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DYNAMIQUE SPATIALE DE L OCCUPATION DU SOL DANS LE FINAGE DE BEMBELA (NORD-EST DE LA CÔTE D IVOIRE)

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RÉSUMÉ

L’installation des populations dans les zones rurales et leurs différentes activités entraînent différentes transformations au sein du milieu naturel. Ces transformations sont observées aussi bien dans les zones forestières que savanicoles en Côte d’Ivoire. En effet, ces transformations sont en général le résultat des activités agricoles et anthropiques qui impactent considérablement le couvert végétal. L’objectif de cette recherche est d’analyser la dynamique spatiale entre 1985 et 2018 du finage de Bembéla, dans la sous-préfecture de Tougbo au nord-est de la Côte d’Ivoire. De façon spécifique, il s’agit de cartographier l’occupation du sol en 1985, 1999, 2018 et décrire la dynamique spatiale sur cette période d’étude.

La méthodologie est une approche cartographique et analytique basée sur l’utilisation de la télédétection et des systèmes d’information géographique. Pour atteindre cet objectif, il a été d’abord établi à partir des images satellites, des cartes d’occupations du sol du finage de Bembéla en 1985, 1999 et 2018. Ensuite, les différents types d’occupation du sol dans le finage ont été décrits pour montrer leur évolution spatiale.

Les résultats montrent à quel point les activités de l’homme ont un impact sur le milieu naturel. Nous observons que les superficies des grands traits de l’occupation du sol que sont les espaces naturels et les espaces humanisés ont connu différentes phases d’évolutions. Les espaces humanisés ont connu une très forte augmentation entre 1985 et 2018. Ils sont passés de 18% à 63% et connaissent un accroissement de +2199 hectares en superficie. Les espaces naturels sont passés de 82% en 1985 à 37% en 2018 et ont régressé de -2199 hectares en superficie.

Mots-clés : Côte d’Ivoire (Bembéla, Nord-est), Finage, Dynamique spatiale, Occupation du sol.

ABSTRACT

The settlement of people in rural areas and their different activities lead to different transformations within the natural environment. These transformations are observed in both forest and savannah areas in Côte d’Ivoire. Indeed, these transformations are generally the result of agricultural and anthropogenic activities which have a considerable impact on the plant cover. The objective of this research is to analyze the spatial dynamics between 1985 and 2018 of the finage of Bembéla, in the sub-prefecture of Tougbo in the north-east of Côte d’Ivoire. Specifically, it involves mapping the land cover in 1985, 1999, 2018 and describing the spatial dynamics over this period of study. The methodology is a cartographic and analytical approach based on the use of remote sensing and geographic information systems. To achieve this objective, it was first established from satellite images, land cover maps of the Bembéla finage in 1985, 1999 and 2018. Then, the different types of land use in the finage were been described to show their spatial evolution.

The results show how human activities have an impact on the natural environment. We observe that the areas of the main features of land use that are natural spaces and humanized spaces have experienced different phases of evolu- tion. Humanized spaces experienced a very strong increase between 1985 and 2018. They went from 18% to 63% and experienced an increase of +2,199 hectares in area. Natural areas increased from 82% in 1985 to 37% in 2018 and decreased by -2,199 hectares in area.

Keywords: Cote d’Ivoire (Bembéla, North-East), Spatial dynamics, Land use

DYNAMIQUE SPATIALE DE L’OCCUPATION DU SOL DANS LE FINAGE DE BEMBELA (NORD-EST DE LA CÔTE D’IVOIRE)

SPATIAL DYNAMICS OF LAND USE IN THE FINAGE OF BEMBELA (NORTHEAST OF CÔTE D’IVOIRE)

Fulgence Kouassi N’GUESSAN Maitre-Assistant

Institut de Géographie Tropicale /

Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire, dr.nkful8@yahoo.fr

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INTRODUCTION

Le nord-est de la Côte d’Ivoire subit actuellement une transformation de son couvert végétal dans le cadre des rapports entre les sociétés rurales et le milieu naturel. Les transformations sont en général, le résultat des activités agricoles. Aussi, les pratiques paysannes malencontreuses sont à l’origine de la dégradation de l’environnement. Les activités anthropiques telles que les feux de brousse, l’exploitation abusive de la flore et les techniques culturales participent à la dégradation du couvert végétal. Ainsi, assistons-nous à une pression démographique, une dégradation et une transformation du couvert végétal au sein du finage de Bembéla, au nord-est de la Côte d’Ivoire.

En effet, les pratiques agricoles et les activités anthropiques en cours dans le finage de Bembéla parti- cipent à la dynamique de l’occupation du sol. KOLI BI (2009, p 72), souligne que l’étude de l’évolution de l’occupation du sol permet de comprendre la dynamique spatio-temporelle des relations entre savane et agriculture, entre le paysan et l’herbe.

Les travaux de Koffi Djagnikpo et al, (2016, p 138) révèlent que l’étude de la dynamique de l’occupation du sol s’avère de plus en plus indispensable, à la fois pour la connaissance d’un territoire et pour son amé- nagement. Elle aide à avoir une meilleure compréhension des différentes tendances dans les processus de transformation spatiale.

Zakariyao K.et al, (2013, p 170) notent qu’au Togo, de 1986 à 2012, aucune formation naturelle n’a progressé et que les forêts claires et sèches dégradées ont subi une dégradation importante. Aussi, la ges- tion du finage de Bembéla ne peut-elle se faire sans une connaissance préalable de son paysage. Nous pouvons ainsi observer sur différentes dates choisies une évolution de l’espace du finage de Bembéla. Dès lors, comment se présente la dynamique spatiale du finage de Bembéla? L’objectif général de cette étude est d’analyser la dynamique spatiale de l’occupation du sol au sein du finage de Bembéla entre 1985 et 2018. De façon spécifique, il s’agit de cartographier l’occupation du sol en 1985, 1999, 2018 et décrire la dynamique spatiale sur cette période d’étude.

1. PRÉSENTATION DE L’ESPACE D’ÉTUDE

Bembéla est une localité rurale située dans le nord-est de la Côte d’Ivoire. Son milieu naturel est constitué d’une grande diversité floristique. On y trouve de la forêt, des savanes, des cours d’eau, des sols ferrugineux. Il est situé entre 9°34’0.00’’N et 3°52’60.00’’W, à la lisière du parc national de la Comoé.

Le finage de Bembéla se localise dans a Sous-préfecture de Tougbo. Cette circonscription administrative regroupe les villages tels que Môrô-Môrô, Wangolofitini, Wangokro, Tingbawéry et Bembéla et fait partie du département de Téhini dans la région du Boukani (figure 1). La population est constituée d’autochtones et de ressortissants étrangers venus du Burkina Faso.

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Figure 1 : Localisation de l’espace d’étude

(Source: BNETD/CIGN. Réalisation: ANGORA D., 2018)

2. DONNÉES ET MÉTHODES

La réalisation de cette étude a nécessité le recours à certaines données et une méthodologie bien adaptée.

2.1 DONNEES DE L’ETUDE

Les données qui ont permis la réalisation de cette étude sont de trois types. Nous avons d’une part, trois (3) images satellites et d’autre part, des données cartographiques et les données d’enquête. Les images satellites datent de trois périodes différentes de la scène 196-053. Ce sont des images Landsat 5 TM du 22/11/1985, de Landsat 7 ETM+ du 14/02/1999 et Landsat 8 OLI-TIRS du 06/03/2018 téléchargées gratuitement sur le site internet de « earthexplorer.usgs.gov ». Ces images ont servi à établir les cartes d’occupation du sol de la zone d’étude. Au niveau des données cartographiques, on a sollicité des cartes relatives à la localisation de l’espace d’étude. Elles ont été obtenues auprès du Bureau National d’Etudes et de Développement (BNETD)/Centre d’Information Géographique et du Numérique (CIGN). L’observation directe du terrain a consisté dans un premier temps à l’identification des limites naturelles de notre zone d’étude et collectant des points et en délimitant à l’aide du GPS les parcelles d’entrainement. Des échantil- lons ont été collectés ainsi que des données relatives aux pratiques agricoles au sein de l’espace d’étude.

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2.2 METHODES

Le logiciel ENVI 5.1 a servi au prétraitement et au traitement des images satellites; le logiciel ARCGIS 10.2 a été utilisé pour les analyses et les restitutions cartographiques.

Le prétraitement d’images se résume en un ensemble d’opérations dont l’objectif est d’augmenter la lisibilité des données. Il facilite leur interprétation en vue d’une meilleure extraction de l’information.

Une composition colorée RGB des bandes 4, 5 et 3, suivie d’un rehaussement par « Equalization » a permis de discriminer les types d’occupation du sol (KOFFI Innocent et al, 2018, p 3).

Le traitement des données a débuté par une délimitation de la zone d’étude suivant les limites du finage de Bembéla. Une fois délimitée, la zone d’étude a été extraite de la scène par masque à partir du logiciel ARCGIS 10.2.

Pour la définition de la nomenclature des objets à cartographier, il s’est agi de présenter les thèmes qui ont fait l’objet d’une cartographie de l’occupation du sol en 1985 ; 1999 et 2018. On a défini sept classes que sont : la forêt dense sèche, la savane arborée, la savane herbeuse, les cultures pérennes, les champs/

jachères, les habitas/sols nus, les plans d’eau.

Ces différents thèmes identifiés en 1985; 1999 et 2018 ont respectivement été extraits des images satellites de 1985; 1999 et 2018 pour en faire des cartes d’occupation du sol.

On a aussi procédé à une création de composition colorée et au choix des parcelles d’entrainement.

Après plusieurs combinaisons, les compositions colorées (TM4, TM5, TM3) pour l’image de 1985, (ETM+4, ETM+5, ETM+3) pour l’image de 1999 et (OLI5, OLI6, OLI3) pour l’image de 2018 ont été retenues car elles permettent une meilleure identification des thèmes à cartographier. On a procédé par la suite, au choix des parcelles d’entraînements. Les coordonnées de ces échantillons choisis, ont été enregistrées dans un GPS pour vérification et consolidation sur le terrain.

La classification des images a consisté à transformer les informations spectrales contenues dans les images satellites en carte d’occupation du sol. Parmi les techniques de classifications existantes, la classification supervisée, la plus utilisée pour l’élaboration des cartes d’occupation du sol en raison de sa bonne performance a été choisie. Comme algorithme de classification, nous avons utilisé le maximum de vraisemblance. Cette dernière est basée sur la théorie probabiliste Bayésienne qui suppose que les classes suivent une distribution gaussienne. Les pixels sont donc classés selon la probabilité d’appartenir à une classe donnée, sur la base de l’information spectrale contenue dans des échantillons fournis en amont de la classification.

Ces échantillons regroupés en différentes classes suivant les années, (1985; 1999 et 2018) ont respec- tivement été utilisés pour la classification des images de 1985 ; 1999 et 2018.

Pour l’évaluation et la validation de la classification, deux indicateurs de précision ont été calculés et une campagne de terrain a été effectuée en vue d’évaluer et valider les résultats de classifications.

Le premier indicateur calculé est la précision globale. Avec des valeurs respectives de 94 %; 91% et 95%

pour les images de 1985 ; 1999 et 2018, il caractérise la proportion des pixels bien classés. Le deuxième indicateur est le coefficient kappa estimé respectivement à 92% ; 90 % et 94% pour les images de 1985 ; 1999 et 2018, est le rapport entre les pixels bien classés et le total des pixels échantillonnés.

En plus de ces indicateurs satisfaisants, la campagne de terrain a permis de vérifier la conformité du contenu thématique des images classifiées à la réalité du terrain. A la suite de ces différents tests, nous avons validé les résultats de la classification.

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Pour l’homogénéisation et la vectorisation des images, un filtre de convolution (médian 3x3) le mieux adapté, a été appliqué aux différentes images classifiées en vue d’éliminer les pixels isolés et rendre homogène le contenu thématique des types d’occupation du sol. Après la phase d’homogénéisation, les images classifiées ont été vectorisées (sous le logiciel ENVI) donnant lieu à trois cartes d’occupation du sol (1985 ; 1999 et 2018) en mode vecteur. Ces dernières ont été intégrées dans un système d’information géographique pour gestion et analyse. En outre, on a fait une intégration les données cartographiées dans une base de données SIG.

Ces opérations ont permis de détecter dans le temps et dans l’espace, les dynamiques spatiales opérées dans la zone d’étude entre 1985 et 2018.

3. RÉSULTATS

3. 1 ETAT DE L’OCCUPATION DU SOL DANS LE FINAGE DE BEMBELA EN 1985

Une observation plus fine montre que le finage est partagé en trois grands secteurs couverts par les savanes, les cultures pérennes et les champs/jachères.

Figure 2 : Occupation du sol en 1985.

(Source: USGS, Landsat 5_TM. Scène: 196-053 (22/11/1985). Réalisation Angora D, 2018).

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Les savanes sont localisées sur toute l’étendue finage du nord au sud, de l’est à l’ouest et sont très dominantes en 1985 au sein dudit finage. Les cultures pérennes se rencontrent le plus au centre-est du finage. Les champs/jachères se localisent au sud-ouest du finage (figure 2).

En 1999

La carte de l’occupation du sol montre un aspect de la situation générale au sein du finage. Elle se compose de cinq éléments répartis entre deux grandes catégories: les espaces naturels et les espaces humanisés (N’guessan, 2012).

En 1999, on note une dominance des espaces humanisés au sein du finage. Ils se répartissent sur tout l’ensemble du finage. Ainsi, les espaces humanisés sont-ils rencontrés au nord, au sud, à l’est et à l’ouest du finage de Bembéla (Figure 3).

Figure 3 : Occupation du sol en 1999

(Source : USGS, Landsat 7_ETM+. Scène: 196-053 (14/02/1999). Réalisation Angora D, 2018).

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Les espaces naturels regroupent la forêt dense sèche, les savanes (arborée et herbeuse) et les plans d’eau. Les espaces naturels se rencontrent sur toute l’étendue du finage, mais avec divers taux de concen- tration. Ils sont très répandus et mais moins étendus que les espaces humanisés.

En 2018

L’occupation du sol dans le finage montre la trame générale des divers éléments de l’occupation du sol (figure 4).

Figure 4 : Occupation du sol en 2018

(Source: USGS, Landsat 8_OLI. Scène: 196-053 (06/03/2018). Réalisation Angora D, 2018)

En 2018, on observe quatre grands secteurs de concentration des savanes arborées et herbeuses, des cultures pérennes, des champs et jachères, des habitats et sols nus au sein du finage. On rencontre les savanes arborées et herbeuses à l’est et au centre-ouest du finage. Les cultures pérennes se concentrent à l’ouest et au centre-sud. Les champs et jachères se trouvent le plus dans la moitié est et à l’ouest du finage. Les habitats et sols nus sont plus rencontrés au nord-est et à l’est du finage (figure 4).

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3.2 EVOLUTION SPATIALE DE L’OCCUPATION DU SOL DANS LE FINAGE DE BEMBELA DE 1985 A 2018

3.2.1 Évolution de l’occupation du sol entre 1985 et 1999

De 1985 à 1999, les types d’occupation du sol au sein du finage de Bembéla connaissent des transfor- mations importantes.

Les espaces humanisés

Les éléments du paysage au sein du finage entre 1985 et 1999 connaissent une mutation.

En effet, la superficie des cultures pérennes est passée de 3 % à 10 %. Les champs/jachères et habitats/

sols nus ont énormément augmenté en superficie avec respectivement de 11 % à 59 % et de 4 % à 10 % de la superficie totale de Bembéla (tableau I).

Tableau I : Evolution des affectations du sol entre 1985 et 1999 Les affectations

de l’occupation du sol Superficies (ha)/Années Accroissement (+) Ou régression (-)

1985 1999 1985 à 1999

ha % ha %

Cultures pérennes 172 3 476 10 304 Champs/jachères 535 11 2889 59 2354

Habitats/sols nus 191 4 487

10 296

Forêt dense sèche 230 5 129 3 -101 Savane arborée 2299 47 207 4 -2092 Savane herbeuse 1384 28 661 13 -723 Plans d’eau 90 2 52 1 -38 Total 4901 100 4901 100

(Source: USGS, Landsat 5_TM (1985). Landsat 7_ETM+(1999). Scène: 196-053.

Les espaces naturels

On observe une grande régression au niveau des espaces naturels, entre 1985 et 1999. La forêt dense sèche est passée de 5 % à 3 %. La savane arborée a presque été totalement transformée; sa superficie esti- mée à 47 % en 1985 est passée à 4 % en 1999. Les surfaces occupées par la savane herbeuse qui étaient de 28 % en 1985 sont passées à 13 %. La superficie des plans d’eau connait une légère régression (tableau I).

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3.2.2 Évolution de l’occupation du sol de 1999 à 2018

De 1999 à 2018, les affectations du sol connaissent des mutations remarquables tant au niveau des espaces humanisés qu’au niveau des espaces naturels (tableau II).

Tableau II : Statistique d’évolution des différents types d’affectations du sol entre 1999 et 2018 Les affectations

de l’occupation du sol Superficies (ha)/Années Accroissement (+) Ou régression (-)

1999 2018 1999 à 2018

ha % ha %

Cultures pérennes 476 10 221 4 -255 Champs/jachères 2889 59 1701 35 -1188 Habitats/sols nus 487 10 1175 24 +688 Forêt dense sèche 129 3 39 1 - 90 Savane arborée 207 4 507 10 +300 Savane herbeuse 661 13 1247 25 +586 Plans d’eau 52 1 11 1 -41 Total 4901 100 4901 100

(Source : nos enquêtes)

Ces transformations du paysage rural, s’observent à travers une régression des superficies de certains éléments de l’occupation du sol et un accroissement de superficies pour d’autres (tableau 2).

Les espaces humanisés en pleine extension spatiale

Les cultures pérennes et les champs et jachères connaissent une réduction considérable de leurs super- ficies. En effet, en 1999 les proportions occupées par ces affectations au sol qui étaient respectivement de 10 % et 59 % passent en 2018 à 4 % et 35 %.

Les espaces naturels en croissance et en régression

Certains espaces naturels connaissent une augmentation de leurs superficies entre 1999 et 2018. En effet, la savane arborée qui couvrait 207 ha soit 4% en 1999 double en 2018 avec une superficie de 507 ha. Cette croissance est également observée au niveau de la savane herbeuse qui passe de 13 % en 1999 à 25 % en 2018.

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3.2.3 Evolution de l’occupation du sol de 1985 à 2018

Durant plus de trois décennies, le finage de Bembéla a connu plusieurs mutations des éléments du paysage qui le compose (tableau III)

Tableau III : Synthèse de l’évolution de l’occupation du sol entre 1985 et 2018 Les affectations

de l’occupation du sol Superficies (ha)/Années Accroissement (+) Ou réduction (-)

1985 2018 1985 à 2018

ha % ha %

Cultures pérennes 172 3 221 4 +49 Champs/jachères 535 11 1701 35 +1166 Habitats/sols nus 191 4 1175 24 +984 Forêt dense sèche 230 5 39 1 -191 Savane arborée 2299 47 507 10 +1792 Savane herbeuse 1384 28 1247 25 -137 Plans d’eau 90 2 11 1 -79 Total 4901 100 4901 100

(Source : nos enquêtes)

Les éléments des espaces humanisés

Le développement de la localité étudiée est spectaculaire. De 1985 à 2018, les lieux habités sont passés de 4 % à 24 %, soit une augmentation de +984 hectares au niveau de leur superficie. Ils connaissent une augmentation de leur étendue spatiale au sein du finage. Les champs et jachères sont passés de 11% à 35% soit un accroissement de +1166 hectares en superficie.

Les éléments des espaces naturels

Le milieu naturel dominé par les espaces naturels en 1985 connaît une chute remarquable due à l’uti- lisation abusive des portions de terres. En effet, le finage ne possède pratiquement plus de forêt en 2018.

Cette végétation qui occupait 5% du finage se retrouve à 1%. S’ajoute à cette déforestation, la baisse de la proportion de la savane arborée. Elle est de 10 % en 2018, contre 47 % en 1985. Elle est passée de 28 % en 1985 à 25 % en 2018. La localité est très peu drainée et les plans d’eau occupent 1% du finage.

DISCUSSION

L’approche utilisée dans la présente étude est basée sur l’utilisation des images satellites et des données de terrain. Les résultats obtenus ont été rendus possible par le SIG et la géomatique, qui permettent le trai- tement croisé des données spatiales multi-sources comme les images satellitaires, les cartes d’occupation du sol, les enquêtes de terrain. Les images satellites utilisées datent de 1985, 1999 et 2018.

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En effet, les résultats issus des traitements démontrent que les extractions faites sur les images satellites Landsat, à partir de classifications supervisées sont de qualité suffisante. L’algorithme de classification utilisé a permis d’aboutir dans l’ensemble à des résultats cartographiques satisfaisants. Les précisions globales de classification obtenues (respectivement de 94% ; 91 % et 95 % pour les images de 1985 ; 199 et 2018), sont supérieures à celles obtenues par Kangah (2010) ; N’da (2007) lors d’études menées au niveau de la forêt de Badenou, dans l’ancienne boucle de l’ananas et du parc de la Marahoué.

Ces résultats sont au-delà de la normale préconisée par Congalton (1991), à savoir, une « classification est jugée acceptable lorsque la précision globale avoisine les 80 % ». Cependant si cet algorithme donne dans l’ensemble des résultats satisfaisants, mais il présente des insuffisances. En effet des campagnes de terrain ont été effectuées pour corriger des erreurs de confusion de certaines classes. Les change- ments observés sur les images correspondent effectivement à des variations de l’occupation du sol dans le finage de Bembéla. La classification supervisée semble être, parmi les méthodes relatives à l’étude de l’évolution de l’occupation du sol par télédétection (Andrieu & Mering, 2008, Koffi Djagnikpo et al, 2016), la plus représentative car elle implique le recours aux zones témoins (Masoud & Koike, 2006). La qualité de la classification est d’ailleurs confirmée par les valeurs de l’indice de Kappa qui sont de 92% ; 90 % et 94% pour les images de 1985 ; 1999 et 2018. On peut conclure que les résultats de cette analyse sont statistiquement acceptables car selon Pointus (2000), les résultats d’une analyse d’image dont la valeur de Kappa est supérieure à 0,50 sont bons et exploitables.

L’analyse des résultats montre que la dynamique des espaces naturels dans le finage est régressive durant cette période de l’étude. Une observation des cartes d’occupation de sol, montre que cette régression est générale sur tout l’ensemble du finage de Bembéla. Ces résultats viennent confirmer ceux de Zakariyao Koumoi et al, (2013) qui affirment qu’au Togo les forêts claires et sèches dégradées ont subi une dégradation importante. De 231 947 ha en 1986, elles sont passées à 73 959 ha en 2012. Il en est de même pour les mosaïques forêts-savanes. Ils ont aussi évalué la dynamique spatio-temporelle de cette végétation. Cela a montré qu’il y a une régression des forêts claires et sèches dégradées et des mosaïques forêts-savanes (formations naturelles) au profit des formations anthropiques. Aussi, indiquent-ils que les classes agglomé- rations et sols nus, de même que les champs et jachères sont passées respectivement de 1,8 % et 34,8 % en 1958 à 14,9 et 38,1 % en 2015.

Mamadou Adama Sarr (2009) fait le même constat en utilisant la matrice des changements générée par le croisement des cartes d’occupation du sol de 1990 et de 2002 de la région du Bassin Versant Centre (BVC) du Ferlo et montre une évolution au niveau des différentes unités d’occupation du sol. Koffi Djagnikpo et al, (2017, p 218) indiquent qu’au Togo, les formations forestières qui occupaient 13,2 % en 1958 sont passées à 0,3 % en 2015, soit une diminution de 97,4 % et que les savanes sont passées, durant la période 1958- 2015, de 113 690,9 ha à 85 380,9 ha. Ce qui équivaut à une baisse de 24,9 %.

Le finage de Bembéla est à l’image de la forte pression anthropique que subie la zone savanicole ivoi- rienne, qui s’avère être très propice au développement des cultures.

CONCLUSION

Cette étude a permis de décrire et d’évaluer la dynamique spatiale de l’occupation du finage de Bembéla.

La démarche méthodologique adoptée est une approche cartographique, analytique basée sur l’utilisation des techniques de la télédétection et des systèmes d’information géographique. Les traitements des images satellites ont permis, d’analyser l’évolution de l’occupation du sol au sein du finage de Bembéla en 1985, 1999 et 2018. La cartographie de l’occupation du sol révèle que le milieu naturel a évolué suivant différentes phases dans le finage de Bembéla entre 1985 et 2018. On a une tendance régressive des espaces natu- rels au profit des espaces humanisés entre 1985 et 1999 car ils passent de 82% à 21%. Cependant, entre

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1999 et 2018 les espaces naturels connaissent une nette progression de 21% à 37% au sein du finage.

Les espaces humanisés quant à eux ont connu une très forte augmentation entre 1985 et 2018. Ils sont passés de 18% à 63%. Cette transformation est attribuée au développement des activités anthropiques et à l’augmentation de la population que connait ce finage.

Il est important de gérer les ressources du milieu naturel et les terres agricoles disponibles au sein des finages en vue d’une meilleure utilisation face aux défis environnementaux imposés par les pressions humaines. Dans ce contexte, le suivi de l’évolution du milieu naturel à travers des analyses des mutations de l’occupation du sol des finages basées sur l›utilisation des données multi-sources et multi-dates s’avèrent primordiales pour saisir l›ensemble des changements environnementaux opérés en leur sein.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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