ÉTUDE DE LA COMPOSITION ANATOMIQUE DU POULET
I. — VARIABILITÉ DE LA RÉPARTITION DES DIFFÉRENTES PARTIES
CORPORELLES CHEZ DES COQUELETS « BRESSE-PILE »
F.-H. RICARD R. ROUVIER
G. MARCHE F. LAFONT
Station
expérimentale
d’Aviculture duillagneraud,
17 -Saint-Pie y re-d’Arnilly,
Station centrale de
Génétique
animale,Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -jouy-e!i-josas
SOMMAIRE
Sur 315
coquelets
de la soucheexpérimentale
Bresse-Pile, nous avons étudié les variables sui- vantes :poids
vif vide,poids
de l’ensemble sang -!plumes, poids
de l’ensemble des viscères, racinecarrée du
poids
de la graisse abdominale,poids
des pattes,poids
de la tête,poids
de l’ensemblecuisses -!
pilons, poids
des ailes,poids
des blancs etpoids
du reste de la carcasse. Ces variables peu- vent être considérées comme distribuées normalement, les variances intra-lots d’éclosion sont homo-gènes
et les liaisons avec lepoids
vif sont engénéral
linéaires.Les héritabilités des valeurs brutes des variables sont toutes
significatives
et élevées.L’analyse
en composantes
principales
des corrélationsphénotypiques
etgénétiques
apermis
de mettre en évi-dence un facteur
général
de « croissance réaliséen qui explique respectivement
74et 83p. ,o0 de lasomme des variances
phénotypique
etgénétique.
La deuxième composante caractérise un facteurspécifique
de l’étatd’engraissement.
Les troisième etquatrième
composantes sont liées aux varia- tions dupoids
des viscères, du sang et desplumes.
L’étude de la variabilité des
régions corporelles
a étécomplétée
parl’analyse
des écarts à leur droite de régression sur lepoids
vif. Les héritabilités de ces écarts sont presquetoujours significa-
tives. La valeur des variances résiduelles laisse entrevoir la
possibilité
d’une sélection efficace pour modifierl’importance
relative desparties
nobles de la carcasse, des déchetsd’abattage
et de lagraisse
abdominale.
INTRODUCTION
L’étude de la
répartition
des différents éléments de la carcasse d’un animal doitpermettre
depréciser
les loisbiologiques
dudéveloppement corporel
de cet animal.Au
point
de vuepratique,
l’intérêt de telles recherches résulte desgrandes
variationsqui peuvent
exister entre la valeur commerciale des différentesparties
de la carcasse,ainsi que cela a été
souligné depuis longtemps
dans le casde(bovins.
Les zootechni-ciens ont donc cherché à connaître
l’importance
relative des abatsconsommables,
des viscères non utilisables et des morceaux de différentescatégories.
Ils ontéga-
lement étudié la
répartition
des tissusmusculaires, adipeux
et osseux.La
grandeur
et la nature des variations observées sontparticulièrement
inté-ressantes à
préciser
dans le cas desgrandes
mammifèresdomestiques qui
sont vendusaprès
avoir étédécoupés.
Chez lesvolailles, qui
sont engénéral
commercialisées à lapièce,
on s’est intéresséprincipalement
aux variations des déchetsd’abattage (sang, plumes, pattes, tête, viscères),
des abats consommables(foie, gésier, coeur)
et de la carcasse
prête
à cuire.Toutefois,
certains auteurs ont étudié les différences entre souches pures ou croisements pour lespoids
bruts et lespourcentages
desprin- cipales parties
de la carcasse(poitrine, ailes,
cuisses etpilons,
tronc,cou).
C’est lecas des travaux de ESSARY et al.
(ig 5 i),
de GYLES et al.( 1954 ),
de NEWELL( 1954 ),
d’AP.<RICIO-31:iC,xRI!!J
( 1059 ),
de Bmows et al.( 19 6 2 )
et de ZoRiT! ’1’o;III.Lo etal.
(zg62)
pour lepoulet,
ainsi que de FRYet al.(io62)
pour le dindon. STASKO(io66)
a étudié la variabilité
génétique
de lapoitrine
et de l’ensemble cuisses ;-pilons
chezle canard Pékin. MEHNER et ’ioRGfis
( 19 6 2 )
ontcomparé l’importance
des différentséléments de la carcasse de
poulets répartis
en classes depoids
vif. De leurcôté,
MiT-CHELL et al.
( 19 26
etig 3 z),
Wmsow( 1954 )
et HA FEZ( 1955 )
ont étudiél’importance
des différentes
parties corporelles
en fonction del’âge
despoulets. Enfin,
les essais de certains conditionneurs américains pour vendre les volailles en morceauxséparés
ont suscité
plusieurs
travaux concernant larépartition
des différentesparties
de lacarcasse éviscérée : ÏADLEet al.
(rg55),
SMITH et Vem,(ig6 3 ),
WAUERS et al.(ig6 3 )
pour le
poulet
dechair ;
l4lmoR et al.( 19 6 4 )
pour des grospoulets
de 16 semaines etdes
poules adultes ;
WINTER et CLEMENTS( 1957 )
pour lepoulet,
ladinde,
le canardet l’oie et SNYDER et ORR
( 19 6 4 )
pour lepoulet
et la dinde.Plusieurs auteurs ont estimé que les variations observées dans la
composition anatomique
de la carcasse étaient faibles. Chez lepoulet,
S’roTis et DARROW( 1953 )
trouvent que le
pourcentage
de blancs n’est passignificativement
différent entresouches de
type
chair et souches detype ponte
des racesNeï L --Hampskire
ou TI’hitePlymouth-Rach.
FssnRy et al.( 1951 )
n’ont pas trouvé de différencesignificative
entre
l’importance
relative desparties corporelles
de deux souches de la race 1’e«!-Ham!shiye,
l’une detype chair,
l’autre detype ponte.
Lacomparaison
deplusieurs
souches de dinde a amené FRY et al.
( 19 6 2 )
aux mêmesconclusions, exception
faitepour la viande de la
poitrine.
Chez des agneaux depoids
et d’étatd’engraissement voisins,
maisd’âge
et de conformationvariables,
BOCCARD et I)UMONT(zg6o)
trou-vent des différences dans
l’importance
relative desrégions corporelles qui
n’excèdentpas 3,2 p. 100. Ils émettent
l’hypothèse
d’une harmonieanatomique qui
entraîneraitune constance de
l’importance
relative desrégions corporelles indépendamment
dela
morphologie
extérieure.Or,
certains résultats laissent supposer l’existence d’une variabilitégénétique
de la
composition anatomique
des carcasses. STOTTS et DARROW( 1953 )
ainsi que HATH:!«-9y et al.( 1953 )
chez lepoulet,
FRY et !zl.( 19 6 2 )
chez ladinde,
obtiennentdes différences
significatives
entre races ou souches pour lepourcentage
des blancs.INTIMER et Sasvm
( 1957 )
ont observé des différencessignificatives
entre deux racesde
lapins,
pourl’importance
relative de différents organes etrégions corporelles.
C
HRISTIANS et al.
(ig62)
trouvent des héritabilités de 0,3 ào,6
pour lepourcentage
de différents morceaux de carcasse de veaux de race
A l1 g US .
OLUVIER(communi-
!ations
personnelles)
aégalement
obtenu des héritabilitéssignificatives
pour lepoids
de différents morceaux de carcasses de porcs abattus à
poids
vif constant mais àâge
variable. I;v!Rr22( y 6 3 ) souligne qu’on
a accordé engénéral trop
peud’impor-
tance à de
petites
différences dans la distribution des morceaux d’une carcasse, diffé-rences
qui peuvent
être associées à desrépercussions économiques importantes.
Ainsi,
LE GUET/tE et al.(i<)6zt)
trouvent une certaine constance relative desgrandes régions
dedécoupe
chez des boeufs Chavolais. Mais ils font remarquer que les varia- tions àpoids
de carcasse constant restent notableslorsqu’on
lesexprime
en valeurabsolue : pour la somme des morceaux de rre
catégorie,
l’intervalle de confiance à 95 p. 100correspond
à une différence de i3kg.
Il nous a paru utile
d’analyser
la variabilitéphénotypique
etgénétique
de lacomposition anatomique
chez lepoulet :
l’utilisation de cette variabilitépeut
êtretrès intéressante si elle
permet
d’améliorer laqualité
de laproduction
par la sélection.Dans le
présent travail,
nous étudions lesparties corporelles
d’un goupe de 315coque- lets de la souche Bvesse-Pzle. Dans un secondmémoire,
nousprésenterons
les résultatsobservés
quant
à larépartition
des muscles et des os sur les carcasses des mêmespoulets.
MATÉRIEL EXPÉRIMENTAL
L’étude a porté sur les 315
coquelets
de la souche Bresse-Pile dont nous avons étudiéprécédem-
ment les mensurations
corporelles (RotivmR
et RICARD, x966 ; Ru:nxD et RouvxEx, 1966). Ils appar- tenaient à 32famillespedigree
(8pères
et 4mères parpère)
et ont été obtenus en 10lots d’éclosion.Ils ont été abattus à
l’âge
de m semainesaprès
unjeûne complet
d’environ 16 heures. Ils ont étésaignés par section des vaisseaux au fond de la gorge, échaudés dans une eau à 54!C et
plumés
surune machine à doigts de caoutchouc, la finition étant faite la main.
Nous avons pesé les
poulets
avant de commencerl’abattage
et les carcasses au fur et à mesurequ’elles
étaientplumées.
La différence entrepoids
vif et poidsplumé
nous a donné une estimationdu
poids
de l’ensemble sang +plumes.
Au laboratoire, les carcasses ont été effilées, mises dans du
papier
d’aluminium etplacées
auréfrigérateur
à -!- 4°Cjusqu’au
moment de la dissectionqui
avait lieu dans la semaine suivantl’abattage.
Les pattes ont été sectionnées à l’articulation tibiotarse-tarsométatarse et la têteséparée
du cou à la
jonction
crâne-atlas. Nous avons ôté les organes de la cavité générale ainsi que lagraisse
abdominale pour obtenir le
poids
de la carcasse éviscérée. Lagraisse
abdominale estreprésentée
par le tissu gras
qui tapisse
laparoi
abdominale dupoulet
et entoure legésier
et le ventricule succen-turié. Sur la carcasse éviscérée, nous avons découpé et pesé l’ensemble cuisses -!
pilons,
les aileset les blancs. De la
partie
restante, nous avons enlevé lesthyroïdes,
lesthymus
et la glande uropy-gïenne pour obtenir ce que nous
appellerons
par la suite le « reste de carcasse ».Nous avons
séparé
de la tête, la crête et les barbillons, organes soumis à l’influence des hormones sexuelles et dont lepoids
est très variable. Ceci nous apermis
d’estimer lepoids
de la tête « nue »(= tête totale - crête et
barbillons).
Les organes digestifs(jabot,
ventricule succenturié,gésier
et intestin) ont étépesés pleins
et vidés de leur contenu. Le contenu intestinal était obtenu en exerçantune
pression
aussi constante quepossible
sur de courtsfragments
de l’intestin. Nous avons pu ainsi déterminer lepoids
vif « vide des animaux.Les blancs sont
représentés
par l’ensemble des muscles pectoraux situés à l’extérieur de la cagethoracique :
pectoralissuperficialis, pectaralis profirzadus, supracoracoïdeus
et partie externe des cora-cobrachialis ventralis
(nomenclature
de CHAMBERLAIN, 1943).L’ensemble des
glandes
et organes internesdisséqués
a été réuni en une seule variableappelée
« viscères &dquo;. Il
s’agit
des éléments suivants : crête + barbillons,jabot
vide, ventricule succenturiévide,
gésier
vide, intestin vide, trachée-artère, poumons, coeur, foie(sans
la vésicule biliaire), rate,pancréas, reins,
thyroïdes, thymus, glande uropygienne,
bourse de Fabricius.Finalement nous avons étudié les 10variables suivantes :
poids
de l’ensemble sang -1-plumes,
poids des « viscères », racine carrée dupoids
de lagraisse
abdominale,poids
des pattes,poids
de latête « nue », poids de l’ensemble cuisses +
pilons, poids
des ailes,poids
des blancs,poids
du restede carcasse et
poids
vif vide.CALCULS ET
RÉSULTATS
Le tableau i
indique
lesparamètres statistiques
de chacune des 10 variables.Les coefficients de variation des
parties corporelles
sont de l’ordre degrandeur
decelui du
poids
vif( 10
à z6 p.100 ),
sauf celui de lagraisse
abdominalequi
est de3
i p. ioo. Les tests
d’ajustement
à la loi normaleaboutissent à des x 2 non significatifs (tabl. 1 ).
Les classes extrêmes deshistogrammes
étaientgroupés
defaçon
à avoirau
moins poulets
par classe. Dans le cas de lagraisse abdominale,
la distribution des valeurs brutes ne suit pas une loi normale. Les valeurs extrêmes observées sont de o,2 et 44,0grammes avec une moyenne de8, 9
et unécart-type
de 5,7. La transfor- mationlogarithmique
ne normalise pas notre échantillon. Aucontraire,
la transfor- mation a racine carrée o conduit àun x 2
de normalité nonsignificatif,
bien que l’his-togramme
obtenuprésente
encorequelques irrégularités.
Lafigure
i résume cetteétude des distributions de la
graisse
abdominale.Les distributions de la
plupart
des constituants de la variable « viscères » nepouvaient
pas être considérées comme normales. Pour cettepremière étude,
nousavons été amenés à utiliser leur somme
qui
est distribuée normalement.Nos animaux
provenaient
de 10 lots d’éclosion obtenus chacun à une semaine d’intervalle. Nous avons testé l’effet du lot sur les variances par le test de Bartlett et sur les moyennes par uneanalyse
de variance à un facteur de la classification.Aucun
des x 2 d’homogénéité des variances n’est significatif.
I,es F permettant
de
tester les différences entre moyennes de lot ne sont pas
significatifs
en cequi
concernel’ensemble sang -f-
plumes,
les viscères et lagraisse
abdominale. Mais le lot a uneaction
significative
sur les moyennes des autres variables(tabl. 1 ).
Les liaisons de chacune des 9 variables avec lepoids
vif videpeuvent
être considérées commelinéaires,
àl’exception
dupoids
de la tête et dupoids
des ailes(tabl. 1 ).
La fraction de la variance des caractèresexpliquée
par la liaison linéaire avec lepoids
vif est faibleen ce
qui
concerne lagraisse
abdominale(i 3
p.100 ).
Elle est moyenne pour les abats que sont le sang, lesplumes,
lesviscères,
lespattes
et la tête(5g
à 7! p.zoo).
Elleest forte pour les éléments de la carcasse éviscérée
(85
àgo
p.100 ).
Nous avons étudié les différentes
parties corporelles
dupoulet indépendamment
du
poids
vif. Pourcela,
nous avons calculé pourchaque poulet
et pourchaque
carac-tère l’écart entre la valeur observée et la valeur estimée à
partir
de la droite derégres-
sion du caractère considéré sur le
poids
vif. Ces écarts ont étécomptés parallèlement
à l’axe des ordonnées et
exprimés
en unitéd’écart-type
de la variable considérée liée par lepoids
vif. Ils ont étémultipliés
par 10 et on leur aajouté
une constanteégale
à jo de
façon
à obtenir des nombresplus
commodes àmanipuler.
Nous avons estimé les
paramètres génétiques
des variables en effectuant uneanalyse hiérarchique (père-mère-poulet)
des variances et descovariances,
d’unepart
sur les valeursbrutes,
d’autrepart
sur les écarts définis ci-dessus. Le tableau 2 résume les résultats desanalvses
de variance dans le cas des valeurs brutes. Les ré- sultatscorrespondants
pour les écarts sontindiqués
dans le tableau 3.Nous avons testé les carrés moyens entre mères
intra-pères
parrapport
aux carrés moyens intra-mères. Les valeurs obtenues pour F(appelées
« F mère » dansles
tableaux)
sont toutessignificatives,
àl’exception
de l’écart parrapport
aupoids
vif de l’ensemble sang
!- plumes
et dupoids
des viscères. Comme pour les mensu-rations de carcasses des mêmes
poulets (R ICARD
etR OUVIER , zg66),
onpeut
tester l’effet «père
» encomparant
le carré moyen entrepères
au carré moyen entre mères-intra-pères.
Les valeurs de F(appelées
F «père »)
sont toutessignificatives
àl’excep-
tion de l’écart par
rapport
aupoids
vif des variablespoids
despattes, poids
de latête, poids
du reste de carcasse. Les valeurs de l’héritabilité reflètent les valeurs de F : il existe des variations trèsimportantes
entre les familles de notre échantillonquand
on considère les valeurs brutes. Apoids
vif constant, les valeurs de F et de h2sont un peu moins fortes mais la variabilité entre familles est encoresignificative
dans la
plupart
des cas(cf.
tabl.3 ).
Nous avons
complété
l’étude de larépartition
desrégions corporelles
par uneanalyse
de covariance de chacune des 9 variablescompte
tenu dupoids vif,
enadap-
tant à nos données la
technique
décrite par VESSEREAU(r 9 6o)
et suivant une méthodeanalogue
à celle utilisée par BOCCARDet al.( 19 6 1 ).
Les écartsprécédemment
calculésprésentent
en effetl’inconvénient,
aupoint
de vue du test des différences entrefamilles,
d’être calculés àpartir
d’une droite derégression
dont lapente dépend
enpartie
de ces différences. Les résultats concordent avec ceux obtenus parl’analyse
de variance des
écarts,
sauf pour la variable sang -f-plumes.
Dans ce cas, lesrégres-
sions utilisées dans les
analyses
de covariance et dans le calcul des écartsprésentent
des différences
plus grandes
que celles observées pour les autres variables(cf.
tabl.3 ).
Le
tableau 4 donne
les corrélationsphénotypiques
etgénétiques (mère
’-,père)
entre les valeurs brutes des 10 caractères
étudiés,
d’unepart,
entre les écarts calculés àpoids
vif vide constant, d’autrepart.
Lepoids
vifprésente
de fortes corrélationsavec les
parties corporelles,
àl’exception
de lagraisse
abdominale. De même les corrélations entreparties corporelles
sontélevées,
sauf celles concernant lagraisse
abdominale. Les corrélations
génétiques père
et mère étaient souvent voisines dans le cas des valeursbrutes,
cequi justifiait
le calcul des corrélationsglobales (mère
-!-père).
Cela n’étaitplus
vrai pour un nombreimportant
de corrélationsgénétiques père
et mère entre les écarts.Mais,
par souci desimplification,
nous nous sommeslimités à l’étude des corrélations
globales
mère !-père.
Nous avons effectué une
analyse
encomposantes principales (H O TE LLIN G, 1 933 )
des matrices des corrélations
phénotypiques
etgénétiques
des 9parties corporelles.
Ces matrices
comprenaient
des i dans leurdiagonale principale.
Lesquatre premières composantes
obtenuesexpriment
ensemble 93,4p. 100de la varianceanalysée
dansle cas des corrélations
phénotypiques
et9 6, 7
p. 100dans le cas des corrélationsgéné- tiques.
Les résultats concernant ces 4composantes
sontindiqués
dans le tableau 5.Les
composantes
suivantesprésentent
moins d’intérêt car ellesreprésentent
une frac-tion faible de la variance
analysée.
Cettevariance,
iciégale
à 9, est la somme des variances des 9 caractèresexprimés
sous forme centrée réduite.La Ire
composante exprime respectivement
74 et8 3
p. 100 des variancesphé- notypique
etgénétique analysées.
Les coefficients de corrélation entre cette compo- sante et les 9parties corporelles
sont touspositifs.
Ceux concernant lagraisse
abdo-minale sont les
plus
faibles. Lesplus
élevés concernent les éléments de la carcasseéviscérée
(variables
6 à9 ).
La deuxième
composante exprime
environ m et 9 p. 100 des variancesphéno- typique
etgénétique analysées.
Lagraisse
abdominale lui est fortement liée tandis que les autres variables le sont très peu.La troisième
composante exprime
5,1 et 2,5 p. 100des variancesphénotypique
et
génétique,
laquatrième exprime respectivement 3 ,8
et 2,4 p. 100de ces variances.Sur le
plan phénotypique
la 3ecomposante
est en assez forte corrélationnégative
avec le
poids
desviscères,
laquatrième
avec lepoids
de l’ensemble sang-!- plumes.
Mais sur le
plan génétique,
les résultats semblentplus complexes
à décrire.Les calculs de base ont été réalisés en
grande partie
sur ordinateur IBM-IÔ20 à la Station centrale deGénétique
animale. Nous avons utilisé les programmes n°6 2013
pour le calcul desparamètres statistiques, 6 2014
pour l’établissement des distributions defréquence,
62016 pour les tests delinéarité,
62021 pour lesanalyses
de variance et de
covariance, 6 3027
pour le calcul des corrélationsphénotypiques, 6
2023
pour lesanalyses
encomposantes principales.
Ladescription
détaillée de cesprogrammes a été donnée par RouviER et al.
(rg62),
!, ISSAC et ctl.( 19 6 2 )
et RouviERet CA,,&dquo;ONGE
(rg64).
DISCUSSION
1.
Étude
individuelle des caractèresexprimés
Cil i,aieuy.; brlltesNous avons utilisé le
poids
vif vide defaçon
à uniformiser les conditions danslesquelles pouvaient
se trouver lespoulets
au moment del’abattage.
C’est cequ’avaient
faitauparavant
LATIMER( 1924 ),
3II>rCHÈLI, et al.( 192 6
et1931 ),
W’m,sow(rg!.!),
PETERS(zg58)
et GREixER-PETTER et al.( 19 6 1 ) qui
étudiaient des animaux de souches oud’âges
différents. Si l’intérêt dupoids
vif vide est évident chez les ru-minants
qui
ont des réservoirsgastriques importants,
il semble suffisant pour une étude sur ungrand
nombre depoulets
d’utiliser lepoids
vif brut. Uneffet,
dans lecas
présent,
le contenu du tubedigestif
nereprésente,
en moyenne, que 3,2 p. 100 dupoids
vif.Nos résultats montrent que les
poids
des différentesparties corporelles
sont enforte corrélation avec le
poids
vif. Cefait, qui paraît logique,
se retrouve dans lesdonnées de MARSDEN
( 1940 )
concernant la dinde et celles de MEHXER et TORGES( 19 6 2
)
et de WALTERS et al.( 19 6 3 )
concernant lepoulet.
L’étroitesse de la liaison linéaire estindiquée
par le carré du coeflicient de corrélation(tabl. i).
L’existence de ces corrélations élevéesexplique
que les résultats observés à propos dupoids
vifse retrouvent pour les autres variables : coefficients de variation du même ordre de
grandeur, x
2
de normalité etd’homogénéité
des variances intra-lots nonsignificatifs,
moyennes de lots
significativement différentes,
différencessignificatives
entre fa-milles de mères et de
pères,
fortes héritabilités et corrélations(tabl.
let2 ).
On constate toutefois que cette similitude se retrouve
principalement
en cequi
concerne les éléments de la carcasse éviscérée
(variables
6 àg).
Nous avons noté quela
graisse
abdominale(variable 3 )
secomportait
différemment des autres caractères.Sa variabilité est nettement
plus élevée,
cequi
confirme de nombreuses observations faitesauparavant
sur lepoulet (DE!,F!ECn
et RiCARD,19 65,
et données nonpubliées).
On
peut également rapprocher
ce résultat du fait que chez les gros animaux lepoids
du « gras
périrénal
» est un caractère extrêmement variable(voir
parexemple
leschiffres de LE GUEI,TEet
al., rg6 l ).
D’ailleurs aupoint
de vueanatomique,
lagraisse
abdominale du
poulet
et le graspérirénal
des gros mammifères semblent être 2dépôts adipeux comparables.
Cettegrande
variabilitérisque
de masquer les différences entre lots et entre familles. C’est ainsi que lagraisse abdominale
est la variablequi présente
laplus petite
valeur de F dans notre étude de l’effet lot(r,o6) ;
l’héritabilité« mère » est la
plus
faible de toutes cellesenregistrées (o,2g),
bienqu’elle
soitsignifi-
cative ;
l’héritabilité moyenne est nettementplus
faible que pour les éléments de lacarcasse éviscérée
( 0 , 5
contreo,g).
Parailleurs,
lagraisse
abdominale est peu liéeau
poids
vif : la liaison linéairen’explique
que 13 p. ioo de la variancetotale,
sescorrélations avec le
poids
vif étant relativement faibles( 0 , 3 6
pour la corrélationphénotypique
eto, 4 â
pour la corrélationgénétique globale
mère -!père).
D’autrestravaux sur la variabilité
génétique
de l’étatd’engraissement
dupoulet
vont dansle même sens. BRUVSOVet al.
(rg6o)
ont mis en évidence des différencessignificatives
entre familles pour la teneur en
lipides
des carcasses. MAijNOWSKY( 19 66)
observeune héritabilité moyenne de 0,27 pour l’accroissement en
poids
deslipides
entrei
jour et 4 semaines
chez despoulets 7<’/M!-7.s/a)t!,
avec des différencesapparemment significatives
entre familles de mères. Dans cette mêmeexpérience,
la corrélationavec l’accroissement en
poids
vif étaitpratiquement
nulle(-o,og)
pour lescoquelets
mais
significative (!- o,3g)
pour lespoulettes.
Les différents abats
(sang, plumes, viscères, pattes, tête) occupent
uneplace
intermédiaire entre les éléments de la carcasse éviscérée et la
graisse
abdominale.C’est ainsi que la
part
de la variance totaleexpliquée
par la liaison linéaire avec lepoids
vif est un peuplus
faible que pour les éléments de la carcasse éviscérée(5g à 77
p. ioo contre!35
à9 6
p.ioo).
I,es héritabilités ontégalement
tendance àêtre
plus faibles, particulièrement
pour l’ensemble sang -!plumes
où nous obtenonsune valeur moyenne de
o, 3 8.
Dans ce dernier cas, onpeut
penser que lesopérations d’abattage!introduisent
un effet « milieu» important.
2
.
Étude
de la variabilité!7o!/<:’
Comme dans nos études sur la
conformation, l’analyse
encomposantes princi- pales
des matrices des corrélations entre les valeurs brutes des 9parties corporelles
nous a
permis
d’étudier la variabilitéglobale
de notre échantillon(tabl. 5 ).
On saitque ces
composantes principales s’expriment
sous forme de combinaisons linéaires des valeursphénotypiques
ougénétiques
des caractèresétudiés,
de variance maximum et de covariances nulles. Nous avons discutéprécédemment
leur intérêt pour l’étude de la variabilitébiologique (Rouvmx
et Rrc:!RD,19 6 5 ;
ROUVIER,io66).
La
première composante principale représente
laplus grande partie
de la varianceanalysée.
Elle estcomparable
au facteur de taillegénérale
que nous avons décrit àpartir
des mensurations sur le vivant et sur les carcasses(RouviE R
et RICARIJ,19
6
5
etiq66 ;
RICARD et RouvWx,rg66).
Elle constitue unegrandeur
deréférence,
au sens où l’entend ’l’ElSSIER
(zg5 5 ),
faisant intervenir simultanément la croissancepondérale
réalisée àl’âge
considéré pour chacune desparties corporelles
de l’animal.On
peut
donc la définir comme un facteurgénéral
de « croissance réalisée ». Les données étudiées ici montrent que ce facteur est bienreprésenté
par lepoids
desmembres et du reste de la carcasse, variables
qui présentent
de faibles corrélationsavec les
composantes
suivantes. La fraction de la varianceanalysée qui
n’est pasexpliquée
par lapremière composante
est due à la variabilitéglobale
de larépar-
tition des 9
parties corporelles.
Cette variabilitéreprésente
unepart importante de
la variance
analysée :
26 p. 100dans l’étudephénotypique
et 17 p. 100dans l’étudegénétique.
La deuxième
composante exprime
presque exclusivement les variations depoids
de la
graisse abdominale,
aussi bien sur leplan phénotypique
que sur leplan géné-
Annules de Zootechnie. - y6;.
tique.
On observe toutefois une faibleopposition
avec d’unepart,
lepoids
des
pattes (analyses phénotypique
etgénétique),
d’autrepart,
lepoids
del’ensemble sang -!-
plumes (analyse génétique seulement).
Onpourrait
penser àune
opposition
entre croissance dusquelette (bien
mise en évidence au niveaudes
pattes
chez lepoulet)
etengraissement
pourexpliquer
la corrélationnégative
entre deuxièmecomposante
etpoids
despattes.
I,a corrélationnégative
avec le
poids
de l’ensemble sang !-plumes pourrait s’expliquer
par une rétentionplus grande
de sang chez les animauxplus
gras. Mais la valeur absolue des corré- lationscorrespondantes
reste faible(au plus
de l’ordre deo,2)
et onpeut
considérerque la deuxième
composante permet
d’identifier essentiellement un facteur de varia- tion dupoids
de lagraisse
abdominalequi
estindépendant
du facteurgénéral
decroissance réalisée. Ce résultat est intéressant en
pratique
du fait que lagraisse
abdominale est une bonne mesure de l’état
d’engraissement
dupoulet (Po!,E!
etal.,
194
0 ; v!!,P!CH et
Ri GARD, 19 65).
La considération des 2premières composantes
montre donc
qu’il
estpossible
de mesurerséparément
la croissance etl’engraissement.
La troisième
composante correspond
sur leplan phénotypique
à un facteur liéau
poids
des viscères. Sur leplan génétique,
ellecorrespond
à uneopposition
entreles viscères et l’ensemble sang -E-
plumes.
Laquatrième composante correspond
sur le
plan phénotypique
à un facteurspécifique
pour l’ensemble sang -E-plumes ;
sur le
plan génétique,
les corrélations observées sont relativement faibles et l’inter-prétation
de cettecomposante prise
isolément ne semble pasprésenter
d’intérêt.L’interprétation
simultanée des 2e, 3e et4 e composantes peut
se fairegraphi- quement
selon la méthode que nous avons utiliséeprécédemment (R OUVIER
et Ri-CARD
,
19 6 5 )
etqui
est matérialisée dans lesfigures
2 et 3. Sur leplan phénotypique,
il est intéressant de remarquer
qu’à
croissance réalisée constante, laplus grande partie
de la variabilité résiduelle est due à trois caractères
indépendants
entre eux : lepoids
de la
graisse
abdominale( 2 e, composante),
lepoids
des viscères( 3 e composante),
le
poids
de l’ensemble sang !-plumes ( 4 e contposante).
Sur leplan génétique,
à crois-sance réalisée constante, l’ensemble sang -+-
plumes
ne varieplus indépendamment
de la
graisse
abdominale et des viscères. Ces derniers varientindépendamment
l’un de l’autre comme dans
l’analyse phénotypique.
3
.
Étude
des écartspar rapport
aupoids 1’l f
1,’importance
du facteur de croissanceréalisée, représenté
par la rrecomposante,
nous a conduit à étudier la variabilité résiduelle des caractères
quand
on a fixé cefacteur. En
théorie,
la meilleure méthode eîit été de calculer les écarts à croissance réalisée constante, enprenant
commeexpression
de cette croissance les valeurs de lapremière composante principale.
Mais lepoids
vif vide en est une bonneapproxi-
mation
(v
=o, 9 8r)
et ils’agit
d’un caractère concretplus
facile à mettre en oeuvre.C’est la raison pour
laquelle
nous avons calculé les écarts observés àpoids
vif videconstant. Ces écarts constituent une méthode
d’expression
del’importance
dechaque partie corporelle
relativement aupoids
vif. Une autreméthode,
souventutilisée,
consiste à calculer lerapport
entre lepoids
d’unepartie corporelle
et lepoids
vif. Si lesrapports présentent
unesignification
concrèteévidente,
ils ont l’incon-vénient,
comme l’ontrappelé
1)1’-!KEI, et al.(rg6 j ),
de conduireparfois
à des corré- lations fallacieuses(cas
de la corrélation entre unrapport
et sondénominateur).
L’utilisation des
pourcentages
aégalement
étécritiquée
par TULLOH(io6_ 3 ).
Enparticulier,
lerapport
de 2 variables normales ne suit pas une loi normale. Au con-traire,
les écarts à la droite derégression
linéaire sont distribués normalement et ils seprêtent
donc mieux au calculstatistique.
I)ans notre
échantillon,
la variabilitégénétique
des écarts estplus
faible que celle des variablesexprimées
en valeur brute. Mais les différences entre familles sont presquetoujours significatives (cf.
tabl.3 ),
cequi
rendthéoriquement possible
une sélection pour modifier
l’importance
relative d’unepartie corporelle
vis-à-visdu
poids
vif.Parmi les variables intéressantes dans la
pratique avicole,
cellescorrespondant
aux abats
(sang, plumes, viscères, pattes, tête)
ont une héritabilité moyennequi
varie de 0,25 à o,50. Ces valeurs sont à
rapprocher
du 004°obtenuprécédemment
pour le rendement à
l’abattage
des mêmespoulets (Rrcam>, 1!65).
L’héritabilitémoyenne de l’écart «
graisse
abdominale » estimportante (0,!7).
I>eplus
lagraisse
abdominale
représente
un facteurd’engraissentent indépendant
de la croissance réa- lisée de l’animal. Onpeut
donc penserqu’une
sélection pour améliorer la vitesse de croissance tout en maintenant l’étatd’engraissement
à un niveau déterminé serait efficace. Il seraitparticulièrement
intéressant de voir si ce résultatpeut
êtregéné-
ralisé à d’autres
types
d’animaux.Un ce
qui
concerne lesparties
nobles de la carcasse, les écartscorrespondant
aux blancs ont une héritabilité moyenne du même ordre de
grandeur
que celle des ailes( 0 , 5 )
maisplus
forte que pour l’ensemble cuisses -!-pilons ( 0 , 3 ).
Parailleurs,
notons que i5 p. 100 de la variance
phénotypique
dupoids
des blancs estindépen-
dante du
poids
vif et que 50 p. 100 de cette variance résiduelle estd’origine géné- tique : l’écart-type génétique
résiduel estégal
à o,27 foisl’écart-type phénotypique
total,
soit 7,5 g.Les corrélations entre écarts sont, par
définition,
des corrélationspartielles,
icià
poids
constant. Ellespermettent
de rendrecompte
desoppositions qui
existententre
l’importance
relative des différentesparties corporelles.
On constate ainsi que lagraisse
abdominale est liéepositivement
au reste de carcasse etnégativement
aux abats et à l’ensemble cuisses !-
pilons.
Lesparties
nobles de la carcasse(blancs, ailes,
cuisses etpilons)
sont enopposition
avec laplupart
des abats(sang
!-plumes, viscères, tête).
Il semble donc relativement facile de diminuer lespertes
àl’abattage
en
augmentant
en mêmetemps
lapart
des morceauxqui
sont recherchés du consom-mateur, tout au moins dans le cas de notre échantillon.
CONCLUSION
Trois faits intéressants
peuvent
sedégager
de laprésente
étude.1
0Une fraction notable de la variabilité totale
des parties corporelles
étudiéesest