Fribourg au zénith ?

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u cours de l’été dernier, Fribourg et plus particulièrement l’HFR (l’Hôpital fribourgeois, réseau composé de six sites préexistants) défrayait la chronique dans les médias. La raison était le recours intenté par l’HFR auprès du Tribunal fédéral suite au jugement du Tribunal cantonal imputant la responsabilité de l’hôpital cantonal (l’HFR n’ayant pas encore vu le jour) dans les séquelles neurologiques irréversibles d’un nou­

veau­né suite à un accouchement difficile. L’instance fédérale a entériné le jugement du Tribunal cantonal. Au­delà du cas particulier et de la souf­

france de la famille, ce jugement nous interpelle tous sur les conséquences éventuelles qui pourraient découler des tractations autour des dédomma­

gements exorbitants réclamés par les plaignants. La pratique de la médecine et plus particulièrement celle des mé­

decins indépendants pourraient s’en trouver chamboulées. Il est hautement souhaitable que l’on trouve un terrain d’entente raisonnable pour que notre société en mutation profonde ne cède à la tentation de profiter de l’exploi­

tation de situations médicales complexes à des fins pécuniaires. Le Parle­

ment fédéral devrait rapidement se pencher sur la question, à moins que les problèmes provoqués par le loup des Alpes ne soient jugés plus sérieux !

Quelques semaines plus tard mais cette fois à son avantage, Fribourg se retrouve sur le devant de la scène médiatique. Hors canton, l’état réjouis­

sant de ses finances paraît donner des démangeaisons à certains. Mais a­t­on seulement analysé les causes de cette situation enviable, par exem ple en examinant le niveau d’investissement de certaines de ses in­

frastructures ? D’autre part, ses représentants politiques, ses entrepre­

neurs et ses intellectuels semblent surprendre en raison d’une présence jugée exagérée par rapport à l’importance de sa population. Mais c’est ou­

blier qu’à une épo que certes un peu lointaine, Fribourg fut l’une des villes les plus florissantes de notre nation… et même la capitale de la Suisse en 1803 à la suite des Actes de Médiation !

Où s’insère donc le réseau hospitalier fribourgeois nouvellement créé dans ce concert médiatique soufflant le froid puis le chaud ? Comme sa fon­

due au vacherin servie plutôt tiède, nous nous trouvons à mi­parcours d’un remaniement du paysage hospitalier échafaudé au début des années 80. Une réforme fut proposée afin de couper les liens qui liaient son développement à des données politiques ; c’est­à­dire sans planification ni coordination. Un quart de siècle plus tard, la planification hospitalière fribourgeoise définit le cadre d’application de la mise en route du HFR. Plusieurs cantons ont entre­

pris de regrouper leurs hôpitaux dans le même temps. Divers modèles ont été appliqués en tenant compte des infrastructures existantes et des planifi­

cations hospitalières plus ou moins heureuses. Les objectifs semblent assez clairs. Atteindre une masse critique de patients dans des secteurs nécessitant de lourds investissements, réunir des compétences médicales complémen­

taires élargissant le réseau neuronal, offrir une casuistique riche et un enca­

drement soutenu pour la formation postgraduée des futurs médecins de

Fribourg au zénith ?

«… l’HFR réussit la gageure de réformer ses structures au-delà des frontières linguis- tiques et confessionnelles …»

éditorial

Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 novembre 2010 2163

Editorial

D. Hayoz D. Betticher

Daniel Hayoz

Médecin-chef

Service de médecine interne Unité d’angiologie

Hôpital cantonal et Université de Fribourg

Fribourg Articles publiés

sous la direction du professeur

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premier recours, voilà quelques­uns des éléments tangibles qui devraient fédérer les acteurs de cette entreprise. Par rapport à d’autres cantons, l’HFR multiplie les difficultés, et réussit la gageure de réformer ses structures au­delà des frontières linguistiques et confessionnelles qui ont tant marqué notre passé et qui caractérisent encore le canton.

Pour atteindre des objectifs ambitieux, il est impératif que les médecins responsables des différents sites puissent jouir d’une autonomie de fonction et de gestion des activités médicales. C’est le prix à payer pour s’assurer le succès de l’opération et garantir l’engagement intense de ses collabo­

rateurs dans l’accomplissement de leurs missions. La charge de travail incom­

bant aux médecins responsables devant assurer les gardes, la continuité des soins, la participation aux très nombreu­

ses séances administratives et les missions de formation nécessitent une délégation ap­

propriée de responsabilité et des libertés de manœuvre. Le monde médical de l’HFR est prêt à s’engager intensément pour autant que l’infrastructure suive.

Contrairement à ce que disait Céline il semble bien que dans ce cas il n’y ait un peu plus de confiture que de bocaux…

L’HFR peut en outre s’enorgueillir d’avoir participé activement à la mise en route d’une troisième année de médecine en collaboration avec la Fa­

culté des sciences de l’Université de Fribourg et des nombreux parte­

naires des universités voisines. Cet investissement doit être reconnu comme tel par l’HFR et l’Université.

Ce numéro de la Revue médicale suisse offre la possibilité au Service de médecine de l’HFR de présenter quelques articles qui décrivent certaines de ses activités. La prise en charge des syndromes coronariens aigus représente une bonne illustration pratique de l’intérêt du réseautage médical. Depuis l’ouverture de la salle de cathétérisme 24 heures sur 24, l’HFR offre à sa population une prise en charge des plus efficientes. Cette qualité de soins hospitaliers et la sécurité des patients font l’objet d’une revue constante des procédures. Pour permettre une telle démarche, des colloques de mor­

bidité­mortalité sont progressivement mis en application. Cette démarche qui représente malgré tout un défi pour bien des acteurs doit recueillir le soutien de la direction et être inscrite dans sa politique d’amélioration de la qualité des soins.

L’enseignement de la médecine clinique passe également par la recher­

che qui permet d’aiguiser la curiosité scientifique des assistants en forma­

tion et de promouvoir la qualité de la médecine. Leurs travaux effectués en marge des soins aux patients favorisent l’application des bonnes prati­

ques cliniques par l’approfondissement des connaissances et par des re­

vues systématiques de thèmes pratiques. Quelques thèmes récurrents dans notre pratique quotidienne ainsi que des perspectives nouvelles sont présentés dans ce numéro. Notre mission formatrice s’étend aussi aux mé­

decins de premier recours avec lesquels nous avons tissé de bonnes rela­

tions aussi bien dans le cadre des soins aux patients que pour la formation continue. Avec eux, dans le cadre de la Société de médecine du canton de Fribourg et avec le soutien des autorités sanitaires, nous avons pu finaliser le cursus des assistants aînés qui effectueront des stages en cabinets. Cette démarche s’inscrit dans l’effort des cantons en vue de stimuler des vocations de médecins de premiers recours.

L’HFR est en position intéressante. Il offre de réelles perspectives et doit tirer profit de l’adhésion de ses médecins­cadres dans sa mise en route.

Au tour des autorités de réaliser les investissements nécessaires pour réus­

sir une réforme qu’elle avait souhaitée depuis plus d’un quart de siècle.

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«… des colloques de morbi- dité-mortalité sont progressi- vement mis en application …»

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