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Relever les défis de la mise en œuvre pour le développement durable de l Afrique

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Academic year: 2022

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ReleveR les défis de la mise en œuvRe pouR le développement duRable de l’afRique

Actes du Sommet tenu du 24 au 26 avril 2019

naiRobi, Kenya

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Relever les défis de la mise en œuvre pour le développement durable de l’Afrique - Rapport du Sommet 2019 des Think tanks de l’Afrique

Préparé par

La Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique Octobre 2019

Citation du présent rapport :

ACBF, KIPPRA, BAD, Afreximbank, Fondation Hewlett et Banque islamique de développement (2019). « Relever les défis de la mise en œuvre pour le développement durable de l’Afrique ».

Rapport du sommet 2019 des Think tanks de l’Afrique. Harare : Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique.

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ReleveR les défis de la mise en œuvRe pouR le développement duRable de l’afRique

Actes du Sommet tenu du 24 au 26 avril 2019

naiRobi, Kenya

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table des matiÈRes

AVANT-PROPOS 9

RELEVER LES DÉFIS DE LA MISE EN ŒUVRE POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DE

L’AFRIQUE : DISCOURS D’OUVERTURE 11

REMERCIEMENTS 17

RÉSUMÉ ANALYTIQUE 19

ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES 21

CHapitRe 1 : intRoduCtion 23

1.1 Contexte 23

1.2 Objectifs et résultats attendus 27

CHapitRe 2 : mise en œuvRe des politiques en afRique 29

2.1 Mise en œuvre des politiques en Afrique: plantation du décor pour cerner le problème 29 2.2 Mise en œuvre des politiques en Afrique: points de vue des principales parties prenantes sur les

défis et opportunités qui se présentent aux think tanks 30

2.3 Séance d’assistance entre pairs 32

2.4 Relever les défis de la mise en œuvre aux niveaux national, régional et continental 35

CHapitRe 3 : RenfoRCement des CapaCités des GRoupes de RéfleXion pouR appuyeR la mise en oeuvRe des

politiques éConomiques en afRique 39

3.1 Mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) : enseignements et

perspectives d’Afreximbank 40

3.2 Renforcement des capacités des principaux responsables de la mise en œuvre 40 3.3 Building Capacities at the Level of Implementers on the Frontlines 42 3.4 Renforcement des capacités pour la disponibilité des fonds et des ressources 42

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CHapitRe 4 : appRendRe des eXpéRienCes des diveRs paRtenaiRes 45

4.1 Apprendre du secteur privé : défis et solutions proposées pour une mise en œuvre efficace des

politiques économiques 45

4.2 Suggestions sur la manière dont les groupes de réflexion kényans peuvent aider le

gouvernement à mettre en œuvre le programme «Big 4» du Kenya 48 4.3 Leçons et opportunités pour les groupes de réflexion pour aider les CER à mettre en œuvre le

programme de développement 49

4.4 Premier rapport régional de l’Afrique sur la coopération Sud-Sud 51 4.5 Que peuvent faire les groupes de réflexion pour remédier aux grandes difficultés que connaît la

mise en œuvre des stratégies? 53

4.6 Transformations structurelles pour un avenir prospère de l’Afrique: prévision des perspectives

d’avenir des pays africains 54

CHapitRe 5 : solutions pRatiques pouR RéussiR la mise en œuvRe des politiques en afRique 57

5.1 Élaborer un programme de recherche pour la mise en œuvre des politiques en Afrique 57 5.2 Partage de solutions et d’initiatives novatrices pour une mise en œuvre efficace des politiques 59

5.3 Alliance pour les capacités de mise en œuvre en Afrique 61

5.4 Plans futurs proposés par les groupes de réflexion pour soutenir la mise en œuvre des politiques

économiques en Afrique 62

5.5 Gouvernance participative dans les évaluations de pays du MAEP: contribution des groupes de

réflexion à une mise en œuvre efficace 64

CHapitRe 6 : ConClusion 67

ANNExE 1 : COMMUNIQUÉ 69

ANNExE 2 : PROgRAMME DU SOMMET DES ThINk TANkS DE L’AFRIQUE 2019 71

ANNExE 3 : LISTE DES PARTICIPANTS 79

ANNExE 4 : PARTENAIRES-SPONSORS 85

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avant-pRopos

D’APRÈS L’ALLOCUTION DU SECRÉTAIRE DU CABINET KENYAN CHARGÉ DU TRÉSOR NATIONAL ET DE LA PLANIFICATION, M. HENRY K.

ROTICH, EGH, LORS DE L’OUVERTURE DU SOMMET DES THINK TANKS AFRICAINS TENU AU KENYATTA INTERNATIONAL CONVENTION CENTER DE NAIROBI, LE MERCREDI 24 AVRIL 2019

M. le Prof. Emmanuel Nnadozie, Secrétaire exécutif de la Fondation pour le Renforcement des capacités en Afrique

M. Julius Muia (Dr), Secrétaire principal, Département d’État à la Planification MM. les hauts responsables gouvernementaux

MM. les représentants des think tanks africains MM. les représentants des organisations partenaires MM. les représentants d’autres organisations Distingués invités

Mesdames et Messieurs,

L’ACBF et le KIPPRA, co-organisateurs du présent Sommet m’ont fait l’honneur de m’inviter à ces assises et de me choisir pour prononcer le discours d’ouverture. Le thème de ce sommet arrive à point nommé.

En effet, la région en est aux premières étapes de la mise en œuvre des Objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063. En s’attaquant aux problèmes de mise en œuvre des politiques, il contribuera grandement à la réalisation d’un développement durable en Afrique.

En effet, c’est un honneur pour le Kenya d’accueillir le 6e Sommet des think tanks africains. Je souhaite à tous et à chacun KARIBUNI SANA !

L’Agenda 2063 pour l’Afrique prévoit un continent moderne, prospère, sans pauvreté, à l’abri de l’insécurité alimentaire et peuplé de citoyens éduqués. Il prévoit aussi une activité économique florissante appuyée par des infrastructures modernes de transport, de TIC et d’énergie, créatrices d’emplois décents et offrant des possibilités économiques à tous.

En outre, le plan de développement envisage des économies pacifiques et résilientes au changement climatique, bénéficiant de la bonne gouvernance, des échanges intra-africains en plein essor et un espace démocratique élargi.

Mesdames et Messieurs,

Bien que l’Afrique soit en mesure de réaliser tout son potentiel, elle a besoin de capacités suffisantes pour mettre en œuvre avec succès son programme de développement.

Diverses solutions ont été proposées pour relever les défis de la mise en œuvre des politiques, afin de parvenir au développement durable. Il s’agit notamment de la disponibilité de données fiables en temps opportun, de la mise en place d’un solide cadre de suivi et d’évaluation et de l’amélioration de la coordination.

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En outre, un leadership transformateur est d’une importance capitale pour la bonne mise en œuvre des projets et programmes de développement. Les pays africains ont besoin d’un leadership approprié, aux niveaux étatiques et non-étatiques, pour relever les défis de la mise en œuvre tels que la continuité des politiques gouvernementales, les capacités humaines, les dépenses publiques et la responsabilité financière.

Je tiens à saluer le rôle joué par l’ACBF au cours des trois dernières décennies dans la résolution des problèmes de capacité en Afrique, notamment, à travers l’amélioration de la qualité et de la pertinence de la recherche sur les politiques, le renforcement de l’engagement politique des acteurs étatiques et non- étatiques, et l’utilisation des produits et services stratégiques.

L’ACBF a aussi appuyé les compétences institutionnelles et humaines des centres de politiques et des think tanks, afin de leur permettre de soutenir efficacement les processus de politique publique. Je crois que bon nombre de think tanks ici présents ont bénéficié de l’appui de l’ACBF à un moment donné.

Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez, la création des think tanks en Afrique est un phénomène relativement récent.

En Afrique subsaharienne, la contribution des think tanks au processus politique gouvernemental a été particulièrement ressentie à travers les énormes pressions exercées en vue de l’amélioration de la gouvernance pendant la période d’ajustement structurel. Depuis lors, le nombre des think tanks de la région a considérablement augmenté, pour se stabiliser aujourd’hui à plus de 660, soit 8,5% du total des think tanks du monde.

La prolifération des think tanks en Afrique est accélérée par la mise en place des réformes politiques, économiques et sociales dynamiques, qui donnent l’occasion aux think tanks de s’affirmer. En outre, avec l’élargissement de l’espace démocratique, les pays africains présentent des conditions équitables pour la prospérité de divers think tanks, y compris ceux qui sont proches des gouvernements, à l’instar du KIPPRA.

Ces évolutions impliquent la collaboration entre les think tanks, les centres de politiques, les réseaux et les décideurs politiques, en vue de renforcer les liens entre la recherche et les politiques, qui sont d’une importance capitale pour le développement de l’Afrique.

J’ai appris que les parties prenantes invitées aujourd’hui représentent certains des plus puissants think tanks du continent. Lors de vos délibérations sur les domaines prioritaires du sommet, je vous exhorte à identifier concrètement les domaines d’intérêt communs que nous pourrons mettre à contribution dans la réalisation de l’Agenda 2063 pour l’Afrique, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et des ODD, entre autres plans de développement.

En conclusion,

J’espère que ce sommet mettra en exergue les approches pratiques permettant de mettre en œuvre avec succès les politiques en Afrique, en tenant compte des expériences et des bonnes pratiques des différents pays. Il s’agit notamment du renouvellement et du renforcement de l’engagement des think tanks africains à appuyer de manière proactive la mise en œuvre des plans de développement nationaux, régionaux et continentaux.

En outre, il est important que le Sommet examine les voies et moyens de renforcer les plates-formes de mise en réseau à travers un échange fructueux d’idées, de connaissances et d’expériences pertinentes, ainsi que de bonnes pratiques sur les mesures à prendre pour relever efficacement les défis de la mise en œuvre en Afrique.

Distingués invités,

C’est sur ces remarques que je souhaite plein succès à vos travaux.

Merci et une fois encore karibuni kenya.

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ReleveR les défis de la mise en œuvRe pouR le développement duRable de l’afRique : disCouRs d’ouveRtuRe

Excellence l’Hon. Henry Rotich, Secrétaire du cabinet kényan chargé du Trésor national M. Erastus Mwencha, Président du Conseil d’administration de l’ACBF

Mme Rose Ngugi (Dr), Directrice exécutive du Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (KIPPRA), co-organisateur du Sommet

M. Lamin Momodou Manneh; Directeur du Centre de service régional du PNUD pour l’Afrique M. le prof. Kevin Chika Urama; Directeur principal de l’Institut africain de développement de la BAD M. Robert Ochola (Dr); Directeur et responsable mondial de la Stratégie et de l’innovation, Afreximbank M. Sameh Hussein; Coordonnateur régional principal de la coopération technique en Afrique de la Banque islamique de développement

M. le Prof. Emmanuel

Nnadozie, Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique

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Distingués représentants des partenaires organisateurs du Sommet et tous les responsables de l’ACBF ici présents

MM. les hauts responsables gouvernementaux Distingués Partenaires au développement

Distingués dirigeants et représentants des think tanks Mesdames et messieurs les Experts,

Distingués Représentants de la jeunesse Chers représentants des médias,

Mesdames et Messieurs,

Merci de notre présence parmi nous cette année encore. Je suis ravi de vous voir dans cette belle ville de Nairobi, au Kenya, à l’occasion de notre sixième Sommet des think tanks africains.

Tout d’abord, au nom de l’ACBF, de ses partenaires et de tous les participants, permettez-moi d’exprimer notre sincère gratitude au gouvernement et au peuple kényans pour la chaleureuse hospitalité qu’ils nous ont réservée depuis notre arrivée dans cette belle ville de Nairobi, la Ville verte au cœur du soleil.

La présence personnelle de l’honorable Henry Rotich, Secrétaire du cabinet du Kenya chargé du Trésor national, est une illustration de l’engagement et du soutien de ce pays.

Permettez-moi de reconnaître avec une sincère gratitude que l’organisation de ce Sommet a énormément bénéficié de l’appui d’un nombre impressionnant de nos partenaires, notamment, la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, l’AUDA-NEPAD, la Fondation William et Flora Hewlett, la Banque islamique de développement, l’Afreximbank, le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Transformative Development Capacities, On Think Tanks, l’Initiative Think Tank et la Southern Voice.

Je voudrais adresser des remerciements particuliers à nos partenaires locaux, à savoir, le gouvernement kényan pour son hospitalité et le Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (KIPPRA) pour sa grande marque de professionnalisme et la facilitation de l’organisation de cet événement.

À propos du Sommet 2019 des think tanks africains

À notre première rencontre à l’occasion du premier Sommet des think tank africains tenu en 2014 à Pretoria, en Afrique du Sud, sur le thème « Les Think tanks et la transformation de l’Afrique », nous étions environ 50 participants essentiellement issus des think tanks.

Aujourd’hui, nous discutons non seulement des think tanks et des problèmes connexes tels que le financement, la durabilité, la gestion et l’impact des think tanks, mais nous nous intéressons davantage à la manière dont ils peuvent appuyer efficacement la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et des ODD tout en faisant preuve de leur importance et leur pertinence pour la transformation socio-économique de l’Afrique.

Le Sommet de cette année a pour thème « Relever les défis de la mise en œuvre pour le développement durable de l’Afrique ». Il vise à informer les décideurs et les chercheurs de solutions sur la manière dont les think tanks peuvent contribuer significativement à la résolution des problèmes de mise en œuvre des politiques dans le contexte de la vision de l’Afrique, telle que reflétée dans l’Agenda 2063 et les ODD, à travers le partage des connaissances sur les bonnes pratiques permettant de garantir la bonne mise en œuvre des politiques et des stratégies.

Ce qui confirme une fois encore que les think tanks africains, dont la plupart ont bénéficié de l’appui de l’ACBF pour ce qui est de leur création ou de leur subsistance, ont gagné en maturité avec le temps et sont devenus très compétents au sujet de la recherche, du conseil et du plaidoyer en matière de politique relative aux

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défis auxquels notre continent est confronté. Nous devons par conséquent leur faire confiance, les appuyer et recourir pleinement à leur expertise.

Nous espérons que, par l’intermédiaire du Réseau des think tanks africains, hébergé par l’ACBF, nous continuerons à promouvoir la réflexion. En fait, notre rencontre d’aujourd’hui et des deux prochains jours me rassure qu’à l’avenir, tous les gouvernements africains ainsi que les principaux organismes continentaux et les partenaires au développement ici présents, apporteront un soutien accru à ces institutions stratégiques, compte tenu de leur rôle dans la formulation des politiques et l’organisation de la vie publique.

Le Sommet des think tanks africains est devenu une importante plate-forme de partage des connaissances et des bonnes pratiques, ainsi que de détermination des solutions permettant de s’assurer qu’ils jouent leur rôle d’appui à la transformation socio-économique du continent. La continuité et la durabilité de tels importants sommets nécessitent aussi des partenariats.

Les précédents sommets ont permis de renforcer les capacités des think tanks et de les rassembler pour formuler des recommandations politiques sur les questions relatives à l’industrialisation en Afrique, au chômage des jeunes, ainsi qu’aux partenariats pour leur propre durabilité. Plus important encore, l’œuvre des think tank est reconnue par les principales parties prenantes, notamment les gouvernements africains. C’est la raison pour laquelle nous exprimons notre profonde gratitude à nos nouveaux et traditionnels partenaires qui se joignent à nous pour appuyer les initiatives des think tank - et je peux vous assurer qu’il reste toujours de la place pour que davantage de partenaires se joignent à nous pour pérenniser ces sommets qui sont d’une importance capitale.

Relever les défis de la mise en œuvre pour le développement durable de l’Afrique

Ce sommet se tient à un moment où de nombreux pays déploient des efforts pour ratifier l’accord de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui sera officiellement lancée en juillet au Niger. Sur une note positive, la ZLECAf a récemment reçu les 22 ratifications obligatoires (après la ratification par la Gambie au début du mois en cours) et sa mise en œuvre est maintenant prête.

Cependant, des accords importants tels que la ZLECAf n’entreront en vigueur en Afrique que lorsque les problèmes de mise en œuvre rencontrés aux niveaux national, régional et continental seront résolus.

Il ressort du Recueil des traités, conventions et accords de l’OUA-UA, de 1963 à 2014, publié par l’ACBF, qu’en août 2013, environ 42 traités ou accords avaient été signés par l’OUA et son remplaçant, l’UA, mais que 25 seulement avaient été ratifiés, chacun faisant l’objet d’une mise en œuvre très limitée. De 2002 à 2018, 51 traités et accords ont été signés et 31 d’entre eux (60,8%) attendent encore d’être ratifiés.

Pourquoi le continent a-t-il traîné le pas pour mettre en œuvre tous ces importants traités ? Les rapports de l’ACBF sur les capacités en Afrique font régulièrement ressortir le fait que, dans un

environnement politique fort en termes de capacité, la capacité à mettre en œuvre des politiques reste un défi majeur pour les pays africains.

La lenteur de l’Afrique ne s’explique pas par le fait qu’elle ne sache pas « quoi » faire, mais plutôt par le fait qu’elle ne sache pas « comment » le faire.

Je tirerai un exemple du Rapport 2017 sur les impératifs de capacité en science, technologie et innovation (STI).

Des 44 pays étudiés dans le rapport, 89% disposaient d’une stratégie relative à la STI ou à la promotion de la STI, dans le cadre de leur plan de développement national. Cependant, ces efforts n’ont pas encore abouti à des résultats concrets en matière de STI.

En dépit de l’existence des stratégies relatives à la STI dans la plupart des pays africains, la capacité de l’Afrique en matière de STI à l’échelle mondiale est encore faible. Elle est caractérisée par de faibles innovations, une faible préparation du réseau, une faible préparation technologie, le manque de chercheurs scientifiques, un nombre limité de publications scientifiques et une faible inscription dans les filières STI des universités.

À titre d’exemple, en 2015, des 141 pays couverts par le Global Innovation Index, seuls 12 pays africains figuraient parmi les 100 nations les plus performantes du monde en matière d’innovation. 30 des 31pays de l’Afrique subsaharienne étudiés se trouvaient au bas de l’indice de préparation du réseau comprenant 141 pays.

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Le problème n’est pas que ces pays ne disposent pas de stratégie ou de plan en matière de STI. En effet, il existe aussi la Stratégie de la science, la technologie et l’innovation pour l’Afrique (STISA-2024) au niveau continental et quelques stratégies au niveau régional. Mais la mise en œuvre constitue le défi majeur.

Ce qui manque encore est la mise en œuvre actualisée de ces stratégies très bien documentées et attrayantes.

La question qui se pose est alors de savoir pourquoi des plans bien conçus tels que le Plan d’action de Lagos et les OMD ainsi que les visions nationales n’ont pas enregistré de succès par rapport à leurs impacts transformationnels prévus, et comment éviter que ce soit le cas pour l’Agenda 2063 et l’Agenda 2030.

Certains des facteurs suivants feront l’objet de débats lors des différentes tables rondes et événements parallèles de ce sommet. Cependant, permettez-moi de souligner brièvement quelques points.

Au niveau national, les problèmes de mise en œuvre peuvent découler d’une capacité opérationnelle insuffisante pour gérer le processus de développement (capacités humaines et institutionnelles

insuffisantes, systèmes et processus de travail souples, et faible accès à l’information et à la connaissance).

Les pays ont également du mal à harmoniser leurs politiques.

Au niveau régional, par exemple, toujours en ce qui concerne les questions d’intégration régionale - qui, à mon avis, est d’une importance capitale pour le succès de la ZLECAf - la mise en œuvre est lente. La plupart des CER rencontrent des problèmes pour formuler ou mettre en œuvre des accords relatifs à la zone de libre-échange ; et toutes les CER n’ont pas pris suffisamment de mesures pour garantir la libre circulation des biens, des personnes et des services.

Au niveau continental, les problèmes de mise en œuvre peuvent s’expliquer entre autres facteurs, par le manque de financement durable, la plupart des financements provenant des donateurs. Ce qui limite les capacités du continent à mener à bien ses réformes et programmes.

Le présent Sommet des think tanks n’a pas été convoqué pour débattre uniquement des problèmes de mise en œuvre rencontrés en Afrique, mais plutôt pour proposer des solutions à ces problèmes.

Compte tenu de l’évolution des politiques en Afrique et de toutes les questions soulevées quant à la lenteur de la mise en œuvre en Afrique, les centaines de think tanks que compte l’Afrique peuvent et doivent jouer un rôle essentiel en tant qu’organisations destinées à mener des réflexions à long terme. Ils doivent être proactifs pour mettre à disposition les connaissances intellectuelles pratiques permettant à l’Afrique de faire face à ses problèmes de mise en œuvre.

Nos think tanks et nos instituts de politique ont contribué à améliorer les performances en matière de gestion macroéconomique et à consolider l’élaboration et l’évaluation de politiques fondées sur des données probantes. Les think tanks ont aussi été particulièrement actifs dans les travaux relatifs aux stratégies de réduction de la pauvreté, ainsi que dans la réalisation des études novatrices dans des domaines tels que l’agriculture et le commerce et la diversification des exportations. Ces exemples de réussite peuvent être mis en évidence dans des pays de la région, tels que le Botswana, le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Mali, le Rwanda, le Sénégal et l’Ouganda.

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Pour appuyer la mise en œuvre des politiques en Afrique, l’ACBF, par le biais de sa stratégie quinquennale, se positionnera comme un partenaire constructif dans la promotion de la mise en œuvre et de la transformation des politiques, mue par un engagement stratégique tout au long de la chaîne de valeur des politiques. Elle le fera avec l’accompagnement de ses États membres et des think tanks existants et nouveaux.

J’estime que la bonne mise en œuvre des politiques et programmes passe par la mise en place des six paramètres suivants: (1) la bonne définition des politiques et programmes; (2) la création d’un environnement favorable; (3) la disposition d’un leadership transformateur à tous les niveaux et dans tous les secteurs; (4) la garantie de la responsabilité et de la transparence; (5) la réalisation des investissements financiers et non financiers essentiels, y compris en capacités non techniques; et (6) la prise de mesures concrètes.

Compte tenu des succès remportés par les think tanks et des diverses solutions qu’ils ont apportées à ce jour, nous estimons que les think tanks africains, dont beaucoup sont de classe mondiale, ont gagné en maturité pour proposer des solutions aux préoccupations telles que la mise en œuvre des politiques, l’attention particulière portée aux dimensions relatives au développement du leadership transformateur, le développement des compétences essentielles et l’établissement des partenariats.

Conclusion

En conclusion, l’ACBF envisage un sommet fructueux qui aboutira à une feuille de route définitive et fiable sur la manière de s’assurer que les think tanks africains jouent leur rôle dans la résolution des problèmes de mise en œuvre des politiques en Afrique. Il doit aussi adopter des plans d’action clairs quant à la manière d’appuyer durablement les think tanks afin qu’ils contribuent efficacement à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et des ODD.

Les think tanks font face à des défis, dont le principal est leur durabilité. Les think tanks de nombreux pays n’ont pas bénéficié du soutien attendu des gouvernements africains et du secteur privé et il convient de remédier à cette situation.

L’ACBF invite les gouvernements africains et les partenaires au développement à continuer d’appuyer les think tanks à travers une approche coordonnée afin de les aider à relever leurs défis, pour pouvoir mieux soutenir nos pays et apporter des solutions locales aux problèmes de développement de l’Afrique.

L’ACBF s’engage à faire des think tanks africains des partenaires intellectuels stratégiques et des institutions fiables qui fournissent des solutions locales permettant de relever les défis de la mise en œuvre du

développement durable de l’Afrique. J’invite par conséquent toutes les principales parties prenantes continentales et les gouvernements africains à apporter le soutien politique et financier nécessaire à l’ACBF (l’Agence spécialisée de l’Union africaine en matière de renforcement des capacités) et la Commission de l’Union africaine à coordonner leurs efforts et à travailler en collaboration avec les think tanks sur les initiatives et stratégies proposées, visant à relever les défis de la mise en œuvre des politiques en Afrique.

Je souhaite que dans un an, lorsque nous nous retrouverons pour notre septième sommet, les think tanks ici présents nous édifient avec des exemples de réussite sur la manière dont ils ont influencé la mise en œuvre des politiques et programmes dans leurs pays.

Tout en vous remerciant de votre aimable attention, je vous souhaite un sommet des plus productifs !

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REMERCIEMENTS

La Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) était très heureuse de s’associer au Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (KIPPRA) pour co-organiser le 6e Sommet des Think tanks africains à Nairobi, au Kenya. Ces deux institutions expriment leur profonde gratitude au gouvernement kényan pour avoir accepté d’accueillir et d’appuyer ce sommet.

Cet événement qui se tenait pour la première fois au Kenya a connu la participation de plus de 100 think tanks. Nos remerciements vont à tous les participants qui ont assisté au Sommet. À travers le Trésor national et la Planification, le gouvernement kényan a apporté un soutien considérable à ce sommet. Le Secrétaire du Cabinet a accepté de faire partie du sommet et a honoré l’événement en prononçant le discours d’ouverture.

Les efforts du Secrétaire administratif du Cabinet chargé du Trésor national et de la Planification sont particulièrement appréciés, notamment pour s’être joint aux participants pour la cérémonie de clôture du Sommet.

Diverses équipes, dont les rapporteurs, les hôtesses, le maître de cérémonie, le personnel du KIPPRA, ainsi que la direction et le personnel du Kenyatta International Convention Center (KICC), ont largement contribué au succès de l’événement.

Permettez-nous d’exprimer notre gratitude aux partenaires, à savoir la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), la Fondation William et Flora Hewlett, la Banque islamique de développement (BID), la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), On Think Tanks (OTT), l’Initiative Think Tank (TTI), le Centre de développement de l’OCDE (OCDE-dev), la Southern Voice, et le Transformative Development Capacities (TDC), pour avoir contribué au succès de ce sommet, et nous espérons vous revoir lors des prochaines assises.

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Résumé analytique

Les pays africains sont confrontés à des défis aux niveaux national, régional et continental dans la mise en œuvre des politiques destinées à stimuler la croissance et le développement. Il est par conséquent urgent de renforcer les capacités de mise en œuvre des politiques sous divers aspects, notamment en matière de planification, de financement, de suivi et d’évaluation et de statistiques. Afin de résoudre le problème de la mise en œuvre des politiques, l’ACBF a organisé le sixième Sommet des think tanks africains, du 24 au 26 avril 2019 à Nairobi, au Kenya, sur le thème « Relever les défis de la mise en œuvre pour le développement durable de l’Afrique ». L’objectif du Sommet consistait à proposer des stratégies et des recommandations concrètes aux think tanks afin de leur permettre de contribuer de manière significative à la résolution des problèmes de mise en œuvre des politiques dans le contexte de la vision de l’Afrique telle que reflétée dans l’Agenda 2063 et les ODD, en procédant au partage des connaissances et des expériences en matière de bonnes pratiques dans la bonne mise en œuvre des politiques et des stratégies.

L’objectif du Sommet consistait à fournir une meilleure compréhension des raisons pour lesquelles les politiques et les programmes ne sont pas efficacement mis en œuvre dans de nombreux pays africains et à formuler des recommandations pour améliorer leur mise en œuvre afin d’atteindre les résultats escomptés en matière de développement. Les objectifs spécifiques consistaient (1) à donner des indications sur les raisons pour lesquelles les politiques et les programmes ne sont pas efficacement mis en œuvre dans de nombreux pays africains; (2) à analyser le rôle du leadership transformateur (y compris le rôle des acteurs étatiques et non étatiques) dans la résolution des problèmes de mise en œuvre des politiques; (3) à formuler des recommandations concrètes pour encourager une meilleure mise en œuvre des politiques et programmes, y compris la mise à disposition des capacités humaines et institutionnelles requises, ainsi que la création du cadre environnemental nécessaire; et (4) à plaider en faveur d’un mouvement et d’une plateforme coordonnés à l’échelle du continent (y compris la détermination d’un programme de recherche) pour le renforcement des capacités des think tanks et à appuyer le processus de mise en œuvre des plans de développement nationaux, de l’Agenda 2063 et des ODD.

messaGes Clés

1. Pour relever les défis de la mise en œuvre des politiques en Afrique, il est nécessaire de veiller d’abord à ce que les politiques soient fondées sur des preuves, tout en assurant la participation active des principales parties prenantes. Les pays africains doivent veiller à ce que les politiques soient élaborées sur la base des données factuelles et à ce qu’elles fournissent des solutions adaptées aux besoins locaux. Même les politiques élaborées au niveau mondial nécessitent un processus d’« adaptation » pour garantir une bonne adoption et une bonne mise en œuvre. Les think tanks pourraient jouer un rôle important dans l’interprétation des politiques au niveau mondial et leur adaptation aux conditions singulières des pays africains.

2. Une approche participative multipartite est l’un des moyens viables permettant d’élaborer, de mettre en œuvre et d’évaluer des politiques avec succès. Les parties prenantes comprennent les think tanks destinés à fournir des pistes pratiques fondées sur des preuves dans les principales étapes de la formulation des politiques. Le public doit être impliqué dans l’identification des questions politiques le concernant pour pouvoir donner son avis sur les processus de leur mise en œuvre. Au nombre des autres acteurs concernés il faut citer le secteur privé et la société civile, qui doivent contribuer à la résolution des problèmes d’intérêt politique. Si elles sont impliquées dans l’ensemble du processus politique, les parties prenantes peuvent adopter une position solide consistant à obliger les gouvernements à rendre compte de leurs actions.

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3. Les think tanks et les chercheurs doivent adopter des approches novatrices pour communiquer les résultats de leurs recherches au gouvernement et aux autres parties prenantes, de manière à améliorer l’utilisation des résultats de la recherche. Il est par conséquent nécessaire de renforcer les capacités des chercheurs pour leur permettre d’acquérir des compétences efficaces en matière de communication et d’engagement, afin que les résultats de leurs recherches soient compris par les décideurs.

4. Il existe une prolifération de think tanks en Afrique, certains d’entre eux ayant les mêmes domaines de compétence dans les mêmes régions. Les capacités des think tanks à fonctionner sont fragilisées par des efforts fragmentés et une faible collaboration entre eux. La collaboration entre les think tanks pourrait permettre de mettre en commun les compétences et les capacités, d’améliorer la qualité de leurs résultats, de renforcer le pouvoir de négociation dans le domaine politique et de réduire la concurrence inutile et la duplication des efforts. Une meilleure collaboration peut être obtenue par l’institutionnalisation d’un réseau de think tanks constituant une communauté de pratique pour assurer la coordination de leurs activités. Il sera plus facile à un tel réseau de rationaliser, de consolider et de négocier un fonds commun géré par des pays africains.

5. Lors de la formulation des recommandations visant à responsabiliser le gouvernement et à faciliter leur évaluation, les think tanks doivent faire preuve d’indépendance et d’impartialité. La crédibilité et l’objectivité des think tanks reposent sur leur indépendance qui est par conséquent un facteur d’importance.

6. En ce qui concerne la durabilité des think tanks, elle ne peut être assurée que sur la base de leur capacité à faire preuve de pertinence. Les think tanks doivent mener des recherches pertinentes sur les problèmes actuels et émergents pour rester pertinents ; la recherche doit idéalement être davantage axée sur la demande que sur l’offre. Les programmes axés sur la demande ont plus de potentiel pour permettre d’élaborer des politiques, programmes et stratégies dirigés par l’Afrique.

Ainsi, les think tanks doivent se tenir au courant des événements actuels pour éviter de formuler des politiques incapables de relever les défis actuels. En outre, pour répondre aux besoins réels des communautés, les think tanks doivent trouver les voies et moyens d’influencer les communautés par leurs recherches en établissant des passerelles entre eux et les décideurs, ainsi que la communauté.

7. Les think tanks ne doivent pas seulement se parler entre eux. Ils doivent aussi organiser des forums où rencontrer les décideurs et les praticiens pour identifier les lacunes en matière de mise en œuvre et formuler des propositions fondées sur des données factuelles concernant la meilleure voie à suivre.

8. Au niveau régional, les think tanks doivent contextualiser leurs programmes et aider les Communautés économiques régionales (CER) à définir les priorités aux niveaux national et régional. Plus important encore, ils doivent renforcer les capacités des CER à travers des formations tout en plaidant pour une formulation efficace des politiques et une gestion prudente des fonds. La même approche doit être adoptée pour établir des partenariats et promouvoir des initiatives régionales et interrégionales en matière d’évaluation et de surveillance de la mise en œuvre des programmes.

9. Au niveau continental, les think tanks africains doivent aligner une bonne partie de leurs recherches sur l’Agenda 2063 et les visions de l’Union africaine. En outre, ils doivent aussi s’impliquer dans les processus du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), tels que la sensibilisation, les évaluations et l’élaboration de plans d’action. Par ailleurs, ils doivent reformuler les rapports pays et révéler leur contenu aux différents utilisateurs.

10. Pour l’avenir, les think tanks et les délégués ont relevé que le Sommet 2019 des think tanks africains a servi de plateforme unique pour mener des discussions ouvertes et complètes sur un large éventail de questions cruciales en Afrique, notamment les défis liés à la mise en œuvre des politiques et programmes et le rôle des think tanks, qui faciliteront la formulation des solutions mutuellement convenues. Ils se sont engagés à apporter du soutien et à contribuer au programme de recherche africain sur la mise en œuvre des politiques et des programmes et à mettre en place l’Alliance pour la mise en œuvre des capacités proposée lors du Sommet 2019 des think tanks africains. Ils invitent les gouvernements africains, le secteur privé, les organisations de la société civile et toutes les autres parties prenantes à se joindre à l’ACBF et à ses partenaires pour mettre en œuvre les propositions formulées. En qualité d’Agence spécialisée de l’Union africaine en matière de renforcement des capacités, l’ACBF doit coordonner l’élaboration d’un programme de développement des capacités pour la mise en œuvre des politiques et des programmes en Afrique.

(21)

abRéviations et aCRonymes

AAP Alliance pour le partenariat africain

ACBF Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique BAD Banque africaine de développement

CUA Commission de l’Union africaine

CAPEC Cellule d’Analyse de Politiques Economiques du CIRES CEA Commission économique des Nations unies pour l’Afrique CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CERs Communautés économiques régionales

CEWARM Conflict Early Warning and Response Mechanisms

CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement EPRC Economic Policy Research Centre

IAD Analyse et développement institutionnelle IDEG Institute for Democratic Governance IDH Indice de développement humain IFS Informal Enterprise Survey

IGAD Intergovernmental Authority on Development IPAR Institute of Policy Analysis and Research KEMRI Kenya Medical Research Institute

(22)

KIPPRA Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis KNBS Kenya National Bureau of Statistics

NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique ODD Objectifs du développement durable

OMD Objectifs du Millénaire pour le développement OSC Organizations de la société civile

PFM Gestion des finances publiques PIB Produit intérieur brut

PME Petites et moyennes entreprises

ReNAPRI Réseau régional des instituts de recherche sur les politiques agricoles SADC Communauté de développement d’Afrique australe

SCC Coopération sud-sud

STI Science, technologie et innovation

STISA Stratégie pour la science, la technologie et l’innovation pour l’Afrique TTI Initiative think tank

PNUD Programme des nations unies pour le développement

UA Union africaine

ZLECAf Zone de libre-échange continentale africaine

(23)

intRoduCtion

1.1 Contexte

Il ressort du Recueil des traités, conventions et accords de l’OUA-UA, de 1963 à 2014, publié par la

Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), qu’en août 2013, environ quarante-deux (42) traités/accords avaient été signés par l’OUA et son remplaçant, l’UA, mais que 25 seulement avaient été ratifiés, chacun faisant l’objet d’une mise en œuvre très limitée. De 2002 à 2018, cinquante-un (51) traités et accords ont été signés et trente-un (31) d’entre eux (60,8%) attendent encore d’être ratifiés en vue de la mise en œuvre. Des importants accords comme l’accord relatif à la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) récemment signé, qui devrait stimuler le commerce intra-africain et renforcer la compétitivité au niveau de l’industrie et des entreprises, n’entreront en vigueur que lorsque les problèmes de capacité de mise en œuvre qui se posent aux niveaux national, régional et continental, seront résolus.

Tout aussi important et dans le même ordre d’idées, les lacunes de capacités en matière de mise en œuvre de l’Agenda 2063 et de l’Agenda 2030 en Afrique sont énormes, multi-niveaux et multidimensionnelles.

Dans tous les pays africains, il est absolument nécessaire de renforcer les capacités de mise en œuvre des politiques dans les différents aspects, en particulier dans les domaines de la planification, du financement, du suivi et de l’évaluation, ainsi que des statistiques.

CHapitRe I

(24)

Aux niveaux nationaux, les problèmes de mise en œuvre s’expliquent par une capacité opérationnelle insuffisante pour assurer la gestion du processus de développement (capacités humaines et institutionnelles insuffisantes, systèmes et processus de travail souples, et faible accès à l’information et à la connaissance).

L’exemple de la réforme des soins de santé dans les pays de l’Afrique de l’Ouest illustre les défis associés à la mise en œuvre des politiques aux niveaux nationaux. Dans ces pays, les donateurs ont longtemps amené les pays à appuyer le développement des systèmes d’assurances mutuelles de santé. Cependant, après plus de 15 ans, le taux de couverture reste relativement faible. Il est en effet de moins de 5%.

Le problème de la faible mise en œuvre des politiques semble s’expliquer par le fait que, autant elles présentent les problèmes rencontrés, autant elles ne disent pas comment surmonter ces problèmes de manière pratique. Par conséquent, les décideurs et les principaux acteurs des programmes de développement des pays africains doivent expliquer le « comment » en ce sens que les stratégies et les accords sont principalement axés sur la mise en œuvre et l’application des politiques. Ainsi, il est nécessaire de mettre en place un plan d’action indiquant les voies et moyens de mettre en œuvre les différents programmes et politiques de développement, et de renforcer les capacités nécessaires pour faire avancer les choses. À cela s’ajoute la volonté des dirigeants de faire bouger les lignes et d’obliger les responsables de la mise en œuvre à rendre compte. L’Agenda 2063 de l’Union africaine et son plan décennal de mise en œuvre, ainsi que l’Agenda 2030 pour le développement durable, reconnaissent le rôle essentiel du leadership qui ne se limite pas à conduire l’élaboration des politiques publiques saines favorisant la croissance socio- économique, mais qui les met en œuvre.

Comment s’assurer que les politiques sont mises en œuvre avec succès pour la transformation de l’Afrique dans le contexte de l’Agenda 2063 et de l’Agenda 2030 pour le développement durable ?

Les pays africains continuent de chercher des solutions pour une mise en œuvre efficace et réussie des politiques. Dans cette optique, les divers acteurs étatiques et non étatiques ont un rôle crucial à jouer pour appuyer et / ou compléter les efforts déployés par les décideurs. À cet effet, compte tenu de leur mission et de leur rôle, les think tanks pourraient travailler en collaboration pour produire et partager des connaissances sur les formules qui marchent et celles qui ne fonctionnent pas et développer des interventions appropriées, permettant de comprendre les problèmes de mise en œuvre auxquels les pays africains sont confrontés et de leur apporter des solutions.

Alors que tous les acteurs impliqués dans la chaîne de mise en œuvre des politiques ont un important rôle à jouer, les think tanks, compte tenu de leur rôle dans la conduite de la recherche, la fourniture de conseils et le plaidoyer en faveur du changement, peuvent appuyer la mise en œuvre des politiques de cinq manières au moins. Ils peuvent: (1) exercer une influence politique directe en préconisant la mise en œuvre d’une proposition spécifique qui sera ensuite adoptée par le gouvernement; (2) exercer une influence politique indirecte en proposant un changement de politique, mais uniquement dans le cadre d’un processus complexe et désordonné dans lequel un éventail d’intérêts divergents dictent tous un changement d’orientation des politiques; (3) influencer le climat général des idées en recadrant un débat politique autour des nouvelles idées; (4) éclairer le débat public sur des questions clés à travers leurs travaux de communication et de diffusion; et (5) tenir les gouvernements responsables, par exemple en surveillant la mise en œuvre des politiques ou en fournissant des preuves que les politiques ne produisent pas les résultats escomptés.

À titre d’illustration, le Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (KIPPRA) a été créé pour aider le gouvernement à formuler et à mettre en œuvre des politiques. Au cours des premières années de son existence, le KIPPRA a principalement contribué au processus politique par l’intermédiaire du ministère du Plan, des Finances et de l’Administration fiscale du Kenya, à travers des groupes de travail politiques et techniques. Le groupe de travail macroéconomique représente un moyen utile permettant au KIPPRA de contribuer au processus de politique publique, à travers les prévisions et les recherches macroéconomiques.

Au fil des ans, le nombre de groupes de travail sur les politiques a augmenté, dans la mesure où la demande de services du KIPPRA provenait d’autres institutions en plus des ministères partenaires traditionnels.

Depuis la fin des années 2000, l’Institut participe en moyenne à 30 groupes de travail techniques par an. Ces forums lui offrent l’occasion d’éclairer le processus politique directement et par la suite sa mise en œuvre.

Pour trouver une solution au problème de la mise en œuvre des politiques et compte tenu du succès enregistré lors des cinq précédents sommets des think tanks africains (voir encadré 1 pour les points saillants des sommets 2014-2018), l’ACBF a organisé le sixième sommet des think tanks africains, du 24 au 26 avril 2019 à Nairobi, Kenya sur le thème « Relever les défis de la mise en œuvre pour le développement durable de l’Afrique ».

(25)

Encadré 1 : Quelques faits saillants et réalisations des précédents sommets des think tanks africains

Le premier Sommet des think tanks africains s’est tenu en février 2014 à Pretoria, en Afrique du Sud. Il était organisé en partenariat entre l’ACBF, l’African Leadership Center, la Friedrich- Ebert-Stiftung, la Konrad-Andenauer-Stiftung, le Think Tanks and Civil Societies Programme de l’Université de Pennsylvanie (TTCSP) et l’Institute for Security Studies, en qualité d’hôte.

Ce Sommet avait pour thème « Think tanks et transformation de l’Afrique ». Les discussions portaient sur les défis organisationnels et politiques auxquels sont confrontés les think tanks de la région et sur les voies et moyens d’accroître leur durabilité, leur valeur et leur impact.

Les participants ont formulé d’importantes recommandations dans quatre domaines : le renforcement des capacités, le partage des connaissances et la mise en réseau, la mobilisation des ressources et les initiatives et partenariats régionaux. L’une des principales mesures prises a été l’organisation régulière du Sommet afin d’offrir aux think tanks l’occasion de créer des réseaux.

Le deuxième Sommet des think tanks africains s’est tenu en avril 2015 au Centre de conférence des Nations unies à Addis-Abeba, en Éthiopie. Il était organisé par l’ACBF, le TTCSP de l’Université de Pennsylvanie et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Ce Sommet avait pour thème « La montée des think tanks africains : des solutions pratiques à des problèmes pratiques ». Les participants ont formulé diverses recommandations, concernant principalement les voies et moyens par lesquels chaque think tanks peut assurer sa durabilité, développer ses capacités et renforcer son influence sur les politiques. Les principales recommandations sont les suivantes: (1) la mise en place d’un groupe de travail dirigé par l’ACBF pour élaborer un cadre de viabilité financière, qui comprendrait l’examen des solutions de rechange en matière de collecte de fonds aux niveaux local, sous régional et régional, auprès des gouvernements, du secteur privé et du grand public; (2) l’actualisation par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique de sa proposition visant à créer un «Mécanisme de collaboration pour la recherche en Afrique», dans le but de collecter des ressources auprès des gouvernements, des fondations et des institutions africaines pour appuyer les travaux de collaboration entre pays; et (3) la promotion par l’ACBF de la mise en réseau à travers sa plateforme de réseautage des think tanks et sa base de données sur les think tanks africains. Les principales mesures étaient la mise en place du groupe de travail et la création du Réseau des think tanks africains hébergé par l’ACBF.

Le troisième Sommet des think tanks africains a été organisé par l’ACBF en partenariat avec la Commission de l’Union africaine (CUA), l’Agence de planification et de coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la CEA. Ce Sommet tenu en avril 2016 à Victoria Falls, au Zimbabwe, avait pour thème « Créer un avenir viable pour les think tanks africains en appui à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et des Objectifs de développement durable (ODD) ». Les participants ont élaboré une feuille de route pour la mise en œuvre offrant des options et des possibilités aux professionnels des think tanks et à leurs organisations de travailler en collaboration, à travers des consortiums, des réseaux et des partenariats. Les principales recommandations sont notamment les suivantes: (1) la prise des mesures stratégiques visant à renforcer la collaboration entre les think tanks africains; (2) l’offre des options et opportunités aux professionnels des think tanks et à leurs organisations pour travailler en collaboration à travers des consortiums, des réseaux et des partenariats; (3) la nécessité des arrangements institutionnels pour une collaboration couronnée de succès;

(4) la définition des rôles et responsabilités des différentes institutions continentales et régionales, en vue d’encourager la collaboration entre les think tanks africains; et (5) la mise en place des mécanismes de coordination pour veiller à ce que les professionnels des think tanks et leurs organisations travaillent en collaboration pour une bonne mise en œuvre de l’Agenda 2063 et des ODD. Les actions menées se traduisent par des engagements pour une coordination des efforts entre la CUA et les principales parties prenantes continentales.

(26)

En avril 2017, l’ACBF a organisé le quatrième Sommet des think tanks africains à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en partenariat avec le gouvernement de Côte d’Ivoire et la Cellule d’analyse de politiques économiques du CIRES (CAPEC). Les autres partenaires collaborateurs comprenaient, la Banque africaine de développement, la Commission de l’Union africaine, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), la CEA, la Banque mondiale, la Banque africaine d’import- export (Afreximbank) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Ce sommet avait pour thème « Think tanks africains et l’industrialisation de l’Afrique ». Les principales recommandations sont les suivantes : (1) la nécessité pour les think tanks de mener des recherches de pointe sur les défis en matière de capacités auxquels le continent est

confronté, et de partager les meilleures pratiques sur la résolution des problèmes, en particulier, en ce qui concerne le développement et la mise en œuvre effective des politiques industrielles sur le continent; (2) l’exhortation des pays, des communautés économiques régionales et des organismes continentaux à recourir aux think tanks africains et à utiliser leurs services pour développer des analyses, des activités de plaidoyer et des recherches adaptées, fondées sur des données factuelles et nécessaires au succès de la conception, de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation des politiques et interventions industrielles pour le développement durable de l’Afrique; et (3) l’élaboration d’un programme de recherche qui éclairera les initiatives de renforcement des capacités autour du changement de mentalité pour l’industrialisation de l’Afrique. Les actions entreprises sont la sensibilisation à l’utilisation des services des think tanks et le développement des initiatives visant le changement des mentalités.

Le cinquième Sommet des think tanks africains a été convoqué par l’ACBF du 5 au 7 avril 2018 à Accra, au Ghana, sur le thème « Lutte contre le chômage des jeunes en Afrique : solutions innovantes proposées par les think tanks ». Le Sommet 2018 a été organisé en partenariat avec le gouvernement de la République du Ghana et l’Institut pour la gouvernance démocratique (IDEG), un think tanks de premier plan au Ghana. Les autres partenaires collaborateurs étaient : la Banque africaine de développement (BAD), la Commission de l’Union africaine (CUA), l’Agence de planification et de coordination du NEPAD, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la Fondation Bill et Melinda Gates, la Fondation William et Flora Hewlett, l’Initiative Think Tank (TTI), le Réseau régional des instituts de recherche sur les politiques agricoles (ReNAPRI) et l’Alliance pour le partenariat africain (AAP). Le Sommet 2018 constituait une plateforme efficace qui a produit les résultats suivants: (1) la détermination du rôle qu’un leadership efficace peut jouer pour relever le défi du chômage des jeunes en Afrique; (2) des expériences sur la façon de développer un secteur privé dynamique susceptible de créer des emplois pour les jeunes; (3) la façon de renforcer les compétences techniques essentielles nécessaires pour créer des opportunités d’emplois durables pour les jeunes; et (4) des solutions pratiques pour l’emploi des jeunes en Afrique à travers le partage d’innovations et de bonnes pratiques, y compris l’entreprenariat et les entreprises agricoles. Les actions menées se traduisent par des engagements avec divers partenaires en vue de la documentation des expériences, des solutions innovantes et des leçons apprises sur l’ensemble du continent africain en matière de chômage des jeunes.

Source : Rapports des Sommets des think tanks africains, disponibles à l’adresse www.africanthinktanks.org

(27)

Le Sommet 2019 a été organisé en partenariat avec le gouvernement du Kenya et le Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (Institut de recherche et d’analyse des politiques publiques du Kenya) (KIPPRA), en collaboration avec divers partenaires.

1.2 Objectifs et résultats attendus

Le Sommet 2019 des think tanks de l’Afrique visait à produire une meilleure compréhension des raisons pour lesquelles les politiques et les programmes ne sont pas efficacement mis en œuvre dans de nombreux pays africains et à formuler des recommandations pour améliorer leur mise en œuvre afin d’obtenir les résultats souhaités en matière de développement.

objeCtif 1

Fournir un éclairage sur les raisons pour lesquelles les politiques et les programmes ne

sont pas mis en œuvre efficacement dans de nombreux pays africains.

objeCtif 2

Délibérer sur le rôle du leadership transformateur (entre autres le rôle des acteurs étatiques et non étatiques) dans la résolution des questions de mise

en œuvre des politiques.

objeCtif 3

Formuler des recommandations concrètes visant à favoriser une meilleure mise en œuvre des politiques

et programmes, y compris le développement des capacités humaines et institutionnelles requises, ainsi que la création du cadre environnemental nécessaire.

objeCtif 4

Plaider en faveur d’un mouvement et d’une plateforme coordonnés à l’échelle du continent (y compris la définition d’un programme de recherche) pour la constitution de think tanks et appuyer le processus de mise en œuvre des plans de développement nationaux,

des ODD et de l’Agenda 2063.

À cette fin, au moyen de divers discours liminaires, présentations, discussions, interactions et évènements parallèles, le sommet a abordé les quatre (4) objectifs suivants :

(28)

Le Sixième Sommet des think tanks africains a produit les résultats suivants :

Résultat 1

Une meilleure compréhension des capacités humaines et institutionnelles et de l’environnement propice nécessaires à la mise en œuvre efficace des politiques en

Afrique.

Résultat 2

Un engagement renouvelé, renforcé et durable des think tanks (et des autres parties prenantes, y compris des dirigeants)

à appuyer de manière proactive la mise en œuvre des plans de développement

national, régional et continental.

Résultat 3

La formulation des recommandations pratiques pour la mise en œuvre réussie de politiques et de programmes en Afrique - y compris les types de capacités humaines,

institutionnelles et environnementales requises.

Résultat 4

Une plate-forme pour le réseautage via un échange fructueux d’idées, de connaissances, d’expériences pertinentes

et de bonnes pratiques sur les mesures à prendre pour lutter efficacement contre les

problèmes de mise en œuvre en Afrique.

Un communiqué a été adopté à la fin du Sommet, tandis que le présent rapport, entre autres résultats, documente les délibérations de l’assise.

(29)

CHapitRe II

mise en œuvRe des

politiques en afRique

2.1 Mise en œuvre des politiques en Afrique : plantation du décor pour cerner le problème

Prof. Adebayo Olukoshi, Directeur régional pour l’Afrique et l’Asie de l’Ouest, de l’International IDEA, a présenté un exposé. Les perspectives historiques sont absolument nécessaires pour expliquer le caractère central des politiques. Dans les années 1960 et 1970, les politiques en Afrique étaient axées sur la résolution des problèmes socio-économiques. Par la suite, l’attention a commencé à basculer vers la recherche des bonnes politiques pour une mise en œuvre réussie. Les statistiques, les preuves et les meilleures pratiques sont importantes dans la formulation des politiques. Le continent africain est paralysé par un déficit de politiques qui inclut une approche en coups d’accordéon, inefficace pour le développement. Il existe aussi des lacunes dans la mise en œuvre, imputables à une politisation excessive des politiques, à une conception incohérente du fait de changements tels que les changements de régime, à l’incapacité de répondre aux besoins nouveaux de la plupart des pays africains et à la généralisation des politiques en faisant fi de la question de la spécificité du pays.

(30)

Il est nécessaire de réformer, de remodeler complètement la mise en œuvre des politiques, et de développer une interface plus profonde entre les connaissances nationales et les choix et intérêts politiques. En

outre, les investissements réalisés dans la recherche et le développement par les principales institutions permettront de combler les lacunes en matière de mise en œuvre. L’Afrique doit conduire ses propres politiques pour ne pas dépendre de l’assistance étrangère. Par conséquent, les think tanks africains doivent adopter une approche dynamique pour renforcer leurs capacités à stimuler les innovations. En outre, la bonne gouvernance et particulièrement un leadership transformateur sont d’une importance capitale. Il est important de regarder d’un œil critique les visions de développement à long terme et, fort d’un leadership et d’une responsabilité visionnaires, il est possible de faire des choix politiques appropriés. Il faut rejeter totalement l’hypothèse selon laquelle la politique est un outil de gestion de la crise pour la considérer plutôt comme un engagement à long terme ancré dans une vision. Plus important encore, il est nécessaire de comprendre le rôle central de la politique dans l’élaboration des politiques, car le manque de compréhension contribuerait à fragiliser la mise en œuvre des stratégies.

2.2 Mise en œuvre des politiques en Afrique : points de vue des principales parties prenantes sur les défis et opportunités qui se présentent aux think tanks

Cette séance avait pour modérateur Jacob Gyamfi-Aidoo, Directeur exécutif de Transformative

Development Capacity d’Afrique du Sud. Les intervenants étaient, entre autres, Mme Judith Kamoto (Dr), maître de conférences et Vice-doyenne de la Faculté des Ressources naturelles de l’Université d’Agriculture et de Ressources naturelles de Lilongwe ; Emmanuel Akwetey (Dr), Directeur exécutif de l’IDEG ; Ibrahim Kasirye (Dr), Directeur de la recherche, EPRC ; Lamin Momodou Manneh, Directeur du Centre de services régional du PNUD pour l’Afrique ; et Gabriel Negatu, Directeur général de la BAD pour l’Afrique de l’Est.

Les plans, les politiques et les stratégies bien conçus n’ont pas enregistré des succès par rapport à leurs effets transformationnels prévus. Le panel abordait les questions suivantes : Quelles sont les raisons récurrentes pour lesquelles des cadres de développement bien conçus n’ont pas été mis en œuvre avec succès ? Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les pays africains en ce qui concerne la mise en œuvre ? Quels sont les problèmes spécifiques de mise en œuvre rencontrés par les pays ? Quelles sont les principales lacunes en matière de capacités (humaines, institutionnelles et environnement propice) liées à la mise en œuvre des plans actuels tels que l’Agenda 2063 et les ODD, les plans stratégiques des Communautés économiques régionales et les visions nationales ?

Quelques études de cas ont été présentées au cours de cette session.

Le Malawi envisage de créer un institut de politique économique. Cette décision est motivée par le constat selon lequel, même si la recherche est largement menée au pays, les résultats obtenus ne sont pas souvent utilisés pour éclairer les politiques. En outre, bien que les indicateurs de suivi et d’évaluation soient utilisés pour évaluer les objectifs visés, la manière dont ces indicateurs sont développés n’apparaît pas clairement, encore moins le recours aux méthodes participatives. Il est nécessaire de disposer des politiques à contenu spécifique, alignées sur les objectifs de développement. Dans certains cas, le régime gouvernemental en place met en avant des politiques populaires qui ne satisfont pas les besoins de la population. C’est peut-être parce que les besoins de la population ne sont pas bien compris. Au Malawi, par exemple, la politique relative à la subvention des engrais a contraint les agriculteurs à vendre les coupons au lieu de les utiliser pour se procurer des engrais. Il est important d’adopter des stratégies globales et de relier les points pour garantir une réflexion systématique ayant un impact sur les besoins de la population. Par exemple, l’adoption d’une approche ascendante par opposition aux politiques à l’échelle mondiale non contextualisées par rapport au scénario local. Enfin, les politiques doivent être élaborées sur la base de données factuelles, en recourant à la méthode participative, et en tenant compte du contexte dans lequel elles sont censées être mises en œuvre.

Dans le cas du Ghana, le pays jouit d’un assez bon niveau de démocratie. Le premier plan de développement à long terme, à savoir, la Vision 2020 a été élaboré et lancé en 1995. Le plan a toutefois été classé après seulement cinq ans de mise en œuvre, suite au changement de régime. Au cours des 16 dernières années, le pays a mis en œuvre une politique de réduction de la pauvreté. En 2016, un plan de développement de 40 ans a été proposé. Mais, suite à un changement de régime, ce plan a été rangé dans les tiroirs. Pour être efficace, la transformation économique doit s’appuyer sur une administration forte. Ce qui n’est pas le cas en Afrique où chaque régime qui accède au pouvoir a tendance à développer des politiques basées sur le degré de loyauté des populations. L’incapacité de planifier systématiquement entraîne la confusion.

En Ouganda, la Southern Voice Network mène actuellement une étude sur l’état des ODD, sur la base des résultats des politiques mises en œuvre au cours des quatre dernières années. Le rapport de synthèse devrait éclairer le débat mondial. L’Afrique n’a pas enregistré de succès remarquable dans la mise en œuvre

(31)

des ODD, dans la mesure où elle n’a pas abordé les problèmes de croissance démographique. On s’inquiète de la dégradation de la qualité des interventions publiques, suite à l’augmentation du taux de croissance de la population. Le financement de projets de développement par les Chinois en Afrique, en particulier les projets relatifs aux infrastructures, a entraîné une augmentation de la dette publique, étant donné que le coût du financement en provenance de la Chine est relativement élevé. Le défi de la dette publique est une caractéristique commune à de nombreux pays africains. Il constituera probablement un problème majeur à l’avenir et aura des répercussions négatives sur la mise en œuvre des ODD.

Les politiques ne sont jamais formulées dans le vide. Si le processus est mauvais, les choses tourneront très mal. En conséquence, le rôle des think tanks est d’aider les pays à adopter des bonnes politiques. La dépendance vis-à-vis des sociétés de conseil et de l’expertise étrangères présente des limites et les think tanks peuvent jouer un important rôle dans l’adaptation des politiques élaborées au niveau mondial. En outre, les think tanks ont la possibilité de renforcer leurs capacités de mise en œuvre. Ce dont ils ont besoin pour tirer parti de cette opportunité, c’est une fonction publique robuste ou des systèmes d’administration et de suivi-évaluation solides.

messaGes Clés

Les politiques doivent être élaborées sur la base de preuves et la mise en œuvre doit être participative.

Les décideurs sont souvent absents du dialogue des think tanks. Il est important d’inclure les décideurs politiques dans les futurs forums, afin de créer des synergies dans l’identification des problèmes et la mise en œuvre des politiques.

Il est nécessaire d’adapter les politiques élaborées au niveau mondial.

L’espérance de vie des gouvernements est généralement courte. Il est donc nécessaire de mettre en place des mécanismes appropriés pour faire passer les politiques d’un régime à un autre.

Il est nécessaire de disposer d’une fonction publique robuste qui prenne les mesures qui s’imposent et associe le secteur privé.

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