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Note de conjoncture - Septembre 2012

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Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 11 septembre 2012 - 1/4

Note de conjoncture - Septembre 2012

Malmené par les médias, l’opposition et les sondages, F. Hollande, le 31 août à Châlons-en-Champagne, a fait le constat de l’évidence :

« nous sommes devant une crise d'une gravité exceptionnelle, une crise longue qui dure depuis maintenant plus de quatre ans ».

Au niveau mondial, les prévisions de croissance ne cessent d’être revues à la baisse et l’économie, y compris dans les pays émergents et en voie de développement, semble comme anesthésiée par la menace des problèmes financiers de la zone euro. La croissance baisse même en Chine, au point de remettre en cause sa place de champion du commerce mondial.

En Zone euro, la récession ne cesse de gagner du terrain et concerne maintenant plus de la moitié des pays membres. Si la situation est difficile partout, elle l’est encore plus dans les Etats de la « périphérie » ( Grèce, Espagne et Italie). L ’Allemagne, elle même, est touchée à son tour. La France, n’évite que de justesse la récession puisque sa croissance au 2

ème

trimestre 2012 stagne pour la 3

ème

fois consécutive.

Partout la première urgence reste la question de l’emploi qui prend un tour particulièrement dramatique pour les jeunes de « l’Europe du Sud . En France, où le chômage franchit pour la première fois la barre des 3 millions personnes et atteint les 10%, le gouvernement a décidé de «mener la bataille de l’emploi » sur 3 fronts : contrats d’avenir, contrats de génération et réforme du marché du travail, objet d’une négociation entre des partenaires sociaux dont les objectifs s’annoncent à priori très contradictoires.

C’est dans ce contexte que l’exécutif prépare le budget 2013 avec l’objectif de réduire coûte que coûte le déficit public à 3% du PIB.

F.°Hollande a reconnu sur TF1 (9 septembre) que l’effort demandé (30 Md€) serait sans précédent depuis plus de 30 ans et reposerait pour un tiers sur la hausse des prélèvements sur les ménages. La décision de maintenir le gel du barème des impôts, le renoncement, partiel ou non, à certains des engagements de campagne, la réforme à venir du financement de la protection sociale soulèvent bien des inquiétudes, d’autant plus qu’un tel « tour de vis » a toutes les chances de faire entrer le pays, après bien d’autres, dans une spirale de récession et d’austérité.

De plus en plus de voix, au plan politique, syndical, associatif, mais aussi d’économistes, contestent de tels choix qui seront aussi au cœur du débat public dont il est souhaitable qu’il accompagne la présentation au Parlement, en octobre, du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) dans l’Union économique et monétaire.

Au niveau mondial, une économie plombée par la récession européenne

La reprise mondiale s’étant révélée encore plus faible que prévue au cours du 1

er

semestre 2012, le FMI a revu (16 juillet) à la baisse ses prévisions de croissance et annonce pour la croissance mondiale, après les +5,3% de 2010 et +3,9% de 2011, des taux de +3,5% en 2012 et de +3,9% en 2013.

Selon le FMI, 2 lourdes menaces pèsent à court terme sur cette croissance déjà très fragile.

1 – l’aggravation de la situation de la zone euro (on était en juillet dans une phase de forte tension des taux d’emprunts des pays en difficulté de la zone). Le FMI préconise d’accélérer la mise en œuvre des décisions du sommet européen de la fin juin.

2 – le risque d’un « mur bugétaire » (« fiscal cliff ») qui pèse sur les Etats-Unis. Faute d'un accord trouvé après les élections et d'ici la fin de l'année au Congrès, certaines mesures de relance et de réductions d'impôt expireront en même temps qu'entreront en vigueur des baisses automatiques des dépenses publiques, faisant craindre une compression budgétaire qui pourrait être de plus de 4 points de PIB en 2013. Un tel recul du PIB américain aurait des répercussions considérables sur le reste du monde.

Dans les pays avancés, la croissance a été revue à la baisse (+1,4 % en 2012 et +1,9% en 2013) sous l’effet notamment du fléchissement de l’activité en zone euro. La croissance resterait très faible en France et dans une moindre mesure en Allemagne, tandis que l’Italie, l’Espagne et la Grèce continueraient d’être frappés de récession.

Si, dans l’ensemble, les grands pays émergents ont bien survécu à la crise, leurs performances sont en général en régression tandis que la croissance ralentit très sensiblement en Chine, au Brésil, et en Inde. La Russie, pourtant premier exportateur mondial d’hydrocarbures, stagne.

La conjoncture mondiale souffre de l'absence actuelle de pays susceptibles de prendre le relais des pays occidentaux et de la Chine en panne de croissance.

Certes, des pays ignorent la crise ou continuent d'enregistrer des croissances vertigineuses, comme l'Angola et l'Azerbaïdjan, nouveaux champions des exportations de pétrole. Mais ils n'ont pas une taille suffisante pour tirer la conjoncture mondiale en matière d'investissement ou de consommation .

De leur côté, les prévisions de l’OCDE (6 septembre) « font apparaître une nette dégradation des perspectives économiques depuis le printemps dernier ». « Le ralentissement continuera si les responsables ne parviennent pas à traiter la principale cause de cette détérioration, qui est la crise persistante de la Zone euro ». Les taux de

croissance annualisés pour les pays du G7 seraient seulement de +0,3% au 3

ème

trim 2012 et +1,1% au 4

ème

trim. Pour les 3 plus grands pays de la zone euro pris ensemble (Allemagne, France et Italie) ces mêmes taux seraient respectivement de – 1% et – 0,7%, pour le Japon de – 2,3% et 0%. La situation serait plus favorable pour les Etats-Unis avec des taux de +2% et +2,4%

L’OCDE, au delà de la situation de la Zone euro, pointe des risques qui pourraient conduire à une nouvelle révision à la baisse des

prévisions : « l’éventualité de nouvelles hausses des prix déjà élevés du pétrole, une contraction budgétaire excessive, notamment aux États-

Unis en 2013, et une érosion continue de la confiance des consommateurs, liée à un chômage persistant »

(2)

Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 11 septembre 2012 - 2/4

En France comme en Zone euro, les indicateurs économiques sont au rouge

La France continue à éviter de justesse l’entrée en récession. Au 2ème trimestre 2012, comme aux 2 trimestres précédents, le PIB reste stable (0,0 %).

La croissance a perdu son traditionnel moteur : la consommation des ménages recule de -0,2 % au 2

ème

trimestre.

Phénomène exceptionnel, le repli ne concerne pas seulement les biens manufacturés, mais aussi les dépenses de services (hébergement, restauration...).

Dans un contexte de tensions sur le pouvoir d'achat, les Français procèdent à des arbitrages. Si l'Insee s'attend à ce qu'elle reste quasi atone au cours des deux prochains trimestres (+ 0,1 %), elle pourrait ensuite régresser, en raison de la progression des impôts et de la remontée du prix des matières premières.

L'investissement des entreprises (la formation brute de capital fixe FBCF) s'est redressé au 2ème trimestre (+ 0,7 %) après avoir chuté en début d’année (–1,4 %) . Mais cette bonne surprise s'explique surtout par un effet de rattrapage dans les travaux publics après un mauvais début d'année lié à la vague de froid. L’investissement des ménages stagne. Au total l’investissement progresse de +0,6% après avoir régressé de -0,8%

Au total, la demande intérieure finale (consommation et investissement hors stocks) contribue faiblement à l’évolution du PIB°: +0,1 point au 2ème trimestre, après une contribution neutre au trimestre précédent.

Après un déficit commercial record en 2011 (70 milliards d'euros), les déséquilibres restent importants en raison notamment des difficultés de certains des partenaires commerciaux de la France. Sur les six premiers mois de l'année, le déficit a atteint 34,9 milliards d'euros. Les exportations ralentissent globalement et s'orientent même à la baisse vers l'Union européenne (- 0,5 %), notamment vers les pays de l'Europe du Sud.

Au 2ème trimestre, les importations accélèrent nettement (+1,8 % après +0,6 %), tandis que les exportations restent peu dynamiques (+0,2 % après +0,1 %). En conséquence, le solde extérieur se dégrade et contribue de nouveau négativement à l’évolution du PIB (–0,5 point, après –0,1 point).

Les variations de stocks des entreprises contribuent positivement à l’évolution de l’activité : +0,3 point après +0,1 point au 1er trimestre 2012.

Par ailleurs à la fin août les enquêtes de l’Insee relèvent une dégradation du climat conjoncturel dans de nombreux secteurs (services, commerces, réparation automobile, affaires, industrie manufacturière, bâtiment, etc.)

La Zone Euro dans son ensemble entre en récession (-0,2% au T

2

2012 après 0,0% au T

1

2012), 10 pays sur 17 de la zone étant en croissance négative. L’Allemagne elle même serait en récession fin 2012 (prévisions OCDE : -0,5% au T

3

2012 et –0,8% au T

4

2012).

Chômage, le défi majeur

« Les 3 millions (demandeurs d’emploi sans activité ), c’est déjà fait ; les 10%

c’est déjà fait ». Cette formule choc de M. Sapin (2 septembre) avait certainement pour objectif tactique de faire pression sur les partenaires sociaux qui doivent entrer dans une négociation sur le marché du travail. Elle vise aussi à montrer à l’opinion publique que le gouvernement, qui est jugé par 72% des Français (sondage CSA) comme insuffisamment actif par rapport à la crise et au chômage, a pris toute la mesure du défi majeur auquel il est confronté

En juillet, selon Pôle emploi (28 août), le nombre de demandeurs d'emploi n'ayant pas du tout travaillé dans le mois (catégorie A) a bondi de 41.300 en métropole, soit à un rythme près de deux fois supérieur à celui enregistré le mois précédent, pour atteindre 2,987 millions de personnes. Il s'agit du quinzième mois d'affilée de progression, mais il faut remonter à avril 2009 pour retrouver une dégradation aussi rapide. Cela représente une hausse de +1,4 % sur un

mois et de +8,5 % sur un an. Les chiffres de l’Insee, publiés le 6 septembre, ne divergent que très légèrement : 2,8 millions de chômeurs au sens du BIT avec un taux de chômage de 9,7%.

Le graphique ci-contre montre qu’il faut remonter à 1999 pour retrouver le niveau de chômage actuel. On note sur cette courbe deux périodes de franche baisse, de 1998 à 2000-2001, puis de 2006 à 2008, correspondant à des périodes de reprise économique. On constate aussi la progression très rapide du chômage depuis la crise de 2008.

Un rapport explosif de l’Insee (Sept. 2012) Le niveau de vie en baisse depuis 2010

Le niveau de vie médian (la moitié de la population est au-dessus, l'autre moitié en dessous) des personnes d'un ménage atteint 19.270 €, ce qui représente 1.610 € par mois. Ce montant est en baisse de 0,5% par rapport à 2009 si l'on tient compte de l'inflation.

Il faut remonter à 2004 pour enregistrer un tel recul.

Seul, le niveau de vie des 5% de personnes les plus aisées est reparti à la hausse (+1,3%) après avoir stagné en 2009.

La plupart des indicateurs d’inégalités sont à la hausse.

Entre 1996 et 2010, le niveau de vie moyen des 10% de personnes les plus aisées a augmenté de 2,1% par an en moyenne, contre 1,4% pour l'ensemble de la population.

En 2010, 8,6 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire (60% du salaire médian, soit 964 euros par mois), la moitié d'entre elles vivant avec moins de 781 euros par mois. Soit + 440 000 pauvres en un an. Le taux de pauvreté atteint 14,1%, en hausse de 0,6 points par rapport à 2009, c’est à dire son plus haut niveau depuis 1997.

Cette hausse de la pauvreté touche plus particulièrement les jeunes de moins de 18 ans : après +0,4 point en 2009, leur taux de pauvreté progresse de 1,9 point atteignant 19,6%.

Les enfants contribuent pour près des deux tiers (63%) à l'augmentation du nombre de personnes pauvres.

(3)

Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 11 septembre 2012 - 3/4 Les chiffres sont tout aussi préoccupants pour les chômeurs recherchant activement un emploi, qu'ils aient travaillé ou non dans le mois (catégories A, B, C). Leur nombre progresse de 58.300, soit un bond de 1,3 % par rapport à juin et de 7,9 % sur un an, pour atteindre 4,454 millions de personnes (4,733 millions avec les DOM). Si l’on tient compte des catégories D (chômeurs en stage, en formation ou en arrêt maladie), et E (chômeurs en emploi aidé) on compte désormais, pour la France entière, plus de 5 millions de chômeurs, soit le quart de la population active.

.

Les jeunes et les seniors sont les plus touchés. Le nombre de chômeurs de catégories A, B et C de moins de 25 ans atteint 671.200, soit + 1,4 % sur un mois (+ 1,1 % pour les 25-49 ans). Celui des 50 ans et plus augmente encore plus vite (+ 1,8 % sur un mois et + 15,3 % sur un an) avec 932.300 demandeurs d'emplois. L'autre point noir reste la hausse continue du chômage de longue durée, avec 23.800 nouveaux demandeurs d'emplois de plus d'un an, ce qui porte leur total à 1,708 million, soit 38 % de l'ensemble des inscrits. A noter que les licenciements économiques (2,7%

des inscriptions à Pôle emploi) ne représentent qu’une petite partie des problèmes d’emploi auxquels est confronté le pays, même si le déferlement de plans sociaux de cet été a défrayé la chronique et fortement mobilisé une opinion publique qui les ressent comme éminemment

emblématiques de la crise. L’Observatoire de l’investissement a recensé 87 000 suppressions d’emploi, depuis le début 2012, et 96 000 créations.

Le chômage progresse partout en Europe, mais la France présente 2 particularités qui aggravent la situation. La productivité y progresse chaque année de 1%, ce qui signifie qu’il faut au moins 1% de croissance pour maintenir l’emploi. De plus, contrairement à l’Allemagne, sa population active ne cesse de progresser. Chaque année, 800 000 jeunes entrent sur le marché du travail, alors que 650 000 seniors en sortent, soit, en solde, une augmentation annuelle de la population active de 150 000 personnes. C’est alors 1,5% de croissance par an qui seraient nécessaires pour maintenir l’emploi. Un tel taux est aujourd’hui inenvisageable, surtout dans un contexte de politique drastique de réduction des déficits.

En l’absence de croissance, il ne reste à court terme que 2 leviers pour limiter le chômage

1- le chômage partiel particulièrement développé en Allemagne (1,6 millions de salariés depuis 2008), mais très peu utilisé en France (250 000 salariés) 2- le traitement social du chômage. Pour 2012, le gouvernement a ajouté en juin 80 000 contrats aidés aux 390 000 initialement prévus (340 000 contrats d’accès à l’emploi CAC et 50 000 contrats d’initiative emploi CIE). Pour 2013, il est prévu d’ajouter aux 390 000 contrats aidés quelques 100 000 contrats d’avenir, dont 6 000 dans l’Education.

Le contrat d’avenir, proposé par F. Hollande dans sa campagne, se veut radicalement différent de l’emploi jeune, il est réservé aux 16-25 ans (âge à la signature du contrat), sans qualification, issus des quartiers sensibles et de certaines zones rurales (500 000 jeunes sont potentiellement concernés dont la moitié sont inscrits à Pôle emploi). Au nombre de 150 000 à partir de 2014, ils seraient surtout concentrés dans le secteur non marchand (collectivités territoriales, hôpitaux, associations) et à la marge dans le privé pour des secteurs à

« utilité sociale avérée » et à fort potentiel d’embauche. Ces contrats de 1 à 3 ans seront subventionnés par l’Etat à 75% du smic pour le secteur non-marchand et à 35% pour le privé et pourraient être lancés début novembre, dès la loi votée. Le coût de ce dispositif serait en année pleine de 1,5 Md€. Le problème décisif des mesures d’accompagnement et de la formation reste posé.

Deuxième étape de la bataille pour l’emploi qu’entend mener le gouvernement, le contrat de génération, mesure phare du candidat Hollande . Il s’agit de coupler l’embauche en CDI d’un jeune 16-25 an avec le maintien dans l’emploi d’un senior de plus de 57 ans. L’exonération de charges serait de 4000€ pour les entreprises de moins de 300 salariés. Au dessus de 300 salariés, un contrat de génération collectif devra être signé sous peine de suspension des « allègements de charge Fillon » dont bénéficie l’entreprise. 500 000 contrats sont prévus pour la durée du quinquennat avec un coût annuel inférieur à 2,5 Md€. Tout risque d’effet d’aubaine ne peut être écarté (60 à 80% des contrats estime l’OFCE !)

Troisième étape de la bataille pour l’emploi, présentée comme la plus importante, la négociation entre syndicats et patronat sur le marché du travail qui doit s’engager d’ici fin septembre. 4 axes de réflexion ont été avancés par le ministre, dans des termes diplomatiques :

«lutter contre la précarité du marché du travail», «améliorer les dispositifs de maintien dans l'emploi face aux aléas conjoncturels»,«améliorer les procédures de licenciements collectifs», « progresser dans l'anticipation des évolutions de l'activité, de l'emploi et des compétences». Les partenaires sociaux ont officiellement jusqu’à fin mars pour arriver à un accord qui serait alors retranscrit dans la loi. Ils sont même pressés, «vu l’urgence» d’aboutir avant la fin de l’année… La négociation s’annonce plus que difficile et comme un test décisif pour le «dialogue social» dont F.

Hollande se veut le champion..

Le carcan des 3%

Le rapport sur les finances publiques de la Cour des comptes présenté le 2 juillet rappelait les objectifs du programme de stabilité 2012-2016 transmis par la France à Bruxelles en avril dernier : déficits de 4,5% en 2012, 3% en 2013 et 0% en 2016-2017. Il chiffrait les efforts budgétaires nécessaires entre 6 et 10 Md€ en 2012 et à 33Md€ en 2013 dans l’hypothèse d’une croissance de +1%. (cf note SNES du 2 septembre) Le candidat Hollande avait repris ces objectifs de déficit dans ses engagements de campagne et s’en est tenu pour l’instant aux préconisations du rapport de la Cour. L’exécutif a notamment fait voter pour 2012 un collectif budgétaire de 7,4 Md€, essentiellement sous forme d’augmentation des recettes

Pour 2013, F. Hollande a réaffirmé, le 7 septembre devant la Cour des comptes, l’objectif des 3%

pour le déficit, a reconnu que l’effort budgétaire nécessaire de l’ordre de 33Md€ « serait le plus important de ces 30 dernières années »et qu’il s’agissait de « préserver la qualité de la signature de la France à l’égard des marchés pour financer notre dette à des taux d’intérêt les plus bas possibles

» et de « retrouver des marges de manœuvre » à l’avenir.

L’équation budgétaire pour 2013 dont les termes seront rendus publics le 28 septembre, s’annonce cependant très compliquée.

Il y a d’abord incertitude sur la hauteur de l’effort. La situation de la croissance continue de se dégrader, ce qui ne cesse de remettre en cause à la

baisse les prévisions de croissance pour 2012 comme pour 2013. Pour 2013, la Cour faisait l’hypothèse de 1% de croissance, le gouvernement a du

revoir en juillet sa prévision de 1,7 à 1,2%, la Banque de France annonce 1% alors que le « consensus des économistes » se situent à 0,6%. Or

chaque dixième de point en moins de croissance obligera, pour maintenir l’objectif des 3% de déficit, à dégager 1Md€ en plus. Si par exemple la

croissance n’était que de 0,6% et non de1%, l’effort nécessaire serait de 37 Md€ et non de 33 (cf tableau ci-dessus). Pris entre le souhait de présenter

(4)

Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 11 septembre 2012 - 4/4 un budget apparaissant comme sincère et la volonté de limiter l’impact dans l’opinion de l’effort budgétaire, le gouvernement n’a toujours pas arrêté sa nouvelle prévision 2013, F. Hollande évoquant (TF1, le 9 septembre) une hypothèse de 0,8%

Se pose ensuite la question de la nature de l’ «effort». L’exécutif se dirigerait vers 10Md€ d’économies sur les dépenses de l’Etat qui seraient « stabilisés en valeur, hors charge de la dette et des pensions ». S’y ajouteraient 2,5 Md€ d’économies à la Sécurité Sociale et 5Md€ provenant des mesures prises en juilllet (fiscalisation des HS notamment). Il resterait alors 20 Md€ environ à trouver en recettes supplémentaires, soit 1 point de PIB environ !

C’est ce volet des hausses d’impôts qui suscite le plus d’interrogations et de polémiques, le pouvoir semblant tenté, en dépit de ses dénégations, de revenir, au nom de la croissance, sur certaines de ses promesses de campagne. «Toute augmentation générale et indifférenciée des impôts sur les ménages» est exclue, mais le gel du barème de l’impôt sera maintenu en 2013 ! La taxe de 75% sera réduite à 67% (par intégration de la CSG et de la RDS), ne s’appliquera qu’aux seuls salaires, en excluant les revenus du capital, et ne s‘appliquera que pour 2 ans seulement. La déductibilité des intérêts d’emprunt des entreprises qui devaient être supprimée, au nom de la

« définanciarisation de l’économie », ne serait finalement que rabotée. La réduction des allègements de charge « Fillon » qui devaient être réservés aux salaires compris entre 1 et 1,5 Smic (contre 1,6 aujourd’hui) et qui rapportait 2,3 Md€ serait finalement abandonnée, le gouvernement s’étant laissé convaincre qu’il y risquait 40 000 emplois. Au total F. Hollande (TF1 le 9 septembre) chiffre les prélèvements supplémentaires à 10Md€ sur les ménages et à 10Md€ sur les entreprises (essentiellement les grandes, privilégiées jusqu’ici)

A 3 semaines de la présentation du budget, des voix de plus en plus nombreuses au plan politique, syndical ou d’économistes

critiquent la volonté gouvernementale de garder à tout prix l’objectif des 3%, soulignent son manque total de crédibilité et le risque quasi- certain d’entrer dans la spirale d’austérité, de récession et de chômage que connaissent déjà une dizaine de pays de la Zone euro. Le FMI lui même rappelle qu’1pt de déficit en moins se traduit par 1pt de PIB en moins.

Des économistes proposent un délai supplémentaire d’un an. D’autres de ne prendre en compte que le déficit structurel qui permettrait de faire abstraction des aléas de la croissance tout en continuant de bénéficier des stabilisateurs « automatiques » dans les périodes difficiles.

D’autres encore une démarche coordonnée des pays de la zone euro. Mais pour l’heure, l’exécutif, « pour ne pas envoyer un signal négatif aux marchés », n’entend pas dévier de sa route…

Zone euro : la BCE a-t-elle changé la donne ?

Le sommet européen du 28 juin s’est conclu dans une certaine euphorie. L’Italie, l’Espagne appuyées par la France auraient fait « plier » l’Allemagne. Un pacte de croissance de 120 Md€, de portée à vrai dire limitée, était adjoint au Pacte de stabilité. Un mécanisme permettant de recapitaliser directement les banques via le Fonds Européen de Stabilité Financière

(FESF) et le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) serait mis en place afin de séparer le risque bancaire et le risque souverain (Une banque qui a besoin d’être recapitalisée n’affectera plus les comptes publics de l’Etat). Il était aussi prévu un usage plus souple des Fonds de secours européens afin qu’ils puissent acheter directement de la dette des Etats à la condition qu’ils «respectent les recommandations faites à leur pays ainsi que le pacte de stabilité».

Il est vite apparu que les délais de mise en œuvre seraient longs. Ainsi la Cour constitutionnelle allemande ne tranchera sur le MES que le 12 septembre. Par ailleurs, la

Grèce, demandant un déli de 2 ans supplémentaires, et l’Espagne, refusant toute imposition de nouvelles mesures d’austérité après avoir obtenu une aide 100 Md€ pour ses banques, suscitaient de nouvelles

inquiétudes. Fin juillet, les marchés s’agitaient de nouveau, les taux à 10 ans de l’Espagne dépassant les 7% fatidiques. (cf graph.) C’est dans ce contexte que le Président de la Banque Centrale

Européenne (BCE) déclarait le 26 juillet "Dans la mesure où l'ampleur des primes souveraines handicape le fonctionnement des canaux de

transmission de la politique monétaire, elles entrent dans le cadre de notre mandat". "Dans ce cadre, la BCE est prête à faire tout ce qu'il faudra pour préserver l'euro." "Et croyez moi, ce sera suffisant ! », ramenant sur les marchés un calme qui s’est maintenu ensuite pendant l’été (cf graph de l’obligation espagnole à 10 ans, la plus sensible dans la période).

Cette déclaration a suscité beaucoup d’attentes, en partie satisfaites

lors d’une conférence de presse, le 6 septembre. La BCE va lancer un nouveau programme d’achat (OMT) de dettes des Etats pour faire baisser leur taux d’intérêt. Elle achètera sur le marché secondaire des obligations d’Etat sans limite quantitative, fait nouveau qui doit permettre d’enrayer la spéculation. Elle renonce par ailleurs à son statut de créancier privilégié qui a eu des effets dévastateurs sur les autres investisseurs incités à la plus grande méfiance après qu’ils aient du supporter l’essentiel de la charge de la restructuration de la dette grecque. Ces mesures positives sont cependant assorties de conditions très restrictives, destinées à neutraliser l’opposition de l’Allemagne, mais susceptibles de compromettre l’efficacité du dispositif. L’OMT ne sera activé que si le pays demande d’abord au FESF/MES de lui acheter directement de la dette (marché primaire), ce qui implique qu’il se soumette à un programme d’ajustement piloté par la BCE, la Commission et le FMI. La BCE se contentera de racheter des titres dont l’échéance se situe entre un et trois ans. Pour éviter toute création monétaire excessive, la BCE s’est engagé à compenser les rachats de titres d’Etat par des reventes de titres privés détenus par la BCE, ce qui devrait pousser à la hausse les taux d’intérêts payés par les banques et les entreprises (effet récessif).

Le 10 septembre 2012

Bernard Boisseau

Sources : FMI, OCDE, DARES, INSEE, Natixis, Le Monde, Les Echos, La Tribune, l’Humanité, AFP, Alternatives économiques. Cf. aussi les notes du groupe SNES EcoSoc sur https://www.snes.edu/private/extranet/spip.php?rubrique101

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