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Au-delà de la sociologie des organisations : sciences sociales et intervention, de Gilles Herreros

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Sociétés et jeunesses en difficulté

Revue pluridisciplinaire de recherche hors série | 2010

L’inclusion sociale en pratique. Intervention sociale et jeunes marginalisés en Europe

Au-delà de la sociologie des organisations : sciences sociales et intervention, de Gilles Herreros

Fabrice Audebrand

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/sejed/6587 ISSN : 1953-8375

Éditeur

École nationale de la protection judiciaire de la jeunesse

Référence électronique

Fabrice Audebrand, « Au-delà de la sociologie des organisations : sciences sociales et intervention, de Gilles Herreros », Sociétés et jeunesses en difficulté [En ligne], hors série | 2010, mis en ligne le 19 mars 2010, consulté le 20 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/sejed/6587

Ce document a été généré automatiquement le 20 avril 2019.

Sociétés et jeunesses en difficulté est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.

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Au-delà de la sociologie des

organisations : sciences sociales et intervention, de Gilles Herreros

Fabrice Audebrand

1 La valeur essentielle du livre de Gilles Herreros est à rechercher dans son sous-titre et non dans son titre. Car cet Au-delà de la sociologie de l’organisation n’est pas un manuel, un guide pour mieux appréhender les travaux de Crozier et de ses disciples, mais bien une réflexion, éthique et épistémologique sur le processus d’intervention sociale.

2 Cette question, pensée par l’auteur pour des sociologues professionnels, intéresse en fait tous les travailleurs sociaux. En découvrant l’argumentation de Herreros, il est difficile de ne pas mettre en relation les interrogations qui sont les siennes avec celles d’autres professionnels de l’intervention sociale, comme les éducateurs, qu’elles concernent leurs relations au commanditaire ou la place des sciences humaines dans les pratiques d’accompagnement.

3 Mais revenons avant tout au livre, qui en cinq chapitres essaye de définir la sociologie d’intervention dans ses bases académiques comme dans ses réalités pratiques. Son premier chapitre est une tentative théorisante de détacher la sociologie d’intervention du champ disciplinaire plus vaste, et peut être plus glorieux, de la sociologie des organisations. Car cette pensée de l’intervention en sociologie prend naissance dans un terrain particulier, qui se veut à la fois objet d’étude et lieu de pratique et de préconisation. Et la question que pose l’auteur, pour radicale qu’elle soit, ne peut que percuter la conscience d’un travailleur social en formation : « une discipline doit-elle servir d’abord ses maîtres et ses disciples ou ceux vers lesquels elle se tourne et qu’elle nomme parfois ‘objet’ ? » Car les évolutions de la sociologie des organisations reposent sur cette tension entre une discipline universitaire objectivante et explicatrice et une approche compréhensive, performative, d’une structure sociale en vue de répondre à une question pratique.

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4 C’est au sein du deuxième chapitre que commencera le nécessaire travail de définition de cette sociologie d’intervention1. Par essence, cette sociologie invite à « venir entre », à faire tiers au sein d’une situation où l’on est par essence extérieur. D’où la définition simple qu’évoque Gilles Herreros : la sociologie d’intervention « correspond à une pratique qui conduit le sociologue à venir se placer parmi les acteurs d’une situation, le plus souvent à la demande d’un interlocuteur qui sera son commanditaire sans pour autant être son seul client, dans la perspective d’établir avec ceux-ci une relation d’aide. » L’auteur insiste donc très rapidement sur la dimension à la fois cognitive mais aussi psychoaffective de cette pratique sociologique. Cela l’emmènera au sien de son troisième chapitre à admettre un « pôle psy », sur lequel il faudra revenir, à la pratique de la sociologie d’intervention. Ce repositionnement des acteurs comme cette relation d’aide convoquent bien sur une réflexion épistémologique, pas toujours innovante, sur la place du sujet et le concept d’ « advènement », défini comme le processus par lequel, au-delà de l’acquisition de connaissance sur des logiques d’acteurs, le sociologue participe à la prise de conscience par ceux-ci de ces logiques à l’œuvre, favorisant ainsi une réflexivité de l’organisation et des sujets qui y participent.

5 Cette réflexion sur l’advènement proposée par l’auteur est clairement pluridisciplinaire, et c’est cette croisée des chemins qu’approfondit le troisième chapitre. Ce dernier propose en effet d’étudier les contributions disciplinaires qui peuvent être utilement mobilisées par la sociologie d’intervention. Et parmi celles-ci, Gilles Herreros évoque deux apports majeurs, le premier « psy » et le second « ethno ». La psychologie sociale et la psychosociologie participe de ce premier pôle, au coté des méthodologies de recherche- action et de la psychanalyse. L’auteur en profitera pour élever cette dernière non comme un modèle mais comme un paradigme pour la sociologie d’intervention : « la psychanalyse, dans la mesure où elle produit simultanément du cognitif (la théorie de l’inconscient), un dispositif technique (la cure analytique), tout en poursuivant la visée téléologique du soin, n’est elle pas par excellence l’exemple d’une discipline scientifique d’intervention ? » Du coté des disciplines « ethnologisantes », l’auteur s’intéressera, et il est aisé de comprendre pourquoi, à l’ethnométhodologie et à l’ethnopsychiatrie, toutes deux questionnant fortement la relation au sujet et la relativité du savoir scientifique.

6 Ces apports ont pour but essentiel de préparer une anthropologie d’intervention, qui serait cet au-delà, syncrétique, à la sociologie des organisations, voire même à la sociologie d’intervention. Gilles Herreros utilise ce concept d’anthropologie d’intervention pour regrouper tous les regards possibles sur cette pratique « hors les murs » de la sociologie, en un « ensemble théorique global non homogène […] pour une déambulation théorique nomade, en lieu et place d’un usage discipliné d’une discipline.»

Pour l’auteur le but est d’en finir avec le modèle du « chercheur douanier » qui contrôle l’entrée et la conformité des objets qui rentrent dans son champ d’étude, d’expertise, d’intervention. Il s’agit, dans une démarche que Michel Serres ou Edgar Morin qualifieraient « d’encyclopédique », d’accepter le trouble de toutes recherches au sujet de l’homme et d’accepter d’être un agent double, qui à la fois étudie et propose.

7 Les deux cas que narre Gilles Herreros, l’un concernant les processus de production écrite dans un grand cabinet conseil et le second un établissement sanitaire et social, permettent une meilleure compréhension de l’ensemble des questions soulevés par son livre, en particulier celles liées à l’épistémologie des sciences sociales, fort assouplie par l’auteur. Mais les exemples évoqués raisonnent avec des interrogations légitimes des travailleurs sociaux. D’une part, à la lecture de ce livre, une analogie se construit presque

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naturellement entre la position de chercheur et celle de l’éducateur. Tous deux doivent questionner à un moment leur possible « double allégeance », au commanditaire d’une part, payeur, responsable hiérarchique ou magistrat, demandeur d’une analyse et d’un réponse, aux objets d’étude d’autres part, qu’il faut amener à redevenir sujet. Tous deux doivent croiser les regards et construire leur observation à la marge des disciplines traditionnelles et, en s’appuyant sur des irréductibles sujets, faire émerger une expertise.

Tous deux doivent prendre en compte une objectivité souvent mythique et une dimension psychoaffective qu’il serait vain de nier. Et si l’éducateur ou l’assistant de service social n’est pas assimilable à un chercheur en sciences sociales, la place de ses dernières au sein de leur formation les pose en grille d’analyse privilégiée des situations.

8 Herreros (Gilles). Au-delà de la sociologie des organisations : sciences sociales et intervention.

Editions Erès, Paris, mai 2008, 300 p., 28 €.

NOTES

1. Que l’auteur invite à distinguer d’une sociologie de l’intervention, qui serait par exemple l’étude des pratiques d’accompagnement des travailleurs sociaux.

AUTEUR

FABRICE AUDEBRAND

Responsable du département communication et informatique pédagogique à l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ). Après des études de philosophie et de

communication, il a été chargé de communication à Nantes, puis formateur sur les thèmes de l’informatique et des technologies numériques. Il est entré en 2000 à la Protection judiciaire de la jeunesse comme professeur technique spécialité « communication administrative et

bureautique ».

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