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-Ils sew-1>lrent le peuple-

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Texte intégral

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«Le Peuple prend la parole» veut 'contribuer à la révolution prolétarienne. A l'aide de brochures 130 pages, d'un prix très bas) s'adressant aux travailleurs, aux enseignants, aux jeunes, il s'engage sur deux points :

- critique radicalè, «impitoyable» de l'idéologie dominante, bourgeoi- se ou nouvelle-bourgeoise dans le domaine culturel ;

- diffusion des idées révolutionnaires en montrant leur réalisation pratique dans le passé et dans le présent.

«LE PEUPLE PREND LA PAROLE»

Boîte postale 52 75621 PARIS CÉDEX 11 C.C.P. : PARIS 1786251 H

l.lll'évoque de nos jours le nom de Duval?

A Yrai dire,hormis quelques spécialistes de la Commune,c'est un militant qui est ignoré du plus grand nombre.

quelle

a

été

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place réelle de cet ou- vrier fondeur dans le mouvement socia- liste? QUelle

a

été son action lors de la Commune de Paris? En quoi a-t-il serTi le peuple?

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Introduction

~u'évoque, de nos jours, le nom de DUVAL Emile-Victor? A vrai dire, hormis quelques spé- cialistes de la Commune, c'est un militant qui est ignoré du plus grand nombre.

Alors ! Direz-vous, quel interêt y a-t-il à tirer de l'ombre ce Communard ·plus ou moins obscur et dont personne, ou à peu près, ne se- rait capable de dire qui il était et ce qu'il a fait?

C'est que nous sommes persuadés qu'il est du plus grand interêt, pour nous, de connaître ceux qui "servirent le peuple" et que nous pou- vons inaugurer cette collection par la biographie

d'un révolutionnaire, certes moins connu qu'Eugè- ne Varlin, B~noist Malon ou Allemane, ses con- temporains, mais qui a rempli un rôle éminent au sein des masses, à la fin du second Empire.

Il est vrai que ceux qui ignorent tout de Duval ne sont pas à blâmer: rien, ou presque, n'a été écrit sur lui, si ce n'est des notations éparses dans les livres qui traitent de la Com- mune de Paris. Et pourtant le Petit Larousse s'obstine toujours ( pour quelle obscure rai- son?) à le citer:

DUVAL (Emile-Victor, dit le Général) né à Paris (1841-1871), l'un des chefs militaires de la Commune en 1871, fu- sillé à Châtillon.

C'est trop peu, et pour tout dire trop in- juste, pour résumer la vie d'un homme qui est mort en servant le peuple.

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Il est temps, pensons-nous, de rechercher la place réelle de ce militant dans le mouve- ment socialiste et de comprendre en quoi la vie d'Emile-Victor Duval peut servir d'exemple aux nouvelles générations révolutionn aires.

A la rencontre de Duval,

Dans sa courte notice le Petit Larousse trouve le moyen de se tromper: ce n'est pas en. 1841 mais le 27 novembre 1840 que Duval est né, à Paris.

Nous ne savons pas dans quel arrondissement il naquit car les registres des naissances ont été brûlés pendant la Semaine Sanglante, mais il y a gr os à parier que c'est à la mairie du XII0 ancien ( qui, à partir de 1860 formera le XIII0 arrondissement actuel). En effet, le registre des mariages, à la date du samedi 16 aout 1862, à 10 heures, nous indique que Duval est "mouleur, demeurant à Paris, rue Croulebarbe n°

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avec sa

mère, majeure, célibataire, fils naturel reconnu de Marie Madeleine Duval, agée de 63 ans, blan- chisseuse, présente et consentante, et de père non dénommé". La mère de Duval, blanchisseuse, avait, sans doute toujours habité aux environs de la Bièvre, affluent de la Seine qui zizague à travers le XIII0 arrondissement, où les blan- chisseries se trouvaient en grand nombre.

Les esprits chagrins ne manqueront pas de noter que Duval est né de "père non dénommé" et

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d'en conclure que c'était un aigri, un fils natu- rel, un bâtard: de là à expliquer sa volonté de lutte contre la société bourgeoise par sa nais- sance illégitime, il n'y a qu'un pas ••• que nous refusons à quiconque de franchir.

Les conditions d'existence du prolétariat au XIX0 siècle, étaient t.rès pénibles et très précaires, Le capitalisme industriel se dévelop- pait rapidement en transformant radicalement les moeurs de la société au détriment du prolétariat naissant. En particulier, l'essor industriel ar- rachait les paysans à la terre pour les jeter dans les usines, donc dans les villes qui jouent un rôle dissolvant envers les habitudes sociales,

le mariage en particulier. Et puis, très souvent l'ouvrier, de fra!che attache paysanne, est déjà marié au pays. Ajoutons à cela une haine de plus en plus grande contre l'Eglise et l'Autorité et l'on comprendra que le concubinage atteigne des proportions très fortes dans la classe ouvrière.

N'e disait-on pas, avant 1860, en manière de déri- sion, que deux concubins s'étaient mariés à la mairie du XIII0 arrondissement alors que Paris ne comptait que 12 arrondissements?

Donc la naissance illégitime de Duval n'a rien d'exceptionnel: Marie-Madeleine avait qua- rante et un ans lorsqu'elle accoucha d'Emile-Vic- tor et peut-être était-elle en ménage depuis plusieurs années. Et même si la naissance de Du- val était dûe à une relation passagère, cela ne ferait que confirmer l'extrême injustice qui pe- sait sur la condition des femmes.Et la mère de Duval, victime de l'idéologie de la société bourgeoise, se déclare veuve.

Duval se marie avec une jeune couturière, Marie Huet, née à Anrosey (ffaute Marne), agée de 19 ans, fille d'un menuisier et d'une cou-

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turière. C'est peut-être une camarade d'enfance que Duval épouse puisqu'elle habite avec ses parents, à la même adresse que lui, 45 rue Crou- lebarbe. C'est à cette adresse, chez la mère d'Emile-Victor qu'habiteront les deux époux et que naîtra Joséphine, Am élie, Elise Duval, le 15 mai 1863.

Cette maison, qui comprend des "logements d'ouvriers", comm e indique le cadastre, donnait sur la Bi èvre, véritable égout à ciel ouvert qui charriait les résidus des tann eries, les déchets des bouchers, les couleurs des teintureries ain- si qu!un nombre incalculable d'autres détritus moins identifiables. On pouvait encore voir cette vieille batisse et visiter le logement de Duval, premier étage à droite, avant que la spécula- tion imm obilière ne jette ses gr iffes sur le XIII0 arrondissement et ne transforme les "loge- ments d'ouvriers" en immeubles de standing.

En 1862 Duval exerce déjà le métier qu'il exercera toujours, celui de mouleur, puis fondeur en fer. C'était un métier très pénible et qui exigeait une grande résistance: les ouvriers devaient travailler 12 heures par jour à une température extrémement élevée, 40 ou50°, par- fois à très peu de distance du métal en fusion.

Voici donc, tracé à grands traits, le mon- de de Duval: une famille qu'il chérit, un métier très dur dans lequel Duval se fait la réputation d'un homme énergique et aimé de ses compagnons, un cadre de vie, le XIII0 arrondissement, qui est le plus miséreux de Paris: il est le lieu de rassemblement de travailleurs peu qualifiés et des ouvriers aux conditions de travail les plus pénibles ( corroyeurs, mégissiers, tanneurs, raf- fineurs, chiffonniers, etc); en outre il vient

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en tête de liste pour l'analphabétisme avec 22%

de la population et en 1869 on compte 11 893 in- digents, soit 1 personne sur 6, ce qui représente, en chiffre absolu et en chiffre relatif, le (tris- te) record pour Paris.

On pourrait dire que Duval mène la vie sans joie de millions d'autres travailleurs; on pour- rait même l'imaginer, comme nombre de ses compa- gnons de misère, allant chercher un peu de récon- fort dans l'absinthe, chez le marchand de vins.

Mais, très tôt, Duval prend conscience qu'il fait partie d'une classe exploitée qui ne s'affranchi- ra que par la lutte et loin d' êtreune victime de·1111assommoir", Duval cherche, à travers le combat ouvrier et révolutionnaire, à transformer la société bourgeoise qui l'exploite, lui, le prolétaire.

Le militant syndicaliste.

En 1864 Kapoléon III, qui veut se rallier la classe ouvrière, accorde le droit de coalition, c'est à dire le droit de grève. Il faut dire tout de suite que le droit d'association, lui, n'était toujours pas accordé: l'article 291 du code pé- nal interdisait la formation d'aucune II associa- tion de plus de vingt personnes dont le but sera de se réunir tous les jours ou à certains jours marqués pour s'occuper d'objets religieux, litté- raires, politiques ou autres ••• ". Ainsi le droit de coalition, sans droit d1associationi était dif- ficilement utilisable puisque les ouvriers ne pou- vaient se concerter. Pourtant beau~oup de profes-

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sions mirent ce droit de gr ève imm édiatement en pratique, en particulier les fondeurs en fer. A vingt-quatre a~s, Duval participe activement à

la grève qui se donne pour but d'obtenir la réduc- tion de la journée de travail à 10 heures. La grève dure huit jours et les patrons, donnant l'impression de céder, accordent la réduction d'horaire et on s'entend sur le fait que les ou- vriers seront payés à l'heure et non plus à la

journée. Mais ce n'était qu'un subterfuge des patrons fondeurs, car deux mois plus tard, ils renvoyaient les ouvriers les mieux payés et em- bauchaient des ouvriers moins payés et de plus, ils firent travailler leurs ouvriers jusqu'à 14 heures par jour, sous prétexte de travail pressé, n'occupant que 2/3 des ouvriers qu'ils pouvaient employer.

"A partir de ce jour, déclarera plus tard Duval, la lutte s'est engagée entre les patrons et les ouvriers fondeurs. De notre côté, étant exposés à chaque ins- tant, à être sans travail ou obligés de subir les plus dures vexations, un ap- pel à la profession fut alors décidé, et une réunion s'ensuivit à quelques jours de là. Dans cette réunion furent jetées les premières bases de la socié- té de prévoyance qui fonctionne encore aujourd'hui.

Depuis le commencement de cette so- ciété, j'ai constamment été employé

dans son administration tantôt président, caissier, secrétaire ou vérificateur.

Une fois ce lien créé entre nous, nous avons eu à compter avec tout ce que peut imaginer la tyrannie bourgeoi- se, diminution des salaires, vexations, insultes, travail aux pièces, renvois sans motif; tout fut mis en oeuvre pour nous faire quitter notre société; ce

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qui, jusqu'aujourd'hui n'a fait qu'aug- menter le nombre des sociétaires."

Duval s'avère donc comme un organisateur du mouvement syndical dans la métallurgie.

A la même époque, 1864, l'Association Inter- nationale des Travailleurs est fondée à Londres par des délégués ouvriers sous l'égide de Karl Marx.

Au mois de juin 1867 on propose à la société des fondeurs en fer d'adhérer à 11A.I.T.; elle refuse; mais presque tous les membres du bureau y adhérent et Duval avec eux. Pour des raisons que nous ignorons, Duval fut obligé de quitter Paris trois mois plus tard et ne milita plus à l'Internationale pendant trois ans.

Au Illois d'avril 1870 éclata" une des grèves les plus formidables qui aient existé sous l'Em- pire "(Emile Eudes). Dans l'hiver 1870 la misère était à son comble chez les fondeurs en fer. Une réunion de la société décide de faire cesser les abus et nomme une commission qui envoie un expo- sé des doléances à tous les patrons demandant un salaire de 60 centimes de l'heure ( soit 6 francs par jour, ce qui est un salaire un peu au-dessus de la moyenne pour 1870 ) , la suppression. du tra- vail aux pièces et du marchandage ( car un patron engage un sous-entrepreneur et lui confie une tâche au forfait. Ce dernier engage à son tour des ouvriers pour accomplir le travail et, bien entendu, il les paie le moins possible car son bénéfice est la différence entre le forfait qu'il a reçu du patron et le salaire qu'il verse aux ouvriers.), l'abolition des heures supplémentai- res, sauf à les payer double et "la nomination des chefs présentés par les patrons, e-t discutée et votée par les ouvriers pour l'adoption".

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W.ous espérons étudier un jour en détail cette grève des ouvriers fondeurs dans le cadre des col- lections" Le Peuple prend la parole"• Pour l'heu- re nous nous contenterons d1en tirer les principa- les leçons. Emile Eudes écrit que" la discipline fut surtout très remarquable" et en effet la profession entière ou presque, fut en grève. La

solidarité ouvrière joua à plein puisque non seu- lement des organisations ouvrières françaises envoyèrent des subsides, par exemple, les ouvriers du Creusot qui venaient eux-mêmes de finir une grève, mais encore des ouvriers des autres pays

soutinrent activement les ouvriers fondeurs:

les Belges, les Anglais et même des ouvriers de Hambourg •• , et cela enrp Le Lne guerre franco-

prussienne ! Cet internationalisme prolétarien, se nouant par dessus des conflits impérialistes, mérite notre attention et fournit l'exemple d'une conscience de classe qui impose l'admiration.

Duval lui-même se rendit à Londres pour demander le soutien des Trade-Unions anglais. Au cours de cette grève, dont Emile Eudes nous dit qu'elle fut couronnée de succès au bout de quatre mois lors d'une des réunions régulières qui se tenai- ent salle de la Marseillaise, rue de Flandres, à Paris, Duval, président, proposa à l'assemblée d'adhérer en bloc à l'Internationale, Huit ou neuf cents fondeurs signèrent leur adhésion séan- ce tenante et nommèrent immédiatement quatre dé- légués pour les représenter en conseil fédéral · parisien. Duval était, évidemment, un de ces qua- tre délégués.

On voit combien le rôle combatif de Duval est important dans tout ce qui concerne le mouve- ment syndical à la fin du second Empire. Le pou- voir ne s'y est pas trompé et Duval fut compris

dans les po\U'suites con,tre l'Internationale qui furent déclenchées au mois de juin 1870, Car l'Internationale n'est plus cette association

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que Napoléon III couvait d'un oeil paternel lors- qu'elle en était à ses premiers pas. Mais de- puis 1864 l'Association Internationale des Tra- vailleurs s'est transformée: à côté des proudho- niens voici que des socialistes révolutionnaires comme Varlin, Malon, Avrial, Léo Frankel impri- ment à l'Association une nouvelle direction. L'In-

ternationale soutient toutes les grèves qui écla- tent partout.

La justice impériale tente alors de freiner, sinon de supprimer, ce mouvement et déclenche ce qu'on appelle le troisième procès de l'Interna- tionale. C'est lors de ce procès que Duval, malgré une défense pleine de pertinence et de lucidité

( ou plutôt, à cause d'elle) fut condamné à deux mois de prison. Il terminait sa défense par ces mots:

DUVAL. Poursuit-on nos exploiteurs quand ils se liguent contre nous dans les

salons de l'Union Commerciale afin d'at- tendre que nous ayons faim? Non; l'on ne les poursuit pas. Cependant leur so- ciété est tout autant illicite que la nôtre, puisqu'elle se compo se de plus de vingt personnes: donc, de même que nous, ils sont sous le coup de l'arti- cle 291,

M. LE PRESIDENT. Vous n'avez pas le droit d'insulter les patrons; vous les traitez d'exploiteurs, ils ne sont pas là, par conséquent, ils ne peuvent vous répondre; je ne puis souffrir que des absents soient mêlés dans ce débat.

DUVAL. Ils ont bien le droit de dire qu'ils nous dompteront par la faim.

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M. LE PRESIDENT . Si cela a été dit, c'est un mot malheureux ; mais à l'ave- nir, supprimez ces paroles blessantes, car si vous continuez en ce sens, je vous retirerai la parole.

DUVAL. Maintenan.~, Messieurs, il me res- te peu de choses à dire. Il y a encore un passage du réquisitoire du ministère public qui, je le crois, est plutôt à notre luuange que contre nous. M. l'a- vocat impérial nous dit:" A chaque occasion~ les membres de l'Internationa- le se mettent e~ rapport avec les insur- gés de 1851 et les déportés de 1858."

Avant de répondre à cette question, il faut s'entendre. Qu1appelle-t-on insur- gés de 1851? Est-ce ceux qui ayant prêté serment à la République, l'ont par un coup d'état lâchement assassi- née? Nous ne sommes pas, que Je sache en rapport avec ces gens-là.

M. LE PRESIDENT. Vous voulez que nous disions que vous ne faites pas de poli- tique, et dans ce moment vous vous y engagez vous-même; vous n'êtes pas ici pour cela.

DUVAL. Je ne suis pas un faiseur de politique, j'ai des amis politiques et c'est mon droit; si l'on ne veut pas que nous nous défendions sur ce point, il ne fallait pas que le ministère pu- blic nous en fît un, des principaux chefs d'accusation; nous avons droit de fré- quenter qui bon nous semble; je ne m'occupe pas de l'empire, je parle des faiseurs de coups d'Etat.

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M. LE PRESIDENT. Je vous retire lapa- role.

DUVAL. Je proteste pour la liberté de la défense.

M. LE PRESIDENT. Protestez si vous vou- lez, vous n'avez plus la parole.( ••• ) Vers le 8 aout 1870, Duval devait être arrê- té de nouveau et d'une manière fort brutale, non plus en tant que membre de l'Internationale, mais pour son rôle prépondérant dans la grève des fon- deurs! La justice a des nuances qui échappent parfois à notre entendement! La révolution du 4 septembre arrêta les poursuites contre Duval.

Cependant, à ne décrire que l'activité syn- dicale de Duval, on trahit la vérité: aussi im- portant soit-il, ce n'est pas ce rôle de militant ouvrier qui explique l'influence de Duval à la

fin du second Empire, sous le siège et sous la Commune. En réalité cette combativité, cette éner- gie dont il fera toujours la preuve, Duval les avait mises au service du militantisme révolution- naire, et c'est le blanquiste qu'il nous faut

maintenant découvrir.

L'organisateur blanquiste.

Duval était entré dans les cercles blanquis- tes vers le milieu de l'année 1866. Avant d'ana- lyser le rôle de Duval, il faut répondre à la question: qui étaient les blanquistes?

II

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A la fin du second Empire, Blanqui, qui se- lon Marx fut le plus gr and révolutionnaire du XIX0 siècle (Marx disait que Blanqui était" la tête et le coeur du parti prolétaire en France") avait regroupé autour de lui un certain nombre de jeunes gens attirés par l'auréole de" l'En- fermé" ( il f'ut enf'ermé pendant 33 ans de sa vie).

A la prison de Sainte Pélagie ( emplacement ac- tuel près de la mosquée de Paris, dans le V0 ar- rondissemnet) entre1861 et 1865, il s'était for- mé autour de lui un groupe de sympathisants:

Léonce et Edmond LevrauŒ, ~aalard, Villeneuve, Tridon, Germain Casse et d'autres encore qui vont former le noyau d'un" parti_".

Duval rejoint cre parti et en devient rapi- dement l'un des principaux organisateurs. Les blan- quistes sont, du point de vue philosophique, des matérialistes, rompant avec l'idéalisme des so- cialistes utopiques comme Saint-Simon et Fourier.

Leur idéal politique et social est le communisme, qui doit venir après une période transitoire de dictature révolutionnaire .. quiressemble en bien des points à la dictature du prolétariat, période pendant laquelle pourra se faire l'éducation du peuple. Pour parvenir à cette situation la seule solution envisageable est le renversement violent de la société existante; et Blanqui, pour détrui- re l'oppression, compte sur un noyau armé déter- miné, prêt à marcher au combat, sorte d'avant- garde du prolétariat. On a souvent reproché à l'organisation blanquiste d'attendre" la libéra- tion de l'humanité de l'esclavage salarié non par la lutte de classes du prolétariat, mais par la conjuration d'une petite minorité d'intellec- tuels"( Lénine). S'il est vrai que le parti blan~

quiste comptait un certain nombre d'intellectuels ou d'étudiants (Tridon, Raoul Rigault, Protot, etc), il n'en reste pas moins avéré que la pré- sence d'hommes comme Duval, Avrial, Serizier (cor-

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royeur), Fortin. (ébéniste), Chardon (ouvrier chau- dronnier), Mortier (Découpeur sur bois), Ranvier (peintre décorateur), Genton (sculpteur sur bois), Moreau (ouvrier mécanicien), Bachellery (ouvrier

du gaz) et de centaines d'autres, nous oblige à modifier peu ou prou ce cliché trop facile de

militants blanquistes complètement coupés des mas- ses.

Duval, comme Genton du Faubourg Saint-Antoine, organisait les troupes des quartiers populaires.

Eudes, Granger, Jaclard s'occupaient aussi, dans un autre cadre, de former cette petite armée révo- lutionnaire.

"Je ne le connus, moi ( c'est Emile Eudes qui écrit) qu'au mois de mai

67.

C'était un homme d'une activité hors ligne, infatigable. Il passait toutes ses soirées à courir les fonderies de Paris pour nous mettre en relation avec les camarades qu'il savait sûrs et décidés à devenir nos adhérents.

Au mois de février 1870, la cons- piration allait à merveille et pouvait compter de 800 à 1000 affiliés. Duval fut certainement l'homme le plus actif que nous rencontrâmes. C'était l'hom- me le plus intelligent pour le recrute- ment et le plus ardent pour la propa- gande."

Et, de fait" c'est surtout dans la métallur- gie que les groupes blanquistes s'implantèrent"

(Maurice Dommanget, spécialiste du mouvement ou- vrier et de Blanqui.), grâce en grande partie à l'activité de Duval. Mais des dissenssions appa- rurent au sein du mouvement blanqqiste sur les actions à entreprendre. De graves désaccords op- posèrent Blanqui à Jiaclard et Protot. Duval entrai- na alors, ses compagnons sur 1~ ter-rain de la grè-

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ve. On peut dès lors affirmer que la discipline et le succès de la grève des fondeurs de 1870 sont dus, en grande partie, à son infrastru cture blanquiste. Pour Duval, actioru révolutionnaire et action syndicale étaient indissociables et la seconde devait serv ir le première. Duval était aussi passé maître dans l'art de fabriquer des bombes.

Cependant il ne faut pas réduire Duval au seul r8le d'homm e d'action, ce qu'-il était principale- ment. Grâce à quelques documents on peut essayer de dégager les idées politiques et sociales qui gu idaient Duval dans sa conduite.

Les idées politiques et sociales de Duval.

Les blanquistes se préparaient à l'action révolutionnaire et c'est le plus souvent dans la cland stinité qu'ils évoluaient. C'est le cas d'un certain nombre de militants proches du" Vi- eux" qui s'était échappé de Sainte Pélagie en 1865 et dont ils assuraient la protection. Blan- qui venait parfois, incogn ito, sur les Boulevards, où chaque chef de gr oupe avait rassemblé ses hom- mes, et ainsi il passait en revue sa petite armée révolutionnaire.

A la base l'organisation était composée, en.

général de groupes de huit à dix homm es qui se réunissaient souvent et élisaient un di zainier ou chef qui, lui, était en rapport avec un centu- rion, chef de dizainiers, membre de l'entourage de Blan qui. Les gr oupes étaient très cloisonnés, les ordres étaient verbaux ; on devait autant que faire se pouvait, éviter d'écrire.

Dans les conditions de cette organisation,

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qui rappelle celle d1une société secrète, il est bien difficile de conna!tre les blanquistes, ce qu'ils pensaient, ce qu'ils disaient. Mais con- trairement à ce qu'on dit généralement, certains blanquistes avaient une activité "publique":

c'est le cas de Jaclard, Ferré, Moreau, Bachelle- ry et Duval, entre autres. Surtout, ces blanquis- tes sont intervenus en force dans le mouvement des réunions publiques qui se déroula de juin 1868 à mai 1870, après que le pouvoir impérial eût assoupli le droit de réunion,

Ces réunions publiques rassemblaient tout ce que Paris comptait de socialistes révolution- naires: et pendant plus de mille réunions, c'est le procès de la société bourgeoise qui fut ins- truit. Et, dans la future société que les orateurs dessinaient tous les soirs, c'était déjà la Com- mune de Paris qui s'ébauchait.

En de trop rares occasions, Duval prit la parole et, grâce à la justice du second Empire qui tra!na Duval devant ses tribunaux, on. peut avoir une idée des discours de Duval. Lisons l'acte d'accusation:

"Attendu qu'il résulte des débats et du procès-verbal dressé par le commis- saire de police du quartier du Jardin des Plantes, délégué pour assister à la réunion publique tenue dans la salle du Vieux-Chêne, le 6 janvier 1869; qu'à cette réunion. Duval a prononcé les paro- les suivantes :

•Depuis longtemps on dit que la morte- saison résulte de l'abondance des pro- ductions et de l'encombrement du mar- ché: c'est faux! la morte-saison est produite par les détenteurs du capital qui ont intérêt à entretenir le paupé-

.

.

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risme, afin d'en faire un principe •••

•• le chômage perpétuel. Dans ce chôma- ge sont compris: l'armée permanente, le clergé, mâle et femelle, de tout ordre et de tout rang, et enfin une autre race de parasites tels que ren- tiers, propriétaires, boursiers et spo- liateurs de tous ran gs •••

Je commence par l'armée: l'armée permanente n'a pas de raison d'être, sauf quand la patrie est menacée •••

cette permanence est antisociale au point de vu e moral; la vie de caserne, ayant pour régle l'obéissance passive, ne pousse pas beaucoup à avoir du cou- rage pour le travail à venir. Au point de vue intellectuel, le soldat qui a fait son congé est devenu une machine à ob·éir •••

Le clergé, au point de vue social, est une autre affaire; cette institu- tiorn rre produit absolument rien, si ce n'est l'abrutissement des populations •••

Les membres du clergé prêchent la servitude et les corrections honteuses;

ils prêchent le respect aux supérieurs et le mépris des biens dé la terre, afin de s'en emparer •••

••• Ces inutiles, ces moines, ce cler- gé sont redevenus aujourd'hui ce qu'ils étaient avant 89, et sans compter les domaines qu'ils possèdent, nous payons 60 millions d'impôts forcés pour le cul- te; si ces 60 millions étaient répartis entre ceux qui souffrent, nous ne serions pas obligés d'avoir des boucheries de cheval pour la consommation des pauvres •••

••• Autres parasites sont les rentiers, propriétaires, boursiers et spéculateurs de tous rangs; les rentiers sont comme

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le clergé, ils ne produisent rien, ils prélèvent un impôt sur le travail et c'est la rente; les propriétaires et boursiers sont dans les mêmes conditions;

dans cette catégorie des buveurs de sueur, il se trouve des gens qui crient: j'ai acquis ce que je possède par mon travail et mes économiesf comme si, de nos jours, on pouvait devenir millionnaire à moins d'avoir des ouVTiers sur lesquels on gagne.

••• Citoyens, je crois avoir défini les plaies qui, en ce moment, pèsent sur les travailleurs; le remède doit être basé sur ce principe de toute jus- tice: Nul n'a droit au superflu quand chacun n'a pas le nécessaire ••• "

Pour cette déclaration, Duval sera condamné à 4 mod s dë prison et à 1•00 francs d'amende, c·1 est à dire presque un mois de salaire d'un fondeur. Il

sera libéré de prison par l'amnistie du 15 ao~t 1869, jour du centenaire de la naissance de Napo- léon Ier.

Une autre fois, à une réunion de la barrière du Maine, Duval s'écria:

"Il faut supprimer ce reste de féodalité qui ne s'appelle plus noblesse mais bourgeoisie ••• N-ous voulons l'égalité des salaires, que la valeur de chaque chose soit basée sur le temps qu'on a mis à la produire ••• Nous voulons l'ap- plication du droit naturel, l'égalité;

nous suppri~ons l'hérédité, la proprié- té individuelle et le capital, qui ne peut exister sans travail, nous procla- mons l'obligation au travail. Que celui qui travaille mange, mais que celui qui

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ne travaille pas n'ait aucun droit •••

Par la collectivité plus de paupérisme."

On est frappé par le ton socialiste qui se dégage des discours - ou du peu que nous en con- naissons - de Duval.

Duval, du point de vu e philosophique, s'af- firme matérialiste et s'élève contre le clergé qui ne produit rien" si ce n'est l'abrutissement des populations"• Il demande, au niveau des su- perstructures, la suppression des armées permanen- tes. Du point de vue social, Duval est énergique- ment anticapitaliste·: il combat la propriété et le capital et demande" la collectivité" autre- ment dit, le communisme. -

Ce qui étonne, dans ces propos d'un blanquis- te, c'est que la question sociale vient au premier plan de ses préoccupations, ce qui est logique pour un ouvrier. Allons! il y a encore un bon nombre d'idées reçues à balayer devant la porte du blanquisme !

Homme d'action, Duval apparaît donc comme un matérialiste et un communiste qui n'a qu'un but: abattre la société bourgeoise. A la fin du second Empire, Duval participe activement au mou- vement socialiste qui va aboutir à la chute de Napoléon. III. Mais, le 4 septembre 1870, le pou- voir e,st confisqué par la bourgeoisie; la guerre franco-prussienne qui a éclaté au mois d'août amène un cortège de défaites; le peuple de Paris renverse l'Empire mais des républicains modérés { Arago, Favre, Simoff, etc) détournent le mouve- ment à leur profit.

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La Patrie en danger: un patriote révolutionnaire

Libéré de prison par la journée du

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septem- bre,, Duval va à nouveaw se jeter dans le mouvement afin de faire triompher son idéal: la Révolution.

Pour l'immédiat, Duval tente, en liaison avec.

ies masses, d'organiser son arrondissement, le XIII0Il a changé de domicile, mais est resté dans le même quartier. En avril 1869, depuis une date indéterminée, il habitait au 21 rue de la Glacière.

Uh International, Passedouet, avait évincé le maire du XIII0, un certain Pernolet, que le gouvernement de le Défense Nationale avait impo-

sé au XIII0 Duval prend la tête d'une commission d'armement qui signe une affiche réclamant" des canons" qui" permettront de délivrer notre pays, non seulement des Prussiens mais de tous les ty- rans qui comme eux, voudraient empêcher la conso- lidation de la République"• On voit, dans cette affiche qui date, sans doute de la première quin- zaine d'octobre que le ton est autant patrioti- que que politique. Cette commission, qui siège à la mairie du XIII0 se confond avec le comité de vigilance de l'arrondissement qui envoie des dé-

légués au Comité Central Republicain des vingt Arrondissements. Ce dernier était la première for- me d'organisation de masse que le prolétariat parisien se donnait à l'instigation de l'Interna- tionale.

Dès le 20 septembre, dans la salle de l'Al- cazar, Duval intervient en séance de ce comité où. sont réunis 230 militants représentant tout Paris.

I9

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"Le citoyen Du val propose de nous réu- ni r aW!! chefs de bataillons ainsi que la proposition en vient d'être faite par le citoyen lferv é qui a assuré qu'environ 40 chefs de bataillon sont en ce moment, dans les mêmes inten- tioniS.11

avec ses" chemises rouges" accompagn é de ses deux fils Menotti et Ricciotti.

On remarque que le club de l'avenue de Choi- sy ne se réfère pas uniquement au patriotisme;

il se déclare aussi socialiste. Dans· c·ette opti- que, Garibaldi ne se met pas au serv ice de la Défense Nationale, mais à celui de la Révolution.

Ce faisant, nos club~stes du XIII0 se démarquent d'une certaine tendance cocardière: certes, on est patriote aux Gobelins, mais aussi socialiste, révolutionnaire et internationaliste.

Pendant ce temps, les membres du gouverne- ment de la Dr'ifense Nationale ne pensent qu'à une chose: déposer les armes et inaugurer une III0 république où les affaires puissent reprendre, prospères. Pour parvenir à son but, ce gouverne- ment de républicains bourgeois fait tout ce qui est en son pouvoir pour décourager la population.

Dès le 19 septembre, il avait voulu traiter avec :B-ismarck. La trahison de Bazaine qui livra son armée à la Prusse, grossièrement démentie, et surtout la trahison du Bourget, vont provoquer l'insurrection du 31 octobre.

Au Hourget, le 2ff octobre, une reconnaissan- ce de francs-tireurs avait permis de se rendre maîtres de la position. Loin d'envoyer des ren- forts, qui risqueraient de provoquer une victoi- re dont il n'a que faire, le gouvernement laisse les Allemands se regrouper et exterminer les francs-tireurs qui se battent maison par maison avant d'être écrasés.

Le club de l'avenue de Choisy et les hommes de Duval prennent part à l'insurrection du 31 octobre. A 11instigationdu club, le 101° batail- lon. de la Garde Nationale, qui sera l'un des meil- leurs bataillons de la Commune, se porte en armes On reconnait bien là le blanquiste qui veut

faire la jonction entre· une assemblée qui déli- bère et la Garde Nationale qui représente le peu- ple en armes.

Mais, à partir du 22 septembre, Duval et ses compagnons du XIII0 arrondissement délaissent le Comité Central Républicain des vingt arrondisse- ments, faute, peut-&tre de l'avoir conduit à se transformer en comité révolutionnaire crapable de lancer un appel aux armes.

Pendant un certain. temps, c'est la lutte patriotique qui semble dominer les préoccupations de Duval et de sa commission d'armement, mais cet- te lutte contre le Prussien ne fait pas oublie~·

la lutte des c1asses. Ainsi un club se crée au 190 avenue de Choisy, près de la mairie, qui ré- veille les souvenirs de l'an II de la Révolution Française. Ce club, animé par les amis de Duval, abrite II des républicains démocrate$ socialistes du XIII0 arrondissement 11:

"Le club de l'avenue de Choisy, 1190, vote au citoyen Garibaldi une énergi- que adresse de remerciement( ••• ) (car) pour soutenir l'indépendance des peuples (il) vient encore une fois se mettre au service de la Révolution."

Garibaldi, le héros des Deux-Mondes, bien que les Français l'aient souvent combattu, était venu aw secours de la jeune République française

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sur la mairie du XIII0 arrondissement où le dra- peau rouge. est arboré. Au même moment une procla- mation est lancée:

"Comité du XIII0 arrondissement.

Le c.lub révolutionnaire siègeant en per- manence avenue de Choisy, 1:90, adopte les propositions suivantes:

fi) Le drapeau rouge étant le drapeau de la Révolution est désormais le dra- peau national.

2) La levée en masse( ••• )

3) L'élection de la Commune à raison de quatre membres par arrondissement."

Chardon., un blanquiste membre de la commis- sion d'armement, entraîne son bataillon sur l'Ho- tel de Ville. Malgré cette agitation, la journée du 31 octobre sera un échec.

Quelques jours plus tard, Duval, qui a été présenté aux élections municipales sur une liste socialiste-révolutionnaire, recueille 1945 voix sur 4091, et son compagnon Chardon en obtient 1860.

Ces échecs ne font pas renoncer Duval et l'avant-garde du XIII0arrondissement. Ensemble, les éléments moteurs du XIII0 vont fonder" le Club Démocratique et Socialiste" qui va jouer un rôle essentiel dans la vie révolutionnaire du quartier. Ce cluh est la continuation directe de la Commission municipale et du Comité de vigilan- ce animés par Duval: tous les membres du comité sont parmi les fondateurs du Club. Mais ce dernier est plus important que l'ancien comité puisqu'il compte 189 membres. Selon son réglement:

"Le club démocratique socialiste du XIII0 arrondissement a pour but d'étu-

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diex tous les problèmes politiques et sociaux relatifs à l'affranchissement du travail et à l'émancipation des tra- vailleurs, d'en poursuivre la solution par des moyens révolutionnaires et d'u- ser de son influence pour provoquer l'insurrection du travail contre toutes tentatives de restauration monarchique ou toute action d'un gouvernement quel- conque qui pourrait arrêter ou diffé- rer l'avènement de la République démo- cratique et sociale."

Le club du XIII0 adhére au programme de l'Internationale. Sous l'impulsion de Duval, il se lie aussi à la ligue républicaine de défense à outrance, contrôlée par le Comité Central Ré- publicain des vingt arrondissements. Après une période de méfiance, les révolutionnaires du XIII0 reviennent à ce comité. C'est donc une volonté très nette de rassemblement des forces qui ani- me. le club démocratique et socialiste et Duval.

Ce club disparaît après que vingt-et-un ou vingt-deux de ses membres aient signé une affiche rouge qui paraît le 5-6 janvier 1871, véritable appel à l'insurrection, se terminant par:

"Place au Peuple Place à la Commune."

Après cette insurrection avortée, le club et les militants révolutionnaires, dont Duval, sont obligés de rentrer dans l'ombre à cause de la répression. gouvernementale, Au 5-6 janvier les masses populaires n'ont pas bougé mais l'immo- bilisme du gouvernement, aussi bien du point de, vue des mesures matérielles ( le peuple récla- me le rationnement, les réquisitions et l'arrêt des spéculations) qu'au point de vue de la dé- fense, indigne de plus en plus le peuple patrio- te.

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Pour démontrer que la défaite est inévita- ble, le gouvernement de la Défense Nationale or- ganise une defaîte à Huzenval et fait massacrer 1500 gardes nationaux, inutilement.

C'en est trop, et cette boucherie provoque la réaction populaire du 22 janvier, à laquelle Duval et le XIII0 arrondissement prennent une part prépondérante. En effet, le 101° bataillon, du XIII0, arrive sur la place de l'Hotel de Ville lorsqu'un coup de feu éclate. C'est alors une fu- sillade qui fait une trentaine de victimes dont le blanquiste Sapia. Un autre blanquiste du XIII0,

Sérizier, futur chef du 101-0 pendant la Commune, est arrêté.

Après avoir écrasé dans le sang cette mani- festation populaire, le gouvernement se hâte de signer l'armistice le 28 janvier et de provoquer les élections du 8 février 1871. C'est encore par un vote patriotique que se signale l'arrondi- ssement de Duval puisqu'il accorde 8259 voix sur 10 409 à G"aribaldi, Gambe.tta n'obtenant que 7005 suffrages. Ces élections font, en outre apparaî- tre un très net progrès du c-0urant socialiste ré- volutionnaire. Il appartenait au Comité Central de la Garde N"ationale et à Duval, d'être les fac- teurs qui allaient permettre de mobiliser ces forces.

La Garde Nationale avait longtemps été une milice bourgeoise qui, à la fin de l'Empire, avait été portée à 60 b&taillonJS composés d'éléments sûrs, c'est à dire bourgeois. Le 6°septembre, le gouvernement de la Défense Nationale décida la formation de 60 nouveaux bataillons, en veillant à n'armer que les éléments modérés. Mais sous la pression populaire, la Garde Nationale s'étoffa

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et put compter, avant la fin septembre, sur plus de 250 bataillons qui reçoivent solde et armement et élisent leurs chefs. Pendant le siège, ces ba- taillons vont se radicaliser, désirant pour la plupart, la résistance à outrance. Bientôt, ils vont former une force politique et se donner une

organisation: le Comité Central.

A la réunion des délégués de la Garde Natio- nale du 15 février 1871, Soncial, le délégué du XIII0 propose:

" ••• d'exiger la guerre à outrance •••

De maintenir la République par tous les moyens •••

D'établir un Comité de Salut Public.

De protester enfim contre le désar- mement ultérieur de la Garde Nationale."

Certes, l'élément patriotique tient une gran- de place, mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est une organisation révolutionnaire ( le Comité de Salut Public) qui est désirée: c'est le peuple en armes qui s'organise.

Le XIII0 ne reparaît plus au. Comité Central de la Garde Nationale avant le 15 mars 1871. Mais, entre temps, sous la direction de Duval, le XIII0 arrondissement, avant tous les autres, avait pris l'offensive.

Processus d'une prise de pouvoir insurrectionnelle

Dans le XIII0 arrondissement, c'est entre le 25 février et le 2 mars qu'on peut situer les

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prémices de 11agitatio~ qui va régner avant le 18 mars; durant cette période, les bataillons de la Garde Nationale défilèrent à la Bastille pour commémorer la Révolution de février 1848. Les bataillons du XIII0 participèrent en masse à ces manifestations.

Les 1er, 2 et 3 mars, les défenseurs de Pa- ris ressentent une profonde humiliation devant l'entrée des Prussiens à Paris, concession qui n'avait pas coûté cher à un gouvernement de crapi- tulards, mais qui avait failli provoquer des af- frontements avec le peuple de Paris.

Le nouveau chef au pouvoir, Thiers, en arri- vant à la tête du gouvernement avait une double préoccupation: l'ennemi extérieur, les Prussiens, et l'ennemi intérieur, le peuple parisien. Le 3 mars, il s'apprête à s'occuper de ce dernier.

Au début du siège de Paris, un large front patriotique s'était dressé contre l'envahisseur;;

mais devant les atermoiements de la bourgeoisie et son manque de combativité, ce front s'était

~apidement lézar&é et la lutte de classes avait reparu au premier plan.. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner que, quelques jours après l'armistice, le peuple et son avant-garde prennent l'offensive contre la bourgeoisie. Le XIII0 arron- dissement et Duval sont aux premiers rangs de cette attaque frontale.

Le 3 mars au soir, un incident très grave se déroule à la manufac·ture des Gobelins : sous la pre2sioa de 4000 gardes nationaux,

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gardiens de la paix et 40 douaniers sont obligés de se retirer laissant sur place 1 200 000 cartouches.

Le gouvernement, qui a été incapable de dissou- dre le 101° bataillon,insurgé du 22 janvier, est dans l'impossibilité d'imposer sa loi et, dans un

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affrontement ouvert aTec la Garde Nationale, il se trouve réduit encore une fois, à capituler.

C'est un échec décisif pour les hommes de l'ordre qui, le 4 mars, évacuent-préventivement ? -la caserne de la rue Mouffetard.

Evoquant les insurgés du XIII0 arrondisse- ment, un colonel de l'ordre déclare:

"Les officiers avaient des réunions, ils se réunissaient au Comité fédéral (sic). Il y eut des affiches sur les- quelles on engageait les officiers à se réunir à telle heure pour nommer leur chef. Le comité a nommé Duval, chef de secteur, j'étais au numéro 13 ( de l'avenue d'Italie), Duval au nu- méro

5,

cela faisait un double servi- ce (sic) ."

Et le 4 mars, ce colonel, chef de secteur aux ordres du gouvernement, se retire avec ses officiers sur la rue d'Ulm.

On constate donc que le secteur insurrection- nel de Duval s'élabore publiquement, par voie d'af- fiche au besoin, à quelques dizaines de mètres du secteur officiel et que le pouvoir régulier n'est pas en mesure d'anéantir ce secteur illégal. Mieux encore, il lui cède pratiquement la place: nous sommes bien en présence d'un double pouvoir carac- téristique d'une situation prérévolutionnaire.

Le; mars on signale qu'un parc d'artillerie in- surrectionnel est établi place ~eanne d'Arc et que" les émeutiers, aidés par quelques marins, remontaient sur leurs affûts les pièces des for- tifications."

Le 5 mars Duval prend résolument l'offensive.

En effet, ce jour-là, il envoie des ordres au com- 27

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mandant du 185° bataillon, et il sign e ces ordres:

11 le commandant en chef du XIII0 arrondissement", alors qu'il n'est officiellement que simple garde au 176°. Ce même jour le capitaine Paty, membre du comité Duval, commande au 134° bataillon de le suivre au secteur, et il est obéi malgré les ten- tatives de résistance de son commandant, le nom- mé Thierce qui dénonce le mouvement au général Vinoy nommé depuis le 22 janvier, commandant en chef de l'armée de Paris. Immédiatement, Vinoyr donne l'ordre d'arrêter Duval et ses camarades.

Mais comment exécuter un tel ordre alors que ce même jour le directeur de la prison de Sainte Pélagie est obligé de relâ9her~ sous les cris d'une foule menaçante, Serizier, arrêté l& 22 janvier? Le 6 mars, Duval, sans se soucier le moins du monde du gouvernement, envoie des ordres au coJI1w.andant du 176° bataillo~ et provoque l'é- lection d'un autre commandant pour le 134°.

Duval. organise donc militairement son arron- dissement en veillant à l'armement du prolétariat dans ses moindres détails. Il proclame que:

"Les armes sont appelées· à servir dans un moment plus ou moins rapproché, les offic·iers doivent réclamer à leurs gar- des le nettoyage immédiat de leurs ar- mes ! 11

De plus en plus sûr de lui, Duval refuse de payer la solde aux gardes qui ne marcheraient pas avec lui et il annonce son programme par voie d'affiche, sans que le gouvernement puisse faire appliquer ses mandats d'arrêt.

Il s'avère donc que Duval, dans le XIII0 ar- rondissement, a pris le pouvoir d'une manière irréversible, malgré les tentatives du gouverne- ment qui est prê~~ pourtant, à payer le prix d'une

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émeute.

Sûr de son assise-·locale, Duval se met en relation. avec d'autres éléments blanquistes de Paris; et Eudes nous rapporte, à la date du 10 mars:

11' A c·e moment, il fut: entendu entre lui et moi que nos deux légions - j'étais, alors, chef de la 20° légion. - auxquel- les se rallièrent la 14° légion comman- dée par Henri, la 15° dirigée par un comité dont Chauvière était l'homme, la 18° aux mains du comité de vigilan- ce de Montmartre dont Ferré était pré- sident, puis quelques bataillons du XI0 arrondissement et du XIX0 Le tout

serait sous notre direction immédiate sans passer par le Comité Central qui n'offrait pas les garanties voulues."

Duval à, dans ce plan, le commandement de la rive gauche, Eudes, celui de la rive droite. Le 11 mars, Duval se fait confirmer son grade de chef de légion au cours d'une élection. Allemane nous indique qun à partir du 14 du dit-mois, les comités de vigilance des V0 et XIII0 arrondisse- ments se tiennent en permanence."

Le 18 mars 1871, donc, la CommUll'le n'éclate pas dans un ciel serein. A notre sens, c'est mê- me émettre une contre-vérité que d'affirmer, com- me l'ont fait des historiens soviétiques que:

"Ce furent les ouvriers et les artisans de Paris eux-mêmes qui, héroïques, ripos- tèrent le 18 mars au petit jour à l'im- pudente provocation du gouvernement de Thiers."

Nous avons vu qu'au 18 mars, quand le gouver-

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nement essaie de récupérer les canons dont la Garde Nationale s'est emparée, Duval pouvait s'at-

tendre, depuis quinze jours au moins, à cette at- taque. Dans cette perspective," la poussée spon- tanée des masses" dont parle Domm anget doit être nuancée: cette poussée a été préparée au cours d'une période qui va de la d•rnière semaine de février jusqu'au 18 mars, ce qui réduit la" spon- tan éité" à peu de choses. Ce n'est pas affaiblir le contenu révolutionnaire du 18 mars, bien au contraire, que d'affirmer que l'on s'y préparait dep~is plus de trois semaines. lfous affirmons qu'en s'appropriant des canons, en pillant des dépôts de munitions, en chassant des douaniers et des gar- diens de la paix, le XIII~ arrondissement et Duval non seulement provoquaient à plus ou moins brève échéance une réaction du gouvernement, mais encore se donnaient les moyens de résister.

Ensuite, expliquer la facile victoire du 18 mars en faisant référence à" l'intervention per- sonnelle et à l'initiative de militants blanquis- tes" ( Dommanget) nous semble insuffisant. lltous affirmons, au contraire, qu'il existait sinon un parti, du moins un personnel révolutionnaire dont les blanquistes formaient le noyau: ces hommes se connaissaient de longue date, avaient l'habitu- de de lutter ensemble, s'exerçaient souvent à la stratégie des combats de rue; par-dessus tout, les blanquistes ont une idéologie commune: ce sont des matérialiste& et des communistes. Ils ont, nous l'avons vu, agit en se concertant. Il nous semble que, dans ces conditions, on puisse parler d'un "parti", autant qu'il pouvait en exister un en 1871.

Ainsi, la "provocation" gouvernementale du 18 mars est réduite à bien peu de choses. A trop donner d'importance à l'attaque du général Vinoy à Montmartre, on diminue le mérite des fédérés:

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les futu;rs Communards ont, heureusement, une gran- de part de responsabilité dans l'insurrection du 18 mars.

Le général de la Commune.

Le 18 mars ouvre la de:irnière période de la vie de Duval, la plus intense peut-être, la plus courte aussi.

Que fait Duval le 18 mars? Comme les autres blanquistes, il n'est pas surpris par les évène- ments. A 9 heures, il fait braquer des canons sur toutes les avenues aboutissant place d'Italie, s'attendant, logiquement, à une attaque des trou- pes régulières. Il fait occuper les points stra- tégiques: la raffinerie de sucre Say, la gare d'Orléans, le Jardin des Plantes, l'entrepôt et il expédie le 101° vers l'Hotel de Ville. Il fait arrêter les commissaires de police de l'arrondis- sement ainsi que le général Chanzy et le député Turquet qui seront délivrés quelques jours plus

tard malgré sa volonté de les garder.

Vers 14 heures, avec plusieurs bataillons, Duval passe dans le V0 arrondissement. Le soir, il descend prudemment le boulevard Saint-Michel et, après mille précautions, s'empare de la Pré- fecture de Police avec son camarade blanquiste Rigault. Il peut alors envoyer une lettre rassu- rante à sa femme. (Nous en respectons l'orthogra- phe.)

3I

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19 mars 1871 Ma chère femm e

Ne te chagr ine pas d'une abaence , Je suis à la Police. qui fut enlevé nuit sans coup férir.

J'espère n'être pas longtemps sans te voir ( je suis installé provisoire- ment dans le bureau du Préfet de Poli- ce).

si longue Préfecture de par nous à mi'"'!"

E. Duval

Notons au passage que Duval n'est pas ce que la bourgeoisie voudrait qu'il soit: un aigri, un déclassé, un homme sans attache. Dans tous les moments de sa vie nous avons vu Duval entièrement dévoué à la cause du peuple; jamais nous ne l'a- vons vu agir dans son intérêt personnel. Cela ne l'empêche pas d'être 11D mari prévenant et un père aimé ( sa fille l'appelait "petit père"). Fermons cette parenthèse sentimentale avec une lettre pleine d'affection contenue:

Paris, le 20 mars 1871 Ma chère femme

Ai la bonté de m'apporter du linge et mon révolver. Je tiendrai assez que tu vienne toi-même.

Le mot qui est adjoint à cette let- tre te servira d'entrée.

Ne crains rien.

E. Duval

32

Qu'on vienne maintenant nous dire que ces Communards étaient assoiffés de sang et étaient incapables de sentiments

Un témoin, homme du parti de l'ordre, qui a vu Duval le 18 mars le décrit de la manière sui- vante:

" Au milieu de cet entourage, je dois dire que le général Duval tranchait un peu: petit de taille, il est vrai, mais doué d1une physionomie fine et distinguée, d'un oeil vif et énergique, portant toute sa barbe aussi blonde que les épis dorés que fauchent les moissonneurs; de plus, tout chamaré d'or, selon les insignes de son grade, qu'il cherchait à porter le plus digne- ment possible ts'il m'est permis de m'exprimer ainsi), il attirait vraiment

tous les regards.

A peine étais-je entré qu'il me dit d'un ton, de commandement: "Qui êtes- vous et que me voulez-vous? Parlez vite car je suis pressé."

Il faut en effet agir vite en ces premiers jours de la Révolution. Duval, avec ses camarades blanquistes, réclame qu'on marche immédiatement

sur Versailles et il pousse aux mesures les plus énergiques. Le Comité Central de la Garde Natio- nale qui avait d'abord nommé en chef un révolu- tionnaire de brasserie, Lullier, revient de son erreur et le 24 mars, nomme aux grades de général Brunel, Duval et Eudes. Ces derniers déclarent:

"Tout ce qui n'est pas avec nous, est contre nous."

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Mais la réaction a déjà relevé la tête et les nouveaux généraux perdent un temps précieux à désarmer le réduit réactionnaire formé par les mairies des ter et 2° arrondissements.

A une réunion entre les maires temporisateurs et le Comité Central :

"Clémenceau voulut parler en maître et sommer le Comité Central de se reti- rer de l'Hotel de Ville. Ce fut alors que Duval l'interrompit violemment et demanda au Comité Central l'autorisation de le conduire _à Mazas ••• " (Eudes)

Mais cette énergie n'est pas partagée par le Comité Central qui s'en remet à des élections pour le 26 mars. Cette élection officielle envoie Duval à l'Hotel de Ville en compagnie de Melliet, Chardon et Frankel pour le XIII0 arrondissement.

A son tour la Commune le nomme à la commis- sion éxécutivé, puis à la commission militaire.

Mais si au niveau de son arrondissement, des dé- cisions sont prises rapidement, il n'en est pas de même pour Paris où on trouve que la Commune est trop "mollassonne". En effet, après bein des discussions, on laisse les "militaires" organiser, mais trop tard, une sortie le 3 avril.

Duval commandait une des trois colonnes qui devaient se concentrer sur Versailles. Cette co- lonne comprenait les légions des XIII0, XIV0 et

X:V0 arrondissements. Du fond de Va~ves, on se di- rige sur le plateau de Châtillon où se trouve déjà Duval. Duval, qui s'avance sur Villacoublay, est surpris par une décharge de mitrailleuses.

On s'aperçoit alors que les gardes nationaux ont peu ou pas de munitions.

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Duval, entouré de compagnons courageux, reste sur place alors que le désordre se répand dans la colonne. Certains ordonnent la retraite ! Las

d'attendre, Duval se replie sur le plateau et ten- te d'organiser sa petite troupe. Il tient coura- geusement sa position avec 1500 hommes. A 1 heures du matin, le

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avril, sa position est tournée, et Duval et ses hommes tombent aux mains des Versail- lais qui leur promettent la vie sauve.

L'ordre est donné d'emmener les prisonniers à Versailles. En chemin, la troupe croise le général en chef, Vinoy, qui demande:

"- Y! a-t-il un chef?

- C'est moi, je suis Duval.

Le général dit alors: "Faites-le fu- siller !"

- Fusillez-moi, répondit bravement Duval.

Un autre homme sort des rangs et dit:

- Je suis le. chef d'état major de Du- val !

Il est aussi fusillé."

Voilà, dans toute son horrible simplicité, l'assassinat de Duval par la bourgeoisie. Il au- rait crié, selon certains, au moment de son éxé- cution:

"Vive la Commune ! Vive la République! "

Cette courageuse attitude n'a rien pour nous étonner. Vinay, l'ignoble assassin, le traîne- sabre de la bourgeoisie, n'aura pas le front de se vanter de cet assassinat. Il écrira plus tard, laconiquement:

11· Leur chef, le nommé Duval, est tué pendant l'affaire."

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Duval: un héros?

Nous voici donc au terme d'une trop courte biogr aphie qui aurait mérité bien des développe- ments. Mais nous pensons pouvoir répondre mainte- na nt à la question: A quoi sert d'évoquer le sou- venir de Duval?

A aucun moment ce n'est une histoire indivi- duelle que nous avons racontée, mais bien l'his- toire d1un homme en contact permanent avec les masses, émanant d'elles, luttant avec elles. Ce n'est pas le destin d'un homme qui nous a interes- sés, mais la manière dont cet.homme menait une lutte sans merci contre la bourgeoisie, au coude- à-coude avec ses camarades prolétaires, classe contre classe.

Oui, pour nous, Duval est un héros. Nous ne voulons pas entendre par là qu'il est un homme unique, inaccessible, mais, au contraire, un hom- me exemplaire dans lequel nous pouvons et nous devons puiser des leçons pour notre action pré- sente.

Il apparaît que ce type de militant intelli- gent, actir, en contact avec les masses, peut à bien des égards:, nous servir de modèle.

Mais, surtout, Duval est représentatif d'une avant-garde du prolétariat qui est consciente que la révolution exige: l'armement du prolétariat, la vi.olence réwolutionnaire, la dictature. sur la bourgeoisie. Autant de nécessités qui ne doivent pas quitter l'esprit de tous ceux qui se donnent pour but le renversement de la société oourgeoise.

S'il nous rappelle ces leçons, celui que Ma.rx nomme" notre vaillant ami, le général Duval, le fondeur en fer" ne sera pas mort en vain.

36 Cyrille ANDAB~I

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Cyrille ~i~DABRI

Emile-Victor DUVAL

Ouvrier fondeur et général de la Commune 1840-1871 ·

Introduction

I A la rencontre de Duval II Le militant syndicaliste III L'organisateur blanquiste

IV Les idées politiques et sociales de Duval

V La patrie en danger: un patriote révolu- tionnaire

VI Processus d'une prise de pouvoir insurrec~

tionnelle

VII Le général de la Commune VIII Du~al: un héros?

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