Les banques de développement peuvent-elles relever le défi du développement durable ?

Les banques de développement peuvent- elles relever le défi du développement durable ?

Régis Marodon (Agence française de développement – AFD)

Objectifs et questions de recherche

Alors que le multilatéralisme est à la peine pour relever ces défis, il s’agit de se demander si les banques publiques de développement (BPD) – qu’elles soient actives au niveau local, national, régional ou international – peuvent coopérer et participer à la recherche de modèles économiques et sociaux porteurs d’avenir. Ce papier s’interroge sur la capacité des BPD à jouer un rôle moteur, capable de changer la donne, pour favoriser la transition vers le développement durable.

L’essentiel

L es grands défis planétaires - climat, perte de la biodiversité, solidarité entre les êtres humains - appellent des actions concertées à tous les niveaux, et à l’échelle de ces problèmes. Mais cette transformation ne peut s’opérer du jour au lendemain. Elle passe par une période de transition, pour permettre aux acteurs de bâtir des modèles socio-économiques en phase avec cette ambition. Les banques de développement peuvent jouer un rôle central dans cette démarche.

Méthodes

Une base de données a été développée grâce à la coopération entre l’Institut de la nouvelle économie structurelle (INSE) de l’université de Pékin et l’Agence française de développement.

Elle permet de dresser pour la première fois un panorama des 450 BPD identifiées à ce jour, et documente leur taille, leurs mandats et leur situation géographique. Une étude de la littérature révèle la raison d’être des BPD dans une perspective historique.

1 Titre original : Can development banks step up to the challenge of sustainable development?

Cette synthèse est publiée dans le cadre des groupes de travail de l’International Research Initiative on Public Development Banks, et à l’occasion de la 14^ème conférence internationale de recherche de l’AFD sur le développement

Consulter le papier de recherche

CAN DEVELOPMENT BANKS STEP UP TO THE CHALLENGE OF SUSTAINABLE DEVELOPMENT?

Les banques de développement peuvent-elles relever le défi du développement durable ? Régis Marodon (Agence française de développement – AFD)

L’essentiel

Résultats

Cette étude révèle que les BPD ont un rôle spécifique à jouer, distinct de celui des banques commerciales.

Les BPD doivent redéfinir et élargir leur rôle conformément aux Objectifs de développement durable (ODD), dans la continuité de la croissance qui caractérise leur trajectoire et leur utilité sociale.

Elle montre en outre que les Etats doivent solliciter les BPD pour canaliser des fonds dédiés aux transitions vers des projets, programmes et actions concrètes relevant des trajectoires nationales, conformément aux accords internationaux qu’ils ont signés.

Une autre conclusion marquante est que la communauté internationale devrait demander la construction d’une coalition mondiale et solidaire des banques de développement autour de la transition vers le développement durable, capable de collaborer avec d’autres acteurs. Dépasser les actions isolées est indispensable pour aborder des problèmes d’ampleur planétaire. Le monde a besoin d’un horizon de solutions et d’acteurs capables d’incarner de nouvelles formes d’action collective, en soutien au multilatéralisme, pour insuffler de l’optimisme et une dynamique positive autour de la durabilité.

Recommandations

Des cinq recommandations formulées dans le papier, trois sont particulièrement destinées aux décideurs afin de permettre aux BPD de favoriser pleinement l’établissement des conditions nécessaires à une transition effective vers le développement durable.

è Les BPD doivent intégrer dans les décisions de financement l’impératif des transitions en direction de modèles socio-économiques bas carbone, résilients et équitables. Pour ce faire, chaque banque de développement doit impérativement se doter des outils d’analyse nécessaires pour mesurer l’impact de ses financements.

è Les BPD doivent mobiliser et entraîner le secteur privé dans leur suite, pour faire converger tous les acteurs vers le développement durable. De fait, le refus d’une BPD de financer un projet très émissif ou néfaste pour l’environnement a un effet limité si ce même projet est ensuite financé par une banque privée. Il s’agit probablement d’une des missions les plus ambitieuses des banques de développement.

è La qualité environnementale ou sociale d’une politique, d’une stratégie ou d’une opération est de la responsabilité première des promoteurs eux-mêmes. En tant que banques, les BPD doivent donc favoriser l’émergence d’une demande responsable, indispensable à la conception d’opérations durables.

Le programme de recherche « Réaliser le potentiel des banques publiques de développement pour atteindre les ODD » est initié par l’INSE et financé par l’AFD, la Fondation Ford et l’IDFC.

2020 ©AFD