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Submitted on 1 Jan 1905
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Action physiologique de la radioactivité faible
E.S. London
To cite this version:
E.S. London. Action physiologique de la radioactivité faible. Radium (Paris), 1905, 2 (12), pp.393-395.
�10.1051/radium:01905002012039300�. �jpa-00242161�
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Action physiologique de la radioactivité faible
DE récentes recherches ont démontré que, si le radium est encore fort rare, la radioactivité,
par contre, est bien plus répandue dans la na-
ture qu’on n’ait pu le supposer. D’après les travaux de Snyder, physicien américain, l’analyse spectrale accuse
la présence du radiunl dans la photosphère solaire.
S’il en est vraiment ainsi, il est évident que notre pla- nète, avec tout ce qui l’habite, nc sort pas de la sphère
de radioactivité très faible, il est vrai, qui lui est envoyée en même temps que la lumière et la chaleur.
Si même la déclaration de Snyder n’était pas confir- lnée par des recherches ultérieures, l’opinion que la radioactivité est un phénomène répandu dans la nature,
n’en serait pas moins établie. En effet, Elster et Geitel, Ilimstedt, Curie et Lal)ol’de, Aschoff, Strutt, Ilasen- fcld, Borgmann, Dadourian et bien d’autres encore.
ont constaté la présence de l’émanation de radium dans diverses sources minérales, dans les boues, ainsi que dans l’atmosphèrc et dans le sol.
On en i ient donc tout naturellement à se demander si la faible énergie radioactive qui se trouve constaln- nlent répandue dans la nature
-ou, tout au moins,
là où elle est relativement plus intense
-produit quelque action sur les êtres vivants, surtout sur les
êtres supérieurs. Tout ce qui a été publié jusqu’à ces
derniers temps a ce sujet se rapporte aux effets de radioactivité plus ou moins intense.
La préparation de radium que je possède se dis- tingue par une intensité considérable ; pour étudier l’effet physiologique produit par une activité faible, il
suffit soit de réduire la durée de l’exposition, soit d’augmenter la distance au corps irradié.
J’ai appliqué les deux procédés à l’effet de détermi-
ncr les conditions extrêmes dans lesquelles se mani-
feste l’action physiologique du radium, et voici les ré-
sultats obtenus :
1. 1)(-RÉE MINIMA D’APPLICATION.
Les expériences effectuées portèrent sur la peau de l’avant-bras de diflërentes personnes; elles consistaient
à y appliquer une coupelle fermée contenant 18 milli-
grammes de radium, pendant une durée de 1 8, 1 6.
1/4,1/2, 1, 2, 3, 4, 5 et 1 fi minutes.
Je constatai clu’llll quart de minuit’ était la durée minima nécessaire pour provoquer une réaction, sous la forme d’une tache persistante de teinte brun rou-
geatre.
Le calcul permet d’établir
-approximativement .
bien entendu - la dose minima physiologiquement ac-
tiBe des particules du radium, du moins pour cr qui
concerne la peau. Les données physiques démontrent (Rutherford, Radio-activity. Cambridge. 1904 que
1 gramme de bromure de radium. par seconde, en- gendre 4+6,6 - 109 de corpuscules et une quantité quatre fois moindre d’électrons B. Bien que les rayons B
de même que les rayons y prennent une part incontes-
table à 1 action physiologique du radium, il semble probable que leur rôle est néanmoins fort restreint.
comparativement à celui des rayons x.
Notre préparation contient 18 milligrammes de
bromure de radium; elle est recouverte d’une plaque
de mica absorbant près de la moitié des particules x.
En JJ secondes, nous aurons donc un nombre égal à
18.4.6,6.109.15 2.1000 3,364,000,000, si l’on admet
que, de ce nombre, il pénètre dans la peau. vers la-
quelle n’est tourne qu’un seul côté de la substance ac-
tive, une fraction variant du tiers au quart, c’est-à- dire un milliard environ. Le poids de ces corpuscules, en admettant que chacun d’eux pèse deux fois plus qu’un
atome d’hydrogène, est égal à 3X1015grammes.
Cette masse minime de matière, d’après le calcul, développe fi ,000 ergs en chiure ronds, ce (lui cor- respond à 42,104 ou 1/7 de petite calorie.
On en vient à se demander a quoi est due l’action
physiologique du radium, puisqu’elle provient de l’ab- sorption par lapeau d’une masse de substances si minime et développant une énergie comparativement si insignifiante.
II. ACTION A GRANDE DISTANCE
Le 12 mai 1904, je procédai à l’expérienceci-après
Trois lapins en croissance: deux mâles d’un poids respectif dev 1,095 et 1,313 grammes, et une femelle, pesant 1,028 grammes, furent enfermés dans une cage
de 43 centimètres de longueur.41 centimètres de lar- geur et 31 centimètres de hauteur: au milieu du toit
de la cage, je placai 25 centigrammes de bromure de
radium pur. De temps en temps. j’enlevai la boite con-
tenant le radium. dont j’avais besoin pour d’autres
expériences pour un terme plus ou moins prolongé (de quelques heures à sept jours.
Durant les premiers quinze jours. les lapins se trou-
vèrent dans un état tout à fait normal. sous tous les rapports: mais ensuite, je vis apparaître peu à peu
certains dérangements de la peau. des fonctions ner-
veuses des veux des fonctions sexuelles et de l’éco- nomie générale du corps.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:01905002012039300
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a) Peau.
-Le seizième jour, à dater du commen-
cement de 1" expérience, les oreilles commencèrent a
rougir: ensuite, on vit y apparaître, par-ci par-là. des
brûlures locale, de troisième ordre. Les parties brû-
lées se transformèrent finalement en plaies.
Six u huit sel11aines après le commencement de l’ex-
plBriel1ce, alors que les oreilles avarient perdu tous
leurs poils et s’étaient couvertes de plaies, le dos pré-
senta les mêmes phénomènes. Les plaies se cicatri- ’
siient. Ce ne fut d’abord qu«une petite partie de la
peau du dos qui fut atteinte, mais ensuite le proces-
sus se développa sur une surface toujours grandis-
sante. Ensuite, les oreilles enflèrent fortement et com-
mencèrent h se déformer; certaines parties furent
atteintes de nécrose et se détachèrent.
A l’heure actuelle, soit quatorze mois après le
com1encement de l’expérience, le dos et la tête de
nos animaux sont absolument dépourvus de poils et
Fig. 1.
-Action de 18 milligrammes de bromure de radium
placés â 50 centimètres sur les tissus externes de lapins.
couvertes, du museau à la (luèue, de plaies et de grosses croûtes (voir photographie). Autour de la partie at- teinte, la peau est hyperémiée et dépourvue de poils.
L;n oatre, on voit se former par-ci par-la, a la péri- phérie, des abcès sous-cutanés, qui finissent par s’ouvrir. Ces abcès, de même que tous les phénomènes pathologiques dans le tissu sous-cutané, offrent plutôt
une complication secondaire du processus qui a lieu
dans la peau.
b ) Système nerveux.-Déjà, depuis le mois de
juillet de l’an née dernière, les animaux commencèrent à devenir de plus en plus lents, apathiques, ce qui
aurait pu être attribué aux altérations survenues dans la peau : mais on ne saurait expliquer de même les
dérangements observés dans la sphère motrice : depuis près du huit nioi, déjà. les lapins se servent mal de
leurs pattes de derrière: ils les traînent. et. surtout
en courant. rampent sur le centre, à l’aide de leurs
pattes de devant. Le développement de ces dérange-
ments de la sphère motrice n’est pas parallèle a celui
du processus qui a lieu dans la peau du dos; il faut donc reconnaître à ces dérangements une origine indé- pendante, déterminée par l’effet direct des rayons du radium.
c) Organe de la vue.
-L’ophtalmoscopie répétée
démontre que les yeux de tous les lapins sont atteints
u un degré plus ou moins considérable. La cornée et le cristallin ne sont atteints que faiblelnent; par contre, c’est la rétine qui a souffert le plus, chez tous les la- pins. Nous avons affaire ici à une rétinite centrale et
de plus, chez un des lapins, à une névrite centrale.
L’un des animaux a les paupières fortement retrous- sées, ce qui a été provoqué par le processus de la peau.
l’crs la fin de la vie, les yeux furent fermés entière-
ment et coucerts de sécrétion séchée.
Le degré de développement du processus dans la rétine n’est pas lc même dans tous les yeux.
Cela s’explique, évidemment, par le fait que la radiation des yeux se produisait toutes les fois que les lapins les dirigeaient par hasard vers le ra-
dium. La prépondérance de l’effet des rayons du radium sur la membrane réticulaire et le nerf prouve, une fois de plus, la sensibilité prédomi-
nante des vaisseaux et des nerfs, à l’égard de ces
1-ayons.
d) Fonctions sexuelles.
-Pendant les quel-
ques premiers mois, les lapins se comportèrent
d’une façon normalc, au point de vue sexuel :
la femelle eut trois portées (en juillet, septembre
et novembre derniers) ; mais, peu à peu, leur instinct sexuel commença à faiblir et finit par s’éteindre tout â fait.
e) Économie générale du corps.
-Bien que
les résultats défavorables de la radiation se fussent dcclarés assez tôt, les poids des lapins augmentèrent
constamment néanmoins jusqu’au mois de décembre
dernier et atteignirent respectivement, à cette époque, i 630, 1 580 et 1590 grammes. Mais il comn1cnça à diminuer bientôt. La fenlelle est morte le 29 juin,
pesant 1 090 grammes ; un des mâles, le 3 juillet, pesant 1 080 grammes.
f) Analyse anatomo-pathologique. - AUTOPSIE.
-A l’autopsie, on a pu observer ce qui suit : le tissu sous-cutané est entièrement atrophié. Dans la région
de la colonne vertébrale, la peau adhère fortement au
tissu adjacent par des tractus de tissu conjonctif. Les
muscles sont flétris; le muscle cardiaque est ralll01li.
Le foie, d’une couleur sombre, a diminué de dimen- sion. La rate. quatre à cinq fois plus petite que la normale, est devenue mollc et ilétrie ; les reins,
pâles et mous : les capsules surrénales, agrandies.
L ovaire de la femelle, le testicule et l’épididyme du
mâle se sont fortenlent amoindris : les deux derniers
se présentant sous la forme d’un mince cordon. La
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substance de la nloelle est plus molle que la normale.
EXAMEN MICROSCOPIQUE. - La rate.
-La capsule et
les trabécules sont considérablement abaissées. Le nombre des follicules est diminue visiblement. Les follicules restants sont réduits et très pauvres en
lymphocytes; leurs centres germinatifs sont à l’état
de nécrohiose. La pulpe est fortement raréfiée. On troue difficilement des cellules géantes, lesquelles
sont d’ailleurs atrophiées. On ne rencontre les poly-
nucléaires qu’en nonlbre nlininle.
Il est à remarquer qu’à côté de ces symptômes ré- gressifs, on observe des signes d’un processus pro-
gressif qui se manifeste par la caryocynèse des lym- phocytes, en nombre insignifiant d’ailleurs. Les lacunes intermédiaires et les veines pleines de globules rouges
ne contiennent qu’une petite quantité de lyn1phoclles
et de polynucléaires, avec beaucoup de cellules pig-
mentaires. Un trouve ces dernières en quantité consi- dérable, entre les cellules de la pulpe même. En un
mot, dans la rate on constate la destruction des folli-
cules, la disparition des cellules de la pulpe et l’aug-
iiiontation dn pignlent.
Ganglions lymphatiques.
-On observe, dans les
ganglions lymphatiques, une diminution du contenu des lymphocytes dans les nodules secondaires et dans les cordons; dans les vaisseaux, au contraire, le nombre des leucocytes est relativement augmenté.
Foie.
-Dans le foie se nlanifeste une stagnation
du sang et une dégénérescence adipeuse des cellules hépatiques.
Reins.
-Les cellules épithéliales sont atteintes
d’une atrophie prononcée dans les canaux droits: par-
ci par-!a on trouve des masses d’un aspect homogène
dans les lumières de ces canaux.
Organes se ruels.-
L’ovaireprésente des change-
ments importants. surtout dans la partie quiqu’on puisse lu, constater égallement dans la pulpe. Toute la couche corticale est ddégénérée en
tissu conjonctif et ce n’est que par-ci par-la on’on
voit des follicule, et des vésicules de Graaf, fortement
dégénérées d’ailleurs. Dans la pulpe, les éléments cel- lulaires se montrent excessivement atteints par le pro-
cessns d’atrophie.
Pour ce qui concerne le testicule et l’épididyme. les
altérations consistent cn disparition absolue des élé- ments épithéliaux de tous les canalicules. en oblitéra- tion de ces derniers et en néoformation du tissu con-
jonctif.
En quelques endroits seulement on réussit parfois
a retrouver les restes des éléments parenchymateux.
J.’foelle.
-Dans les préparations de la I1Jo(.lle
épinière traitées par la méthode de Ranon y Cajal. il
est facile de trouver des altérations atrophiques, dans
les cellules nerveuses. Du reste, les détails qui s’y rapportent seront décrits ailleurs, séparément.
Les altérations histologiques des organes que nous
venons d’énumérer expliquent assez clairement tous les
phénomènes cliniques précités.
E. S. London,
Chef de la section de pathologue genérale
à l’Institut impérial de médecine expérimentale de St-Petersbourg.
77e Réunion des Naturalistes
et des Médecins allemands (Meran)1
État des recherches sur l’électricité dans les gaz.
-J. STARK (Göttingen).
-Résume très
général des théories ioniques et électroniques.
Léon BLoc H.
Sur les Électrons.
2013W. WIEN (Würzburg).
-Rapide exposé des faits que la théorie des électrons a
permis de coordonner et de ceux qu’elle n’explique
pas encore. L. B.
Appareil pour la mesure absolue de la conductibilité électrique de l’air.
2013II. GER-
DIEN (Göttingen).
2013L’appareil. qui est représenté
1. La 77 réunion s’est tenue à Meran du 24 au 3 0 septem- bre 1905. De no mbreuses et intéressantes communications furent presentées. Nous donnons ici l’analyse des travaux qui
*-’’