HAL Id: hal-00896023
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00896023
Submitted on 1 Jan 1992
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of
sci-entific research documents, whether they are
pub-lished or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
La diversité des plans d’amélioration génétique
P. Sellier
To cite this version:
P. SELLIER
INRA Station de
Génétique
quantitative
etappliquée
78352Jouy-en-Josas
CedexLa
gestion
des
populations
La
diversité des
plans
d’amélioration
génétique
Résumé.
La diversité des programmes d’améliorationgénétique
des animauxdomestiques
concerne àla
fois
lesplans
de croisement et lesplans
de sélection. L’intérêt du croisement et lesformes
d’utilisation du croisement(création
d’une nouvellepopulation
ou croisementsystématique
detype
discontinu ou
continu)
dépendent
del’importance
deseffets
d’hétérosis,
dudégré
d’antagonisme
énétique
entre laperformance
deproduction
et laperformance
dereproduction
et de l’excédent defécondité
del’espèce
parrapport
à cequi
est nécessaire pour le maintien d’unepopulation
de race pure.De nombreux
facteurs
contribuent à la diversité desplans
de sélection : la nature des caractèressélectionnés
(notamment
leur déterminismegénétique),
lesparamètres
dereproduction
del’espèce
(notamment
le nombre deproduits
parfemelle
et parcycle
dereproduction),
les modalités du contrôlede performances
chez les candidats à la sélectionet/ou
leursapparentés,
les méthodes d’estimation des valeursgénétiques
desreproducteurs,
la structure de lapopulation (noyau
de sélection ettroupeaux
deproduction).
Constater la diversité des programmes
d’améliora-tion
génétique
desespèces
animalesdomestiques
relève de l’évidence et
plusieurs
des articlesprécé-dents l’ont
déjà
abondamment illustrée.On
distingue classiquement
deuxgrandes
méthodes d’amélioration
génétique :
le croisement etla sélection. Il y a sur certains
points
unrecouvre-ment des deux méthodes : par
exemple
la sélection delignées spécialisées
pour lecroisement,
la sélection pourl’aptitude
au croisement et le croisementd’absorption
(qui
s’apparente
à un processus de sélec-tion). Parcommodité,
nous retiendronscependant
icicette distinction entre croisement et
sélection,
et lebut de cet article est de tenter de décrire en
quoi
etpourquoi
les programmes d’améliorationgénétique
diffèrent en ce
qui
concerne les modalités d’utilisationdu croisement et les
plans
de sélection.1
/ La diversité des
objectifs
de
l’amélioration
génétique
Ce
premier
facteur de diversité estrappelé
ici pourmémoire
puisqu’il
a étélargement
traitéauparavant.
Il contribue à la diversité des
plans
d’améliorationgénétique
non seulement entreespèces,
mais aussi àl’intérieur des
espèces
utilisées pourplusieurs
types
de
production d’importance
significative
(lait etvian-de chez les
bovins, viande,
lait et laine chez lesovins,
viande et oeufs chez la
poule,
viande etpoil
angorachez le
lapin,
viande et foie gras chez lecanard, ...).
).2
/
La
diversité des modalités
d’utilisation
du
croisement
L’objectif général
du croisement est de tirerparti
de la variabilité
génétique
entre lespopulations
(races ou
lignées) disponibles
à un moment donné. Ilexiste deux
grandes
formes d’utilisation ducroise-ment
(pour
plus
dedétails,
voir l’article de Bidanel) :- la création d’une nouvelle
population (exemples :
création d’une
lignée composite
àpartir
deplusieurs
races pures
préexistantes,
croisementd’absorption
pour substituer
progressivement
auxpolygènes
de lapopulation
initiale lespolygènes
d’une autrepopula-tion
jugée supérieure,
croisement en retourrépété
pour
&dquo;introgresser&dquo;
ungène majeur
intéressant dans unepopulation
qui
en estdépourvue) ;
- le croisement
systématique,
c’est-à-dire laréali-sation de
plans
de croisement où chacune des racesimpliquées
a une fonction bien déterminée(plans
decroisement &dquo;discontinus&dquo; mettant en oeuvre des races
spécialisées
à vocationpaternelle
ou maternelle etconduisant à une
génération
deproduits
terminaux)ou de
plans
de croisement &dquo;continus&dquo; où les racesimpliquées jouent
un rôle nonspécialisé
(croisementrotatif par
exemple).
Trois éléments
principaux
sont àprendre
enconsi-dération
quand
ils’agit
derépondre
à laquestion :
race pure ou croisement ? et, si croisement il y a, à la
2.1
/
Importance
des effets
d’hétérosis,
individuel
etmaternel,
sur les caractères
ayant
leplus grand poids
écono-mique
dansl’espèce
et le type deproduction
concer-nés. Ce sont surtout les caractères déterminant le
coût de
production
dans lesespèces
utilisées pour laproduction
de viande (fertilité etprolificité
des mères,viabilité,
vitesse de croissance et efficacitéalimentai-re des
produits) qui
manifestent des effets d’hétérosisimportants :
de 10 àplus
de 20% pour un caractèreglobal
comme laproductivité numérique
des mères(en cumulant hétérosis individuel et hétérosis
mater-nel),
de 5 à 10% pour lapart
du coût deproduction
liée à l’animal
producteur
de viande lui-même. C’estdonc dans le domaine de la
production
de viande (etaussi dans le domaine de la
production
d’oeufs) que le
croisement est leplus largement
utilisé :chaque
foisque
possible
(voirparagraphe
2.3),
l’utilisation ducroisement
prend
la forme deplans
de croisementsdiscontinus
qui
permettent
d’exploiter
au maximumles effets
d’hétérosis,
ainsi que lacomplémentarité
entre les races
paternelles
et maternellesdisponibles.
Par contre, l’effet d’hétérosis relativement modérésur la
production
laitière est l’une des raisonsexpli-quant
le très faible taux d’utilisation du croisementdans le secteur de la
production
laitière oùl’élevage
en race pure est la
règle
(mis àpart
le casparticulier
du croisement
d’absorption,
illustré par la&dquo;holsteini-sation&dquo; de la race bovine
Française
Frisonne PieNoire,
devenueaujourd’hui
la Prim’Holstein).2.2
/
Degré d’antagonisme génétique
entre la
performance
deproduction
et laperfor-mance de
reproduction.
Le recours à desplans
decroisement discontinus se
justifie
d’autantplus
quecet
antagonisme génétique
estfort,
avec en corollairela sélection
spécialisée
de racespaternelles
(sur laperformance
deproduction)
et de races maternelles (àla fois sur la
performance
dereproduction
et sur laperformance
deproduction)
(Smith
1964).L’utilisa-tion du
gène
de nanisme lié au sexe (dw) dans lapro-duction du
poulet
de chair (Mérat 1990) fournit unexemple
extrême de sélectionspécialisée
en vue ducroisement. Dans la
lignée maternelle,
on&dquo;sélection-ne&dquo; contre le
poids
en y fixant legène
dwqui
a uneffet presque
complètement
récessif sur lepoids
parrapport
à l’allèle normal Dw+ (le butétant,
enrédui-sant la taille des
poules,
de diminuer leurconsomma-tion alimentaire et par voie de
conséquence
leprix
derevient du
poussin
d’unjour),
alors que dans lalignée
paternelle,
on sélectionne intensément en faveur dupoids.
Le croisement terminal entre un coq de souchelourde
(Dw
+
/Dw
+
)
et unepoule
&dquo;nanifiée&dquo; (dw/-)donne des mâles
Dw
+
/dw,
dont lepoids
àl’abattage
n’est réduit que de 3 % par rapport aux mâles
Dw
+
/Dw
+
,
et des femelles Dw+/-.2.3 / &dquo;Excédent de fécondité&dquo; de
l’espèce
par
rapport
à cequi
est nécessaire pour lemain-tien d’une
population
de race pure. Ainsi, le choixd’un
plan
de croisement se pose en termes trèsdiffé-rents dans les
espèces
bovine etporcine.
Sauf recours auxtechniques
modernes de transfertd’embryons
(voir l’article deColleau),
il faut en moyenne deuxcycles
dereproduction
pourqu’une
vache donnenais-sance à une fille
susceptible
de laremplacer,
alorsque dans
l’espèce
porcine,
en deuxcycles
dereproduc-tion,
une truie de raceeuropéenne
sèvre en moyenne8 ou 9 filles. Dans le
premier
cas, etplus
générale-ment dans les
espèces
à faibleproductivité
numé-rique,
il n’estguère envisageable
de mettre enplace
des
plans
de croisement discontinus (croisement àdouble
étage
parexemple,
avec utilisation de mèrescroisées),
si l’on veut maintenir un effort de sélectionsignificatif
dans les races pures. Dans cesespèces,
lerecours au croisement peut éventuellement se faire
par des
plans
de croisement continus de type rotatif(avec, dans les
troupeaux
deproduction,
auto-renou-vellement des femelles et utilisation
alternée,
parinsémination
artificielle,
de mâles des races puresentrant dans la rotation) ou par le biais de la création
de
lignées composites (exemple
de la souche ovineINRA
401,
présenté
dans l’article de Ricordeau et al ).Pour
expliquer
la faible extension du croisement chez lesruminants,
onpeut
invoquer également
le faitqu’il
existe encore une certaine&dquo;pesanteur
sociolo-gique&dquo;
se traduisant par un attachement des éleveursà la race pure locale. Il faut
ajouter
ici que, danscer-taines
situations,
l’adaptation génétique
de la racerustique
locale à un milieu difficile est unejustifica-tion tout à fait valable du maintien de
l’élevage
en race pure.Dans les
espèces
plus prolifiques,
lesplans
decroi-sement discontinus sont utilisés à une
large
échelle,
notamment pour la
production
de viande. Laplupart
dutemps,
on utilise un croisement à 3 ou 4 voiesimpliquant
une structure à 3étages
de lapopulation
totale :
- l’étage
de sélection(noyaux
de racepure),
- l’étage
demultiplication,
où sont réalisés lescroi-sements
produisant
lesreproducteurs &dquo;parentaux&dquo;,
-
l’étage
deproduction,
où est réalisé le croisement final conduisant auxproduits
terminaux.Dans un tel
système,
l’étage
demultiplication
&dquo;crée&dquo; l’hétérosis sur les effets maternels
qui
estvalo-risé dans
l’étage
deproduction.
Des flux dereproduc-teurs sont réalisés du haut vers le bas de la
pyramide
de croisement pour assurer le renouvellement des
étages
inférieurs. Lafigure
1 donne unexemple
destructure
démographique
d’unsystème
de croisement à 4 voies chez le porc, dans le casparticulier
d’uneutilisation exclusive de la monte naturelle (Sellier
1986).
3
/ La
diversité
des
plans
de
sélection
Le tableau 1
rappelle
les éléments de baseconsti-tuant le cadre
général
danslequel
s’inscrit toutplan
de sélection :
- il
comprend
nécessairementplusieurs
étapes
suc-cessives :
objectif
desélection,
contrôle deperfor-mances, critère de
sélection,
sélection desreproduc-teurs, utilisation des
reproducteurs ;
- dans tous les
cas, le but reste le même et il est
double :
. maximiser le
progrès
génétique
annuel,
en tenantcompte
du coût de lasélection ;
. assurer une bonne diffusion du
progrès génétique
dans l’ensemble de la
population
deproduction.
Plusieurs facteurs contribuent à la diversité desplans
de sélection des animauxdomestiques
et lesprincipaux
d’entre eux sontpassés
en revue dans ce3.1
/
La
naturedes
caractères
sélectionnés
On peut
distinguer
de cepoint
de vue un certainnombre d’alternatives :
- la sélection
porte
sur un seul caractère ou surplusieurs
caractères. Les cas où la sélection eststric-tement &dquo;monocaractère&dquo; sont très rares : on
peut
citerla sélection sur le
poids
àâge-type
dans certaineslignées
mâles de croisement terminal chez lepoulet
de chair et la sélection sur la réussite en
compétition
chez le cheval de
sport
ou de courses. Plus souvent, on est enprésence
d’un caractèreprincipal
et decaractères secondaires
(exemple
des races bovinestraites sélectionnées
prioritairement
sur laproduc-tion laitière mais aussi sur la
fertilité,
la facilité devêlage,
la conformation ou lalongévité).
Dans lespopulations
utilisées pour laproduction
deviande,
la sélection est detype
&dquo;multicaractère&dquo;(productivité
numérique
desmères, composantes
de l’efficacité de laproduction
de viande et de laqualité
duproduit
chez leurs
descendants),
avec despoids
variablesattribués aux différents caractères selon le
type
depopulation ;
- les caractères sont mesurables
sur l’animal
vivant (et donc sur les candidats à la sélection) ou non (caractères de carcasse). Il existe des cas
inter-médiaires
où,
sans que le caractère soit mesurable sur levivant,
ondispose
de mesures in vivoqui
sontde bons
prédicteurs
du caractère(exemple
du porc oùl’épaisseur
de lard dorsal mesurée paréchographie
aux ultra-sons
présente
une corrélationgénétique
del’ordre de
-0,8
avec la teneur en muscle de lacarcas-se). Parmi les caractères mesurables in
vivo,
certainssont mesurés avant
l’âge
de mise à lareproduction
(croissance,
efficacité alimentaire) alors que d’autresd’oeufs). Dans ce dernier cas, il
s’agit
leplus
souventde caractères
s’exprimant plusieurs
fois dans la viede
l’animal ;
- les caractères
s’expriment
dans les deux sexes(croissance,
efficacitéalimentaire, viabilité, qualité
de la carcasse) ou dans un seul sexe
(prolificité,
pro-duction
laitière,
production
d’oeufs,...
chez lafemelle ;
production
etqualité
de semence, odeur sexuelle de laviande de porc chez le mâle).
Le déterminisme
génétique
des caractèressélec-tionnés intervient
également.
Le&dquo;dogme&dquo; classique
de la
génétique quantitative
peut
trèsschématique-ment se résumer ainsi :
- la sélection
sur
performance
propre (sélectionindividuelle),
dès lorsqu’elle
estpossible
(caractèremesurable in
vivo),
estplutôt
recommandée pour lescaractères fortement héritables (h
2
>
0,40) etéven-tuellement pour les caractères à héritabilité moyenne
ou même faible si ce sont des caractères
s’exprimant
plusieurs
fois dans la vie du candidat à lasélection ;
- la sélection
familiale,
basée sur lesperformances
d’apparentés
des candidats(ascendants, collatéraux,
descendants) est
plutôt
recommandée pour lescarac-tères faiblement héritables
(h
2
<0,20).
Deplus,
lasélection familiale est une nécessité pour les
carac-tères non mesurables in vivo et pour la sélection des
mâles sur les caractères
s’exprimant
chez les seulesfemelles (et inversement).
Notons enfin que l’existence de
gènes majeurs
peutétendre la gamme des
plans
de sélectionpossibles
pour un caractère. L’utilisation des
gènes majeurs
ensélection est
grandement
facilitéequand
ondispose
de marqueurs de ces
gènes.
Concernant legène
de lasensibilité à l’halothane chez le porc, des marqueurs
sanguins &dquo;classiques&dquo;
(variantsélectrophorétiques
des enzymes
érythrocytaires
GPI et 6-PGD) ont étélargement
utilisés chez le LandraceFrançais
(Saugère
et al 1989) et un marqueur moléculaire aété récemment trouvé
(Fujii
et !zl 1991).L’apparition
de sondes moléculaires de caséines chez les bovins
(Leveziel et al 1988) et chez les
caprins
offre denou-velles
possibilités
pour la sélection desmâles,
dès lanaissance,
sur laqualité fromagère
du lait.3.2
/
Les
paramètres
de
reproduction
Pour un même caractère
(
6
,,
donné) et une mêmeméthode de sélection
(r,, donné),
l’efficacitéespérée
d’un
plan
de sélection est fonction deplusieurs
para-mètres dereproduction spécifiques
dechaque
espèce
ou
population :
-l’âge
desparents
au 1erdescendant,
qui
fixe lavaleur minimum de l’intervalle de
génération ;
- le nombre de
produits
par femelle et parcycle
dereproduction
(ou par an),qui
a une influencedétermi-nante sur les taux de sélection
possibles ;
- le
rapport du nombre de
reproducteurs
mâles aunombre de
reproducteurs
femelles.Certains des
paramètres
démographiques
ci-des-sus
peuvent
être modifiés par le sélectionneur. Une&dquo;vieille&dquo;
biotechnologie,
l’inséminationartificielle,
permet de diminuer dans des
proportions
notables lerapport
reproducteurs mâles/reproducteurs
femellesdans les noyaux de sélection (d’où un accroissement
des intensités de sélection
possibles
dans le choix desmâles). Les nouvelles
biotechnologies
del’embryon
(transfert,
sexage,clonage)
permettent
également
demodifier dans un sens favorable certains
paramètres
de
reproduction
dans lespopulations
ensélection,
enparticulier
dansl’espèce
bovine (voir l’article deColleau). La durée d’utilisation des
reproducteurs
dans les noyaux de sélection est un autre
paramètre
démographique
quepeut
fixer le sélectionneur.Quand
cette duréeaugmente,
l’intervalle degénéra-tion (t)
s’allonge
mais l’intensité de sélectionpossible
(i)
augmente
également puisque
le nombre derepro-ducteurs
disponibles
pour leremplacement
desparents
est accru. Il y a doncgénéralement
une duréed’utilisation
optimale
desreproducteurs
rendant maximum le rapport i/t (effort de sélection). Letableau
2,
emprunté
à Ollivier(1974),
présente
à titred’exemple
le cas de la sélection individuelle desfemelles pour un caractère mesurable avant
l’âge
dela mise à la
reproduction.
Le taux de renouvellementoptimum
des femelles et la valeur maximum durap-port
i/t sont d’autantplus
élevés quel’espèce
estplus
prolifique.
Ainsi,
la&dquo;priorité&dquo;
est à accorder à laréduction de l’intervalle de
génération
dans lesespèces
prolifiques
et àl’augmentation
de l’intensité3.3
/
Les
modalités du contrôle
de
performances
Compte
tenu des contraintesbiologiques évoquées
plus
haut,
le contrôle deperformances qui
est unephase
essentielle de toutplan
de sélectionpeut
concerner les candidats à la sélection ou des
indivi-dus
qui
leur sontapparentés
ou encore les deuxcaté-gories
d’individus à la fois.En matière de localisation des contrôles de
perfor-mances, on rencontre trois
grandes
situations :a/ le contrôle en station
privée,
réalisé dans unlieu
unique
(ou un trèspetit
nombre de lieux) et sousla totale
responsabilité
d’un seulorganisme,
la firmede sélection. C’est la
règle générale
en sélectionavico-le (Mallard et Douaire 1990) et c’est une situation
également
rencontrée en sélectionporcine.
b/ le contrôle en station
publique.
Desani-maux
contemporains
provenant d’un nombreplus
oumoins
grand d’élevages
de sélection sontregroupés
dans un même lieu à des fins d’évaluation
génétique
de ces animaux eux-mêmes (bandes de contrôle
indi-viduel) ou de candidats à la sélection
qui
leur sontapparentés
(séries de testage sur descendance). Ilexiste de nombreuses situations où la sélection des
mâles est basée sur des contrôles en station
publique.
Citons à titre
d’exemple :
- chez le
porc, les stations de contrôle combiné pour
l’évaluation
génétique
des verrats sur lesperfor-mances de
production
(croissance,
efficacitéalimen-taire,
composition corporelle,
qualité
de la viande).Chaque
verrat candidat à la sélection est évalué enfonction de ses propres
performances
et desperfor-mances d’un collatéral (frère ou soeur de
portée)
abattu et soumis à des mesures de carcasse (Sellier
1988) ;
- chez les
ovins,
les stations de contrôle individueldes béliers pour une
première étape
de l’évaluationgénétique
sur lacroissance,
la conformation etl’adi-posité,
et les stations de contrôle de descendance(dont la station multiraciale
Berrytest)
pour unedeuxième
étape
d’évaluationgénétique, plus précise
puisqu’elle
inclut des mesures de carcasse sur unéchantillon de descendants des béliers candidats à la
sélection ;
- dans les
races bovines à viande (Ménissier
1988),
les stations de contrôle individuel
(croissance,
effica-cité
alimentaire,
conformation bouchère) pour lestau-reaux d’insémination artificielle ainsi que les centres
d’évaluation (croissance et conformation bouchère)
pour les taureaux de monte
naturelle,
les stations decontrôle de descendance des taureaux pour les
apti-tudes
bouchères,
les stations de contrôle dedescen-dance des taureaux sur les
qualités
maternelles deleurs filles (&dquo;stations
d’élevage&dquo;
des racesCharolaise,
Limousine et Blonde
d’Aquitaine).
c/ le contrôle en
ferme,
mis en oeuvre dans ungrand
nombred’élevages
selon unprotocole
communet sous
l’égide
d’un mêmeorganisme.
Parmi lesexemples,
là aussinombreux,
onpeut
citer :- le contrôle des
performances
dereproduction
(prolificité,
fertilité,
qualités
maternelles) dans lesélevages.
Parexemple,
dansl’espèce
porcine,
le pro-gramme national degestion technique
destroupeaux
de truies (GTTT)
permet
ladétection,
sur unelarge
échelle,
des truies à très haute valeurgénétique
pourla
prolificité
(taux de sélection de l’ordre de 1 à 2 pourmille) et est à la base de la sélection de la
lignée
&dquo;hyperprolifique&dquo;
de verrats en raceLarge
White(Legault
et Gruand1976) ;
- le contrôle laitier
pour le
testage
sur descendancedes taureaux des races laitières et pour la détection
des mères à taureaux utilisées dans les
accouple-ments raisonnés destinés à
produire
lesjeunes
mâlesmis en
testage
par les unités de sélection. Les mêmesmodalités d’utilisation des résultats du contrôle
lai-tier se retrouvent chez les ovins et
caprins laitiers ;
- le contrôle de
croissance-adiposité
chez le porc(âge
etépaisseur
de gras dorsal à 100kg),
conduitdans les
élevages
de sélection pour le choix desjeunes
verrats et surtout des cochettes de renouvellement.
Dans les
faits,
laplupart
desplans
de sélectionreposent
sur l’utilisationséquentielle
de résultats decontrôle de
performances
obtenus à la fois dans desstations
publiques
et enferme,
comme l’illustre lafigure
2 pour la sélection des bovins laitiers.3.4
/ L’estimation des
valeurs
génétiques
Ce
sujet
faitl’objet
de laquatrième partie
de cenuméro et ne sera
qu’évoqué
ici.Concernant les méthodes nouvelles d’estimation
des valeurs
génétiques
(&dquo;BLUP&dquo; et modèleanimal),
rendues
possibles
par lesprogrès
del’informatique
pour le traitement de très gros fichiers de données
d’être
remarqué
qu’elles
ont connu leurspremières
applications
dans les programmes de sélection baséspour l’essentiel sur des contrôles de
performances
enferme. Dans ce cas, les données sont recueillies dans
un très
grand
nombre de &dquo;milieux&dquo; différents(par
exemple,
combinaisons des facteursétable,
année etsaison de
vêlage
chez les bovins laitiers) et le nombrede données
disponibles
danschaque
&dquo;milieu&dquo; estgénéralement
très réduit. Lerisque
de confusionentre les effets
génétiques
et les effets del’environne-ment est alors
important,
cequi justifie
la mise en oeuvre detechniques
d’évaluationgénétique
reposant
sur le &dquo;BLUP&dquo; (meilleureprédiction
linéaire nonbiai-sée),
appliqué
initialement à des modèlespère
oupère-grand
père
et deplus
enplus
souventaujourd’hui
à un modèle animalqui
permet
l’évalua-tion
conjointe
des mâles et des femelles(Ducrocq
1990).
On
peut
noter aussi quel’apparition
du modèleanimal tend à
estomper
la classification habituelledes méthodes d’évaluation
génétique
(sélectionindi-viduelle,
surascendance,
surdescendance,
surcolla-téraux,...) :
elle conduit à instituer une évaluationgénétique
en continuqui s’apparente
à une sélectionde type combiné
puisque
toute l’informationdispo-nible sur l’individu et sur ses
apparentés
estprise
encompte
dans le calculpériodique
des indices desélec-tion. Le tableau
3,
concernant le cheval &dquo;Trotteurfrançais&dquo;
(Tavernier1989),
illustre cet accroissementprogressif
de laprécision
de l’estimation de la valeurgénétique
avecl’âge
del’individu,
et ceci pour tous lesindividus de la
population.
3.5 / La
structurede
la
population
De
façon
trèsgénérale,
onpeut
distinguer
dans unepopulation
animale soumise à sélection (Bichard 1971) :- le
noyau de sélection (encore
appelé
la base desélection) où est créé le
progrès génétique,
- la
population
deproduction
où diffuse leprogrès
génétique
créé dans le noyau.Le noyau de sélection est
plus
ou moins biendéli-mité selon les
espèces
(voir l’article deBougler).
Dansles
espèces
avicoles(poule,
canard, dinde),
il estpar-faitement identifié
puisque
la sélection est concentréedans un
petit
nombre de firmesspécialisées.
Lenoyau de sélection est assez clairement identifié chez
le porc avec une
population
d’environ 15 000 truiesdans les
élevages
de sélection de l’UPRAporcine
(sélectionneurs individuels ou sélectionneurs
intégrés
dans une
organisation
desélection) ;
leprogrès
géné-tique
créé dans cesélevages
de sélection diffuse dansl’étage
deproduction
(1 million de truies environ) parle biais de
l’étage
demultiplication
(100 000 truiesenviron). Dans les races bovines
laitières,
la notion denoyau de sélection est moins nette
puisque
certainesmères à taureaux
proviennent
detroupeaux
&dquo;com-merciaux&dquo;
pratiquant
le contrôle laitier. L’ouverturedu noyau de sélection (James 1977) se retrouve dans
d’autres
plans
de sélection :ainsi,
la sélection de lalignée
&dquo;hyperprolifique&dquo;
chez le porcs’apparente
àune sélection en noyau ouvert. Les races chevalines
de
sport
et de courses constituentprobablement
leseul
exemple
depopulation
sans véritable noyau desélection : le contrôle de
performances
(réussite encompétition)
et l’indexation des individus sontgéné-ralisés à l’ensemble des
élevages,
et chacun de cesélevages
estsusceptible,
parexemple,
deproduire
desreproducteurs
mâles.Conclusion
Ce survol
rapide,
et nécessairementincomplet,
desgrandes caractéristiques
des programmesd’améliora-tion
génétique
chez les animauxdomestiques
montrequ’il
existe unegrande
diversité de situations maisaussi
qu’il
y a des&dquo;points
de passageobligés&dquo;,
notam-ment en matière de
plans
desélection,
si l’on veutobtenir un
progrès génétique
annuelproche
dumaxi-mum
possible. L’optimisation
desplans
d’améliora-tion
génétique, qui
suppose aupréalable
uneRéférences
bibliographiques
Bichard M., 1971. Dissemination of genetic improvement
through a livestock industry. Anim. Prod., 13, 401-411.
Ducrocq V., 1990. Les techniques d’évaluation génétique des
bovins laitiers. INRA Prod. Anim., 3, 3-16.
Fujii J., Otsu K., Zorzato F.. De Leon S., Khanna V.K.,
Weiler J.E., 0’Brien P.J., MacLennan D.H., 1991.
Identification of a mutation in porcine ryanodine receptor
associated with malignant hyperthermia. Science, 253, 448-451.
James J.W., 1977. Open nucleus breeding systems. Anim.
Prod., 24, 287-305.
Legault
C., Gruand J., 1976. Amélioration de laprolificité
des truies par la création d’une lignée &dquo;hyperprolifique&dquo; etl’usage de l’insémination artificielle : principe et résultats
expérimentaux préliminaires. Journées Rech. Porcine en
France, 8, 201-206.
Levéziel H., Métenier L., Mahé M.F., Choplain J., Furet
J.P., Paboeuf G., Mercier J.C., Grosclaude F., 1988. Identification of the two common alleles of the bovine K
-casein locus by the RFLP technique, using the enzyme Hind
III. Génét. Sél. Evol., 20, 247-254.
Mallard J., Douaire M., 1990. Evolution de la sélection avicole. C.R. Acad. Agric. Fr., 76(6), 81-91.
Ménissier F., 1988. La sélection des races bovines à viande
spécialisées en France. In : 3rd World Congress on Sheep
and Beef Cattle Breeding, Paris, Vol. 2, pp. 215-236, INRA
Publ., Paris.
Mérat P., 1990. Effets associés et utilisation de gènes majeurs réduisant la taille chez la poule domestique. INRA Prod. Anim., 3, 151-158.
Ollivier L., 1974. Optimum replacement rates in animal
breeding.
Anim. Prod., 19, 257-271.Saugère D., Runavot J.P., Sellier P., 1989. Un premier bilan du programme de sélection contre le gène de sensibilité à
l’halothane chez le porc Landrace Français. Journées Rech.
Porcine en France, 21, 335-344.
Sellier P., 1986. Amélioration génétique. In : Le porc et son
élevage : bases scientifiques et techniques (J.M. Perez, P. Mornet et A. Rérat, Ed), Maloine, Paris, pp. 159-230.
Sellier P., 1988. L’amélioration génétique des performances de production du porc. C.R. Acad. Agric. Fr., 74(2), 23-38.
Smith C., 1964. The use of specialised sire and dam lines in
sélection for meat
production.
Anim. Prod., 6, 337-344.Tavernier A., 1989. Caractérisation de la