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diagnostic pouvait déjà nous autoriser à émettre. Nous voulûmes cepen¬

dant montrerle malade àM. le DrRégis, et

le 22 octobre

nous

le lui

amenons, à saconsultationdes

maladies mentales.

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Ilrelève chezlui les symptômes que nous avions observés; mais le malade définitses douleurs comme «des éclairsqui luitraverseraient les jambes ». Notre Maître, rapprochant alors le caractèrefulgurant de ces douleurs du caractère ataxiforme de la démarche, du signe de Romberg

que présente le malade, de l'abolition des réflexes rotuliens qui est devenue complète des deuxcôtés, de la diminution de la sensibilité vis¬

céraleprofonde, de l'abolition du sens génésique, conclut à un cas inté¬

ressant de tabès associé à la paralysie générale.

Le 19 novembre 1901. -—• Les symptômes psychiques se sont légère¬

ment aggravés. La déchéance intellectuelle est marquée.

Les symptômes physiques sontgénéralement les mêmes. Nous notons

cependant (piele maladeprésentecejour-là, dans lesmembres inférieurs, des secousses nettementspasmodiques qui donnent à sa démarche un

caractère d'hypérataxie très accentuée. Le malade ne peut faire que

quelques pas. Sa sensibilité cutanée est manifestement diminuée en cer¬

tains endroits (zones

d'hypoesthésie),

exagérée end'autre points (zones

d'hypéresthésie).

Le lendemain, 20 novembre 1901, le malade marche moinsmal; sa démarcheest simplement ataxiforme et n'a plus le caractère .hypéra-taxique qu'elle présentait le jouravant. Plus desecousses spasmodiques.

La sensibilité cutanée est à peu près normale; c'est à peine si nous retrouvons quelques étroits ilôts de légère hypoesthésie. Plus aucune zone d'hypéresthésie.

c). Premier cytodiagnostic négatif. Confirmationde la paralysie générale. Deuxième cytodiagnostic positif.

OBSERVATION XLI

Recueillie à la consultation des maladies mentales de la Faculté.

(Personnelle.)

Neurasthénie ou paralysie générale audébut.

Premier examencytologique pratiqué enpériode neurasthénique : cytodiagnosticnégatif.

Deuxième examenpratiqué cinq mois après, enpériode euphorique, avec confirmation dessymptômes paralytiques: cytodiagnostic positif.

GermainD..., 31 ans, exerce la profession de cuisinier à Bordeaux.

Son père est cultivateur; il seportebien. Samère est mortejeune encore

d'une fluxionde poitrine. Son oncle maternel jouit d'une bonne santé.

Il n'ajamais euqu'une sœurqui estâgée de 33ans ; elle est mariée, n'a jamais été malade, mais est

d'un

tempéramenttrès nerveux.

Lui-mêmefut, de tout temps, impressionnable, timide, craintif. Son enfance n'apas étémaladive. Al'âge de 18 ans, il fut soignépar M. le

Dr Pousson pour une cystite hématurique qui persista dixans.L'an der¬

nier, il eut encore unehématurie et fut obligé d'avoir recours aux soins d'un spécialiste qui lui fit des instillations de gaïacol iodoformé. Tout l'hiverdernier, il abeaucoup toussé, mais sanscracher.

Il y a trois mois, il devint mélancolique, neurasthénique, et rentra pour sefaire soigner dans leservice du Professeur Pitres, d'où il est

sortidepuis quelques jours seulement. Il y fut considéré comme simple¬

ment neurasthénique; onle traita comme tel, et ne se sentant pasaller

mieux il quitta l'hôpital.

Le 18juin 1901, il vient à la consultation de M. le Dr Régis. Ilsepré¬

sente à nous, l'airtriste, abattu etinquiet. Il souffre, nous dit-il, cons¬

tammentde latête; parmoments, la douleur est intense et présente les

caractères de la céphalée en casque. Ses nuits sont mauvaises, peuplées

de rêveset de cauchemars. Sa digestion laisse à désirer, sa langue est sale; mais il n'est pas constipé.

Ils'aperçoitque,chaquejour, sa mémoirediminue etil s'entourmente beaucoup. Il ne peut lire ni écrire longuement. Il n'a pas d'idées fixes,

pas de mégalomanie; il estplutôt d'unpessimismeexagéré.Dès le début

de sa neurasthénie, il aremarqué que sa parole était embarrassée et qu'il lui arrivait souventde nepouvoir articuler nettement les syllabes des mots. Salangue est animée d'un léger tremblement fibrillaire, sans mouvements de trombone; ses lèvres sont aussi un peu tremblantes;

mais ses doigts ne présentent aucuntremblement, ni aucune secousse latérale. Il a de l'instabilité des deux globes oculaires et un léger nystagmus latéral des deux yeux. Ses pupilles sont très dilatées, la gauche l'estencore plusque la droite; celle-ci réagit bien à la lumière

et àl'accomodation, tandis que l'autre est à peu près insensible à la lumière. Les réflexes rotulienssonttrès vifs, surtout à gauche. Il a des vertiges, des éblouissements. Il est très fatigué par lemanque de som¬

meil.

Il nieabsolument la syphilis et l'alcool.

Enprésence de ces symptômes, M. leDrRégis pense tout de

suite

à

une paralysie générale au début, et nous demande de

ponctionner le

malade.

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Le 20juin 1901, Germain D... vientau laboratoire de M.le Profes¬

seurPitres, qui le ponctionne lui-même. Nous recueillons 3à 4 centimè¬

trescubes de liquide céphalo-rachidien très limpide et très clair. Nous centrifugeons ce liquideavecl'appareil de Krauss pendant dix minutes.

Nousétalons ledépôt avec une pipette capillairesurcinq lames. Deux de

ceslames sontcolorées àl'hématéine-éosine. Deux autres sont colorées àl'éosine-bleu, et lacinquième à la thioninephéniquée. Dans aucune de

ces cinq préparations, soigneusement faites, le microscope n'arrive à révéler d'éléments cellulaires. Le cytodiagnostic était donc absolument négatif, et nous pouvions, par là-même, écarter toute idée de paralysie générale, pour ne penserqu'à de laneurasthénie simple.

Le 25juin, le malade revient à la consultation de M. le DrRégis. Il

dit être plus mal, et, en etfet, nous constatons que l'embarras de la parole estplus accusé, que la voixest plushésitante,qu'ilprononceplus difficilement les mots un peulongs, etque, de temps à autre, il accroche

nettement quelques syllabes. Germain D... s'en rend parfaitement compte, ainsi,

d'ailleurs,

que de la diminution de samémoire qui faillit chaquejourdavantage.

Le tremblement de lalangueetdes lèvres persiste; sespupilles restent inégales etfortement dilatées. Les réflexes sonttoujoursvifs. Les doigts eux-mêmes sontanimés d'un fin tremblement. Sa tête est toujours dou¬

loureuse; sesnuits continuent à être mauvaises. Sa mélancolie et son

pessimisme persistent.

Le 9 juillet 1901. Germain D... ne va pas mieux. Il se plaint beaucoup de latète. Il déclare se servir difficilement de ses mains, de

sesbras et surtout de ses jambes, dans lesquelles il sent par moments

« de brusquesraidissements ». Il a parfaitement conscience des accrocs

qui seproduisent dans sa parole. Onaperçoitnettement unetrémulation

des lèvres etdes joues, trémulation ayant lieu surtout du côté gauche

de la boucheet remontantjusqu'à l'œilgauche. Le tremblement lingual

etdigital est aussi plus accentué.

Il n'a aucune idée de satisfaction ou de grandeur; il est, plutôt, tou¬

jours pessimiste.

Le 8 octobre 1901. Statu quo. Le malade tousse un peu.

Le 12 novembre 1901.L'embarras de la parole a tout à fait les

caractères de celui qu'on observe ordinairement dans laparalysie géné¬

rale; mais il estmanifestement en rapport avec l'émotivité du malade : ildisparaîtà peuprès complètement

dès

que

le malade n'est plus ému.

Il redevient très net aussitôt que le malade s'émotionne : alors les

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