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Corrélation entre le bruit anormal et l'évolution de la structure en domaine des ferroélectriques

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

HAL Id: jpa-00209318

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00209318

Submitted on 1 Jan 1981

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Corrélation entre le bruit anormal et l’évolution de la structure en domaine des ferroélectriques

M. Jannin

To cite this version:

M. Jannin. Corrélation entre le bruit anormal et l’évolution de la structure en domaine des fer- roélectriques. Journal de Physique, 1981, 42 (9), pp.1269-1277. �10.1051/jphys:019810042090126900�.

�jpa-00209318�

(2)

Corrélation entre le bruit anormal et l’évolution de la structure

en domaine des ferroélectriques

M. Jannin

Laboratoire de Diélectriques (*), Faculté des Sciences Mirande, 21100 Dijon, France

(Reçu le 1 er avril 1981, accepté le 26 mai 1981)

Résumé.

2014

Dans un premier temps nous avons réalisé un appareil qui, par des mesures du bruit électrique existant

aux bornes des condensateurs à diélectrique ferroélectrique hors d’équilibre, permet de déterminer les valeurs

intrinsèques du module de leur impédance z et de la densité spectrale à 1 kHz des fluctuations de leur polarisation P.

Nous avons entrepris ensuite des mesures systématiques sur des échantillons de sulfate de glycocolle et de titanate

de baryum obtenus par les méthodes de croissance de Remeika et Czochralsky. Nous nous sommes attachés à

comparer les valeurs intrinsèques obtenues par la mesure par le bruit de P2 et |z| à celles que l’on peut calculer à partir des résultats de mesure au pont classique d’impédance.

Pour les échantillons de sulfate de glycocolle (TGS) nous avons toujours constaté la concordance des résultats obtenus par les deux méthodes de mesure. Par contre pour les échantillons de titanate de baryum, si les deux

techniques de mesure fournissent toujours des valeurs identiques pour le module de l’impédance, la mesure directe

des fluctuations de la polarisation conduit à des valeurs plus grandes que celles calculées à partir des pertes évaluées

au pont en appliquant le théorème fluctuation-dissipation. Nous voyons donc apparaître du bruit anormal sur ce

type de diélectrique mais uniquement si il est en déséquilibre thermique à une température voisine de celle de sa

transition. Grâce à un film en couleur nous avons pu montrer que, quelle que soit la valeur de la température de l’échantillon, il existait une corrélation étroite entre le taux de variation de la structure en domaine et le niveau du bruit anormal. Ce dernier est donc dû à la structure fine du courant pyroélectrique.

Abstract.

2014

We have devised a new noise measuring device to perform, by means of noise method, automatic

measurement of the impedance modulus |z| and the polarization fluctuation density P2 at 1 kHz on ferroelectric capacitors out of equilibrium. We studied TGS and BaTiO3 single crystals grown by the Remeika and Czochralsky

method. Let us compare the direct noise measured values of | z | and P2 to the calculated ones from the classical

impedance bridge results.

On TGS samples the noise measured and the bridge calculated values of | z | and P2 are always in good agree- ment. On BaTiO3 single crystals we equally found that both impedance modulus measuring technics gives the same results, but the noise measured value of P2 can be, in some case, larger than the calculated one according to the

fluctuation dissipation theorem. Some anomal noise appears on this kind of samples but only if they are out of

the thermal equilibrium in the close vicinity of their Curie temperature. Thanks to a coloured movie we have shown that there is a strong correlation beetween the anomal noise level and the domain structure change rate. So we

conclude that the anomal noise is related to the pyroelectric current fine structure.

Classification Physics Abstracts

06.60

2013

77.20

2013

77.80B

1. Introduction.

-

Les mesures de bruit électrique

que nous avons réalisées sur une dizaine de conden- sateurs à diélectrique ferroélectrique ont été entre- prises dans un double but. En premier lieu pour

mesurer directement à v = 1 kHz les densités spec- trales des fluctuations de la polarisation des différents diélectriques étudiés mais aussi, parce que la mesure

des composantes de l’impédance différentielle de ce

(*) ERA 19 C.N.R.S.

type de dipôle présentant de fortes non linéarités ne peut être effectuée de façon correcte que si le niveau de l’excitation dynamique appliquée à l’échantillon

au voisinage du point de fonctionnement choisi est suffisamment faible pour qu’il soit possible de traiter

la réponse alors détectée par les méthodes classiques

de l’analyse des signaux linéaires.

En fait le plus faible signal que l’on puisse obtenir

aux bornes d’un dipôle possédant une composante active est celui qui est aux fluctuations des charges

82

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019810042090126900

(3)

1270

électriques engendrées par l’agitation thermique. La

tension e2(v) ou le courant i2(v) résultants sont de nature aléatoire et sont respectivement appelés tension

ou courant de bruit propre du dipôle. Si on mesure séparément e2( v) et i ( v) on peut, d’une part, déduire la valeur intrinsèque du module de l’impédance z

de l’échantillon puisque

et d’autre part évaluer la densité spectrale des fluc-

tuations de la polarisation diélectrique puisque

S étant la surface des électrodes de l’échantillon.

Nous n’entrerons pas dans les détails de la mesure automatique de e2(v), i2(v) et z(v) 1 l’appareillage ayant été préalablement décrit [1], mais nous compa-

rerons les valeurs obtenues, grâce, à la technique de

mesure par le bruit, pour ces trois grandeurs à celles

que l’on peut calculer, à partir des évaluations des

parties réelles respectives ri et GI de l’impédance et de

l’admittance au pont classique d’impédance. (On précise par l’indice 1 que les résultats ont été acquis

à partir de mesures au pont d’impédance ; par oppo- sition l’absence d’indice signifie que le résultat a été déduit de mesures par le bruit). On utilise dans ce cas, d’une part les deux relations de Nyquist

et d’autre par la rotation ! z Il

=

JrdGI. Afin de tenir compte de la non linéarité du diélectrique étudié,

les valeurs retenues pour rI et G, sont déterminées en

extrapolant linéairement, au cas de l’excitation nulle,

les résultats acquis avec le pont d’impédance en

utilisant des champs alternatifs à v

=

1 kHz d’ampli-

tude décroissante.

Afin de faciliter les comparaisons des deux types de résultats expérimentaux nous avons choisi de toujours

utiliser sur les graphiques des petits triangles, carrés

ou cercles noircis pour représenter respectivement les

grandeurs i2 e2 et ! z lorsqu’elles auront été mesurées par le bruit ; par contre les valeurs de ces mêmes

grandeurs, mais déduites des études au pont d’impé-

dance seront notées 1 e; et ! 1 z 1, et seront représentées

par les mêmes symboles mais de plus grande taille

et dessinés uniquement par leur contour.

Lorsque nous constaterons que ? et 12 seront

respectivement supérieurs à el et i2 nous dirons que l’échantillon présente du « bruit anormal ». Nous

nous proposons de montrer que ce bruit, superposé

au bruit de Nyquist respectivement associé à la résistance et à la conductance de l’échantillon, est simplement [2] dû à un effet Barkhausen stimulé

thermiquement. Le mouvement erratique des parois

de domaine à l’origine de cet effet Barkhausen n’est

pas dû comme dans le cas classique à un champ électrique variable, puisque nous opérons à champ constant, mais à la variation de température imposée

à l’échantillon.

2. Présentation des études expérimentales.

-

2. 1 DIFFÉRENTS TYPES D’ÉCHANTILLONS ÉTUDIÉS.

-

Nous avons étudié des monocristaux de sulfate de

glycocolle pur, de titanate de baryum pur obtenus par la méthode de tirage de Czochralsky, mais aussi

des échantillons de titanate de baryum pur et dopés

à 0,4 % atomique au cobalt cristallisés selon la tech-

nique de Remeika. Le choix de ces deux types de ferroélectrique a été dicté par le fait qu’ils présentent

des transitions de phase para-ferroélectrique fonda-

mentalement différentes. En effet BaTi03 ne possède

pas de fluctuations de point tricritique puisque sa

transition est du 1 er ordre, ce qui n’est pas le cas de TGS dont la transition est du 2e ordre. La préparation

et la pose des électrodes d’or sur tous les échantillons ont été réalisées selon les techniques classiques.

2.2 CONDITIONS EXPÉRIMENTALES.

-

Les mesures ont été réalisées en présence de champs électriques

continus constants, compris entre 0 et 105 V/m, à des températures fixes choisies dans le voisinage de celle

de la transition para-ferroélectrique, mais aussi au cours de refroidissements et réchauffements pro-

grammés avec des taux de variation linéaire compris

entre 1 et 0,1 °C/h sur 7 OC environ.

Pour stabiliser très finement, c’est-à-dire à mieux

qu’un centième de OC par semaine, et programmer la

température de l’échantillon sans engendrer de para-

site électrique nous avons dû réaliser une régulation

de température à commande proportionnelle com- portant deux enceintes emboîtées et fonctionnant

en courant continu. De plus en apportant un grand

soin au montage des échantillons sur le porte échan- tillon nous avons réussi à éliminer totalement le bruit de thermostat.

Pour éviter les parasites électriques l’appareillage

est placé dans un local blindé et une grande attention

a été apportée à l’interconnexion des différents cir- cuits de masse.

L’agencement expérimental que nous avons réalisé permet l’enregistrement automatique des caracté- ristiques des échantillons mesurées par le bruit, à

raison d’une mesure toutes les 30 s environ. Pour les

mesures d’impédance au pont, qui ne peuvent évi- demment pas être effectuées en même temps que les

mesures de bruit, nous avons dû réaliser un montage spécial afin de pouvoir maintenir le champ électrique

continu appliqué à l’échantillon pendant la commu-

tation d’un type d’appareil de mesure vers l’autre.

3. Présentation des résultats.

-

3.1 EVALUATION

DU MODULE DE L’IMPÉDANCE DES ÉCHANTILLONS.

-

Qu’ils soient ou non à l’équilibre, avec ou sans champ

électrique continu et même dans le proche voisinage

(4)

Fig. 1.

-

Monocristal de sulfate de glycocolle. Fréquence de mesure 1 kHz bande passante 1/3 d’octave. Refroidissement a U,2 °C par heure.

Echantillon non polarisé. Variations du courant de la tension de bruit et du module de l’impédance en fonction de la température.

[TGS single crystal. Frequency measurement 1 kHz bandwidth 333 Hz. Cooling rate : 0.2 °C per hour. Sample without d.c. bias. Plot of noise voltage and current and impedance modulus versus temperature.]

de leur température de transition nous avons constaté pour tous ces types d’échantillon que les deux métho- des de mesure fournissent toujours des valeurs iden-

tiques aux erreurs de mesure près (5 %) ce que nous pouvons vérifier sur les enregistrements que nous

allons présenter.

Nous pouvons donc d’ores et déjà conclure que les

mesures classiques au pont d’impédance fournissent des résultats corrects même pour les matériaux ferro-

électriques et ceci qu’elles que soient les conditions

expérimentales mais à condition d’extrapoler liné-

airement au cas de l’excitation nulle les résultats acquis

avec des champs alternatifs d’amplitude de plus en plus faible.

3.2 EVALUATION DES SOURCES DE BRUIT OU DES FLUCTUATIONS DE LA POLARISATION.

-

3 . 2 .1 Cas de

l’équilibre thermique.

-

Dans ce cas nous avons

constaté pour tous les types d’échantillon étudiés

que les deux méthodes de mesure de e2 et i2 fournis-

saient les mêmes résultats. Nous concluerons donc que l’échantillon ne présente pas de bruit anormal, puisque

la mesure directe des fluctuations de sa polarisation

donne la même valeur que celle que l’on calcule à

partir des pertes, évaluées au pont, en appliquant le

théorème fluctuation-dissipation.

3.2.2 Hors de l’équilibre.

-

Nous avons constaté

que le comportement des trois types d’échantillon était différent mais uniquement lorsque leur tempé-

rature devenait voisine de leur température de tran- sition.

e Pour le sulfate de glycocolle nous n’avons jamais

observé de bruit anormal même à la température de

transition et même si un champ électrique continu

était appliqué : figure 1. Nous avons donc généralisé

les résultats que nous avions acquis [3] au cours des premières études que nous avions réalisées sur ce

corps dans le cas de l’équilibre en employant la

méthode de Brophy et Webb [4].

e Sur les échantillons de titanate de baryum obte-

nus par la méthode de Remeika on a mis en évidence du bruit anormal dès qu’ils ne sont plus à l’équilibre thermique mais à condition que leur température soit

suffisamment voisine de celle de leur transition.

-

Au cours des réchauffements (Fig. 2) ce bruit

en excès n’apparaît qu’au moment du passage de la

température de transition ; on peut observer un ou

plusieurs pics mais dans tous les cas la dispersion des

résultats expérimentaux devient très grande ; le bruit

anormal associé à la disparition progressive de la polarisation sur la ,surface de l’échantillon n’est absolument pas stationnaire.

-

Au cours des refroidissements (Fig. 3) les fluc-

tuations anormales de la polarisation apparaissent

une première fois, comme précédemment, au moment

du passage de la température de transition. Elles diminuent ensuite, les résultats expérimentaux rede-

venant normalement dispersés. Puis débute la phase

finale au cours de laquelle on observe toujours plu-

sieurs pics d’amplitude très importante et débutant

fréquemment de façon brutale à des températures

(5)

1272

Fig. 2.

-

Monocristal de BaTi03 pur obtenu par la méthode de Remeika. Fréquence de mesure 1 kHz bande passante 1/3 d’octave. Réchauf- fement à 0,5 OC par heure. Echantillon non polarisé. Variation du courant de bruit et du module de l’impédance en fonction de la température.

[BaTi03 pure single crystal grown by the Remeika method. Frequency measurement 1 kHz bandwidth 333 Hz. Heating rate : 0.5 OC per hour. Sample without d.c. field. Plot of noise current and impedance modulus versus temperature.]

Fig. 3.

-

Monocristal de BaTi03 pur obtenu par la méthode de Remeika. Fréquence de mesure 1 kHz bande passante 1/3 d’octave. Refroi- dissement à 0,5 °C par heure. Echantillon non polarisé. Variations du courant de bruit et du module de l’impédance en fonction de la tempé-

rature.

[BaTi03 pure single crystal grown by the Remeika method. Frequency measurement 1 kHz bandwidth 333 Hz. Cooling. Sample without

d.c. field. Plot of noise current and impedance modulus versus temperature.]

(6)

Fig. 4.

-

Monocristal de BaTi03 dopé à 0,4 % atomique au cobalt obtenu par la méthode de Remeika. Fréquence de mesure 1 kHz bande

passante 1/3 d’octave. Réchauffement à 0,2 °C par heure avec trois paliers de trois heures à 97,3 oC, 97,7 OC et 98,1 °C. Echantillon polarisé

à 6 kV/m. Variation du courant de bruit en fonction de la température et du temps.

[0.4 % atomic cobalt doped BaTi03 single crystal grown by the Remeika method. Frequency measurement 1 kHz bandwidth 333 Hz. Heating

rate of 0.2 OC per hour with three temperature drift stops during three hours at respectively 97.3 °C, 97.7 OC and 98.1 °C. Applied d.c. field

6 kV/m. Plot of noise current versus temperature and time.]

-

réparties aléatoirement sur un intervalle de tempé-

rature de l’ordre de l,5°C. Enfin, nous avons observé des réapparitions du bruit anormal à des températures

aléatoirement réparties dans un intervalle s’étendant

sur une trentaine de degrés et débutant à environ

vingt degrés en dessous de la température de transition.

Compte tenu de la largeur importante de cette zone

de température et du caractère très aléatoire du

phénomène nous n’avons pas fait d’étude de détail.

Nous avons attribué [4] ce bruit en excès à des réar- rangements de la structure en domaine.

Nous avons également montré que ce bruit anormal

qui est stimulé par la dérive de la température est

d’autant plus important que le taux de dérive de la

température est grand mais aussi que le champ électrique continu appliqué à l’échantillon est plus

intense. En effet nous voyons clairement sur la figure 4

que le bruit anormal disparaît, avec une constante

de temps de l’ordre de l’heure, chaque fois que l’on fait cesser la dérive de la température, il apparaît de

nouveau avec la reprise de la dérive.

. Examinons enfin les résultats obtenus sur les trois échantillons de titanate de baryum tiré que nous

avons étudiés.

Sur tous ces échantillons nous avons constaté qu’au

cours des réchauffements et quelles que soient les valeurs du champ électrique appliqué, la transition

se manifestait par des discontinuités des valeurs de la tension et du courant de bruit mais aussi du module de l’impédance. La transition demeure brutale même

si on emploie des taux de réchauffement très faibles

(0,1 OC/h) et même si on applique un champ électrique

élevé (40 kV/m). De ce fait nous n’avons pas réussi à mesurer l’amplitude de l’intervalle de température

sur lequel s’effectue la transition mais nous avons la certitude qu’elle est inférieure au millième de degré.

Sur la figure 5 nous pouvons remarquer qu’aucun signal de bruit anormal n’apparaît. Au cours des

refroidissements (Fig. 6) la transition n’est jamais

aussi brutale, elle s’étale suivant la qualité de l’état

de surface de l’échantillon sur des intervalles de

température allant de 5 dixièmes à 5 centièmes de OC.

Lorsque la transition est très étalée on voit nettement

apparaître des signaux de bruit anormal tout à fait semblables à ceux observés sur les échantillons Remeika.

4. Origine du bruit anormal.

-

4.1 ARGUMENTS

QUI PERMETTENT DE CERNER L’ORIGINE DU BRUIT ANORMAL. - Nous savons que les échantillons Remeika utilisés présentent beaucoup de dislocations

et de ce fait leur structure en domaine est très complexe.

Il est donc très vraisemblable que le bruit anormal est dû d’une part à l’apparition ou à la disparition

de la polarisation dans les différentes régions de

l’échantillon au moment du passage de leur tempé-

rature de transition, et d’autre part à des modifications de la structure en domaines au cours de la deuxième

phase qui apparaît durant les refroidissements. En effet

comme les modifications de la structure en domaine

débutent toujours de façon brutale de tels réarran-

(7)

1274

Fig. 5.

-

Monocristal de BaTi03 pur obtenu par la méthode de tirage de Czochralsky. Fréquence de mesure 1 kHz bande passante 1/3 d’oc-

tave. Réchauffement à 0,5,DC par heure. Champ électrique continu appliqué 4 kV/m. Variation du courant de bruit et du module de l’impé-

dance en fonction de la température.

[Pulled pure BaTi03 single crystal (Czochralsky method). Frequency measurement 1 kHz bandwidth 333 Hz. Heating rate : 0.5 OC per hoür.

Applied d.c. field 4 kV/m. Plot of noise current and impedance modulus versus temperature.]

Fig. 6.

-

Monocristal de BaTi03 pur obtenu par la méthode de tirage de Czochralsky. Fréquence de mesure 1 kHz bande passante 1/3

d’octave. Refroidissement à 0,5 °C par heure. Champ électrique continu appliqué : 4 kV/m. Variation du courant de bruit et du module de

l’impédance en fonction de la température.

[Pulled pure BaTi03 single crystal (Czochralsky growing method). Frequency measurement 1 kHz bandwidth 333 Hz. Cooling rate 0.5 °C

per hour. Applied d.c. field 4 kV/m. Plot of noise current and impedance modulus versus temperature.]

(8)

gements permettraient d’expliquer la présence de ces pics à fronts de montée très raides observés au cours

des refroidissements à des températures très inférieures à celle de la transition.

. Pour les échantillons tirés il est tout à fait conce-

vable, compte tenu de leur structure en domaine

beaucoup plus simple et de l’allure des courbes

théoriques représentant les variations de la pola-

risation spontanée du monocristal libre en fonction de la température, que la polarisation disparaisse

brutalement au réchauffement mais qu’au cours des

refroidissements elle ne s’établisse que progressivement

au grès des contraintes internes et en engendrant du

bruit anormal. En effet, Muser [5] a clairement montré

qu’au cours des refroidissements le mouvement du front de transition de phase était très affecté par la structure en domaine des échantillons et que cette dernière était engendrée par des couches de surface très perturbées dues au polissage. Si ces dernières

sont enlevées par attaque chimique la structure en

domaine redevient simple et le mouvement du front

de transition de phase devient également très rapide

au cours des refroidissements. Ceci correspond exac-

tement à ce que nous avons obtenu sur deux échan- tillons taillés dans le même monocristal mais qui présentaient une très grande différence dans l’état de leur surface.

4.2 DISCUSSION.

-

Si on admet ces hypothèses,

il est clair que le bruit anormal doit correspondre aux impulsions engendrées par les nucléations des domai-

nes. Miller [6] qui a étudié ces impulsions a montré

que leurs temps de montée s’échelonnent de 5 gs

lorsqu’il s’agit de nucléations seules, à 250 us lorsque

les nucléations sont immédiatement suivies d’une

phase de croissance rapide aboutissant à l’élaboration de germes de tailles critiques qui ne se développent

que lentement par la suite. En effet Chynoweth [7] a

montré que les germes croissaient en forme d’aiguille

dès qu’une direction privilégiée de croissance existait.

Lorsque, pour des raisons de compétition entre l’énergie de surface et celle de volume, la croissance très rapide dans cette direction cesse, la taille du

germe est dite critique, elle correspond à ,quelques

dixièmes du volume final du domaine qu’il va engen- drer grâce à une croissance latérale lente. En fait seules les impulsions résultant des processus germination-

croissance sont détectables avec notre appareil puis-

que nous utilisons des filtres tiers d’octave à 1 kHz ; elles constituent donc le bruit anormal.

Enfin admettre que le bruit anormal est dû à des nucléations permet d’expliquer très simplement que

son niveau augmente lorsqu’on applique un champ électrique continu alors que cela serait impossible

si on ne se référait qu’aux fluctuations thermiques de la polarisation qui ne peuvent être qu’atténuées par la

présence d’un champ électrique continu. En effet il est

clair que le champ électrique favorisant un sens de la

polarisation il devient de moins en moins probable

que deux nucléations simultanées engendrent des impulsions de signe opposé dont les effets sur les électrodes s’annihilent comme c’est statistiquement le

cas lorsque l’échantillon n’est pas polarisé. On peut également expliquer l’accroissement du niveau du bruit anormal sous champ par le fait que selon Merz [8] le taux de nucléation préférentielle dans la

direction du champ E est proportionnel à e-f1./E.

Puisque le niveau du bruit anormal est propor- tionnel au nombre des nucléations qui, par unité de temps et de volume du cristal, aboutissent à l’élabo- ration de germes de taille critique, voyons donc si les valeurs numériques associées à cette quantité sont en

accord avec le fait que le bruit anormal ait été observé

sur les échantillons de titanate de baryum Remeika

et tirés mais pas sur ceux de sulfate de glycolle.

Pour les échantillons de titanate de baryum Remeika la taille des germes critiques a été déterminée par Landauer [9] à partir de la théorie germination- croissance, mais aussi par Chynoweth [7] qui s’est

référé à la mesure de la charge transportée par les

impulsions. Les valeurs obtenues par ces deux métho- des sont en bon accord, elles sont de l’ordre de 10-9 cm3. Mais comme il a été montré, grâce à des

dénombrements des impulsions, qu’un germe critique

contrôle un domaine de volume statistiquement

dix fois plus grand que le sien, Chynoweth a estimé

à 108 le nombre de sites de nucléation par cm3 pour les échantillons de titanate de baryum Remeika.

Or il se trouve précisément que Nakatani [10] a montré qu’il n’existait que 105 sites de nucléation par cm3 pour les échantillons de sulfate de glycocolle. On comprend donc très bien pourquoi, pour un taux donné de variation de la température, le bruit anormal

ne soit pas détectable par rapport au bruit thermique

pour les échantillons de sulfate de glycocolle alors qu’il l’est pour ceux de titanate de baryum Remeika.

Malheureusement le nombre de sites de nucléation n’a pas été déterminé pour les échantillons de titanate de baryum tirés, par contre nous savons, grâce à des

études faites en topographie aux rayons X sur ces cristaux produits au laboratoire [ 11], que le nombre de dislocations est considérablement plus faible

que dans ceux également obtenus au laboratoire par la méthode de Remeika.

Ne connaissant pas le type de mesures électriques qui, effectuées sur un échantillon muni d’électrodes, pourrait prouver que le bruit anormal est effectivement dû à des modifications locales de la polarisation,

nous avons résolu de filmer en couleur au microscope polarisant, l’évolution de la structure en domaines des échantillons en provoquant leur transition en les réchauffant mais aussi en les refroidissant. Nous voulons vérifier ainsi si le bruit anormal n’apparaîtrait

pas uniquement dans les intervalles de température

au cours desquels on observe des évolutions impor-

tantes de la structure en domaines.

4. 3 ANALYSE DES IMAGES DU FILM.

-

Comme au

tournage nous avons pris une image de l’ensemble

(9)

1276

de la surface des échantillons toutes les deux secondes,

à la projection le film 16 mm restitue le phénomène

accéléré 50 fois alors que le taux de dérive de tempé-

rature utilisé était de 3 °C par heure (1/600 de degré

entre 2 images). De plus pour recréer au mieux

l’environnement thermique qui était celui de l’échan-

tillon au cours des mesures de bruit nous avons

utilisé un éclairage épiscopique et un four muni d’une fenêtre à quintuple hublots de verre. Ce film, projeté

au colloque du 20 au 23 janvier 81 à Aussois dans le cadre de la R.C.P. intitulée « Domaines et Parois », comporte quatre parties qui correspondent soit à un

réchauffement soit à un refroidissement sur l’un ou

l’autre des deux échantillons de titanate de baryum,

obtenus par les méthodes de croissance de Remeika

et Czochralsky, dont nous avons présenté les courbes de bruit sur les figures 2 et 3 d’une part et 5 et 6 d’autre part. Afin d’établir les corrélations qui existent entre

les études optiques et celles par le bruit nous allons présenter successivement pour chacune des quatre séquences du film les constatations qui peuvent être faites au cours de la projection ; le lecteur pourra par contre suivre sur les courbes correspondantes les analyses que nous ferons au sujet des études par le bruit.

. Pour l’échantillon de titanate de baryum tiré

nous constatons sur le film :

1) Qu’au réchauffement la transition apparaît bru- talement, sans signe précurseur, à 131,7 °C. Une analyse image par image montre alors que le phé-

nomène s’est accompli intégralement dans le 1/600 de degré qui sépare deux prises de vue consécutives.

En ce qui concerne les mesures de bruit nous pou-

vons contrôler sur la figure 5 que la transition s’effectue

également de façon très brutale à 132 °C.

2) Qu’au refroidissement deux fronts de transition de phase, de directions parallèles, qui apparaissent respectivement à 130,6 et 130,4 °C se déplacent l’un

vers l’autre pour coalescer à 130,5 °C. Notons que

l’angle que font ces deux fronts avec les axes de la maille du monocristal est environ de 50°, ce qui est

en bon accord avec les 52° calculés par Muser au moyen de la théorie de Weschler Liebermann et Read.

Si on examine l’enregistrement de bruit de la

figure 6 nous voyons effectivement que le bruit anormal

apparaît entre 130,7 et 130,4 °C.

. Pour l’échantillon de titanate de baryum Remeika

nous constatons sur le film :

1) Qu’au réchauffement l’évolution des images

n’est importante que dans un seul intervalle de

température situé entre 114,2 à 116 °C. On voit alors

disparaître la phase quadratique région par région

de façon très saccadée.

Sur l’enregistrement de bruit présenté sur la figure 2

nous remarquons que les grands pics de bruit anormal

apparaissent entre 113,5 et 115, 5 °C.

2) Qu’au refroidissement l’évolution des images

s’effectue selon trois phases :

-

La première située entre 115,0 et 113,2 °C cor- respond à l’apparition progressive de la polarisation

sur toute la surface de l’échantillon, ce qui s’effectue

de façon très saccadée.

-

La deuxième située entre 113,2 et 112,6°C au

cours de laquelle on ne distingue à première vue

aucune modification d’aspect, cependant un examen

attentif révèle que l’ensemble de l’échantillon est le

siège d’une grande quantité de touts petits réarran-

gements.

-

La troisième située entre 112,6oC et 111,2 °C

se caractérise par l’apparition soudaine, à 112,2 puis 111,8 et enfin 111,4 °C de modifications profondes

de la structure en domaines. Chacune des évolutions soudaines est suivie d’une phase d’évolutions lentes.

Nous retrouvons parfaitement ces trois phases

sur la figure 3 représentant les enregistrements du

bruit. En effet nous constatons que le bruit anormal est très important et que les résultats de mesure sont très dispersés au cours des deux intervalles de tempé-

rature situés entre 114,8 et 113,4 °C d’une part et entre 112,6 et 111,0 °C d’autre part. Dans ce deuxième intervalle on peut remarquer que les pics de courant

de bruit anormal débutent effectivement toujours

par une discontinuité. Entre ces deux intervalles on trouve une phase intermédiaire au cours de laquelle les

mesures sont normalement dispersées ; elle correspond

donc au très grand nombre de petites restructurations

microscopiques dont l’échantillon est le siège dans

cette phase.

Les faibles décalages observés pour les températures

limites de ces intervalles peuvent être imputés soit à l’hystérésis thermique soit aux conditions expéri-

mentales qui ne sont pas rigoureusement identiques

pour les deux types d’étude et en particulier au fait

que les échantillons n’aient pas subi de cycles ther- miques avant les prises de vue. Néanmoins la con-

cordance constatée pour l’ensemble des valeurs limites des intervalles nous permet de conclure que le bruit anormal est effectivement dû aux impulsions engen- drées par des nucléations ou par des réarrangements

de la structure en domaines sous l’action de la dérive de la température.

5. Conclusion.

-

Nous avons prouvé que les mesu- res classiques au pont d’impédance fournissent des résultats corrects même si les matériaux ferroélectri- ques étudiés sont hors d’équilibre à des températures

voisines de celle de leur transition. Il suffit simplement d’extrapoler linéairement au cas de l’excitation nulle les résultats acquis avec des champs alternatifs

d’amplitudes de plus en plus faibles. Dans de telles

conditions il est donc valable de calculer la valeur de la densité spectrale des fluctuations de la pola-

risation en utilisant le « théorème fluctuation-dissi-

pation ». En effet nous avons montré que lorsqu’un

échantillon ferroélectrique est soumis à une dérive

de température la mesure directe, par le bruit, de la

(10)

densité spectrale des fluctuations de sa polarisation peut être profondément perturbée d’une part par la

structure fine du courant pyroélectrique lorsque la température est voisine de celle de la transition et d’autre part par des modifications de la structure en domaines qui interviennent pour des raisons d’insta- bilité à des températures inférieures à celle de la

transition. Dans les deux cas on observe du bruit anormal. Nous l’avons imputé aux impulsions à front

de montée de l’ordre de grandeur de 250 us qui appa- raissent lorsque les nucléations des domaines sont

immédiatement suivies d’une phase de croissance rapide aboutissant à l’élaboration de germes de taille

critique qui se développent lentement par la suite.

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[11] Mme MALGRANGE, Communication privée. Laboratoire de

Minéralogie/Cristallographie, Paris VI.

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