FACULTE
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
AdSTIsTÈE 1899-1900 N° 8
DU PRONOSTIC
DU
CANCER III! LA VERGE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée
et soutenuepubliquement le 15 Novembre
1899Washington-Grescent MÉTRÉ
AUNé à Saint-Pierre-du-Palais (Charente-Inférieure), le 27 juin 1873.
Examinateurs de laThèse
MAI. DEMONS, professeur.... Présidait.
COYNE, professeur.... i
POUSSON, agrégé > Juges.
CHAYANNAZ, agrégé
\
Le Candidat répondraaux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
MBill MERIE Y. GADOUET 17 — RUE FOQUELIN-MOLIÈRE 17
(ancienne rue montmejan) 1899
FACULTE DE MEDECINE ET
DEPHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES....
PROFESSEURS :
MM. MICÉ i
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Doyen honoraire.
Professeurshonoraires.
Cliniqueinterne Cliniqueexterne Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales Thérapeutique
Médecineopératoire...
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PACHON.
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LAGRANGE.
CARLES.
Le Secrétaire delaFaculté: LEMAIRE.
Pardélibérationdu 5 août1879, la Facultéaarrêté queles opinions émises dans les ''hëses qui lui sont presentees doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et qu'elle n'entend leur donnerni approbationni improbation.
A MES PARENTS
r
L
A MES AMIS
A Monsieur le Docteur
BÉGOUIN
Chirurgien des Hôpitauxde Bordeaux.
A mon Président de
Thèse,
Monsieur le Docteur DEMONS
Professeur de Clinique chirurgicale à la Faculté de Médecine de Bordeaux, Officier de la Légion d'honneur, Officier de l'Instruction publique,
Membrecorrespondajit del'AcadémiedeMédecine,
Membre correspondant de la Sociétédechirurgiede Paris.
DU PRONOSTIC
DU
DE LA VERGE
INTRODUCTION
L'idée de cancer
implique tout de suite celle d'une
affection dont le
pronostic
esttrès sombre. Le sujet, qui
en est
porteur,
serainfailliblement conduit
àla
mort, dans unespace
de temps
assezcourt. Cependant, suivant
le
siège de
ce cancer, samarche semblerait plus lente,
son
pronostic plus favorable,
carla période, pendant laquelle l'intervention
ades chances de succès,
se trouveprolongée.
Cette
particularité s'observerait
àla
verge,de l'avis du plus grand nombre des chirurgiens qui
ontétudié
cettequestion.
Les
observations,
surlesquelles ils s'appuient
pour affirmer que ce cancer estrelativement bénin,
ne noussemblent pas toutes
suffisamment probantes, les sujets qui
enfont l'objet n'ayant
pasété suivis,
oul'ayant été trop
peude temps. Aussi
sommes-nousporté à croire
que
le pronostic de l'épilhélioma de la
verge estplus
gravequ'on
nel'admet
engénéral.
CANCER
— 14 —
Mais avant de commencer cette
étude,
nous croirions manquerà
notredevoir
quede
ne pasremercier
nos maî¬tres de la Faculté et des
Hôpitaux, particulièrement
ceuxdans les services
desquels
nous avonspassé, soit
commestagiaire, soit
comme externe. *■Aussi,
queMM. Dubourg, Rousseau Saint-Philippe,
Lande, Lefour
et Moussous fds veuillent bien recevoirl'expression de
notreplus vive gratitude.
Nous remercions
également M. le docteur Bégouin,qui
a bien voulu nous aider de ses
conseils,
et nous commu¬niquer les observations
pourle sujet dont il
nous a donné l'idée.Que M. le professeur Démons
nous permetted'exprimer
ici nos
plus vifs sentiments
dereconnaissance,
àtitre
d'élèved'abord,
et,ensuite,
pourle grand honneur qu'il
nous fait en
acceptant la présidence de
notre thèse.CHAPITRE PREMIER
MALADES ABANDONNÉS A EUX-MÊMES
L'homme porteur d'un
cancer de la verge, pourlequel
on
n'intervient
pas, està
coupsûr conduit
à la mort, car cette affection ne rétrocèdejamais. Au contraire, elle
évoluecontinuellement
et arriveplus
oumoins
vite aubut que nous venons de mentionner.
Cependant, il
est des cas où le cancer de la verge progresse avec unemarche si lente
qu'on
peutla considérer
comme station-naire,
et celapendant des
années.Ainsi, Gerbault
dans sathèse, cite le
cas d'un individuqui avait,
sur le côté droit de laverge, une
saillie
à forme de verruequi
restahuit
ans stationnaire. Fabrice de Hilden
publie l'observation
d'un paysan
de 80
ansqu'il opéra
pour uneaffection
car-cinomateuse
dont ledébut datait
del'enfance
dusujet.
Cette lenteur dans la marche de ce cancer semble un
surprendre; cependant,
àbien considérer,
nousvoyons quepeuces faits
s'observent ailleurs. Quels
sont ceux, eneffet, qui n'ont
pas vu cesépitliéliomas
cornés de lajoue, débu¬
tant par
les glandes de la
peau, etremarquables égale¬
ment par
leur
extrêmelenteur
às'accroître?
Les cancers de cette
région
amènent rarement la mort dessujets, qui succombent,
engénéral, d'une
autre affec¬tion.
Aussi,
nous croyons-nous autorisé à croirequ'il pourrait
en être ainsi dans des cas de cancer de la verge,analogues à
ceux que nous avonssignalés plus haut.
Maisil est bon de
remarquer
que ces cas sontmalheureusement trop
rares. Engénéral, leur
marche estbeaucoup plus
- 16 —
rapide, et
onvoit survenir
aubout de quelques années
seulement tous les
phénomènes
graves,particuliers à l'épithélioma. Il serait intéressant de pouvoir fixer une
durée exacte à l'évolution du cancer du
pénis, mais
on se heurte à des difficultéstrop grandes
;aussi
croyons-nousne pas
trop
nouséloigner de la vérité
enacceptant les
idées de Lebert et de
Demarquay. Celui-là admet
unemoyenne
de quatre
ansà quatre
anset demi, et celui-ci,
de deux ans à trois ans et demi.
Mais il est des cas où la
rapidité
aveclaquelle
ce can¬cer évolue forme réellement contraste avec la lenteur que
nous avons
signalée
aucommencement de
cechapitre. On
est
surpris,
eneffet, de voir tous les délabrements qu'il produit dans l'espace de quelques mois seulement. L'ob¬
servation I prouve
suffisamment qu'il évolue
avecune très grande rapidité, puisqu'il
aconduit à la mort, dans le
court espace
de six mois environ, l'homme qui fait l'objet
de cette observation. Et les ulcérations
multiples (obs. 11) produites
encinq mois,
nesont-elles
paségalement faites
pour
surprendre ?
On est d'autant
plus étonné,
eneffet,
quel'on
netrouve
rien pour
expliquer cette malignité;
carles influences
quepeut subir le
cancerde la
verge,sont absolument les
mêmes que pour
les
cancers engénéral
;aussi
nousn'en parlerons point. Toutefois, si
nous en croyonsGerbault,
les affections tristes retentiraient sur la marche de
l'épi¬
thélioma de la verge.
Il cite le fait suivant dans
sathèse:
« C'est un homme de
Paris, âgé de 73
ans,qui avait depuis
8 ans une saillie à forme de verrue sur le côté droit de
la
verge.Elle resta stationnaire et ne' prit de proportion qu'après le bombardement de Montrouge pendant lequel
le malade fut
obligé de rester quinze jours dans
sacave.
Elle
prit alors
undéveloppement énorme et fut le siège
de douleurs intolérables ». S'il est vrai que
la tristesse
peut influer
surl'évolution de
ce cancer,à plus forte rai¬
son pensons nous que
la rapidité de
samarche peut être
|
— 17 —augmentée, à l'idée
que sefait le sujet de
sevoir pris,
a la verge,d'une affection dont
ilignore la
nature etla
gra¬vité.
f> Mais que
la marche
soit lente ou trèsrapide, la
mortest
toujours le
terme finalauquel aboutira le
malade.Reste donc à savoir
quelles
sontles lésions qui
vontl'y
conduire.
Tout le monde sait que
l'affection cancéreuse,
enrègle générale, prend
sonpoint de départ, tantôt
augland,
tantôt aux
téguments du pénis. Dans
cedernier
cas,c'est
leplus
souvent parle prépuce
quedébute le
cancer. 11apparaît dans l'épaisseur du repli,
ouplutôt
onle
sent sous forme d'un noyaudur
etindolent qui s'accroît
ets'accompagne
assezrapidement d'une induration
des tissus normaux lesplus rapprochés qui s'infiltrent, de proche
enproche, de
matière cancéreuse.Aussi, quelque¬
fois,
on trouve la vergeépaissie
etindurée
dans toute sonétendue;
ondirait
que tousles téguments
sonthypertro- phiés. Mais le
noyaucarcinomateux
ne tarde pasà s'ulcé¬
rerse couvriret l'onvoitde matière sanieuse. Ses
l'ulcère prendre la coloration
bords sontrougedurs, foncé irré¬
etguliers
etépaissis;
son fondinégal, quelquefois surélevé,
sécrète la matière dont nous venons de
parler. L'envahis¬
sant cancéreux
poursuit
sa marcheetl'ulcération s'agran¬
dit;
ou bien il s'enforme
de nouvelles àcôté,
enlaissant
entrele noyauelles des
épithéliomateux intervalles
estde peausous-cutané.saine (obs.II)
Tousparce quecesphé¬
nomènes ne se
présentent
pas, engénéral,
sansl'élément
douleurqui
est souventintolérable.
D'autres fois,
on voit le cancerprendre la forme
bour¬geonnante;
mais ce faits'observe
surtoutquand il
a dé¬buté par
le gland. Là il apparaît
toutd'abord
avecl'aspect
d'une
saillieverruqueuse. Les papilles s'hypertrophient,
et ces
végétations
arrivent souvent à cacher le méat uri- naire. Elles sont tantôtlargement pédiculées,
tantôt leurs racinesMétreausemblent
trèspetites. En revanche, l'autre
extré-2
— 18 —
mité se subdivise en
plusieurs branches dont les extré¬
mités sont arrondies et
sillonnées
àl'instar des choux-
fleurs. 11 ne tarde pas
à
seproduire
surces productions
morbides des ulcérations étroites
superficielles, dont les
bords sont
légèrement renversés et la surface grisâtre et
humide.
Ici, aussi, disons-le tout de suite, la douleur est
un élément
qui contribue beaucoup à l'affaiblissement du
malade.
Du
gland, il est
rare quele cancer n'arrive pas aux corps
caverneux.
D'ailleurs, qu'il ait débuté
augland ou aux téguments du pénis, le cancer n'en finit pas moins par
envahir la presque
totalité des parties qui concourent à la
constitution de la verge.
Lescorpscaverneux
perdent leur apparence spongieuse;
ils deviennent
petits, durs
parcompression des parties sus-jacenles auxquelles ils adhèrent. Quelquefois ils ne
sont pas
pris d'une façon immédiate; et Ton trouve dissé¬
minés dans leurs mailles
de petits grains blanchâtres,
moins gros que
des grains de mil, dont l'examen au microscope démontre qu'on a affaire à des cellules épi
- théliales semblables à cellesqui constituent la principale
tumeur.
L'exemple
que nous avonstrouvé à ce sujet, nous
lesignalerons dans la suite à propos des récidives (1).
Mais tous les
phénomènes
quenous venons de signaler ne
vont pas sans
certaines complications urinaires. Très sou¬
vent, en
effet, l'urèthre comprimé, aplati
parles produc¬
tionscancéreuses, ne
laisse
passer quedifficilement l'urine.
Boyer rapporte
1111 casdans lequel la rétention d'urine
était presque
complète. Le malade ne pouvait uriner que goutte à goutte et
avec unetrès grande difficulté. D'autres
fois, la partie antérieure de l'urèthre est tout à fait oblitérée,
soit par
des bourgeons épithéliomateux, soit par un phi¬
mosis
complet (2) et il s'établit des fistules urinaires sur
(1) Gazettedes hôpitaux, 1860, p. 515.
(2) Obs. CXX1V, Traité des affect.
chr. du pénis,
p.402.
— 19 —
plusieurs points de l'ulcère cancéreux. L'urine qui
passe par cesorifices occasionne
aumalade des douleurs
atro¬ces.
On voit survenir encore,
la perforation de l'urèlhre (Obs. II)
sur unegrande étendue. La
vergeest divisée
en deuxparties jusqu'au canal uréthral,
oncroirait
quecette
division est due à une incision.
Nous disons que
c'est
unlait
assez rare,puisque
nous n'avons pu entrouver
quetrois
autres cas;deux signalés
par
Demarquay
sur134 observations, l'autre
parDurante.
Ce ne sont pas
là les seuls phénomènes locaux
quel'on puisse observer. Nous
neparlerons
pasde la propagation
du cancer aux
organes
génito-urinaires,
cefait
étant trèsrare.
Cependant, Demarquay dit
quedans
uneobservation
le cancroïde débuta par
le
scrotum,envahit plus tard la
verge,
le périnée, enfin le testicule gauche.
Mais,
cequi
seprésente plus fréquemment à l'obser¬
vateur est la
propagation du
cancer auxganglions ingui-
^ naux.
Ceux-ci
sont assezrapidement envahis
etacquiè¬
rent dans un court espace
de temps la
grosseurd'une
amande ou d'une
petite noix.
Au début de cet
envahissement, ils
sont mobiles sousla peau et sur
les parties sous-jacentes, mais ils
ne Lar¬dent pas
à devenir adhérents
aux tissus voisins. Ils attei¬gnent
le volume
que nous venonsde signaler,
et se con¬vertissent en une matière
blanche,
presquediffluente,
cequi
permetde percevoir de la fluctuation
dans la tumeurganglionnaire.
Un pasde plus
etla
tumeur seraulcérée.
Cette
ulcération, plus
oumoins étendue, présente des
bords renversés etélevés,
et,reposant sur unfond dur,
unesurface tantôt
fongueuse, irrégulièrement bosselée,
tantôtgarnie de végétations
enforme
dechampignons. Quel- quefois, il
arrivequ'on
peutsentir les
cordonslymphati¬
ques et sur
leur trajet des nodosités qui
ne sont autre choseToutesquede petites
tumeurs cancéreuses(obs. III).
ces
ulcérations finissent
parépuiser le malade,
non seulement par
leur suppuration continue, mais aussi
par
les douleurs intolérables dont elles sont le siège.
Joignons à cela
queles hémorrhagies
nesont
pas raresquand le
cancerest largement ulcéré et qu'elles affaiblis¬
sent
plus les malades
parleur fréquence que par leur
abondance.
Aussi, ceux-ci
netardent
pasà prendre la
teinte
caractéristique et particulière
auxcancéreux, et à
succomber avec tous les
signes de la cachexie cancéreuse.
Les lésions locales ne sont pas
les seules qui peuvent
amener la mort des
sujets; quoique
rares, on a vudes
cas où celle-ci avait été
produite
pardes
cancersqui
s'étaient
généralisés. C'est surtout dans le
poumonet
dans le foie que se
fait cette généralisation. Lebert qui a
trouvé deux cas de ce genre, a vu
des
noyauxcancéreux
dans ces organes,
et
pourl'un d'eux, dans le système
nerveux. Un malade
qui mourut dans le service de Ricord présentait dans toute l'étendue des poumons de petites
tumeurs nombreuseset
d'aspect cancéreux(1). Demarquay
rapporte
uneobservation de même nature (2).
En somme, on trouve peu
de
casde généralisation du
cancer de la verge;
peut-être faut-il en chercher la cause
dans le nombre fort restreint
des autopsies qui ont été
faites.
(1) Société d'analomie, 1866, p.320.
(2) Société d'anatomie, 1830, p, 99.
CHAPITRE II
MALADES OPERES
Il est bien rare
qu'on laisse évoluer
cetteaffection
car-cinomateuse,
sanslutter
contre son envahissement par les nombreuxprocédés opératoires dont dispose le chi¬
rurgien. D'ailleurs,
cesméthodes
ontété
trèsperfection¬
nées,
etactuellement
on est à même depouvoir aisément
enlever un organe que
l'homme
nevoit
pasdisparaître
sans une certaine
émotion;
nousvoulons parler de la
verge.
Grâce à
cesdifférents
moyens que nous ne nous proposonspoint de décrire ici,
on a pu,de l'avis de
tous les auteursqui ont étudié la question, rendre
un peuplus
favorable le
pronostic du
cancerde la
verge.D'après
uncertain nombre d'observations,
eneffet, le
cancer de cet organe
semblerait échapper à
cetteloi
: quetout cancer récidive dans un délai de
temps plus
oumoins court.
Fabrice de Ililden est un des
premiers à signaler
cefait.
11 cite une
amputation qu'il pratiqua à la
verge pouraffec¬
tion carcinomateuse et dont
l'opéré survécut dix
ans à l'intervention. 11 ne succomba mêmequ'à
uneaffection intercurrente, paraît-il.
Dans sa
thèse, Martin
écrit : « A cetterégion, moins qu'à
toute autre,la récidive
n'est pasà craindre
pour ce genrede
tumeurs.Billroth
cite desopérés qui
sont res¬tés
pendant
un,deux, cinq et sept
ans, sansqu'aucune répullulation
sesoit manifestée.
Pithaparle de deux offi¬
ciers
qu'il
aopérés
et surlesquels
aucunerécidive
n'étaiti►-
f
— 22 —
à craindre chez l'un neufans,
chez l'autre
onze ansaprès
».Citons aussi les
paroles de Roux
ausujet de cette même
affection : « Cette sorte de cancer est
purement locale
etproduite
par une causeégalement locale irritant le gland
>d'une
façon permanente. Il suit de là
que ces cancerspeuvent être opérés
avecbeaucoup plus de chances de
succès et sans crainte de
récidive,
oudu moins,
avecdes
récidivesbeaucoup plus
rares quedans les
cancersdes
autres organes
de l'économie. Nous
avonstenu compte
d'un assez bon nombre de cancers de la vergeopérés
avec succès et dont laguérison
semaintint solide de très lon¬
gues
années, jusqu'à la mort amenée
par une causetoute
différente. Nous citerons enparticulier le frère de notre
célèbre Bufl'onqui, opéré
par nousd'un
cancerde la
verge en
1809, guérit parfaitement et mourut longtemps après d'une autre maladie
».Lebert cite également plu¬
sieurs faits de ce genre,
et Demarquay mentionne
un casde vrai cancer
opéré
parlui, dont le sujet survécut dix
ans sans récidive et mourut-d'une autre maladie. y En
1887, Horteloup rapporte à l'Académie de médecine
un fait de survie
qui datait déjà de quatre
ans.Nous avons,
volontairement, laissé quelques
autresfaits
de ce genre, sous
silence, pensant
que cesquelques exemples seraient suffisants
pourmontrer toute l'impor¬
tance d'une intervention
précoce.
Cependant, d'après l'énumération
que nous venonsde faire, il
nefaudrait
pascroire
quedes survies aussi dura¬
bles soient des faits extrêmement
fréquents. Ce
ne sont,au
contraire,
quede
raresexceptions prises parmi les
nombreux cas de cancer de la verge.
D'ailleurs, il pourrait
même se faire que
parmi les observations où l'on
trouveune survie aussi
considérable, il
y eneût quelques-unes,
peu sans
doute, qui aient donné lieu à l'ablation de
tu¬meurs
qui n'étaient peut-être
pasvraiment carcinoma-
teuses.
Demarquay est de
cetavis quand il écrit
: «Peut-
être aussi faut-il en trouver la raison dans la difficulté de
reconnaître le
véritable
cancerdu pénis et
en cequ'on
aplusieurs fois enlevé
commecancéreuses des affections de
cet organe
qui
nel'étaient
pas ».Les paroles de cet émi-
nent
chirurgien,
que nous auronsl'occasion de citer de
nouveau, sont
déjà
unegrande
preuve quil
nefaut
pas être tenté deregarder le pronostic du
cancerde la
vergecomme par
trop bénin.
Ce
qui
nousfait
penser, enoutre,
que cesfaits doivent
se
présenter
rarement,c'est
quele diagnostic de
cette affection n'est pastoujours facile à faire
pourles raisons
que nous
allons donner. On
est souvent, eneffet, dans l'impossibilité matérielle de
constaterle mal dès
sondébut, le sujet
neconsultant
engénéral
quetrès tard,
parce
qu'il
aété longtemps
retenu parla crainte
etla
honte d'un mal vénérien. Si fort heureusement ils ne sont pas tous retenus par
cette crainte, beaucoup ignorant la gravité de leur maladie négligent de
se montrer auméde¬
cin parce
qu'ils n'éprouvent
aucunegêne,
aucunedouleur.
Pendant ce
temps, le
cancerfait des progrès, quelquefois rapides,
etle chirurgien appelé trop tard
nepeut agir
d'une
façon aussi efficace.
Pour cette
raison,
nous nous rangeonsà l'avis de
notre éminent maître M. leprofesseur Démons, disant dans
l'une de sescliniques,
aumois de
mars1897, faite
sur lecancer de la verge: «
On le dit
trèsbénin
parrapport
auxautres cancers. C'est une erreur
d'ériger
cefait
enloi. 11
envahit vite lesganglions,
etsi
onn'opère
avant cetenva-hissement, il
y aurades récidives fréquentes qui, après des opérations successives,
tueront le malade ». 11 y adéjà
bien assez des hésitations du
praticien
pourretarder
uneintervention
qui
estde
toute urgence.Cela
peut sepré¬
senter, au
sujet des affections syphilitiques qui
ne sontmalheureusement
pas raresà la
verge ; etil serait fort
regrettable de priver l'homme de
cet organequand
on a sous la main des médicaments très efficaces pourla
guérison des affections spécifiques.
Disons aussi que
l'opération
enelle-même n'est
pastoujours bénigne,
carelle peut
amenerdes accidents très
graves,même mortels,
que nousallons maintenant étu¬
dier.
On voit survenir des
hémorrliagies quelques jours après l'opération. Elles sont rarement mortelles, il
estvrai,
caron ne tarde pas
à
yporter remède. Demarquay parle d'un
cas très grave
de
ce genre(1). Cependant, le malade dont l'hémorrhagie avait été arrêtée n'en mourut
pasmoins, quelques jours après, à la suite d'un érysipèle gangré-
neux dû sans doute à une forte tension des corps caver¬
neux,
produite
par uneaccumulation sanguine dans leurs
mailles.
D'autres cas
d'érysipèle
secompliquant de gangrène
seprésentent malheureusement
encoretrop fréquemment. Il arrive,
eneffet,
quela sonde laissée à demeure dans le
canal uréthral de
l'opéré est enlevée
parcelui-ci
outrop
tôt par
le médecin. L'urine tombant alors
surles tissus
finit parles irriter, et produit les accidents dont
nous venons deparler. Ajoutons qu'on peut avoir de l'infiltra¬
tion
urineuse, Demarquay
enment'onne deux
cas;des opérés atteints de tétanos, voire même d'orchite
comme le fait que nousrelatons à la fin de
notretravail (Obs. IV).
La verge
renferme
enproportion notable du tissu érec- tile, c'est-à-dire
untissu
àla composition duquel le
sys¬tème vasculo-nerveux
prend
uneimportante part. Aussi
elleestéminemment
exposée, consécutivement à l'amputa¬
tion,
àla phlébite et à l'infection purulente. 11
nefaudrait
donc
point s'étonner de
trouverdes complications de
cegenre,
bien qu'on
netrouve
pasd'observations à
cesujet.
Demarquay dit
enavoir
vu un cas(2).
Les diverses
complications opératoires dont
nousvenons de
parler
nesontheureusement
quebien rarement
(1) Obs. CLX, p. 457, Traité des affections chirurgicales dupénis.
(2) Traité des affections dupénis, p. 471.
mortelles. Il n'en est pas
moins
vrai que,jointes
aux com¬plications plus éloignées et beaucoup plus
graves,elles jettent
unesorte de voile
surl'avenir du sujet.
Nous allons aborder immédiatement celles-ci consis¬
tant dans la récidive du cancer de la verge, sans nous arrêter aux cas de rétraction du
moignon, et de rétrécis¬
sement du méat
produit
parla constriction périphérique
de la cicatrice
qui envahit
tousles tissus sectionnés,
et parle retrait,
parrenfoncement de l'orifice uréthral dans
le
moignon.
Tous les
chirurgiens
ouplutôt la majorité considèrent
ces récidives comme assez rares, et nous ne saurions mieux
exprimer leurs idées à
cesujet, qu'en citant quel¬
ques
lignes d'un article
queMonod
etBrun
ontécrit dans
le dictionnaire Dechambre : «
Quelle
quesoit
sa causeréelle,
cette rareté des récidivesparaît aujourd'hui très
sérieusementétablie,et c'est là,
croyons-nous, unfait qui
doit être
pris
ensérieuse considération,
nonseulement
j)Our
adoucir, dans
unecertaine
mesure,la rigueur du pronostic, mais aussi
et surtout pour encouragerle chi¬
rurgien dans l'emploi d'une thérapeutique promjite
et radicale ». D'ailleurs ladisposition des lymphatiques de
la
région vient corroborer l'affirmation
de ces auteurs. Eneffet, ils
sejettent dans les ganglions superficiels de l'aine,
etl'accessibilité
de cesganglions
permetde croire qu'il
estfacile d'en faire l'ablation,
tout enpratiquant l'amputation de la
verge.Mais, après avoir
parcouru un assezgrand nombre d'observations, le pronostic de l'épithélioma du pénis
neaous
j>aratt
pas tout àfait
aussi favorable. Nous pensons même quela récidive
est assezfréquente
et, commele dit
Villiès(1)
: «Elle
ne survientsouvent que parce quel'opé¬
rateur n'a pas
atteint les limites
dumal,
etqu'il
aomis d'enlever
desganglions, pensantqu'ils n'étaient
paspris
».(1)Thèse de Paris,1873,
— 26 —
A preuve,
le fait suivant cité
unpeupartout.
«Un homme de
45 ans avait subi l'ablation totale du
gland
pour un can- croïde.Deux moisaprès cette opération, il
yeut récidivede
la maladie et il fallut faire une nouvelle
opération qui lut pratiquée à deux centimètres au-dessus des limites
appa¬rentes du
mal, dont les
contoursétaient bien
nettement limités. La tumeur s'étendait dans les corps caverneuxjusqu'à 17 millimètres de la surface de section
ets'arrê¬
tait
brusquement à
ceniveau
;mais
en y^regardant de plus près,
onconstatait, dans la partie du
corps caverneuxqui paraissait
toutà fait saine,
unedizaine tle petits grains blanchâtres, moins
gros quedes grains de mil, parfaite¬
ment
ronds, dispersés
çaet là dans le tissu érectile
etn'ayant
aucuneconnexion
enlre eux ou avecla
tumeur.Examinés au
microscope,
onles
atrouvés constitués
par des amas de cellulesépithéliaies
».Si ce fait démontre que
les limites du mal n'avaient
pas
été atteintes, il
prouveégalement
quela récidive peut
se montrer, non
seulement dans les ganglions, mais aussi
dans le
moignon.
D'après Demarquay, elle serait aussi fréquente dans
cette
partie
quedans les glandes inguinales, et il cite
huit observations de récidive dans les
ganglions et autant
dansl'organe lui-même.
Horteloup prétend
queles ganglions sont plus souvent
atteints.
Voici sa
statistique
surhuit malades qu'il
aopérés
:2perdus de vue ;
1 afait l'objet d'une présentation àl'Académie ;
1 récidive surplace;
4récidives dans les
ganglions.
Mais si on ne s'entend pas sur
le siège de la récidive,
on s'entend encore moins pour
fixer le temps qui sépare
le moment de
l'opération de celui de
sonapparition. Pour
les uns,
il s'écoulerait
aumoins
un an ; pourles autres,
ce serait
plus tôt.
Enfin, il existe (les
cas où cesrécidives
se sont mon¬trées
plus tard. Mais
enrègle générale,
nous pensons que c'est à peuprès pendant l'année qu'a
eulieu l'opération (Obs. II, III, IV, V).
Mais le nombre des récidives que
l'on trouve signalées
est très restreint par
rapport cà celui des observations du
cancer de la verge.
Nombreuses,
enrevanche,
sontcelles
où
l'opéré
estconsidéré
comme «guéri
Ȉ
sasortie de l'hôpital. Que
cesoit
unsuccès opératoire,
nous nele
contestons
point; mais il
nous estbien difficile d'admet¬
tre ccttre Offuérison comme définitive : Pour
cela, il
' auraitfallu,
à notreavis, suivre
cesopérés,
non pasquelques
mois
seulement,
comme on l'afait, mais pendant des
"années. Et ce n'est pas une
surveillance pratiquée
pourun nombre assez limité
d'observations, qui
nousparaît
suffisante pouraffirmer
queles récidives
sont rares et, parconséquent, le pronostic bénin! Aussi
nous rangeons-nous à l'avis de
Boyer (1)
: «Quand l'amputation de la
verge estfaite dans des circonstances favorables, dit-il,
elle réussit presque
toujours; mais malheureusement,
elle procure rarement une
guérison radicale. Le plus
sou¬vent le mal
repullule
aubout d'un temps plus
oumoins
long, soit dans le moignon de la
verge,soit dans les glandes inguinales,
etfait périr misérablement les
ma¬lades ».
Maintenant nous allons
présenter les observations
quenous avons trouvées et
qui viennent confirmer
ce quenous avançons.
Sur
quatorze
queMartin signale dans
sathèse,
nousavons :
3 morts après récidive,
il guérisons.
(1) Boyer, op. cit., VI, p. 809.
Thèse de Hoché : 2.
1 mort.
1 survie après un an.
Thèse de
Virely
*.4.
4
guérisons.
Avant de continuer cette
énumération, disons
quetous
ces cas de
guérisons sont des observations où l'opéré n'a
pas
été suivi après
sasortie de l'hôpital.
Ajoutons
auxhuit observations d'IIorteloup dont l'énu-
mération est
plus haut, les 15 qu'il
atrouvées, et
nousaurons un total de 23
qui
sedivisent ainsi
:9 n'ont pas été revus.
3 suivispendant
quelques
mois, trop peu en somme.1 sansrécidive, deux ans et demi après.
1 présenté à l'Académie.
9 avec récidive.
Demarquay, dont les recherches à
cesujet sont
assezétendues,
aréuni le nombre de
134observations.
Sur cenombre,
nous trouvonsle chiffre
énormede
98opérés qui
n'ont pas
été
revuset qui
parconséquent sont considérés
comme
guéris. Des 36
autres, nous avonsdéjà mentionné
16
récidives, moitié dans les ganglions, moitié dans le moignon. 11
enreste donc 20 dont le plus grand nombre
n'a été suivi que
quelques mois. «On publie les observa¬
tions, dit Horteloup, et l'on n'en entend plus parler. Rien
n'est
plus difficile
quede
retrouver cesmutilés
retenusprobablement
par unsentiment de tristesse honteuse. Ils
refusent de sefaire
revoir, ainsi
quej'ai
pule constater.
Aussi, est-il
àcraindre
queles beaux résultats opératoi¬
res
qu'on publie
au momentde la sortie des opérés
ne soient pasde longue durée,
et queles récidives
ne se lassent pasattendre
».S'il
estdifficile de
retrouver cesmutilés,
cen'est
passeulement
parcequ'ils sont retenus
par un
sentiment de crainte honteuse, mais aussi et sur¬
tout parce
qu'ils ont succombé à la suite de récidives qui
demeurent inconnues.
Parmi les cas de cancers de la verge
qui
sesont pré¬
sentés ces dernières années à
l'hôpital Saint-André,
nousne
publions
que ceuxdont
nous avons pu nous procurer desrenseignements, aidé
par nosmaîtres qui ont bien
voulu nous donner les notes ou observations
qui avaient
été recueillies. De la sorte nous avons constaté que
les
récidives étaient
fréquentes, et toutes les observations
que nous avons
trouvées
ne sont pasfaites
pour nous démontrer le contraire.CHAPITRE III
INFLUENCE DE L'AMPUTATION DE LA VERGE SUR L'ÉTAT MORAL DES
OPÉRÉS
Le mode de traitement du cancer de la verge,
malgré
ses
grands avantages, n'en
est pasmoins
uncôté
grave dupronostic,
surtoutchez les sujets
encorejeunes. Tous
les auteurs
qui ont écrit
surl'amputation de
cet organementionnent cette
particularité
etaffirment qu'il n'est
pasl'are de voir les
opérés succomber à la suite d'une
pro¬fonde mélancolie.
Richeraud irait même
plus loin, d'après
ce queDemar-
quay
lui attribue.
«Richeraud dit qu'il
aobservé
quetous les hommes
qui ont perdu la
vergenourrissent
pen¬dant la durée du traitement et
après la guérison de la plaie
unemélancolie qui les dispose éminemment
aux fièvres de mauvais caractères. Il disait queles hommes privés de la
verge nerecouvraient jamais leur hilarité,
conservaient le sentiment douloureux de leur
perte
et que rien nepouvait adoucir l'amertume
de leursregrets; il
avait même fait cette observation sur des vieillards pour
qui la même partie enlevée était depuis longtemps inu¬
tile ».
Il cite à ce
sujet
unde
sesopérés dont l'amputation
avait
parfaitement réussi,
etqui
mourutd'une fièvre ataxi-
quecontinue
survenueaprès des injures
etdes
menaces quelui fit
safemme quand elle apprit à quel sacrifice
son mari devait saguérison.
On trouve
signalé
un casd'empoisonnement d'un opéré
qui recueillit
un grammed'opium qu'on lui donnait jour¬
nellement à
petites doses
pourcalmer
sesdouleurs.
Chélius, Vidal de Cassis
etLarrey citent des
cas ana¬logues chez plusieurs de leurs opérés, malgré leur adhé¬
sion facilement et
gaiement obtenue
avantl'amputation.
Tous ces faits ne semblent pas
encourageants
pour ras¬surer le
chirurgien
surl'avenir de
sonopéré; cependant
ils se
présentent surtout quand,
pourenlever la maladie
dans son
intégrité, il
afallu avoir
recoursà l'ablation
totale de la verge.
Quand les limites du mal
ont puêtre atteintes,
tout en conservant unelongueur appréciable du pénis,
onvoit les accidents survenir bien plus
rarement.D'après certains faits cliniques,
onpourrait même croire
que
les fonctions seraient
peugênées. Reste à savoir s'il
est bien facile de limiter ainsi la
partie à amputer.
Nous ne le pensons
point,
nous endonnerons
pourpreuve
la récidive dans les
corps caverneux que nous avonssignalée antérieurement
etdue
à ce queles limites du
mal n'avaient pas
été atteintes.
D'un autre
côté,
on estappelé
souventquand déjà la
maladie a fait suffisamment de
progrès
pourqu'il soit impossible de
conserver unelongueur de
verge permet¬tant le coït.
Dans les cas
cependant où les rapports sexuels
sontencore
possibles,
quedoit-on
penserde la
sensationvoluptueuse ?
«Le gland, dit Félix Rouhaud,
étant lesiège du plaisir, il
estévident qu'en l'absence de
cet organela sensation spéciale
ne seproduira
pas et quele
coït ne pourra
déterminer qu'une manifestation
de la sen¬sibilité
générale. Pas de gland,
pasde volupté
».En somme,
d'après les physiologistes,
cette sensationdisparaîtrait après ablation du gland. Mais d'après
cer¬taines
observations,
nous trouvons quela clinique
est endésaccord
avec laphysiologie.
Fabrice de Ililden cite un de ses
opérés lui disant qu'il
était très souvent
porté
auxplaisirs de l'amour.
Un autre,
cité
parle docteur Robert, auquel
on avaitlaissé
sixcentimètres
environ deverge,
disait, trois
semai¬nes
après l'opération, qu'il avait des désirs
vénériens et des érections. Une semaineaprès
sasortie, il
vint direquesasensibilité aux
réflexes
étaitmoindre, l'éjaculation
moinsprompte
que parle passé, mais qu'il était cependant
très satisfait.Pour terminer cette
énumération, donnons
lesparoles
d'un
mutilé,
cité parGarnier
: « Cettemaladie
ne m'em¬pêche
aucunement de voir desfemmes, je fais
mon travail tout commeauparavant et avec autant de
plaisir, quoique je sois
un peugêné
parla longueur
».Nous nous
demandons jusqu'à quel point il faut
tenircompte des affirmations
de cesopérés. Peut-être
faut-ilmettre une
partie de
celte sensation sur lecompte de l'excitation
cérébrale dont le rôlejoué doit s'être
accrupar
le fait qu'il s'est diminué
dansl'organe lui-même.
Etpuis, existe-t-il
encore desdésirs voluptueux chez la plu¬
part
des opérés qui
sontdes vieillards?
11 estpresque
sûr
que non, car
il
ne faut pastoujours tenir compte de leur dire, ayant
unetendance,
comme toutindividu d'ailleurs,
à nier leur
déchéance génésique.
Vu
l'âge des malades,
etconsécutivement
ladiminution
desdésirs
del'amour,
oncomprend aisément
qu'ils soient inaptes à la fécondation, bien
entendu endehors
d'uneablation
totale.Malgré les
rares cas où lesopérés
ont puavoir quelques
rapports avec
des femmes,
nous n'en pensonspas
moins
que
l'apiputation du pénis doive retentir, jusqu'à
un cer¬tain
point,
surle
moral dusujet,
et parle fait
sur son étatgénéral.
OBSERVATIONS
Observation I
(inédite).
Provenantdu service de M. le professeurDémons, et établie daprès les notes de M. le DrBégouin, alors chef declinique.
A.. , cultivateur, âgé de 61 ans, entre à
l'hôpital
le 19 mars 1897 pourépithéliômadu gland.Antécédents héréditaires. — Ne présentent rien de particulier.
Antécédentspersonnels. — Le malade a toujours joui d'une excel¬
lente santé.
Pas d'accidents vénériens. Marié, iln'a jamaiseud'enfants, atteint de phimosis congénital, il n'ajamais pudécalotter.
Histoire. — Ily a troismois seulement, ilressentit àla verge une douleurassez vive au moment des mictions. Le gland gonflaitpeu cependant, et le prépuce neprésentaitrien departiculier. Le malade s'adressa à son médecin qui lui opéra son phimosis le lCpmars, et enleva dans larainure préputiale des concrétions calcaires. A partir de ce moment la douleur
disparut
et la miction devint aisée. Mais dès le troisièmejour,unepetitetumeurapparaîtsurla partiemédiane du collet du gland. Cette tumeur, d'abord unie, sedéchiqueta
bientôtsur ses bords et en une huitaine de jours s'irradia sur tout le pour¬
tour du collet en s'étendant spécialement sur la partie dorsale et donna à ce gland
l'aspect
d'un petitchampignon
du volume d'un œuf.Subitement,
la tumeur s'arrêta dans son évolution etdepuis
huitjours elle est restée stationnaire. Néanmoins le
malade, effrayé
par son aspect, estvenu àla consultation de M. le professeur Démons le 19 mars 1897, et, sur le conseil de M. le Dr
Bégouin,
est entré àl'hôpital.
Mctreau
3
— 34 —
Etatactuel. — Le
gland
offrel'aspect caractéristique
duchampi¬
gnon épitliéliomateux. Il n'est atteint que dans samoitié postérieure
et supérieure. Le sommet, en effet, sur une
longueur
d'un centimè¬tre à deux, estsain dans toute sa périphérie. Le méat est normal.
La partie où se trouvait le frein n'est que
légèrement
tuméfiée; mais le prépuce qui reste et la moitié antérieure de la peau de la verge estfortementœdémateuse, surtout du côté gauche, sansêtre cepen¬dant tendue. Elle offre même des plis nombreux sur la partie dor¬
sale. On sent letrajet de la veine médiane qui est gonflée. C'est la seule chose que l'on constate du côté de la verge qui semble saine.
Le testicule est sain aussi. L'on trouve, dans l'aine, la chaîne hori¬
zontale des ganglions
hypertrophiés.
L'aspect général du malade est celui d'un homme de forte consti¬
tution et de bonne santé. Rien d'anormal dans les appareilscircula¬
toire etrespiratoire.
Le malade refuse desefaire opérer et sortquelquesjours après de
l'hôpital.
D'après
lesrenseignements
qui nous ont été donnés, nous avons appris que les ganglions inguinaux avaient considérablement augmenté de volume dans les premiersjours de mai 1897.Quelques
jours après, il a fait de la suppuration, à la suite du sphacèle de larégion; et il a succombé à la cachexie cancéreuse, le 8juillet 1897.Observation II
(inédite)
Recueilliedans le service de M. leprofesseur Démons,communiquéepar M. le Dr Bégouin.
Antécédents héréditaires et joerso7inels. — X... est un marin de 54 ans, qui a toujours joui d'une excellente santé, et chez
lequel
onnepeut,
malgré
des recherchesminutieuses,
découvrir la moindre trace de maladiediathésique
: syphilis, diabète,albuminurie,
arthri- tisme ou même alcoolisme. Il ne se connaissait qu'une petiteinfirmité,
il décalottait'mal.Histoire de lamaladie.— En juillet1890, cet homme découvritsur le côté gauche du bord libre de ce prépuce atteint de phimosis, une