant de jour sur celte matière.
Lorsque
de telshommes
gardent le silence, si j’osejélever la voix, c’estmoins
dans l’espoir d’un succès
complet que
dans celui de mériter leur approbation en recherchant la vérité.J’exposerai sous plusieurs chefs les faits qui
me
paraissent ici lesplus essentiels à considérer. J’essaierai de découvrir leurs x'elations, et d’en tirer,
comme conséquence,
les usages de la rate dans l’éco- nomie.(
9
)FAITS RELATIFS
ALA RATE,
g. I.
Anatomie.
Dans
l3homme
adulte et sain, la rate estun
viscèreordinairement unique,
quelquefois double, triple9 sansqu
il paraisse en résulteraucun
inconvénient; toujours situéprofondément
dans 1hypochon-
die
gauche
entrelesparoisabdominales
et l’extrémitécorrespondante
de l’estomac, à laquelle il est accolé par certains tissus.Sa couleur
est d’un
rouge
violacé, bleuâtre à l’extérieur, d’unrouge vineux
à l’intérieur; saforme peu
régulière, très-variable, arrondie etsou-
vent prismatique, paraîtdépendre beaucoup
des parties contiguës.(En
effet, elle est toujoursconcave du
côtéoù
le viscère reçoit lesvaisseaux et touche à ^extrémité
convexe
deUestomac,
etconvexe du
côté opposé,où
il est contiguaux
paroisconcaves de
l’abdomen.)Sa
surface est unie; sa circonférence , quelquefoislisse , estdécoupée fréquemment
par deséchancrures
arrondies , semblables à cellesqui
résulteraient de la
réunion
incomplètede
plusieurs lobes; sa consi- stance est molle; sonvolume,
très-différent,non-seulement
selon les individus , mais encore selon l’âge , les maladies , lesépoques de
la digestion, etc., ne présente
nul
rapport constantavec
celuid’aucun
viscère, et ses perpétuelles variationsempêchent de
l’ap- précierd’unemanière
absolue.Cependant,
d’aprèsun grand nombre
de
mesures, on
a estimé leterme moyen
de lalongueur
de la rate à quatrepouces
etdemi,
celuide
son e'paisseur hdeux pouces
etdemi
, et de son poids à huit onces.Structure.
A.Deux
tuniques. i.°Une
séreusef la plus exté- rieure , fournie par le péritoine, qui ,
du diaphragme,
de l’estomac ,du grand
épiploon,du
rein et de la capsule surrénalegauches,
se piolonge sur Ja rate, la revet entièrement, excepté vers la scissure, paroù
pénètrent les vaisseaux et les nerfs. Ses usaces sontO d’isoler2
( 10 )
le viscère, de faciliter ses glissemens , et de concourir à le fixer à la place qu’il occupe. a.°
Une
propre} plus épaisse, plus consis- tante , blanchâtre., fibreuse,
remarquable
surtout par son élasti- cité , la faculté de se distendre et de se resserrer instantanémentpendant
la vie. Cette tunique recouvre d’abord la rate dans toute son étendue, puis d’une part envoie de sa surface interneune
* multitude de filets en
apparence
tendineux , qui s’entrecroisent en tous sens dans leparenchyme, auquel
iisforment une
trame réti-culée ; de l’autre elle se prolonge
autour
des vaisseaux qui pénè- trent par la scissure , en leur fournissant descanaux
qui les suivent dans leurs subdivisions. Ses propriétés vitales sont très-obscures, et ses usages paraissent reposer sur ses propriétésmécaniques,
très-inarquées
au
contraire.B.
Vaisseaux
sanguins.—
Artères. Jetonsun
coup-d’oeil sur lesystème
artériel de la rate, et des viscèresauxquels
elle est atta-chée; je crois utile de saisir son ensemble.
De
la partie antérieure de l’aorteabdominale
, entre les piliersdu diaphragme
etimmédiatement
au-dessusdu
pancréas , naît à angle droitune
grosse artère( tronc cœliaque
) qui, après
un demi-pouce
environ de trajet, se divise en troisbranches
d’inégalvolume,
destinées principalement
au
foie, au pancréas, à l’estomac et à la rate.Ces branches
sont :i.°
La
coronaire stomachique, la
moins
volumineuse.Parvenue au
cardia, elle serecourbe
à son côté droitpour
suivre la petitecourbure
de l’estomac,où
elle s’anastomose avec la pylorique. Elledonne
successivement, i.°desrameaux
oesophagiens , dont les prin- cipaux entourent le cardia , et se distribuent à l’extrémité splénique de l’estomac; 2.° desrameaux
gastriques, plus considérables, flexueux, qui se portentaux deux
faces de ce viscère,où
ils sedistribuent en s’anastomosant entre
eux
et avec lesrameaux
des des artères %astr o-épiploïques.2.0
L
"hcpatique}
beaucoup
plus grosseque
la précédente. Arrivée( 11
)
près
du
pylore, elleremonte légèrement
vers le sillon transversaldu
foie , et s’y divise endeux branches
considérables destinées à cette glande et a la vésicule biliaire.Dans
ce trajet , l hépatiquedonne
naissance àdeux
artères fort inégalesen volume
: 1. la pyto-rique qui naît près
du
pylore,marche
de droite àgauche
le long dela petite
courbure
de l’estomac, s’y termineen
sanastomosant
avecla coronaire stomachique, et fournit
au
pylore, ainsiqu aux deux
faces de l’estomac, des
rameaux
flexueux qui s’enfoncentdans
leurs parois et s’abouchent avecceux
de l’artère suivante. 2.0La
gastro- épiploïque droite , grossebranche
néeau moment où
1 arterehépa-
tique
remonte
vers le foie. Ellegagne
et suit lagrande courbure
de l’estomacpour
s’y terminer , et s’anastomoserlargement avec
son analogue , fournie par l’artère splénique.Dans
ce trajet , elledonne
d’abord plusieursrameaux au duodénum
, etun rameau
transverse au pancréas; puis, le long de la
grande courbure
, elleenvoie en haut des
rameaux nombreux
quimarchent en
serpen- tant sur lesdeux
faces de l’estomac,où
ilscommuniquent
avec lesrameaux
gastriques précédens, et en basquelques rameaux
qui descendent verticalement dans l’épaisseurdu grand
épiploon, et, réfléchis à son feuillet postérieur ,s’abouchent
avec les artères coliques.3.8
La
spléniquej
ordinairement
plusvolumineuse que
lesdeux
précédentes.
Logée
à son origine dansun
sillondu bord
supérieurdu
pancréas, elle se dirige àgauche
vers la rate , en décrivant des flexuosités multipliéeset très-étendues. Elledonne,
i.°desrameaux
pancréatiques verticaux qui vont s’anastomoser avec le
rameau
transverse précédent ; 2.
0
une
grossebranche
, la gastro-épiploïquegauche
,
qui est souvent plus considérable
que
la gastro-épiploïque droite , et suitcomme
celle-ci lagrande courbure de
l’estomac,en donnant
d’un côté desrameaux
gastriques, et de l’autre lies ra-meaux
épiploïques disposés et distribués de lamême
manière.Ensuite i artere spleniquej
diminuée
àpeu
près de la moitié de sonvolume
par la séparation de cesbranches,
se divise bientôten
( 12
)
deux ou
trois autres, subdivisées elles-mêmes en septou
huit ra-meaux
divergens. Ceux-ci , arrivés à la face concave de la rate,pénètrent isolément par les orifices arrondis de sa scissure dans l’in- térieur de son tissu,
où
ils se terminent par des ramifications extrê-mement
multipliées , et telles,que
celles d’unrameau communi- quent
difficilement avec celles de l’autre.Mais, avant de pénétrer dans la rate , ces
rameaux
en fournissent d’autres,remarquables
par leurvolume
et leur brièveté(vaisseaux courts ), qui vont à l’extrémité splénique de l’estomac, se répan- dent sur ses
deux
faces, et complètent, par leurs anastomoses avec desrameaux
précédens , le cercle artériel dont ce viscère est envi- ronné.Quelques
vaisseaux courts naissent aussi de l’artère gastro- épiploïque gauche.Il faut
remarquer
dans cetaperçu
, i.°que
les artères hépatiqueet splénique, ainsi
nommées
des viscèresauxquels
se fait leur dis- tribution principale, ne méritent , àproprement
parler, leurdéno-
minationque du moment où
ellesne
fournissent plus derameaux aux
autres viscères ; et qu’ainsi l’artère hépatique necommence
véritablement qu’au-dessous de la gastro - épiploïque droite
, et la
splénique qu’au-dessous des vaisseaux courts.
En
cet endroit levolume
de cesbranches
est bienmoindre
qu’à leur naissancedu
tronc coeliaque,
où
il secompose,
jusqu’àun
certain degré , de celui de l’artère principale et desrameaux
qu’elle fournit plus bas.De
sorteque
l’estomac,quoique
lanomenclature
lui assignela plus petite artère, est réellement, si
on
considère lenombre
et levolume
desrameaux
qu’il lire des branches voisines * celui des trois viscères dont le système artériel est le plusabondant
, celuiqui
reçoit la
majeure
partiedu
sang apporté par le tronc coeliaque.De
plus , sion
lecompare
sous le rapportdu même
systèmeaux
autres portionsdu
canal intestinal ,on
voit qu’il l’emporte en- core debeaucoup
surchacune
d’elles.2.°
Que
l’artère splénique,proprement
dite, naît toujoursdu
tronc
ou
desbranches
qui fournissent à l’estomac,au
foie, etau
( ,3 )
pancréas, et
que
sonvolume
égaleau moins
celui de l’hépatique, tandisque
la rate est environ cinq foismoins volumineuse que
le foie, et privée de conduit excréteur.3.° Enfin
que
celtemême
artère splénique est très-flexueuse ainsique
lesrameaux
quirampent
à la surface péritonéalede
l’es-tomac
, le long descourbures
et dans l’épaisseur des parois; dis- position qui indique dans ces vaisseaux des extensions et descon-
tractions alternatives, et de grands
changemens
dans lesdimensions
des viscèresauxquels
ils appartiennent.C.
V
eines.Des ramuscules veineux, correspondant aux ramus-
cules artériels , et logés
comme eux
dans lescanaux
fibreux,
naissent
du
tissu de la rate.Us forment
, à leur sortie
delà
scissure plusieursrameaux,
dont laréunion
constitue la veine splénique.Celle-ci,
peu
llexueuse, se porte transversalementde gauche
à droite, en recevant successivement, i.° les veinesde vaisseaux
courts j
2.° les gastro-épiploïques
gauches
quiCommuniquent
fré-quemment
avec des veines semblablesdu
côtéopposé;
3.° lesduo
-
dénales et les pancréatiquesj 4-0
souvent
la mésentérique inférieure qui rapporte le sang de la partiegauche du
colon transverse,du
colon descendant et
du rectum;
5.° enfin la coronairestomachique gauche
, qui
communique
avecpresque
toutes les veinesde
l’esto-mac.
Ensuite la veine splénique rencontre , à anglepresque
droit,la veine mésentérique supérieure, qui la surpasse
un peu en
vo-lume. Toutes deux
réuniesforment
la veine-porte qui va serami-
fier dans le foie, et lui distribuer
un
sangque reprennent
les veines hépatiquespour
le verser dans la veine cave inférieure.Remarquons
dans la veine de la rate la ténuité et lagrande
exten-sibilité de ses parois, l’absence de valvules, et le privilège qu'elle partage avec les veines de tous les organes qui servent
immédiate- ment
a la digestion, ou,autrement,
qui soutirent plusde
sang àcertaines
époques
, de se rendre dans la veine-porte.D. Lymphatiques.
Plusubondans
vers la surfaceconvexe
.
( i4
)
ils n’olFrentdans leur
nombre,
leur disposition, et les ganglions quiles reçoivent, rien de particulier,
ou
donton
puisse inférerune
destination spéciale.
o.° E. Nerfs. Ilsviennent tous
du
plexuscoeliaque, constitué,comme
on
sait, presque entièrement par des filets
du
trisplanchnique etpar
quelques
filetsdu
pneumo-gastrique.Peu nombreux
, les nerfs spléniquesembrassent
étroitement l’artère de cenom,
en lui for-mant un
plexusmoins
serréque
celui des autres artèresdu
tronc cœliaque.Leur nombre diminue
encore par les filets qu’ils four- nissentaux
artères pancréatiques, gastro -épiploïque
gauche,
etaux
vaisseaux courts ; enfin ils pénètrent dans la rate avec les ra-meaux
artériels divergens , qu’ils suivent dans leurs subdivisions.Remarquons,
i.°que
ces nerfs ont lamême
origineque ceux
desartères de l’estomac,
du
foie etdu
pancréas, et, qu’étant la seule voie par laquelle l’influence nerveuse puisse se transmettre d’un viscère àun
autre, ilsnous
indiquent avec quels viscères la rate esten correspondance
sous ce rapport; 2.° qu’ils sont bienmoins nombreux que ceux
des artèresque
je viens de citer; ce qui doitnous
faireprésumer que
l’action vitale à laquelle ils président est bienmoins
active dans la rateque
dans les trois autres viscères;3.° qu’ils sont
presque
tousémanés du
trisplanchnique, origine qui soustrait les fonctions de la rate à la conscience de l’animal ,nous
éclaire jusqu’à
un
certain point sur la nature de l’action vitale dont elle est le siège, et indiqueque
cette action est entièrement organique. Serait-ceune
irritation ?F. Tissu
propre
}
ou parenchyme. Sa
nature a excité long-tempsles recherches des anatomistes.
Peu
de tissus offrent des ramifica- tions sanguines plusnombreuses
, reçoivent, contiennentpendant
la vie , et retiennent après la
mort une
aussi grande proportion de sang.Sa couleur
est d’unrouge
plusou moins
foncé,parsemé
or- dinairement de points blancsdus
à desprolongemens
fibreux et vasculaires divisés. Sion
l’exprime,même
légèrement, le sang( i5 )
découle avec
abondance
de tous les points de sa surface, et paraîtépanché
dans son intérieur; sion
le racle avecun
scalpel,on amène une
matièrerouge
, semi-fluide,homogène
enapparence,
et résultant
du
sangexprimé
et des tissus déliésque
1on
désor- ganise. Si , après avoir répété les divisionsen un grand nombre
de points ,
on
lave la rate àun
filet d’eau courante , elle se réduit aun
petit peloton de filamens blanchâtres entrelacésd’une manière
inextricable. L’impossibilité de disséquer ces filamens sans
former
entreeux
des interstices, fit penser à de célèbres anatomistes,qui
s’appuyaient d’ailleurs sur les résultats de l’insufflation de l’airdans
la rate et de la dessiccation de cet
organe
, surceux
de la raclure des surfaces divisées , etc.,
que
ces interstices étaient des cellulesdans
lesquelles lesang ,
épanché
par les ar*ères, était reprisau
besoinpar
les veines.
Déjà
lesmêmes
raisons avaientdonné
cette idée de lastruc- ture intime des corpscaverneux du
pénis,du
clitoris , etc., eton
s’ap- puyait de leur analogie avec la ratepour conclure d’eux
à elle.MaisM.
Cuvier , par des recherches directes sur le corpscaverneux du
pénis de l’éléphant , s’estassuré
que
les cellules étaientune
illusion;que
ces tissus avaientpour
baseun
ordre particulier de vaisseaux sanguins très-lâches, très-extensibles, continus d’une part avec les extrémités des artères , de l’autre avec les radicules des veines , en- tremêlés de filetsnerveux
, et offrantau sang un
réceptacledans
lequel il s’accumule par l’irritation.Il est
reconnu
aujourd’huique
tous les tissus érectiles ont essen- tiellement lamême
structure.La
rate leur ressemble par la plupart de ses caractèresanatomi- ques
et physiologiques; et la conformité de sa structure intime avecla leur est d'ailleurs
démontrée
, i.° par l’examen plus attentif de son tissu , etune
meilleure explication desphénomènes de son
in- sufflation , de sa dessiccation, de l’exsudation
du sang
, etde
la ra- clure qui s obtient des surfaces divisées, etc.; 2.0 par la congéla-
tion , les injections avec la cire, l’encre
ou
lemercure,
et les résul- tats, sur lesanimaux
vivans, de lacompression
, tantôt de la rate,tantôt de l’artère
ou
de la veine splénique.( 16 )
G.
Ajoutonsaux
capillaires sanguins etaux
filetsnerveux
qui fontla base
du
tissu propre de la rate ,aux lymphatiques
qui le parcou- rent, le tissu cellulaireextrêmement
fin qui unit tous cesélëmens
entreeux
, et des corpuscules grisâtres dont la nature est encore indéterminée, maisque
leur ténuité, leur inconstance, et leurs irré- gularitésempêchent
de regarder icicomme
très-importans.Cette structure essentiellement vasculaire de la rate , indiquée d’abord par Ruisch
,
ALbinus
} Haller,est aujourd’hui
reconnue
parnos
anatomistes les plus distingués ,MM.
Cuvier,Boyer, Béclard
,
Mar/olin,
etc. Ilme
paraît difficile d’en admettreune
qui s’accorde plusexactement
avec les faits.Réunie
à la grosseur des vaisseaux sanguins qui se distribuent à la rate , elle doitnous
faire pressentir des usages relatifs à la circulation. Mais quels sont ces usages?Les connexions du
viscère avecceux
qui l’avoisinent, les faits relatifs à ceux-ci , et surtout l’anatomiecomparée
des âges et desanimaux
,nous
fourniront sans doutequelques
lumières.Dans
le fœtus. Je crois nécessaire de rappeler seulement ici, i.° qu’à cet âge,où
les viscères de la digestion sont encore inactifs , la rate est, toute proportion gardée,beaucoup
plus petitequ’aux
autresépoques
de la vie; 2.0
que
son artère estmoins
grosse ,moins
flexueuse, et surpassée envolume
par celledu
foie; 3.° qu’aprèsla naissance elle grossit, et acquiert dans la jeunesse les dimensions de J’âge
adube.
Sur
le vieillard, ce viscère présente des variétés
nombreuses
,mais
peu remarquables
en cemoment.
L’artère splénique parait plus flexueuse.II.
Anatomie
desanimaux.
C’est à celte science surtout
que nous
devrons les notions lesplus précieuses.
En nous
indiquant ce qu’ily
a d'important à con- sidérer dans la structure et dans les connexionsdu
viscère, ellenous met
sur la voie des usagesque nous
cherchons.M.
Cuvier, dans sonAnatomie comparée,
a dit :«
La
rate étantun organe
essentiellementcomposé
de vaisseaux'
7
^« sanguins , c’est dans Ja
manière
d’êtrede
ses vaisseauxdans
la« rate, etdans leurs relations hors de ce viscère, qu’il faut
chercher
« la partie essentielle de ses fonctions
«
Dans
tous ces cas, les artères de« ce viscère étant des divisions
de
celles qui vont à l’estomacou
k
au commencement du
canal alimentaire ,ou envoyant
des ra-«
meaux
considérablesaces mêmes
parties , ainsi qu’à l’épiploon« et
au
pancréas, il en résulte des rapports dans la distributiondu
« sang dansces difFérens viscères,
probablement
très-importansàcon-
« sidérer
pour
l’explication des fonctions de la rate (t, 4. P- 60} (1). » i.°La
raie existe dans tous lesanimaux
vertébrés, quoiqu’ellediminue
devolume
àmesure que
l’ondescend
desmammifères aux
oiseaux, de ceux-ciaux
reptiles, et de ces derniersaux
poissons, et par làsemble
perdre de son importance.2.0
Dans
tous elle variebeaucoup
par lenombre,
laforme,
levolume,
l’iutensité de sacouleur
( qui
du
reste est toujoursrouge),
sa consistance, la grosseur relative de ses vaisseaux et
de
ses nerfs;mais
.sa situationrapprochée
de l’estomacou du commencement du
canal digestif , ses
connexions
vasculaires etnerveuses
avec cette portiondu
canal , le foie et le pancréas, son extensibilité, et la base de son tissu , sont ce qu'elle offre de plus constant, et sansdoute
de plus digne d’attention.5.° Elle est proportionnellement plus
volumineuse dans
lesmam-
mifères carnassiers et voraces
(
Haller
) ,
chez
lesquels,comme on
sait, la digestion est tres-laborieuse, et ses intervalles
ordinairement
fort longs.
4
0Dans
lesanimaux où
la rate est multiple etd’un
petitvolume,
ses artères
ne
sont plusque
desrameaux
,mais
toujours des ra-meaux
détachés desbranches
qui vontau premier renflement du
canal intestinal : ainsi, par
exemple,
ces artères naissent de labran- che
qui se distribueau premier estomac
dans lemarsouin
, des ar-(1) Je dois dire que c’est le passage remarquable d’où cette phrase est
extraite qui a donné lieu à cette dissertation.
3
tères
du
ventricule succenturié etdu
gésier dans les oiseaux , decelles de l’estomac et
du commencement
de l’intestin dans la plu- part des reptiles et dans les poissons.§. III.
Expériences
sur lesanimaux
vivans.Elles ont appris , i.°
que
la rate ne jouitd’aucune
sensibilité ani-male
apparente; 2.0que
sonvolume diminue
lors de la présence des alimens dans l’estomac , et qu’ilaugmente beaucoup
par l’absti-nence
, sansqu’on
puissemesurer
ces variations avec précision _, carle
volume
absolu danschaque
individu estpour
ainsi dire impossi- ble à connaître; 3.°que
les effets de lacompression
sont les suivans :sous la pression
du
doigt la rate cède, blanchit, et revient à sonpremier
état sitôtque
le doigt s’éloigne. Sion comprime
ce viscère à pleinemain
,ou seulement
son artère entre les doigts , il perd gra-duellement
de sonvolume,
se flétritcomme
les corps érectiles; sion comprime
la veine splénique, il se gonfle rapidement, devientlisse,
tendu,
et, lacompression
cessant, il expulse,comme
parun
seul jet, le sang
accumulé
;
phénomènes
quidémontrent
qu’il reçoitune
très-grande quantité de sang dansun temps donné,
qu’il se prête facilement par son élasticitéaux
variationsque
celte quantité peutéprouver,
etque
ses artères et ses veines jouissent d’unecom- munication
libre etimmédiate;
l\.°que
les résultats de son ablation ontparu
toujours très-peufâcheux
, etsouvent
nuis surl’homme
et les
animaux.
Voici
une
observation deMalpighi
quime
paraîtremarquable
:« J’ai fait
, dit cet anatomiste, la
première
extirpation de la rate« sur
un
petit chien : danspeu
de jours la plaie a été guérie , et,
*•
quelques
semaines après, il se portait si bien, qu’il faisait des«< sauts et jouait
comme un
jeune chien de son âge , faisant bien« toutes ses fonctions naturelles, etc. . . Il était
devenu
très-vorace,
« pissait
beaucoup
et souvent.A
l’ouverture,on
trouva les veines« et les artères de l’estomac et de l’épiploon tout-a-fait belles et
« pleines de sang.
Le
foie était d’une belle couleur, et tous ses( l
9
)« vaisseaux en très-bon état, excepté
seulement
qu’ilparut
plustt
volumineux qu
yaV
ordinaire, car il occupait tout Vnypochondre
« gauche. » (
Malpighi
,
Dise. anal, sur la structure des vise., tra- duction française, in-12, 1687, P* 2
36
. )g. IV. Pathologie.
Elle
nous
fournitpeu
de lumières.Les
blessuresde
la rate sont suiviesd’épanchemens de
sang des plus rapides et des plus considé- rables dans la cavitéabdominale
:aucun organe ne répand une
plus
grande
quantitéde
ce fluidequand
il est blessé ; cequi
s’ac- corde d'ailleurs avec la structureque nous
luiavons reconnue.
Les
altérations primitives, idiopathiquesde
son tissu , sont très- rares,peu connues;
et, lorsqu’elles ont existé,on
les apresque
toujours ignoréespendant
la vie, car elles n’excitentdans
l’écono-mie aucune sympathie remarquée. Cependant
il est très-fréquent de rencontrer des altérationsdans
lacouleur
, levolume,
lacon-
sistance , la texture
de
la rate, consécutives à certaines maladies( les fièvres putrides , malignes , le scorbut, etc. . . . )
Les
plus constantes sont sonengorgement durant
le cours et à la suite des fièvres intermittentes.On
asouvent observé
son racornissement dans les maladies chroniques.Cullen pensait
que
le sang s’accumulaitdans
le foie etdans
la ratependant
les accès de froid des fièvres intermittentes, etque
lacongestion
augmentait
àchaque
retour des accès.Dans
le casoù
ces dernières maladies seraient, aiusiqu'on
l’a dit,une
phlegtnasie inter- mittente de lamuqueuse
gastrique , ce fait rendrait vraisemblable l’opinion de Cullen , et seraitune
raison de plusde
penserque
lesusages de la rate sont relatifs à cette partie
du
canal intestinal.Ainsi
donc
ce viscère , sisouvent
altéréconsécutivement aux
autres, et si
rarement d’une manière
primitive et avec réaction sureux, semble moins, dans
les fonctions auxquelles ilconcourt,
remplirun
rôle actif, spécial,qu’un
rôlesuccédané,
secondaire.( 20
)
FAITS
RELATIFS AUX VISCÈRES AVEC LESQUELS
LARATE
ADES CONNEXIONS.
Ces
viscères sont principalement l’estomac, le foie et le pancréas ;ces
connexions
sont les vaisseaux et les nerfs quiémanent
,comme
nous
l’avonsvu
, d’une sourcecommune
: disposition qui appelleici notre attention par sa constance dans
l’homme
et dans la série desanimaux.
Jene
parle pas des replis péritonéaux quiconcourent
a fixer la raie dans le lieu qu’elle
occupe;
ils nepeuvent
avoirque
cet usagemécanique.
premier
ordre de
faits— Estomac.
i.°A mesure que
les alimenss
accumulent
dans ce viscère, ses parois contractés s’étendent, samuqueuse
se déplisse , et la surface de celle-ci devient double ,triple
même
, etc., en étendue.En même temps
les vaisseaux san- guins très-flexueux qui suivent lescourbures
,rampent
à la surface péritonéale , et ,devenus
capillaires ,forment
dans les parois de l’es-tomac
des réseaux à mailles très-serrées, se développent, croissent dans toutes leurs dimensions.De
ce faitpurement mécanique
,que démontre
la dispositionanatomique
des parties, etque prouve
l’utérus considérépendant
et
immédiatement
après la grossesse, il résulte nécessairementaugmentation
considérabledans
la capacitédu
viscèrepour
lesang.
2.
0
De
l’impressionque
font sur la surfacemuqueuse,
si vascu-laire et si sensible, les alimens ingérés; de la rubéfaction plus
ou moins
forte qu’ils occasionnent ; des sécrétionsmuqueuses
, perspi- ratoires, toujours abondantes qu’ils excitent; enfin de l'élaboration
,
de la
dépense
d’action vitale dont l’estontac tout entier devient le siège, il résulte encore appel plus vif} affluxbeaucoup
plusabondant du sang dans
ce viscère.Fait physiologique
que démontre
journellement l’observationde
( ai
)
nos organes situés à l’extérieur.
Nous voyons en
effetque
làoù
ily
a
commencement
,augmentation
d’exerciceou
d irritation , ily
a toujours affluxdu
sang en quantitéproportionnée
,
gonflement, rougeur
des tissus, turgescence,développement
des vaisseaux , etc., et vice versâ làoù
ily
a inertie.D’ailleurs, les
phénomènes
quiaccompagnent
la digestionchez
les personnes délicates,ou
chez celles quimangent beaucoup,
1 éléva-tion et la
fréquence du
pouls, la chaleur, l’exquise sensibilitéque
l’estomac acquiert, la susceptibilité morale, la
propension au
repos,au sommeil,
etc., confirment cet appeldu
sang, et avec lui des forces de la vie sur l’estomac , en cemoment,
C’est alors
que
les expériences sur lesanimaux
vivansmontrent
la diminution
du volume
de la rate. Je dirai plus bascomment on
a
voulu
l’expliquer.Peu
après l’estomac, entrenten
actiondeux
viscères très-impor- tans à considérer ici par la quantitédu
fluide qu’ils sécrètent.Le
foie.Beaucoup
de faitssemblent démontrer que
la bile,comme
la salive, l’urine, les larmes, etc. , est sécrétée
d’une manière
con- tinue : toujours est-il vrai de dire qu’elle l’est avec bien plus d’a-bondance pendant
la digestion.On
ignoreralong-temps
sansdoute
quelle est alors sa quantité précise; mais, d’après levolume du
foie, le diamètre de ses vaisseaux sanguins et de ses
canaux
excré-teurs,
on
doitprésumer
qu’elle est très-grande.Le
pancréas.Ce que
je disdu
foiepeut
se direégalement du
pancréas, qui doit aussi,
au moment du
passage des alimensdans
le
duodénum,
fournirune grande
quantité de fluide, si l’onen
juge par sa ressemblance avec les glandes salivaires, sonvolume
,le diamètre de son canal excréteur, et la multitude