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ENJEUX DE LA QUESTION ETHNIQUE ET LA SITUATION DE L IDENTITE NATIONALE EN AFRIQUE

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ENJEUX DE LA QUESTION ETHNIQUE ET LA SITUATION DE L’IDENTITE NATIONALE EN

AFRIQUE

Joseph ATEBA

Université de Yaoundé I / Faculté des Arts,

Lettres et Sciences Humaines / Département de Philosophie josephateba33@yahoo.com

Résumé

Il n’est pas question dans cette réflexion de remailler les affiliations ethniques, communautaristes ou tribalistes, mais de repenser leur statut dans le procès de la reconstruction du vivre-ensemble dans nos Etats. A travers cette analyse en effet, et dans une démarche analyco-critique, nous voulons faire l’hypothèse que, la réflexion sur la coexistence pacifique et la construction de l’unité nationale en Afrique peut difficilement faire l’économie des ethnies. Selon cette hypothèse, ne peut-on pas penser, philosophiquement, la possibilité d’enraciner la construction identitaire nationale sur la pluralité ethno- culturelle ? Autrement dit comment peut-on faire de la réalité ethnique une entité opérationnelle positive dans le champ politique de nos sociétés ? Comment les identifications à l’ethnie peuvent-elles contribuer à la construction de la cohésion et de l’unité nationales ? Comment les dirigeants de nos Etats-nations peuvent-ils, à la fois, reconnaitre la diversité ethnique et culturelle au sein de leur pays et atteindre leur finalité essentielle qui est de servir la communauté nationale dans son ensemble ?Il ne peut y avoir d’harmonie et de cohésion sociales, ni même d’émergence dans nos Etats en Afrique si l’Etat central ne considère pas à sa juste valeur la réalité ethnique de chaque pays, n’assure pas démocratiquement ses fonctions.

Mots clés : Ethnie, identité nationale, coexistence pacifique, droit à la différence.

Abstract

This reflexion does not intend to reconstruct the ethnical communautarian and tribal affiliations but to rethink their status in trial of the reconstitution (reconstruction of the living-together in our states. Through this analysis, with an analyco-critical approach, we wish to make the hypothesis that the pacific/peaceful coexistence and the construction of national unity in Africa can not be done without the ethnic groups.

According to the hypothesis, can we not think, philosophically, the possibility to root the national identitary construction on the ethno-cultural plurality? In the other words, how can we consider the ethnical reality as a positive operational entity in the political sphere in our societies? How can the identification to ethnic groups contribute to the construction of the cohesion and national unity, How can the leaders of our state-nations at the same time recognice the ethnical and cultural diversities in their country and achieve their main aim which is to serve the national community as a whole? Harmony and social cohesion even emergence in our African states can not be real if the central state does not take into consideration the ethnical reality for each country and does its duty democratically.

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116 Introduction

La question ethnique et la situation de l’identité nationale aujourd’hui viennent remettre au goût du jour la volonté de certains pays (Les pays indépendants d’Afrique noire francophone en l’occurrence) d’inférer la Construction de leur nation exclusivement du jacobinisme : « Certes, les régimes de parti unique ont dans l’ensemble réussi à préserver le caractère unitaire des Etats hérités de la colonisation, mais au prix de la négation de la diversité ethnique et culturelle et d’une centralisation excessive, génératrice de tension de nature à accentuer les velléités centrifuges des périphéries et la primauté des identités particularistes sur le sentiment d’identification nationale. » (OLZAK. S, cité par René. OTAYEK, 1999, p. 5-22, p.6.)

Or, le fait aujourd’hui est tel que, le modèle jacobin importé est devenu inopérant au regard de la réalité de la pluralité ethno-culturelle de nos sociétés. Il est question désormais de construire des nations en choisissant les modèles de gouvernements qui sied aux réalités locales de chaque société. Le modèle Etat-nation tel qu’institutionnalisé a pour ambition de construire une société politique en transcendant par la citoyenneté les enracinements concrets et les appartenances particulières.

Dans ce modèle, l’Etat construit la nation en privilégiant la citoyenneté, refusant toute existence de niveau d’identification intermédiaire entre l’Etat et le citoyen. Le risque dans cette considération est que, la construction de la nation se fait uniquement par le lien politique contractuel, en faisant triompher une conception identitaire nationale, au détriment des liens culturels, sans aucune considération ethnique.

L’adoption du modèle jacobin dans de nombreux pays en Afrique, conduit à considérer la citoyenneté comme l’unique lien que les citoyens peuvent ou doivent avoir en partage. Et donc, toute allusion à l’ethnie ne serait que l’apanage des marges de l’Etat-nation. Fort de cette perception, ne serait-il pas temps d’établir une corrélation entre l’Etat- nation et la citoyenneté d’une part, et les communautés culturelles et les ethnies d’autre part ? N’est-il pas temps de reconnaitre et de donner à cette réalité culturelle sa juste place dans le processus de construction d’une nation harmonieuse ? Qu’est-ce qu’un Etat ? Qu’est-ce qu’une Nation ? Si l’on consent à penser que l’idée de nation repose sur un substrat social, culturel et même ethnique, le choix du modèle politique jacobin peut-il permettre de construire une identité nationale

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117 authentique ? L’Etat en Afrique a-t-il construit la nation ? S’il n’est absurde de parler de la construction du sentiment national dans de nombreux Etats africains, la nation en elle-même est-elle une réalité exclusivement élective ?

1. Le droit à la différence et la revendication identitaire

Chaque individu est unique en son genre, et l’identité est un besoin naturel et un droit légitime pour tout homme. En réalité, la différence est envisagée ici comme non comptable et non mesurable. Il s’agit de la qualité essentielle qui distingue entre elles les espèces du même genre ou de même nature. Le droit à la différence et la revendication identitaire, tout en légitimant la particularité ethnique et la critique du global- culturalisme, confirment à coup sûr l’illusion démocratique occidentale.

1.1. La particularité ethnique et la critique du global- culturalisme

Il est évident aujourd’hui que la coexistence pacifique tout comme la sécurité du monde ne peuvent se concevoir sans l’acceptation de la pluralité des cultures et de la particularité ethnique. Les êtres humains de presque toutes les sociétés partagent certaines valeurs et certaines institutions de base. La plupart d’entre elles ont un « sens moral » assez semblable, une sorte de moralité minimale reposant sur des concepts de base quant à ce qui est bien ou mal. Si c'est là ce qu'on entend par « culture universelle », c'est à la fois profond et profondément important, mais ce n'est ni nouveau ni pertinent.

En fait, la meilleure manière de soumettre un peuple, c’est de lui dénier sa dimension anthropologique, autrement dit lui refuser sa capacité à établir ses propres normes sociales, et à inventer une vision du monde nécessaire à la coexistence harmonieuse de ses membres. Et « le succès de cette entreprise passe surtout par la fabrication d’hommes, non seulement tenaillés par la pauvreté dévitalisante mais tout aussi déculturés », (Sosthène Boussougou-Houenou, 2012, p. 26). En proposant au reste du monde son modèle culturel particulier sous l’illusion de la globalisation, l’Occident voudrait perpétuer sa domination par un système de valeurs superficielles, qui en fait est une forme d’aliénation culturelle. Ce processus d’acculturation correspond à une corruption progressive de la culture locale, du point de vue de son authenticité, par une culture venue d’ailleurs, tantôt agressive, tantôt

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118 douce, mais qui dans tous les cas, ébranle les repères d’antan de la culture autochtone. (Idem) Faut-il le rappeler ici, toute culture exprime son expérience de la réalité et sa vision du monde par des concepts et des symboles qui appartiennent à cette tradition et, comme tels, ne sont pas universels, et, très vraisemblablement pas universalisables.

Car en effet, ce qui est raisonnable et légitime dans une culture ou une tradition donnée, ne l’ai pas nécessairement dans d’autres. Partout où il y a l’humanité, l’on trouvera un sens et une organisation sociale spécifique, c’est-à-dire une autre manière d’appréhender l’existence qui rivalise de contenus et de cohérence avec d’autres conceptions en présence. Ce qui donne du crédit à la critique du global-culturalisme. Par contre, la thèse de la promotion de la diversité culturelle dans toutes ses richesses, et donc l’affirmation du droit à la différence, s’en trouve du reste renforcé. Si un tel raisonnement est jugé recevable, la question d’une coexistence pacifique, mutuellement respectueuse des différentes visions du monde, apparait comme un impératif catégorique. Du coup, les conceptions occidentales de la démocratie et des droits de l’homme sont mises au défi de prouver le caractère prétendu universel de leur applicabilité.

1.2. Une illusion de la démocratie occidentale

Il est impératif de reconnaitre que l’idée d’une démocratie planétaire, aux principes universels absolus, relève tout simplement de l’ordre de l’utopisme. Entendue comme étant un régime politique dans lequel l’ensemble du peuple dispose du pouvoir souverain, la démocratie au sein d’un Etat, se veut être le reflet des aspirations profondes de la population ce pays. Or, il n’y a pas une commune mesure du bonheur. Il serait plus judicieux et pertinent de parler de démocraties contextualisées pour rester cohérent avec les exigences légitimes de chaque peuple. Car au-delà du modèle occidental, les autres systèmes de valeurs véhiculent tout autant des visions du monde capables de fournir des éléments constitutifs d’une organisation sociale régie par les principes de justice et d’équité. Les démocraties modernes en réalité se fondent sur le droit à la différence.

Ce droit est un héritage inévitable du processus démocratique.

Loin d’ouvrir la boite de Pandore à la dérive relativiste, les démocraties contextualisées peuvent plutôt accréditer et donner corps à la notion démocratique de tolérance qui pose le principe d’intersubjectivité en

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119 amont des échanges socio-politiques, à l’intérieur et à l’extérieur des nations étranglées par les problèmes que pose la diversité culturelle.

En outre, l’affirmation des droits relatifs à la protection de l’humain, et notamment de sa dignité, sont des impératifs susceptibles d’être rencontrés sous plusieurs ères socio-culturelles, même s’ils n’ont pas la couleur occidentale. En tant que tels, ils ne sont pas et ne peuvent pas être l’apanage exclusif du monde occidental, lequel, par ailleurs, n’a pas besoin, pour être héroïque, de verser dans l’impérialisme ou de ravager la terre.

Le pluralisme et le relativisme des sens et de significations ne sauraient être condamnés sous prétexte qu’une partie de l’humanité aurait été abusivement choisie, par un dieu unique et égocentrique, comme porte étendard. Il importe « de ne pas perdre de vue l’idéal que l’expérience humaine s’inscrit et se déploie toujours et tout entière dans un lieu historique. (…) Il apparaît, ainsi, qu’admettre l’existence de valeurs universelles communes à l’humanité entière équivaut, en réalité, à admettre seulement une « moitié de la vérité », la seconde moitié étant celle que nous dévoile la conscience historique et qui dit que les valeurs universelles n’ont de charge positive ni d’emprise sur l’agir des sujets historiques que par la médiation du sens, nécessairement historique, qu’elles reçoivent dans des contextes historiques particuliers. » (Boniface KABORE, 2001, pp. 274-275)

1.3. La revendication identitaire

La recherche de l’identité répond à la question de savoir : Qui sommes- nous ? Qui sont les autres ? Elle vise à régler le problème d’insécurité ontologique. L’identité s’impose à chacun et à chaque chose parce qu’elle est omniprésente en soi.

En réalité, la nature des rapports entre les peuples a changé de paradigme.

Dès lors, les distinctions majeures entre les peuples ne sont plus d’ordre idéologique, politique ou économique. Elles sont culturelles.

HUNTINGTON le dit si opportunément lorsqu’il affirme que : « Les peuples et les nations s'efforcent de répondre à la question fondamentale entre toutes pour les humains : qui sommes-nous ? Et ils y répondent de la façon la plus traditionnelle qui soit : en se référant à ce qui compte le plus pour eux. Ils se définissent en termes de lignage, de religion, de langue, d'histoire, de valeurs, d'habitudes et d'institutions. Ils s'identifient

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120 à des groupes culturels : tribus, ethnies, communautés religieuses, nations et, au niveau le plus large, civilisations. Ils utilisent la politique non pas seulement pour faire prévaloir leur intérêt, mais pour définir leur identité. » (Samuel P. HUNTINGTON, 1997, p. 20.)

Dans ce contexte, il est fort important d’interroger les nouveaux systèmes politiques nationaux et internationaux. Car, la dynamique naturelle de la société actuelle, précisément des sociétés africaines, est telle que les identités culturelles, tribales et ethniques sont des éléments qui permettent aux populations de se définir dans un espace-monde de plus en plus ouvert à l’universalisme.

2. La question ethnique : objet de controverse en Afrique

Lorsqu’il s’agit d’expliquer les crises qui secouent l’Afrique, le facteur ethnique est régulièrement mis en avant. Car en réalité dans ce continent, la question ethnique, lorsqu’elle ne fait pas l’objet des suspicions, elle est tout simplement manipulée.

2.1. La suspicion à l’égard de l’ethnie en Afrique

Depuis la révolution française de 1789, avec l’essor du rationalisme politique contractualiste, la modernité occidentale a fortement influencé le concept d’ethnie, en lui donnant une approche négative. En lieu et place de la nation, l’ethnie est évoquée pour classer les sociétés africaines à part, « Pour les voir comme autres et différentes, pour distinguer les peuples civilisés, constitués en nation, des populations dites primitives, qui seraient des ethnies, parce qu’uniquement liées par la communauté de la langue et de la culture, lesquelles au motif qu’elles seraient des invariants, seraient, par là même, la marque d’une non-évolution. » (Christ Olivier MPAGA, 2012, p. 11.)

C’est cette assimilation de l’ethnie à des sociétés non-évoluées, mais aussi cette volonté de réduire les africains à des êtres à l’état de nature, qui conduit à véhiculer l’idée selon laquelle : « les peuples heureux n’ont pas d’ethnies ». (André Bourgeot, 1994, N° 72, p. 82-92). L’incarnation contemporaine de cette idéologie raciste nourri de suspicion est Nicolas Sarkozy. Lorsqu’il affirme en terre africaine que, les difficultés que rencontre l’homme africain à entrer dans l’histoire tiennent essentiellement à ces ethnicités. En effet, pour ce dernier, « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan

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121 africain, qui depuis des millénaires, vit avec des saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connait que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour le progrès.

Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élève vers l’avenir. Jamais il ne lui vient en idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin (…) Ce besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner, d’être en harmonie plutôt qu’en conquête. » (Joseph TONDA, 2007, p.

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Il est suffisamment clair que Sarkozy souscrit à une grille d’analyse qui correspond à une vision misérabiliste, primitiviste et archaïque de l’Afrique. Il est cependant important de faire remarquer que, la nation allemande est dite « ethnique ». Si l’Allemagne est heureuse, alors, pourquoi donc les ethnies sont contestées en Afrique ?

2.2. L’ethnie dans le processus de construction nationale du jeu démocratique

Il est évident que, en Afrique, le sentiment d’appartenance nationale n’est pas la chose du monde la mieux partagée. Non que les africains soient incapables de se penser dans le cadre d’Etat-nation. Mais davantage parce que, les Etats autoritaires qui ont succédés aux colonisateurs et dirigé les peuples depuis les années 1960, ont lamentablement échoué sur les deux objectifs sur lesquels ils avaient basé leur légitimité : construire la nation et promouvoir leur développement. Pour faire oublier leur incapacité et perdurer aux affaires, ils ont manipulé à leur tour la question ethnique à des fins politiques. Prenez le cas du Togo sous Eyadema, du Rwanda du président Juvénal Habyarimana, ou de la Côte d’Ivoire d’Henri Konan Bédié. Ils ont réprimé et occulté les ethnies concurrentes pour se maintenir au pouvoir.

Ce n’est pas la démocratisation qui a produit une sorte de refoulé. Ce n’est pas elle qui a libéré l’ethnicisme. Le poison, c’est-à-dire l’ethnicisation de la politique, était là avant. Aujourd’hui, la donne a changé. Avec la démocratisation, le jeu politique devient plus ouvert à la

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122 concurrence. Il y a des élections. Dans ce contexte, l’ethnicité devient une ressource stratégique que manipulent les entrepreneurs identitaires pour se créer une clientèle et mobiliser des troupes.

Il apparaît qu’en Afrique, les identités fonctionnent comme un moyen d’accéder aux ressources de l’Etat. Dans la mesure où les Etats sont souvent faibles, disposant de ressources limitées. Dans ce contexte, une des façons de partager le « gâteau national » c’est de regrouper dans les structures de type ethnique, clientéliste par nature, qui permettent d’avoir accès à l’Etat. C’est une façon de gérer la rareté. Chaque individu a besoin d’identité qu’elle soit politique, religieuse ou ethnique. Il faut voir les ethnies sous l’angle de la diversité culturelle et territoriale et se poser la question de son intégration dans le cadre de la démocratie.

2.3. L’ethnie en Afrique : Un facteur de conflits ?

Est-ce la bonne clé de lecture pour comprendre l’Afrique contemporaine ? Christian Coulon répond sans équivoque : absolument pas ! Pour lui, l’analyse par le prisme ethnique, est une vision immédiate qui satisfait une partie de l’opinion occidentale. L’ethnie est à considérer comme une dimension, une catégorie sociale parmi tant d’autres. Une construction historique en constante transformation, et à articuler avec les facteurs politiques, économiques et culturels. C’est certain que le facteur ethnique ressurgit à chaque crise.

La question qui se pose dès lors n’est pas de définir l’ethnie, pas plus que de savoir si la conscience ethnique est illusoire ou de se prononcer sur la légitimité de la revendication identitaire. Elle est de comprendre non seulement pourquoi et comment l’ethnicité fait sens et représente l’un des répertoires privilégiés d’énonciation du politique aujourd’hui, mais aussi pourquoi des acteurs n’hésitent pas à se réapproprier des ethnies manipulées et à s’en réclamer.

Alors même que d’aucuns pourraient croire que l’ethnicité, perçue par eux comme négation de l’identité nationale, serait promise à l’évanouissement comme conséquence du processus de modernisation.

Mais comment expliquer alors la persistance ou la récurrence des revendications identitaires non seulement en Afrique (la crise anglophone au Cameroun), mais un peu partout dans le monde, y compris dans les Etats-nations européens réputés stables que sont la France (Corse, Pays basque, Bretagne, Savoie, etc.), l’Espagne

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123 (Catalogne, Pays basque aussi), ou la Grande-Bretagne (Irlande du Nord, Ecosse) ? Par un « effet boomerang » de la mondialisation dont la tendance à l’homogénéisation culturelle aiguiserait le besoin de se différencier symboliquement. Dit autrement, le phénomène de mondialisation remue en profondeur les identités particulières. Sans doute, mais en partie seulement. Car du point de vue sociopolitique, l’ethnicité est un instrument de la modernité qui permet de dire le changement social, le formuler, lui donner un sens. C’est cela qui permet d’en comprendre la prégnance aujourd’hui en Afrique (et ailleurs).

Comme l’explique Christian Coulon, l’ethnicité en Afrique « exprime la gestation de l’Etat et des incertitudes qui l’accompagnent » (Christian Coulon, 1997, p. 51) ; mais prévient-il, elle y est « moins une donnée de base agissant et emprisonnant le politique et l’Etat que l’un des effets de la construction de celui-ci. » Les populations de nos Etats se regroupent par affinité ethnique ou tribale pour exprimer un mal-être-social, et revendiquer le changement.

3. La situation de l’identité nationale

La situation de l’identité nationale dans un contexte dominé par la crise de valeurs authentiques nous donne l’occasion de réinterroger le sens de notre appartenance dans le concert des nations : Qui sommes-nous par rapport aux autres ?

3.1. L’éclaircissement terminologique

Le monde est constitué d’une mosaïque d’Etats, mais plus encore de beaucoup de nations et de peuples. Il faut bien comprendre que les concepts d’Etat et de Nation sont bien deux concepts différents, bien que les deux termes soient parfois utilisés pour désigner une même réalité.

Si l’Etat est un concept politique qui se réfère à une organisation sociale, économique et politique souveraine, formé par des institutions qui régulent la vie d’une communauté sur un territoire délimité par des frontières. La nation quant à elle fait référence à une population vivant sur un territoire donné et qui a reçu en héritage une même histoire, une même culture, une même langue et qui partage les mêmes aspirations voire un destin commun. En d’autres termes, chaque nation a son originalité liée à sa propre histoire, à sa réalité socioculturelle, à son environnement politico-géographique et à la vision de son avenir.

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124 (Nathanaël-Noël OWONO ZAMBO, 2018, p. 17). Joseph-Ernest RENAN le dit si bien lorsqu’il affirme que : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, (…).

L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenir ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre-ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. (…) Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait des grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. (…) Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a fait et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume portant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours. » (Ernest RENAN, 1992, pp. 54-55.)

3.2. Les modèles d’organisation politique nationale

L’organisation politique d’un Etat doit tenir compte des réalités à la fois historiques et socioculturelles de la nation. Ainsi, en fonction des spécificités nationales, on peut distinguer l’Etat-Nation, la Nation-Etat et même la Nation Ethno-Civique.

3.2.1. L’Etat-Nation

L’Etat-Nation (nation civique) est censé appartenir à la rationalité politique des Lumières, avec les Révolutions américaine et française de la fin du XVIIIème siècle. En réalité, ce modèle a pour prétention de construire une société politique en transcendant par la citoyenneté les enracinements concrets et les appartenances particulières. L’Etat qui préexiste à la nation, construit cette dernière en privilégiant la citoyenneté, refusant toute existence de niveau d’identification intermédiaire entre le citoyen et l’Etat. Ce qui vaut ou doit valoir, c’est l’homogénéité ethnique, qui n’est possible qu’à partir d’une indifférenciation des individus et d’une uniformisation autour de la forme ethnique dominante.

Le concept d’Etat-Nation (tout comme celui de Nation-Etat), est une juxtaposition de deux notions : une notion d’ordre identitaire, la nation ; et une notion d’ordre juridique, l’Etat. C’est une organisation politique calqué sur le modèle français de type jacobin. Cette entité politique qui

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125 organise la communauté plurielle à travers le statut de citoyen, fait prévaloir la citoyenneté et le patriotisme comme vertus essentielles.

Ce modèle a été contesté par les partisans du fédéralisme. La nation est définie comme une construction politique des tenants de l’Etat centralisé.

La théorie de l’Etat-Nation a également été critiquée par les marxistes pour lesquels le sentiment identitaire ne se trouve pas au sein de la nation, mais au sein de l’humanité, c’est dans le même sens que Karl Marx affirmait qu’il est citoyen du monde.

3.2.2. La Nation-Etat

La Nation-Etat (Nation ethnique) est généralement perçue comme un type d’organisation politique basée sur le partage de la langue, la race et la culture. Elle appartient à l’irrationalité ou au domaine des affects. Le modèle Nation-Etat qui commande que l’Etat n’a pour seul vocation que d’acter dans la loi positive la communauté qui existe déjà par le lien historico-culturel. Ici la nation préexiste à l’Etat. Un Etat peut être créé sans véritable base nationale, ce qui est souvent le cas des pays issus des empires coloniaux. Construire une identité nationale d’un pays, renvoie à ce que les institutions étatiques indépendantes expriment la réalité du peuple, qui est pluriethnique. De ce fait, les pères des indépendances africaines sont passés de la proclamation des projets d’identités nationales à la proclamation des identités nationales elles-mêmes. Ainsi, ce qui est appelé le sentiment national par une certaine élite africaine aujourd’hui, n’est en réalité qu’une conscience chimérique, ou ce que Bruno Bauer qualifie si opportunément de « conscience a-réelle ». Il est clair qu’une nation ne se proclame pas. La nation est profondément légitime si elle existe. Il est profondément illégitime de vouloir en créer.

La volonté d’une nation de créer son propre Etat est un droit des peuples.

La volonté d’un Etat d’imposer la nation à ses peuples est une oppression.

Aujourd’hui et mieux qu’hier, nous sommes gagnés à la conviction que toute obstination par un Etat à vouloir uniformiser une population, par ailleurs plurielle et variée, garanti à n’en point douter l’échec de toute construction nationale identitaire, de même qu’elle est source de grandes tensions inter-ethniques.

En substance, il est question de distinguer ce que c’est qu’une

« construction nationale identitaire », résultat d’un long processus ; et une

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« imposition d’une nation », qui existera peut-être un jour, mais à l’heure actuelle et au regard des inégalités sociales et économiques ambiantes dans plusieurs pays africains, n’est ni ressenti, ni pressenti. Sans sentiment d’appartenance fort à une même communauté humaine, il ne peut exister ni intérêt national, ni de solidarité redistributive, ni jeu démocratique. Mais au-delà de tout, comment penser une construire nationale qui intègre à la fois les particularités ethniques, et la réalité civique élective ?

3.2.3. Nation ethno-civique

Dans le contexte qui est le nôtre (africain), le mode d’être d’une nation doit intégrer à la fois les réalités d’ordre ethnique et élective. Renan semble nous y rejoindre lorsqu’il fait reposer l’idée de nation sur deux éléments essentiels à savoir d’une part, « la possession en commun d’un riche legs de souvenir », ce qui fait référence au passé ; et d’autre part,

« le consentement actuel », qui exprime le désir de cohabiter pacifiquement ensemble. Sans totalement nier les facteurs culturels, Renan considère que l’élément constitutif essentiel d’une nation provient d’un critère subjectif et volontaire, une volonté de vivre-ensemble et d’exercer en commun ses droits politiques de citoyens.

Pour les républicains, la nation civique présenterait l’avantage incomparable d’être universelle. N’étant pas définie par une identité culturelle mais uniquement par la volonté de participation à une communauté politique, quiconque peut en devenir membre à condition qu’il en exprime la volonté. Cet universalisme va notamment s’incarner dans un droit de la nationalité particulièrement généreux qui peux l’accorder à des personnes d’origines diverses. A l’inverse, les nations ethniques privilégieraient « le droit du sang » pour ne réserver la nationalité qu’aux descendants des membres de la communauté nationale.

En réalité, la nation civique et la nation ethnique sont complémentaires.

Il ne saurait y avoir l’un sans l’autre. L’une fonde le peuple en tant que communauté humaine ; l’autre l’institut en tant que communauté politique dotée des attributs de la souveraineté. La qualité de la citoyenneté offerte aux populations d’un pays renforce à n’en point douter l’identification à la nation, mais elle ne saurait lui être réductible, d’autant que cette qualité de citoyenneté prendra sa force et son sens par

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127 sa capacité à exprimer au mieux les particularités ethniques qui se trouvent au cœur de la société.

Il est bien évident que le bon fonctionnement d’une communauté politique exige un terreau culturel et en particulier linguistique suffisamment homogène pour former l’unanimité préalable chère à Rousseau, nécessaire à l’acceptation par la minorité comme à la délibération publique. Peu importe l’ordre chronologique par lequel ces nations se sont affirmées. Une nation stable et viable ne peut fonctionner et se maintenir sans un lien culturel fort et la volonté commune de bâtir ensemble une œuvre politique, ni substrat culturel commun capable de produire du sentiment d’appartenance à une seule et même communauté.

Ces deux dimensions constituent des aspects d’une même réalité, mais selon l’image classique de la médaille à deux faces, il est difficile de les regarder simultanément. Cette distinction théorique, si elle ne produit pas deux types irréductibles de nations, elle va en revanche générer deux cultures politiques distinctes, certains privilégiant la dimension civique, d’autres la dimension ethnique.

Le mode d’être d’une nation réside finalement dans sa capacité à structurer l’hétérogénéité ethnique dans un ensemble de nature politique.

Une nation repose donc toujours sur un substrat culturel ou spirituel, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne peut pas s’organiser politiquement, ou encore que son organisation politique soit forcément non élective. Tout se passe ici comme si, d’un côté on a le contenant, qui est l’organisation politique, et de l’autre le contenu, qui est la pluralité ethnoculturelle, l’un ne va pas sans l’autre.

3.3. L’identité nationale, un enjeu important en Afrique

Face à ce qui se présente comme une domination de la culture africaine, la mondialisation est en réalité un rendez-vous du donner et du recevoir. Pour y trouver leur compte, les Africains doivent pouvoir se définir comme un peuple authentique.

Pour ce faire, l’Etat doit jouer un rôle de premier plan dans la construction de l’identité nationale. Le processus de construction historique de la mémoire collective d’un peuple passe nécessairement par la soumission des populations a priori hétérogènes à une loi commune : C’est l’enjeu même de la nationalisation d’une société. L’intégration nationale s’accompagne d’un travail de formation et d’information visant

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128 non seulement à asseoir l’existence de cette unité sociale autour des mêmes valeurs, mais encore une véritable construction de la conscience nationale.

Un autre enjeu de cette nécessité, et pas des moindres, est la promotion des valeurs culturelles authentiques. Il s’agit des normes, des institutions, des rites et des coutumes spécifiques à un peuple. La diversité des valeurs est sujette aux modes de vie. Fabien EBOUSSI BOULAGA reconnaît que toutes les cultures ont une valeur spécifique. Ce dernier précise que :

« les cultures sont un choix de traits sur le grand arc de cercle des possibilités (…), Chacune s’étant constituée de la sorte, toutes se valent, aucune culture n’est réductible à une autre… Les cultures qui triomphent ne sont pas meilleures que les autres ». (Fabien EBOUSSI BOULAGA, 1977, pp. 77-78) C’est dire que les valeurs culturelles des uns ne sont pas forcément ou automatiquement pour les autres. Cependant, la diversité des valeurs n’empêche pas la montée d’une universalité de valeurs communes à toutes les cultures : celle de promouvoir l’épanouissement de l’individu dans son milieu de vie.

De la Cité du Vatican, Jean-Paul II en son temps, encourageait la promotion de ces valeurs culturelles en ces termes : « Il existe des valeurs communes à toutes les cultures, parce qu’elles sont enracinées dans la nature de la personne. Il faut cultiver dans les esprits la conscience de ces valeurs, pour nourrir l’humus culturel de nature universelle qui rend possible le développement fécond d’un dialogue constructif. » (Jean-Paul II, 2001, p. 5.)

Par ce fait, l’homme doit faire de sa culture le moyen d’épanouissement puisque les valeurs culturelles d’une société ne viennent pas hors de sa culture. Elles imprègnent l’univers social de cette société. Chaque culture présente ainsi une variété des valeurs. Saisi sous cet angle, il y’a lieu de dire que toutes les cultures se valent et il n’en a pas une qui soit supérieure à l’autre.

Dans une approche phénoménologique, la culture africaine présente comme valeur la solidarité fragilisée aujourd’hui par la course à l’individualisme cynique provoqué par l’avènement du capitalisme manœuvrant et pédant, le sens d’assistance, d’aide et d’attention au frère qui est mis au banc de la société. C’est l’humanisme africain qui reste la seule chance pour le monde entier devant la déshumanisation qui menace

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129 l’homme moderne. Cette valeur humaniste de la culture africaine est recherchée par d’autres peuples aveuglés par l’individualisme et le matérialisme aliénant qui réduit désespérément tout être humain en Sisyphe. Cependant, la perte de cette valeur en Afrique laisse place aux guerres fratricides déplorables. L’Africain a le devoir urgent de rejoindre cette valeur culturelle et de ne plus considérer son acquis culturel comme manifestation d’un primitivisme aride. Mécanisé, aveuglé par les nouvelles valeurs de la culture occidentale, l’homme africain a de quoi retourner à sa source. Face à cette aliénation culturelle sur tous les plans d’une façon subtile, il y a nécessité impérieuse d’une véritable révolution culturelle pour extirper toutes les manifestations du néo-colonialisme culturel nocif.

Les valeurs africaines sont loin d’être exhaustives. Le sens du respect, mis de côté par la perversité de la génération présente ; l’éthique et l’amour du prochain sont des vertus que la tradition africaine considère comme priorité des priorités ; la pudeur. Parlant de la pudeur, d’où vient-il que la pornographie soit enseignée aux enfants dans les classes de 5ème dans notre société ?

Avons-nous raison de tourner le dos à cette culture qui exprime notre identité ? Non ! Sinon nous serons perdus comme SAMBA DIALLO dont parle CHEIKH Hamidou Kane dans L’Aventure ambiguë. (CHEIKH Hamidou Kane, 1961.) Comment sortir de notre léthargie d’homme aliéné culturellement quand nous savons qu’en Afrique, on méprise encore les richesses culturelles nationales et l’on demeure indifférent à leur égard en attendant que le public occidental reconnaisse certaines d’entre elles et qu’on se hâte alors de consacrer et d’aduler ? La tâche est longue et difficile, mais croyons d’abord à nous-mêmes et restons ce que nous sommes. Et avec Willon DILLON, disons : Africains, « Deviens ce que tu es » (DILLON, cité par HOUPHOUET – BOIGNY F., 1965, p.

313.) même si ta culture est menacée par des problèmes actuels dont elle ne peut se passer. L’essentiel est de les maîtriser afin de mieux les contourner.

Conclusion

Il va sans dire que la question ethnique est un sujet sensible quand on parle de politique en Afrique. Car l’ethnicité peut diversement être appréhendée dans le champ de l’analyse philosophique. Pour certains,

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130 l’ethnie est une limite pour la construction de l’harmonie sociale et le développement du continent. Pour d’autres par contre, elle est un atout et une richesse pour l’Afrique. Toujours est-il que, pour que l’Afrique sorte de l’apitoiement et des clichés, il lui faut reconsidérer non pas ce que l’ethnie veut dire et recouvre, mais ce que l’ethnicité-responsable et la citoyenneté-partagée révèlent comme nouveaux enjeux, nouveaux comportements sociaux, éthiques et politiques pour notre temps.

La tradition jacobine française cultive une vision négative et réductrice de l’ethnicité. La leçon finale, c’est qu’il ne peut y avoir d’harmonie et de cohésion sociales, ni même d’émergence si l’Etat central ne conduit pas bien le pays, n’assure pas démocratiquement ses fonctions. Il faut un Etat central responsable pour conduire et obtenir l’adhésion de la périphérie à ses objectifs. La question centrale est celle du partage du pouvoir. Le modèle étatique peut être gravé dans le marbre ou la Loi fondamentale sous forme d’une régionalisation ou d’un Etat unitaire-décentralisé, ou même d’Etat fédéral (comme le Nigéria), ou tout autre chose. La forme choisie est importante certes, mais seule, la qualité des hommes aux affaires, leur profil moral et intellectuel, leur degré de patriotisme est déterminant.

Cette réflexion nous a permis de remettre sur scène la situation de l’identité nationale dans un contexte marqué par la crise de valeurs authentiques au sein de nos sociétés africaines. Oui, des valeurs authentiques. Le nœud de notre problème est là ! Des valeurs qui reflètent notre idéal de vie, celles qui sont conformes à notre modèle de société et qui nous paraissent dignes d’estime et capables de fonder un projet, une stratégie de puissance parmi les autres nations. Il n’y a pas de nation sans un ferment qui rassemble les êtres qui composent et qui donnent un sens à leur appartenance formelle commune à un ensemble civique.

S’agissant des crises ethniques sur le continent, qui sont une réalité regrettable, il faut dire que les Africains éveillés, formés et informés, connaissent mieux que quiconque le prix très élevé que coûte à des communautés entières d’être coincées dans le mauvais ‘’bloc tribal’’, au mauvais endroit et au mauvais moment. Le Kenya au début de 2008 et bien avant, le Rwanda en 1994 étant les exemples les plus cruels. On ne peut non plus faire comme si les ethnies n’existaient pas, ou laisser croire

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131 qu’elles sont la marque des sociétés particulières a-historiques. Le but ultime est de faire émerger une identité nationale dans le respect des identités particulières. Car se sentir appartenir à un corps social, c’est avoir envie de vivre-ensemble et partager des valeurs communes.

Références bibliographies

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