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AB : Quelles sont les règles d or pour créer son entreprise?

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Academic year: 2022

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Antony BABKINE étudiant en grande école de commerce et entrepreneur a réalisé une interview à deux voix de deux spécialistes reconnus de l’entrepreneuriat, tant par leur expertise que par leur implication dans le processus entrepreneurial.

Jacques ARLOTTO dirige l’incubateur d’AUDENCIA Nantes et le réseau des incubateurs de l’enseignement supérieur IES!, Philippe JOURDAN, associé fondateur de la société PANEL ON THE WEB, auteur de marketing Research (Dunod) est maître de conférences habilité à diriger des recherches à l’Université d’Evry Val d’Essonne.

AB : Quelles sont les règles d’or pour créer son entreprise ?

Philippe JOURDAN

« Je pense qu’il y en a deux :

• Il faut garder sa passion intacte. On ne crée qu’en étant passionné, et le management c’est communiquer cette passion. Développer une entreprise c’est au départ faire énormément de sacrifices, pour les accepter il faut donc qu’il y ait une contrepartie. Cette contrepartie ce n’est pas la richesse, pas tout de suite en tout cas,

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mais c’est de se lever tous les jours en se disant que ce que l’on fait est passionnant, qu’on le construit et qu’on le fait pour soi, dans un cadre librement choisi. Il y a donc à la fois une notion de liberté, et une notion de passion qui domine, une passion partagée.

Il faut aussi savoir être humble et accepter l’échec. C’est sans doute le plus difficile, car en France nous ne sommes pas dans une culture de l’échec. Quand tout réussit, tout va bien, mais lorsque quelqu’un échoue, il est vite montré du doigt. Une des grandes qualités, une des grandes forces à mon sens de la culture d’entreprise dans d’autres pays c’est que quelqu’un qui a échoué est présumé avoir acquis l’expérience issue des enseignements de son échec. Il a donc une prédisposition à recommencer, à rebondir. Je crois qu’il faut garder cela à l’esprit. Il y a beaucoup de projets qui échouent, et c’est normal ; il y a sans doute 2 projets sur 3 qui ne donnent pas

• l’espoir que l’on a placé en eux initialement. Pour autant j’ai l’habitude de dire des gens qui ont échoué et des gens qui en on retiré les enseignements, qu’ils ont une prédisposition formidable pour recommencer et sans doute réussir la fois suivante.

Ce sont des choses parfaitement admises dans d’autres pays, qui le sont un peu moins en France, et si on pouvait évoluer dans ce domaine là, je pense que l’on aurait de supers repreneurs, et de supers créateurs d’entreprise. »

Jacques ARLOTTO

« Je verrais plutôt qu’une règle d’or, trois règles d’or : - avoir une bonne idée,

- constituer une très bonne équipe

- savoir s’entourer et savoir utiliser le conseil

Si vraiment ces trois éléments sont présents dans la création d’entreprise, on a de fortes chances pour que le projet soit une très belle réussite »

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AB : Est-il plus facile de créer son entreprise aujourd’hui pour un jeune ?

Jacques ARLOTTO

« Aujourd’hui, il est plus facile pour un jeune de créer son entreprise qu’il y a quelques années. En effet, la législation a grandement simplifié les formalités administratives, et aujourd’hui il existe de nombreux moyens de préparer son projet, de se renseigner, de se documenter, et de se lancer beaucoup plus efficacement : la dématérialisation des documents, l’accès à des banques de données via internet peuvent grandement faciliter le lancement d’une entreprise.»

AB : Quel est l’âge idéal pour créer son entreprise ?

Philippe JOURDAN

« C’est une question difficile, je suis relativement partagé. Je pense qu’il est bien de créer son entreprise quand on est jeune, on a sans doute plus d’énergie, plus d’enthousiasme, une forte capacité à fédérer. Pour autant la création d’entreprise c’est un parcours d’obstacles, on peut lever certains d’entre eux par son réseau de relations, par son expérience, par la pratique professionnelle qu’on a pu avoir avant… Je dirai donc que pour moi il n’y a pas de vérité bien établie : il y a des jeunes qui réussissent très tôt, très vite, et il y en a d’autres qui ont sans doute plus d’opportunités, d’aptitude à créer leur entreprise après une première expérience professionnelle.»

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AB : Quels sont les organismes d’aide à la création d’entreprise ? Quelles structures existent pour accompagner l’entrepreneur ?

Jacques ARLOTTO

« Il existe de très nombreux organismes d’aide à la création d’entreprise. Des organismes d’origine publique, para publique, et privée. Si on prend les organismes publics, il existe des agences d’état comme « OSEO » qui concerne le lancement des projets innovants au niveau des PME. Soit elles financent des projets innovants, soit elles aident au financement de projets qui peuvent être assez importants. Il existe également des établissements consulaires, comme les chambres de commerce, les chambres de métiers, ou différentes associations qui interviennent à différents degrés et à différents moments de la phase de création d’entreprise. On retrouve également des structures qui se développent sans cesse et qui sont apparues en France au début des années 1980 ; elles sont connues sous le nom de « pépinières d’entreprises » et sous le nom d’ « incubateurs d’entreprises ». Elles sont rejointes aujourd’hui par des « couveuses » : elles permettent à des jeunes créateurs de tester leur projet. Il existe aussi des associations qui interviennent sur des thématiques plus ou moins larges et qui sont là en général pour aider à former le créateur, pour le mettre en relation avec d’autres entrepreneurs, ou avec des organismes susceptibles de l’aider.

Il y a aujourd’hui en France environ 300 pépinières et incubateurs, qui sont réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain, et également dans certains DOM/TOM. Ces structures font de l’accompagnement, c'est-à-dire qu’elles informent, conseillent, aident à préparer le projet, et aident pour certaines d’entre-elles à faire fonctionner l’entreprise durant les premiers mois de son existence. En général les structures de type pépinières accueillent une, deux, ou une dizaine de personnes au sein de locaux adaptés aux besoins de la jeune entreprise (ils font généralement quelque m² à quelques dizaines de m²). Ces pépinières fournissent tout un ensemble de services : un accompagnement, de la formation, du conseil, de la mise en relation, et également un soutien moral très important. Quand on lance son entreprise, on est amené à devoir tout faire en même temps, et on ne sait pas

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toujours comment s’y prendre ; si l’entreprise est accompagnée par une pépinière de qualité, elle pourra optimiser ses chances de réussite de manière très importante.

Les incubateurs d’entreprise qu’on trouve en parallèle des pépinières en France travaillent plutôt sur des projets innovants et avant la phase de création, même si certaines pépinières travaillent aussi avant cette phase de création. Les incubateurs qui ont été lancés en 1999 avec la loi Allègre sur l’innovation et la recherche, il y a donc 29 incubateurs à ce jour répartis sur l’ensemble du territoire français. Ces incubateurs travaillent exclusivement sur des projets innovants, qui vont relever des technologies de l’information et de la communication, des sciences de l’ingénieur, des bio technologies, des sciences du vivant, et des sciences des matériaux. Ces incubateurs vont travailler, vont aider le créateur à travailler sur l’idée, une idée innovante, qui peut émaner d’un laboratoire public ou d’un laboratoire privé, ou même d’une simple réflexion, d’un particulier qu’il s’agisse d’un cadre d’entreprise, d’un ingénieur, d’un salarié, voire même d’un étudiant ou d’une personne sans emploi. Le travail de l’incubateur va vraiment porter sur l’aide à la réflexion, à la préparation du plan d’affaire.

Le plan d’affaires est un dossier qui va représenter le profil du projet d’entreprise. Ce profil commence par l’idée, par l’équipe de création, et par les aspects techniques, commerciaux, et marketing, et financiers qui vont être testés, formatés, adaptés à ce qu’on pense faire de son entreprise. En général on constate une phase de réflexion pour réaliser un plan d’affaire qui est présentable, c'est-à-dire, présentable à des partenaires, à des associés, à des banquiers, à des investisseurs, voire même à des clients ou à des fournisseurs, il faut compter plusieurs mois de préparation, et si le projet est vraiment innovant, on compte en général 9 à 12 mois de préparation pour avoir un plan d’affaires qui tienne la route, c'est-à- dire, un plan d’affaires qui va susciter l’intérêt, et qui va faire dire aux partenaires, aux clients potentiels, aux investisseurs « cette idée là va aboutir sur un marché, on peut donc gagner de l’argent avec ce projet ».

Les organismes comme les pépinières et les incubateurs sont là vraiment pour aider et accompagner, ils ne se substituent pas au créateur, mais ils sont là pour leur servir de coach,

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de conseil, un peu comme un entraineur d’une équipe de football, il est là pour ajuster l’équipe, si le milieu de terrain par exemple est un peu faible, il va faire sortir un joueur, le faire reculer ou le faire monter. Pour les accompagnateurs, les spécialistes en conseil en matière de création d’entreprise, ça va être la même chose, donc il va falloir aiguiller, réajuster, et parfois réadapter le projet, dont le but est d’amener vers un marché. Bien entendu dans un certain nombre de cas, on va s’apercevoir que finalement, le marché n’est pas là, alors il va falloir que l’incubateur ou la pépinière mette le créateur devant ses responsabilités, et le créateur devra par lui-même arrêter le projet parce qu’il ne pourra pas se transformer en réussite entrepreneuriale. Donc le rôle des ses organismes est vraiment très important.

Parmi les organismes qui interviennent, les plus connus à ce jour en France ce sont les chambres de commerce et d’industrie, qui interviennent aussi sur de nombreux services, ce sont des organismes qui peuvent également faire du conseil, et de l’aiguillage. Ces organismes sont connus de part l’antériorité dans la vie économique des chambres de commerce (la plus vieille chambre de commerce a été créée au XVIème siècle à Marseille) donc dans le vécu et dans l’esprit du grand public, quand on pense entreprise, ou création d’entreprise, on pense chambre de commerce.

Vous avez des organismes plus récents, mais qui sont très efficaces eux aussi quand on lance une entreprise, je pense notamment à l’agence pour la création d’entreprise, dont le portail internet www.apce.com est remarquable d’informations pour les créateurs, et il existe aussi des sites plus spécialisés, des structures plus spécialisées, des associations thématiques, comme les associations regroupant des pépinières et des incubateurs d’entreprise à travers différents réseaux, de type régionaux ou nationaux, Réseau P3MIL en Ile de France pour les pépinières d’entreprises, le réseau Retis au niveau national pour les incubateurs, les parcs scientifiques, les technopôles, qui sont des regroupements d’entreprises, des sites qui sont dédiés à la recherche et à la production d’industrie ou de services. En France il existe de nombreux sites qu’on retrouve aussi sur les principales aires métropolitaines du territoire.

Ces organismes, ces réseaux de structures interviennent aussi de manière importante pour aider à lancer une entreprise.

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Vous avez aussi et il ne faut pas l’oublier, les écoles de commerce, les écoles d’ingénieur, et même certaines universités, qui permettent à des jeunes de pouvoir se lancer, et qui peuvent préparer leur projet au sein de ses différentes structures. Certaines écoles d’ingénieur et école de commerce proposent des incubateurs étudiants, avec des moyens logistiques et puis aussi l’accès au savoir de différents professeurs, tant dans la discipline de type science de gestion que dans les disciplines techniques, suivant les savoirs et les ressources en expertise dont disposent les écoles, l’étudiant peut tout à fait préparer son projet tout au long de sa scolarité, et vous avez même des structures qui se regroupent : vous avez par exemples plusieurs universités et établissements d’enseignement supérieur, qui interviennent dans ce que l’on appelle les maisons de l’entrepreneuriat, et qui regroupe les principales composantes en matière d’enseignement supérieur et qui permet à des étudiants de trouver les bonnes personnes, de mieux se former à la création d’entreprise, et également de préparer son projet, quelque soit la filière que suit l’étudiant.. »

Philippe JOURDAN

« Des organismes il y en a de très nombreux : d’aide, de soutien, de financement, de développement de réseau, certains sont complètement informels, d’autres dépendent des pouvoirs publics, d’autres d’associations, de regroupements, etc. J’en citerai un qui m’a particulièrement aidé, c’est celui du réseau des incubateurs puisque nous sommes une entreprise qui a été incubée, pas au démarrage, mais après quelques mois d’activité, ca a été un passage extrêmement enrichissant à une époque où nous étions encore une structure fragile. Nous avons donc bénéficié de locaux, de services, de conseil, et nous avons surtout été soutenus y compris psychologiquement car nous avons traversé des périodes de doutes, comme tous chefs d’entreprise. J’ai particulièrement apprécié cette période, je dirai que des années après, j’en garde un excellent souvenir.

Il y a donc énormément de structures, qu’elles soient formelles ou informelles.

Concernant les structures formelles, il y a évidemment celles mises en place par les services publics, ou bien celles mises en place par les entreprises à l’initiative des fédérations, des associations, des syndicats de regroupement professionnels. Je dirai que pour moi, s’il y en a

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une qui domine les autres, c’est sans doute le réseau des incubateurs, puisque nous avons eu la chance d’être incubé. Nous ne l’avons pas été immédiatement au départ, mais nous étions une jeune pousse avec déjà quelques mois d’activité. Par contre cela nous a permis à un moment où nous avions vraiment décollé en termes de chiffre d’affaires et d’activité, de nous appuyer sur des ressources, des locaux, mais aussi sur des compétences, une expertise, un vrai soutien, y compris un soutien psychologique. Comme tout chef d’entreprise nous avons traversé des périodes de doute, nous avons donc pu avoir les conseils de gens qui croyaient dans notre projet, qui nous ont encouragés à poursuivre, qui nous ont donnés les bons leviers pour poursuivre, et j’en garde un excellent souvenir avec le recul. Le fait d’être passé d’une entreprise de 3 salariés à 27 en quelques années, montre que l’incubation peut être un excellent booster de business. »

AB : Quelles sont les qualités d’un entrepreneur ?

Philippe JOURDAN

Les qualités sont partagées quelque soit l’activité.

Il y a bien évidemment la compétence dans son métier, je crois qu’il faut être à la fois légitime, compétent, il faut avoir une bonne expérience et bien connaître le métier à fond.

J’ai souvent l’habitude de dire à mes salariés que si je suis capable de les encadrer et de leur donner des directives, c’est que tout ce qu’ils ont fait y compris les erreurs qu’ils sont à même de commettre aujourd’hui, en réalité je les ai déjà faites, ou je les ai déjà commises.

C’est la première qualité quelque soit le métier, qu’on soit dans le service ou dans l’industrie.

La qualité plus fondamentale est une capacité forte de résistance psychologique au doute, aux échecs, aux périodes pendant lesquelles les affaires vont parfois moins bien, où le stress, la charge de travail nous oblige à choisir entre des priorités multiples.

Il faut, au bout d’un certain, en particulier lorsque que l’entreprise se développe, savoir compter avec deux qualités essentielles :

• La première : recruter des bons profils et savoir passer la main. C’est un peu le drame des chefs d’entreprise dans les TPE, lorsqu’ils deviennent une PME, et que de la PME

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on devient une entreprise de plus grosse taille, savoir s’encadrer, déléguer, responsabiliser les collaborateurs, est nécessairement une étape obligée et je ne pense pas que ce soit une étape forcément facile. En tout cas ce sont des choses que l’on n’apprend pas en termes de management, mais plutôt sur le terrain.

• La deuxième : la capacité à diffuser son enthousiasme et à faire qu’à n’importe quelle étape où on se trouve dans la création de l’entreprise qu’on ait toujours l’enthousiasme du début. »

Jacques ARLOTTO

« Pour être un entrepreneur, il ne faut pas disposer de la totalité des qualités que certains voient dans un entrepreneur. Mais certaines sont fondamentales. Je pense par exemple à la persévérance, au fait de pouvoir manager une équipe, d’être méthodique, organisé et de savoir vendre. Ce sont des qualités indispensables.

Il y a aussi des qualités que l’on peut avoir naturellement comme se passer de sommeil, si on peut dormir 6 – 7h par nuit, c’est plus intéressant que si pour être en forme on doit dormir une dizaine d’heures. Tout le monde n’a pas la même physiologie. Les personnes qui peuvent dormir moins ont des mêmes atouts que n’ont pas les personnes quoi ont besoin de beaucoup de sommeil pour être efficace. Un entrepreneur doit savoir aussi dire non, ce n’est pas évident, surtout en phase de démarrage, on a tendance à toujours dire oui, pour essayer d’avoir des clients, pour faire des propositions. Mais à un moment donné si le prospect vous demande constamment des compléments d’information, il faut savoir lui dire que votre temps vaut de l’argent, et que vous ne pouvez pas continuer à vous occuper de lui sans qu’il fasse un geste significatif, à savoir qu’il fasse une commande. Donc savoir dire non, c’est une qualité importante, savoir manager une équipe, être persévérant, entreprenant, avoir de l’imagination, avoir un certain sens de l’empathie, mais il faut savoir aussi être ferme, comme je le disais, par rapport à des clients, qui finalement ne se transforment pas en clients, mais restent au stade de prospect, peut être même vous ont-ils fait faire le lièvre au profit d’autres concurrents, donc il faut savoir aussi détecter ces pièges des affaires qu’on va rencontrer dès le début de son aventure entrepreneuriale.

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Il faut savoir aussi prendre du temps pour soi, on pense souvent qu’un entrepreneur n’a pas de vie de famille, ne peut pas se reposer, n’a plus de vacances, il faut savoir s’organiser. Si on sait s’organiser, on doit réussir à trouver du temps libre. Dans les premiers temps, bien sûr ces temps sont relativement réduits, mais il faut au moins savoir s’arrêter un jour par semaine, faire autre chose, s’oxygéner, et non pas être 24h/24, 7jrs/7 sur son projet. Par la suite cela dépend des modes d’organisation de chacun, il y a des chefs d’entreprise qui prennent régulièrement des vacances, ça peut être des week-ends prolongés, ou une semaine complète, une coupure plus ou moins importante, ça va pouvoir se faire à condition qu’il y ait déjà une équipe en place, en qui l’entrepreneur a confiance, cela peut aussi se faire aussi aujourd’hui grâce aux moyens de communication, on peut toujours être joignable à peu près de partout dans le monde. Savoir faire des coupures c’est aussi important. Il faut savoir aussi qu’avoir de longues journées de 12h voire même plus n’est pas rare dans les premiers temps, mais ensuite l’entreprise ayant trouvé son rythme de croisière, on doit arriver à des journées beaucoup plus raisonnables, et qui peuvent tourner parfois pour les plus chanceux aux environs de 8-9h, et puis pour d’autre on est plutôt sur du 10-12h. Peu importe, tout dépend le cycle d’activité, la façon dont s’est organisé l’entrepreneur, mais quoi qu’il en soit, si on peut résumé, c’est de l’organisation, de l’empathie, savoir dire non, savoir s’entourer également et savoir prendre du temps pour soi pour réfléchir et pour lever la tête du guidon. »

AB : Que faut-il faire pour qu’une création d’entreprise soit une réussite ?

Jacques ARLOTTO

« Pour qu’une création soit un succès, il faut que cette création trouve un marché.

Aujourd’hui avec internet, certaines créations sont devenues des succès en quelques mois.

Un investissement faible, et à la portée de tout le monde au départ : quelques ordinateurs, un fournisseur d’accès internet suffisent amplement dans un premier temps pour lancer un

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projet qui utilisera les moyens d’internet. Evidemment après avec le développement, il faut plus de moyens mais là, il y a l’arrivée d’investisseurs, les « business angels » ou ce qu’on appelle des investisseurs institutionnels qui apportent beaucoup de fonds.

Le passage à la vitesse supérieure pourra se faire à partir du moment où le site, qu’il s’agisse d’un site marchand ou de services, aura beaucoup de personnes qui se connecteront sur ce site. On le voit avec tous les sites de réseaux sociaux, de sites communautaires, les moteurs de recherches, les sites où on dépose des photos, où on commande des billets d’avion, des billets de train, de cinéma, de théâtre, tous ces sites là connaissent des grands succès et il s’en crée tous les jours, et au début on commence avec le minimum. La réussite se fera à partir du moment où le projet d’entreprise du créateur aura trouvé un marché. Cela peut se faire au départ sur une simple idée, un constat, un manque. Dailymotion par exemple qui est très prisé des jeunes générations a démarré à la suite d’un constat : on ne pouvait pas il y a quelques années, déposer, récupérer de la vidéo sur internet.

Dailymotion et Youtube ont eu la même idée en même temps des deux côtés de l’Atlantique. Il y avait un manque et il a été comblé. Aujourd’hui, un site qui permet de mettre des vidéos en ligne a peu de chance de faire du tort à ces deux sites majeurs.

Un projet qui trouve un marché sera un succès, mais pour trouver le marché, il faut quand même un minimum de préparation.

Si vous présentez un produit ou un service à moitié fini, les clients ne seront pas très réceptifs et il n’y aura même pas du tout de clients. Vous devez être prêt quand vous allez sur le marché, qu’il s’agisse d’internet, ou d’un commerce qui a pignon sur rue, vous ne pouvez pas accueillir des clients au beau milieu d’un chantier, avec des pots de peinture, et des caisses enregistreuses qui trainent sur le sol. Pour être prêt à commercialiser il faut préparer. Un bon projet, qui aura des chances de succès est un projet préparé. Le temps de préparation est d’environ plusieurs mois avant de mettre le projet face au public. Qu’il s’agisse d’un projet relativement simple comme un camion pizza, ou d’un projet plus complexe qui demande le développement d’algorithmes ou de codes informatique, il faut toujours plusieurs mois de préparation pour au moins une personne. Mais en général les projets qui ont beaucoup d’ambition sont généralement des projets qui sont constitués de plusieurs personnes. En général il y a des équipes de 2 – 3 personnes au départ, il y a une catalyse qui se produit et à ce moment là, si le produit est au point, si le marché est là, cela

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va se savoir très rapidement. Si l’entreprise utilise internet pour vendre ses services par exemple, dans ce cas là, au bout de quelques mois elle peut se trouver à la tête d’un portefeuille de plusieurs centaines, dizaines de milliers de clients, choses qui jusque là était inimaginable pour atteindre plusieurs dizaines de milliers de client, il fallait plusieurs années en règle générale. La grande distribution a bouleversé ça, à partir des années 60, mais il y avait derrière des années d’expérience dans le commerce.

Internet a permis en cassant la barrière physique de toucher un maximum de personnes en un minimum de temps, à condition que ce que l’on propose correspondante à un marché.

Si vous avez une super idée, mais que le marché n’est pas là, cela restera une idée. Vous vous serez fait plaisir intellectuellement, mais vous n’aurez pas gagné d’argent, ou créé d’emploi, de valeur ajoutée. A la fin ce qui compte c’est le marché, qu’il soit déjà présent, ou qu’on le crée. »

Philippe JOURDAN

« Je pense qu’au début dans la création d’entreprise nous sommes extrêmement sollicités de tous les côtés : on a énormément de choses à faire et pas forcément l’expérience pour juger des priorités. La question qui se pose très tôt est de savoir s’il vaut mieux rechercher des clients, des financements ou éventuellement des appuis. Idéalement, il faudrait les trois.

Pour autant, si j’en juge par mon expérience, la priorité doit être donnée aux clients. Quand on a un projet il faut très rapidement trouver des clients, des références : on n’a pas forcément les moyens de finaliser des études de marché, donc c’est l’écoute des clients, l’observation des pratiques, la multiplication des rendez vous, qui va permettre assez rapidement d’aiguiller le projet dans la bonne direction.

Ce n’est pas pour autant qu’il faille négliger les financements. Tout dépend de la concentration capitalistique demandé par le projet. Si celle-ci est faible, je crois qu’il vaut mieux passer par une période un peu délicate dans laquelle il faut savoir gérer ses dépenses, sans doute se restreindre au niveau de son salaire, mais assurer un autofinancement. Je suis assez partisan dans les activités de service de ne pas se tourner immédiatement vers du capital car je trouve que les bonnes pratiques de gestion, la bonne économie de son entreprise se perpétue également quand on a plus de moyens.

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Il faut savoir dire non, refuser des choses, car de toute façon on va être occupé à 500%. Il ne faut donc pas trop se disperser, il y a beaucoup de choses intéressantes, des projets dans lesquelles on a envie de foncer, des tas de relations avec qui on a envie de contracter, mais il faut savoir que l’on aura pas le temps de répondre au 1/5ème des sollicitations qui vont se présenter. Il faut donc avoir assez rapidement cette capacité à gérer ses priorités, à savoir dire non. »

AB : « Est-ce que tout le monde peut créer son entreprise ?

Jacques ARLOTTO :

« Presque tout le monde peut créer son entreprise. Pas tout le monde, il y a des personnes qui ne veulent pas prendre de responsabilités, c’est un état naturel chez eux, dans ce cas là ils ne pourront pas créer leur entreprise, et il ne faut pas essayer de les convaincre car c’est aux antipodes de leur façon d’être et de leur vouloir. Ces personnes peuvent être d’excellents collaborateurs, mais en aucun cas chef d’entreprise.

En revanche, beaucoup de personnes peuvent créer leur entreprise, mais n’y pensent pas toujours, car le travail qu’elles exercent déjà en tant que salarié les intéresse, il est donc difficile de les faire arrêter du jour au lendemain, mais cela peut arriver.

Il y a également des personnes qui s’ennuient dans leur travail, il y a donc beaucoup de possibilité pour la plupart de d’entre eux de devenir des créateurs d’entreprise potentiels.

Nous avons également chez les jeunes, les étudiants quels qu’ils soient, pas mal de possibilités, car nous savons aujourd’hui que les carrières sont de plus en plus multi entreprises on commence a avoir des passerelles qui se font entre des carrières de salariés et des carrières de dirigeant d’entreprise, voir même des carrières qui sont menées en parallèle.

On peut être par exemple salarié d’une entreprise le matin, et le soir diriger une autre entreprise, c’est un cas qui est de plus en plus fréquent. Parfois on laisse tomber une activité de salarié pour se consacrer exclusivement à une carrière d’entrepreneur.

Souvent d’ailleurs en phase de lancement, on constate que les deux activités sont menées en parallèle, et l’une finit par prendre le dessus sur l’autre, mais ce n’est pas souvent évident

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de gérer ses deux activités, certains préfèrent couper les ponts d’un coup et quitter leur ancienne activité pour se consacrer a 100% sur leur nouveau projet, et d’autres vont essayer de jongler entre les deux activités, le temps d’amorcer la pompe entre une activité salarié et une activité entrepreneur.

Beaucoup de personnes peuvent entreprendre, mais bien sur pas tout le monde. Si vous avez malheureusement des soucis de santé, ou un niveau d’étude relativement faible, il sera important d’abord d’améliorer votre santé ou de faire des formations qui sont adaptées aux créateur, quelque soit le domaine d’activité. Elles peuvent prendre quelques dizaine d’heure, ou bien même une année, et elles donneront beaucoup plus de chances de réussites. De nombreux organismes permettent de former des créateurs qui ont des niveaux de formation qui ne sont pas adapté à leur nouvelle activité, mener les deux activités en parallèles et le résultat est très intéressant car les taux de réussites sont beaucoup plus élevés que le créateur qui va se lancer sans avoir eu de formation adaptée à sa nouvelle activité.

Quoi qu’il en soit, créer une entreprise est accessible à beaucoup plus de monde que l’on ne le croit. »

Philippe JOURDAN

Je dirai deux choses :

- Il y a une somme de qualités qui ne relève pas d’une démarche de formation ou d’éducation spécifique. Il y a bien sûr une contribution de l’enseignement, de l’éducation, de la formation, qui aident à l’acquisition de cet état d’esprit, mais c’est aussi des qualités qui tiennent à la personnalité. Le champ est donc large, et ouvert à beaucoup de monde.

- Pour autant, si j’en juge des aléas du marché, du projet qui peut être le sien, les personnes qui mentalement sont les plus aptes à créer, et qui le reste pendant des années, ce sont des gens qui ont une caractéristique essentielle, celle de toujours croire en leur projet, et d’éviter le phénomène de stop and go extrêmement préjudiciable au développement qui est d’accélérer le rythme quand tout va bien et de ralentir et de verser dans une inquiétude parfois exagérée lorsque tout va mal. En réalité, je pense que ce sont un peu les bonnes qualités d’un capitaine dans la

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tempête, on est là pour rassurer l’équipage, pour assurer une direction et pour dire que même s’il faut réduire la voilure, le cap et la direction sont des constantes. On peu choisir de ralentir l’allure, de se réfugier dans un port, mais à un moment, quand on dirige une entreprise, c’est rassurer sur le chemin parcouru, celui qu’il reste à parcourir et ce, quelques soit les conditions qui se présentent. Cette qualité là, tout le monde de la possède pas. Certains sont plus inquiets que d’autres, certains versent plus facilement dans le doute que d’autres, mais c’est vrai que les patrons d’entreprise sont des gens qui dans la tempête sont capables de dire finalement, réduisons l’allure, prenons les précautions nécessaires et qui s’imposent, mais surtout, ne changeons pas de cap. »

AB : Est-ce que créer son entreprise prend beaucoup de temps ?

Jacques ARLOTTO

« Créer son entreprise c’est quelque chose qui demande du temps, de la réflexion et de la passion. Créer son entreprise n’est donc pas quelque chose de facile, même pour ceux qui ont vraiment la fibre entrepreneuriale ; néanmoins, c’est une aventure qui en vaut la peine, et avec de la méthode, du conseil, en utilisant du conseil, des organismes d’aide, de la réflexion, beaucoup de préparation, créer son entreprise devient plus facile que ce que l’on peut penser. »

AB : Quelles sont les erreurs qu’il faut éviter quand on crée une entreprise ?

Philippe JOURDAN

« Même si on dressait la liste des erreurs à éviter, on fera toujours des erreurs. Ce qu’il faut c’est rester extrêmement manœuvrant, savoir discerner très vite quand on s’est fourvoyé,

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ne pas hésiter à revenir en arrière et à se remettre en cause ou en question. On est dans une économie où les ajustements sont quasi quotidiens. Un projet, même figé dans le marbre d’un business plan, doit s’apprécier à l’aune des réalités, et nous ne les appréhendons que lorsque nous y sommes confrontées. La première erreur à éviter est de rester rigide sur ses positions.

Pour autant, la deuxième erreur à éviter c’est de manquer de cadre. Je pense que l’étape qui consiste à construire un business plan est une étape à laquelle on ne consacre pas suffisamment de temps et de moyens au départ, et c’est pourtant une étape essentielle. On a consacré en ce qui nous concerne pas mal de temps à réfléchir au business plan, ce qui a deux vertus :

- être certain qu’on fédère les gens avec qui on souhaite travailler sur un projet qu’on partage (puisque le business plan c’est le moment de mettre ce projet à plat et d’en discuter à plusieurs)

- fournir un cadre qui permet ensuite d’apprécier l’évolution de son activité par rapport à un référentiel ; sans de référentiel, il est extrêmement difficile d’apprécier le chemin parcouru, ou qu’il reste à parcourir.

On s’est éloigné du business plan, mais nous avons toujours tenu à l’actualiser, à réviser à la hausse ou à la baisse les hypothèses de ce business plan. Aujourd’hui encore, c’est plus pour nous un schéma directeur qu’un business plan, et je dirai que la deuxième erreur à éviter c’est de ne pas prendre le temps de formaliser cette démarche. Il ne faut pas en être l’esclave, mais il faut aussi savoir consacrer suffisamment de temps à ce document, qui, avec le temps va finir par devenir un véritable outil de pilotage, et de gestion de l’activité.

Voila pour ce qui est des deux erreurs assez classiques qu’on peut commettre au départ.

On va forcément commettre des erreurs dans les phases de croissance ultérieure. La première c’est de ne pas apprécier assez vite ou assez tôt les ressources dont on va avoir besoin. Il faut consacrer énormément de temps à recruter, c'est-à-dire rencontrer beaucoup de gens, prendre le temps de sonder les motivations et de choisir ses collaborateurs. Ce sont des choses que l’on ne peut pas déléguer car ce sont des gens qui vont travailler avec vous, alors c’est la moindre des choses que de s’impliquer dans le choix de ses collaborateurs.

Pour autant, ce n’est pas une science exacte : ils peuvent se tromper sur vous, et

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inversement, mais l’erreur la plus fréquente est de commencer à réfléchir au collaborateur dont on a besoin, au moment où on en a besoin. En réalité, c’est une réflexion que devrait être faite dans l’activité de service qui est la nôtre, compte tenu du temps de formation, d’intégration, etc. entre minimum 8 mois et plus ou moins 1 an avant le besoin effectif du collaborateur. Avec le recul, le principal frein à la croissance qu’on a pu connaître en ce qui nous concerne, est moins lié au marché qu’au fait que nous n’avons pas disposé suffisamment tôt des ressources dont nous avions besoin pour répondre au développement de l’activité tel qu’il se présentait. Il faut donc savoir anticiper, surtout sur la gestion des ressources humaines. »

Jacques ARLOTTO

« Il faut être capable de lancer un projet qu’on peut mener jusqu’au bout. Aujourd’hui il est quasiment impossible pour une personne physique de mobiliser les fonds nécessaires à lancer des grands projets industriels, puisque ceux ci ont besoin de fonds très importants, et donc il faut des sociétés qui disposent de moyens très importants pour lancer ce type de projet. En revanche en matière de service, ou à la limite d’industrie légère, on peut avec des moyens raisonnables, voire même avec ses économies, se lancer. Il faut donc un minimum d’économies, un projet réfléchi, dans un domaine que l’on connaît bien. Les projets qui réussissent le mieux sont des projets dont le créateur est originaire du milieu. Il est rare que des projets réussissent de manière spectaculaire dans un domaine que le créateur ne connaît pas. Il y a des réussites effectivement, mais ce ne sont pas les cas les plus fréquents.

Il faut donc :

- un domaine que l’on connaît bien,

- un minimum d’économies, qui peut être complété par la famille, les amis voire même par les business angels, les « investisseurs providentiels », qui sont des personnes qui ont déjà réussit une ou plusieurs création d’entreprise et qui ont donc gagné beaucoup d’argent, et qui décident d’investir dans votre projet, pas pour vous faire plaisir, mais parce qu’ils savent qu’ils vont gagner de l’argent avec.

- un carnet d’adresse ; c’est un autre avantage qu’apportent les business angels

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- de la méthode et de la préparation : un projet qui réussit est un projet préparé ; un projet non préparé en général ne dure pas longtemps. Il est indispensable de bien préparer son projet car il va falloir convaincre les clients

Sans tous ces ingrédients on risque d’aller au devant de grandes désillusions. Il est indispensable d’être professionnel du début à la fin du procédé car la concurrence est intense aujourd’hui, surtout avec la mondialisation, on ne peut donc pas faire de l’à peu près. »

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