Le gisement de bitume de Bastennes (Landes)

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Le gisement de bitume de Bastennes (Landes)

PITTARD, Jean-Jacques

PITTARD, Jean-Jacques. Le gisement de bitume de Bastennes (Landes). Revue polytechnique , 1932, p. 1-4

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Extrait de la Revue Polytechnique

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LABORAlOIRE-: lJ!- tl[ULOGIE:

UNIVERSITE

GENÈ:VE __...

Le Gisement de Bitume de Bastennes (Landes)

par

J.-J.

^PITTARD

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ans le département des Landes, en Chalosse, au nord du Gave de Pau, se trouve le village de Bastennes connu pour ses importants gisements de bitume.

L'exploitation du gîte de Bastennes paraît être assez ancienne; en effet, elle était déjà en activité à la fin du siècle dernier. En 1836, on imagina de séparer le bitume des roches auxquelles il est mêlé au moyen de l'eau bouillante. Ce procédé donna à l'entreprise une extension sérieuse et c'est vers cette époque que furent instituées les deux concessions cl' Argentieu et de l'Echalassière, près de Bastennes.

En 1844, à la suite d'explorations entreprises vers le sommet de la colline sur laquelle est bâti le château de Gaujacq, deux autres concessions ont été accordées : celles de Labourdette et de Pozat.

L'étendue totale du terrain concédé pour l'exploitation du bitume, tant à Bastennes qu'à Gaujacq, était de zro hectares, et quatre mines y avaient été ouvertes.

La mine cl' Armentières (Sr hectares) et celle de Labourdette (45 hectares) ont été abandonnées en février 1908. La mine de Pozat, ~ituée à Gaujacq (r6 hectares) est inexploitée depuis 1857. La conces- sion de l'Echalassière, d'une superficie de 68 hectares, située dans la commune de Bastennes est également inactive; cependant, une demande a été dernièrement adressée à la Préfecture du département des Landes en vue d'une reprise de l'exploitation.

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Ces mines, dont la production était assez faible à l'origine, ont livré en 1845 jusqu'à 16.980 quintaux métriques de produits dont la valeur atteignait 424.500 francs.

A partir de 1847 les comptes rendus statistiques ne donnent plus de renseignements sur les exploita- tions de bitume de Bastennes et de Gaujacq qui ne paraissent pas avoir eu beaucoup de durée, car en 1856 déjà, l'extraction semble avoir été suspendue.

Au point de vue géologique, ces gisements se trouvent dans un important affleurement de Trias, appelé ^ccDôme de Gaujacq-Bastennes "·

Le bitume est réparti dans des sables (Sables fauves des Landes) et dans des calcaires du Crétacé supérieur. Près de Bastennes, nous avons pu voir les restes d'importants travaux, tels que chemins, tranchées, galeries éboulées, effectués dans les Sables fauves, qui légèrement cimentés affectent la structure de grès tendres. Par endroits, la teneur en hydrocarbures est si riche que le bitume suinte abondamment au travers de nombreuses fissures.

En ce qui concerne l'origine de ce bitume, de nombreuses théories ont été avancées.

Delbos ¹voit une relation entre la venue des roches éruptives ophites et. la formation du bitume. Ces ophites se trouvent à proximité du gisement de Bas- tennes, et la chaleur due à leur éruption aurait provoqué la distillation des lignites tertiaires ; les hydrocarbures, résultat de cette distillation auraient alors envahi les calcaires et les sables fauves des Landes.

C'est une théorie semblable que Malo ²a soutenue pour expliquer la présence d'hydrocarbures impré- gnant la molasse et le calcaire urgonien dans les mines de Pyrimont près de Seyssel.

1 Delbos. - Observations sur un mémoire de MM. Crouzet et de Freycinet relatif à la géologie du Bassin de l'Adour. (Bull. Soc. géol. de France, r854.)

2 Malo L. - L'asphalte, son origine, sa préparation, ses applications. ( Bat1Ul7T &- C•, édit. Paris, i898.)

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Dalloni ¹ pense que les hydrocarbures ont pris naissance dans les assises du Trias et qu'ils sont montés au travers du Crétacé pour aller s'épancher dans les sables de la surface : cc Les bitumes qui imprègnent le Crétacé ou les Sables fauves sont des produits d'oxydation d'un pétrole, lequel a pu émigrer loin de son gîte primitif grâce aux fractures qui accidentent le massif. ⁿ

Nous pensons qu'il y a très certainement une relation entre les grands gisements de sels potassiques de Dax, situés dans les terrains gypso-salins du Trias, et les hydrocarbures de Bastennes 2 .

En effet, en vue de découvrir du pétrole, une société landaise exécuta dernièrement une série de sondages dans la région de Dax. Ces recherches n'ont guère eu de succès en ce qui concerne le pétrole, mais quelques forages montrèrent la présence d'un gisement salin important. Dalloni admet que le Trias des Pyrénées, que l'on retrouve dans les Landes représente la bordure (vers le sud) du bassin immense, mais peu profond, dans lequel se sont déposées, au début des temps secondaires, des forma- tions marines et lagunaires. La série supérieure de ces terrains comprend un grand développement de dépôts salins produits par l'évaporation des eaux de la lagune et précipitation sur le fond argileux, des sels qu'elles tenaient en dissolution.

Le pétrole ayant lui-même une origine généralement lagunaire, ces deux gisements, salin et hydrocarburé, voisins, sont très probablement contemporains.

Nous avons constaté que les sables bitumineux de Bastennes rappellent beaucoup (au point de vue de leur imprégnation) les sables éocènes et les molasses

1 Dalloni, M. - Note préliminaire sur la structure géologique et la recherche des gi$ement s cle sels de potasse de la ^ré~iondes Laudes. (Nfdmt>in: prés1J:r1td au 'Cong1·ès inte1•natio1ial des Mfoes, de la Nlétattu·rg•ie el de la.

Géologie ti-ppliqtu!e, V1° s/Jssioti, Liage. 22-28 juii1 :r930-)

2 Pittard,

J.-

J. - Un nouveau gisement de sels de J)0t asse ; les mines de la région de Da x (Landes). (Revue Poty /oc/inique, Genève, 1933.)

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hydrocarburés que l'on trouve dans les mines d'asphalte de Volland-Pyrimont (Haute-Savoie).

A Bastennes les sables sont beaucoup plus riches en bitume que le calcaü;e crétacé sous-jacent. D'autre part, ce bitume est bien plus oxydé dans les sables que dans les calcaires, ce qui nous laisse entendre que l'on a affaire à une minéralisation per ascensum.

A Pyrimont, nous avions remarqué que l'oxydation s'accentue au fur et à mesure que l'on remonte les étages géologiques 1 . Et c'est cette constatation qüi nous a conduit à penser que le bitume imprégnant les molasses de Pyrimont était venu de la profondeur.

Nous avons admis que les hydracarbures, ayant pris naissance dans les assises du Kiméridgien (ou peut- êlre plus profondément encore) sont montés au travers de l'Hauterivien et de l'Urgonien dans la molasse, choisissant pour passer, des zones de moindre résis- tance, faillées ou plus poreuses.

Au point·dc vtte pétrole, le gisement de Bastennes, comme celui de Pyrimont d'ailleurs, est probablement

:pujsé,

,.car ce pétrole en voie de migrMioll n'a pu trof1v;~. les conditions nécessaires à son accumnlation : les Sables fauves des Landes ont pu fonctionner comme roches-magasin, mais n'étant pas recouverts de couches imperméables les hydrocarbures qui s'y sont accumulés ont pu facilement abandonner leurs produits légers, puis lentement s'oxyder en présence de l'air; ces phénomènes ont vidé ainsi lentement le gisement qui n'a plus d'importance que comme dépôt bitumineux et asphaltique.

1 :Piltard,

J.-J. -

L.e bitume <ln calcaire urgonien et

I ~ la molasse à PyTimont (Ain) ; Cont ribution à. l'étude d.e sa genèse. ( 1l nJ/i·ives ,({i:s SciMüJes phy.~iq1ws et 'ftattt-

llcs, 5° période, vQ/. 13, G1mdv11, r931. )

Id. - J.e gisement d'asphalte de Volland-Pyrimont t son origine. (Thèse n° 9r4, Université de Genève.

G~•11dw, 1032.)