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FRANCE MONGOLIE. Quand les chrétiens font évoluer le regard sur les handicapés. FRANCE Catholique

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Academic year: 2022

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FRANCE

FR ANCE Catholique FR ANCE Catholique

80ème année - Hebdomadaire n°2945 - 24 septembre 2004

www.france-catholique.fr 3, 50

MONGOLIE

Quand les chrétiens font évoluer le regard sur les handicapés

MONGOLIE MONGOLIE

Quand les chrétiens font évoluer le regard sur les handicapés Quand les chrétiens font évoluer le regard sur les handicapés

ISSN 0015-9506

(2)

BREVES

FRANCE

FINANCES :Le ministre des Finances a confirmé le 16 septembre le remplace- ment du taux zéro par une déduction fiscale sur les intérêts d’emprunt pour le premier achat immobilier dans le cadre du budget 2005. Quant à la réduction d’impôt résultant de l’emploi d’un salarié à domicile, elle pourrait atteindre jusqu’à 15 000 euros au lieu de 10 000. Enfin, le ministre n’a pas exclu une mesure d’indexation de l’im- pôt sur la fortune sur l’inflation, le barème de l’ISF n’ayant pas été revu depuis 1997.

Tandis que le transfert des bureaux de poste à des commerces ou à des mai- ries est vécu comme une décentralisa- tion détournée, le prix du timbre pour- rait passer prochainement de 50 à 55 centimes. Par ailleurs, le financement de la décentralisation devrait être assuré en partie par un transfert limité aux collectivités locales de la taxe sur les produits pétroliers.

EMPLOI :Dans le projet de loi de cohé- sion sociale présenté le 15 septembre au Conseil des ministres, la mesure principale du volet emploi concerne la création d’un million de "contrats d’a- venir" sur quatre ans ; le dispositif fis- cal en faveur de l’apprentissage a été renforcé.

Renault a annoncé le 15 septembre le recrutement de 10.000 salariés, dont 5.000 en France ; de leur côté, les concessionnaires embaucheront 4 000 personnes.

SANTE :Le ministère de la Santé a pro- posé le 15 septembre de porter à 200 le nombre de médecins étrangers autori- sés à exercer en France, soit une aug- mentation de 30%.

Le Programme national nutrition-santé a lancé le 16 septembre une campagne d’information sur l’obésité infantile.

ECOLE : Le Premier ministre laissera aux Académies le choix du jour férié travaillé (au lieu d’imposer le lundi de Pentecôte).

SECURITE ROUTIERE :

Le délégué interministériel à la sécuri- té routière a annoncé le 16 septembre la mise en place d’un nouvel examen du code de la route, de nombreuses fraudes ayant été constatées pour l’ob- tention du permis de conduire.

"Les motards en colère" ont de nou- veau protesté le 18 septembre contre

le projet d’allumage des phares en plein jour qui pourrait induire une confusion dangereuse entre motos et voitures.

JUSTICE :Le procès des auteurs de l’ar- rachage de plants de maïs transgé- nique a été reporté au 8 novembre ; José Bové a confirmé qu’une nouvelle action de fauchage aurait lieu le 25 septembre en Poitou-Charente.

Détenues depuis fin 2001 à Outreau (Pas-de-Calais) pour une affaire de pé- dophilie qui ne sera jugée qu’en 2005, six personnes ont été libérées, les man- dats de dépôt n’ayant pas été renouve- lés.

CORSE :Une manifestation a été orga- nisée le 18 septembre à Corte pour protester contre les agressions à ca- ractère raciste contre des personnes issues de l’immigration maghrébine. La réunion de médiation qui s’est tenue à Ajaccio pour mettre fin à la grève qui paralysait la Société nationale Corse- Méditerranée depuis le 4 septembre et dont le coût était estimé à 300.000 eu- ros par jour, a abouti à un accord le 19 septembre.

PATRIMOINE :Les 21esJournées du pa- trimoine (18 et 19 septembre) étaient axées cette année sur les sciences et techniques ; près de 12 millions de per- sonnes ont participé à cette manifesta- tion. L’Edit de Nantes signé par Henri IV en 1598 était exposé au mi- nistère de la Culture. D’après un son- dage du Figaro Magazine, 53% des Français n’avaient visité aucun musée au cours de l’année écoulée.

MONDE

IRAK :A la suite de l’enlèvement d’un Britannique et de deux Américains le 16 septembre à Bagdad, Kofi Annan doute que des élections puissent se tenir comme prévu en janvier prochain.

“L’Armée islamique en Irak” a annoncé que les deux journalistes français déte- nus depuis le 20 août allaient être pro- chainement "jugés", sans que cela soit interprété par les observateurs comme une menace particulière sur leur vie.

IRAN :L’armée iranienne devait procé- der le 18 septembre au lancement d’un missile à longue portée (jusqu’à 2 000 km) ce qui inquiète particulière- ment l’Etat d’Israël.

RUSSIE :A l’approche du sommet entre Union européenne et Russie, les gou-

vernements et la Commission s’effor- cent de ménager Vladimir Poutine ; en revanche, au Parlement de Strasbourg, nombre de députés critiquent "la guerre coloniale" menée par le Kremlin et sa réforme des institutions qui menace les libertés démocratiques. Arrivé en Russie le 16 septembre, Nicolas Sarkozy a ren- contré des familles de victimes du mas- sacre de Beslan.

PETROLE : Réunis à Vienne, les onze ministres de l’OPEP ont décidé un relè- vement symbolique de leur plafond de production de 1 million de barils/jour à compter du 1er novembre. Le groupe russe Gazprom, premier producteur mondial de gaz, a annoncé le 14 sep- tembre l’absorption de la compagnie pétrolière publique Rosneft ; l’opéra- tion donnera naissance à un géant pé- trolier contrôlé à 50% par le Kremlin.

ETATS-UNIS: Les autorités sanitaires s’inquiètent du risque de suicide lié à la prise d’antidépresseurs.

Après le cyclone Ivan qui a fait plus de 100 morts, dont 30 aux Etats-Unis, et causé de 4 à 10 milliards de dollars de destructions, une nouvelle tempête tropicale, nommée Jeanne, était atten- due le 22 septembre ; la fréquence des ouragans pourrait s’expliquer en partie par le réchauffement de la planète.

Dans la course à la Présidence, la pre- mière confrontation télévisée entre G.W. Bush et J. Kerry est prévue pour le 30 septembre.

TURQUIE :La Commission de Bruxelles a exprimé sa déception après le retrait, le 17 septembre, du projet de réforme du code pénal débattu à l’Assemblée nationale turque ; elle devait prendre en compte cette réforme dans sa pro- chaine évaluation des progrès de la Turquie avant l’ouverture de négocia- tion d’adhésion du pays à l’Union euro- péenne.

IRLANDE : Dirigeants catholiques et protestants s’orientaient le 17 sep- tembre vers un compromis dans le but de relancer le processus de paix en Irlande du nord.

AFRIQUE OCCIDENTALE : Les habitants de huit pays d’Afrique de l’Ouest dispo- sent de trois mois pour échanger leurs billets de francs CFA contre de nou- velles coupures.

SPORT :Les Jeux paralympiques desti- nés aux sportifs handicapés se tiennent à Athènes du 17 au 28 septembre.

J.L.

(3)

EDITORIAL

n siècle de Semaines Sociales, c’est un événement dans l’histoire du catholicisme français ! Il est dignement fêté, du 23 au 26 septembre à Lille, même si les dirigeants des Semaines auraient aimé que le Pape lui-même vienne pré- sider le centenaire de leur institution... Ce projet non réali- sé est significatif de la portée de cet anni-

versaire, qui consacre les valeurs et les réalisations de ce qu’on appelle “le christianisme social”, sans préjuger d’un avenir où les chrétiens doivent être impé- rativement présents sur le terrain de la justice, du développement des libertés, de l’équilibre des échanges internationaux dans le respect de la dignité humaine.

On a pu croire un moment que l’his- toire, pourtant riche et contrastée du ca- tholicisme social, avait pris fin au tournant des années soixante/soixante-dix avec une crise qui entraînait avec elle la fin d’un

monde. Avec le recul du temps, peut-on penser, qu’en dépit des éner- gies perdues voire gâchées, du crédit immérité d’idéologies aussi vite discréditées que montées en graine, il existe un bon usage des pires tourmentes ? Qui dit crise ne dit pas seulement malaise ou maladie, mais selon l’étymologie grecque renvoie à la nécessité d’un discerne- ment nouveau. Il fallait que les chrétiens rebondissent sur les enjeux d’un monde en plein bouleversement afin de renouveler leurs analyses et, à partir d’une ressaisie des exigences évangéliques, reformulent des solutions adaptées.

C’est Jean-Paul II lui-même qui devait donner le signal de ce rebon- dissement avec son encyclique Laborem exercens en 1981. Il abordait, en effet, la question du travail humain dans une perspective ignorée de ses prédécesseurs, en ouvrant ainsi à la réflexion chrétienne un champ d’investigation impressionnant. ll apparaissait qu’en période d’éclipse ou de mort des idéologies, c’est d’abord dans le domaine anthropolo- gique qu’il fallait se risquer, ne serait-ce que pour contrer le nihilisme ambiant et l’utilitarisme libéral encouragés par les désillusions dues aux échecs des utopismes du XXesiècle.

Une dynamique a été ainsi relancée dont témoignent les énergies dispensées dans des mouvements catholiques nés dans les dernières décennies. Un Andrea Ricardi, qui est présent à Lille, est un acteur pri- vilégié, dans sa communauté Sant’Egidio, de ces initiatives dont les chrétiens prennent désormais la responsabilité dans les domaines les plus divers. Les Semaines Sociales du centenaire ont choisi le thème de l’Europe pour leurs travaux. Présumons qu’il sera traité avec l’audace, l’imagination créatrice, la pertinence dont sont capables les chrétiens, afin de donner au projet européen la dimension culturelle et spirituelle dont il a besoin, en s’inspirant du génie évangélique inséparable de son destin.

U

SOMMAIRE

ACTUALITÉ

4

ECONOMIE MONDIALE Pauvreté et échanges Yves La Marck

5

POLITIQUE La tactique Fabius

Alice Tulle

REPORTAGE

6

MISSIONNAIRES EN MONGOLIE

La misère au pays du ciel bleu

Jacques Berset

10

Enfants handicapés, rejetés

J.B.

ESPRIT

14

EN MEMOIRE DES JOURS Bose

Robert Masson

15

LECTURES 26edimanche du temps ordinaire

Père Michel Gitton

16

PELERINAGE De Vézelay à Kiev

Laure Arjakovsky

18

BANDE DESSINEE Avec Jean-Paul II, t 2, 34/38

Dominique Bar, Louis-Bernard Koch, Guy Lehideux

19

ECCLESIA Semaines Sociales

Michel Camdessus

MAGAZINE

22

FORUM Une TVA sociale ?

Comité Pauvreté et Politique

24

PORTRAIT Olivier Pascault

Pierre François

25

THEATRE “L’Amérique suite”

P.F.

26

LIVRES “Tout sur l’école”

Paul Chassard

27

CINEMA “Comme une image”

Marie-Christine d’André

28

TELEVISION Votre début de soirée

M.-Ch. d’A.

30

BLOC-NOTES Vie associative et d’Eglise

Brigitte Pondaven

UN SUPPLEMENT JEUNESSE “TL-NOTRE HEBDO”

EST ENCARTE AU MILIEU DE CE NUMÉRO dont les pages sont numérotées de 1 à 4

Photo de couverture © Agence Apic

par Gérard LECLERC

Semaines

Sociales

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60, rue de Fontenay

92350 Le Plessis-Robinson

(4)

e président Chirac s’est joint au président Luiz Ignatio “Lula” pour proposer à un sommet des chefs d’Etat, réunis à New York en marge de l’as- semblée générale des Nations Unies, le 20 septembre, de nouveaux mécanismes de financement de l’aide publique au développement. Il s’agit, comme le suggère le rapport Landau, rendu public à Paris le 14 septembre, d’imaginer des taxations sur les transactions financières internationales ou sur les ventes d’armes ou en- core sur les transports aériens ou maritimes, voire sur les bénéfices des multinationales.

Le Chili et, depuis l’arrivée au pouvoir de Jose Luis Za- patero, l’Espagne, se sont joints à l’initiative, ce qui augure d’une nouvelle conjonction d’alliances internationales riche en opportunités. De nombreux pays sont mobilisés pour accroître leur aide pu- blique dans la ligne des “objec- tifs du millénaire” proclamés par l’Onu et destinés à assurer les services sociaux minimums à la frange la plus déshéritée de la planète (eau, éducation de base, santé publique, condition de la femme, environnement).

Le rapport annuel des Nations Unies qui vient d’être

publié et qui rend compte des progrès enregistrés sur les huit indicateurs de résultats ainsi définis n’est pas très

encourageant, sauf en ce qui c o n c e r n e l’Extrême-Orient et l’Asie du Sud-Est.

Encore ces r é g i o n s reculent-elles pour l’environ- nement.

L’Afrique ne connaît aucune progression sauf en matière de “gouver- nance” : les

programmes natio-

naux et extérieurs se mettent progressivement en conformité avec les objectifs prioritaires.

La France poursuit ainsi à la fois une augmentation des moyens budgétaires réservés à l’aide, afin d’atteindre l’objec- tif sinon de 0,7% du PUB, du moins 0,4% en 2007 puis 0,5 en 210, et d’une réforme de ses instruments, délaissant l’aide- projet et l’assistance technique au profit de l’aide budgétaire et du partenariat.

La réflexion continue de progresser sur ces deux aspects.

La nécessité de passer à la vi- tesse supérieure est assez

largement partagée. D’où pour les montants en cause, l’idée d’impot matérialisant le trans- fert de ressources. Il n’est pas vrai que l’échange commercial peut dispenser de l’aide (“Trade not aid”). Il est possible que l’on franchisse même un nouveau stade : le développement ne suffit pas à faire reculer la pauvreté. Parfois il l’aggrave.

D’où l’idée d’un correctif sans pour autant handicaper le développement. Si les familles ne doivent pas consacrer chaque jour une femme et des enfants pour aller chercher de

l’eau, ceux-ci pourront être disponibles pour se livrer à des activités productives ou s’ins- truire. Il n’y a donc pas incom- patibilité.

Pourtant, on risque de voir la lutte contre la pauvreté en- trer en concurrence avec le développement. Les projets d’impôt sont vus par les “déve- loppeurs” comme une sorte de

“RMI” des victimes de la mon- dialisation, un pis-aller, un ticket à payer pour être libres de commercer avec les plus riches, de leur prêter de l’argent au lieu de leur donner via l’impôt. Il reste encore un gros effort d’ex- plication mais la mécanique est en marche. Merci à l’alliance France-Brésil.

Il n’est pas vrai que l’échange

commercial peut dispenser de l’aide

(

ACTUALITE

L

ECONOMIE MONDIALE

par Yves LAMARCK

La France et le Brésil présentent ensemble à l’Onu de nouvelles idées pour lutter contre la pauvreté dans le monde, qui n’a pas décru en dépit des "objectifs du millénaire" prévoyant sa réduction de moitié d’ici 2015.

Pauvreté et échanges

(5)

’abord, on entendit un petit " non ". C’était le 9 septembre dernier : sur les ondes, Laurent Fabius déclarait qu’il rejetterait le traité constitution- nel européen sauf si Jacques Chi- rac améliorait la situation de l’emploi et luttait efficacement contre les délocalisations.

En somme, le numéro 2 du Parti socialiste demandait à un chef d’Etat de droite de faire une politique de gauche… Comme Laurent Fabius est un homme in- telligent et expérimenté, on a compris tout de suite que le futur candidat à l’Elysée s’engageait dans une manœuvre tactique de grande ampleur – non sans lancer un ballon d’essai.

Cette attitude fut sévèrement jugée par les commentateurs :

“Le Monde” consacra son édito- rial du 10 septembre à "La Faute de Fabius", coupable de mettre en danger la construction euro- péenne, et nombre de confrères pointèrent leurs plumes dans le même sens. Bien entendu, Fran- çois Hollande, rival de Laurent Fabius dans la course présiden- tielle, fit connaître sa désappro- bation.

Mais le choix du "non" répond aux vœux d’une bonne partie des militants et de l’électorat socia- listes. Laurent Fabius l’a compris et sa prudence a vite disparu. Dès le 12 septembre, il précisait que sa "pente naturelle" était de "vo- ter contre" le nouveau traité eu- ropéen… dont il semblait

pourtant apprécier la teneur avant l’été dernier.

On peut s’interroger sur l’évo- lution des convictions de Laurent Fabius, mais un point est désor- mais clairement établi. C’est au soir du 12 septembre que les so- cialistes français ont quitté les terres à peu près paisibles du débat interne pour entrer dans une logique d’affrontement.

Certes, François Hollande s’est empressé de plaider pour un

"débat serein et maîtrisé" : parti- san déclaré du "oui", le premier secrétaire du P.S. doit tenter de maintenir l’unité du parti – unité qui est indispensable au succès de sa propre candidature. Mais Ber- trand Delanoë, l’influent maire de Paris, a pour sa part dénoncé le "danger mortel" des "positions tactiques" et Jack Lang s’est dé- claré "très en colère" car le conflit entre socialistes détruit le crédit retrouvé après les victoires élec- torales du printemps. Après ces deux premiers coups de semonce, les principaux partisans du "oui"

(Elisabeth Guigou, Pierre Mauroy, Martine Aubry) se sont lancés dans la bataille – s’attirant les rudes répliques des fabiusiens.

Il est indubitable que le Parti socialiste est désormais divisé en deux blocs : les partisans du "oui"

se sont regroupés autour de François Hollande (et accessoi- rement de Dominique Strauss-

Kahn) et les chefs de tendances minoritaires (Henri Emmanuelli, Arnaud Montebourg) vont néces- sairement s’allier aux fabiusiens pour tenter de faire prévaloir le

"non" à la fin de cette année, lors de la consultation des militants.

Or la majorité des socialistes semble pour l’instant donner rai- son à Laurent Fabius, malgré la sévérité des médias à son égard et en dépit des avertissements solennels lancés par François Hol- lande et ses amis.

Un sondage IFOP publié le 16 septembre par “Le Point” indique que 73% des sympathisants socialistes approuvent l’attitude de Laurent Fabius, sur laquelle 61% Français portent un juge- ment positif. Le même sondage indique que 51% des Français voteraient "oui" au réferendum,

ce qui n’est pas contradictoire avec le pourcentage précédent : on peut approuver la cohérence d’une démarche sans accepter son objectif.

Ces résultats sont à manier avec précautions, mais ils indi- quent que le Parti socialiste peut basculer dans le camp du "non"

et mener une campagne qui pourrait faire échouer le référen- dum national.

Les conséquences de l’échec de la ratification en France se- raient imporantes car elles ouvri- raient une crise majeure dans l’Union européenne. Mais le prin- cipal artisan de ce rejet devien- drait automatiquement le chef de l’opposition de gauche – comme naguère François Mit- terrand dont Laurent Fabius fut et demeure le disciple. ■

On peut approuver la cohérence d’une démarche sans accepter son objectif

(

ACTUALITE

PARTI SOCIALISTE

D

par Alice TULLE

La tactique Fabius

En faisant le choix tactique du "non", le futur

candidat à l’Elysée est-il en train de détruire

l’unité du Parti socialiste, ou se prépare-t-il

à l’entraîner vers les sommets ?

(6)

La misère

au pays du ciel bleu

rga, la "cité de yourtes" - la tente de feutre ronde si typique des steppes mongoles – a été rebaptisée en 1924 Oulan Bator, le

"Héros Rouge", par les dirigeants de la République populaire. Qui l'ont transfor- mée en ville aux édifices de béton à la mode stali- nienne. Il ne reste plus grand-chose aujourd'hui de l'ancienne Urga, dominée jadis par les lamas bouddhis- tes et l'administration mand- choue, et de son paysage rythmé par des centaines de monastères et de temples bouddhistes. Si les temples ont été rasés dans les années 30 par la furie communiste, à l'exception de l'imposant monastère de Gandantegt- chilin qui abrite une statue dorée de plus de 25 m de haut, les yourtes ont fait leur réapparition et colonisent dé- sormais tous les espaces libres, signe d'une paupérisa- tion rampante. Oulan Bator, est devenue en effet le récep- tacle de tous les laissés-pour- compte de la transition brutale de la société socialiste à l'économie de marché. Le départ précipité des Soviétiques, la fermeture des grands "combinats" non rentables, la privatisation de milliers d'entreprises et des kolkhozes, a jeté à la rue une armée de chômeurs.

“UB”, c'est aussi la dernière étape des bergers nomades dont les troupeaux ont été décimés ces der- nières années par le sinistre "dzud", cette succession d'abondantes chutes de neige l'hiver et de sécheresse l'été. Rien que durant l'hiver 2001, près de 4,3 mil- lions de têtes de bétail à travers le pays ont péri, soit 1,3 million de plus qu'en 2000. Mais dans cette ville de 800.000 habitants (le tiers de la population de la Mongolie), il n'y a déjà pas assez de travail pour tous

L’ancien dissident soviétique Alexandre Ogorodnikov nous confiait, la semaine dernière, comme il est difficile de faire du social en Russie, faute de pouvoir obtenir sur place des soutiens financiers et même des

volontaires... et de saluer courageusement la générosité des donateurs et volontaires occidentaux, surtout catholiques.

Les difficultés sont encore plus considérables dans l’extrême- Orient de l’ancien empire quand, à la misère noire provoquée par la “transition” ratée d’un

communisme irresponsable à un capitalisme sauvage, s’ajoute le retour du fatalisme des

mentalités traditionnelles. C’est alors que l’action sociale de quelques ONG occidentales et des missionnaires chrétiens, non seulement pallie les carences des administrations locales, mais prépare un retournement des esprits en montrant qu’on peut, avec peu de moyens, sauver son prochain. Voyage en Mongolie et en Bouriatie.

REPORTAGE

MONGOLIE

par Jacques BERSET, agence APIC

U

Le Père Gilbert devant le centre d’accueil verbiste

(7)

les citadins. Les éleveurs qui arrivent n'ont aucune qualification professionnelle adéquate et ils n'ont plus d'animaux.

Il est 21h30 dans le District 10 d'Oulan Bator La nuit froide et glauque est éclairée de proche en pro- che par d'immenses enseignes lumineuses exhibant des voitures de luxe. Des silhouettes faméliques se profilent au pied d'une haute carcasse métallique toute rouillée. Un stade dont les Russes n'ont pu achever la construction. C'est l'antre de quelques-uns des 3.000 enfants de la rue qui survivent dans de véri- tables trous à rats... “C'est ici, ils nous attendent, comme chaque mercredi", murmure le Père Gilbert Sales, directeur du "Verbist Care Center", un centre d'accueil pour enfants de la rue. Secondé par des tra- vailleurs sociaux mongols, ce

missionnaire philippin d'une quarantaine d'années se consa- cre depuis une décennie à ces gosses qui survivent dans la jun- gle d'UB, l'abréviation commune d'Oulan Bator.

Ce soir, apportant des mar- mites de nourriture, il fait la tournée des "trous d'hommes" – ces regards de béton aux cou- vercles rouillés permettant le contrôle des canalisations de

chauffage à distance – qui parsèment la ville. Des têtes émergent l'une après l'autre, des enfants en haillons, les joues rougies par le froid, avalent sans un mot la manne providentielle. Visiblement sous-ali- mentées, des filles de quinze ans au visage marqué paraissent en avoir 11 ou 12.

Les lourdes plaques de fonte obturant les chamb- res de béton sont ripées sur la terre gelée. De la vapeur exhalant une odeur de fauves s'échappe du trou noir d'où provient une faible lueur de bougie. On aperçoit les cartons et les haillons qui servent de cou- che à une quinzaine d'enfants et à leur chien. Garçons et filles mélangés.

Tous se précipitent sur la soupe chaude apportée par la fourgonnette du Père Gilbert. Dans le trou voi- sin, une fosse de 3 x 3 m de large, c'est toute une famille, avec un bébé, qui a trouvé refuge. Par un froid hi- vernal qui atteint – 25°, voire – 30°

(UB est située sur un plateau, à 1350 m d'altitude), la chaleur dégagée par les canalisations d'eau bouillante est bienvenue. Aucun de ces sans-abri ne pourrait survivre dehors.

Comme il reste encore un peu de nourriture dans la fourgonnette, nous nous rendons dans le District 3. Entre deux voies de circulation, sous les

3.000 enfants de la rue survivent dans de véritables trous à rats

REPORTAGE

Les plus jeunes pensionnaires du Centre d’accueil du Père Gilbert

à Oulan Bator

Une famille pauvre devant sa yourte

(8)

grands panneaux publicitaires qui vantent des voi- tures de sport, des enfants se massent pour être pris en photo. Fiers, ils posent devant leur "maison", en fait un alignement de trous béants sur le terre-plein.

Un bonnet rouge sur la tête, les pieds balançant dans le vide, un enfant transi de froid, le regard éteint, lape sa soupe.

Un pauvre hère portant un maigre baluchon en bandoulière tente de s'approcher pour avoir sa part, mais un des grands qui contrôle le territoire rameute la bande. L'intrus se voit

aussitôt menacé et poursuivi sans mé- nagements. Le monde de la misère ne laisse pas tellement de place à la pitié. Dans les quartiers d'habitation, où l'on est un peu plus riche – plutôt un peu moins pauvre - les gens des immeubles chassent les sans- abri : à cause des pro- blèmes, des vols…

Alors on jette des jour- naux enflammés dans les chambres béantes, pour en déloger les

squatters, ou on cherche à en sceller les entrées.

La municipalité avait tenté de faire de même, mais les ONG sont intervenues, car ils seraient sans aucun doute morts de froid. Régulièrement, des poli- ciers font des descentes dans les égouts pour en délo- ger les enfants et les placer dans des institutions.

Mais ce jeu au chat et à la souris est tout à fait im- productif, les jeunes s'échappent dès qu'ils peuvent, lâche le missionnaire philippin, membre de la Congré- gation du Cœur Immaculé de Marie (CICM), plus connue sous le nom de missionnaires de Scheut, du nom d'un faubourg de Bruxelles.

Cofondateur de la mission catholique, Gilbert Sales s'est installé en Mongolie en 1992, en compa- gnie du Père Robert Goessens, missionnaire scheutiste belge, et d'un autre confrère philippin, le Père Wens Padilla, aujourd'hui évêque de la préfecture aposto- lique d'Oulan Bator. Jeune missionnaire à Hong Kong, Gilbert s'était porté volontaire pour la Mongolie, l'Eglise catholique ayant été invitée dans le pays par le gouvernement post-communiste pour développer des œuvres socio-éducatives.

"Je n'avais jamais été travailleur social, je suis toujours en formation, lâche le Père Gilbert dans un grand éclat de rire. Le missionnaire doit parfois fonc- tionner comme ingénieur, architecte, maçon : "J'ai déjà construit trois bâtiments, c'est vraiment la for- mation sur le tas !" Il nous ramène non loin de la

gare centrale, dans le District de Bayangol (quartier ouest d'UB), au "Verbist Care Center", ainsi baptisé en l'honneur du fondateur des missionnaires de Scheut, le Belge Théophile Verbist.

Comme chaque mercredi soir, une foule de déshéri- tés fait la queue derrière les grilles pour recevoir un repas chaud, souvent le seul de la semaine. Des gar- diens vérifient que les nouveaux arrivants ne sont pas sous l'influence de l'alcool – l'arkhi, la vodka tradition- nelle, cause des ravages – et font souffler les suspects.

Pas de concession : celui qui peut s'a- cheter de l'alcool peut aussi se payer un repas…

La chasse à ces clochards peut pa- raître cruelle, mais le Père Gilbert veut que le centre remet- te les gens debout :

"Nous ne nous con- tentons pas de dis- tribuer de la nourri- ture ; on demande une contre-presta- tion aux bénéfi- ciaires : nettoyer la cour, faire la vais- selle… c'est une question de dignité pour eux".

Chaque mercredi, près d'une centaine – des fois jus- qu'à 150 personnes – viennent recevoir un repas. Ils sont enregistrés sur une liste, c'est un moyen de res- ter en contact avec les enfants de la rue.

Le phénomène des enfants de la rue a commencé en 1992; avant, tous les enfants avaient accès aux soins de santé, à l'école… “Quand nous sommes arri- vés, se rappelle le Père Gilbert, nous avions des cou- pons pour la nourriture et le logement. Riches ou pauvres, tous recevaient la même quantité de nourri- ture. Personne n'avait faim, qu'il travaille ou pas."

Avec l'arrivée de l'économie de marché, tout a été privatisé et il a fallu travailler pour gagner sa vie.

Beaucoup d'ouvriers et d'employés avaient au- paravant une place, sans grande formation, ce qui empêche la mobilité. Dans la période de transition, nombre d'usines et de grands "combinats" ont été fermés, et les emplois se sont faits rares. Chassés de leur logement, qu'ils ne pouvaient pas payer faute de salaire, beaucoup de travailleurs ont fini dans la rue.

Le phénomène touche de plus en plus de familles avec des petits enfants, souvent des familles mono- parentales. Les enfants vivotent de la récupération de matériaux, de bouteilles en plastique, du nettoyage et du gardiennage des voitures, en cirant les souliers des passants, ou en volant au marché. Certaines gamines se prostituent.

REPORTAGE

Le monde de la misère ne laisse pas tellement de place à la pitié

Le bidonville s’étend jusqu’au sommet des montagnes de Oulan Bator

(9)

REPORTAGE

Dans les trous d'hommes d'UB, les enfants connaissent la promiscuité dès leur plus jeune âge.

On ne vit pas impunément au milieu des rats et des cafards. Rachitisme, gelures, nécroses, brûlures, tuberculose, alcoolisme et conséquences de l'absorp- tion de méthanol ou de l'inhalation de colles… la liste est longue. "L'hygiène est déplorable. Des gamines sont abusées ou se prostituent et tombent enceintes.

Des filles, parfois à peine âgées de dix ans, ont des maladies sexuellement transmissibles.", témoigne le Père Gilbert.

Le centre verbiste représente une véritable oasis pour ces enfants. A l'extérieur, des garçons jouent sur le terrain de basket

offert par un évangé- liste américain. "Nous ne refusons aucune aide". Il a besoin de 130.000 dollars par an pour prendre en char- ge 125 enfants et payer les 25 membres du personnel : un médecin, travailleurs sociaux, enseignants, gardiens, cuisiniers, personnel du service de maintenance.

Le gouvernement soutient-il le Centre ? "Il nous a remis toute une série de distinctions et de médailles d'or, que j'ai proposé de fondre pour financer notre travail", ironise le Père Gilbert. "Les autorités recon- naissent notre travail, mais ils ne nous donnent plus rien car ils sont eux-mêmes en faillite. Le travail social, c'est la dernière de leurs priorités."

Du côté des religieux bouddhistes ? "Avec tout le respect que je dois à cette communauté, il faut cons- tater que prévaut encore ici - ou revient à la faveur de l’effondrement de l’idéologie communiste - l’idée traditionnelle que la pauvreté des gens résulte de leur destinée, de leur karma, que c'est certainement l'héri- tage de ce qu'ils ont fait dans le passé... Les boud- dhistes mongols ne s'engagent pas encore beaucoup pour changer le sort des enfants des rues de leur pays".

Mais d'autres ONG partagent le combat du Père Gilbert. "Nous ne sommes pas seuls, même si nous sommes les premiers à avoir commencé ce travail."

L'organisation World Vision, Save The Children Fund, la Fondation Christina Noble, des ONG allemande, danoise et japonaise sont aussi là. Un grand projet mongol n'a par contre jamais rencontré de succès : les enfants de la rue étaient enfermés dans l'institu- tion, avec des gardes de sécurité devant la porte.

"C'est virtuellement une prison. La première chose que veulent ces jeunes, c'est de la liberté. Du moment qu'ils ouvrent les portes, ils s'enfuient." L'UNICEF, l'or-

ganisation des Nations Unies pour l'enfance, est par contre absente, déplore-t-il.

Dans le brouhaha de la ruche pleine de vie et de cris de son Centre, le Père Gilbert nous en explique la philosophie : les enfants, accueillis dès l'âge de 2 ans, vivent souvent avec toute la famille dans la rue. Les travailleurs sociaux proposent aux parents de prendre en charge les plus petits, qu'ils pourront venir visiter quand ils veulent. "Nous ne séparons pas les enfants des parents. Nous essayons de travailler avec eux, en proposant des séminaires à leur intention, sur le sta- tut de l'enfant, la manière de s'en occuper..."

L'école primaire et secondaire reste gratuite. Les enfants recueillis par le Père Gilbert vont à l'école publique, mais des enseignants les sui- vent au Centre, pour les aider à faire leurs devoirs, à combler leurs lacu- nes.

"La plupart du temps, ces enfants sont lents, en raison de ce qu'ils ont connu dans la rue : manque de nourriture, de vitamines, d'accompagne- ment et de guidance quand ils étaient tout petits", commente le directeur.

"J'en récupère dans la rue tous les mercredis soir, en allant visiter les 'trous d'hommes' où ils vivent. Je demande à leurs parents, s'ils sont avec eux, ou à ceux qui s'en occupent, aux chefs des gangs, s'ils veu- lent venir au Centre. Ils y prennent une douche, reçoi- vent de nouveaux habits. Nous cherchons à détermi- ner leur niveau scolaire. Ils doivent passer un examen d'Etat pour réintégrer l'école publique. C'est un long processus : pour les plus jeunes, ils seront avec nous du jardin d'enfants à l'Université." Le Père Gilbert Sales n'est pas peu fier : plusieurs de ses pupilles ont déjà pu s'inscrire à l'Université (qui est payante) !

Le but du Centre est que ces enfants finissent quelque chose de solide, pour qu'ils ne soient pas for- cés à retourner dans la rue quand ils quitteront le

"Verbist Care Center". Un défi qu'il s'engage à relever, car il en va à ses yeux de l'avenir de toute une frange de la jeunesse du Pays du ciel bleu, pour reprendre le terme utilisé par les guides touristiques pour "vendre"

le pays mythique de Gengis Khan. ■

L’idée

traditionnelle que la

pauvreté des gens résulte de leur

karma

Si vous désirez soutenir l'activité du "Verbist Care Center", contacter l'Antenne de l'AED pour la Suisse romande et italienne Ch. Cardinal-Journet 3 CH- 1752 Villars-sur-Glâne Tél. 026 422 31 60 Compte chèque postal n°: 60-17700-3

(10)

elon le professeur Bayankhuu Ayushjav, spécialiste reconnu des maladies mentales en Mongolie, plus de 300.000 personnes souffrent de troubles mentaux de divers types dans le pays, dont 50 à 55.000 peu- vent être qualifiés de retardés mentaux. Les milieux sociaux les plus défavorisés sont les plus touchés : sans-abri, prostituées, alcooliques. Selon des recher- ches effectuées ces dernières années, les cas de mal- adies mentales sont plus fréquents en ville qu'à la campagne. La brutale transition d'une économie pla- nifiée à une économie de marché a touché les couches les plus vulnérables dont font partie les handicapés. Ce sont les premières victimes des coupes budgétaires dans le domaine social et du non accès au marché du travail.

Oulan Bator, juillet 2004. Sourire aux lèvres, Oldov se cramponne à son déambulateur. Son va-et- vient saccadé le long du cou- loir amuse visiblement la galerie. Il doit avoir 10 ou 11 ans : personne ne sait exac- tement l'âge de cet être fra- gile, abandonné au milieu des immondices d'Oulan Bator, la capitale de la Mongolie, alors qu'il n'était encore qu'un bébé... Au début, Oldov ne parlait pas, il ne répondait à aucun stimulus, per- sonne ne s'en était jamais occupé", constate Sœur Nelli Zarraga, une religieuse philippine de la Congrégation des missionnaires du Cœur Immaculé de Marie. Elle fait partie de ces religieux installés en Mongolie depuis la chute du communisme qui veulent changer le regard de la société mongole sur les handi- capés, souvent considérés comme des êtres inutiles et accusés de "porter malheur". Sœur Nelli nous intro- duit dans le quartier des enfants de l'Hôpital psychia- trique de Sharhad, situé dans la partie orientale de la capitale mongole.

REPORTAGE

En Mongolie, les institutions pour handicapés sont très rares. Oulan Bator, avec une population de 800.000

habitants, a très peu d'écoles spécialisées. L'infirmière

hollandaise Magda Verboom fait œuvre de pionnier à Erdenet, la troisième ville de Mongolie située à quelque 400 km au nord-ouest de la capitale, célèbre pour sa gigantesque mine à ciel ouvert où l'on exploite le cuivre et le molybdène. Elle a fondé en novembre 2001 la première école pour handicapés dans la banlieue de la ville pour le compte de JCS (Joint Christian Services), une association de 15 organisations missionnaires et œuvres d'entraide évangéliques présentes depuis une dizaine d'années en Mongolie.

Les handicapés restent en général cachés, leurs familles ayant souvent honte. Elles se demandent ce qu'elles ont fait de mal… Si des Occidentaux s’en occupent, c’est qu’ils ont peut-être un prix ?

Enfants han

rejetés, affamés,

MONGOLIE

S

Sœur Nelli

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Le complexe du centre national de santé mentale de Sharhad regroupe des grands bâtiments dégradés de style soviétique et, dans un enclos, un alignement de gers, les yourtes en toile de feutre devenues un élément marquant du paysage urbain en rai- son d'un exode rural massif. Environ 400 patients y vivent, dont une vingtaine d'enfants, devenus rapidement les protégés de la mission- naire originaire de Manille. Sa congrégation avait été invitée par le nouveau gouvernement démocratique à s'occuper des gigantesques pro- blèmes sociaux nés de la brutale transition du régime communiste au capitalisme sauvage.

Sœur Nelli, la soixantaine approchante, vit en Mongolie depuis neuf ans, après un séjour de 20 ans à Taïwan. Arrivée dans ce pays au climat rude, après les paysages verdoyants de Formose, Nelli a d'abord étudié deux ans la langue mon- gole, "bien plus difficile que le chinois". En 1997, c'est le choc: en visite à l'Hôpital psychia- trique national, Sœur Nelli découvre que de nombreux Mongols, même au sein du personnel soignant, pensent que ces enfants sont inutiles, incapables de quoi que ce soit.

A Sharhad, les enfants étaient tout simple- ment couchés par terre, sans aucun programme éducatif. Les infirmières prenaient uniquement soin – et de façon minimale – de leurs besoins physiques, distribuant force médicaments pour les maintenir calmes, héritage de la formation psychiatrique reçue à l'époque en Union soviétique…

Oldov, qui nous avait salués avec un tonitruant

"good morning", peut être qualifié de véritable "survi- vant", lâche Sœur Nelli, assiégée par une ribambelle d'enfants qui ne veulent plus lâcher la main du visi- teur étranger. Au moment de se quitter, quand l'infir- mière verrouille la porte, des enfants tentent de se faufiler au dehors…

Comment expliquer qu'auparavant ces petits malades aient été tellement négligés ? Nelli a une explication: le personnel soignant, peu formé, ne savait certainement pas comment faire ; il n'était sur- tout pas motivé pour changer les choses. Ceux qui ont

étudié en Russie sont revenus avec une approche avant tout médicale de la santé mentale. Raison pour laquelle il y a très peu d'aide psychologique et de trai- tement développemental. En Mongolie, les enfants d'un niveau intellectuel considéré comme trop bas pour intégrer le système scolaire sont la plupart du temps abandonnés à leur propre sort.

"On découvre que des familles ont donné une fausse adresse pour qu'on ne les retrouve pas. Des parents apportent leurs gosses handicapés pour s'en débarrasser, ils ne savent pas comment s'en occuper et en ont honte. Ils les amènent alors tout simplement à l'asile psychiatrique", relève Sœur Nelli. Beaucoup pensent que c'est le rôle du gouvernement de les prendre en charge. Nombre de parents ne reviennent plus jamais les visiter. Certains sont peut-être trop pauvres. La religieuse philippine avance aussi d'autres explications, plus culturel- les: "Les préjugés de la société mongole envers les handicapés sont profondé- ment enracinés; les invali- des portent malheur, ils sont le résultat d'une faute. Les explications scientifiques du handicap font défaut."

Bien que la Mongolie ait subi septante années de régime communiste, cons- tate Sœur Nelli, la popula- tion a gardé un fond de bouddhisme simpliste. Si vous avez des expériences négatives, c'est votre "kar- ma", un vécu antérieur dé- terminant pour la vie ac- tuelle. Vous êtes puni dans une autre vie pour des fau- tes précédentes. D'après cette conception, on évite les enfants des rues, on considère qu'ils ont un

"mauvais karma".

A l'instar des personnes vivant dans la misère, ces enfants pourraient trans- mettre ce mauvais sort, comme une maladie conta- gieuse. "Avec une telle vision, il est difficile de motiver les gens à aider le prochain en difficulté. Le régime athée n'a pu déraciner cette mentalité. L'héritage communiste a eu un effet pervers : quand il y a un problème, c'est l'affaire du gouvernement, on lui en refile la responsabilité", déplore la religieuse philip- pine.

En 2000, à Maaint, à une centaine de km au sud d'Oulan Bator, Sœur Nelli découvre un asile psychia- trique dont l'existence est ignorée du grand public, un véritable "cimetière social". A trois heures de route – à

REPORTAGE

dicapés

éliminés

par Jacques BERSET, agence APIC

Nelli et Oldov

Bon

nombre de

parents ne

reviennent

plus jamais

les visiter

(12)

REPORTAGE

vrai dire des pistes et des chemins défoncés, sans poteaux indicateurs – dans un endroit désolé et inha- bité, se dressent des bâtiments vétustes, aux vitres cassées. Le centre abritait 200 malades, dont une trentaine d'enfants. Un journal local avait rapporté qu'en deux ans, sur les 150 personnes envoyées à Maaint, 108 avaient trouvé la mort...

On y internait pêle-mêle orphelins, épileptiques, alcooliques, handicapés mentaux chroniques, enfants un peu retardés ou tout simplement pauvres, aban- donnés là par leurs parents. Une partie d'entre eux n'avaient pas de nom et même la liste des patients était inexistante. Les malades y mouraient dans le plus parfait anonymat. "Nous avons protesté : 'Ces enfants ont le droit d'avoir un nom!'"

"Les responsables étaient certainement d'avis que si la société ne voyait plus les malades mentaux, ils disparaîtraient de la réalité. A Maaint, le chauffage était quasiment inexistant - avec des hivers à - 40° ! - et la nourriture insuffisante. Les patients ne rece- vaient aucune éducation, étaient peu habillés. Ils devaient aller eux-mêmes chercher l'eau aux puits, situés à l'extérieur, pour l'apporter dans les pavillons ; l'odeur y était insupportable."

Sœur Edith, une religieuse belge, fut la première à visiter l'asile de Maaint, qui lui rappelait les camps de concentration. Chaque année, près d'un quart des

patients mouraient : de sous-alimentation, de tuber- culose… ou tout simplement de froid. Quand leur seul habit était lavé, ils erraient nus dans les couloirs!

Adultes et enfants dormaient dans le même lit. Les plus valides apportaient la nourriture aux plus ma- lades. "Le personnel n'avait pas de contacts immé- diats avec les patients. Il se contentait d'enfermer les malades et il n'y avait aucune supervision."

La religieuse fait venir deux enseignants qui transforment des locaux abandonnés en salles de classe. Une partie des enfants internés étaient tout à fait capables d'apprentissage. Ils gisaient par terre, alors qu'ils étaient pour la plupart en mesure de mar- cher si on leur avait offert des séances de rééduca- tion.

L'an dernier, grâce à la publicité faite autour de ce mouroir, Maaint a été fermé. La presse avait révélé que le médecin en charge de l'asile détournait des fonds destinés aux malades. Sœur Nelli s'y rendait régulièrement en compagnie d'employés de l'œuvre d'entraide adventiste américaine "Adra", (Adventist Developpment and Relief Agency), avec laquelle les religieuses catholiques travaillent en étroite collabo- ration. Ils ont fait connaître cette situation dans le public, invitant la police, le Ministère de la Santé, l'ambassadeur britannique (cette vision d'horreur l'a empêché de dormir durant plusieurs nuits!).

Ces

enfants

pourraient

transmettre

le mauvais

sort

(13)

REPORTAGE

"C'était une institution gou- vernementale, mais les respon- sables préféraient ne pas savoir ce qui s'y passait, soutient Sœur Nelli. A chaque fois, nous emmenions des étrangers, pour témoigner de cette situation. Le gouvernement tolérait cela, car il ne se sentait pas vraiment responsable et recevait ainsi plus d'aide."

"Vous comprenez mainte- nant pourquoi Oldov est un véritable 'survivant' ?, lance la religieuse. Des patients du quar- tier des enfants de Sharhad disparaissaient un jour et se retrouvaient à Maaint. "Je les ai vu diminuer chaque semaine. Ils sont morts de faim : ils n'a- vaient qu'une maigre soupe où flottait du riz, ou du chou.

Quand vous entriez là-bas, vous n'en sortiez pas vivants." Rapatriés à Sharhad, après quelques mois, les rescapés de Maaint avaient déjà repris du poids, jus- qu'à 5 kilos.

Sœur Nelli sort un album de photos : on voit les visages d'Oldov, de ceux qui ont survécu, et de tous ceux qui se sont

éteints lentement, faute de soins. La religieuse philippi- ne a des larmes aux yeux : "Nous voulons que cette situation change, que ces enfants aient une chance dans la vie, qu'ils existent dans la

dignité. Eux aussi ont droit à l'éducation, selon leur niveau de capacité."

Bien que la loi ait entre-temps changé et que les gosses handicapés doivent en principe être acceptés dans les jardins d'enfants, les élèves retardés sont la plupart du temps laissés à eux-mêmes dans la classe.

Nelli et ses compagnes organisent des sessions de for- mation pour les enseignants et les parents de handi- capés, pour attirer l'attention sur leurs potentialités.

"Notre but est aussi de motiver les enseignants pour qu'ils acceptent les enfants retardés. De prime abord, ils étaient soupçonneux, car nous venions de l'Eglise catholique. Ils se méfiaient de tout groupe religieux, ayant fait l'expérience d'approches agres- sives de la part de sectes ou de mouvements évangé- liques très prosélytes. Le simple fait que nous tra- vaillons ensemble avec des adventistes, des agences

américaines comme "World Vision", est un signe que nous ne sommes pas ici seulement pour vendre notre groupe ou notre confession."

Des médecins mongols de Sharhad sont désormais invités en Belgique par les Frères de la Charité de Gand, spécialisés dans l'aide aux handicapés mentaux, pour des sessions de formation d'un mois. Quand ils rentrent, ils connaissent de nouvelles méthodes qui peuvent améliorer la vie des patients. Le personnel est désormais plus ouvert à l'idée de réhabilitation. Les premiers ateliers dans le domaine de la couture, de la cuisine, de la menuiserie, de la musique et du chant ont été aménagés.

La Congrégation des Sœurs missionnaires du Coeur Immaculé de Marie s'occupe déjà d'enfants handicapés au "Verbist Care Center", où elle dispose de deux petits locaux. Son ambition est de transfor- mer une ancienne banque en centre de développe- ment pour les enfants retardés écartés du système scolaire. Nelli Zarraga désigne avec des yeux brillants d'envie le bâtiment convoité. Il est accolé à l'"ambas- sade" du Vatican en Mongolie et à l'évêché de Mgr Wens Padilla, situés dans le bâtiment de cinq étages de la "Catholic Church Mission", dans le dis- trict de Bayandzurkh, à l'est de la capitale. Il ne s'agit plus, pour la dynamique religieuse, que de trouver les fonds nécessaires : environ 100.000 francs suisses ! ■

Si vous désirez soutenir l'activité de Sœur Nelli Zarraga et des missionnaires du Cœur Immaculé de Marie en Mongolie, contacter l'AED, BP1, 78750 Mareil-Marly, tél. 01.39.17.30.10, compte chèque postal n°: 22-223-50-D ;

pour la Suisse romande et italienne Ch. Cardinal- Journet 3 CH-1752 Villars-sur-Glâne, tél. 026.

422.31.60, fax 026.422.31.61, compte chèque postal n°: 60-17700-3.

Eux aussi ont droit à l’éducation selon leur niveau de capacité

Un jardin d’enfants tenu par la mission catholique

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En mémoire des jours

‘est un endroit perdu, au mieux un hameau de quelques feux dont il ne res- tait rien ou si peu : une ma- gnifique petite église romane surtout, dont l’abandon fai- sait peine, comme tout ce qui subsistait du passé en ce lieu de nulle part. La solitude était son partage. Ce fut aussi sa grâce.

C’est là qu’un jeune homme choisit de s’établir, en son temps*, sans craindre l’in- confort que les habitants de jadis avaient fui. Les fenêtres qui rendaient l’âme n’étaient plus depuis longtemps un rempart contre la bise. L’eau ne venait plus jusque-là, et quant à l’électricité, elle man- quait totalement, on était encore à l’âge des bougies. Et aussi dans ces années de l’exode vers la ville. La plus proche était Turin, dans ce nord de l’Italie, riche en in- dustries pourvoyeuses d’acti- vités.

Un homme jeune qui était alors étudiant dans cette mé- tropole ressentait comme un appel, qui devait le conduire, avec quelques amis, sur l’un de ces écarts comme Dieu les aime quand il veut parler au cœur de ceux qui ont de l’o-

reille pour entendre. L’iso- lement est assez bien dans sa manière. Il ne pouvait trouver meilleure cache que cet es- pace de rien qui se nommait Bose. C’est par la prière que commence ce temps de maturation qui va durer des années pour ces jeunes gens dont l’un s’appelle Enzo Bianchi.

Il n’a pas au départ idée de tout ce qui l’attend à Bose.

Il assume et prend le temps de l’entendement. Etonnante continuité, il commence par restaurer cette église, comme naguère François d’Assise.

Trois années, il se retrouve seul sans autre certitude que cet amour de Dieu qui se veut sans partage. Il devient, mal- gré lui, un fondateur, qui n’a d’autre souci que de répondre au vouloir de Dieu sur lui- même.

La déchirure chrétienne qui fait obstinément les Eglises séparées lui est dou- leur sans nom. Elle l’est aussi pour d’autres, dont il apprend l’existence. Il en fait le tour, ce qui le conduit à Taizé en ces années 70, où se vit sur une colline de Bourgogne un grand destin de réconciliation qui va attirer des foules de jeunes qui ne demandent, elles aussi, qu’à entendre.

Enzo Bianchi n’est encore qu’un laïc, qu’il ne cessera d’être d’ailleurs. Sa grâce est sa disponibilité d’être qui le rend attentif au vouloir de Dieu. Cela ne va pas sans contradictions. L’œcuménisme était encore timide en effet.

C’était la plus grande urgence pour Enzo.

Sans qu’il le cherche, des chrétiens de toutes confes- sions le rejoignent. Il lui faut inventer un style de vie mo-

nastique, soucieux des prove- nances de chacun, et qui ne les mettent pas en dissidence de leurs propres Eglises. Les choses se font à Bose dans une unité qui est le plus sûr garant de la vérité.

L’autorité, même quand elle se montre sourcilleuse comme un temps l’évêque du lieu, n’est jamais contestée, comme il arrivait dans ces années 70, où le magistère n’avait pas bonne presse.

Les années ont passé.

Depuis le premier établisse- ment où tout commençait dans l’imprévu. La notoriété n’était pas au rendez-vous.

Elle n’y est toujours pas, ce qui est un signe d’authenti- cité.

L’important c’est la prière, qui s’élève dans une ferveur des premiers temps. Il y a maintenant 80 personnes à Bose, un pasteur et cinq prêtres, des moines et monia- les à part à peu près égale, là encore en vertu d’une volonté qui n’avait rien de prémédi- tée. Car l’une des premières personnes à se présenter ici fut une femme. Enzo en sou- haitait au moins une autre. La communauté de sœurs de Grand-Champ, qui est dans le même ordre de vocation, lui prête l’une de ses sœurs. Au- jourd’hui, elles sont donc 35.

Le propre de l’endroit c’est d’être une Eglise d’églises, dans une communauté ca- pable de se reconnaître dans une confession de foi unique.

On est ici dans l’ordre de ce qui sépare encore et de ce qui unit déjà. L’Eucharistie reste un point de douleur, pierre d’achoppement à sa façon. Ce qu’on a reçu de plus impor- tant du Seigneur lui-même, on ne peut le partager totale-

ment. C’est bien à nous tous que le Christ nous a demandé de faire cela en mémoire de lui. Sa prière ultime est là pour nous dire l’ardente obli- gation : “Qu’ils soient un, comme moi et le Père som- mes un”.

Le chemin de Bose s’ins- crit dans un itinéraire d’unité qui en appelle à d’autres len- demains. Les foules ne s’y trompent pas qui convergent vers Bose, comme d’autres vers Taizé dans un flot conti- nu.

Cette fin d’été improbable, nous l’avons vécue, ma femme et moi, en ces lieux d’où l’on revient d’un pas un peu plus assuré. Le monde pendant ce temps poursuivait son chemin, qui n’est pas des plus engageants. L’actualité nous accable de ses violences répétitives : attentats sui- cides, répliques, prises d’o- tages, Irak, Tchétchénie, Dar- four, Palestine, tant d’autres encore n’en finissent pas de drainer leur chapelet de morts. L’été ne fut pas de repos pour tout le monde. On ne met pas entre parenthèses le malheur des temps, quand on se retrouve avec d’autres sur les hauts de la foi.

Là ou l’on se tient dans l’invincible espérance, comme nous avons tous à faire. Pour répondre comme le voulait l’apôtre de l’espérance qui est en nous. Nous ne sommes pas meilleurs que d’autres, redit volontiers Enzo Bianchi. C’est bien assez, pour lui comme pour nous, d’être chrétiens.

Ce bonheur entre tous, se révèle à visage découvert, à Bose. ■

* En 1965.

Monastero di Boso, 13887 Magnano (BI), Italie tél. 39.015.679.185.

Ce bonheur entre tous

C

Par Robert Masson

ESPRIT

(15)

ESPRIT

Notre habitation ici-bas est régie par le temps. Temps de la naissance et de la mort, temps de la conversion et de la grâce. Notre malheur est de ne pas saisir justement ce rapport au temps, de le gâcher par la hâte et l'inquiétude, ou de le laisser couler sans but, attendant qu'il procure seulement l'éphémère satisfaction de nos besoins.

Tel est le cas de celui que nous appelons le "mauvais riche" ; même si le texte n'insiste guère sur le mal qu'il commet, il est au moins clair qu'il s'étourdit de plaisirs, au point d'oublier ceux qui souffrent à proximité de sa maison.

Sa vie est remplie de ces satisfactions qui lui sont devenues nécessaires : les plaisirs de la table et le luxe vestimentaire.

Cela se renouvelle "chaque jour". Sa vie n'a plus d'autre horizon que ce présent sans but. C'est pourquoi il a tant de mal à admettre qu'il puisse y avoir une rupture ; même au- delà de la mort, il voit encore les choses comme si tout devait continuer comme avant : les pauvres au service des riches, monde centré sur lui et sa famille.

Le reproche d'Amos contre la "bande des vautrés" est du même ordre. Ceux qui festoient, alors qu'Israël et Juda sont menacés par leurs ennemis, s'étourdissent un moment mais le réveil sera terrible. La recherche effrénée du plaisir va de pair avec un oubli du temps que Dieu nous donne, une manière de se cacher dans une bulle sans plus regarder en face la vie qui nous est proposée, sans plus chercher à y faire

des choix et inventer la suite. Cette fuite est proprement effrayante, elle rend l'homme

étranger à son histoire, dépossédé de son humanité.

C'est pourquoi le résultat, poussé à ses ultimes

conséquences, est l'enfer, c'est-à-dire une soif inextinguible, dans un isolement total. Celui qui a asséché peu à peu dans sa vie toutes les sources d'eau vive ne connaîtra que cette aridité insupportable. Celui qui s'est méthodiquement coupé de toute vraie relation avec autrui ne connaîtra que

l'éternelle solitude, c'est lui qui aura créé ce "grand abîme"

au milieu duquel il trône dans son autonomie dérisoire.

L'enfer n'est jamais, après tout, que la prise au sérieux par Dieu de notre libre enfermement.

Tout à l'inverse, saint Paul nous dévoile ce que peut être un rapport juste à ce temps où Dieu nous a placés pour apprendre à aimer. A son disciple Timothée, il révèle la qualité du présent, cet aujourd'hui de Dieu qui demande à être vécu dans la mémoire de ses hauts faits passés et l'attente confiante de son ultime intervention. Ce point fragile où nous sommes est le résultat de mille attentions de Dieu qu'il faut apprendre à déchiffrer et à relire dans la reconnaissance, il est aussi l'ébauche, bien insatisfaisante encore, d'un accomplissement que nous attendons de la manifestation du Seigneur. Le temps n'est plus un temps

"perdu", un temps "gâché" ; il devient le terrain de notre expérience filiale, le lieu de notre apprentissage du ciel. ■

Lectures de la messe du 26 septembre 2004

26

e

dimanche du temps ordinaire par Michel GITTON

Quand ils avaient 12 ans…

…Mère Teresa, Saint-Ex, Molière ou Saint Louis n’étaient pas encore des héros, mais ils ne le seraient pas devenus s’ils avaient oublié leurs 12 ans...Romans vrais et vrais romans, ces livres plongent les collégiens dans l'adolescence de témoins.

Ainsi peuvent-ils, au fil du récit, partager ensemble de bonnes raisons d’espérer.

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PELERINAGE

yant réalisé déjà de nombreux pèlerinages, Robert et Claudia Mestelan affirment que “le pèlerin est celui qui se rappro- che de Dieu’’. Leur expérience spirituelle s’appuie sur la certitude que l’Archange Saint-Michel peut être le protecteur particulier des familles chré- tiennes et permettre ainsi la construc- tion de l’Europe unie du futur. Partis de la basilique Ste-Madeleine de Vézelay, ils sont en route pour la cathédrale de l’Ar- change St-Michel à Kiev. Et ils étaient reçus à l’Université Catholique d’Ukraine à Lviv du 6 au 10 septembre.

Au cours d’une véritable conférence de presse accordée à plusieurs journa- listes de Lviv, les pèlerins ont illustré leur affirmation de la protection de l’Ar- change Saint-Michel par plusieurs exemples. Notamment lors de leur pèle- rinage pour se rendre en Terre Sainte en 1999, alors qu’au bout de quatre jours

une dispute naissait entre eux au sujet de la bonne route à suivre, un petit gar- con d’une dizaine d’années a surgi soudain sur la route avec une canne à pêche sur l’épaule. Après avoir demandé leur chemin à l’enfant et que celui-ci l’ait indiqué, Robert lui a demandé : - Au fait quel est ton prénom ? - Michel, a répondu ce dernier.

De là une certitude qui n’a plus quitté les pèlerins quant à la protection de l’Archange. Avant d’arriver à un village Robert et Claudia prient parti- culièrement Saint-Michel de leur donner la grâce de rencontrer de “bonnes gens”…

Convaincus de l’urgence que la cons- truction de l’Europe devienne l’affaire de tous en ce début de 3emillénaire, les Mestelan estiment que “plus que la poli- tique, la défense ou l’économie, d’après les sondages, la religion reste le seul fac- teur qui réunit la confiance de la majo- rité des Européens (83%)’’.

La source de l’espérance pour l’Eu- rope et le Monde Entier, c’est le Christ, a rappelé Jean-Paul II. C’est donc, indi- quent les pèlerins sur leur feuille de route, “en retournant à Lui que les peuples européens pourront retrouver l’espérance, qui seule offre une pléni- tude de sens à la vie”. Suite à l’appel du Pape dans l’encyclique sur l’Eglise et l’Europe, sur le fait qu‘’Il est urgent de ne pas perdre ce précieux patrimoine et d’aider l’Europe à se construire elle- même, en redonnant vie aux racines

chrétiennes de ses origines’’, Robert et Claudia ont décidé de partir en pèleri- nage à travers toute l’Europe.

Leur aventure actuelle est donc de traverser l’Europe à pied, d’Ouest en Est, en partant de Vézelay en France jusqu’à Kiev en Ukraine, afin de ’’prendre cons- cience des racines chrétiennes des peuples qui la composent’’ et, à leur retour de ’’les faire connaître’’.

En se référant aux propos de Viat- cheslav Ivanov et du cardinal Mercier sur l’importance de réunir les “deux poumons de l’Europe’’, l’Eglise d’Orient et l’Eglise d’Occident, pour exprimer d’une même voix la richesse des valeurs chrétiennes’’, Robert et Claudia souli- gnent l’importance d’“assurer la ren- contre de saint Benoît et des saints Cyrille et Méthode, les saints patrons de l’Europe.” “Pour s’unir, il faut s’aimer, pour s’aimer il faut se reconnaître, pour se reconnaître, il faut aller à la rencon- tre l’un de l’autre.”

Leur itinéraire passe par la traversée de 9 pays avec au total 4.000km. Partout ils reçoivent un excellent accueil des paroisses chrétiennes et leur démarche suscite souvent l’intérêt des médias malgré leur presque total manque de moyens de communication. Depuis leur rencontre en 1997 sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Robert et Claudia ont consacré une part impor- tante de leur vie à la réalisation de pèle- rinages à pied.

En 1998 : le Puy – Lourdes 600km en hiver. En 1999 : Bethléem. Pour céléb- rer avec Notre-Dame de France le 2000e anniversaire de la naissance du Christ, ils parcourent 4700 km.

Ils ont parcouru la Route St-Michel

Partis de Vézelay le lundi de Pâques dernier, ils sont attendus à Kiev pour le 29 septembre prochain. Par leur traversée à pied de l’Europe, Robert et Claudia Mestelan, veulent

témoigner des racines chrétiennes des peuples européens.

DE VEZELAY A KIEV

Pour se reconnaître, il faut aller à la rencontre l’un de l’autre

(

par Laure ARJAKOVSKY

L’Archange Sain

A

(17)

PELERINAGE

du Monte Gargano en Italie* au Mont St- Michel** en France, soit 2800km

Deux livres racontent leur démarche

’’De Velleron à Bethléem’’ et ’’Qui est comme Dieu’’, aux Editions du Colombier.

A chacun de leurs retours, ils font de nombreuses conférences dans diffé- rentes régions de France (paroisses, asso- ciations, établissements scolaires...).

Leur démarche personnelle est spiri- tuelle. Elle s’inscrit à l’écart de toute recherche de performance sportive ou

d’engagement politique, sponsorisation, etc.

Leurs efforts, menés en couple, s’ap- puient sur la prière, la confiance en la Providence et, bien sûr, une bonne préparation physique mais aussi intel- lectuelle. Robert et Claudia se docu- mentent également très sérieusement sur le parcours, notamment les lieux saints à visiter ou les fêtes à commé- morer au cours de leur route.

Pour eux “la Terre est annonce et

chemin qui mène à Dieu’’, et ’’la famille chrétienne, telle qu’elle a été voulue et par Son Créateur, est la cellule in- contournable de la construction de l’Europe’’.

t-Michel,

protecteur de l’Europe

* Apparition de l’Archange St-Michel en 1490.

** Apparition de l’Archange en 808 et pèlerinage spontané par révélation des enfants au XIIeau moment des épidé- mies de peste.

Robert et Claudia Mestelan

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Avec Jean-Paul II

L'infatigable pèlerin

Avec Jean-Paul II

L'infatigable pèlerin

© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris

35/38 par

Dominique Bar,

Louis-Bernard Koch,

Guy Lehideux

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