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Submitted on 1 Jan 1969
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Propriétés physiques de Fe7Se8
Jacques Serre, Pierre Gibart, Jacques Bonnerot
To cite this version:
Jacques Serre, Pierre Gibart, Jacques Bonnerot. Propriétés physiques de Fe7Se8. Journal de Physique,
1969, 30 (1), pp.93-96. �10.1051/jphys:0196900300109300�. �jpa-00206769�
PROPRIÉTÉS PHYSIQUES
DEFe7Se8
Par
JACQUES
SERRE et PIERREGIBART,
Laboratoire Magnétisme et Physique du Solide, C.N.R.S., 92-Bellevue-Meudon.
et
JACQUES
BONNEROT(1),
Laboratoire de Physique des Solides associé au C.N.R.S., Faculté des Sciences, 9I-Orsay.
(Reçu
le 29 avril 1968, révisé le 19septembre 1968.)
Résumé. - On donne
quelques
détails concernant lapréparation
et la structure deFe7Se8.
Ce
composé présente
une conductibilité à caractèremétallique
et une chaleurspécifique
élec-tronique.
Les résultats sontinterprétés
dans la théorie dumagnétisme
de bandes.Abstract. 2014 Some details are
given
on thepreparation
andcrystal
structure ofFe7Se8.
This
compound presents metallic-type
conductivity and electronicspecific
heat. The resultsare
interpreted
in terms of bandmagnetism.
1. Introduction. - La structure et les
propri6t6s magn6tiques
ducompose Fe7Ses
de surstructure « 4c »et « 3c » ont fait
l’objet
d’étudesphysiques approfon-
dies
[1
a9].
Kawaminami et Okasaki[10]
ont mesurer6cemment sa r6sistivit6 aux basses
temperatures.
Nous avons
repris
ces mesures et les avonscompl6-
t6es par une determination de chaleur
spécifique
atres basses
temperatures
en vue de donner une inter-pr6tation globale
despropri6t6s physiques.
2.
Mdtallurgie.
- 11 existe pour lesysteme
Fe-Seentre les
compositions
extremes FeSe etFe,Se4
unephase
cristallisant dans la structure NiAs(ou
dansdes structures lacunaires
derivees) .
Nous avons mis enevidence par
analyse thermique
differentielle unecomposition
a fusion congruente tresproche
deFe7Se8 ( TF = 1065 ± 5 °C) [11,12].
Les differents 6chantillons de
Fe7SeS
ont eteprepares
a
partir
d’616ments d’unepuret6
de99,999 %,
par fusion enampoule
dequartz
scell6e sous vide(10-6
mmde
Hg).
Leslingots
obtenus sont maintenus a unetemperature 16g6rement
inferieure aupoint
de fusionpour assurer une meilleure
homogénéisation, puis
refroidis tres lentement
(30/h) jusqu’a
latemperature
ambiante. Les 6chantillons ont 6t6 ensuite soumis aux
analyses chimique, radiocristallographique
et m6tallo-graphique.
Lesparametres
de la structure ainsi trouv6scorrespondent
a la structure « 4c »[7].
Les 6chantillonsse
presentent
sous forme delingots polycristallins
agros
grains.
3. Structure des sdldniures de fer. - Dans la struc- ture NiAs id6ale
(B8,, Dsh)
àlaquelle correspondrait
(1)
Adyesse actuelle :Radiotechnique,
92-Suresnes.FeSe,
les atomes de selenium forment un reseau hexa-gonal
compact; les atomes de fer occupent tous les sitesocta6driques.
Pour descompositions plus
richesen
selenium,
ilapparait
des lacunes d’atomes de fer.La formule du
compose
peut s’6crireCJxFeI_xSe.
Untraitement
thermique appropri6
permet d’obtenir un ordre de ces lacunes. Les surstructures ainsi obtenues pour differentescompositions
a diversestemperatures
ont 6t6 d6crites par Okazaki et al.
[3, 4].
La surstructure dite « 4c » de
Fe7Se, (x
=0,125),
stable a la
temperature ambiante,
estrepresentee
par lafigure
1. Tous les atomes de fer ont 6plus proches
W G. 1. -
Arrangement
des atomes de fer et des lacunesdans la surstructure « 4c », stable a, l’ambiante,
de
Fe7Ses’
Ilapparait
trois sites diff6rents.Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0196900300109300
4
voisins selenium. Dans les
plans lacunaires,
ils n’ontque 6
proches
voisins fer. Par contre, dans lesplans pleins,
le nombre deproches
voisins fer sera de 7 ou 8.11 existe donc trois types d’environnement pour les
atomes de fer. La distance fer-fer le
long
de 1’axe cest de
2,94 A,
tandisqu’elle
est de3,65 A
dans leplan (001).
Une transition
cristallographique
« 4c » --> 3c »se manifeste a 260°C. Dans la surstructure « 3c » l’ordre des lacunes est different.
4. Rdsultats
expérimentaux.
- 4.1. RESISTIVITE ET POUVOIRTHERMOÉLECTRIQUE.
- Les mesures de r6sis-tivit6 ont ete effectu6es sur des
plaquettes parall6l6pi- p6diques (10
X 2 X 1mm)
souvent taill6es dans unseul
grain.
Lesprises
de tension sont r6alis6es par des fils deplatine
soud6s pard6charge electrique;
lestechniques potentiométriques
etcryog6niques
sontclassiques.
La
figure
2repr6sente
la variation de la r6sistivit6 deFe7Se8
de structure « 4c » en fonction de latemp6-
FIG. 2. - Variation de la r6sistivit6
en fonction de la
temperature
deFe7Ses
etFe3Se4.
rature. Nous avons
egalement mentionné,
pour compa-raison,
celle deFe3Se4 qui pr6sente
un ordreplus simple
des lacunes et une structuremagnétique unique.
L’allure est
identique.
La r6sistivit6p est
constanteentre 2 et 10
OK, puis
elle croit fortementjusqu’a
unetemperature critique
au-dela delaquelle
elle devientsensiblement constante, et enfin d6croit
légèrement.
Pour
Fe3Se4,
cettetemperature critique correspond
ala
temperature
de Curie :T, --
320 OK que nousavons d6termin6e par mesure de
susceptibilite.
Cechangement
depente
aupoint T c
caractérise la dis-persion
par le d6sordre des momentsatomiques [13].
Pour
Fe7Ses,
cettetemperature correspond
a une tran-sition
magnétique : changement
d’orientation desmoments
[8, 9].
Lechangement
de pente observe n’est passusceptible d’interprétation simple.
La tres faible d6croissance de la r6sistivit6 de
Fe7SeS pourrait s’interpr6ter
comme un effet du au d6sordredes
spins;
il faut aussi mentionner l’influence dud6sordre des lacunes sur la
dispersion
des porteurs.La surstructure « 4c » 6volue vers d’autres surstruc-
tures ; cette modification peut constituer une cause de
dispersion
des porteurs[14].
De toute
maniere,
cette d6croissance ne peut s’inter-pr6ter
par un m6canisme de semiconductibilité clas-sique,
l’ordre degrandeur
de la résistivité estbeaucoup trop
faible.Fe7Ses pr6sente
donc une bandepartielle-
ment
remplie,
d’ou une conductibilit6 de type m6tal-lique, perturbee
par les d6sordresmagn6tiques
etcristallographiques.
Le
pouvoir thermoéIectrique
par rapport au cuivre passe de + 20fL V 1°C
a 80 oK a - 10fL V joC
a 500oK;
il s’annule a 370 OK. Une anomalie
apparait
vers100 OK : il
s’agit
d’un abaissement dupouvoir thermoelectrique.
4.2. CHALEUR
SPECIFIQUE ELECTRONIQUE.
- Lachaleur
specifique
deFeSe8
de structure « 4c » a 6t6mesur6e
(2)
entre 2 et 10 OK par calorim6trie adiaba-tique [15].
Ces mesurescompletent
les resultats de Gronvold[16].
Lafigure
3repr6sente
la variationde C
T en fonction de T2. Ondistingue
deuxr6gions
FIG. 3. 2013 Variation
de -
en fonction de T2 °K(C :
chaleurspecifique) .
( T
>3,2
oK et T3,2 OK)
ou la courbeexperimen-
tale est bien
représentée
par la relation :y T est
la chaleurspécifique 6lectronique,
ce terme estconstant dans les deux domaines de
temperature.
(2)
La mesure a ete r6alis6e au Laboratoire dePhy-
sique
des Solides associe au C.N.R.8. de la Faculte des Sciencesd’Orsay.
AT3 est du aux
phonons,
les deux valeurs trouv6es pour A peuvents’interpr6ter
par un nombre de modes excites different suivant latemperature.
Les constantes
num6riques
sont les suivantes :La masse molaire a ete
prise 6gale
p a1 15 [Fe7Se8l,7 s
soit
68,2
g. L’ordre degrandeur
de yindique qu’il s’agit
d’une bande 6troite d’61ectrons d. Apartir
de y, il estpossible
de calculer la densite d’6tats au niveau de Fermi :pour une seule direction de
spin.
Le calcul donne1,4 etat/eV,
atome moyen.Les termes AT3 dus aux
phonons permettent
d’éva- luer unetemperature
deDebye
dans les deux domaines detemperature.
Pour T3,5 OK,
seules les branchesacoustiques
contribuent a la chaleurspécifique :
ou N est le nombre de moles
Fe7Se8
dans la maille 4c(N = 8),
donc pour T3,5 OK, TD
= 130 OK. Au-dela de cette
temperature
et pourexpliquer
le chan-gement de
pente observe,
on peut penserqu’un
certainnombre de
phonons optiques
ayant desfr6quences
faibles sont
egalement
excites. Eneffet,
pour une structurequi
est voisine deFe8Se8l
les branches dephonons
doivent etre presque celles de cecompose.
Dans
FeSe,
il y a trois branchesacoustiques
et troisbranches
optiques.
DansFe8Se8,
lapremiere
zone deBrillouin est 8 fois
plus petite, chaque
branche acous-tique
de FeSe donne donc une brancheacoustique
etsept branches
optiques
ayant desfréquences Vü
a k = 0faibles. Le nombre de branches contribuant a la cha- leur
spécifique
serait3N,
= 24 X 8 =192,
d’ouT,
= 184 oK.4.3. PROPRIETES
MAGNETIQUES.
- Lafigure
4repre-
sente la variation de l’inverse de la
susceptibilite
par gramme en fonction de latemperature.
La courberetour n’est pas exactement
identique
a la courbealler;
eneffet,
au-dela de260°C,
lecompose
6voluevers la surstructure « 3c ». L’allure de la courbe est
celle d’un
compose ferrimagnétique,
latemperature
de Curie est de 455
OK,
cequi
est en bon accord avecles evaluations ant6rieures. L’aimantation a saturation
a ete mesur6e par Hirakawa
[7]
sur un 6chantillon desurstructure « 4c » entre 77 et 400
OK,
la courbe nepr6sente
pas d’anomalie. Par diffraction de neutron, Andresen etLeciejewicz [8]
ont montre que les mo-ments des atomes de fer sont
couples parallelement
al’int6rieur de
chaque plan (001)
etantiparallelement
entre deux
plans (001)
cons6cutifs.FIG. 4. - Variation de l’inverse de la
susceptibilite
deFe7Ses
par gramme en fonction de latemperature.
Erratum: Les ordonnées doivent être divisées par 2.
Le
ferrimagnétisme
a eteexplique
en faisant inter- venir deux sous-r6seaux(Fe2+
etFe3+) [5,
61. I,avaleur du moment ainsi deduite est de
l’ordre
degrandeur
du moment a saturationextrapolé.
11 esttoutefois evident que nous n’avons pas affaire a un
cristal
ionique
etqu’une
stricte localisation des 6lec-trons d est
incompatible
avec une chaleurspécifique
6lev6e et une conductibilit6
importante.
5. Essai
d’interprétation globale.
- 5.1.ETATS d
LOCALISES OU BANDE d ETROITE. - Le
probleme
essen-tiel est de savoir si les electrons des couches d des
atomes de fer sont suffisamment localises pour etre decrits par des orbitales
atomiques.
Dans ce cas, cha-que atome de fer
porterait
un nombre entier demagn6-
tons de
Bohr,
et leferrimagnétisme
deFe7Seg
auraitune
origine analogue
a celle des ferrites.Les electrons 3 d seront mieux decrits dans le modele de
Goodenough [18]
par une fonction d’onde du type :Une telle fonction
implique l’éIargissement
enbandes d’états decrits par :
: caractérise la
sym6trie
de la fonction d’onde dans l’environnement desligands,
: constante de
normation,
: fonction d’onde d
atomique
desymetrie b,
:
parametre
d’effet decovalence,
: nombre de
proches
voisins selenium entou- rant un atome defer,
: sont tels que OCbSi +
PbPi possedent
lasymetrie b,
96
cpb :
implique
un «melange »
des états s et p du selenium aux 6tats d du fer. Un modele deGoodenough applique
aFe7Se8
rendcompte
duferrimagnétisme
et de la conduc-tibilit6 de type
m6tallique.
5.2. LOCALISATION DES MOMENTS. - La condition de stabilite d’un etat
ferromagnétique
est donnee parle critere de Stoner
[19] :
v : volume
atomique,
n(EF)
densite d’6tats au niveau de Fermi par unite devolume,
par united’6nergie,
et pour une seule direction despin,
AE : :
energie gagn6e
par6change
par deux elec-trons
lorsque
leursspins
sontparalleles (AE --
1eV).
Friedel et al.
[20, 21]
ont montre que cette meme conditionimplique
la creation de moments localises par les électrons d d’une bande 6troite.La condition x > 1 est vérifiée pour
Fe7Ses.
Les moments localises sont cr66s par un exces de densite
6lectronique ayant
une direction despin
don-n6e par rapport a une situation
paramagn6tique
clas-sique.
Cettepolarisation
despin
peut etre considereecomme un
potentiel perturbateur.
Les electrons de la bande dr6agissent
a cetteperturbation
enprodui-
sant un
deplacement
de densite6lectronique
sensi-blement
sphérique: re a.
Deplus,
cette «sphère »
serait entour6e par des
franges
d’exces ou de d6fautde densite. Cette distribution
spatiale (fig. 5)
desdensites
d6plac6es
reflete lageometrie
des momentsFIG. 5. - Densite
6lectronique d6plac6e
autour d’une
perturbation (d’apres
Friedel[20, 21]).
localises, puisque
la bande d est d6doubl6e en deux bandes despins opposes.
Si un atome de fer
proche
voisin est centre en M( fig. 5),
son moment tend as’aligner parallelement
acelui
qui
est centre en 0 pour renforcer les interactionsd’échange
sur ce site. 11 seproduit
le memecouplage,
mais
plus faible,
en M". Par contre, si l’atome voisinest centre sur
M’,
son moment tend as’aligner
anti-parall6lement
a celuiqui
est centre en 0.5.3. APPLICATION A
Fe7SeS.
- La distance entredeux atomes de fer le
long
de 1’axe c est az= 2,94 A,
tandis que dans un
plan (001)
elle est a,,= 3,65 A.
Nous supposerons que la surface de Fermi doit etre
assez
anisotrope
pour satisfaire aux conditions rex> ax> az > rez, ce
qui
entraine uncouplage positif
entredeux atomes de fer d’un
plan
de base et uncouplage n6gatif
entre deux atomes de fer lelong
de 1’axe c.Ces considerations rendent
compte
ducouplage
ma-gn6tique
observe entre 200 OK etT,.
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