FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1900-1901 H° 57
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
DBS
ET
DE LA DÉGÉNÉRESCENCE
«=<><><>00
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 5 Juin 1901
PAR
Félix AUGHIER
Né àArdin(Deux-Sèvres) le 3 Juillet 1876
INTERNE DES ASILES DE LA GIRONDE (CADILLAC)
professeur.... Président.
professeur J agrégé > Juges.
chargédecours)
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
!mm.
RÉGISDUBHEU1LHpitres
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJKAUX — 91 1901
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS,doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ )
DUPUY
[ Professeurs honoraires.
MOUSSOUS )
Clinique interne.
MM.
t PICOT.
) PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique générales. YERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
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ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie CANNIEU
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
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AGRÉGÉS EU
Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Clinique médicale des maladiesdesenfants Chimiebiologique...
EXERCICE :
MM.
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BERGONIÉ.
BLAREZ.
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FIGUIER.
de NABIAS FERRÉ.
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P1ECHAUD.
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section de médecine(Pathologie interneetMédecine légale.) MM. CASSAET.
AUCHi^.
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Pathologieexterne) BRAQUEHAYE
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COURS COill»CÉMENTAIR
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Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
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Le Secrétaire de la Faculté:
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LE DANTEC.
LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émisésd
Thèsesqui luisontprésentéesdoivent être considérées commepropres à leurs autei -,
qu'elle n'entendleurdonner niapprobation ni improbation.
A LA MEMOIRE DE MA MERE
A LA MEMOIRE DE MON ERERE
A MON
PÈRE
« J'offre cemodeste travail commefaible
» témoignage de ma reconnaissance etde
» monamour filial. »
A MA
SŒUR, A MES FRÈRES
« Gage de fraternelle tendresse.»
A MA FAMILLE
A MES AMIS
A mes Maîtres de la Faculté et des
Hôpitaux
A MONSIEUR LE DOCTEUR
RÉGIS
CHARGÉ DU COURS DES MALADIES MENTALES A LA FACULTÉ DEMÉDECINE DE BORDEAUX
OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon excellent Camarade Maurice EPROF
INTERNE A L'ASILE D'ALIÉNÉS DE CADILLAC
« En souvenir denotregrandeamitié. »
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR PITRES
DOYEN HONORAIRE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR ASSOCIÉ NATIONAL DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
« Dansles
questions où l'hérédité est
enjeu, disait Morel,
il importe, avant
d'incriminer
soninfluence, d'en constater
la présence non pas
seulement à l'aide de renseignements
oraux plus ou
moins justifiés, mais aussi et surtout
parl'examen du sujet qui
doit le plus souvent porteries stig¬
mates del'hérédité ».M. le Dr Régisa bien
voulu
nousconfier
le soin d'examiner un certain nombre de
paralytiques géné¬
raux afin de déterminer les stigmates
de dégénérescence
dont ils sont porteurs et
définir quel est le rôle de l'hérédité
dans la paralysie
générale progressive. Il est à remarquer, en
effet,quedans le courantde
cesiècle, et
enparticulier dans
ces vingt
dernières années, la lutte entre les partisans de
l'hérédité «
vésanique
» etentre les partisans de la syphilis, de
l'alcoolisme, des excès de toute nature se
développant chez
un
cérébral,
est devenue plusactive. Interne depuis plus de
deux ans à l'Asile de Cadillac, ayant eu sous nos yeux
de
nombreux paralytiques
généraux,
nouschercherons dans
notre travail à
apporter à la liste déjà longue des ouvrages
parussur l'étiologie de la
maladie de Bayle quelques docu¬
ments qui serviront
peut-être à éclairer
un peucette
ques¬tion.
Notre thèse
comprendra quatre chapitres
:Le premier sera consacré
à l'historique de l'hérédité dans
la paralysie générale
progressive
au xixesiècle.
Dans le second seront relatées nos observations ; nous relèverons aussi exactement que
possible chez les paraly-
tiques généraux que nous avons examinés les
principaux
stigmates de dégénérescence dont ils sont porteurs. Nous devons faire remarquer au début de notre travail que nous avons pris soin de rechercher nosparalytiques
dans toutes les classesde la société. Nous avons recueilli nos renseigne¬ments tant dans les asiles publics et privés
(Asile
de Cadillac, Asile de Château Picon, Maison de santé du Castel d'Andorte) que dans les cliniques et consultations auxquel¬les nous avons pu assister.
La discussion de nos observations ainsi que la
statistique
des faits qui sontl'objet de notre étude sera faite dans notre troisièmechapitre.
Dans le quatrième
chapitre,
nous étudierons la paralysie générale chez lesdégénérés,
et avec les quelques observa¬tions personnelles que nous avons pu recueillir nous com¬
pareronscelles qui ont déjà été publiées.
Enfin viendront nos
conclusions,
auxquelles sera jointun index
bibliographique
de la question.Mais avanttout, qu'il nous soit permis d'adressernos plus sincères remercîments à tous ceux de nos maîtres de la Faculté et des
Hôpitaux
qui ont bien voulu nous montrerquelque sympathie durant ces études médicales que nous couronnonsaujourd'hui.
Nous sommes heureux d'inscrire en tête de ces pages
le
nom de M. le Dr Régis, qui a bien voulu nous inspirer
notre sujet et qui ne nous a ménagé ni son temps,
ni
ses conseils. Qu'il soit assuré que nous lui en serons tou¬
jours très reconnaissant.
Parmi nos professeurs de la Faculté et des Hôpitaux, nos remercîments iront toutd'abord à M. le Prof. Lanelongue,
en qui nous avons trouvé un maître qui nous a toujours donné lesmarques du plus vifintérêt.
M. le DrRondot a droit à toute notre reconnaissance pour la part qu'il a prise à notre instruction médicale
pendant le
temps, hélas ! trop court, où il nous a été permis de suivreson service.
Nous n'oublierons pas non plus M. le Dr Baudrimont, qui a bien voulu guidernos premiers pas en chirurgie.
Que M. le Dr Nicoulau, médecin en chef de l'Asile de Cadillac, veuille bien agréer l'hommage de notre reconnais¬
sance, pour nous avoir, pendant les deux années d'in¬
ternat que nous avons passées dans son service, initié à la médecine mentale.
A tous ceux qui ont contribué à l'achèvement de notre travail, soit par leurs conseils, soit par les observations qu'ils ont bien voulu nous communiquer, à M. le Dr Pons, médecin en chef de l'Asile de Château Picon ; à M. le Dr Lalanne, médecin du Castel d'Andorte; au docteur Mérop,
interne à Château Picon ; à nos amis Epron et Leroy, inter¬
nesdes Asiles d'aliénés de la Gironde, nous adressonsnos remercîments les plus sincères.
M. le Prof. Pitresnous a montré une bienveillance et un
intérêt dont nous lui sommes profondément reconnaissant.
Il nous fait aujourd'hui l'honneur d'accepter la présidence
de notre thèse, et c'est pour nous un agréable devoir de lui témoigner notre vivegratitude en le priant d'agréer nos res¬
pectueux remercîments.
CHAPITRE PREMIER
Historique.
L'histoire de l'hérédité dans la
paralysie générale
progres¬sive a subi de nombreuses variations dans le cours du der¬
nier siècle, commel'a si justement faitremarquerM.
le Prof.
Joffroy,
dans une communication faite auCongrès des alié-
nistes et neurologistes d'Angers, au mois d'août
1898.
«L'opi¬
nion de la plupart des
aliénistes
dansla première moitié du
siècleest, disait-il, qu'on peut
rattacher la paralysie géné¬
rale progressive à la grande famille des maladies
mentales,
et qu'on peut reconnaître à l'hérédité une
influence consi¬
dérable sur son
développement.
»Eneffet, si nous reprenons chronologiquement
l'histoire
de l'hérédité dons l'étiologie de la paralysie
générale,
nousvoyons Bayle écrire en 1826 : « C'est une triste
vérité
que l'aliénation mentale, qui estune desmaladies les plus cruel¬
les dont l'homme soit atteint, soit en même temps de celles auxquelles l'hérédité
prédispose d'une manière très
mar¬quée. Cette cause est si énergique que
c'est
quelquefois laseule à laquelle on puisse attribuer le délire. Ce que nous disons de l'aliénation mentale en général, ajoute-t-il, s'appli¬
que également à l'espèce d'aliénation qui dépend d'une
méningite
chronique (paralysie générale progressive), et cela est si vrai que près de la moitié des maladesque nous avonsobservés,
et surlesquels
nous avonsobtenu des
renseigne-— 12 —
ments, avaient eu des parents plus ou moins rapprochés
atteints de la même maladie,ou
d'apoplexie,
de paralysieou demanie, de démence et de mélancolie. »Calmeil, quelques années plus tard, publiait cinqobserva¬
tions de
paralysie
générale due à « l'hérédité » et il ajoutait que « plus du quart desparalytiques
généraux aliénés comptaient dans leur parenté soit desmélancoliques,
des maniaques, des individus en démence, soit des hémiplégi¬ques ou des sujets atteints
d'encéphalite chronique.
»Pinel en 1844, Lunier en 1849, Aubanel, Baillarger et Sauzé en 1858, Marcé en 1862, Dagonet et Quatrefages (de
Montpellier)
un peu plus tard admettent eux aussi (et pouremployer
la phrase de Pinel) « la prédisposition héréditaire qui résume à elle seule toutes les causes dans cette ma¬ladie. »
Mais il faut signaler qu'Aubanel, Baillarger et Lunier se séparent de leurs prédécesseurs et ne reconnaissent plus
comme unedes causes de la paralysie générale « l'hérédité vésanique » et accordent en revanche une influence
prépon¬
dérante à «l'hérédité congestive». «L'hérédité de la
paralysie
générale, diten effet Lunier, est admise par tout le monde,mais nouscroyons,néanmoins, que la prédisposition hérédi¬
taire ne présente pas dans cette maladie les mêmes condi¬
tions que dans la folie. Dans la parenté des aliénéson ren¬
contre bien, ilest vrai, des paralytiques, des
hémiplégiques,
des déments, mais on y trouve surtout des aliénés. Tandis que dans la parenté desparalytiques on rencontre
principa¬
lementdes individus morts
d'apoplexie
ou de paralysie,des épileptiques,desdéments
». C'estun fait surlequelon n'a pas, à monavis, assez insisté.En 1857, dans son traité
Dégénérescence
del'espèce humaine,
Morel réduit encore l'importance de « l'hérédité vésanique » dansl'étiologiede
la paralysie générale.Mais nous sommes à la seconde moitié du siècle, et, pour citer encore
Joffroy,
des vuesdifférentes touchant les causes de la paralysie générale ne vont pas tarder à se fairejour.Déjà on ne pense
plus
avec Marcé » que lafolie
et la para¬lysie
générale progressive
sontdeux
rameaux d'une mêmebranche. »
En 1865, avec Lagardelle et Frièze, ce sont surtout les
causes de Pétiologie de la variété individuelle qui sont les
causes les plus importantes de la paralysie générale pro¬
gressiveet ces auteurs n'accordent à « l'hérédité vésanique »
qu'une influence très indirecte.
En 1877, Legrand du Saulle et Doutrebente reprennent l'idée de« l'hérédité congestive » et, sans repousser complè¬
tement « l'héréditévésanique », affirment que,
lorsque
cette dernièreexiste, laparalysie générale
ne revêt pas la même forme etqu'une des premières causes à invoquer dans Pétio¬logie de la paralysie générale est«
l'hérédité
congestive ».Nous pensons, dit Doutrebente, que la paralysie générale progressive n'estpas une « vésanie» etque, par suite, « l'hé¬
rédité
vésanique
»n'est passusceptible de produire la para¬lysie générale. C'est encore cette idéequi ressortde la thèse de Bouchoir, inspirée d'ailleurs par Legrand du Saulle.
En 1883, Bail et Régis, dans un travail d'observation con¬
sidérable, regardentcomme nulle l'influence de « l'hérédité
vésanique
» dans l'évolution de la paralysie générale et ils arrivent à ces conclusions « que la paralysie générale n'est pas une folie etnedoit pas être classée, comme on le fait généralement à tort, parmi les folies. Cette maladien'est pas unefolie, nonseulementparce que sessymptômes
sont tout à faitdifférents, mais aussi parce que en tantqu'espèce
mor¬bide elle nefait pas partie
de
lafamille
des folies, parce qu'elle ne naîtpoint comme elles de la folie et n'engendre point la folie, comme l'avait déjà pensé M. Doutrebente;enfin, parce qu'à l'instar des maladies cérébrales, elle naît des maladies cérébrales,etengendre desmaladies cérébrales.
Lesparalytiquesgénérauxappartiennentnon pas auxfamilles
d'aliénés,
qui n'existentpourainsi direpasdansces familles, mais aux familles des « cérébraux», et s'il existe une héré¬ditépour la paralysie
générale,
cen'est
point « l'hérédité— 14 —
vésanique » ou de la folie, mais « l'héréditécérébrale » ou, comme ledisaitM. Doutrebente, « l'hérédité des tendances congestives ». Il suit de là que les
paralytiques
généraux n'engendrent point desvésaniques,
mais des cérébraux, et que si les enfants de ces maladessont voués àune classe de maladies spéciales, en raison de la paralysie générale de leurpère
oude leur mère, ce n'estpoint
à la folie mais aux affections cérébrales et aux affections cérébrales de tout ordre. »La même année, Sauton, dans unethèse de Paris intitulée:
L'hérédité morbide et
manifestement vésanique dans la
para¬lysie générale
progressive », pense que la paralysie généraleest « une entité morbide qui doit être rayée du cadre des vêsanies et rangée dans la classe des affections purement cérébrales.»
Mais
l'opinion
de Doutrebente, de Bail, deRégis,
de Sau¬ton ne devait
point
tarder à susciter de nouvelles discus¬sions et de nouvelles recherches.Christian, en 1887,
rapporte
le résultat desesobservations, et conclut, comme l'avaient faitles anciens aliénistes depuis Bayle
jusqu'à
Doutrebente,que la
paralysie
générale ne diffère pas essentiellement des autres maladies mentales et qu'il n'y a pas lieu d'imaginerpour elle « d'hérédité spéciale ».
Déjerine
est du même avis.M. Féré, dans son remarquable ouvrage sur la
famille névropathique, s'exprime
encore ainsi : « La paralysiegéné¬
rale offreuneparticularité, c'estqu'elle a étéregardéecomme la moins héréditaire des maladies mentales. »
Mais il fautétablir une distinction ; M. Féré,en effet, sans nier absolument l'influence héréditaire dans Pétiologie de
la
paralysie générale, reconnaît qu'il ne faut pasconfondre
« héréditéet
prédisposition
».En effet, à partir de 1893, la question de l'hérédité de Pétio¬
logie de la maladie de Bayle va se présenter sous une nou¬
velle forme.
En 1893, Nicoulau écrivait : «Toutes les causes sont à invo¬
quer dans
Pétiologie
de laparalysie
générale, maisles
— 15 —
causesde
Pétiologie
de lavariété individuelle nesontle plus souvent que des adjuvants à l'égard les uns des autres, ou(qu'on
nous passel'expression
en faveur de l'image)que des agents d'explosion tombantsur un sol longuement élaboré par voiedégénérative,
soit personnelle, soithéréditaire,
quecettedégénération ancestrale semontre sous les formes nerveuse,congestive,
alcoolique, syphilitique
oumême vésa- nique. »La même année, Cullerre et son élève Gagnerot affirment quelescauses
étiologiques
dela paralysie générale sont mul¬tiples, mais chaque facteur n'a de valeur que s'il se trouve à évoluersur un terrain
prédisposé.
Ce terrain peut êtrepré¬
paré à l'éclosion des phénomènes
paralytiques
soit par une tare originelle de « nature vésanique » ou « congestive », soit enfin par le fait de la «dégénérescence innée ou ac¬quise ».
Les idées deFéré, de Nicoulau, de Cullerre et de Gagnerot
vonttransformer encore une fois la question de Pétiologie dansla maladie de Bayle, et nous allons désormais entrer dansunenouvelle voie. Il faut donc pour devenir
paralytique
général que le terrain soit préparé par une tare de « naturevésanique
» ou « congestive » ou par le fait de la « dégéné¬rescence», soit que cette dernière soit acquise, soit qu'on l'aitacquis personnellement. Avec Nacke, en effet, dans un travail publié dans le
Neurologisches Centralblatt,
du 1er septembre 1897, ouvrage dans lequel l'auteur a examiné 100paralytiques
généraux et comparativement 80 hommes nor¬maux, et dont le point de départestla recherche de la« dégé¬
nérescence », on arrive aux conclusions suivantes : « La
dégénérescence»
est un des facteursprincipaux à
invoquer dansPétiologie
de la maladie de Bayle. On trouve, en effet: 1°plus destigmates de dégénérescence chez
lesparalytiques
générauxque chez les individus normaux;2° cesstigmates
sont aussiplus accusés,
plus
graves ; 3° chez lesparalytiques
générauxinintelligents le
nombre desstigmates
estplus
accusé que chez les
paralytiques généraux intellectuels
». De- 16 —
l'étude de ce long travail, ilressort que le« paralytique géné¬
ral est un être presque prédestiné à la paralysie géné¬
rale, etdont lecerveau invalide dès la naissanceouplustard fait de lui un paralytico-nato, c'est-à-dire un être voué moi¬
tié par moitié à la paralysie générale, et dont le cerveau invalide depuis la naissance ou devenu invalide plus tard par l'acquisition de la
syphilis
s'affaiblit encore davantage.Et Nàcke ajoute plus loin : « Dans ces dernières années, beaucoup d'auteurs, et particulièrement Cristiani, en se basantsur l'examen des signes dedégénérescenceontconclu à l'invalidité cérébrale de la plupart des
paralytiques géné¬
raux, mais je crois qu'aucun n'a autant appuyé sur cette question quemoi. »
Funaioli, dans son livresur la paralysie
générale
en 1898,ne reconnaît pas à « l'hérédité congestive » la fréquence et l'importance que luiavaient attribuées ses partisans; mais,
au contraire, admet sans restriction l'influence de « l'héré¬
ditévésanique ».
Mariani se rallie lui aussi aux idées de Nâcke, de Cris¬
tiani, deCapelletti et de Funaioli puisqu'il écrit: « La cause semblegagnée aujourd'hui ; la
paralysie
générale nepeut
naître de toutes pièces,c'est «l'héréditévésanique», la cause
principale,
unique, « la cause descauses ».Crocq,en 1899, dansun article publié dans le
Journal de Neurologie,
envisage le rôle, de l'hérédité d'une manièrebeaucoup
plus large; aussi admet-il une héréditégénérale
morbide qu'il appelle «
diathésique
» et il soutient quele paralytique
généraln'est qu'un membre decette vastefamille, que par suiteses ascendants comme ses descendantsseront profondément «diathésiques
», etcomme telsprésenteront
une résistance organique moindre. Nous avons essayé
de
reconstituer le plus exactement possibleles phases
qu'avait
traversées la pathogéniede la paralysie générale danslecou¬
rant dusiècle dernier. Nous voyons, et cela pour résumer
cettequestion, que le rôle de l'hérédité « vésanique»
dans
l'étiologie
de la maladie de Bayle a prévalu dans lapremière
moitiédusiècle et cela jusqu'en 1865,
où
avec Lagardelleet Frièze elle est complètement battue en brèche. A partir de cette époque,et surtoutavecAubanel,Baillarger, Lunier, etc., et plus tard Doutrebente, Bail, Régis et Sauton, «l'hérédité vésanique » n'est plus admise, et le rôleprépondérant
est dévolu à l'hérédité « congestive ». Apartir de 1885, la ques¬tion change encore de phase et, avec Christian,
Déjerine
et Féré, « l'hérédité vésanique » va revivre. Enfindans cesder¬nières années une nouvelle transformation s'opère encore.
Avec Cullere, Gagnerot, Rogues de Fursac et Mariani en France, Nacke en Allemagne, Cristiani, Capelletti, Funaioli
en Italie, le facteurprincipal
à
invoquer dans l'étiologie dela
paralysie générale
est la dégénérescence, et pour devenir paralytique général il faut avoir le cerveau prédisposé,ou, comme je l'ai dit plus haut avec Nacke, être « un paralyti¬que-né ».
Mais pour compléter notre historique nous devons dire quelques mots sur les différents travaux concernant l'héré¬
ditétransmise par les paralytiques générauxà leurs descen¬
dants, question connexe, comme on le voit, et intéressante
auplus hautpoint. Nous devons faireremarquertoutd'abord
que cette histoire de la descendance des paralytiques géné¬
rauxa subi des variationsidentiques à celles déjà observées.
Eneffet,les partisans du rôle cle « l'hérédité vésanique» dans
l'étiologie
de la paralysiegénérale
ont trouvé cette même«hérédité vésanique» chez les descendants de ces mêmes
paralytiques.
Ceux qui accordaient un rôle prépondérant à« l'hérédité congestive» ont assigné pour la plupart la même
importance
à 1' « hérédité congestive » chez les descendants desparalytiques. Cependant nous devons faire une distinc¬tion. Parmi les aliénistes qui admettaient la prédisposition congestive chez les descendants des paralytiques généraux, certains et surtout M. le D1'Régis dans plusieurs travaux et dans quelques thèses soutenues par ses élèves, eten parti¬
culier dans celle de Ricard
(1900), n'admettent
plus chez lesdescendants
desparalytiques l'influence de F
«hérédité
congestive », mais celle
beaucoup plus
manifeste de lasyphilis. Les
quelques
observations où nous avons signalé la descendance desparalytiques
nous ont, à ce point devue, semblé suffisamment probantes pour nous rallier à cette théorie. Viennentensuite les auteurs qui, invoquant comme facteurétiologique
de la maladie de Bayle, la « dégénéres¬cence »,doivent fatalement trouver chez les enfants des para¬
lytiques
généraux les stigmatesdégénératifs.
Là, peut-être, la question deviendra plus complexe grâce à l'écart minime qui existe entre les stigmates héréditaires «vésaniques
» etceux de
Phérédo-syphilis
sedéveloppant
chez un «prédisposé congestif».Nous laisseronsdecôtécette question si passion¬nante pourtant, et nous allons dans notre second chapitre produire nos observations en ayant soin de bien déterminer quels sont les
principaux
stigmates de dégénérescence dontsont porteursnos
paralytiques
généraux.CHAPITRE II
Comme nous l'avons fait pressentir dans notre introduc¬
tion, nous allons dans ce second
chapitre
rechercher, en suivant la méthode de Nacke, lesprincipaux
stigmates de dégénérescence qui peuvent exister chez lesparalytiques
généraux. Mais toutd'abordil faut sinon donner une défini¬tion
scientifique
de la dégénérescence, tout au moins expli¬quer ce que nous entendons par ce mot. Nous ne pouvons mieux faire ici quedeciter l'opinion de M. le Dr Régis. Pour lui,eneffet, «ladégénérescenceestplus qu'unvice local,plus même qu'une maladie générale de l'individu, c'est une
déchéance de
l'espèce,
qu'elletend à acheminer progressive¬ment vers
l'extinction,
si elle n'est pas enrayée, et qui se traduitchez ses divers membres par un ensemble d'anoma¬lies de la constitution psychique et
physique
auxquelles on a donné lenom de « stigmates ». Ces stigmates peuvent être plus ou moins nombreux, plusou moins graveschezchaque sujet, mais toujours ils forment un ensemble, un « bloc», et c'est là lacaractéristique
de l'état de dégénérescence»(Régis, Leçons
sur lesmaladies mentales,1894).
Pour qu'il y aitdégénérescence,
et nous ne saurions trop le répéter, il ne suffit donc pas d'un ou même de quelques stigmates plus ou moins marqués, malformations purement locales, suscepti¬bles de se rencontrer chez tous les individus, il en fauL une
réunion
importante
et, pour ainsi dire, décisive. Et mainte¬nant que nous venons
d'expliquer
ce que nous entendions pardégénérescence,
nous devons faire connaitre le tableau quenous avons suivi dans la recherchedesstigmates, qui se— 20 —
divisent en
physiques
et psychiques. Mais tout d'abordnous devons dire qu'il nous a été bien difficile d'obtenirdes renseignements précis surl'état
psychique
antérieur de nosparalytiques. S'il est, en effet, facile d'examiner chezces malades les stigmates
physiques,
il est, au contraire, très ardu d'obtenir des familles des renseignements sur cequ'ont pu être, au point de vue mental, pendant leur vie les paralytiques
généraux.
Malgré notre bonne volonté, nous n'avons pu noter, dans laplupart
des cas, les différents troublespsychiques qu'avaient présentés nos malades; sansen nierl'existence, nous nepourrons donc rien affirmersur ce point; c'est surtout sur les stigmates « physiques» de dégénérescenée que nous nous appuierons pour formuler
nos conclusions. Nous signalerons cependant dans lecou¬
rant de nos observations les
paralytiques
généraux chez lesquels nousavons pu découvrirquelques
stigmates « psy¬chiques ».
D'après
le tableau qui va suivre, il sera aisément facile de se rendre compte de latechnique
que nousavons employéedans la recherche desstigmates de dégénérescencechezles
paralytiques
généraux :A)
Stigmates physiques.
io Crâne \ Anomalies de forme.
)
Anomalies de volume.a)Appareil osseux./2oFace
l Asymétrie faciale.
I Prognathisme.
; Anomalies de la voûtepalatine, j
Déviation de la
cloison dunez.I Ampleur
et écartement descavi¬
tésorbitaires.
3» Rachis 4° Tibia..
Modification de ses courbures.
Incurvation.
b) Appareil musculaire, Hernies.
c)Appareil digestif. 1°Système dentaire
~°Anomalies Bec-de-lièvre, etc.
- 21 —
cl)Appareil
génital.'
e) Appareil du sys¬
tème moteur
f)Appareil dessens spéciaux
CHEZ L HOMME I CHEZ LAFEMME Puberté. Système pileux.
Anomalie des organesgé¬
nitaux (Hypospadias, épispadias, anorchidie, cryptorchidie).
^
Pied bot.
Anomalies < Genuvalgum.
Puberté. Système pileux.
Seins. Règles.
Anomalie des organes gé¬
nitaux.
Syndactylie,etc.
S Implantation
Exagération duvicieuse des
pavilllon.oreilles
, Atrophie du
pavillon.
Anomalies dupavillon.
Lobulessessiles ou adhérents.
Strabisme.
Stigmates de kératite intersti¬
tielle.
Stigmates d'iritis.
Stigmates pigmentairesdu
fond
del'œil.
Surdimutité.
3°Phonateur
<j
Bégaiement,bredouillement.
Grasseyement,blaisité.
2° Visuel.
B) Stigmates psychiques.
a) Arrêt dedéveloppement.
b)Défautd'équilibre.
cl Névroses.
d) Phobies etobsessions.
e) Idées fixes.
f)Impulsionsirrésistibles.
g) Délire des dégénérés.
Nos observations ontporté sur
70 paralytiques généraux,
parmi lesquels 5
présentent des stigmates de dégénérescence
assezaccusés etassez nombreuxpour
qu'il
noussoit permis
de penser que la paralysie
générale s'est greffée et a évolué
chezces sujets sur un fonds
manifeste de dégénérescence.
Oes
cinq
observations serontpubliées dans notre quatrième chapitre
qui a trait à laparalysie générale chez les dégé¬
nérés et feront de notre part
l'objet d'une étude détaillée.
Nous classerons les 65
paralytiques généraux qui
nousres¬
tenten trois catégories :
— 22 —
1° Les
paralytiques
généraux qui ne présentent aucunstigmate de
dégénérescence,
ou bien un ou deux au plus ; 2° Lesparalytiques
généraux qui sont porteurs de stig¬mates de
dégénérescence,
mais en nombre infime et peu accusés ;3° Les
paralytiques
qui ont d'assez nombreux stigmates de dégénérescence et qui les ont assez accusés pour qu'on puisseinvoquer
quelque tare dégénérative.Observation I
Asile de Château Picon.
Pascaline B.... quarante-huit ans,logeuse en garni.
Entrée à l'Asile de Château Picon, le 28 février 1899. A cemoment, la malade présentait un état d'inconscience avec excitation vive, accu¬
sait un délire incohérent marqué par de l'optimisme et des idées de richesse absurdes. Embarrasmarqué dela parole avec rictus naso-labial et troubles moteurs caractéristiques.
Actuellement, état de démence tranquille. Embarras de la parole, tremblement fibrillaire de la
langue.1
Inégalité pupillaire : 0> D.Les pupilles ne réagissent ni à la lumière ni à l'accommodation.Pas destigmatesdedégénérescence.
Observation II
Hôpital Saint-André.
Armand IL.., quarante-neuf ans, peintre.
Antécédents héréditaires. — Père mort
d'hémorragie
cérébrale.Antécédents personnels. —Le malade'a été intoxiqué par le
plomb
et a été forcéd'abandonner son métier à cause des coliques saturnines qu'il présentait. Alcoolisme non douteux et syphilis probable.
L'état actuel de cemalade est le suivant : il présente de
l'inégalité
pupillaire : 00 > OD, du tremblement fibrillaire de la langue,du
tremblementgénéralisé des
membres. Euphorie très marquée. Perte de
la mémoire. Petitgâtisme.
Paralysie générale
audébut.
Lemaladene présente comme
stigmate de dégénérescence
quede la
dystrophie encupule des dents du maxillaire inférieur.
Observation III
Maison desantédu Gastel d'Andorte.
A...5
quarante-six
ans.Entre à la Maison de santé dans un état d'excitation maniaque
très vive. Délire des grandeurs très
accusé
;inégalité pupillaire, trem¬
blement fibrillaire delalangue, etc.
Le malade a eulasyphilis.
Pas destigmates de dégénérescence.
Observation IV Asile de Cadillao.
Jean D..., quarante etun ans,
courtier
envins.
Entre à l'Asile de Cadillac avec le diagnostic de paralysie
générale
audébut. Il présente, au moment où nous
l'examinons, de l'embarras
de la parole, de l'inégalité
pupillaire très marquée
:OD
>OG; la
déchéance intellectuelle estassez prononcée et
le malade fait montre de
conceptionsmégalomaniaques
absurdes. Perte de la mémoire à
peuprès
complète. Rienàrelever du côté des
antécédents héréditaires
;dans les
antécédents personnels signalons
l'alcoolisme, le
surmenageet la
syphilis.
Le malade est mort environ deux mois après son entrée à
la suite
dattaques apoplectiform.es.
Pas de stigmates de dégénérescence
physiques ni psychiques, et
nouspouvons affirmer, les renseignements qui nous ont
été donnés â
cesujet
ne pouvant être mis en doute, que lemalade
n'a présenté
aucune espèce d'anomalies aupointde vuepsychique.
- 24 -
Observation Y Asile de Cadillac.
Alfred D...,cordonnier, quarante-huit ans.
Présente à son entrée à l'Asile, avec une excitation très vive, de l'embarrasmarqué de la parole, du tremblement fibrillaire de la lan¬
gueetun affaiblissement notable des facultés.
Nous ne relevons chez lui aucun stigmate physique de dégénéres¬
cence. Au point devue psychique, nous n'avons aucun renseignement
sur le malade.
Observation YI
HôpitalSaint-André. Clinique des maladies mentales.
Ida B..., femme Saint-L..., quarante-deux ans, sans profession.
Paralysie générale à forme expansive. Démencecomplète et gâtisme;
embarras marqué dela parole; inégalité pupillaire : Gr > D.
Onne relève chez elle aucun stigmate de dégénérescence.
Observation VII Asile deCadillac.
FrançoisD...,
cinquante-sept
ans, tanneur.Entrepour la deuxièmefois àl'Asile avec le diagnostic de paralysie générale. Excitation cérébrale très vive. Embarras marqué de la parole. Tremblementfibrillaire delalangue. Idées incohérentes degran¬
deur; affaiblissement notable des facultés.
Esten ce momenten périodede rémission.
Pasde stigmatesde dégénérescence.
ObservationVIII Asile de Château Picon.
Marie-Louise IL.., quarante-quatre ans,lingère.
La malade à son entrée à l'Asile, le 29janvier 1901, est affectée de
— 25 —
clémence paralytique avecagitation etinconscience.
Elle
est bruyante, désordonnée, chante à tue-tête. Gâtisme. Délire optimiste. Satisfaiteet expansive, elle veut
faire
le bonheur du genre humain avec ses richesses; elle possède des millions, des diamants dontelle fait cadeau àtoutes les personnes qui l'approchent. Signalons encore du tremblement
fibrillaire dela langue, de l'inégalité pupillaire : G > I), etc.
Antécédents héréditaires. — Père mort dément Pas destigmates de dégénérescence.
Observation IX
Maison desantédu Gastel d'Andorte.
A..., cinquante-trois ans.
On ne possède aucun renseignementsur les
antécédents du malade,
nisur l'étiologie desa paralysie générale quisecaractérisepar un
délire
desgrandeurs des plus accusés.
Pas destigmates de dégénérescence.
Observation X Hôpital Saint-André.
Jean I)..., trente-huitans, menuisier.
Antécédents héréditaires. — Nuls.
Antécédentspersonnels. — Syphilis etalcoolisme.
Paralysie générale tendant à la démence avec euphorie, inégalité pupillaire,embarras marqué de la parole, etc.
Pas de stigmates de dégénérescence.
Observation XI Asile de Château-Picon.
Germaine 0.,.. domestique, trente-trois ans.
Entréeàl'Asile, le 17 septembre 1900, dans un état
d'agitation vio¬
lente, avecgâtisme. Elle accuse un délire de satisfaction et de richesse ; elleva semarier avec unjeune homme «
millionnaire
» etpartir
pour- 26 -
Paris. Les facultéssont très affaiblies et surtout lamémoire. Embarras marqué de la parole. Inégalitépupillaire: G> D.
Avril 1901. La maladeentre en rémissionincomplète. L'embarrasde laparole a presque disparu; la maladen'est pasgâteuse, mais le délire ambitieuxpersiste, ainsique les idées « connubiales ».
La maladeestsyphilitique.
Onne relève chez elle aucun stigmate de dégénérescence.
Observation XII Asile de Cadillac.
Dulcide P..., employédes contributions indirectes, cinquanteans.
Est arrêté à Bordeauxpour avoir voyagé sans billet.
Amené à l'Asile, le malade est dans unétat de démence paralytique.
Embarras marqué de la parole, inégalité pupillaire, idées de gran¬
deur, actesinconscients, gâtisme.
Sa mère est morte d'apoplexie; lui-même est syphilitique et a fait des abusfréquents de boisson, ainsi quedes excès vénériens.
Pas de stigmates de dégénérescence, si ce n'est de l'adhérence des lobules auriculaires.
Observation XIII
Maison do santé du Gastel d'Andorte.
A.trente troisans.
Paralysie générale progressive avec délire des grandeurs, embarras de la parole,etc.
Le malade est syphilitique et ne porte aucun stigmate de
dégéné¬
rescence.
Observation XIV Asile de Château Picon.
MarcelineD..., couturière, trente-sept ans.
Entre à l'Asile de Château Piconaumoisde décembre 1900. Démence
paralytique àforme
hypocondriaque.
Seplaint de tout, « souffre de latète etdes reins». Inconscience complète, avec légère excitation par intervalles. Embarrasde la parole, inégalitépupillaire: D > G. Mou¬
vementsde trombone de lalangue, parésie faciale gauche consécutive à
unictus.
On nerelève chez cette malade, comme stigmates de dégénérescence,
quedes oreilles mal ourlées eten éventail.
Observation XV Asile deChâteau Picon.
JeanneJ..., quarante-huit ans.
Démenceparalytique à forme mégalomaniaque;
délire absurde
desrichesses. Perte absolue de la mémoire, avec inconscience; gâteuse.
Embarrasde la parole, surtout prononcé à la fin des phrases. Rictus
naso-labial. Myosis de l'œil sain (la malade est borgne). Tremblement
fibrillaire delalangue.
Signalons, commeantécédentspersonnels, l'alcoolisme; la malade, en effet, buvaitdepuis de nombreuses années d'énormes quantités d'alcool,
etparticulièrement du rhum.
Pas destigmates de dégénérescence.
Observation XVI Asile de Cadillac.
Jean Y..., quarante-neufans,voyageur de commerce.
Entre à l'Asile pour la seconde fois, après un séjour de six
mois
au dehors, époque pendantlaquelle le maladeeut unerémission.Sonpère est mort apoplectique; lui-même a fait de nombreux abus d'alcool ets'estlongtemps soigné, au dire de safemme, pour une mala¬
die dont elle ignore la nature. Cette maladie est probablement la syphilis, car, sur les six enfants qu'a engendrés le malade, trois
seule¬
ment sontvivants; les trois autres grossesses de sa femmese sontter¬
minéespar des fausses couches.
Etat actuel. — Affaiblissement notable des facultés intellectuelles, embarras marqué de la parole, tremblement fibrillaire de
la langue,
paresse à l'accommodation,etc. Délire hypocondriaque.
— 28 -
Le malade meurt à la suite d'attaques apôplectiformes.
L'adhérence des lobules auriculairesest le seul stigmate de dégéné¬
rescence qu'on puisse relever chez lui.
Observation XVII Maison desantédu Gastel d'Andorte.
M..., quarante-cinq ans.
Est sous l'influence d'une excitation maniaque très intense lors de son entrée àla Maison de santé. Embarras de laparole, inégalité pupillaire, délire des grandeurs très caractéristique.
M... est syphilitique. 11 ne présente aucun stigmate de dégéné¬
rescence.
Observation XVIII Asile de Château Picon.
MarieL..., quarante-cinq ans, couturière.
Entre àl'Asile de Château Picon le 3 mars 1899. Démence paralyti¬
que àforme hypocondriaque. Gâteuse. Embarras de la parole, trem¬
blement flbrillaire dela langue. Inégalité pupillaire : G> D.
Pasdestigmates de dégénérescence.
Observation XIX Asile de Château Picon.
Marthe P..., quarante-deux ans, ménagère.
Démenceparalytique très avancée au momentdeson entrée;gâteuse.
Un an après, lamalade entre en rémission et cette rémission se main¬
tientencore. La maladepeut selever, n'est plus gâteuse, mais conserve
encore de l'embarrasde la paroleet de l'inégalité pupillaire.
Signalons comme signe de dégénérescence des oreilles mal ourlées et mal conformées.