FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE SCOLAIRE 1901-1902 N» 19.
DE LA VALEUR CLINIQUE
ËHHMl
DANS LES CAS DOUTEUX DE
PARALYSIE
GÉNÉRALE PROGRESSIVE
THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 27 novembre 1901
Pierre-Élie-Charles MAILLARD
Né le 15 Juin 187G, àEynesse (Gironde)
Ancien Externe desHôpitaux, LauréatdesHôpitaux Membre de la Société d'ànatomie et de Physiologie de Bordeaux
/ MM. PITRES, professeur, Président.
r , . , ,
\
VERGELY, professeur, )Examinateurs de la these.< oadawvo • • r
) CABANNES, agrege, > Juges.
\
RÉGIS,
chargé decours. )Le Candidat
répondra
auxquestions qui lui seront faites
surles diverses parties de l'enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE 10II Gr. DELMA8
10-12, rue Saint-Christoly, 10-12
-19CH
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M.deNABIAS Doyen. M.PITRES... Doyenhonoraire.
PROFESSEURS : MM. MICE
DUPUY MOUSSOUS.
Professeurshonoraires.
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Clinique externe Pathologie et thérapeu¬
tiquegénérales Thérapeutique
Médecine opératoire Clinique d'accouchements...
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Anatomiegénéraleethis¬
tologie Physiologie Hygiène
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Pathologieexotique LE
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Le Secrétaire de laFaculté: LEMAIRE.
Pardélibérationdu 5 août1879, laFacultéaarrêtéquelesopinions émises dans lesthèses qui lui
sont présentéesdoivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et qu'elle n'entendleur
donner niapprobation ni improbation.
REMERCIEMENTS
A mes maîtres
de la Faculté et des Hôpitaux.
A Monsieur le Docteur
Baudrimont, chirurgien honoraire des
hôpitaux, qui,
avec uneextrême bienveillance, nous guida, pen¬
dant une année d'externat,
de
sesconseils droits et éclairés.
A Monsieur le Docteur Davezac,
médecin des hôpitaux, qui
fut aussi pour nous, un
chef de service courtois et bon.
A Monsieur le
professeur agrégé W. Dubreuilh, médecin des
hôpitaux, dont
nousavons pu apprécier toute la science et
toute la modestie. Que ce
maître distingué, dont la sympathie
nous est si chère,
veuille croire à notre souvenir fidèle et recon¬
naissant :
jamais
nousn'oublierons qu'il nous a beaucoup
appris et qu'il
nous adonné l'exemple du devoir et du travail.
A Messieursles
professeurs agrégés Yillar, Pachon, Princeteau,
en
qui
nous avonsrencontré une sympathie et une amitié qui
nous sont
précieuses.
Plus
particulièrement encore, nous sommes heureux d'expri¬
mer notre
profonde et affectueuse reconnaissance à Monsieur le
Docteur
Régis, chargé du cours des maladies mentales à la
Faculté ,
qui, depuis longtemps, n'a cessé de nous témoigner de
l'intérêt et de l'estime. Nous savons
quel profit nous avons tiré
desdoctes et utiles leçons
de
cevénéré maître, et quel saint res¬
pect nous
lui
avonsvoué pour ses trésors de bonté, de probité
et de dévouement. Aussi considérerons-nous
toujours
commeun devoir de rester
digne de
sonamitié.Que réminent Professeur Pitres,
qui
nousfait le grand
honneur
d'accepter la présidence de
notre thèse, et dont nous reçûmestoujours
unbienveillant
accueil, nouspermette de lui exprimer,
enmême temps
que notre vivegratitude, notre
sincère et respectueuse
admiration.
Enfin,
nous n'oublieronspoint d'adresser
nos meilleurs remercîmentsà notre ami dévoué le DocteurAbadie,
chef declinique médicale
à la Faculté. Sonamabilité,
son zèle et sonsavoir, que nous avons si souvent mis àcontribution, nous ont été pour cette
thèse,
d'un réel secours. Qu'il veuille donccroire à tout notre attachement etaccepter les
vœux cordiaux quenous formons pour son
bonheur
et son avenir.PRÉFACE ET INTRODUCTION
Attiré,
depuis plusieurs années, par l'étude des maladies ner¬
veuses et mentales, que
surent
nousrendre si agréables et si
attrayantes, des maîtres tels que MM. les Professeurs Pitres
et
Régis,
nousfûmes Vivement intéressés lorsque, au début de
l'année,
parurent, dans les comptes rendus de la Société médi¬
cale des
hôpitaux de Paris, les importantes communications de
MM. Widal, Monod,
Sicard, Ravaut, Nageotte, Joffroy, sur
la
cytologie du liquide céphalo-rachidien dans les affections
nerveuses et mentales.
L'idée nous vint alors
d'entreprendre nous-mème, pour notre
thèse
inaugurale, quelques recherches sur ce sujet, et M. le Dr
Régis
nous encourageadans cette voie. M. le Professeur Pitres
ayant bien voulu
nouspermettre de profiter des ressources de
son laboratoire et de son service
de l'hôpital Saint-André, et
M. le Dr Abadie, son
chef de clinique, consentant, avec son obligeance habituelle, à nous prêter une aide précieuse, nous
nous mîmes résolument à l'œuvre, en
juin dernier.
Mais
depuis, d'autres travaux, plus autorisés que les nôtres,
n'ont cessé de
paraître, et ont presque résolu la question qui
nous intéressait
particulièrement : celle de la possibilité d éta¬
blir,
au moyende la cytologie du liquide céphalo-rachidien, un
cytodiagnostic dans les
casdouteux de paralysie générale
pro¬gressive.
Notre thèse ne sera donc pas une œuvre
absolument origi¬
nale. Elle n'a d'autre
prétention
quede
passer en revue toutce
qui
aété déjà dit et fait
surle sujet
que nousvoulons
traiter, et de servir derapide
exposéà
nosmodestes
travauxpersonnels.
Nos conclusions n'auront
point le mérite d'être inédites,
car elles viendrontsimplement corroborer celles auxquelles
ontdéjà abouti les auteurs cités plus haut.
Cependant,
netenant
pasà perdre complètement le fruit
d'un travailde
cinq longs mois,
nous nousrisquons, fidèle
à notrepremière idée, à
enfaire les éléments d'une thèse courte,
mais consciencieuse.Dans un
premier chapitre
nous résumeronsles premières
recherches faites sur la
cytologie du liquide céphalo-rachidien
dans les diverses affections nerveuses et mentales,
aiguës, subaiguës et chroniques, et les conclusions
tiréesde
ces recher¬ches.
Dans un deuxième
chapitre,
nousrapporterons,
avec tousles
détailsnécessaires, les travaux
qui ont particulièrement
trait à l'étudecytodiagnostique du liquide céphalo-rachidien dans les
divers processus
pathologiques, méningés
etcérébraux,
queles symptômes cliniques
nepermettent
pasde diagnostiquer
sûre¬ment. Nous y
consignerons, aussi, les observations
et les conclusions des divers auteurs,qui ont essayé de rechercher,
dans
quelle
mesure,le cytodiagnostic céphalo-rachidien pouvait
être utile pour
affirmer
ou repousser undiagnostic clinique
hésitant ou douteux.
Puis, dans un troisième
chapitre, estimant
quedes observa¬
tions
multiples
etdes recherches
nombreuses sont encore nécessaires pourrésoudre le problème
que nous avonsvoulu
contribuer à élucider, nous exposerons nos
quelques recherches
et nos
quelques observations.
Enfin nous poserons nos
conclusions.
Quantà
l'historique et à la technique de la ponction lombaire
et de l'examen
cytologique du liquide céphalo-rachidien,
nousles passerons sous
silence. Il
adéjà été trop écrit là-dessus,
pour que nous
voulions
yrevenir, et nous écarter ainsi de
de notrevéritable
sujet,
.
'
DE LÀ VALEUR CLINIQUE
du
Cytodlagnostlc Ceplialo-RacliMien
DARS LES CAS DOUTEUX DE PARALYSIE GÉNÉRALE PROGRESSIVE
CHAPITRE PREMIER
Rapide exposé des premières recherches
sur
la cytologie céphalo-rachidienne.
Pour la
première fois, le 13 octobre 1900, MM. Widal, Sicard
et Ravaut,
montrèrent, à la Société de Biologie, qu'il existait des
éléments cellulaires
figurés dans le liquide céphalo-rachidien au
cours de la
méningite tuberculeuse. Ils pensèrent que ces
éléments cellulaires anormaux
étaient probablement dus à une
irritation des
méninges, puisque, «dans les conditions physiolo¬
giques normales, le liquide céphalo-rachidien ne contient jamais
de
leucocytes
».(1)
Le 24
janvier 1901, parait, dans le Bulletin de la Société
Médicale des
Hôpitaux de Paris, une communication de
M.R.Monod,sur les «
éléments figurés du liquide céphalo-rachi¬
dien, au cours
du tabès et de la paralysie générale progressive. »
(1) Sicard, thèsedeParis
1900.
— 12 —
L'auteur
rapporte
queMM. Widal, Sicard
et Ravaut continuant leurs travaux ontponctionné
:1°
Sept paralytiques
générauxdont
leliquide céphalo-rachi¬
dien contenait de nombreux
lymphocytes
;2° Quatre
tabétiques, chez lesquels ils
constatèrent une abon¬dante
lymphocytose
;3° Un cas de névrite
périphérique, où ils
netrouvèrent aucun élément cellulaire anormal;4° Quatre
hémiplégiques organiques anciens
etrécents dontleliquide rachidien
étaitdépourvu d'éléments
cellulaires;5° Un cas detumeurcérébrale avec
épilepsie jacksonienne,
où lemicroscope
ne putleur révéler
aucunleucocyte
;6° Deux cas de
poliomyélite ancienne dont
l'examen cvtolo-gique céphalo-rachidien fut
aussinégatif.
« En résumé, dit M.
Monod,
ils ont trouvé d'une façonconstante chez les
tabétiques
etles paralytiques généraux des
éléments cellulaires
figurés
engrand nombre;
ce sonttoujours
les
lymphocytes qui dominent. Au
contraire, chez leshémiplé¬
giques, les alcooliques, dans
les névritespériphériques, l'hystérie,
les éléments cellulaires font défaut. Tels sont les faits : le seul
point qui paraisse acquis dès
maintenant, c'est quela
membrane
sous-arachnoïdo-pie-mérienne réagit lorsqu'elle
est lésée d'une façonquelconque, aiguë, subaiguë
ouchronique,
et leliquide céphalo-rachidien
semble être le témoin de cette réac¬tion. »
Danslemême Bulletin de la Société Médicale des
Hôpitaux,
nous trouvonsun article de MM.Widal, Sicard et Ravaut, sur
« la
Cytologie du liquide céphalo-rachidien,
au cours dequelques
processus
méningés chroniques (paralysie générale
ettabès).
» Ces auteursexpliquent
que, «ayant
montré dans un travail antérieur, quel'examen cytologique du liquide céphalo-rachidien,
au cours des
méningites aiguës,
pouvaitfournir
les éléments d'un véritablecytodiagnostic (lymphocytes dans la méningite tuberculeuse,, polynucléaires dans
laméningite cérébro-spinale),
ils sont amenés à chercher
comparativement
si, au cours des— 13 —
maladies
chroniques méningées, le liquide céphalo-rachidien 11e
se
peuplait
pasd'éléments figurés, intéressants à connaître pour
le clinicien ». Ils ont alors
ponctionné des tabétiques et des paralytiques généraux et ont trouvé chez tous ces malades des
éléments
figurés
enplus
oumoins grande quantité ; dans tous
les cas, les
lymphocytes dominaient (sur 100 globules blancs,
75 à 95
lymphocytes). Ils ont aussi étudié le liquide céphalo-
rachidien de malades atteints
de méningisme typliique, de paralysie agitante, de chorée chronique, de delirium tremens,
de
myopathie progressive, d'hémiplégies anciennes et récentes.
Dans presque
tous
ces cas,ils ont constaté quelques rares
éléments cellulaires, constitués par
des globules
rougeset quelques très
rareslymphocytes.
Donc,
disent-ils, l'examen cytologique céphalo-rachidien peut,
dans certains processus
chroniques cérébro-spinaux, permettre
de relever la
participation méningée. « Le lymphocyte dans le
liquide céphalo-rachidien n'est, pas plus un élément spécifique de
la
méningo-encéphalite et du tabès, qu'il ne l'est de la tuber¬
culose
méningée. Il est le témoin de réactions qui ne nécessitent
pas
l'intervention d'agents de défense puissants, tels que les
polynucléaires
». «De même, ajoutent-ils, que l'abondance des
lymphocytes dans le liquide céphalo-rachidien peut permettre,
comme nous l'avons montré, de
distinguer la méningite tuber¬
culeuse de la
méningite cérébro-spinale aiguë, du méningisme
de
Duprô et de la plupart des maladies aiguës qui peuvent la
simuler, de
même, l'abondance de
ceslymphocytes pourra, en
révélant une lésion méningée au cours
de divers processus chro¬
niques, aider à résoudre,
aupoint de vue du diagnostic et de la
pathogénie, divers problèmes posés par la clinique ».
Dans lemême Bulletin de lu Société des
Hôpilauoc,
setrouve
encore une communication de
MM. Sicard et Monoel,
sur1' « Examen
histologique du liquide céphalo-rachidien dans les
méningo-myélites
».Ces auteurs exposent qu'ils ont ponctionné
quatrecas
de mêningo-myélite. Dans trois cas, ils ont constaté des
lymphocytes
enabondance; dans l'autre cas, des lymphocytes
7
— 14 —
et des
polynucléaires
ennombre égal. Ils concluent
que « ce sont là des faits d'attentequi demandent évidemment
àêtre
soumis aucontrôle
anatoino-pathologique, mais
que,dès mainte¬
nant,ils étaient intéressants à relater,
puisqu'ils
permettentd'en¬
trevoir la
possibilité,
aulit du malade, d'interroger directement
les
méninges,
etde venir
enaide
auclinicien dans le diagnostic, parfois difficile, des méningo-myélites et de certaines maladies qui peuvent les simuler
».M. Widal,
qui prend la parole après
eux, atrouvé
aussi deslymphocytes dans
un casde mêningo-myélite
nonsyphilitique
et dans un cas de
méniiigo-myélite syphilitique,
cequi l'amène
à faire remarquer que «
l'exploration cytologique du liquide céphalo-rachidien
nefournit le plus
souventqu'un symptôme
commun à toute une série de maladies
chroniques,
au coursdesquelles la méninge est touchée. Ce symptôme, du fait seul qu'il révélera
unealtération de la membrane arachnoïdo-pie-
mérienne, pourra,
dans certains
cas, éclairer undiagnostic
hésitant entre une lésion
périphérique et
unelésion
centrale, de mêmequ'il
pourra,dans certains
cas,permettre d'affirmer
undiagnostic
encoreincertain de tabès
etde paralysie générale.
Son étude pourra,
peut-être,
parlà, avoir
unintérêt médico- légal.
»Dansle Bulletin suivant dela Société médicale des
Hôpitaux (31 janvier 1901), est rapportée
une communication de M. J.Nageotte
(Remarques
surles lésions méningées de la paralysie générale, du tabès
etde la myélite syphilitique, à
proposde la lvmphocytose du liquide céphalo-rachidien dans
cesaffections).
Cet auteur,
qui n'a
pasété surpris d'apprendre
quele liquide céphalo-rachidien des tabétiques
etdes paralytiques généraux
contenait, des
lymphocytes,
essayede rapprocher, de
ces consta¬tations
biopsiques, la description des lésions méningées
quel'on
observe dans le cerveau et dans la moelle des
paralytiques gé¬
néraux et des
tabétiques. Il établit
clairement que,dans
ces affectionsméningées chroniques,
reconnaissant poursubstra-
tum
anatomique
uneinflammation
diffuse de tout l'axenerveux,— 15 —
qui
secaractérise
parla présence de lymphocytes dans les parois
et les
gaines des vaisseaux et dans les espaces conjonctifs des
méninges molles, il n'est
pasétonnant que beaucoup de ces lymphocytes envahisseurs, fournis pour la plupart par la moelle,
puissent tomber dans le liquide céphalo-rachidien. M. Nageotte
fait aussi ressortir que,
dans la méningo-myélite syphilitique,
c'estun processus
analogue qui donne naissance à la lymphocy-
tose, la
méninge étant toujours prise
surune très large étendue.
Il existe donc, entre
toutes
cesaffections où les méninges sont largement lésées (paralysie générale, tabès, méningo-myélite
syphilitique), et où beaucoup de signes cliniques sont communs,
un lien an
atomique
commun; or,de
parla clinique, on trouve
la
syphilis à la base du tabès et de la paralysie générale aussi
bien
qu'à la base de la méningo-myélite. Si la méningite tuber¬
culeuse,
ajoute-t-il, présente, elle aussi, une réaction lympho-
cytique, c'est
queles réactions histologiques de la tuberculose
ressemblent le
plus souvent à celles de la syphilis. L'auteur
terminesa communicationen
mettant les observateurs
engarde
contre une cause d'erreur très
possible
:l'existence de lympho¬
cytes
dans le liquide céphalo-rachidien de sujets qui, ayant la
syphilis, sont atteints de maladies indépendantes de cette
syphilis. Chez ceux-là, dit-il, il peut se produire, à la faveur de
leur
syphilis,
unepetite complication fortuite, une méningite
syphilitique légère, si légère même qu'elle est inappréciable
cliniquement
;dans
cescas-là, la lymphocytose devra donc être
mise sur le
compte de la légère méningite accidentelle et non
sur celui de l'affection
principale.
b
CHAPITRE II
Travaux et
recherches ayant particulièrement trait
au
cytodiagnostic céphalo-rachidien dans les
-
affections
nerveuses etmentales.
—Choix
d'ob¬servations
intéressantes.
—Résultats acquis.
Les communications intéressantes et les travaux
importants
que nous venons de
rapporter et de résumer mettaient suffi¬
samment en relief
l'importance de l'examen cytologique du liquide céphalo-rachidien. De là à rechercher quelle pouvait être
sa valeur
diagnostique dans les maladies inflammatoires du système
nerveux, iln'y avait qu'un
pas.Ce
pas,il fallait le
franchirpour
arriver
àpréciser la valeur de la méthode cytolo¬
gique'céphalo-rachidienne
aupoint de
vuedu diagnostic,
etpour voirquel parti pourrait
entirer la clinique. Les premiers
auteurs poursuivent
leurs
recherches et d'autres, nombreux,se mettent à l'œuvre. Les
questions qui
seposaient étaient
celles-ci :
1° La
lymphocytose
serencontre-t-elle dans les affections
que l'onpeut confondre
avec le tabès ou laparalysie générale,
ou bien seulementlorsque
cesaffections débutent
ouexistent
véri¬tablement ?
2° Suffira-t-il
toujours de faire
uneponction lombaire
et d'examiner leliquide céphalo-rachidien
pourêtre
en mesure,— 17 —
danslescas
difficiles, d'affirmer
oude
repoussercatégoriquement
le
diagnostic de paralysie générale ou de tabès ?
3° La
lymphocytose, qui traduit toujours l'existence d'une
irritation des
méninges, pourra-t-elle,
pardifférents caractères,
fournir une
indication, toujours précise,
surla nature des
divers processus
irritatifs ?
Nous allons voir, comment et par
qui,
cesdiverses questions
ont été résolues.
Ce furent
d'abord MM. Brissaud et H. Monod qui, à la
Société de
Neurologie du 7
mars1901, font la présentation
suivante :
OBSERVATION I
Paralysie générale à évolution
anormale.
Il s'agit d'un
malade atteint de troubles de la parole dont le début
remonte à 6 ans. Les troubles intellectuels sont
réduits
auminimum,
les réflexes rotuliens sontexagérés; onobserve
du tremblement.
Une
symptomatologie aussi
pauvrerend le diagnostic particulièrement
difficile. S'agit-ild'uncas
fruste de sclérose
enplaques, d'une lésion de
la douzième paireou
d'un paralytique général? Une inégalité pupillaire,
légère et
transitoire, fit pencher le diagnostic vers cette dernière
affection. Une ponction
lombaire confirma cette opinion, en montrant
l'existence denombreux lymphocytes
dans le liquide céphalo-rachidien.
M. Joffroyfait remarquer,
qu'à l'heure actuelle, il faut noter
chez cemalade
l'intégrité absolue des phénomènes pupillaires,
et que
c'est
unfait tellement anormal, dans une paralysie
générale datant de 6
ans, que cediagnostic doit rester en
suspens.
M. Brissaud
répond
queles paralytiques généraux ont souvent
des troubles
pupillaires intermittents, et que l'absence de
symptômes oculaires, à l'heure actuelle, ne saurait donc suffire
pour
rejeter l'hypothèse d'une paralysie générale chez le malade
— 18 —
en
question, et
que,de plus, les troubles de
laparole
sont vraimentcaractéristiques.
M. Babinski
ajoute qu'il
aexaminé,
avec M. Nageotte,60
paralytiques généraux, et qu'ils ont
constamment retrouvé la formuleleucocytaire du liquide céphalo-rachidien indiquée
par MM. Monod, Widal et Sicard.Dans le Bulletin de la Société Médicale des
Hôpitaux du
21 mars 1901, M. Widal
prétend qu'on peut constater la
présence delymphocytes,
au coursde
processusméningo-myélitiques
pouvant se terminer parla guérison. A l'appui de
sonopinion,
il cite l'observation suivante :
OBSERVATION II
Méningo-myélite typhique.
Il aobservé avec M. Ravaut, dans le service de M. Dreyfus-Brisac,
une méningo-myélite typhique survenue dans la convalescence d'une dothiénentérie. Ils ont constaté la présence de lymphocytes dans le liquide céphalo-rachidien, deux moisenviron aprèsle début des accidents
nerveux. Le malade présentait alors de l'exagération des réflexes rotuliens, de la trépidation épileptoïde, des douleurs dans lesmembres inférieurs, de l'ensellure dès qu'il essayait de mettre le pied à terre.
Il sortit guéri six semaines plus tard.
Un mois
après, le 30
mai 1901,parait, dans le
Bulletin de la Société Médicale desHôpitaux,
une communication de MM. Babinski etNageotte "Contributionàl'étude ducytodiag-
nosticdu
liquide céphalo-rachidien
dansles affectionsnerveuses".Ils
prétendent
« quela ponction lombaire
apporte unélément
très
important
audiagnostic dans
certains cas, et que,parfois,
elle
permet de découvrir
et d'étudier des formespathogéniques
que
l'on n'aurait
pas pu soupçonner sans elle ». Comme preuvede leur
assertion, ils citent le cas suivant :— 19 —
OBSERVATION III
Affection cérébrale(?)
Un homme de40 ansprésente
des signes cérébraux qui ne permettent
depréciser aucun
diagnostic
;ils font la ponction, le liquide céphalo-
rachidien est rempli de
polynucléaires, et, du coup, le diagnostic de
méningite
cérébro spinale à forme ambulatoire s'impose.
Ils
groupent les observations qui font le sujet de leur travail
en 4
catégories
:1° Malades ne
présentant
aucunsigne objectif de maladie
organique du système nerveux, et chez cqui rien ne permettait
de soupçonner
le développement ultérieur d'une telle
affection
=liquide céphalo-rachidien normal.
2°
Affections des muscles et des nerfs périphériques
=
liquide normal
:Le
cytodiagnostic, permet-il de distinguer les polynévrites
du tabès et de la
paralysie générale, affections avec lesquelles
elles
peuvent être confondues ? Cela leur parait invraisem¬
blable, mais
les faits qu'ils ont recueillis ne les autorisent pas
à
répondre d'une façon précise à cette question ;
3° Lésions
organiques du système nerveux central : a) Affections considérées comme dues à une forme anato-
mique spéciale de la syphilis, forme diffuse dans laquelle
les lésions en
foyer sont exceptionnelles.
—Dans leur statis¬
tique,
ce groupecomprend : 26 cas de tabès classique, 3 cas de
tabès fruste, 7 cas
de paralysie générale, 1 cas de paralysie
générale fruste, 6
casde lésions combinées et 4 cas où le signe
d'Argyll-Robertson est le seul symptôme de syphilis nerveuse,
soit entout 47 cas
qui ont donné 46 fois une lymphocytose très
nette,
parfois énorme. Ils signalent particulièrement le cas
qu'ils étiquettent
:OBSERVATION IV
Paralysie générale fruste.
Ilconcerne un homme de 40 ans,
syphilitique,
quise plaignait d'acci¬dents assezvagues durant depuistrois ans,mais actuellement,plutôt en voie de décroissance : troubles de la parole qu'ils n'ont d'ailleurs pas
constatés, sensation désagréable dans la tête, troubles de la mémoire.
A priori déjà, on pouvait craindre, en raison de lasyphilis, que ce ne fussent là des accidents de
méningo-encéphalite,
malgré l'absence de tout signe objectif. La ponction lombaire, en leur montrant une lym- phocytose modérée, mais nette, les confirma dans cette impression, etsans vouloir, en aucune façon, préjuger de l'avenir de ce malade,
« ils croient pouvoir désigner son affection sous le nom de paralysie générale fruste, de même qu'on appelle tabès frustes ceux dont la pauvreté symptomatique fait une catégorie spéciale ».
Le seul cas de tabès où la
lymphocytose ait
manqué est celui-ci :OBSERVATION V
Tabès.
Il s'agit d'une femme de 42 ans, ayant des douleurs depuis sept à huitans. Les réflexes sont abolis, lesigne d'Argyll-Robertson existe, ainsi qu'une arthropathie de la hanche. Mais ils n'attachent pas une
grande importance à l'absence de leucocytes dans son liquide céphalo- rachidien, « parce que, les circonstances dans lesquellesils l'ont étudiée,
ne permettent pas d'affirmer qu'il n'y a pas eu quelque erreur maté¬
rielle ».
Il faut
ajouter
à ce groupe :OBSERVATION VI
Unca* deparalysie générale discutable.
Où le cytodiagnostic a été positif.
0&Q-
— 21 —
OBSERVATIONS VII et VIII
Deux cas de tabès discutables.
Dans l'un desquels le
cytodiagnostic
aété négatif ; dans l'autre cas,
où ilexistaitunenévrite
optique et divers symptômes tabétiques, le eyto¬
diagnostic a
été négatif.
La conclusion de
leurs recherches dans le groupe (a) est
que
la lymphocytose parait être un symptôme à peu près
constant dans les
lésions syphilitiques diffuses, quel que soit
leur
âge.
b) Affections considérées comme dues à une lésion en foyer
de l'a
syphilis
ouà
uneirritation quelconque, mais circons¬
crite, des
méninges.
Dans ce groupe,
leur statistique comprend :
a) D'abord 5
cas,soit de névrite optique, soit d'atrophie
pupillaire. Dans 4 de ces cas, le liquide céphalo-rachidien était
normal; dans
le cinquième, ils hésitaient à diagnostiquer du
tabès :
OBSERVATION IX
Tabès(?)
Lescaractèrescliniques
semblaient être
ceuxdu tabès, et la lympho¬
cytose
soupçonnée du liquide céphalo-rachidien se révéla manifes¬
tement.
(S) Puis, 7
casde tumeur cérébrale, dans lesquels ils ne cons¬
tatent
jamais de lymphocytes. C'est là, disent-ils, « un résultat
fort intéressant, car, comme
les néoplasmes intra-craniens
s'accompagnent souvent de méningite (1), cela conduit à penser
(1) Cette méningite
diffuse
aété signalée par M. Nageotte : Sur la
systématisation dans les
affections du système nerveux et, en particulier,
du tabès. Congrèsde
médecine de Paris, 1900. Section de neurologie.
que
la lymphocytose n'est
pasla conséquence
nécessaire de touteespèce de méningite
».y) Enfin, dans
2hémiplégies et 3 paraplégies, d'origine syphi¬
litique, le liquide céphalo-rachidien
était normal, mais la lésion étaitancienne, puisqu'elle datait
de quatre ans au minimum.Donc,
concluent-ils,
clans tous les cas cle lésions enfoyer
de
l'encéphale
ou de la moelle, leliquide céphalo-rachidien
reste normal.
Dans 1 cas de mal de Pott, aucun élément cellulaire.
Dans 3 scléroses en
plaques, ils
trouvent deslymphocytes
enquantité
variable, mais ils ne tirent aucune conclusion de cerésultat,
lediagnostic n'ayant
pas étéfermement
établi.Sur 5 cas
d'épilepsie
—qui
peutparfois
simuler laparalysie générale
— ils ont eu 3liquides
normaux et 2lymphocytoses
abondantes. Ces deux cas sont :
OBSERVATION X
Épilepsie
(?)Homme de 23 ans, épileptique depuis douze ans, actuellement en
voie de déchéance intellectuelle. Aucun signe ne permet d'incriminer sûrement laparalysie générale.
Examen cytologique =
lymphocytose.
« Est-ce là,
disent-ils,
un cas deparalysie générale juvénile
évoluant chez un
épileptique
et empruntantle
masquede
la démenceépileptique,
comme on en asignalé des exemples ?
»OBSERVATION XI
Épilepsie
(?)Homme de 53ans qui, àlasuite d'une première attaque épileptique,
est resté pendant trois semaines en état de confusion mentale; cette
— 23 —
confusion s'est
dissipée progressivement en laissant un certain degré
d'affaiblissement
intellectuel qui paraît avoir préexisté à cette époque.
Examen
cytologique
=lymphocytose.
« Est-ce là
aussi
un casde paralysie générale tout à son
début? »
Ils
posent
cesquestions sans les résoudre.
En résumé, sur
120
cas :1 fois
polynucléose;
56 fois
lymphocytose abondante;
3 fois
lymphocytose légère ;
60 fois
liquide normal.
Sur les 56
résultats positifs, ils trouvent, dans 50 cas, des
affections
considérées
commele résultat de la syphilis diffuse
(tabès, paralysie générale). Dans les 6 cas qui restent, le diag¬
nostic
clinique n'était pas suffisamment établi pour exclure le
tabès ou la
paralysie générale; dans 2 cas même, ces diag¬
nostics sont
plus
queprobables. « Il semble donc que la lym¬
phocytose permanente, lorsqu'elle n'est pas en rapport avec la
tuberculose
méningée, décèle habituellement la syphilis diffuse. »
Il serait donc,
ajoutent-ils, très intéressant et très important de
ponctionner systématiquement des syphilitiques, pour être fixé
sur le nombre des cas
où le virus atteint le système nerveux.
Ils
récapitulent alors les cas de syphilis qu'ils ont étudiés et ils
trouvent : 1 cas
de céphalée
sansaucun autre signe d'affection
organique, 1
casd'iritis, 2 cas d'hémiplégie et 3 cas de para¬
plégie. Tous
cescas ont été négatifs. Au contraire, chez un
individu :
OBSERVATION XII
»
Neurasthénie ou paralysie
générale.
Atteint de
syphilis,.qui présentait des symptômes que, à la rigueur,
on auraitpu mettre sur
le compte de la neurasthénie, ils ont trouvé une
lymphocytose
abondante qui leur a permis de poser le diagnostic de
paralysie
générale fruste.
— 24 —
Chez tous leurs
tabétiques (sauf
un casdouteux),
tousleurs paralytiques généraux,
tous leurs malades atteints dusigne d'Argyll-Robertson,
seul ou associé à unehémiplégie
ou à uneparaplégie,
en tout 50 cas, ils ontégalement
trouvé des lym¬phocytes
très nombreux. « Tous ces malades, ils les considèrentcomme des
syphilitiques,
en raison de l'affection nerveusequ'ils présentent
».En terminant leur communication si intéressante et si bien
documentée,
ils font remarquer « combien lalymphocytose
estprécoce dans
les affectionsqu'elle
semble caractériser,puis¬
qu'ils l'ont
trouvée dans des tabès réduits au minimum desymptômes,
etmême
dans des cas où lesigne de Robertson
est le seulsigne objectif
». Ils estiment quel'invasion lymphocy-
taire doitêtre
contemporaine des premières lésions,
etqu'elle
est mêmepeut-être
antérieureàl'apparition
des premierssymptômes.
Toutefois,
ils ne savent pas « si l'absence delymphocytes
peut permettre d'éliminer à coup sûrla
crainte d'une lésion orga¬nique
et si,parexemple,
onpeut être
assuréqu'un neurasthénique
ne
prépare
pas uneparalysie générale,
parce que sonliquide
ne contientpasplus de lymphocytes qu'à l'état
normal»; «quoiqu'il
en soit, il est un
point dès
àprésent hors
dedoute,
c'est quela lymphocytose
duliquide céphalo-rachidien
révèletoujours
sûrementune lésion matérielle des centres nerveux
s'accompa-
gnantd'altérations méningées. Ceci
seul suffit à donner unegrande
valeur aucytodiagnostic du liquide céphalo-rachidien
».M. Joffroy
qui,
à cette séance de la Société médicale deshôpitaux, prend la parole après la
communication de MM. Na- geotte etBabinski,
insiste sur la difficulté dans certains casdu
diagnostic
de laparalysie générale.
Ilrappelle
cequ'il
adit
à ce
sujet,
àla
séance de la Société deNeurologie, du, 7
mars1901, et il se demande
jusqu'à quel point l'examen cytologique
du
liquide céphalo-rachidien
modifie à cetégard la
situation. Aquel
moment, cettelymphocytose qu'on
constatetoujours
chez lesparalytiques généraux
avérés,apparaît-elle
? Sousquelle
forme se
fait,
audébut,
l'invasion cellulaire duliquide céphalo-
rachidien? Nous
l'ignorons
encore, dit M.Joffroy
« etc'est
— 25 —
pourquoi la ponction lombaire ne suffit pas, dans les cas diffi¬
ciles, pour
lever tous les doutes et permettre d'affirmer le
diagnostic
».A cepropos,
il rappelle la courte communication qu'il fit, le
20 mai, àla
Société Médico-psychologique, et l'observation qu'il
y
rapporta
:Alcoolisme chronique ou
paralysie générale au début.
Il s'agit d'un
alcoolique chronique ayant présenté, à la suite d'excès
récents,le délire
violent, les hallucinations, puis la confusion et l'ob-
nubilation mentales que
l'on note habituellement en pareil cas. En
quelques
jours, tous les symptômes disparurent et l'on constata que le
malade ne
présentait d'affaiblissement notable ni de l'intelligence, ni de
lamémoire, qu'il
n'avait absolument aucun trouble de la prononciation,
non plus
qu'aucun trouble des réflexes pupillaires. En un mot, on pa¬
raissait bien se trouver en
présence d'un simple alcoolique chronique
guéri
d'un accès aigu. Or, chez ce malade, guéri en apparence, il a fait,
11 jours
après
sonentrée dans le service, une ponction lombaire et
l'examen
cytologique du liquide céphalo-rachidien lui a montré l'exis¬
tenced'éléments très
nombreux dans la proportion suivante :
Comme terme de
comparaison, il prend le liquide céphalo-rachidien
d'un
paralytique général absolument classique et dont l'examen
donnait:
OBSERVATION XIII
Groséléments
polynucléés.
Gros éléments
mononucléés Lymphocytes
46 p.
100
13 p.
100
40 p.
100
Groséléments
polynucléés.
Groséléments
mononucléés Lymphocytes
11 p.
100
13 p.
100
75 p.
100
Fallait-il dans ce cas
conclure à l'existence d'une paralysie
générale
audébut parce qu'il y avait de nombreux éléments
— 26 —
figurés dans le liquide céphalo-rachidien
? oubien, fallait-il,
àcause du
grand
nombre depolynucléaires, rejeter
cediagnostic?
C'est ce
qu'il
nes'est
pas aventuré à faire.Aujourd'hui même
(20 mars),
une nouvelle ponction lombaire a été faite, etles résultats de ce nouvel examensont des plus curieux, puis¬quela formule cellulaire du liquide céphalo-rachidien s'est modifiée et estdevenue semblable à celle de la paralysie générale avérée:
Or, il dit que ce
résultat, quoique semblable
à celuiqu'on
obtient dans la
paralysie générale,
ne suffitpas pourentraîner
ce
diagnostic;
caril
estévidentqu'on
assiste à l'évolution d'une lésionqui, hier, présentait les
caractères d'une inflammationaiguë,
oudu
moinssubaiguë, qui
se présenteaujourd'hui (20 mai)
avecles
caractères d'une inflammationchronique
ou presqueéteinte,
mais que nousignorons
cequ'elle
serademain,
et
qu'il
ne peutdire
si les éléments cellulaires vontdisparaî¬
tre
complètement du liquide rachidien,
ou si, au contraire, ils vontpersister.
« Si,
plus
tard, ce malade s'affirme comme unparalytique général,
cette observation seraintéressante, puisqu'elle
nous montrera l'envahissement duliquide céphalo-rachidien
se fai¬sant à la
première heure,
avantl'apparition des
autressymptômes
et sefaisant
suivant le modesubaigu (prédominance
considérable des éléments
polynuclêés)
; si, au contraire, laparalysie générale
ne survient pas, on ne devra pasoublier les
résultats de la dernière
ponction qui fournissait,
entreles divers éléments cellulaires duliquide céphalo-rachidien,
exactement la mêmeproportion
quedans
laparalysie générale progressive.
» Il est donc autorisé àconclure que, àl'heure
actuelle, c'est-à- dire au début des études de lacytologie du liquide céphalo- rachidien,
il ne suffitpastoujours de faire
uneponction lombaire
pour
être
eu mesure, dans les cas difficiles, d'affirmer ou de repoussercatégoriquement le diagnostic de paralysie générale.
Gros élémentspolynucléés.
Gros éléments mononucléés
Lymphocytes
12 p. 100
11 p. 100
75 p. 100
— 27 —
M. Widal
qui, à cette séance, prend la parole après
M.
Joffroy, rapporte
uneobservation intéressante :
OBSERVATION XIV
Alcoolisme ouparalysie générale.
Il s'agit
d'un alcoolique qui entre dans le service de M. Widal avec
du délire etdel'excitation. La
ponction lombaire fut faite et il constata
une formule leucocytaire se
rapprochant sensiblement de celle de
M. Joffroy. Le
délire
secalma
aubout de quelques jours et M. Dupré
putconstater
alors, chez le patient de M. Widal, des signes indéniables
de paralysie
générale.
Le 6
juin 1901, MM. Séglas et Nageotte font, à la Société
médicale des
hôpitaux
unecommunication sur « le cytodiag-
nosticdu
liquide céphalo-rachidien dans les maladies mentales ».
Ils
apportent le résultat de 12 ponctions faites dans le service
de l'un d'eux et de
2 ponctions faites sur des malades de la
ville.
Sept de leurs malades atteints de démence précoce ont
donné un
liquide qui
necontenait pas plus de lymphocytes qu'à
l'étatnormal. Chez un
autre
:OBSERVATION XV
Alcoolisme chroniqueou
paralysie générale.
Alcoolique
chronique qui présentait de l'affaiblissement intellectuel,
des idées de
persécution et de grandeur, et des attaques épileptiformes,
ils n'ont pas
trouvé de lymphocytes.
Ilen a été de même
chez
unmalade
— 28 —
OBSERVATION XVI
Paralysie générale (?)
Agé de 46 ans, syphilitique depuis sixans, qui pouvaitêtrepris pour
unparalytique généralen raison de la syphilis et de l'apparitiond'une première crise épileptiforme à son âge avancé. Pas d'autres symptômes
de paralysie générale. Le cytodiagnostic aété négatif.
L'avenir nous
renseignera
surla valeur de
ce cas et nousapprendra si, dans des
casanalogues, l'absence de lymphocytose permet d'écarter la
crainte d'uneparalysie générale.
Chez deux
paralytiques
généraux,ils
ont trouvé deslymphocytes
enabondance, mais
l'unde
ces maladesprésentait
une forme anormale de
paralysie générale. Voici
cequ'ils
en disent :OBSERVATION XVII
Paralysie générale à forme anormale.
Malade présentant une forme anormale de paralysie générale en raison du nombre insolite d'accès et de vertiges épileptiformes qu'il éprouve. Le diagnostic peut êtrepourtant fermement établi parle signe
de Robertson, d'ailleurs son état mental s'affaiblit visiblement depuis
son entrée.Le cytodiagnosticestpositif.
Puis :
OBSERVATION XVII1
Paralysie généraleen état de rémission.
Ce maladeest à sadeuxièmerémission, ilnegarde comme symptômes qu'un état intellectuel affaibli, le signe de Robertson, letrouble de la parole et le tremblement des mains; il était entré en état d'agitation
mégalo-maniaque très violente. Il
adonné une lymphocytose nette, mais
beaucoupmoins
accentuée
quecelle du précédent malade, les cellules
sont pourla
plupart volumineuses et ont l'aspect épithélioïde.
OBSERVATION XIX
♦
Neurasthénie ouhystérieouparalysie
générale.
Jeune homme de 26 ans,
syphilitique depuis 5
ans,ayant eu des
céphalées en casque
très pénibles quelque temps auparavant. Il
présentait de l'excitation intellectuelle avec tendances ambitieuses. Il a
donnéun liquide très
riche
enlymphocytes. L'année précédente, il avait
euuneboufféeanalogue,mais
plus prononcée, accompagnée de paralysies
transitoires.Actuellement,iln'a d'autre
signe physique qu'un tremblement
très accentué des mains. Le diagnostic
était difficile à
poser, enraison
des antécédentsnévropathiques
du malade, neurasthénique et hystérique
depuisson
enfance.
Ils
pensent qu'il s'agit d'une forme de paralysie générale. En
tout cas, le
cytodiagnostic leur permet d'affirmer qu'il existe
une lésion matérielle du cerveau
et
queles méninges sont
touchées.
OBSERVATION XX
Démencevésanique ouparalysie
générale.
Homme de 45ans, syphilitique
depuis 15
ans,entré dans le service il
y a dixans, et
considéré jusqu'à
cesderniers temps comme un dément
vésanique; de
fait,
sonétat mental ressemble beaucoup à celui des
déments paranoïdes.
Récemment l'attention fut attirée sur lui par un
effondrement des os du nez avec
perforation du voile du palais; on
constatel'existence dusigne
d'Argyll-Robertson et quelques accrocs de
la parole, qui ne se
produisirent qu'une fois, et qu'on ne retrouve plus
danslesexamens ultérieurs. Son
liquide contenait des quantités considé¬
rablesdelymphocytes.
— 30 —
S'agit-il d'une paralysie générale
àforme
tout àfait
anormale évoluantdepuis 10
ans? S'agit-t-il d'une paralysie générale greffée
sur unedémence primitivement vêsanique ? Ils
nesauraient le dire, mais il est incontestable
qu'actuellement
sesméninges
sontaltérées
:la lymphocytose
en est une preuveabsolue. «
Lesrésultats destravaux decesauteurslesamènent àconclure que, «
quoi qu'il
ensoit, dès maintenant le cytodiagnostic du liquide céphalo-rachidien peut donner des renseignements utiles
en
clinique mentale, puisque la lymphocytose
ne se rencontrepas
dans des affections qui,
commela démence paranoïde,
sonttrès
capables de simuler parfois la paralysie générale, et puisqu'elle
peutdéceler
uneaffection organique, dans des
cas oùon
pourrait
secroire
enprésence de simples troubles fonc¬
tionnels ».
M. Joffroy revient sur la
question de savoir
àquelle époque apparaissent les éléments figurés dans le liquide céphalo-rachi¬
dien des
paralytiques généraux. Est-ce
unsigne de début ?
Précède-t-il les
symptômes
surlesquels
ons'appuie généralement
pour
établir le diagnostic de méningo-encéphalite progressive ?
Tel est le
problème
et «des
observationsmultiples
seront évidemment nécessaires pourle résoudre.
»Cependant, d'après
une observation :
OBSERVATION XXI
Paralysie générale.
Observation qui lui semble nette etprobante.
Il se croit en mesure de
pouvoir dire dès aujourd'hui (6 juin 1901),
quec'est dès le début,
avantles
troubles iriens, avant les troubles de laprononciation,
avantqu'on
ait trouvé des troubles bien accusés etcaractéristiques de l'intelligence
et de la mémoire, que
les éléments figurés apparaissent dans
le