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microscopie en champ proche optique
Yannick Sonnefraud
To cite this version:
Yannick Sonnefraud. Développement et applications de sondes actives en microscopie en champ proche optique. Physique Atomique [physics.atom-ph]. Université Joseph-Fourier - Grenoble I, 2007.
Français. �tel-00188794�
Universit´ e Joseph Fourier – Grenoble 1
TH` ESE
pour obtenir le titre de
Docteur de l’Universit´ e Joseph Fourier – Grenoble 1
Sp´ ecialit´ e : physique
pr´ esent´ ee et soutenue publiquement par
Yannick SONNEFRAUD
le 8 novembre 2007
D´ eveloppement et applications de sondes actives en
microscopie en champ proche optique
Composition du jury
Pr´ esident : G´ erald Dujardin Rapporteurs : Fran¸cois Treussart
Yannick de Wilde
Examinateur : Herv´ e Courtois
Co-directeur de th` ese : Gilles L´ erondel
Directeur de th` ese : Serge Huant
Remerciements
Ce travail a ´ et´ e r´ ealis´ e au sein de l’´ equipe Nano Optique et Syst` emes Electrom´ ecaniques (NOSE) du laboratoire de Spectrom´ etrie Physique, avant que notre groupe ne rejoigne l’Institut N´ eel pour int´ egrer le groupe Champ Proche. Sauf mention contraire, toutes les exp´ eriences pr´ esent´ ees ici ont ´ et´ e r´ ealis´ ees au laboratoire de Spectrom´ etrie Physique. Je remercie MM. Benoˆıt Boulanger, Thierry Dombre et Alain Fontaine de m’avoir accueilli dans leurs ´ etablissements.
Je tiens ` a remercier G´ erald Dujardin qui m’a fait l’honneur de pr´ esider mon jury de th` ese. De mˆ eme, tous mes remerciements vont ` a Fran¸ cois Treussart et Yannick de Wilde pour avoir accept´ e de juger ce travail. Ma gratitude va aussi ` a Gilles L´ erondel, mon co- directeur de th` ese, et Herv´ e Courtois, pour m’avoir dispens´ e des conseils tr` es profitables sur la men´ ee de mes travaux et pour avoir particip´ e au jury.
Je suis tr` es reconnaissant ` a Serge Huant de m’avoir supervis´ e tout au long de ma th` ese.
Plusieurs anciens doctorants m’ont dit qu’il ´ etait impossible de ne pas avoir d’altercation s´ erieuse avec son directeur de th` ese, je n’´ etais - et ne suis toujours - pas au courant. Tout au long de ma th` ese, Serge a su me motiver et fait en sorte que je dispose des moyens n´ ecessaires ` a son bon d´ eroulement. Sois assur´ e de ma gratitude pour m’avoir donn´ e la possibilit´ e d’´ evoluer dans de si bonnes conditions.
En arrivant dans l’´ equipe, j’ai commenc´ e par travailler aux cˆ ot´ es de Nicolas Chevalier, qui a su r´ epondre avec une patience infinie ` a toutes mes questions, et a toujours trouv´ e du temps pour me donner un coup de main en salle de manip. Sois en remerci´ e ! J’ai aussi eu l’occasion de d´ ecouvrir le meilleur et le pire co-bureau imaginable : Jean-Fran¸ cois Motte. Disposant d’une ´ energie infinie, il r` egle les probl` emes en moins de temps qu’il ne faut pour les expliquer, et je le remercie de m’avoir fait profiter de son super pouvoir.
Malheureusement celui-ci s’accompagne d’une incapacit´ e chronique ` a appr´ ecier la bonne musique et d’une propension notable ` a l’exhub´ erance. Quoi qu’il en soit, Jeff tu vas me manquer ! Enfin, j’ai travaill´ e pendant plus d’un an avec le nouveau doctorant de l’´ equipe sur la th´ ematique des sondes actives : Aur´ elien Cuche. Il a su devenir autonome sur le microscope en un temps record, en crashant moins de pointes que Jeff n’est capable d’en produire, la suite se pr´ esente donc sous un jour favorable. Aur´ elien je te souhaite bonne chance et bon courage pour la suite, ce fut un plaisir de travailler avec toi !
L’ambiance g´ en´ erale dans le laboratoire a ´ et´ e particuli` erement agr´ eable grˆ ace ` a l’en- semble de ses membres, que je tiens donc ` a remercier tr` es chaleureusement : Hermann Sel- lier, Lucien Besombes, David Ferrand, Bahram Houchmandzadeh (“Merci oncle Bahram !”
pour les tuyaux de linuxien !), Irina Mihalcescu, Catherine Quilliet (pas oublier l’oeuf sur
les bretles pour les faire dorer), Jean Philippe Poizat, Pierre Edel, Thierry Ouisse, Mathilde
Gateau, Cl´ ement Nizak, Jean Claude Vial, Olivier Stephan, et sans oublier les th´ esards :
Jacek Kasprzak (le truc de la frontale pour la salle de manip est terrible !), Florian Ha- brard, Paolo Actis (tu as encore de ces petits chocolats italiens ?), Gregory Sallen (qui par flemme n’es pas assez souvent en kimono), Matthieu Munch, Thomas Cl´ ement, Wilfrid Schwartz, Alessandro Siria, Justine Etienne et Miguel Silveira. Je souhaite bon courage pour la suite ` a ceux qui n’ont pas encore soutenu.
La construction du microscope a n´ ecessit´ e la r´ ealisation de pi` eces d´ elicates qui ont ´ et´ e fabriqu´ ees ` a l’atelier de Spectro par les m´ ecaniciens du laboratoire, qui allient un grand professionnalisme ` a une grande sympathie. Pour ces raisons tous mes remerciements vont
`
a Christophe Sibourg, David Terrier, Robert De Palo et Ralph Gros pour tous les coups de mains qu’ils m’ont donn´ es. De mˆ eme, les aides fr´ equentes de Richard Perli, Bernard Faure, Andr´ e Usseglio et Jessie Sitbon m’ont ´ et´ e particuli` erement utiles : je leur adresse mes plus vifs remerciements.
J’ai eu l’occasion de travailler avec de nombreuses personnes pour mener ` a bien les travaux de recherche pr´ esent´ es dans ce manuscrit.
Tous mes remerciements vont ` a Peter Reiss, Fr´ ed´ eric Chandezon et Jo¨ el Bleuse, “mes- sieurs nanocristaux”, pour leur grande disponibilit´ e.
Que Stefan Maier trouve dans ces quelques lignes l’expression de ma gratitude pour m’avoir accueilli dans son ´ equipe pour r´ ealiser des ´ echantillons par lithographie ´ electro- nique, de mˆ eme que ses doctorant Wei Ding et Matthew Burnett pour avoir partag´ e avec moi leur comp´ etence dans ce domaine.
L’activit´ e sur les particules d’oxydes de terres rares a ´ et´ e amorc´ ee par Bruno Mase- nelli et Christophe Dujardin, qu’ils soient remerci´ es de nous donner la possibilit´ e de nous int´ eresser ` a ces agr´ egats fort prometteurs. Je souhaites aussi exprimer ma gratitude aux autres personnes impliqu´ ees dans cette activit´ e : David Amans, Pascal M´ elinon et Bernard Jacquier.
Un grand merci ` a Fran¸ cois Treussart de m’avoir donn´ e la possibilit´ e de travailler avec les nanoparticules de diamants, ` a Orestis Faklaris pour les envois d’´ echantillons et Jean Fran¸ cois Roch pour avoir accept´ e de nous prˆ eter le module PicoHarp.
De mˆ eme, je souhaite exprimer toute ma gratitude ` a N´ evine Rochat et Amal Chabli pour nous avoir aid´ e ` a fabriquer des pointes optiques de comp´ etition ` a l’aide du FIB.
Pour clore ces remerciements, j’ai une pens´ ee particuli` ere pour toutes les personnes qui
n’ont que peu, ou rien ` a voir avec ce travail, mais dont la pr´ esence m’a ´ et´ e indispensable
pendant les passages difficiles, et tout aussi indispensable le reste du temps d’ailleurs : la
famille et les amis, pour leur soutien permanent et leur affection. Merci ` a mes parents qui
sont toujours pr´ esent dans les moments de besoin, ainsi que ma soeur, mes grands parents
et le reste de ma famille. Un grand merci (et bravo) ` a Laurent, Jennifer, Sylvain, Alex,
Herv´ e et Hugo pour m’avoir souffert tout ce temps, en esp´ erant que vous y avez pris autant
plaisir que moi. Sans oublier Alexis, Audrey, Benoˆıt, Camille H., Frederico, Guillaume P.,
J´ erˆ ome M., Mario, Michal, Olivier, Yoan et Yvonne, en esp´ erant que les routes qui nous
envoient aux quatres coins du monde nous r´ eunissent encore de temps en temps. Toute ma
gratitude ` a ceux qui sont (dont je suis ?) d´ ej` a loin mais qui restent en contact : Camille B.,
C´ edric, Fabien, Florent, Guillaume D., J´ erˆ ome L., John, Julie, Karl, Luc, Marion, Michael,
Paul-Albert, R´ egis, St´ ephane et Vincent. Ces br` eves lignes ne peuvent que maladroitement
rendre compte de ce que je vous dois ` a tous...
Table des mati` eres
Remerciements 3
Introduction 9
1 Motivations du sujet nanosource de lumi` ere. 13
1.1 Le champ proche optique . . . . 14
1.1.1 La limite de diffraction . . . . 14
1.1.2 La propagation agit comme un filtre passe bas dans le domaine spatial . . . . 16
1.1.3 Conversion des ondes ´ evanescentes en ondes propagatives 23 1.1.4 Les grandes avanc´ ees du champ proche optique . . . . 26
1.2 Le principe de la sonde active . . . . 31
1.2.1 Le concept de nanosource de lumi` ere . . . . 31
1.2.2 Les sondes actives dans mon ´ equipe d’accueil . . . . 35
2 La technique du champ proche optique au laboratoire 37 2.1 Les pointes optiques . . . . 38
2.1.1 G´ en´ eralit´ es sur les fibres optiques . . . . 38
2.1.2 Attaque chimique . . . . 39
2.1.3 D´ epˆ ots par ´ evaporation . . . . 43
2.1.4 Usinage au FIB . . . . 48
2.2 Le diapason pi´ ezo´ electrique . . . . 51
2.2.1 Pr´ esentation du diapason en quartz . . . . 52
2.2.2 Int´ egration du diapason dans le montage de NSOM . . 56
2.3 Le balayage : moyens utilis´ es . . . . 58
2.3.1 Mat´ eriel et m´ ethode . . . . 58
2.3.2 Hyst´ er´ esis des d´ eplacements . . . . 60
2.3.3 La d´ erive thermique . . . . 63
3 Conception et performances du microscope 69
3.1 Le microscope invers´ e . . . . 72
3.2 Agencement de la table optique . . . . 76
3.2.1 Mise en forme du faisceau laser . . . . 78
3.2.2 Voie d’injection dans la fibre optique . . . . 80
3.2.3 Le spectrom` etre . . . . 83
3.3 Mise en route du microscope . . . . 84
3.3.1 Confocal . . . . 85
3.3.2 NSOM . . . . 88
3.4 Imagerie : performances du microscope . . . . 94
3.4.1 Efficacit´ e de collection . . . . 94
3.4.2 Mode confocal . . . . 95
3.4.3 NSOM en transmission . . . 101
3.4.4 NSOM en collection . . . 104
4 Imagerie avec un nanocristal unique 111 4.1 Nanocristaux . . . 112
4.1.1 Introduction . . . 112
4.1.2 Synth` ese des nanocristaux semiconducteurs . . . 120
4.1.3 Propri´ et´ es optiques des nanocristaux . . . 124
4.2 Imagerie avec un nanocristal unique . . . 132
4.2.1 R´ ealisation de la sonde active . . . 132
4.2.2 R´ esultats avec une forte concentration de nanocristaux 135 4.2.3 R´ esultats avec peu de nanocristaux . . . 136
4.2.4 R´ esultats avec un nanocristal unique . . . 140
5 Vers la nanosource id´ eale ? 147 5.1 Les nanoparticules photoluminescentes ` a base de terres rares . 148 5.1.1 Les particules d’oxydes de terres rares . . . 150
5.1.2 R´ esultats exp´ erimentaux : le syst` eme Gd 2 O 3 :Tb 3+ . . 156
5.1.3 Perspectives : passage au syst` eme YAG :Ce 3+ . . . 163
5.2 Les centres NV dans le diamant . . . 165
5.2.1 Les nanoparticules de diamant . . . 166
5.2.2 Le centre unique comme source de lumi` ere ? . . . 169
5.2.3 Perspectives . . . 180
5.3 Conclusion sur les nouvelles nanoparticules . . . 181
Conclusion et perspectives 183 A Lithographie ´ electronique : fabrication d’´ echantillons tests 187 A.1 Premi` ere ´ etape : r´ ealisation de marques microniques par litho- graphie optique . . . 188
A.2 Deuxi` eme ´ etape : lithographie ´ electronique . . . 190
Table des mati` eres
A.3 Les ´ echantillons que nous avons r´ ealis´ es . . . 191
Bibliographie 195
R´ esum´ e 207
Abstract 209
Introduction
L’Homme a toujours cherch´ e ` a comprendre le fonctionnement du monde qui l’entoure, ce d’autant plus que les ph´ enom` enes observ´ es y sont souvent myst´ erieux. Aussi loin que l’histoire permet de le dire, son attention s’est tourn´ ee vers l’infiniment grand, la description du mouvement de ces ´ etoiles inaccessibles du firmament, aussi bien que les ph´ enom` enes de la vie de tous les jours : la chute des corps, le fonctionnement des organismes vivants...
Le d´ eveloppement d’outils permettant l’observation de petits objets (loupes, microscopes optiques) a permis de passer des ´ echelles “astronomiques” et ma- croscopiques ` a des dimensions microscopiques. Le XX ` eme si` ecle a vu naˆıtre la m´ ecanique quantique : en dessous de certaines ´ echelles, la mati` ere ne se comporte pas du tout de fa¸con intuitive, et a mˆ eme des propri´ et´ es franche- ment exotiques, inexplicables par les th´ eories traditionnelles. Cependant, ` a l’´ epoque o` u on commen¸cait ` a parler de m´ ecanique quantique, elle ne se glis- sait dans notre univers classique que par le biais de quelques ph´ enom` enes tr` es sp´ ecifiques. Pour la mettre en ´ evidence directement, il est n´ ecessaire de maˆı- triser l’organisation de la mati` ere sur des ´ echelles au minimum nanom´ etriques et de pouvoir l’observer sur de mˆ emes ´ echelles, toutes choses techniquement impossibles au d´ ebut du XX ` eme si` ecle. Il n’en reste pas moins que cette mys- t´ erieuse m´ ecanique quantique ´ eveille la curiosit´ e, et des progr` es extrˆ emement rapides ont ´ et´ e faits, ` a un point tel que de nos jours les propri´ et´ es quantiques de la mati` ere, ` a des ´ echelles o` u la physique classique n’est plus valable, sont utilis´ ees dans un nombre croissant d’applications.
Dans la kyrielle de d´ eveloppements accomplis au cours des derni` eres an-
n´ ees, si l’on se penche sur les techniques d’observation de la mati` ere, on peut
en compter quelques unes qui ont repouss´ e les limites des dimensions direc-
tement observables. Une avanc´ ee notable dans ce domaine date des ann´ ees
1980, durant lesquelles a ´ et´ e mis au point le microscope ` a effet tunnel (Scan-
ning Tunneling Microscope, STM) qui a permis de r´ ealiser un vieux rˆ eve de
l’humanit´ e : “voir” les atomes directement dans l’espace r´ eel. Le STM permet
de cartographier les fonctions d’ondes ´ electroniques en surface d’un ´ echan-
tillon, en utilisant un effet purement quantique : l’effet tunnel. On approche
une pointe m´ etallique (souvent du tungst` ene) ` a une tr` es faible distance d’une surface conductrice. Le courant tunnel qui circule entre les deux d´ epend for- tement de la distance pointe-´ echantillon, et de la structure ´ electronique en surface, ce qui permet d’en reconstruire une image en d´ epla¸cant la pointe par rapport ` a l’´ echantillon. La r´ esolution d’un tel appareil peut atteindre le dixi` eme de nanom` etres. L’id´ ee ` a la base d’une telle microscopie est que, pour avoir acc` es ` a des informations sur des d´ etails tr` es fins d’un objet, on peut utiliser une sonde de dimension tr` es petite : ici, l’extr´ emit´ e d’une pointe m´ e- tallique (qui dans le cas des STM peut ˆ etre constitu´ ee d’un unique atome).
Le domaine des microscopies ` a sondes locales est n´ e en d´ eclinant cette id´ ee pour avoir acc` es ` a d’autres informations que la structure ´ electronique d’une surface. Ainsi, en mesurant la force exerc´ ee entre une surface et une pointe isolante on peut d´ eterminer la topographie d’un ´ echantillon : il s’agit de la microscopie ` a force atomique (AFM), d´ evelopp´ ee peu de temps apr` es le STM.
Le pendant “optique” de ces deux techniques est la microscopie optique en champ proche, ou NSOM (Near field Scanning Optical Microscopy).
L’id´ ee du NSOM remonte ` a 1928, ´ epoque o` u Synge sugg` ere qu’en utilisant une petite source de lumi` ere, plac´ ee ` a la proximit´ e directe d’un ´ echantillon, on pourrait en r´ esoudre des d´ etails auxquels l’optique traditionnelle ne donne pas acc` es car elle est limit´ ee par la diffraction. Ce n’est que suite ` a la mise au point du STM que la premi` ere d´ emonstration exp´ erimentale de ce qu’avan-
¸cait Synge a ´ et´ e possible, et r´ ealis´ ee par un groupe d’IBM Zurich. Ce groupe a utilis´ e une pointe de quartz m´ etallis´ ee, dont la m´ etallisation pr´ esente un trou de quelques dizaines de nanom` etres en son extr´ emit´ e, pour ´ eclairer un ´ echan- tillon au travers de ce trou. Ce type de source constitue la premi` ere pointe optique qui ait ´ et´ e r´ ealis´ ee, et la majorit´ e des pointes optiques se pr´ esentent depuis sous une forme voisine : une “aiguille” d’un mat´ eriau transparent, m´ e- tallis´ e, et pr´ esentant un trou sub-longueur d’onde dans la m´ etallisation en son extr´ emit´ e. En pla¸cant l’extr´ emit´ e de cette pointe directement en contact avec la surface, le groupe d’IBM arrive ` a en reconstruire une image dont la r´ esolution lat´ erale est tr` es sup´ erieure ` a ce que permet l’optique tradition- nelle. Par la suite, des d´ eveloppements th´ eoriques montrent que dans une telle technique, c’est la taille de la source de lumi` ere qui d´ etermine la r´ esolution lat´ erale, ainsi que la proximit´ e ` a la surface de cette source. Pour des raisons de profondeur de p´ en´ etration de la lumi` ere dans le manteau m´ etallique, une source de lumi` ere ` a base de pointe optique m´ etallis´ ee ne permet pas d’obtenir des r´ esolutions meilleures que 30 nm environ. La recherche d’une alternative a soulev´ e une question : pourquoi ne pas utiliser la plus petite source de lumi` ere possible, par exemple une mol´ ecule luminescente unique ?
Cette id´ ee a ´ et´ e mise en pratique ` a plusieurs reprises, et pour le mo-
Introduction ment aucune r´ ealisation exp´ erimentale n’a d´ emontr´ e d’am´ elioration notable de la r´ esolution spatiale par rapport ` a ce qui est faisable avec une pointe optique standard, soit parce que la source de lumi` ere est de trop grande dimension, soit parce qu’elle se trouvait ` a une distance trop importante de la surface ` a ´ etudier. Ce travail de th` ese s’inscrit dans ce contexte : nous nous proposons d’utiliser une particule luminescente unique, de petite taille (typiquement 10 nm), rapport´ ee en bout d’une pointe optique habituelle, et approch´ ee de l’´ echantillon ` a ´ etudier afin d’en r´ ealiser une image. Cette
´ etude comprendra la recherche de la source de lumi` ere la mieux adapt´ ee ` a cette application. Ce faisant, nous esp´ erons atteindre une r´ esolution lat´ erale optique r´ eellement nanom´ etrique. Une telle r´ esolution va devenir n´ ecessaire dans un futur proche pour caract´ eriser les derniers dispositifs photoniques mis au point dans l’industrie des t´ el´ ecommunications par exemple. Mais en plus de ces champs d’applications purement technologiques, disposer d’une optique nanom´ etrique devrait permettre de remonter ` a des informations plus fondamentales sur la structure du champ ´ electrique ` a la proximit´ e directe d’un ´ echantillon : le NSOM pourrait devenir le pendant optique du STM et donner acc` es ` a la densit´ e d’´ etats locale optique, l` a o` u le STM permet de cartographier la densit´ e d’´ etats locale ´ electronique.
Ce manuscrit s’articule autour de cinq chapitres, de la fa¸con suivante : Le premier chapitre pr´ esente bri` evement les concepts physiques qui soutiennent la microscopie en champ proche optique. On abordera l’origine de la limite de diffraction pour voir que les informations relatives aux d´ etails fins du champ ´ electromagn´ etique sont pr´ esentes ` a proximit´ e imm´ ediate de l’´ echantillon ´ etudi´ e, et qu’en les diffractant avec une petite source de lumi` ere on peut en reconstituer une cartographie. Ce sera aussi l’occasion de pr´ esenter l’´ etat de l’art dans le domaine du NSOM et plus particuli` erement des sondes actives pour NSOM.
Le second chapitre s’int´ eresse aux moyens mis en oeuvre d’un point de vue exp´ erimental pour effectuer de la microscopie optique en champ proche dans notre laboratoire. Il s’articule autour de la description de trois ´ el´ ements : les pointes optiques que l’on utilise comme sondes en NSOM, le diapason pi´ e- zo´ electrique qui permet de contrˆ oler leur position par rapport ` a une surface, et enfin le syst` eme de balayage utilis´ e pour reconstruire les images.
Le troisi` eme chapitre d´ ecrit le microscope optique en champ proche mis au point au cours de ma th` ese. Il sera l’occasion de donner quelques exemples des mesures qu’il permet d’effectuer.
Le quatri` eme chapitre concerne l’utilisation des nanocristaux semi-
conducteurs uniques comme source de lumi` ere. Dans un premier temps il
expose quelques propri´ et´ es physiques des nanocristaux pour ensuite d´ ecrire
les exp´ eriences d’imagerie r´ ealis´ ees en utilisant un nombre limit´ e de nano- cristaux de CdSe, jusqu’` a un nanocristal unique. Les limitations de ce type de sondes actives, essentiellement li´ ees au “clignotement” du nano-´ emetteur, seront d´ ecrites.
Le cinqui` eme et dernier chapitre expose les ´ etudes prospectives qui ont ´ et´ e men´ ees sur d’autres particules alternatives aux nanocristaux de CdSe : des oxydes de terres rares dop´ es par des terres rares, et des nanoparticules de diamant dop´ ees par des centres NV. Ces deux familles de particules ne pr´ esentent pas les inconv´ enients majeurs des nanocristaux semiconducteurs,
`
a savoir le clignotement et le blanchiment de leur luminescence. Nous anti-
ciperons leur potentiel ` a ˆ etre effectivement utilis´ ees pour r´ ealiser des sondes
optiques de dimension nanom´ etrique.
Chapitre 1
Motivations du sujet nanosource de lumi` ere.
Sommaire
1.1 Le champ proche optique . . . . 14 1.1.1 La limite de diffraction . . . . 14 1.1.2 La propagation agit comme un filtre passe bas
dans le domaine spatial . . . . 16 1.1.3 Conversion des ondes ´ evanescentes en ondes pro-
pagatives . . . . 23 1.1.4 Les grandes avanc´ ees du champ proche optique . . 26 1.2 Le principe de la sonde active . . . . 31 1.2.1 Le concept de nanosource de lumi` ere . . . . 31 1.2.2 Les sondes actives dans mon ´ equipe d’accueil . . . 35
Le domaine de la microscopie optique en champ proche se propose d’offrir
`
a un observateur des outils permettant de voir des d´ etails d’objets qui seraient inaccessibles avec un ´ equipement de microscopie en champ lointain. De tels
´ equipements sont limit´ es par la diffraction de la lumi` ere, et le but de passer en champ proche est de d´ epasser cette limite physique. Je commencerai donc par expliquer quelle est l’origine de cette limite, pour ensuite chercher ` a trouver des conditions dans lesquelles on pourrait se placer pour s’en affranchir.
Au cours de ce chapitre, j’essayerai d’illustrer les concepts abstraits que je
d´ eveloppe par quelques explications “avec les mains”. J’esp` ere que le lecteur
peu familier du domaine du champ proche optique y trouvera des moyens de
se fixer les id´ ees sur le sujet.
1.1 Le champ proche optique
1.1.1 La limite de diffraction
Toute personne ayant fait de la microscopie optique parle de la r´ esolution de l’appareil utilis´ e. Plusieurs d´ efinitions du terme r´ esolution existent. Mais que l’on parle de la capacit´ e ` a voir deux objets distincts alors qu’il sont tr` es proches l’un de l’autre et pas un seul lorsqu’ils sont trop proches, ou que l’on parle de la taille per¸cue d’un objet ponctuel observ´ e au travers du microscope, l’id´ ee sous jacente est toujours la mˆ eme : quel niveau de d´ etail peut-on observer avec notre microscope ?
La nature ondulatoire de le lumi` ere impose une limite physique ` a cette r´ esolution lorsque l’on travaille dans des conditions de microscopie optique en champ lointain, dans lesquelles on observe un ´ echantillon avec des dispositifs optiques ` a base de lentilles et miroirs ` a une grande distance comparativement
`
a la taille de ce qui est observ´ e. En effet, la lumi` ere issue de l’´ echantillon sera collect´ ee au travers d’ouvertures de dimension finie - objectif de microscope, lentilles, diaphragmes -, et ces ouvertures vont diffracter les ondes lumineuses.
Et c’est cette figure de diffraction que l’on reconstitue dans le plan image du dispositif.
Par exemple, prenons le cas simple d’un objet lumineux ponctuel que l’on va observer ` a l’aide d’un objectif de microscope. On prendra les optiques circulaires. Sur le plan image on observera une tache de diffraction, dite tache d’Airy, comme illustr´ ee sur la figure 1.1.a. La distribution d’intensit´ e lumineuse dans le plan image dans ce cas pr´ esente une sym´ etrie cylindrique, et sa d´ ependance radiale est une loi de Bessel du premier ordre.
C’est ` a partir de la forme de cette tache d’Airy qu’on donne une des d´ efinitions les plus utilis´ ees de la r´ esolution : le crit` ere de Rayleigh. On dit que la limite de r´ esolution de l’appareil sera donn´ ee par la distance s´ eparant deux sources ponctuelles, telle que le maximum d’intensit´ e de la tache d’Airy de l’un corresponde au premier minimum de la tache d’Airy de l’autre. La figure 1.1 montre un cas o` u les deux objets sont assez s´ epar´ es pour qu’on puisse les r´ esoudre (b), et un cas o` u ils sont juste au crit` ere de Rayleigh (c).
La distance que l’on trouve, donn´ ee par le premier z´ ero de la fonction de Bessel du premier ordre vaut :
d = 0.61 · λ
N A (1.1)
Cette relation n’est exacte que pour une observation ` a la longueur d’onde
λ ` a travers un objectif de microscope d’ouverture num´ erique NA, ` a pupille
circulaire. L’ouverture num´ erique NA= n sin θ indique le demi angle maximal
1.1. Le champ proche optique
Fig. 1.1 – La tache d’Airy. Ligne du haut : ce que l’on observe dans le plan image du microscope. Ligne du bas : illustration en trois dimensions de l’intensit´ e lumineuse observ´ ee. a) image d’un objet ponctuel. b) et c) image de deux objets ponctuels s´ epar´ es respectivement d’une distance suffisante pour qu’on les distingue, et d’une distance ´ egale au crit` ere de Rayleigh.
θ sous lequel l’objet, environn´ e d’un milieu d’indice n, peut ˆ etre observ´ e au travers de l’objectif. Cependant, quelle que soit la configuration utilis´ ee en microscopie en champ lointain, le pouvoir de r´ esolution est toujours, ` a un coefficient proche de l’unit´ e pr` es, proportionnel ` a la longueur d’onde d’obser- vation divis´ ee par une grandeur li´ ee ` a la taille de la pupille.
Pour fixer les id´ ees, imaginons que l’on observe une mol´ ecule fluorescente
`
a 500 nm, que l’on peut consid´ erer comme un ´ emetteur ponctuel de lumi` ere.
Prenons un objectif de microscope d’ouverture num´ erique NA= 0, 95. Une telle ouverture num´ erique correspond ` a ce qui se fait de mieux actuellement pour les objectifs sans liquide d’adaptation d’indice : il collecte sur un demi- angle θ=71,9˚, dans le milieu d’indice 1 qui est l’air. Dans une telle configu- ration, on atteint une r´ esolution fondamentalement limit´ ee ` a 320 nm !
Pour faire mieux, on ne peut agir que sur deux param` etres dans ce cas.
Soit on r´ eduit la longueur d’onde de travail, en passant par exemple dans l’UV, voire mˆ eme les rayons X. Soit on augmente l’ouverture num´ erique de l’objectif utilis´ e. On peut le faire en travaillant dans un milieu d’indice plus
´ elev´ e, mais ` a moins d’utiliser des milieux solides, il sera difficile de d´ epasser n=2.
Il faut donc trouver un autre moyen pour avoir acc` es aux d´ etails fins d’un
´ echantillon. Mieux comprendre comment se propage la lumi` ere, le champ
´ electromagn´ etique, qui en est issu, va nous permettre de trouver d’autres voies
d’exploration pour am´ eliorer la r´ esolution optique que l’on peut atteindre.
1.1.2 La propagation agit comme un filtre passe bas dans le domaine spatial
Derri` ere ce titre quelque peu n´ ebuleux se cache la raison pour laquelle il est n´ ecessaire de travailler en champ proche pour d´ epasser la limite de dif- fraction. En effet, lorsque l’on souhaite observer un ´ echantillon quelconque en optique, soit on l’´ eclaire, soit l’´ echantillon g´ en` ere lui-mˆ eme une certaine lu- mi` ere. C’est ensuite la lumi` ere issue de, ou ayant interagi avec cet ´ echantillon, que l’on r´ ecup` ere pour le caract´ eriser. Il est int´ eressant de voir l’´ evolution de cette lumi` ere au fur et ` a mesure que l’on s’´ ecarte de l’´ echantillon. Le forma- lisme adapt´ e ici est celui de l’´ electrodynamique, car la lumi` ere n’est autre que la propagation d’un champ ´ electromagn´ etique dans l’espace.
Pour traiter ce probl` eme, nous allons avoir besoin de deux outils : les
´ equations de Maxwell, qui sont les ´ equations qui r´ egissent les ´ evolutions du champ ´ electromagn´ etique dans l’espace et le temps ; mais aussi la transform´ ee de Fourier, qui permet d’´ ecrire une fonction sous une forme qui facilitera quelques calculs et quelques interpr´ etations dans cette partie.
Notions de transform´ ee de Fourier :
Commen¸cons par introduire cet outil math´ ematique fort utile, qui permet de faire correspondre ` a une fonction son spectre fr´ equentiel. Ensuite nous verrons que l’on peut faire une transform´ ee de Fourier ` a deux dimensions, et qu’en la manipulant et en effectuant une transform´ ee de Fourier inverse il est possible de modifier la fonction initiale.
Plusieurs d´ efinitions sont possibles, mais expriment toutes le mˆ eme prin- cipe. Prenons la d´ efinition suivante : soit T F {f (x)} = ˜ f (ν) la transform´ ee de Fourier de la fonction f (x). Alors :
T F {f (x)} = ˜ f (ν) = Z +∞
−∞
f (x) exp (−iνx) dx (1.2)
On se rend compte que la transform´ ee de Fourier d´ ecompose la fonction
f (x) sur la base des {exp (−iνx)}, qui est une base orthogonale pour les
fonctions int´ egrables. Ainsi, le nombre complexe ˜ f (ν) est la projection de
f (x) sur le vecteur exp (−iνx) de cette base. Dit autrement, la valeur de
f ˜ (ν) indique si la fr´ equence ν est n´ ecessaire pour reconstruire f (x), et quel
est son poids.
1.1. Le champ proche optique La d´ efinition de la transform´ ee de Fourier est g´ en´ eralisable ` a des fonctions de plusieurs variables. Dans la suite nous utiliserons particuli` erement la ver- sion ` a deux dimensions, qui ` a une fonction f (x, y) associe T F {f (x, y)} = f ˜ (α, β) suivant la d´ efinition :
T F {f (x, y)} = ˜ f (α, β) = Z Z
f (x, y) exp [−i (αx + βy)] dxdy (1.3) Typiquement en ce qui nous concerne, f (x, y) sera une image. Si cette image pr´ esente une structure p´ eriodique suivant une certaine direction a~ x + b~ y, avec a 2 + b 2 = 1, de p´ eriodicit´ e Λ, on en retrouvera la marque dans la transform´ ee de Fourier bidimensionnelle. A cette structure p´ eriodique est associ´ e un vecteur d’onde ~k = Λ 1 (a~ x + b~ y) = α~ x +β~ y, de norme Λ 1 et pointant dans la mˆ eme direction que celle de la structure p´ eriodique. Le coefficient de Fourier correspondant ` a ce vecteur d’onde, ˜ f (α, β), aura une valeur ´ elev´ ee pour rendre compte du fait que f (x, y) a une composante p´ eriodique suivant le vecteur ~k. On dit aussi que α et β sont les fr´ equences spatiales suivant les axes ~ x et ~ y.
Reportons nous sur la figure 1.2 pour se fixer les id´ ees. Elle pr´ esente une image d’une structure de calibration (1.2.a), dont les d´ etails d’acquisition ne nous int´ eressent pas ici. Consid´ erons que cette image est le graphe de la fonction f (x, y). Le module de sa transform´ ee de Fourier
f ˜ (α, β ) est donn´ e sur la figure 1.2.b. Sur cette figure l’´ echelle en z n’importe pas, seuls les rapports d’intensit´ es entre les diff´ erents pics sont utiles, je ne donne donc qu’une ´ echelle arbitraire.
On remarquera pour commencer que l’image pr´ esente un ensemble de rectangles dispos´ es quasiment p´ eriodiquement suivant les axes ~ x et ~ y, et que la p´ eriode de cette disposition est de l’ordre de 8 µm. Au vu de ce que nous venons de dire sur la transform´ ee de Fourier, cela signifie que l’on devrait retrouver dans cette derni` ere des coefficients de Fourier forts pour (α, β) =
1 8 , 0
et (α, β) = 0, 1 8
. Sur la coupe ` a β = 0 de la transform´ ee donn´ ee par la figure 1.2.c, on voit effectivement que ˜ f (α, 0) pr´ esente un maximum en α = 0.126 µm −1 ≈ 1 8 µm.
On retrouve ensuite toute une zoologie de pics secondaires partout dans le plan (α, β), n´ ecessaires ` a la description compl` ete de f (x, y). Cet exemple illustre bien le fait que s’il existe une certaine p´ eriodicit´ e dans f (x, y), elle se traduira par une valeur ´ elev´ ee de ˜ f (α, β) pour le vecteur d’onde corres- pondant.
Ceci ´ etant pos´ e, il faut rappeler que l’on peut faire la transform´ ee de Fou-
rier inverse, qui permet de reconstituer une image ` a partir d’une transform´ ee.
140 120 100 80 60 40 Module de la TF (u.a.) 20
-20 -10 0 10 20
Alpha (µm-1) X = -0.126 µm-1
-20 -10 0 10 20
Béta (µm-1 )
-20 -10 0 10 20
Alpha (µm-1) 30
25
20
15
10
5
0
y (µm)
30 25 20 15 10 5 0
x (µm)
3002001000 f(x,y)