FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1897-1898 N<> lflO
LES
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 2 7 Juillet 1898
PAR
Jean-Victor-Amédée
CHAMPOLLION-LANAUTE
Né à Bergerac (Dordogne), le 27 Décembre
1871
/ MM. BOURSIER professeur Président.
„ • . ..mi . ) DEMONS professeur....j
Examinateurs de laThèse <) CANNIEU agrege c Juges.
( MOURE chargé decours'
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront
faites
surles
diverses parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1898
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÉ ï
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
MM.
Cliniqueinterne PITRES.PICOT.
DEMONS.
LANELONGI 11;.
Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments N...
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
A&RÉGÉS EN
Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des maladies des enfants Chimiebiologique...
EXERCICE
:MM.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
section demédecine (Pathologie interneetMédecine légale.)
MM. MESNARD. | MM. SABRAZ^S.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHil.
section de chirurgie et accouchements (MM. YILLAR.
Pathologie
externe]
BINAUD.BRAQUEHAYE
Accouchements \MM. RIVIÈRE.
I CHAMBRELENT
Anatomie,
section des sciencesanatomiques etphysioi.ogiques
JMM. PRINCETEAU I Physiologie MM. PACHON
''
i CANNIEU. Histoire naturelle BEILLE.
Physique.
section des sciencesphysiques
MM. SIGALAS. I Pharmacie... M. BARTHE COURS COIIPUÉIIEHVTA«RUS :
Clinique des maladiescutanées etsyphilitiques MM. DUBREUILH.
Clinique des maladies des voiesurinaires Maladies du larynx,des oreilles etdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire Hydrologie etMinéralogie
Le Secrétaire de la Faculté:
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
RIVIÈRE.
DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
N...
LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thesesquilyi sontprésentées doivent êtreconsidérées commepropres à leursauteurs, et qu'elle n'entendleur donner niapprobationniimprobation.
A LA
MÉMOIRE
DE MA SŒURHÉLÈNE
A MON PÈRE ET A MA
MÈRE
Faible témoignage de mon
affection.
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
BOURSIER
PROFESSEUR DE CLINIQUE GYNÉCOLOGIQUE A LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE
DE BORDEAUX
CHIRURGIEN DES HOPITAUX
MEMBRE CORRESPONDAIT DE LA
SOCIÉTÉ
DE CHIRURGIEOFFICIER D'ACADÉMIE
AVANT-PROPOS
Arrivé au termede nos
études médicales, nous profiterons
del'occasion qui nous
est donnée ici pour témoigner de no¬
tre reconnaissance à nos
maîtres de la Faculté qui nous ont
porté quelque intérêt. Nous remercions en particulier le
DrMoure, chargé
du
coursde laryngologie, d'otologie et de
rhinologie
à la Faculté de Médecine de Bordeaux, auquel
nous devons l'idée de ce
travail,
pourles conseils éclairés
quenous avons
reçu de lui à la Clinique laryngologique de
l'hôpital Saint-André. Nous remercions aussi le Dr Brindel,
aide de clinique
laryngologique, ancien premier interne des
hôpitaux
de Bordeaux, qui nous a aidé avec la plus grande
amabilité de sa science
et de
sesconseils. '
Que notre
président de thèse, M. le professeur Boursier,
veuille bien agréer
aujourd'hui l'hommage respectueux de
notre reconnaissance pour
l'enseignement pratique que nous
avons recueilli au cours
de notre stage dans son service de
gynécologie et
pourl'honneur qu'il nous fait en acceptant la
présidence de notre thèse.
INTRODUCTION
Il existedansles littératures
médicales française et étran¬
gère un assez
grand nombre d'observations de kystes des
fosses nasales, cellesde Moure,
Brindel, Beausoleil, Casta-
neda, Beco,
Chamberlin, Dumm, Ficano, Spencer Watson, etc.
Nous avons rassemblé ces diverses
observations auxquelles
nous avons
ajouté deux observations personnelles prises à
la Clinique
laryngologique du Dr Moure; avec ces matériaux
et aidé desconseils que
le
DrBrindel, aide de clinique laryn¬
gologique,nous a
donnés d'une façon si aimable, nous essaie¬
rons dans ce modeste travail
de faire
uneétude générale de
ces kystes,
d'étudier leurs symptômes, leur diagnostic, leur
pronostic et leur traitement. Nous reproduirons en outre au chapitre de l'anatomie pathologique, en y ajoutant un récent
travail de BrownKelly,
l'étude si complète
quele Dr Brindel
afaite de la constitution
histologique de
ceskystes, étu de
qui
n'avaitpas été
pourainsi dire entreprise jusqu'à ce jour.
CHAPITRE PREMIER
Définition des
kystes
:Classification des diffé¬
rents
kystes des fosses nasales, pathogénie et
considérations
générales
sur ceskystes.
Avant d'aborder notre
sujet, il importe de dire ce que nous
entendons par
kyste et pseudo-kyste des fosses nasales. Nous
considérerons comme
kystes des productions morbides en
forme de cavités closes,
constituées
par uneparoi propre, tapissées à leur face interne par un revêtement épithélial et
renfermant un contenu liquide,
solide
ougazeux.
Les
pseudo-kystes
endifféreront par l'absence totale d'une
paroi propre.
D'une façon
générale, les kystes qui font saillie dans les
fosses nasales
peuvent être divisés
endeux grands'groupes.
Les
premiers, kystes extrinsèques, naissent dans les régions
voisines des fossesnasales,
s'accroissent
peuà peu et finis¬
sent à lalonguepar
pénétrer dans cette cavité où ils donnent
lieualors à des
symptômes analogues à ceux qui y naissent
directement.
Les seconds,
kystes intrinsèques, naissent au contraire
directementsur un
point quelconque de la cavité elle-même.
Les
premiers, suivant la région qui leur a donné naissance,
sontdes kystes
de la
peau,du maxillaire, de l'antre dHigh-
more et du naso-pharynx.
Les autres pourront être classés,
kystes du
plancher, de la cloison, des cornets et de la mu¬
queuse
saine
oupathologique.
— 12 —
Passons en revue ces différentes formations
kystiques
: 1°Kystes dermoïdes
du dos du nez. — Dans les observa¬tions de
kystes
dermoïdes du nez publiéesjusqu'à
ce jour(Bramaun, Vieusse)
nous remarquons qu'ils débutent surlalignemédianeàla racine du nez,puis, en
s'accroissant,
refou¬lent et détruisentles os propres du nezpour venir faire sail¬
lie dans le sinus frontal et lavoûte desfosses nasales. Nous n'insistons pas sur ces formations bien connues
aujour¬
d'hui.
2° Les
kystes
sébacés de la peaudu nez.—Nouslessignale¬rons
simplement,
car ils restentlimités à la peau sansame¬ner de déformations du côté des fosses nasales.
3° Les
kystes
paradentaires. — Ceux-ci se rattachent à l'évolution dentaire par les débrisépithéliaux paradentaires.Ils
naissent,
pour ceux qui nous concernent, au niveaude la racine des incisiveslatérales,
de la canine et de la première petite molaire. De ce pointd'implantation
ils s'accroissent, comblent la fosse canine et viennent faire saillie sur le plan¬cher du vestibule. A propos de ces
formations,
nous repro¬duirons deuxobservations publiéesdernièrementpar Brown
Kelly dans
le Journaldelaryngologie
etd'otologie
de Lon¬dres,
sur des cas dekystes
du plancher du nez, dont ladescription
nous a paru répondre à cette forme dekyste,
bien que l'auteur en ait fait des
kystes
par rétention.4°
Kystes
dusinus ?naxillaire. —- Ici nous nous trouvonsen présence, à propos de la pathogénie de ces
kystes,
de deux opinions contradictoires. Y a-t-ilsimplement hydro-
pisie du sinusmaxillaire,
ou bien a-t-on affaire à une dilata¬tion de l'antre
d'Highmore
parsuitedela présenced'unkyste
osseux faisant saillie dans ce sinus? Cette dernière opinion
doit prévaloir aujourd'hui
d'après
les travaux de Zucker- kandl qui conclut au refoulement des parois du sinus par suite de la présence d'unkyste
paradentaire.5° Enfin les
kystes naso-pharyngiens.
Ceux-ci provien¬nent de la dilatation d'une glande de la muqueuse naso-
pharyngienne;
ce sont donc deskystes
par rétention; ou— 13 —
bience sont des cavités kystiques
creusées à l'intérieur d'un
polype
naso-pharyngien.
Examinons ensuiteles
kystes intrinsèques.
1° Kystes osseux
des cornets.
—Nous avons trouvé dans les
observations de Beausoleil,
publiées dans le Journal de Mé¬
decine deBordeaux
(juillet 1892) et la Revue de laryngologie
(n° 23,1893) du Dr Moure, une bonne description de ces kystes.
Nous croyons
bien faire
enreproduisant ici l'une de ces ob¬
servations
qui
pourra nousdonner une idée assez exacte de
ces tumeurs. Nousferons
d'abord
remarquerque le siège de
ces kystes
est d'ordinaire le cornet moyen et que leur cavité,
dansles deux cas relatéspar
l'auteur,
aulieu de contenir le
liquide
contenait de l'air.
Yoici la
description de Beausoleil.
Observation I
(Résumée).
Volumineux kyste osseux
du cornet
moyengauche.
Femme desoixante-cinqans,
gène respiratoire depuis deux ans, quel¬
quesdouleurs de
tête dans la région frontale gauche au-dessus de l'œil
etdans l'œil,larmoiement et
photophobie. Très légère déformation du
nez.
Examen. Deuxtumeurs myxomateuses
insérées
surla partie anté¬
rieure du cornet moyen par une
large surface. Derrière il existe un
cornettrèsvolumineux, impossible à
contourner du côté de la cloison.
Ablation desparties
molles. On aperçoit ensuite un cornet en forme
de tumeurdure, rugueuse à sa
surface, refoulant la cloison, compri¬
mantle cornet inférieur.
Lestylet pénètre
facilement à travers une mince coque osseuse dans
la cavité du cornet. On enconclutque
c'est
unkyste
osseux.On ouvrelargement
la poche, il
nes'en écoule aucun liquide. Les
débris osseux sontenlevés àl'anse, à
la pince coupante et
auciseau.
La
pathogénie de
ceskystes n'est pas encore élucidée et les
— 14 —
auteurs se sont bornés à faire de simples hypothèses sur leur mode de formation. Zuckerkandl suppose qu'il s'agit de dilatation descavités que l'on trouve normalement dans cer¬
tains cornets moyens.Beausoleil
{Revue de laryngologie,
Bor¬deaux,
1893)
l'explique parl'hypertrophie
de la muqueuse tapissant les cellules du cornet moyen. L'hypertrophie est d'abord myxo-angiomateuse(Zuckerkandl),
puisil
se formedu tissu fibreux, et l'air pénètre à l'intérieur. Si cette mu¬
queuse sécrèteon ale kyste muqueux.
Knight et Macdonalddonnent la rhinite
hypertrophique
comme point de départ de ces kystes. Il se formerait une
pointe
ostéophytique
qui, se recourbant sur le cornet, se souderait pour formerune cavité close.Castaneda conclut ainsi: les traumatismes sont une des causes déterminantes de la dilatation
kystique
du cornet moyen à la condition qu'existedéjà la disposition anatomi- que signalée antérieurementpar Zuckerkandl.2°
Kystes séreux de la cloison.
— Cette affection est d'ordi¬naire la conséquence d'un traumatismeou d'une périchon
drite. A la suite d'un choc sur le nez, oumême d'une chute, il se produit une hémorragie, entre le cartilage et la mu¬
queuse
décollée,
qui se fait le plus souvent d'unefaçon
bila¬térale par rapport à la cloison. Ajoutons en passant qu'une
des conséquences la plus ordinaire etla plus immédiate de
ces hématomes est la perforation de la cloison par nécrose du cartilage dépourvu de ses éléments nourriciers, si l'on n'est pas intervenu de bonne heure.
L'hématome arrivéà ce stade se transforme en abcès dans la plupart des cas. Bergman soutient même que c'est l'évo¬
lution ordinaire de cette affection. Cela n'estpas vrai dans tous les cas, et on pourrait citerplusieurs observations d'hé¬
matomes ayant disparu par résorption sans passer par la suppuration. Ajoutons que l'abcès peut de son côté se pro¬
duire sans hématome
préalable
à la suite d'une infection au niveau d'unesolution de continuité de la muqueuse.Enfin l'hématomepeutdevenir un
kyste
séreux de la cloi-— 15 —
son par
suite cle la résorption des éléments figurés du sang.
Lacoarret, qui a
examiné
un casde ce genre, démontre que
leliquide
d'un de
ceskystes contenait de ces éléments figu¬
rés envoie de
dégénérescence.
Nous avons successivement
décrit les trois stades par les¬
quels
peuvent
passerunhématome de la cloison pour nous
conformer à l'opinion
de Garel qui, dans un article tout
récent de la Revue de
laryngologie, de Bordeaux, énumère
dansle même ordre lestrois
phases
parlesquelles il évolue :
hématome,abcès, kyste séreux. Toutefois cette évolution,
qui peutse
produire ainsi dans un certain nombre de cas,
n'estpas
toujours la vraie, ainsi que le fait remarquer Garel.
L'hématome n'aboutit pas
fatalement à la suppuration ; en
outre,l'abcès
peut survenir
sanspasser par l'hématome, et
de plus
le
termeabcès fait abstraction complète des kystes
séreuxpar
transformation séreuse d'un abcès ou d'un épan-
chement sanguin. De
plus Fischènich dit que les collections
séreuses de la cloison
peuvent être la conséquence de la
syphilis, de la tuberculose, du lupus. Jurasz en rapporte un
cas dû à
l'érysipèle de la face.
Hématomes,
abcès
etkystes séreux de la cloison, ainsi que
nousleverrons plus
loin, présentent la même symptomato-
logie;
aussi
nousa-t-il
paruintéressant de rapporter ici une
observation d'hématome
prise à la Clinique laryngologique
du DrMoure. Cette
affection est du reste assez rare, mais
nouscroyons avec
Garel que sa rareté n'est qu'apparente et
provient
de
ce quela plupart des malades, peu incommodés
parcette
affection,
ne sesoumettent pas à l'examen du mé¬
decin.
Observation II
(Personnelle).
Un cas d'hématome suppuré de
la cloison.
B...,dix-neufans,
élève
aulycée. A
reçuil y a trois semaines un
violentcoup de cannesur
le neZ,
auniveau de l'union des os propres et
— 16 -
du cartilage.Pendant deux ou troisjours, B... n'a éprouvé qu'unesorte d'endolorissement de la région, endolorissement qui a disparu à peu
près complètement. Il s'aperçut en même temps de la présence d'une
grosseur faisantsaillie dans les deux narines, grosseur qui s'est accrue
pendantquatre àcinq jours, au diredu malade, pourrester ensuitesta- tionnaire. B... vient consulter le Dr Moureà
l'hôpital
Saint-André, le28juin 1898.
Actuellement, le malade présente au niveau duvestibuleetde chaque
côté de la cloison deux petites saillies, arrondies, globuleuses, à 1 centi¬
mètre environde l'orifice des narines. De là elles s'étendent en arrière
sur une longueur d'environ 2 centimètres; sur la saillie de gauchese trouvent deux petites saillies supplémentaires arrondies également et mesurant 2 à 3 millimètres. En introduisant dans les narines l'index de
chaque doigt, on peut apprécier nettement la fluctuation. Le cartilage
de la cloison est doncperforé.
Lessymptômes sebornent à unegêne
légère,
pas de douleur, un peu d'enchifrènementet de nasonnement.Lapetitetumeur est ouverte par la narinegauche aucouteau galva¬
nique parleDr Brindelet laisse échapper unecertaine quantitéde pus.
Le stylet introduitpar l'ouverture démontrebien la communication des deuxpoches. Lacavité estnettoyée, touchéeauchlorure de zincau 1/10
et bourrée avec de lagaze iodoformée.
L'examen
bactériologique
que nous avons fait du pus a donnéles résultats suivants :staphylocoques, quelques streptocoques et microco¬
ques
tétragènes.
Le malade est actuellement en voie de guérison. La muqueuse à droite s'est recolléeà la cloison. Il ne resteplusà gauche à se cicatriser que l'ouverture
galvanique.
En
résumé,
la marche de l'hématome estvariable;
en gé¬néral,
il aboutitàl'abcès,
plus rarement aukyste
séreux, quelquefois, mais plusrarement encored'après Fischenich,
il se résorbe spontanément. L'abcès s'ouvrira à la
longue
de lui-même à une époque plus ou moins avancée. Quant aukysteséreux, il nepourra guère s'ouvrir que par l'interven¬
tion du
chirurgien.
_ 17 —
3°
Kystes nés dans l'intérieur d'un polype muqueux.
— Nous arrivons.enfin aux kystes etpseudo-kystes qui nais¬
sent dansla masse des polypes muqueux.
Il arrive quelque¬
fois, nous avons pu
le constater nous-même à la Clinique laryngologique de l'hôpital Saint-André, et le Dr Brindel en
signaleplusieurs
cas,il arrive, dis-je, qu'au moment de
l'arrachement d'un polype, un
liquide tantôt clair et citrin,
tantôtsirupeux,
quelquefois caséeux, s'échappe de la masse
du
polype. Le Dr Brindel qui
afait l'étude clinique et ano- tomo-pathologique de
ceskystes, et dont nous nous permet¬
trons de reproduire
le travail
auchapitre suivant, les a
divisésen kystes séreux, muqueux
et caséeux. De ces néo¬
formations, celles
à contenu sirupeux sont de vrais kystes
formésaux dépens
d'une glande, les autres à contenu séreux
ou caséeux sont des
pseudo-kystes.
t
Ch.
2
CHAPITRE II
Anatomie
pathologique.
En dehors de Beausoleil et deun ou deux auteurs,l'étude
anatomo-pathologique des kystes des fosses nasales n'avait
pas
été
faite.Dernièrement, dans
sonarticle de la Revue de laryngologie de Bordeaux (avril 1898), le Dr Brindel
arepris
la question pour
la résoudre entièrement. Nous
ne pouvons mieux faire que de résumerici
cetravail le plus exactement possible.
BrownKelly (Journ. of laryngology, London,
juin
1898)
vientde publier
uneétude
surtrois
casde kystes
du plancher
du
nez ettermine
sonarticle
parl'examen his-
tologique deceskystes, mais les conclusions
quel'auteàr
semble avoir tiré de cet examennous paraissent être
fausses
surbien des points etnous
essaierons de le démontrer
en résumant son travail dans le courant de cechapitre.Pour nous résumer, dès le début nous pouvons
dire
que les kystesparadentaires et les kystes du sinus maxillaire
doivent êtreidentifiés au point de vue
histologique; ils
com¬prennent une
enveloppe de tissu fibreux et
unépithélium
pavimenteuxstratifié; les kystes
osseuxdes cornets, s'ils
proviennentd'une
invagination de la
muqueusedans Tune
des loges du cornet, ont un
épithélium cylindrique vibratile
; dans les autrescas où il y asimple dilatation
osseusede
ces loges on ne rencontre pascet épithélium cilié. Les kystes in¬
clus dans les polypes
sont tantôt de vrais kystes
avecépithé¬
lium cylindrique
vihratile et contenu
muqueux,tantôt des
— 20 —
pseudo-kystes
sans paroi propreet avec contenu séreux ou caséeux.Toutes les cavités
kystiques
autres que celles-ci ne sont quedespseudo-kystes.
Nous allonsétudier maintenant chacun de ces kystes en
particulier.
La constitution
liistologique
des kystes dermoïdes et des kystes sébacés du nez a été décrite par un grand nombre d'auteurs, nous n'insisterons pas sur ces néoformations^Les
kystes
du sinus maxillaire, nous l'avons déjà dit, ne sont autre chose, d'après Zuckërkandl, que des kystespara- dentaires; il nous suffira de donner ladescription
d'une coupe de ceskystes.
Observation III
(Brindkl,Revue de larynyologie, Boi'deaux, avril 1898).
Paroi de kysteparadentaire.
La coupecomprend toute l'épaisseur de la paroi. D'une façon géné¬
rale, elle est composée de deux portions très distinctes au point devue de la coloration
(kématéine
et éosinehématoxylique).
L'une,voisine de la cavité et comprenant à peuprès le tiers de l'épaisseur totale, a une couleur violette très marquée; l'autre, plus profonde, correspondant à laportionexternede laparoi, revêtaucontraire unecolorationrosepâle.Nous allons examiner en détail chacune de ces parties.
loLa portion de la paroi voisinede la cavité, fortement colorée, est revêtue sur son bord libre d'unépithélium pavimenteux stratifié formé seulement de troisouquatre couches decellules très aplaties. La colo¬
ration decet épithéliumse distingue à peine de celle du tissu sous-
jacent dontil n'est séparé dureste par aucune membranebasale.
Ce tissu sous-jacent paraît constitué à un faible grossissement par
uneinfinité depetitescellules rondes dont le noyau a vivement pris la coloration violette; mais à un plus fort grossissement,il est possible de
distinguer
au milieu de ces cellules, unelégère trame de tissu conjonc-— 21 —
tif dans laquelle sont venues se
loger de petites cellules. On
yvoit aussi
unassezgrand nombre de
petits vaisseaux, quelques-uns sont gorgés
de sang.
2° Lacouche laplus
profonde de la paroi et aussi la plus épaisse est
séparéede la
précédente
par uneligne
assezirrégulière. Elle se com¬
pose uniquement
de faisceaux de tissu fibreux à direction horizontale et
parallèle. A
peine voit-on de-ci, de-là dans les interstices quelques peti¬
tes cellules rondes.
Les vaisseauxqu'elles
renferment ont les
uns uneparoi très mince, et
sontremplisde sang,
les
autres uneparoi très' épaisse, frangée à l'inté¬
rieur
(artérite oblitérante). La limite la plus profonde de cette paroi est,
elle_aussi, très irrégulièrement découpée.
Nous passons
ensuite à l'histologie des kystes osseux des
cornets. Nous reproduisons
ici l'examen* anatomo-patholo-
gique
pratiqué
parMM. Sabrazès et Rivière et publié par
Beausoleil.
ObservationIV
(Beausoleil).
Examen hisiologique. — La
paroi interne du kyste est revêtue
d'un épitliélium
cylindro-cubique stratifié. Au centre, on trouve du
tissu myxomateux
creusé
comme uneéponge d'une infinité de petits
kystesmuqueux ;
vaisseaux
enpetit nombre sans dilatation anormale.
La paroi est
constituée
parde l'os pongieux très découpé disposé en
minceslanières. Au-dessus existe unefaible
proportion de tissu érectile
isolédans une tramefibreuse au milieu
de laquelle sont des glandes
agminées
normales.
Cette paroi
s'isole
çàet là de l'enveloppe osseuse, dont elle est séparée
par des
hémorragies.
ObservationY
(Beausoleil).
Examen hisiologique. —
Intérieurement, épitliélium cylindrique,
quelques cils
vibratiles
;au-dessous, nappe très étendue de tissu caver-
neux, finement cloisonné, puis bande assez épaisse de tissu fibreux.
Excentriquement, bande irrégulière d'os spongieux très aminci.
Sur uneautre coupe, on aperçoitune zone très étendue de dégénéres¬
cencemuqueuse en voie de transformation kystique et des glandes agminées normales.
En résumé ces examens
histologiques
semblent démontrer qu'il s'agit d'une invagination de la muqueuse pituitairedans les cellules du cornet moyen. Remarquons en effet que dans les deuxcas un épithélium
cylindrique
avec quelques cellules vibratiles limitent la pochekystique.
Quantaux dilatations
kystiques
de la cloison, nousn'avons pu trouver dans aucune des observations publiées de des¬cription
anatomo-patliologique
de ces néoformations. Garel, de Lyon, qui le dernier a publié à ce sujet un travail dans la Revue de Moure, ne mentionne pas d'examenhistologique.
Nous pensons avec leDr Brindel qu'il s'agit là de dilatation
pseudo-kvstique,
leliquide
inclusse trouvant contenu dansune
loge
formée par les deux muqueuses pituitaires décol¬lées, ou l'une d'elles seulement si l'hématome n'a été produit que dans l'une des fosses nasales et que le cartilage en con¬
séquence ait été respecté.
Nousarrivons enfin à l'histoiredes
kystes développés
au seindespolypes
muqueux. Nous résumerons ici l'examenhistologique
fait par Brindel sur trois cas de ces kystes.Observation- VI
(Brindel).
Polype kystique de la fosse nasale d'origine glandulaire (kyste muqueux).
Nous considérons successivement :
1° L'épithélium externe du polype qui est formé de petites cellules cylindriquesparendroits etdans d'autres par plusieurscouches de cel¬
lules dont lesplus externes ontconservé leurs cils vibratiles.
— 23 —
2° Tissufondamental. — Letissu
fondamental
estdu tissu
muqueux modifiétoutefoisau voisinage des cavitéskystiques;
àla périphérie de
cesdernièresen effet les fibrilles conjonctives se tassent,
deviennent
parallèles defaçon
àformer
uneparoi résistante de la cavité kys¬
tique.
3° Glandes. —Les glandes
disséminées dans
cequi reste intact du
tissu fondamental sonten général assez
volumineuses. Leur épithélium
est formé de cellulescylindriques à
plusieurs couches, plusieurs d'entre
elles ont une cavité très élargierenfermant
des débris cellulaires, quel¬
ques cellules lymphatiques et
de la matière amorphe.
4° Cavités kystiques. — Les
deux cavités kystiques
que nous avons signalées plushaut sontabsolument formées
surle même modèle. L'une
et l'autre sontmunies d'un épithélium tapissant
leur face interne et
ren¬fermantune matière amorphe rétractéepar
l'alcool.
L'épithélium qui recouvre
la paroi interne de la cavité est formé de
cellules cylindriques disposées sur une
seule couche, soutenues
par une légère membranebasale.
En résumé, il s'agit de
deux kystes des fosses nasales développées
ausein d'un polype
muqueuxet dus à une dila¬
tation des glandes
mucipares de la pituitaire.
ObservationVII
(Brindel).
Polype kystique de
l'arrière-nez (kyste séreux).
Latumeur a été enlevée à l'anse froide par arrachement.
Au
mo¬ment de son ablation, ils'écoule une notable
quantité de liquide citrin
parles
fosses nasales. Elle était totalement constituée
par unepoche
kystique
qui avait été ouverte
aumoment de
sonablation. La pièce a
été immédiatement placée dans
de l'alcool sublimé, les
coupesont été
colorées suivantla méthode du professeur agrégé
Auché (double colo¬
ration àlacochenille etè
l'éosine.)
La coupe a la
forme d'une
anse,elle est constituée
par uneparoi dou-
blée sur elle-même renfermant une cavité dans son intérieur, laquelle
cavité est ouverte àl'une des extrémités de la coupe
(fer
à cheval).Lapériphérie de la paroi est recouverte par un épithélium qui,en certainspoints, a pris des caractères pavimenteux stratifiés avecten¬
dance à former des papilles et qui sur d'autres a conservé le type cylindriqueàcils vibratiles. Dans ce cas, il estbeaucoup moins épais
que sur les portions où ila subi la transformationpavimenteuse. Immé¬
diatement au-dessous de la membrane basalequi soutient l'épithélium
on passe sans transition au tissu fondamentaldelàtumeur.
A un faible grossissementcetissuparaît uniformément coloré en rose trèspâle, saufauvoisinagede la cavitéinterne où la coloration roseest
plus accentuée.
La majeure partie de cetissu n'est autre chose quedutissu myxoma- teuxavec petits vaisseaux allongés sans parois propres, rares cellules muqueuses, fibrillesde tissu conjonctif etcellules migratrices en assez
grandnombre dans les espaces
lymphatiques.
Pluson se rapproche ducentre et plus on voit les fibrilles se tasser les unes contre lesautres
parallèlemententre elles, de façon à former une paroi résistante qui constitue laparoi propre de la cavité.
Lacavité elle-mêmeest représentéepar unefenteoffrant unrétrécis¬
sement très serré dans le voisinage de l'extrémitéla plus profonde. A
ce rétrécissement fait suite unedilatationen partiecomblée de substance colloïde.
Observation VIII Résumée
(Brindel).
Kyste des fosses nasales à contenu caséeux.
Macroseopiquementon peut considérer dans l'ensemble de ce kyste
troischoses biendistinctes :
1° Une portion antérieure, arrondie, qui faisaitsaillie à l'orifice ex¬
ternedes fosses nasales ; portion rouge assez dure ayant
l'aspect
d'un polype vulgaire enflammé.2° Une poche kystique à laquelle adhérait la tumeur précédente implantée au voisinage de l'ethmoïde.
3° Le contenu de lapoche,
composé d'une matière caséeuse, demi
solide, d'aspectgris
jaunâtre, à consistance de mastic.
a)
Tumeur externe. —Elle présente à considérer un épithélium
formé, suivant les
points où
onl'examine, d'une seule rangée de cellules
cylindriques à
cils vibratiles
oud'une couche de cellules épithéliales for¬
mant
jusqu'à dix
oudouze rangées. Il s'agit, en somme, d'un épithélium
cylindrique
qui,
parendroits et
parsuite du frottement, a pris les
caractèresdel'épithélium
pavimenteux stratifié.
Le tissu
fondamental est du tissu myxomateux légèrement enflammé
à lapériphérie. On
aperçoit,
eneffet, des cellules minces fusiformes ou
étoilées
(caractéristique du tissu muqueux). En d'autres points, des
cellulesarrondies à grosnoyaux
(cellules migratrices).
Les vaisseauxsontpeu nombreux.
Lesglandes sont
analogues
auxglandes normales de la pituitaire.
Quantau pédicule,
il
estformé de tissu fibreux.
b) Poche kystique.
—C'est une membrane fibreuse très épaisse,
revêtued'un épithélium
cylindrique à cils vibratiles.
c) Contenu. —
C'est
untissu homogène, amorphe, coloré en rouge
par
l'éosine, où
setrouvent de nombreux espaces arrondis,volumineux,
à colorationjaunâtre
faible, qui paraissent être des amas granuleux.
Nous voyons
après avoir passé en revue ces cavités kysti¬
quesque nousnous
trouvons en présence de trois variétés
dekystes,
les kystes muqueux et les kystes séreux etcaséeux';
lespremiers
sont d'origine glandulaire, les seconds sont des
pseudo-kystes.
Nous avonstrouvé dans
la Revue de laryngologie de Lon¬
dresun travail de Brown
Kelly
surtrois cas de kystes du
plancher du
nez.L'auteur fait suivre son article de l'examen
liistologique
d'un de
ceskystes, qui a été fait par le Dr Su-
therland. Nous
reproduirons la traduction littérale de cette
partie du travail qui nous intéresse actuellement.
« La
paroi du kyste est recouverte d'un épithélium com¬
prenant une
épaisseur de deux à douze cellules. Les cellules
de la couche la plus
profonde ont
uneforme plus ou moins
cubique et
sont placées
surune large base membraneuse.
Les noyaux
épithéliaux
ontune forme circulaireouovalaire, fortement colorés. En certains endroits, onconstate uneten¬dance à la production d'excroissances dansl'intérieur dela cavité. La couche
sous-épithéliale
est en grande partie com¬posée d'un tissu lâche et fibreux à travers
lequel
courent de nombreux vaisseaux sanguins dilatés.Çà
et là le tissu est envahi de cellules rondes. La masse charnuede l'extrémité inférieure estcomposée
de tissu glandulaire modifié. »Brown
Kelly
étudiant ensuite la pathogénie de ceskystes, d'après
les trois observations mentionnées et deux autres cas du même genre décritspar Lacoarret etBobonne,
enest arrivé à desconclusions qui, autant qu'il nous est possible d'enjuger, nous paraissent être fausses sur bien des points.L'auteur mentionne que ces
kystes
n'ontpas de connexiongénétique
avec les dents, et celad'après
leur situation et dece fait quedans plusieurs cas les dents n'ont pas été attein¬
tes.Pour trouver, de plus, les conditions
anatomiques
qui favorisent ledéveloppement
deskystes
dans cetterégion
spéciale, il a pratiqué une série de coupes du plancher du nez, etremarqué
qu'en approchant de l'aile du nez la mu¬queusedevientplus
épaisse,
les glandes se réunissentengroupes à contours très nets, séparés par du tissu fibreux.
De ces groupesglandulaires sortent de
longs
conduits qui s'ouvrent àl'extérieur,
et dans plusieurs cas on a remar¬qué la dilatation de ces conduits. Le fait que la position de ces
longs
conduits coïncide avec celle des kystes déjà décrits élève de fortesprésomptions, d'après l'auteur,
quant à l'origine de cesderniers. La tumeur apparaîtrait d'abordsur le plancher du nez où elle n'atteindrait qu'un volume très limité à cause de la minceur et de l'adhérence de la mu¬
queuse. L'extension de la néoformation en bas, à travers le tissu lâche connectif, nous permet
probablement,
ditl'auteur,
de les considérer comme deskystes
par rétention.Quant à la cause de l'obstruction du conduit, elle est, selon lui,
d'origine
inflammatoire.Telles sont les conclusions auxquelles l'auteurest arrivé.
Nous pouvons
constater d'abord, dès le début, que la des¬
cription anatomo-pathologique rapportée par Brovvn Kelly
ressemble beaucoup à la
description faite
parBrkidel, de la
paroi
de kyste paradentaire, description, que nous avons re¬
produite
audébut de
cechapitre. Nous basant sur des don¬
nées
anatomo-pathologiques,
nous pouvons presqueexclure
ici l'idée de kyste par
rétention;
car,dans
ce cas,l'auteur
devrait nous signaler surla
paroi du kyste la présence d'un
épithélium
cylindrique à cils vibratiles ou d'un épithélium
forméde une à deux rangées de
cellules seulement. Un kyste
par
rétention n'étant autre chose qu'une dilatation ampullaire
d'une cavité glandulaire
préexistante,
on nedevra trouver
dansla constitution desa
paroi
queles éléments de l'acinus
glandulaireou
de
soncanal excréteur à
sasortie de l'acinus.
On devrait rencontrer, en outre, au
voisinage du kyste,
d'autres éléments glandulaires non
dilatés,
ce quel'examen
de l'auteur ne mentionnepas. La
description semble plutôt
se
rapprocher de l'épithélium pavimenteux stratifié qui, nor¬
malement, revêt la
poche du kyste paradentaire. Quant à la
tendance à la
production d'excroissances dans l'intérieur de
la cavité, ce sont
probablement les bourgeons charnus de la
suppuration
;le kyste,
eneffet, fut ouvert et donna issue à
unecertaine
quantité de
pus.BrownKelly
élimine ensuite toute idée de connexion géné¬
tiqueave
les dents,
parsuite de la situation du kyste et de
ce fait que
les dents sont intactes. Nous ferons remarquer
que
les dents, surtout celles de la deuxième dentition, se
trouvent situées assez haut dans
le maxillaire, de plus, le
pédicule
du kyste peut être très long (l'auteur ne mentionne
pas
dans
sontravail s'il
y a euexamen du pédicule), de sorte
qu'un
kyste paradentaire peut très bien avoir une situation
analogue à
celle du
casrelaté.
11n'est pas
absolument nécessaire de plus que les dents
soientatteintes de carie pour
qu'il
yait kyste. Le fait est
signalé par
Zuckerkandl dans son travail « Anatomie nor¬
male et
pathologie du
nez »(1893-1894, traduction Garnot).
Si l'on considère, en outre, la
disposition anatomique
dela région, on peutprévoir
que les dilatationskystiques
de la pitujtaire ne peuventguère sedévelopper
du côté de la fosse canine. En effet, l'évolution d'un pareilkyste
serait arrêtéeen bas par le tissu fibreux et le périoste intimement uni à la muqueuse, tandis qu'il pourrait librement se
développer
du côté des fosses nasales où rien n'entraverait sa marche.
Or, ces kystes, d'après la
description
del'auteur,
se diri¬geaient versla fosse canine, ettous deux furentouverts dans le sillon gingivo-labial.
Enfin la
description
clinique ettopographique
donnée par BrownKelly
ressemblebeaucoup
auxdescriptions
qu'ont faites les auteurs dekystes
paradentaires,et on retrouveplus d'un point commun avec ces casparticuliers.Il est donc fort probable que l'auteur a eu affaire ici à des dilatations
kystiques
paradentaires suppurées ayant évoluévers leplancher du nez.
CHAPITRE III
Symptômes.
La
symptomatologie des kystes des fosses nasales
nepeut
avoir rien de fixe, étant données
les origines diverses de
ces kystes et leurtopographie respective dans les fosses nasales.
Cependant
quelques-uns de
cessymptômes sont à
peuprès
constants et nous les avonstrouvés relatés dans les diverses observations que nous avons eues sous
les
yeux.Cessymptômes se
réduisent,
enrésumé, à de l'enchifrène-
ment progressif,
à de la douleur qui
manquedans certains
cas età des déformations soit des fosses nasales, soit du nez etde la face.
Audébut, lemaladeéprouve une
sensation de gêne, mais
c'est là un symptôme
très variable
surlequel
nousn'insis¬
terons pas.
Ensuite, la respiration
sefait mal du côté affecté
à mesure que la
néoformation augmente de volume. Cette
gène
respiratoire unilatérale peut
ne pasattirer l'attention du
malade, surtout si
elle
nes'accompagne d'aucune douleur,
mais elle peut
arriver jusqu'à l'occlusion complète de la
narine. On peut
alors constater,
enfermant
avecle doigt la
narine
opposée,
quel'air
ne passeplus
outrès
peu.A
cemomentles cornets sont refoulés,
aplatis, du côté de la paroi
externe; lacloison elle-même,
sousl'influence des pressions qu'elle subit de la part du kyste
envoie d'augmentation, est repoussée
versla fosse nasale du côté opposé, et celle-ci, à
son tour, vient
obstruer la lumière du conduit aérien. Beco,
à la Réunion des
oto-laryngologistes belges d'Anvers (sep-
— 30 —
tembre
1894),
signale un cas de kyste du nez remarquable par son volumeet sa toiérabilité. Cekyste
avait donné lieuaux déformationsque nous venons d'énumérer et, deplus,
avait repoussé la cloison à ce point que la paroi externe du côté opposé avait été elle-même refoulée.
A cemoment et dans descas aussi marqués, la respiration
par le nezest
impossible
etle patient respire constamment la bouche ouverte.La douleurest unsymptômevariable; c'est ainsi queBeco, dansce cas de kyste
volumineux,
nela mentionnepas. Dans d'autres cas, elle est vive, elle peut aussi nepas rester loca¬lisée auniveau de la néoformation et s'irradier dans diffé¬
rentes directions: àla face, àlatempe, à l'oreilleetau-dessus de l'œil du côté correspondant. Elle peut encore présenter desexacerbations. Enfin, on la retrouve presque constam¬
ment dans les casde
kystes
paradentairesenflammés.Signalons comme phénomènes réflexes, dus à la présence de kystes dans les fosses nasales, de véritables crises
d'asthme,de
ladyspnée,
de lacéphalalgie,
de la neurasthénie.Un autre symptôme est la déformation de la région. Nous
avons déjà parlé de déformations produites dans les fosses nasales et dues à des phénomènes de compression
répétée.
Ces déformations ne deviennent bien apparentes que lors¬
que la tumeur a étéenlevée. Maisil peuty avoir des déforma¬
tions extérieures visibles au seul aspect du malade.
C'est d'abord un soulèvement de l'aile du nez etun élar¬
gissement de la fosse nasale du côté correspondant. Aux
cas de kystes
paradentaires,
il peuty avoir une déformation marquée de la face, gonflement au niveau delà fossecanine, effacement du pli naso-génien. Parfoisles déformations sont plus considérables encore et lekyste,
s'il estvolumineux,
s'il tend à faire saillieau dehors, peut disjoindre les os pro¬
pres du nez; cet
écartement,
dans lecasparticulier de Beco, atteignait 12 à 13millimètres;
l'entrée des narines (diamètretransversal)
mesurait 38millimètres;
le nez, à l'extrémité inférieure des os propres, avait un diamètre transversal de— 31 —
6centimètres. Au lieu cl'ètre un cône à baseinférieure lenez
représentait deux cônes
tronqués
reliés à leur base. Le voile dupalais
était un peu abaissé.Comme le fait remarquer l'auteur, ce sont là des déforma¬
tions qu'on ne retrouve guère que dans les
néoplasmes
malins.
L'examen de la tumeur donne des indications sur sa
forme, sa couleur,sonpoint d'implantation. Si elle est volu¬
mineuse, ellepeut
faire
saillie au dehors à travers la narine élargie, et, dans un cas particulier, elle formait une saillie enflammée, fongueuse, saignante, donnant l'idée d'une tumeur maligne. Larhinoscopie
antérieurene donne aucun renseignement dans les cas où le kyste obstrue la narine, mais s'il est peu volumineux, on pourra, en s'aidant du stylet, rechercher le pédicule,apprécier
sa consistance, sesprolongements, données importantes pour le diagnostic et le traitement. Parlarhinoscopie
postérieure,
on pourra cons¬taterl'abaissement du voile du palais, les prolongements
pharyngiens
et l'état des fosses nasales. Si lekyste
est accessibleau doigt, on pourra peut-être apprécier la fluctua¬tion.
S'il s'agit d'un kyste
paradentaire,
la présence d'unetumeur rénitente, que l'on peut sentir dans le sillon gingivo- labial, la fluctuation qui se transmet de la saillie nasale à celle de lajoue lèveront tous lés doutes sur la nature de l'affection.
Enfin les kystes
des fosses nasales
peuventdonner lieu à
des symptômes de voisinage,
tels
quela
compression et l'oblitération du conduit lacrymal, le larmoiement consé¬cutifavec toutes ses conséquences: ectropion, blépharite, conjonctivite, etc. La saillie de la tumeur du
côté
delà paroi orbitaire peut donner lieuà
del'exophtalmie.
Nousallons placer