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EFFET ANTIOXYDANT D'UN EXTRAIT AQUEUX DE NIGELLA SATIVA SUR LE DIABETE ALLOXANIQUE INDUIT CHEZ LE RAT WISTAR ET SUR L'HISTOLOGIE DU PANCREAS

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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61 Composés bioactifs

Effet antioxydant d'un extrait aqueux de Nigella sativa sur le diabète alloxanique induit chez le rat wistar et sur l'histologie du pancréas

Antioxidant effect of an aqueous extract of Nigella sativa on alloxanic diabetes induced in rat wistar and on the histology of pancreas

Karima BENSIAMEUR-TOUATI1,Ghouti KACIMI2, El-Mehdi HAFFAF3,Souhila AOUICHAT- BOUGUERRA1

1Laboratoire de Physiologie des Organismes, Equipe de Physiopathologie Cellulaire et Moléculaire, Faculté des Sciences Biologiques, Université des Sciences et de la Techno- loge Houari Boumediene, BP 32, El Alia, 16011 Alger, Algérie. 2Laboratoire de Biochimie de l'Hôpital Central de l'Armée, Ain Naadja, 16005 Alger, Algérie. 3Laboratoire de Méde- cine Nucléaire de l'Hôpital Central de l'Armée, Ain Naadja, 16005 Alger, Algérie.

Auteur correspondant: kbensiameur@yahoo.fr

Reçu le29 novembre 2019, Révisé le 28 décembre 2019, Accepté le 30 décembre 2019.

Résume Introduction. Les graines de Nigella sativa ont un large éventail d'applications thérapeutiques en médecine traditionnelle. Objectif. Le pouvoir antihyperglycémiant de Nigella sativa, exprimé, à travers le potentiel antioxydant a été évalué. Matériel et Méthodes. Le pouvoir antioxydant de l'extrait aqueux de Nigella sativa (EAq.NS) a été déterminé, dans un premier temps, à travers deux tests chimiques: le DPPH et le blanchissement du β-carotène. Puis, après induction du diabète par l'alloxane, les rats wistar ont été traités par 2 g/kg d'EAq.NS, pendant 8 semaines. La glycémie et l’insuliné- mie ont été mesurées. Les substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS) ont été déterminées au niveau sérique, érythrocytaire et tissulaire (tissu adipeux, foie et pancréas). Un examen histologique du pancréas a été réalisé, à l'issue du traitement, afin d'examiner l'effet de l’extrait sur les ilots de Langerhans. Résultats. Des perturba- tions métaboliques et des modifications histologiques des ilots de Langerhans ont été observées chez le rat, après l'injection d'alloxane. L'administration de l'extrait aqueux de Nigella sativa aux rats diabétiques a diminué, de manière significative, la glycémie et les TBARS sériques, hépatiques et pancréatiques et a montré une insulinémie rétablie. Ces résultats ont été confortés par l'observation histologique du pancréas, montrant une régénération des îlots et de leurs cellules constitutives, pouvant s'expliquer, à notre sens, par la théorie du balancement de Laguesse. Conclusion. L’EAq.NS montre un effet hyperglycémiant et antioxydant évident, à la dose de 2g/kg,, chez le rat diabétique.

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Mots-clés: Extrait aqueux, Nigella sativa, Diabète, Effet antioxydant

Abstract Introduction. Nigella sativa seeds have a wide range of therapeutic applica- tions in traditional medicine. Objective. The antihyperglycemic power of Nigella sativa, particularly, expressed by its antioxidant potential was investigated. Material and Methods. The antioxidant power of Nigella sativa aqueous extract (AEq.NS) was first evaluated through two chemical tests: DPPH and the bleaching of β-carotene. After induction of diabetes with alloxan, the wistar rats were treated with 2 g/kg of AEq.NS for 8 weeks. Glycemia, and insulinemia were measured. Thiobarbituric acid reactive substances (TBARS) were evaluated on serum, erythrocytes, and tissues (adipose tissue, liver, and pancreas). Histological examination of pancreas was carried out at the end of the treatment, in order to examine the effect of our extract on the Langerhans islets.

Results. Metabolic disturbances, and histological changes of the Langerhans islets were observed, in rats after alloxan injection. Administration of Nigella sativa aqueous extract to diabetic rats reduced significantly glycemia, and serum, hepatic and pancreatic TBARS, and restored insulinemia. These results were confirmed by pancreas histological observation, showing a regeneration of the islets and their β cells, which could be explainned, in our opinion, by Laguesse sway theory. Conclusion. AEq.NS shows an evident antihyperglycemic, and antioxidant effect, at a dose of 2g/kg, in diabetic rats.

Keywords: Nigella sativa, Aqueous extract, Diabetes, Antioxidant effect

Introduction

Le diabète de type 2 (DT2) est une maladie multi- factorielle, faisant intervenir, à la fois, des facteurs génétiques et environnementaux. Les principaux changements physiopathologiques qui en résultent sont une inflammation chronique, à bas bruit, liée à la production de cytokines pro-inflammatoires par le tissu adipeux, qui vont participer à l’insulinorésis- tance, en modifiant la signalisation des récepteurs à l’insuline. Ceci va évoluer vers une dysfonction des cellules β du pancréas, qui ne seront plus en capacité de produire de l’insuline. Ces changements engen- drent une perte du contrôle glycémique, menant à l’hyperglycémie chronique. Les cellules β subissent des changements fonctionnels, des processus de dé- différenciation, ainsi que des changements d’expres- sion géniques et protéiques, dus au stress glycémi- que. Ces dysfonctions cellulaires sont, notamment, causées par une augmentation du stress oxydant, une perturbation de l’homéostasie calcique et du méta- bolisme mitochondrial. Tous ces changements mè- nent à des complications micro- et macro-vasculaires [1].

Dans le cas du diabète de type 1 (DT1), l’hypergly- cémie chronique est causée par la destruction auto- immune des cellules β, induisant une carence insulini-

que.

Le diabète expérimental consiste à produire, chez l’animal un état comparable au diabète humain avec, notamment, l’hyperglycémie et l’hyperlipidémie, en vue de mieux comprendre certains aspects de la pa- thologie ou de trouver de nouvelles thérapies.

Afin de simuler le diabète chez l'animal, notamment, la souris et le rat, l’alloxane, analogue cytotoxique du glucose, est administré, ce qui va léser, sélective- ment, la cellule β du pancréas. Selon les doses choi- sies, l'alloxane peut induire une destruction quasi- totale des cellules β, menant à la carence insulinique du DT1 ou alors à leur destruction partielle ,menant à l’insulinopénie du DT2. L’alloxane agirait selon Lenzen [2] et Radenkovi et al., [3], par l'inhibition de la sécrétion d'insuline glucose-dépendante, la généra- tion des espèces réactives à l'oxygène (ERO), la frag- mentation de l'ADN des îlots pancréatiques par les ERO, l’augmentation de la concentration cytosolique du Ca2⁺ libre dans les cellules β du pancréas, à l'ori- gine d'une libération supra physiologique de l'insu- line.

Si au niveau des sociétés industrielles, les recherches et les tentatives en pharmacothérapie ont permis d’établir l’insulinothérapie pour lutter contre le dia- bète juvénile et le contrôle du régime alimentaire associé à la prise de molécules antidiabétiques

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63 (sulphonylurés, biguanide, methformine, …) pour le traitement et la lutte contre le DT2, dans certaines sociétés traditionnelles non industrialisées (Pays sous-développés et/ou pays émergents, de l'Afrique du nord, du Moyen-Orient et de l'Asie), la prise en charge médicamenteuse de pathologies dites chro- niques, comme le diabète, est en grande partie assu- rée par l’utilisation de plantes médicinales et alimen- taires [4].

Parmi les 800 plantes identifiées et étudiées dans le traitement potentiel du DT2, il y a Nigella sativa L. ou cumin noir, aussi connue sous le nom de Sanoudj en Algérie. Il s'agit d'une plante herbacée annuelle de la famille des Renonculacées, dont les graines ont été utilisées pendant des milliers d’années comme un agent de conservation des épices et de la nourriture, et comme un remède protecteur et sanitaire en mé- decine traditionnelle pour le traitement de nombreu- ses maladies. En effet, de nombreuses valeurs théra- peutiques de Nigella sativa ont été rapportées, sur le diabète, certaines tumeurs, l’hypercholestérolémie, l’hypertension artérielle, l’inflammation et les trou- bles gastro-intestinaux [5].

Dans cette étude, l'effet antihyperglycémiant d'un ex- trait aqueux de Nigella sativa a été déterminé, chez le rat wistar, s'exprimant, notamment, à travers les capacités antioxydantes de la graine.

Matériel et méthodes

Matériel végétal et préparation de l'extrait aqueux de Nigella sativa

Les graines de nigelle, utilisées dans cette étude, pro- viennent de la région d'Adrar dans le sud algérien.

Elles étaient débarrassées de toute impureté, lavées et séchées dans un endroit sec, plusieurs jours, avant d'être broyées.

L’extrait aqueux de Nigella sativa (EAq.NS) a été préparé selon la méthode de Vahdati-Mashhadian et al., [6], légèrement modifié:150 g de graines de nigelle broyés sont mis en suspension dans 500 mL d'eau distillée et soumis à un chauffage de 95°C pendant 12h, sur un agitateur thermostaté. La solu- tion est ensuite filtrée à travers une mousseline et le filtrat est porté à 90°C pendant 8h jusqu'à l'obtention d'un extrait pâteux, conservé à 4°C jusqu’à son utili- sation. Le rendement de l'extraction aqueuse était de 24%. Il a été calculé comme suit :

REAq.NS = (M’/M) x 100

REaq.NS : rendement en extrait aqueux ; M' : masse de l'extrait aqueux obtenue en g ; M : masse de la matière végétale sèche en g.

Animaux et régimes

Des femelles Rattus norvegicus, wistar, de poids moyen de 196,5 g ont été nourris avec le régime standard fourni par l’ONAB et de l’eau ad libitum.

Le protocole et l'utilisation des rats ont été approu- vés par le Comité d'Ethique de notre Institution (Décret exécutif n° 10–90 complétant le décret exé- cutif n°04-82 du gouvernement Algérien, fixant les termes et les modalités du bien-être animal dans les animaleries) [7].

Le diabète a été induit par une injection unique intra- péritonéale d'alloxane (Sigma-Aldrich) à la concentra- tion de 200 mg/kg de poids corporel. L'instauration effective du diabète a été confirmée par le dosage de la glycémie (˃120 mg/dL).

Trois lots ont été constitués : un lot témoin de 5 rats sains ne recevant pas d’alloxane et non traités (Contrôle: Groupe C), un lot de 8 rats diabétiques témoins (Modèle diabétique = DM) et un lot de 8 rats diabétiques traités à l'extrait aqueux de Nigella sativa (DNS) à la dose de 2g/kg. L'administration de l'EAq.NS se faisait quotidiennement, par gavage, à l'aide d'une sonde œsophagienne, durant 8 semaines. Les lots témoins recevaient en parallèle de l'eau distillée. Une étude antérieure, réalisée sur la toxicité subaigüe chez la souris nous a permis de définir le choix de la dose non toxique [8].

Etude chimique du pouvoir antioxydant de l'extrait aqueux de Nigella sativa

Le pouvoir antioxydant de l’extrait aqueux de Nigella sativaa été évalué par deux méthodes chimiques: le test du DPPH et le test du blanchissement du ß- carotène.

Test du DPPH

Le DPPH (2,2 diphényle-1-picryl hydrazyl) est un radical stable qui possède un électron célibataire sur l’atome d’azote, caractérisé par une couleur violette et un pic d’absorption spectral maximal à 517 nm. En présence d’antioxydants, l’électron célibataire de- vient apparié, ce qui conduit à la décoloration du DP- PH du violet (forme radicalaire DPPH) au jaune (for- me réduite DPPH-H). Cette décoloration représente, donc, la capacité de l’échantillon à piéger ce radical [9].

Le taux de l’activité antioxydante, selon le protocole décrit par Mansouri [10] a été évalué comme suit:

% d’activité antioxydante = (Abs control – Abs test)/(Abs control) *100 Abs control : Absorbance de la solution du DPPHsans l’échantillon (contrôle négatif). Abs test : Absorbance de la solution du DPPHen présence de l’échantillon.

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64 Test du blanchissement du ß-carotène

Ce test consiste à mesurer à 490 nm, la décoloration d’une solution de ß-carotène, qui résulte de son oxydation par les radicaux libres, produits par l’oxy- dation de l’acide linoléique sous l’effet de la chaleur.

La présence d’antioxydant induit un retard de la ciné- tique de décoloration de cette solution, ce qui se tra- duit par une absorbance élevée, indiquant que l’é- chantillon a un grand pouvoir antioxydant. Dans ce test, la capacité antioxydante des extraits est déter- minée, en mesurant l’inhibition de la dégradation oxydative du β-carotène (décoloration), par les pro- duits d’oxydation de l’acide linoléique, selon la mé- thode décrite par Kartal et al., [11].

L’activité antioxy-dante relative des extraits (AAR) est calculée selon l’équation suivante :

AAR% = Abs

t=2h (échantillon)*100/ Abs

t=2h (BHT) Prélèvements saunguins et tissulaires

Pour le suivi métabolique, des prélèvements sanguins ont été effectués par ponction rétro-orbitale au ni- veau du sinus de l'œil, à T0, soit au début de l'expéri- mentation avec l'injection d'alloxane aux lots DM et DNS, au temps S3, 3 semaines après l'injection de l'alloxane, correspondant à l'instauration effective du diabète et le début du traitement à l'EAq.NS du lot DNS, au temps S4t, soit 4 semaines après le début du traitement, ou 7 semaines après le début de l'expéri- mentation et au temps S8t, 8 semaines après le dé- but de traitement à l'EAq.NS, équivalant à 11 semai- nes après le début de l'expérimentation.

Les prélèvements sont effectués dans des tubes secs, pour le dosage de la glycémie, de l'insuline et des TBARS sériques et dans un tube avec EDTA pour l'évaluation des TBARS érythrocytaires. Le sang préle- vé est centrifugé pendant 10 min à 4000 x g/min et le sérum recueilli est conservé à -20°C. Les culots globu- laires sont rincés par du PBS 1X et centrifugés à trois reprises, puis subissent, avant dosage, une lyse cellu- laire dans un tampon de lyse (0,1 g d'une solution HCl Tris 0,1M dans 10mL de H2Od à pH 6,6 additionné à 500 𝜇L de 0,5% triton X100).

Au terme de l'expérimentation, les animaux sont sa- crifiés par une injection intra-péritonéale d'uréthane à 25%, à raison de 0.4 mL/100 g de poids corporel.

Le foie, le pancréas et le tissu adipeux ont été placés dans de la glace avant de procéder rapidement aux dosages tissulaires des TBARS. Des fragments de pancréas ont été fixés dans du paraformaldéhyde, en prévision de leur examen histologique.

Dosage de la glycémie et de l’insuline

Le dosage de la glycémie a été réalisé par kit ((Biosys-

tèmes, Barcelona, Spain) et le dosage de l'insuline par méthode radio-immunologique (Insulin-CT, CIS Bio- International, Schering, Baar, Switzer-land).

Détermination des TBARS sériques et érythrocy- taires

Le dosage du malondialdehyde (MDA) sérique et éry- throcytaire, reposant sur l'évaluation des TBARS, a été effectué selon les méthodes de Yagi [12] et Wong et al., [13]. La lecture est faite à 532 nm et la quantité de TBARS évaluée par extrapolation sur la courbe étalon.

Dosages tissulaires des TBARS

La peroxydation lipidique, au niveau de foie, du tissu adipeux et du pancréas est quantifiée par la méthode spectrophotométrique d’Ohkawa et al., [14] qui repo- se sur la formation en milieu acide et à chaud entre le MDA et deux molécules d’acide thiobarbiturique (TBA), d’un complexe coloré absorbant à 532nm. Les concentrations de MDA du foie, du pancréas et du tissu adipeux sont déduites à partir d’une gamme étalon établie dans les mêmes conditions expérimen- tales précédentes. Les résultats sont exprimés en µmol de MDA/100g d’organe.

Etude histopathologique

Cette étude a permis d'observer l'effet de l'EAq.NS sur les îlots de Langerhans des pancréas de rat, préle- vés à l'issue de 8 semaines de traitement, après in- duction du diabète par l’alloxane.

Selon la méthode de Martoja & Martoja, [15], modi- fiée, les structures tissulaires ont été d’abord fixées dans du paraformaldéhyde à 4%, pendant 24h. Après un rinçage, d'au moins 2h sous un mince filet d'eau courante, les fragments sont conservés dans l'isopro- panol à 70%, dans l'attente de leur déshydratation dans des bains d'éthanol successifs de 30 min, chacun à des degrés croissants. Des coupes de 2 µm d'épais- seur sont réalisées, après inclusion des fragments dans la paraffine. Cette étape est suivie d'une colora- tion topographique au trichrome de Masson et les coupes sont observées à l'aide d'un microscope pho- tonique munis d'un appareil photo HIROCAM.MA.88- 500.

Analyse statistique

Les résultats sont présentés sous forme de moyenne

± erreur standard. Après ANOVA, à simple et double entrée, l'effet de l'EAq.NS est testé sur les rats en fonction de la durée du traitement, utilisant RCom- mander {Rcmdr} statistic paquet, complétée par le test ‘t’ de Student (logiciel STATISTICA version 6).

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65 Dans tous les cas, les écarts sont considérés signifi- catifs à p<0,05.

Résultats

Pouvoir antioxydant de l'extrait aqueux vis-à-vis du DPPH et du β-carotène

Le pouvoir antioxydant de l'extrait aqueux de Nigella sativa a été évalué par le dosage du DPPH, compara- tivement au contrôle positif, représenté par le BHA (IC50=21,28±0,12µg/mL) et le BHT (IC50=12,76±0,08 µg/mL) et de son taux d'inhibition de la peroxydation lipidique, par le test du blanchissement du β-carotè- ne. Ainsi, le premier test effectué a montré que l'EAq.NS s'avère moins actif que le BHA et le BHT et présente une IC50 de 1810 µg/mL (Fig. 1).

Fig. 1. Taux de réduction du DPPH par l'extrait aqueux de Nigellasativa

L'étude de la cinétique de blanchissement du β- carotène, à 490 nm en présence de l'EAq.NS, a mon- tré l'existence d'une activité antioxydante certaine, comparée à un contrôle négatif (14,79 %), avec un taux d'inhibition de la peroxydation lipidique de l'EAq.NS de 46%. Elle représente, ainsi, près de la moitié du pouvoir antioxydant du standard utilisé, dans les mêmes conditions, le BHT (100 %) (Fig. 2).

Evolution de la glycémie et de l'insulinémie

L'injection de 200 mg/kg d'alloxane aux rats a per- mis l'instauration du diabète, exprimé par une dimi- nution de l'insulinémie (Fig. 3) de 25%, chez le groupe DM (modèle de rats diabétiques) et de 37%, chez les DNS (diabétiques traités par Nigella sativa). Cette diminution persiste, chez le groupe diabétique et devient significative (p<0,05) par rapport à T0, pour le même lot, alors que le traitement à l'EAq.NS restaure l'insulinémie de l'ordre de 20%, tel que noté,chez les DNS, puisque comparé à T0, l'écart n'est plus que de 17% (34,50±3,73 vs 25,74 ± 4,60 UI). L'administration de l'EAq.NS a montré une nette amélioration de la glycémie, chez les rats DNS, après un mois de traite- ment (p<0,001) et se maintient après 2 mois (p<0,01).

Fig. 2. Cinétique de blanchissement du β-carotène et taux d'inhibition de la peroxydation lipidique par l'EAq.NS

Fig. 3. Evolution de la glycémie et de l'insulinémie C: groupe contrôle. DM: Modèle de rats diabétiques. DNS:

Diabétiques traités avec 2g d'EAq.NS/kg PC. T0: Début de l'expérimentation. S3: 3 semaines après l'injection d'alloxane.

S4tet S8t : respectivement après 1 mois et 2 mois de traitement à l'EAq.NS. ¤ C (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3) ; * DM (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3) ; †DNS (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3).

Les résultats du test ANOVA (Tableau I) font égale- ment ressortir une différence significative dans le

y = 26,38x + 2,116 R² = 0,952

0 20 40 60

0 0,5 1 1,5 2 2,5

% de réduction du DPPH

Concentration de l'extrait aqueux en mg/mL

0 20 40 60 80 100 120

BHT EAq.NS Contrôle (-) Activité antioxydante relative (%)

0 50 100 150 200 250 300 350

T0 S3 S4t S8t

Taux de glycémie en mg/dL

Durée de traitement en semaines, avec 2g/Kg d'EAq.NS C DM

** DNS

**

*

††

†† ††

0 10 20 30 40 50 60

T0 S3 S8t

Insulinémie (UI)

Durée de traitement en semaines avec 2 g/Kg d'EAq.NS C DM DNS

*

*

20%

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66 temps, c'est-à dire durant les 8 semaines de l'expéri- mentation entre les différents lots de rats (C, DM et DNS).

Tableau I. Test ANOVA à double entrée sur les effets du traitement chez les groupes de rats, la durée du traite- ment et leur interaction «Groupes × Durée» sur la glycémie et l'insulinémie chez Rattus norvegicus

F:F-statistics, Différence significative à P<0,05.

TBARS sériques, érythrocytaires et tissulaires

Les TBARS érythrocytaires semblent moins affectés par l'alloxane que les TBARS sériques (Fig. 4), bien que cet effet semble plus s'exprimer dans la durée, puisque le groupe DM montre une augmentation des TBARS érythrocytaires qui devient significative vers la fin de l'expérimentation. Aussi, l'injection d'alloxane augmente significativement les TBARS sériques, chez les deux groupes DM (p<0,01) et DNS (p<0,001), alors que le traitement à l'EAq.NS entraine leur baisse re- marquable, après 2 mois de traitement (p<0,001) et, plus significativement, pour les TBARS érythrocytaires (p<0,05).

Le test ANOVA confirme l'influence de la durée de l'expérimentation sur l'évolution des taux de TBARS (p= 0,001 (Tableau II).

Tableau II. Test ANOVA à double entrée comparant les effets du traitement sur les groupes de rats, la durée du traitement et leur interaction «Groupes × Durée» sur la variation des TBARS sériques et érythrocytaires

F:F-statistics, Différence significative à P<0,05.

Les TBARS tissulaires (Fig. 5) montrent, après induc- tion du diabète, une augmentation significative dans le pancréas (p<0,01), confirmant, ainsi, que cet orga- ne est la cible préférentielle de l'alloxane.

Les TBARS, au niveau du foie et du tissu adipeux, ont tendance à augmenter, mais de façon non significati- ve. L'administration de 2g d'EAq.NS aux rats entraine une diminution non significative mais, néanmoins, vi- sible de ce paramètre, aussi bien, dans le pancréas

(139,52±12,99 vs 158,63±9,8 µM/100g) que dans le foie (152,1±12,01 vs 169,59±27 µM/100 g).

Fig. 4. Variation des TBARS sériques et érythrocytaires chez Rattus norvegicus traité avec 2 g/kg d'EAq.NS après induction du diabète par l'alloxane

Les valeurs sont exprimées en moyennes ± ES. C: groupe contrôle. DM: Modèle de rats diabétiques. DNS:Diabéti- ques traités avec 2g d'EAq.NS/kg PC. T0: Début de l'expéri- mentation. S3: 3 semaines après injection d'alloxane. S4tet S8t : respectivement après 1 mois et 2 mois de traitement à l'EAq.NS. Le degré de signification est calculé par: *,¤,‡

p<0,05 ; **¤¤,‡‡ p0,01 ; ***,¤¤¤,‡‡‡ p0,001. ¤ : C (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3) ; * : DM (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3) ; ‡ : DNS (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3).

Examen histologique des îlots de Langerhans

L’observation des coupes histologiques des pancréas de rats témoins (Fig. 6. A, B, C) a permis d’observer une structure normale de l'organe. Celui-ci apparait divisé en lobules, par des cloisons de tissu conjonctif, les lobules sont composés, en grande partie, de cellu- les exocrines (A). Au sein du tissu exocrine, les îlots de Langerhans (A et B) forment la composante endo- crine du pancréas. Les îlots sont délimités par une fine capsule conjonctive de réticuline (C), sont de tail- les différentes et de forme plutôt ovalaire, contien-

0 2 4 6 8 10 12 14

T0 S3 S4t S8t

TBARs sériques µM/L

Durée de traitement en semaines avec 2 g/kg d'EAq.NS

C DM DNS

‡‡‡

‡‡‡

**

0 5 10 15 20 25

T0 S3 S4t S8t

TBARs érythrocytaires µM/L

C DM DNS

*

Groupes Durée Groupes

× Durée

F P F P F P

Glycémie 76,56 <0,001 11,94 <0,001 12,67 <0,001 Insulinémie 0,29 0,749 5,05 0,013 0,90 0,477

TBARS

Groupes rats

Durée Groupes

× Durée

F P F P F P

Sérum 1.29 0.291 7.99 0.001 1.95 0.108 Erythrocytes 0.96 0.394 0.72 0.549 1.19 0.341

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67 Fig. 5. Variation des TBARS tissulaires chez Rattus norve- gicus traité par 2g/kg d'EAq.NS, après induction du diabè- te par l'alloxane

Les valeurs sont exprimées en moyennes ± ES.C: groupe contrôle.

DM: Modèle de rats diabétiques. DNS: Diabétiques traités avec 2g d'EAq.NS/kg PC. T0: Début de l'expérimentation. S3: 3 semaines après injection d'alloxane. S4t et S8t : après 1 mois et 2 mois de traitement à l'EAq.NS. Le degré de signification est calculé par:

*,¤,‡ p< 0,05; **,¤¤,‡‡ p0,01, ***,¤¤¤,‡‡ p0,001. ¤ : C (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3) ; * : DM (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3)

; ‡ : DNS (S3 vs T0, S4t vs S3 et S8t vs S3).

nent plusieurs types de cellules pourvues de noyaux réguliers et sont richement vascularisées (C). Chez les rongeurs, les cellules β sont regroupées au centre des îlots et sont entourées d’une couche hété-rogène de cellules α, δ et PP. L'observation microscopique des coupes de pancréas de rats diabétiques montre que seules les cellules des îlots de Langerhans sont détruites, alors que les acini restent intacts ((Fig. 6.

D, F, G). Les îlots dégénèrent, rétrécissent en taille et perdent leur limite cellulaire de réticuline (G). Ils apparaissent, pour certains, totalement déstructurés.

La surface spécifique du tissu des îlots est devenue fortement réduite, en raison des processus nécro- tiques observés. En effet, des modifications nuclé- aires (H) se traduisent par des noyaux denses en périphérie, avec d'importantes zones de clarification, suite à une dégranulation cytoplasmique, ces modifi- cations étant des signes d'apoptose. Chez les rats traités à l'EAq.NS, une forme nettement plus régu- lière est observée au niveau des îlots ((Fig. 6. I, J, K) qui semblent être en meilleur état, avec des struc- tures cellulaires et nucléaires plus régulières et une diminution de la dégranulation cytoplasmique.

Cependant, la persistance, par endroit, de zones de rétraction est notée. Dans certains îlots, la forme irrégulière observée (J, L) nous semble en faveur d'un balancement de Laguesse.

Discussion

Une étude chimique préliminaire a été réalisée dans le but d'évaluer l'activité antioxydante de l'EAq.NS.

Les résultats ont montré une IC50 de 1810µg/mL.

Cette activité est nettement inférieure à celle des an- tioxydants standards considérés dans notre étude, BHT (12,76 µg/mL) et BHA (21,28 µg/mL), mais aussi à celle observée par Méziti [16] qui l'avait évaluée sur un extrait aqueux, obtenu à partir de graines locales et qui rapportait une IC50 de 447,76 µg/mL. De fai- bles valeurs de l'IC50 avaient été rapportées par d'au- tres auteurs mais sur des huiles essentielles (HE) et non des extraits aqueux de Nigella sativa.

Fig. 6. Observation microscopique de coupes de pancréas de rats témoins, diabétiques et diabétiques traités à l'EAq.NS (2g/kg PC)

Témoin : A&B: X 100, C : X 400. Modèle diabétique (DM) : D, E &

F : X100, G, H : X 400. Diabétiques traités par l’EAq.NS (DNS):I, J, K : X 100, L : X 400.

Ainsi, Burits & Bucar, [17] ont obtenu une IC50 de 460μg/mL, pour une HE extraite de graines austra- liennes et une IC50 de 515 μg/mL pour une HE extrai- te de graines turques. Ces variations d'IC50 peuvent s'expli-quer par des facteurs qui peuvent affecter la compo-sition chimique des graines de nigelle et, par conséquent, la capacité antioxydante de l’échantillon, tels que des écotypes, variant d'une région à une autre et, parfois, au sein d'une même région, mais aussi par les procédés d'extraction utilisés ou encore par le procédé de dosage lui-même (différences dans la concentration du DPPH utilisée, selon les techni- ques employées) [17, 18].

Par ailleurs, le test d’inhibition de l’oxydation de l’acide linoléique, couplée à celle du β-carotène, pa- rait être très utile comme modèle mimétique de la peroxydation des lipides dans les membranes biolo-

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68 giques. Il est, en effet, rapporté qu'un extrait qui retarde ou inhibe le blanchissement du β-carotène peut être décrit comme un piégeur de radicaux libres et comme un antioxydant primaire [19].

Nos résultats du taux d'inhibition de la peroxydation lipidique de 46% sont, par contre, supérieurs à ceux de Méziti [16] qui étaient de l'ordre de 26%.

Bien qu'éloignée de celle du BHT, considéré comme antioxydant de référence (100%), l'activité de notre extrait reste, cependant, très appréciable puisqu'il s'agit d'un extrait aqueux, alors que ce test comme l'expliquent Frankel & Meyer [20] est similaire à un système d’émulsion de lipides dans l’eau. De ce fait, les antioxydants apolaires exposent des propriétés antioxydantes plus importantes car ils sont concen- trés au sein de l'interface lipide-eau, permettant ainsi de prévenir la formation de radicaux lipidiques et l’oxydation du β-carotène, alors que les antioxydants polaires restent dilués dans la phase aqueuse et peu- vent s'avérer moins efficaces dans la protection des lipides.

L'objet de la seconde partie de notre travail était de rechercher l'effet antidiabétique de l'EAq.NS par une action antioxydante à la dose de 2g/kg, cette dose ayant été retenue, suite aux résultats que nous avi- ons obtenu lors d'une précédente étude [8].

L'alloxane injecté en intra-péritonéal, aux rats DM et DNS, a provoqué une perturbation du métabolisme glucidique qui s'est manifestée par une hyperglycé- mie et une diminution de l'insulinémie.

L'alloxane agit par une action cytotoxique sur les cel- lules β pancréatiques, médiée par une production de radicaux libres et par une perturbation de l'homéo- stasie du Ca2+ cytosolique libre des cellules β de Lan- gerhans, générant, ainsi, un déficit de la sécrétion de l'insuline, plutôt qu'une insulinorésistance. Les ani- maux présentent, alors, une sévère hyperglycémie, une glucosurie, une hyperlipidémie, une polyphagie, une polydipsie et divers autres symptômes d'un dia- bète incontrôlé [21].

Cependant, l'hyperglycémie induite par l'alloxane peut être réversible, du fait de la régénération pan- créatique spontanée assez rapide et assez fréquente, en présence de ce réactif [21], ce que nous avons- nous-mêmes constaté, lors d'essais préliminaires, effectués avant cette étude et qui nous ont conduit à attendre 3 semaines, avant de commencer notre trai- tement, cette durée nous a confirmé l'instauration effective du diabète, chez nos animaux, traduite, en particulier, par une augmentation de la glycémie (d’environ 150 mg/dL). Le traitement de nos rats à l'EAq.NS a montré un retour progressif à l’euglycé- mie, accompagné d'une augmentation de l'insuli-

némie, en accord avec les résultats de Kanter et al., [22] et de Benhaddou-Andaloussi et al., [23, 24].

Les mécanismes avancés pour tenter d'expliquer l'ac- tion de la nigelle se situent à plusieurs niveaux. Le re- tour à l'euglycémie s'expliquerait par une augmenta- tion de la synthèse et de la translocation du GLUT4 au niveau du muscle, contribuant à la réduction de l'hyperglycémie. En effet, Benhaddou-Andaloussi et al., [23], rapportent que N. sativa stimule in vitro la phosphorylation de l’ACC, un substrat de la lipoge- nèse via la voie de signalisation de l’AMPK, dans le muscle squelettique et que in vivo, elle stimule aussi la phosphorylation de l'ACC musculaire et hépatique et augmente l'expression du GLUT4 musculaire.

Cet effet peut également s'expliquer, selon Fararh et al., [25], par une diminution de la néoglucogenèse au niveau du foie ou, comme nous l'avons constaté par une amélioration de la glycogénogenèse [8].

Benhaddou-Andaloussi et al., [24] avancent aussi une stimulation de la sécrétion de l'insuline, suite à la prolifération des cellules β pancréatiques, favorisée par des composants de la graine de nigelle.

Un stress oxydant a été mis en évidence dans le DT1 ou le DT2, par plusieurs auteurs. Il s'explique par un déséquilibre de la balance entre prooxydants et anti- oxydants, en faveur de réactions de glycation, con- duisant à la formation de produits avancés de la glycation qui participent, à leur tour, au développe- ment du stress oxydatif et du statut inflammatoire via leur reconnaissance par des récepteurs cellulaires.

Par conséquent, une oxydation accrue des cibles cel- lulaires et/ou une baisse des systèmes de défense antioxydants [26] ont, ainsi, été rapportées chez l'homme.

La concentration en TBARS, en particulier, au niveau sérique ou plasmatique, est toujours élevée, chez les diabétiques, comparés à des sujets témoins normo- glycémiques [27].

Dans notre étude, une augmentation des TBARS est notée, chez les rats diabétiques, confirmant, ainsi, le lien entre l'hyperglycémie induite par l'alloxane et le stress oxydant. Après 2 mois de traitement à l'EAq.NS des rats diabétiques, les taux de TBARS sérique et érythrocytaire obtenus sont en faveur d’un effet antioxydant de NS, rejoignant les travaux de Leong et al., [28] qui avaient rapporté une réduction du taux de MDA, chez le rat et une restauration des activités antioxydantes non enzymatiques (glutathion (GSH) et vitamine C) et enzymatiques (superoxyde dismutase (SOD), catalase (CAT), glutathon peroxydase (GPx) et la glutathion-S-transférase (GST)), après administra- tion de la thymoquinone (TQ) qui est le principe actif majoritaire des huiles essentielles de nigelle.

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69 Nos résultats ont aussi fait ressortir une élévation des TBARS dans le foie, dans le tissu adipeux et dans le pancréas qui est l'organe cible de l’alloxane et qui a une action cytotoxique par les ROS, puisque l’alloxa- ne et le produit de sa réduction, l’acide dialurique, induisent la formation des radicaux superoxydes et provoquent, alors, des dommages à l'ADN, ce qui stimule la poly ADP-ribosylation, un processus parti- cipant à la réparation de l'ADN. Deux mois de traite- ment à l'EAq.NS ramènent le taux des TBARS hépati- ques à un seuil proche de celui des rats contrôles, réduisant, ainsi, l'hépatotoxicité de l'alloxane et diminuant d'un même taux les TBARS pancréatiques.

Cet effet protecteur de l'EAQ.NS, précédemment constaté avec de faibles doses [8], peut s'expliquer par les propriétés antioxydantes de NS, du fait de sa composition en flavonoïdes et en polyphénols, favo- risant l'inhibition de la peroxydation lipidique. Nos résultats rejoignent ceux de Abdelmeguid et al., [29]

qui avaient constaté une diminution significative des TBARS pancréatiques, chez des rats traités à l'extrait aqueux et à la TQ, avec une régénération partielle des cellules ß des îlots de Langerhans. Le pancréas est une glande amphicrine. On y distingue une portion exocrine, les acini, d'aspect général foncé, au sein de laquelle sont disséminés les îlots de Langerhans, à sécrétion endocrine, de taille variable, de répartition, plutôt homogène, rarement isolés dans les acini pancréatiques. Selon les espèces, l’organisation des cellules, au sein des îlots, diffère. Ainsi, chez les ron- geurs, les cellules β, responsables de la production d’insuline, sont plutôt regroupées au centre des îlots et sont entourées d’une couche hétérogène de cellu- les α, δ et PP, suggérant une organisation de l’îlot en sous-compartiments [30].

Les îlots de Langerhans ne sont pas véritablement en- capsulés mais sont entourés d'un fin réseau de fibres de réticuline. Ils se reconnaissent par leur structure trabéculaire et leur riche irrigation sanguine [31].

Chez les rats diabétiques non traités, l'alloxane a en- traîné de graves modifications nécrotiques des îlots pancréatiques. Les changements nucléaires, tels que pycnose, karyorrhexis, ont conduit par endroit à une caryolyse et donc à une disparition du noyau ; par ailleurs, des résidus des cellules détruites étaient visibles, notamment, au centre de l'ilot. Là où les no- yaux sont encore présents, ils montrent un épaissis- sement des contours, associé à une décondensation cytoplasmique, tous deux signes d'apoptose, faisant apparaitre des zones de nécrose confirmant, ainsi, les observations faites précédemment par El Kotby et al., [32]. Ces modifications dégénératives expliquent la réduction relative de la taille et du nombre des îlots,

en particulier, dufait de la réduc-tion importante des cellules ß.

Il est à rappeler que l'alloxane, utilisé dans notre étude, pour induire le diabète, chez le rat, se carac- térise par des propriétés diabétogènes qui s'expri- ment par deux voies distinctes, soit par l’inhibition sélective de la sécrétion d’insuline, induite par le glucose via l’inhibition de la glucokinase, soit en entrainant un état de dépendance à l’insuline, en in- duisant la production de ROS [2].

Sa nature hydrophile et son isomérie structurale avec le glucose lui permettent de pénétrer dans toutes les cellules présentant le récepteur GLUT2, dont les cel- lules ß vis-à-vis desquels il se montre plus sélectif, en raison de l’activité de la glutathion peroxydase et de la faible résistance des cellules β aux peroxydes exo- gènes [3]. De plus, l’alloxane peut entrainer l’apopto- se des cellules β via l’augmentation de la concentra- tion de Ca2+ cytosolique, par l’induction de l’hyperpo- larisation de la membrane plasmique et la dépolari- sation de la membrane mitochondriale. Ainsi, la destruction des cellules β, responsables de la produc- tion d’insuline, va donc se traduire par une carence en insuline, conduisant à une perturbation, en particulier, du métabolisme des glucides et des lipi- des par l’hyperglycémie résultante.

Nos résultats biochimiques ainsi que les perturba- tions métaboliques, constatées dans notre étude: hy- perglycémie, hypoinsulinémie, ainsi que l'augmenta- tion du taux des TBARS, sont en accord avec les observations histologiques, au niveau des coupes du pancréas, chez les rats diabétiques non traités. Alors que, l'étude histo-pathologique des pancréas de rats diabétiques traités par l'EAq.NS, a montré une forme et une taille des îlots ainsi qu'une architecture globa- le se rapprochant de celles des coupes témoins. En effet, les îlots sont marqués par une intégrité de leurs structures cellulaires, leur conférant un aspect homo- gène ainsi qu'une forme plus régulière pour la plu- part, suggérant, ainsi, une augmentation du nombre des cellules de l'ilot ainsi que la restauration du con- tour de l'îlot par les fibres de réticuline. Ces obser- vations sont en faveur d'une régénération des îlots, sous l'effet de notre extrait. De telles signes de ré- génération, notamment, des cellules ß, avaient déjà été rapportés, suite à la consommation de certains extraits de plantes ou après traitement pharmacolo- gique [33] mais, aussi, en présence d'un extrait aqueux de NS ou de TQ qui, selon Abdelmeguid et al., [29], empêchent la vacuolisation cytoplasmique, la fragmentation des mitochondries et augmentent le nombre de granules de sécrétion dans les cellules ß.

Cette régénération des îlots et de leur cellules consti- tutives peut s'expliquer, à notre sens, par la théorie

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70 du balancement de Laguesse, que nous avons pu ob- servé sur certaines coupes histologiques, où des cellules endocrines sont directement en contact avec des formations acineuses exocrines. La capsule con- jonctive est interrompue et ne les sépare pas à ce niveau. En effet, selon Laguesse (1861-1927), les cel- lules exocrines et endocrines ont une même origine embryonnaire et ne se différencient pas de façon irréversible. Il peut y avoir une transformation d'un type cellulaire en un autre, de ce fait la formation d'îlots de Langerhans, aux dépens de l'épithélium exocrine, peut se poursuivre chez l'adulte (par exem- ple, chez la femme enceinte ou bien, après destruc- tion des îlots par l'alloxane, chez l'animal). Le proces- sus est réversible : des îlots endocrines peuvent s'in- corporer au tissu exocrine, au cours de la vie fœtale et peut-être chez l'adulte. L'apparition de cellules aci- no-insulaires peut être considérée comme une réac- tion compensatoire [34]. Le mécanisme et les fac- teurs de régulation du balancement acino-insulaire de Laguesse demeurent, toutefois, inconnus.

Conclusion

L’administration de l’extrait aqueux de Nigella sativa, à la dose de 2g/kg PC, chez des rats wistar, rendus diabétiques par une injection d'alloxane, montre une activité antihyperglycémiante, qui se traduit par une diminution du taux de glucose sanguin et un rétablis- sement de l'insulinémie, ainsi qu'une capacité antio- xydante et antiradicalaire, confortée par les résultats obtenus sur la peroxydation lipidique, notamment, au niveau sérique, hépatique et pancréatique.

L'examen histologique du pancréas, corrobore les ré- sultats biochimiques, obtenus dans la mesure où le traitement à l'EAq.NS a permis une restauration des structures cellulaires des îlots, en particulier, des cel- lules ß, avec une reprise de leur activité endocrine, alors que, l'alloxane avait induit des modifications dégénératives notables, conduisant à la diminution de la taille des ilots et du nombre de leurs cellules.

Ainsi, Nigella sativa, par son extrait aqueux, montre un intérêt certain dans le cadre de la prévention du diabète. En effet, elle pourrait alléger les atteintes provoquées par cette pathologie, grâce à ses capa- cités antioxydantes et antitoxiques

Conflit d’intérêts

Les auteurs déclarent n'avoir aucun conflit d'intérêt en relation avec cet article.

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