FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1899-1900 N»ll
CONTRIBUTION
AL'ÉTUDE
DE LA
DANS LES CHEMINS DE FER
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 17 Novembre 1899
PAR
Jean-Maurice GAUDIN
Né à Tonnay-Charente (Charente-Inférieure) le 16 juillet 1874
/MM. LAXET, professeur... Président.
Examinateurs de laThèse: < MORACHE,professeur \
I CASSAÉT,agrégé [Juges.
LE DANTEC, agrégé )
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites surles diverses parties de l'Enseignementmédical.
-
BORDEAUX
G-
GOUNOUILHOU,
IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINEII) RUE GtIRAUDE, 11
i899
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. ob NABIAS Doyen. | il. PITRES. Doven honoraire.
PROFESSEURS:
MM. MIGE . .
AZAM. . .
DUPUY.. .
MOUSSOUS MM.
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne . .
Clinique externe. .
Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales. . .
Thérapeutique. . . .
Médecineopératoire . Cliniqued'accouchements..
Anatomiepathologique. .
Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiolpgie ...
Hygiène
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
CANNIEU.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
Médecinelégale .,. .
Physique
Chimie
Histoire naturelle . .
Pharmacie
Matière médicale. . .
Médecineexpérimentale .
Clinique ophtalmologique.
Clinique des maladies chi¬
rurgicales desenfants .
Clinique gynécologique Clinique médicale des maladies des enfants Chimie biologique . .
MM.
MORACHE.
BERGQNIÉ.
BLAREZ.
GUILLÂUD.
FIGUIER.
deNABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
PIÉCHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
AGRÉGÉS EN EXERCICE:
section de médecine(Pathologie interneetMédecinelégale.) MM.CASSAET.
AUGHÉ.
SABRAZÈS.
MM, Le DANTEG.
IIOBBS.
Pathologieexterne.
section de chirurgie et accouchements
MM.DENUCÉ.
| VILLAR.
| BRAQUEHAYE CHAVANNAZ.
Accouchements.(MM. CHAMBRELENT.
FIEUX.
Anatomie
section des sciencesanatomiques et physiologiques
1MM.PRINCETEAU. I Physiologie . . . MM.PACtION.
'I N... Histoire naturelle. BEILLE.
section des sciences physiques
Physique MM.SIGALAS. — Pharmacie. . M.BARTHE.
COURS COMPLÉMENTAIRES:
Clinique desmaladiescutanées et syphilitiques M M. ^'
Clinique desmaladiesdes voies urinaires
mottrE Maladiesdularynx, des oreilleset dunez. .
tci'vtV
'Maladiesmentales
m-MnrÉ
Pathologie externe
IrrivnnT
Pathologie interne ' '
Accouchements TT
tIttdatiV
Chimie
•
gUPOUï.
Physiologie Embryologie N
lAGRANGE.
Ophtalmologie
,mtUES
Hydrologieetminéralogie
LeSecrétairedelaFaculté: LEMAIRE.
l»I»Sles Pardélibération du 5 août lï>79, la Faculté a arrêté que les opinions.emis^s L.irs et Thèses qui luisontprésentées doiventêtre considérées commepropres aleuisa >
qu'ellen'entendleurdonnerniapprobationniimprobation.
A MON
PÈRE
A MA
MÈRE
A MA SŒUR
A MES
PARENTS, A MES AMIS
A M. LE DOCTEUR REDARD
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR MÉDECIN EN CHEF DES CHEMINS DE FER DE L'ÉTAT
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
M. LE PROFESSEUR LAYET
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
INTRODUCTION
La prophylaxie des maladies contagieuses dans les chemins déféra, depuis quelques années, préoccupé à juste titre les hygiénistes et les pouvoirs publics; aussi nous a-t-il paru inté¬
ressantd'en faire notre sujet de thèse inaugurale.
Afin deprocéder par ordre, il nous paraît bon d'exposer dès
maintenant le plan de notre travail.
Dans le premier chapitre, nous passerons en vueles travaux
faitsjusqu'à cejour surle sujet.
Dans le second chapitre, nous chercherons quelles sont
les maladies spécialement transmissibles dans les chemins
de fer.
Nous décrirons dans le troisième les moyens employés pour laprophylaxie de ces maladies dans les chemins de fer.
Dans le quatrième, nous chercherons si cette prophylaxie
est suffisante et quelles sont les réformes que l'on pourrait
apporter.
Enfin, nous terminerons notre travail par l'exposé de nos conclusions.
Tel estle résumé de notre modeste travail que nous soumet¬
tons à nos juges; puisse-t-il être accueilli par eux avec bien¬
veillance.
Mais, avant d'entrer dans le corps de notre sujet, qu'il nous
soit permis de remercier tous ceux qui ont bien voulu nous aider dans notre travail, et en particulier MM. les docteurs
- 10 -
Baudot, Baudrimont et Redard, médecins en chef des
Compa¬
gnies de l'Ouest, du Midi et de l'État.
Nous ne saurions oublier M. le DrMauriac, qui nousadonné
son travail sur ce sujet.
Enfin, que M. le professeur Layet reçoive l'expression de notre gratitude et de notre reconnaissance pour avoir bien voulu nous conseiller dans notretravail et nous faire le grand honneur d'accepter la présidence de notre thèse.
CHAPITRE PREMIER
Historique.
M. le Dr Redard, médecin en chef des chemins de fer de
l'État,
fut un des premiers qui s'occupa du problème de la prophylaxie des maladies contagieuses dans les chemins de fer.Dans untravail, paru en 1885, sur le Transport parchemins
de fer des blessés et malades militaires, M. Redard traite,
dans unparagraphe, de la désinfection des wagons servant au
transport de ces blessés.
« Si l'on ne recourt, en effet, à un moyen de désinfection efficace, on s'expose à la contagion de la septicémie, de l'infec¬
tion purulente, de l'érysipèle, de la pourriture d'hôpital, etc., maladies terribles qui sévissent avec une grande intensité en
temps deguerre. »
Les agentschimiquessontimpuissants à détruire les germes
infectieux; la vapeur prise à une locomotive est également inefficace. Seule, la vapeur surchauffée à 110° G. est le seul moyen sûr de désinfection.
La môme année parutun autre travail de M. Redard sur la
Désinfectiondeswagonsayant serviau transport desanimaux
sur les voies ferrées.
Les expériences de M. Redard furent de deux sortes : les premières consistèrent en la recherche de l'action sur les spores et les_bacilles de la vapeur et principalement dans la vapeur surchauffée à 110° G., et des différents désinfectants.
— 12 -
Les secondes concernaient l'action de ces différents moyens de désinfection sur certains virus qui atteignent souventles animauxvoyageant par voie ferrée.
Les conclusions de ces expériences furentles suivantes:
« I. Les désinfectants chimiques recommandés et générale¬
ment employés pourla désinfection des wagons à bestiauxont une action absolument incertaine sur les virus.
» Le séjour, même très prolongé, de substancesvirulentes dans les liquides antiseptiques ne détruit pas toujours la viru¬
lence. L'acide phénique a une activité bien moins marquée
que le sulfate de zinc et le chlorure de zinc. Ces deux derniers
désinfectants peuvent, par
un contact prolongé, atténuer les virus. Le nitro-sulfate de zinc, le soufre, se montrent d'une inefficacitéabsolue.
» II. La désinfection pratiquée avec de la vapeur non sur¬
chauffée et qui n'a pas une température au-dessus de 110° C.
est inefficace. Le contact avec la vapeur à une température
assez élevée, 90°, 100° C., produit l'atténuation de certains virus.
» III. La désinfection absolue, la destruction des virus ne
peut s'obtenir que par la vapeur surchauffée à 110° C.
» Il suffit, dans ces conditions,d'un contacttrèspeuprolongé
avec la vapeur surchauffée (quelques secondes pour certains virus) pour obtenir la destruction absolue de la virulence.»
En 1887, à l'Académie de médecine, Villemin rapportait qu'un jour, voyageant en chemin de fer, il rencontra un deses confrères qui lui raconta «qu'il venait d'assisteràun spectacle écœurant, qui lui avait donné l'explication de l'origine pro¬
bable de certaines tuberculoses inexpliquées. Un malheureux
voyageant avec lui n'avait cessé d'inonder de son expectora¬
tion le tapis du wagon où il se tenait, et notre confrère se
demandaitcequepourrait produire cetteexpectorationlorsque,
devenue poussière au bout de quelques jours, la
trépidation
du chemin de fer la maintiendrait en suspension dans
1 atmo¬
sphère du compartiment fermé ».
— 13 —
La même année, dans Boston médicaland surgical Journal, paraissait un article de
Whittaker
surla tuberculose des
sleeping-cars. Les sleeping-càrs, pour l'auteur, sont desendroits très propices à la propagation de la tuberculose : les
wagons, surchauffés, munis de ventilateurs insuffisants, favo¬
risent le développement du bacille de Koch; les voyageurs crachent sur les parquets, etces crachats, une fois desséchés,
se transforment en poussières qui vont se loger dans les ten¬
tures, oreillers, couvertures, devenant ainsi d'excellents ter¬
rains de cultures pourles bacilles.
Qu'un voyageur, déjà affaibli et fatigué en outre par le
voyagé, absorbe ces poussières, ne peut-il pas devenir tuber¬
culeux?
Aussi, pour remédier au mal, il faudrait remplacer les tapis
fixes par des tapis mobiles, voire même supprimer ces tapis,
recouvrir les matelas et les oreillers de toiles imperméables
faciles à nettoyer, faire désinfecter à chaque voyage les cous¬
sins, oreillers, couvertures, enfin faire placer dans les wagons descrachoirs.
En 1890, le professeur Lciffler (de Greifswald), dans Vier-
teljahrsschrift
fur offentl. Gesundheitspflege, pense que non seulement la tuberculose peut se transmettre en chemin de 1er, mais aussi les fièvres éruptives et surtout certaines derma¬toses; d'oùla nécessité de nettoyerles coussins, d'oùle conseil
donné aux voyageurs de porter des coiffures pour éviter le
contactimmédiatdu cuir cheveluaveclestenturesrembourrées.
En 1891, Prausnitz (de Gratz) fit des expériences sur ce
sujet. Ces expériences furent reprises en 1894; les nouvelles expériences confirmèrent les premières. La recherche du bacille de Koch fut le but de ces travaux. Il recueillit des poussières dans plusieurs wagons, wagons qui faisaient les voyages entre Berlin et Meran au commencement de l'hiver,
epoque de l'année où les phtisiques allaient chercher une
température plus clémente ; il opéra sur quatre wagons : trois
lui fournirent des poussières sans bacilles; le quatrième, en
revanche,en contenait une certaine quantité. Il fit des cultures
— 14 —
avec les poussières de ce dernier wagon, il en inocula des
cobayes, qui eurent, saufun qui resta sain, une tuberculose à marche des plus lentes.
Pour compléter ses expériences, il chercha si le nettoyage employé par l'administration des chemins de fer était suffisant.
Pour cela, il opéra sur des wagons nettoyés sur le point d'être
attelés à un train enpartance. Avec des balais préalablement stérilisés, il ramassa toutes les poussières dans des voitures de lre, 2e et 3e classe; les poussières furent recueillies dans du papier buvard également stérilisé, et emportées ainsiau laboratoire.
Dans les compartiments de lre et de 2e classe la récolte fut minime. En revanche, elle fut abondante dans ceux de 3e.
Les poussières, dans ce derniercas, furentramassées dans les rainures duparquet. Avec ces différentes poussières, ilinocula
des cobayes; aucun ne mourut de latuberculose. Quinzejours après cette inoculation, un de ces animaux mourut des suites de morsures; la nécropsie en fut faite, et on ne trouva aucun
signe de tuberculose. Les autres survivants furent sacrifiés à des dates différentes : les uns au bout de huit semaines,
les autres au bout de dix; les résultats furent encore
négatifs.
De ces différentes expériences, Prausnitz conclut que si le danger existait, il était bien faible et que, d'ailleurs, le nettoyage actuellement en vigueur était suffisant pourdétruire
tout germe de contagion.
En août 1894, de nouvelles expériences furent faites par Prausnitz. Bien qu'il eûtquelquesanimauxmortstuberculeux,
il n'hésita pas à produire les mêmes conclusions..
Dans laRevuede laTuberculosede1893, tome I, nousvoyons Petit relater les premiers travaux de Prausnitz ; il trouve que
ce dernier est trop optimiste, et que le nettoyage
actuellement
envigueur dans les Compagniesallemandes « rend leswagons propres, maisnon pas aseptiques ».
La même année, en France, à la 3e session du Congrèspour l'étude de la tuberculose chez l'homme et les animaux,
— 15 —
Bernheim (de Paris), s'appuyant
également
surles premières
expériences de Prausnitz, émet
le
vœusuivant
:« Le Congrès, considérant que le
produit de l'expectoration
des tuberculeux peut infecter les wagons qui les transportent
en se mélangeant aux poussières, et par suite contaminer les
autres voyageurs, demande que les Compagnies de chemins de
ferpratiquent la désinfection des wagons. »
En outre, Bernheim rapporte qu'étant médecin d'une société
de voyageurs de commerce, ila remarquéqu'un grand nombre
de ceux-civoyageantparchemin de fer devenaient tuberculeux.
11 se demande si la contagion ne serait pas due au séjour prolongé dans les compartiments de chemin de fer.
A ce môme Congrès, Arthaud (de Paris) fit à Bernheim cette objection : Pour que le contact fût suffisant dans le casde la tuberculose, il faudraituneprésence d'aumoins trois semaines;
parconséquent, les chemins de fer ne sauraient être' regardés
commela cause de ces cas de tuberculose.
A cetteépoque, en Allemagne, les pouvoirs publics, alarmés
par les réclamations des hygiénistes et même de la presse, tirent faire des expériences. On les fitaulaboratoire de «l'Office impérial de santé », section de bactériologie, de janvier 1891
enjuillet 1892, sous la direction du docteur Pétri, assisté des
docteur Kolt et Friedrich, attachés à celaboratoire.
Les résultats parurent dans Arbeien aus dem Kaiserlichen
Gesundheitsamte,
année 1893.Ces expériences portèrent :
1° Sur la présence des bacilles tuberculeux;
2° Sur leur quantité ;
3° Sur les moyens de nettoyer et de désinfecter les wagons contaminés.
Pour rechercherla présence des bacilles, Pétri ramassa des
poussières avec des éponges stérilisées, légèrement imbibées
deau également stérilisée, et avec ces poussières il fit des inoculationsdans lepéritoinedes cobayes.
Cespoussières furentramassées dans différents endroits. La
— 16 —
première série d'expériencesroula sur cellesqu'on pritsur les cloisons et le plafond des wagons.
Les résultats furent les suivants(1). L'examen porta sur 45compartimentsde 21 wagons, soit :
2 wagons-lits avec 8compartiments(corridors).
7 wagons lre et 2e classes, avec 21 —
4 — 3e — 6 —
8 — 4e — 10 —
Avec ces poussières recueillies dans ces 21 wagons, Pétri
inocula 417 animaux.
Trois devinrent tuberculeux. Les poussières, dans cestrois
cas, provenaient des wagons-lits.
En outre, sur ces 117 cobayes, 45 succombèrent à des infections diverses, à savoir :
27 de péritonite,
14 d'oedème malin,
2 d'abcès du foie,
4 d'abcès de la paroi abdominale. Tétanos.
La seconde série d'expériences consista dans la recherche des bacilles dans les poussières des parquets. Aussi, les plan¬
chers souillés furent-ils examinés; les crachats frais et secs furent comptés; toutefois, on écarta les douteux. Ceci fut fait aussitôt l'arrivée des trains, et ces trains faisaient les voyages suivants :
GARES GARES NOMBRE
DE DÉPART D'ARRIVÉE DEVISITES
Express Hambourg. Berlin.. 8 fois.
Train ordinaire. Hanovre... — 4 —
Express Vienne Anhalt.. 2 —
Ordinaire Dresde — 4 —
Express Altona — 1 —
383 compartiments furent inspectés, savoir : 198 de lre et 2° classes,
148 de 3e classe,
37 de 4e classe.
C) Indicationsetchiffresextraits de la Revue delaTuberculose, t.II,I89f
- 17 —
Total : 163, soit 42 0/0, furent souillés :
lie et 2e classes, 69 souillés, soit uneproportion de 34,8 0/Û
3e classe 64 — — 43,2 0/0
4® —• 30 — — 81,10/0
Mais des échantillons de ces crachats ne furent pris que dans 34 compartiments, soit:
24 compartiments de lre et 2e classes,
7 — 3® classe,
3 _ 4e —
Ces matières, plus ou moins septiques, furent inoculées à 91 animaux. Sur ces 91 animaux, 287 seulement succombèrent,\
soit une moyenne de 30,8 0/0. Quant aux 63 autres, ils furent
sacrifiés quelques semainesaprès,et3 seulementétaienttuber¬
culeux; les autres étaient restés sains.
Dansles 28quine purentrésisteraux suites de l'inoculation,
on trouva les bacilles suivants:
Dans 1 staphylocoques pyogènes albus;
— 2 —
aureus;
— 3 streptocoques pyogènes;
-— 4 unseul streptocoque pathogène;
— 5 le bacille de la pseudo-tuberculose d'Eberth;
— 6 le bacille de la septicémie de la souris.
La seconde série des expériences de Pétri porta sur la quantité de bacilles contenus dans les différentes parties des wagons. A l'aided'une éponge stériliséeet légèrement humide,
il essuyait une surface de 100 centimètres carrés, et ce qu'il
ramassait lui servait pour faire des cultures sur gélatine. Ses résultats furent les suivants :
1° Sur le plancher ;
Dans les compartiments de :
4e classe, 100cq contenaient 12,624 microbes;
3e — —
5,481 —
?! !
linoléum ~ ~lre) —
2,583 —
gaudin.
- 18 -
3° Sur les
cloisons, banquettes
et coussins ;AU-DESSOUS DU PLAFOND HAUTEUR DU DOS
•4eclasse 2,846 161
3e — 1,549 59
2e — 29
l>e — 132
3° Sur le plafond:
4e classe, 10 sauf 1 cas, 2,160;
3e — 0,3 et 11
2° — 0 et 1
ire _ 39,242.
Enfin, la troisième série d'expériences eut lieu sur les diffé¬
rents moyens de nettoyage et désinfection.
D'abord, Pétri essaya de désinfecter les compartiments d'après le procédé employé pour désinfecter les logements.
Les difficultés furent d'ailleurs assez grandes.
Ces expériences s'appliquèrent à 3 wagons : 1 wagon sur lre et 2e classes;
1 — 3e classe nouvellement nettoyé;
1 4e — tr£s sale.
Compartiments de 3e classe.
Les wagons préalablement infectés, les uns de prodigiosus,
les autres de megatherium, furent ensuite désinfectés à l'eau,
à l'acide phénique et au savon à l'aide d'instruments emprun¬
tés à la station municipale de désinfection. Les résultatsfurent
presque nuls. Toutefois, les cultures eurent un développement
moins rapide.
Pour les compartiments de lre et 2e classes infectés avec des spores de charbon, le système différa. Tout ce qui put
être enlevé, tapis, coussins, etc., fut envoyé au
laboratoire
municipal de désinfection et désinfecté avec plein succèsà la
vapeur fluente. Quant aux compartiments, une fois vides,
ils
furent traités par de l'eau de savon et une solution à l'acide phénique à 5 0/0. Les résultats furent alors négatifs.
Pour les compartiments de 4e classe, désinfectés encore
_ 4g —
pat1
le personnel
del'outillage municipal,
les résultats furent également négatifs.Malgré ces résultats peu satisfaisants, les dépenses furent
assez élevées.
6 wagons comprenant 5 compartiments lre et2e cl.... 69 francs.
6wagons 3e classecomprenant5 compartiments 16 fr. 25.
6 wagons4e classecomprenant3 compartiments 62 fr. 50.
Après ces essais infructueux sur la désinfection, Pétri
cherche le meilleur moyen de nettoyage.
Les wagons de 3e et 4e classes furent brossés au chiendent et au savon à 10 0/0, lavés deux fois à l'eau chaude et enfin
essuyés. On se servit tourà tour de solutions de savon à 5 0/0
et à 21/2 0/0; les résultats, sans être aussi bons qu'avecune solution à 10 0/0, furent néanmoins satisfaisants.
Dans l'emploi de la solution à 2 1/2 O/'O, les microbes, qui
étaient au nombre de 5,508 avant le brossage, tombèrent au nombre de 190 après le savonnage et de 32 après l'essuyage
à sec. Gomme précédemment, la surface à examiner était
essuyée sur un espace de 100 centimètres carrés avec une
éponge stérilisée.
Le
lessivage,
remplacé par le lavage à grande eau avec destuyaux, ne donna pasles résultats espérés. Ainsi, Pétritrouva
7,128 microbes avant le nettoyage, 2,142 après l'arrosage et 225 après le nettoyage.
Le nettoyage actuellement en vigueur dans les Compagnies allemandesfut alors employé :
Nettoyage
avec solution de savon à 1 0/0;Savonnage
aupinceau; Savon enlevé avec éponge;Séchage
avecpeaux.Le nombre des microbes n'était alors que de 98.
Pétri modifia légèrementce système :
Savonnage
avec solution à 1 0/0, avec pinceau;Lessivage
avecjets de pompe;Frottage
avec torchons stérilisés.— 20 —
Les résultats furent les suivants : avant nettoyage, bactéries
en grande quantité; après lavage à l'eau, 614; après nettoyage
à sec, 26.
De ces différentes expériences sur le nettoyage des 3e et 4e classes, Pétri en tire les conclusions suivantes : Que les nettoyages au savon à 1 0/0, suivis d'arrosage et d'essuyageà
sec, étaient suffisants.
Les wagons de 4re et 2e classes furent alors nettoyés.
En 2e classe, le linoléum, lavé au savon et au sublimé, se trouve suffisamment nettoyé :
Sur 100 centimètres carrés.
AVANTNETTOYAGE APRÈSNETTOYAGE
15,209 microbes. 1,653 microbes.
20,160 — 2,698 —
46,800 — 997 —
20,727 — 234 —
En lre classe, les tapis furent simplement battus. Quant aux tentures, en 2e classe comme en lre, il a suffi à
Pétri de
passer des éponges légèrement humides pour
réduire consi¬
dérablementle nombre des microbes.
Enfin, comme dernière expérience, Pétri réussitavec
succès
à désinfecter les planchers des 4e et 3e classes en les
endui¬
santd'huile.
Telles sont donc les expériences faites au laboratoire
de la
section de bactériologie de l'Office impérial de santé.
En France, en 1893, la section centrale du Comité
tech¬
nique des chemins de fer, trouvant insuffisante
l'ordonnance
royale du 15 novembre 4841, proposa l'articleadditionnel
suivant, article qui d'ailleurs fut repoussé : «Les
personnes
atteintes visiblement ou notoirement de maladies contagieuses
ne pourront être admises dans les compartiments
offerts au
public; les compartiments dans lesquels ellespourraient avoir
été transportées seront dès l'arrivée soumis à la
désinfection. »
En 1894, toujours en France, M. le Directeur
des chemins
de fer de l'État fit faire des expériences sur
les différents
— 21 —
produits et
procédés de désinfection des cabinets d'aisances
et deswagons de bestiaux.
Ces expériences furent
faites le 3 juin à la
garede Courta-
lain, sous la direction de
M. le Dr Redard, médecin
enchef,
assisté de MM. Coupan, inspecteur
principal, sous-chef du
mouvement, et M. de la Roche de
Coste, chimiste du service
de la traction.
« Rechercher la valeur désinfectante et antiseptique de
certains produits chimiques » pour
la désinfection des cabi¬
nets d'aisances et des quais et des wagons à
bestiaux, tel fut
le double but de ces expériences.
Dans une première série
d'expériences, les matières désin¬
fectantes furent jetées dans les fosses d'aisances, wagons
à
bestiaux, etc.
Dans une seconde série, des échantillons furent pris dans
ces différents endroits et des recherches furent faites : les
unes, bactériologiques, par M. le Dr
Miquel, chef du labora¬
toire micrographique de Montsouris;
les
autres,chimiques,
par M. de laRoche de Goste.
Ces différentes expériences permirent de diviser les
désin¬
fectants employés :
1°D'après leur pouvoir désodorisant et
désinfectant;
2° D'aprèsleur pouvoir antiseptique.
Nous allons extraire du rapport que M. Redard a bien
voulu nous communiquer, les produits employés, leur com¬
position etleur classement.
Composition des produits employés.
COMPOSITION
Sanitor,
Lysol,
Magique
Crésonaphte
ChlorolMarye.
ProduitPeyrat (leSalubréfiant).
Antibactérien Raymond.
Analysede M. deLa Roche de Mercure
Oxydede cuivre Alumine Potasse Chlorecombiné
Acidesulfuriquecombiné Acidechlorhydriquelibre Acideborique
Autre analyse: Bichloruredemercure
Sulfatede zinc Sulfatedecuivre Acidechlorhydrique
Alumine 5 gr., cequi correspond à Coste
1 gr.
2.7 5.1
».7 4.2 16.»
14.»
18.6 dans 1000"
Cendres 6.52
Id. calculéesenpotasse Produitdedistillation huileux brut.
Phénols,crésols 47.40 Carburesd'hydrogèneneutres
Poidsspécifique 1.042
Sulfatedecuivre, Id. dezinc...
Id. defer....
Huilelégèi'e inflammable
Eau 94\
Soude 14[savonrésineux.
Matière résineuse 42 ) Naphtaline
Phénolsetcrésols
Id.
Id.
Id.
3 gr.
26. »
•1.75 19.70 25.31 6.52 5.30 51.00 47.40 3.60 1.042
110 26 1
dans 1000"
66
150 pour
un
19 litre 20
Sonodorisé.
47.5 74.5 ÛLorisé.
traces 47.5 74.5 69.80 14. » dans
0.97 1000"
1.91 1.90 dans 1.5 1000"
— 23 —
NOMS DES PRODUITS
Eclairparfumé (Verbois).
Acide phénique Chlorure de chaux Sulfate de zinc Sulfate de zinc etSulfatede cuivre...
Chlorure de chaux....
Eauoxygénée
Bichlorurede mercure
Sulfate ferrique
COMPOSITION
Aldonaphtol
Crésyl Jeyés
Essence dethym traces \
_ i • | n- / dans
Sulfatede zinc '1.97
Iode combiné 2.7 )100°"
Solution à 50/0.
Id. à 20/0.
Solution à 50/0.
Id. à 20/0.
Solution à 50/0.
Solution à 50/0.
Id. à1/10.
Solution concentrée etadditionnée d'acide chlorhv- drique(5gr. pour1000gr.).
Sulfateferrique 65.5
Id. ferreux 3.5
Acidesulfurique libre 3.0
Matières insolubles dans l'eau 7.5 Eauperdue à l'étuve à140° 20.0
Matièresnondosées 1.5
Ensemble.. 100.0
Eau 9.0
Glycérine 89.3 0/0
Naphtol 1.7
Phénol et homologues évalués en acide
phénique 94
Divers 60/0
I.—Classement des produits d'après leurpouvoirdésodorisant et désinfectant.
NUMÉRO de CLASSEMENT
NOMS DES DÉSINFECTANTS POUVOIR DÉSODORISANT
POUVOIR DÉSINFECTANT
1 Sulfate de cuivre Assez bon Très bon
2 Chlorure de chaux Très bon Assezbon
3 Sulfate de zinc Bon % Assez bon
4 Liquide salubréfiant Bon Bon
5 LysolPeyrat Très bon Bon
6 CrésylJeyès Très bon Bon
7 Magique Assez bon Bon
10 Acidephénique Assez bon Passable
11 Sanitor Passable Assez bon
•12 Chlorol-Marye Passable Assez bon
13 Crésonaphte Faucon Passable Très faible
14 Aldonaphtol Passable Passable
II
- 24 —
II.—Classement des produits d'après leur pouvoir antiseptique.
NUMÉRO de CLASSEMENT
NOMS DES PRODUITS NOMBREDEGRAMMESl
nécessairespourinfertiliscr j
unlitredebottillon depejtlone.
1 Eau oxygénée cg po
2. Bichlorure demercure 0,07
3 Cliloiol-Marye 0,08
4 Clilorol-Maryc(solution étendue) 0,60 5 Sanitor
6 Sulfate de zinc 0,10 7 Sulfate de cuivre 0,70
8 Liquide salubréfiantPeyrat 0,700,80
9 AntibactérienRaymond 1,00
•10 Magique 1,00
11 Eclairparfumé 1,00
12 Lysol 3,00
13 CrésvlJeyès 3,00
14 Acidephénique pur 4,00
15 Crésonaphte Faucon 4,00
16 Chlorurede chaxx 5,00
En1895, la Commissiondépartementale d'hygiène du dépar¬
tement des Bouches-du-Rhône émit un vœu tendant à faire isoler dans les chemins de fer les individus atteints de mala¬
dies contagieuses.
Ce vœu fut transmis au Ministre des Travaux publics, qui
envoya le 4 octobre 1895 une circulaire aux différentesCompa¬
gnies. Les
Compagnies
répondirent qu'en principe ladésinfec¬tion serait une excellente chose, mais que, vu les nombreuses difficultés, l'application serait presque impossible.
En 1895, à Amsterdam, eut lieu la première « Conférence
internationale concernant le service sanitaire des chemins de
fer et de la navigation ».
Les différentes questions qui yfurenttraitées regardaient ce quise passeen Hollande; elles peuvent d'ailleurs se résumer
en ces trois sujets :
1° Les garanties de validité du personnel, lors de son
admis¬
sion et durant le service;
2° L'organisation du service médical;
3° Les conditionshygiéniquesdes employés et desvoyageuis.
— 25 —
Toujours en
4895, mais cette fois-ci en Belgique, paraît un
arrêté royal du 4
avril dont l'article 4 intéresse la prophylaxie
etla contagion des
maladies transmissibles dans les chemins
de fer:
« Il est défendu de prendre place ou de rester
dans
unevoiture
occupée par d'autres personnes,
lorsqu'on est atteint d'ivresse ou
lorsqu'on est atteint d'une
maladie contagieuse
oudangereuse pour
autrui. Une personne affectée de
semblables maladies n'est admise à
voyagerque dans un
compartiment qu'elle
occupeseule
ouavec ceux
quisontchargésdeson transport. »
En 1896, M. le Dr
Mauriac, de Bordeaux, inspecteur général
de la salubrité de la ville de Bordeaux et
membre du Conseil
d'hygiène publique
du département de la Gironde, fit un
travail qu'il devait présenter au
Congrès de l'avancement des
sciences à Tunis. Il ne put pas se
rendre à
ceCongrès;
néanmoins son travail futpublié.
Pourle Dr Mauriac, « la prophylaxie des
maladies conta¬
gieuses dansles wagons
de
voyageurscomporte deux mesures
essentielles : 1°l'isolement des malades; 2° la désinfection des
wagons. On ne peut obtenir une
prophylaxie complète qu'en
appliquant ces deux mesures
à la fois;
enn'en appliquant
qu'une à l'exclusion de l'autre, on ne
peut avoir qu'une
pro¬phylaxie relative. »
l)'où la nécessité de créer des wagons spéciaux etsurtout
de
désinfecter les wagons après chaque voyage.
Comme désinfectant, lesvapeursd'aldéhyde
formique répon¬
dent aux conditions que doit avoir un bon
désinfectant; elles
sont d'une efficacité absolue, coûtent peu, n'ont pas
d'odeur
etne détériorent pas le matériel.
Le deuxième Congrès « concernantles services sanitaires et l'hygiène des chemins de fer et de la navigation »
eut lieu
en1897 à Bruxelles. M.Jorissenne,encollaborationavec
M. Malvoz,
présenta untravail « sur les moyens d'empêcher
la
propaga¬tion des maladies transmissibles dans le domaine des chemins
de fer et subsidiairement surles navires ».
Certaines maladies peuvent se transmettre
dans les chemins
— 26 —
defer, la
tuberculose,
la rougeole, lascarlatine,lavariole,etc.;aussi faut-il désinfecter les wagons.
« En théorie, il faudrait désinfecter chaque place au moment où elle cesse d'être occupée etavant qu'elle nesoitréoccupée;
les moyens ne nous
manquent pas, mais il serait nécessaire
d'augmenter le personnel pour les appliquer, et la dépense deviendrait d'autre part très considérable; peut-être aussi les pertes de temps inévitables feraient-elles protester les inté¬
ressés. »
Gomme les désinfectants offrent plus ou moins d'inconvé¬
nients et sont plus oumoins efficaces, on doitsurtout chercher à combattre la propagation des maladies contagieuses par un
règlement imposé au public. M. Jorissenne propose les
mesures suivantes, qu'il nousparaît bonde donnerin extenso:
« 1° La création d'inspecteurs sanitaires gouvernementaux libres de toute attache communale, qui signaleraient les pre¬
miers cas d'affections contagieuses et auraient plein pouvoir
de faire exécuter les mesures
prophylactiques d'urgence; la déclaration obligatoire des cas cle maladies contagieuses à ces inspecteurs du gouvernement.
» Gomme corollaire : la création d'un service régional de désinfection à la vapeur sous pression; les voies ferrées servi¬
raient à transporter le matériel d'une localité à l'autre.
» 2° Le remplacement des étoffes de revêtements actuels des moyens de transport de tous genres : voitures de chemins de fer, voitures de place, tramways, cabines de navires, salle d'attente des gares de chemins de fer, par des tissus, les uns
imperméables,
l'es autres pouvant supporter le lavage; le nettoyage àl'eau et au savon en serait effectué fréquemment.» 3° Interdiction des moyens de transport public aux mala¬
des contagieux et organisation d'unservice spécial de transport
pour ces malades.
» 4° Défense formelle de cracher sur le
plancher du chemin
de fer, des salles d'attente des gares, des cabines de navires.
Dans les water-closets des voitures de chemins de fer,