FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
AlSriSTÉE 1899-1900 No 85
DES
Consécutives à l'hystérectomie abdominale totale
THÈSE rOUli LE MCTOlîAT EN ME
présentée et soutenue
publiquement le 20 Juin
1900Jean-Marie-Pierre MARTINET
ancien interne provisoire des hopitaux
lauréat des hôpitaux (Médaille d'argent, 1898)
membre de la société danatomie et de physiologie de bordeaux
NéàSainte-Bazeille(Lot-et-Garonne),le 6 novembre 1873.
1 MM. BOURSIER, professeur... Président.
bÉÉD de I. Thèse
"NELONGUE, professeur...
VILLAR, agrégé.
CHAVANNAZ, agrégé.
Juges.
Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
'7 HUE POQUELIN-MOLIÈRE — 17 (ancienne hue montmejan)
1900
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.... Doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÉ )
DUPUY
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Professeurs honoraires.MOUSSOUS
Cliniqueinterne.
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tique générales Thérapeutique
Médecineopératoire...
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LAGRANGE.
CARLES.
LEMAIRE.
Pardélibérationdu 5août1879,laFacultéaarrêtéquelesopinionsémises
dans les e.SeSte11(i
ui sontprésentées doivent être considéréescomme propres à leurs auteurs,
et
quelle n en ei
leur donner niapprobation ni improbation.
A LA
MÉMOIRE
DE MONPÈRE
ET DE MA SOEURA MON EXCELLENTE
MÈRE
A MON
FRÈRE
ET A MA RELLE-SOEURA TOUS MES PARENTS
A MES AMIS
A Monsieur le Docteur LANDE
MédecinhonorairedesHôpitaux,
Présidentdel'Associationdesmédecinsde laGironde, Officierde lalégion d'honneur,
Médecinlégistede la villedeBordeaux, Officierde l'Instructionpublique.
Maire de Bordeaux.
A
Monsieur
le Docteur André MOUSSOUS Professeurdecliniquemédicale infantileàlaFaculté demédecinede Bordeaux, Officierde l'Instructionpublique.
A Monsieur le Docteur BAUDRIMONT ChirurgienhonorairedesHôpitaux, Chevalier de la légion d'honneur.
m - 1 :
■ . - -
" .:. .
il
■ k ' 1 ;/I mes Maîtres des
Hôpitaux,
MM. les Docteurs
VERDALLE, AUGHÉ, MESNARD, BOUVET, SABRAZÈS, LEFOUR.
Martinet
A mon Président de
Thèse,
Monsieur le Docteur André BOURSIER
Professeurde Clinique gynécologiqueàla Faculté deMédecine de Bordeaux, Chirurgien des Hôpitaux,
Membre correspondant de la Société de Chirurgie, Officierdel'Instruction publique.
PRÉFACE
Parvenu au terme de nos
études,
nous ne pouvons nousempêcher de jeter
unregard
enarrière, de
repasserles quelques
annéesqui viennent de s'écouler,
et d'adresserun cri de reconnaissance aux maîtres
qui
nous ontlait
ce que nous sommes, un mot d'adieu auxquelques amis
quenous avons eu le bien
grand plaisir de posséder
et quenous
laissons, les
unsdéjà installés,
nous ayantdevancé
dans la carrière
médicale, les
autres encore sur les bancs del'école.
M. le
professeur agrégé Sigaias
noustémoigna, dans le
courant de notre
première année,
uneréelle sympathie,
nous l'en remercions bien sincèrement.
C'est M. le Dr Baudrimont
qui guida
nospremiers
pas dans lapratique de la chirurgie; durant les deux années
passées dans sonservice,
nous avonsappris à connaître
et à aimer les
qualités de
ce maîtreaussi distingué
quebon;
qu'il veuille
bienaccepter
nosplus sincères
remer-cîments.
Notre
éducation médicale a été faite successivement parMM.
les DlsAuché, Mesnard, Sabrazès; M. le
pro¬fesseur
Lefour nous adirigé dans l'art des accouche¬
ments; enfin nous avons eu l'honneur d être 1 interne de
M.
le DrLande, de
M. le DrProuvet, de M. le professeur André Moussous qui
nous arendu facile 1 étude si délicate
et à la fois si intéressante des maladies des
enfants;
quetous veuillent bien être
persuadés de notre vive gratitude.
— 14 —
Nous remercions cordialement MM. les Drs
Fromaget et Mongour qui ont bien voulu
nouspréparer
au concours del'internat; si le
succès couronna enpartie
nosefforts,
c'est aux bonnes
leçons
et auxsoins constants de
ces deuxjeunes maîtres
que nousle devons.
M. le
professeur Boursier
nousa fait le bien grand
honneur
d'accepter la présidence de notre thèse ; c'est
lui
qui
nous ainspiré le sujet de notre travail inaugural ;
nous l'en avons
déjà remercié de vive voix, qu'il nous soit
permis de lui offrir
unefois de plus l'expression de notre
sincère reconnaissance.
Parmi nos
jeunes maîtres de la Faculté, M. le profes¬
seur Cannieu et M. le
professeur agrégé Pacfion se sont toujours intéressés à nous, nous avons voulu leur dire ici
les sentiments que nous
éprouvons à leur égard.
Nous remercions
aussi MM. les Drs Laconche, aide de
clinique de M. le professeur Boursier; Verdelet, cliel de
clinique de M. le professeur Démons, et Fraikin, chef
interne à
l'hôpital Saint-André, pour les observations que
nous devons à leur
obligeance.
Encore tout
jeune,
nousfûmes pendant plusieurs mois
en
proie à
unecruelle maladie ; si nous avons échappé
à une cécité presque
certaine, c'est assurément à M. le
Dr
Joseph Bélot
que nousle devons ; depuis, son affection
pour nous ne
s'est jamais démentie, et dans deux autres
circonstances encore que nous
n'oublierons jamais, nous
avons eu tout le
loisir d'apprécier ses soins aussi éclairés
que
dévoués, et la sympathie qu'il nous porte ainsi qu à
tous les nôtres ;
aussi
noustenons à l'assurer ici de notre
inaltérable reconnaissance.
Enfin tous nos
amis
savent avecquel regret nous les
quittons; tous nos vœux de succès les accompagnent, et
nous les
prions de vouloir bien nous conserver toujouis
leur
précieuse et sincère amitié.
DES
EMBOLIES PULMONAIRES
CONSÉCUTIVES A L'HYSTÉRECTOMIE ABDOMINALE TOTALE
HISTORIQUE. DIVISION DU SUJET
La mort subite par
embolie pulmonaire à la suite des grandes opérations abdominales,
et enparticulier à la
suite de
Ehystérectomie abdominale totale, n'est
certaine¬ment pas une nouveauté, et
cependant, alors
queEhysté¬
rectomie est
pratiquée depuis près d'un demi-siècle, elle
est restée méconnue
jusqu'à
cesdernières années, soit
que
les chirurgiens d'alors, plus négligents
oumoins
al'affût
des cas intéressants que ceuxd'aujourd'hui, aient négligé de publier les observations qui s'offraient
a eux, soit quebeaucoup de
cesfaits aient
purester ignorés des opérateurs.
C est en 1855 que
Gilmann Kimball fit de
proposdéli¬
béré
lapremière hystérectomie
pourfibrome interstitiel,
mais sans
technique opératoire bien arrêtée, d ailleurs hystérectomie sus-vaginale. Huit
ansplus tard, Kœberlé
Gisait
lui aussi sapremière hystérectomie; Péan le suivit
de
près,
etles premiers,
cesdeux chirurgiens, à
uneépo¬
que où
l'ovariotomie paraissait
encore unesingulière
- 16 —
audace, vulgarisèrent riiystérectomie,
endonnèrent
unetechnique raisonnée
etdécrivirent le procédé opératoire qui leur paraissait être alors le procédé de choix. Eh!
bien, pendant vingt-quatre
ans,la possibilité de
mortpar emboliepulmonaire à la suite de Ehystérectomie
resta totalement méconnue,puisque c'est
en1879 seulement
que
Péan, dans
sesleçons cliniques, la signala à l'attention
des
chirurgiens.
Depuis Péan, Ehystérectomie
estdevenue de plus
enplus
uneopération
courante, uneopération à la mode,
aussi les observations d'embolies
pulmonaires consécu¬
tives se sont-elles
rapidement
accrues.Martin, Duncan, Pozzi, Reclus;
enAllemagne, Wyder; plus récemment,
MM. les
professeurs Boursier (de Bordeaux),
etFolet (de Lille), à qui
nousdevons deux de
nosplus intéressantes observations,
etbien d'autres
en ontsignalé des
cas.Sur
l'inspiration de M. le professeur Boursier, il nous
a donc semblé intéressant de
compulser et réunir les
travaux pu
bl iés
surcette question jusqu'à
cejour. Sans
doute nous n'avons pas
la prétention d'apporter sur un sujet aussi délicat des idées
neuveset originales; les
considérations que nous
présentons sont
un peudu do¬
maine commun et la
critique
quel'on peut nous adresser
est d'être
trop resté dans les généralités. Notre excuse
est de n'avoir pu nous
baser
que sur unnombre trop res¬
treint
d'observations, cinq seulement, dont deux autop¬
sies,
carl'accident qui
nousoccupeest
assezrare heureu¬
sement. Nous voulons
simplement attirer l'attention du
chirurgien
surla possibilité de
cesembolies consécutives
à
Ehystérectomie,
surles dangers qu'elles présentent, sui
les moyens
de les éviter. Tout notre but est de laire un
travail de
synthèse plutôt qu'un travail d expériences pei-
sonnelles. Heureux serons-nous
si
nous ne noussommes
pas
montré trop au-dessous de notre tâche, et trop indi¬
gne
de la sympathie
quenos maîtres nous ont toujouis
témoignée !
— 17 —
Nous avons
divisé
notresujet
encinq chapitres. Le premier comprend l'étiologie
etla pathogénie, le
secondl'anatomie pathologique, le troisième
lessymptômes
etle pronostic, le quatrième le diagnostic; dans
uncinquième
et
dernier chapitre,
nous avonsexposé le
traitement enfaisant remarquer si les signes de thrombose qui
peuventse montrer chez une malade sont une
contre-indication
ou non à
l'hystérectomie
;enfin
nous avons terminé par lesquelques conclusions qui
nous ont étésuggérées dans
le courant de notre travail.
Martinet
2
CHAPITRE PREMIER ÉTIOLOGIE. PATHOGÉNIE
On
désigne
sousle nom de thrombose veineuse la coa¬
gulation du sang dans les veines. Si ce caillot ou une portion de
cecaillot formé se déplace dans l'arbre circu¬
latoire,
ondonne à
cenouvel acte pathologique le nom
d'embolie et le
caillot déplacé prend alors le nom d'em-
bolus.
Pour
qu'il
yait embolie, il faut donc qu'il y ait throm¬
bose, c'est là
unfait indiscutable et indiscuté. Mais, dans
le cas
qui
nousoccupe, quelle est l'origine de la throm¬
bose? Le
tlirombus
unefois formé, quel est le mécanisme
de son
déplacement, comment en un mot se fait l'embo¬
lie ?
Tout d'abord nous tenons
à faire
unedistinction impor¬
tante;
il
est eneffet des
casoù la malade, à qui l'on fait
subirune
hystérectomie, n'a ni phlébite ni thrombose avant
l'intervention; l'opération n'a pas complètement été faite
suivant les
règles de la plus rigoureuse aseptie, une phlé¬
bite se
déclare, phlébite qui est consécutive, et sous la
dépendance directe de l'hystérectomie ; c'est là le type
des
phlébites post-opératoires, si intéressantes et causes
d'accidents si
brusques, si imprévus. Dans d'autres cas,
la malade est
déjà atteinte de phlébite, de thrombose, et
alorsl'embolie
post-opératoire devient l'accident naturel,
connu et
signalé, de cette phlébite préexistante à 1 inter¬
vention. Cette
distinction
estimportante, nous en repar¬
lerons au
chapitre Traitement, et nous pouvons entrer
— 19 —
maintenant dans l'étude
de lapathogénie de l'accident qui
nousoccupe.
Dans une récente séance à la
Société d'anatomie
deBordeaux,
et à proposd'une observation
de M. le Dr Ver¬delet
ci-dessous mentionnée,
M. leprofesseur Arnozan disait
: « Toute embolie suppose unephlébite
». C'est que lathrombose infectieuse
esteneffet le processusordinaire.
La
plaie opératoire n'offre-t-elle
pas aux agentsinfectieux
une porte
d'entrée facile
etlargement
ouverte?Que
ces germesinfectieux, grâce à
uneantisepsie
peurigoureuse,
à une
faute opératoire passée inaperçue,
arrivent sur l'en-dothélium veineux,
unephlébite post-opératoire
ne tarde pasà
sedéclarer, la fibrine
seprécipite
auniveau
del'endothélium
veineuxenflammé,
uncoagulum
seforme,
la
thrombose
est constituée.Quel
est lechirurgien qui
peut se vanterd'avoir opéré d'une façon idéalement aseptique? Comme
le fait remar¬quer, avec
juste raison,
M. leprofesseur Folet (de Lille),
un
loyer d'infection
peut seformer
au niveau d'une
liga¬
ture, d'une soie, d'un catgut, auxquels
oncroyait pouvoir
se
fier,
etqui, malgré l'étuve
etl'ébullition, étaient
restésimparfaitement aseptiques; foyers d'infection
bien res¬treints, bien localisés
à lavérité,
maislargement suffi¬
sants.
MM.
lesdocteurs Auché
etChavannaz (de Bordeaux),
ont
fait
à cesujet des expériences fort concluantes, 'que
nous
retraçons
en détail parce quelles
sont, aupoint de
vue
qui
nous occupe,fort intéressantes.
«
Lorsqu'il existait, disent
cesexpérimentateurs,
un»
épancliement péritonéal
au moment del'ouverture
du»
ventre,
nous avons aussitôt recueilli de celiquide dans
»
des pipettes de Pasteur;
àla fin
del'opération,
nous» avons ensuite
prélevé
encorequelques gouttes du
con-» tenu
péritonéal.
»
Lorsqu'au
moment de l'ouverture la cavitépérito-
» néale ne
contenait pas
de liquide,
nous avons, versla fin
- 20 —
» de
l'intervention, aspiré dans des pipettes de Pasteur
»
quelques gouttes de
sangépanché dans le cœlome.
» Chez certains
sujets, il
aété établi
undrainage à l'aide
» d'un gros
drain
encaoutchouc pénétrant profondément
» dans l'abdomen. Chez ces
malades,
nous avonsprélevé
» à des dates différentes du
liquide des drains.
» Ces différents
liquides ont été ensemencés sur bouil-
» Ion et aussi en milieux
solides. Lorsque
cesensemence-
» ments ont donné des
résultats positifs,
nousavons plu-
» sieurs fois cherché
quelle pouvait être la virulence des
» germes
ainsi isolés, et pour cela nous avons fait chez le
»
lapin des injections intra-péritonéales de ces cultures.
» Conclusions :
» 1° Dans la
grande majorité des cas (85 pour 100 envi-
»
ron) le péritoine est infecté au cours des laparotomies
» et du fait des manœuvres
du chirurgien
;» 2° Le nombre des
microbes introduits dans le péri-
» toine est
toujours
peuconsidérable, puisque l'ensemen-
» cernent d'une
petite quantité de liquide péritonéal est
»
parfois resté stérile, alors qu'ensemencé plus abondem-
» ment dans un autre
tube, il donnait
unrésultat positif.
» Cette infection
peut
ne setraduire par aucun syrnp-
» tôme
général
oulocal
;d'ailleurs la virulence des ger-
» mes isolés a été
faible, puisque les animaux inoculés
» dans le
péritoine ont résisté.
» 4° Le microbe rencontré
le plus fréquemment au cours
» de ces infections
péritonéales bénignes est le staphylo-
» coque
blanc à l'état de pureté ».
On
pourrait
sedemander, après cela, comment le péri¬
toine n'est pas
atteint gravement plus souvent, comment
la
péritonite n'est pas plus répandue. Les recherches de
Gravitz ont montré que,
pour obtenir une péritonite chez
un
animal, il
nesuffit
pasde faire pénétrer des germes
infectieux dans sa
cavité péritonéale, il faut aussi que ces
germes
soient assez virulents et le péritoine en état de
moindre résistance.
— 21 —
Donc, 85
fois sur100,
aussisoigneux qu'il ait été, le
chirurgien
ne peut se vanterd'avoir fait
uneopération idéalement aseptique
; ne nousétonnons
doncplus à pré¬
sent de la
place
queprend l'infection dans
laproduction
de ces
phlébites
et de cesthromboses, phlébites
post¬opératoires analogues
auxphlébites
post partum,d'au¬
tant
plus déconcertantes
querien
souvent nesaurait les faire
prévoir,
et si nous avons cité lesexpériences
de MM.Auché
etChavannaz,
c'est pourbien
montrer l'im¬portance
de l'infection
dans lapathogénie de la throm¬
bose après hystérectomie.
Mais si la
thrombose infectieuse
est le processushabi¬
tuel, le
caillot nepeut-il cependant quelquefois
seformer
autrement ? Ilfaut, selon
nous,répondre affirmativement
à cette
question
: lacompression,
eneffet, n'est-elle
pascapable d'occasionner
laformation
d'unthrombus
?Certes
nous savons quel'action mécanique de la
tumeurn'est
passi grande
quecertains
auteursont voulu ledire;
nous savons
qu'on observe
souvent,fort heureusement d'ailleurs, des fibromes
utérins ou deskystes de l'ovaire volumineux
sansthrombose
veineuse ; nous savonsla
thrombose, lorsqu'elle existe, n'est nullement
en rap¬que port avec la grosseurde la
tumeuret parconséquent
avecl'intensité
de lacompression
; etcependant
nous croyonsqu'il
nefaut
pasrayer
complètement
cettecompression
du cadre
pathogénique de la thrombose.
La
compression
exercée par une tumeur sur les veines dupetit bassin
ou des organesqui
y sont contenus, peutmodifier
la constitution normale de cesvaisseaux;
orl'ex¬
périmentation démontre
que toute
modification
dans laconstitution
normale d'un vaisseau favorise laprécipita¬
tion de la
fibrine. Dilacérez
unevalvulecardiaque
aumoyend'un instrument introduit
dans lajugulaire (Rosenbach),
grattez la face interne d'un vaisseau avec un
stylet,
et vousobtiendrez
un caillot aupoint précis où
aporté le
contact anormal ;
c'est
aussi par cemécanisme
quel'écra-
sement d'une artère assure
l'hémostase,
enfavorisant la
formation d'un caillot au niveau de la déchirure des deuxtuniques internes.
Laissons
parler M. le professeur Folet
: «Pourquoi
ne veut-on pascroire possible
quedans
uneveine obstruée
par une
compression,
par uneligature, la colonne
san¬guine soit susceptible de
secoaguler ? Je n'y vois
pourma
part
aucuninconvénient. Je sais
que ce quej'écris là
est terriblement démodé : la
conception Virchowienne
des thromboses
primitives, après avoir longtemps régné
en
maîtresse,
estreléguée dans le domaine des vieilleries.
Qui sait si
on nela démontrera
pas unjour, applicable à
certains faits ? Sans être très vieux encore,
j'ai déjà
vu de cesregains de succès
enfaveur de théories médicales dédaignées
:multa renascentur
quœjam cecidere ».
Enfin,
outrela compression,
nefaut-il
pasincriminer
aussi l'état du sang
? Parmi
ces pauvresmalades qui vien¬
nent réclamer l'intervention du
chirurgien, beaucoup sont anémiées, les
unes pardes hémorrhagies répétées, occa¬
sionnées par une
tumeur,
unfibrome utérin par exemple,
ou par
des opérations déjà subies, les autres par un régime
alimentaire insuffisant ou un
travail au-dessus de leurs forces, d'autres enfin
par unediathèse, un cancer, une
cachexie
quelconque
;leurs globules rouges sont en nom¬
bre
insuffisant, pendant
queleurs globules blancs se sont
multipliés, c'est l'expérience qui nous l'apprend, et ces leucocytes ont plus de tendance à suivre la paroi interne
des vaisseaux avec bien moins
de vitesse
queles globules
rouges
emportés rapidement par le torrent circulatoire,
et à
s'y attacher. De plus, que la circulation soit de son
côté
ralentie,
parle fait d'un cœur graisseux ou surmené
et
remplissant mal
sesfonctions, et les conditions émi¬
nemment favorables à
la formation d'un thrombus seiont
réalisées.
Enrésumé,
si
nousdevons donner le pas à 1 infection
dans la
genèse de la thrombose, si l'agent infectieux est
— 23 —
la causecommunedes
accidents dont
nous nousoccupons, qu'il
noussoit permis de donner
à côtéd'elle
unepetite place à la compression
et àl'état
du ranget de la
circu¬lation ; souvent
même,
ces trois agents sont réunis sur le mêmesujet, s'entr'aidant,
secomplétant l'un l'autre,
etconcourant chacun pour sa
part
aubut final
: laformation
duthrombus,
etdans
ce cas ce but final n'en estplus sûrement
atteint. queQuant
au mécanisme dudéplacement du caillot, il
estbien facile à
comprendre. Nous
verrons à proposde l'ana-
tomie
pathologique, les dispositions anatomiques qui favorisent
lemorcellement
duthrombus,
etles phénomè¬
nes de
régression qui
augmententsafriabilité. Quand
cesconditions
sontréalisées, la
moindre causequi active la circulation
ou augmentela
tensionsanguine
estcapable
de
détacher
duthrombus
un caillot.Qu'une émotion,
unmouvement
intempestif, spontané
ouprovoqué, vienne
apporter sonappoint, qu'une ponction
ayant pourbut de diminuer
leliquide d'un kyste de l'ovaire,
oul'ablation
del'utérus
pour unfibrome
vienne fairedisparaître la compression
exercée par cekyste
ou cefibrome
sur les veinesvoisines,
etle
sang,qui
auparavantempruntait
pour suivre son cours les
collatérales, débouchera
par cescollatérales, viendra
battre souvent avec force le throm¬bus
formé, l'ébranler,
et unepartie de
cethrombus, emportée
parle
torrent circulatoire et devenue dès lorsembolie,
venant des veinesiliaques
parexemple, atteindra
la veine
hypogastrique, la veine
cavequi le conduira dans l'oreillette droite.
Celle-ci la lancera dans le ventriculedroit qui le projettera à
son tourdans
l'artèrepulmonaire;
là il
s'arrêtera
àl'éperon de bifurcation de
cetteartère,
etsupprimant
ainsi la circulationpulmonaire, amènera subi¬
tement ou
rapidement la
mort.La condition la plus im¬
portante
qui favorisera le morcellement
duthrombus,
sera donc le
voisinage d'une
grosseveine libre de
toutobstacle
au cours du sang;c'est l'un des points
surles¬
quels Virchow
a leplus fortement insisté.
— 24 —
Y a-t-il une corrélation
quelconque entre
ces grossinus veineux,
quel'on trouve si fréquemment
surles
tumeurs utérinesvolumineuses,
etla formation d'une thrombose?
Quelles
sontles veines d'où partent habituellement les
embolies ; sont-ce
lesveines du pédicule, sont-celesveines
du
petit bassin? Nous
croyons, sanspouvoir
endonner la
preuve, que ces
veinesflexueuses
etdilatées qui sillonnent
la surface des grosses
tumeurs utérines,
etqui atteignent
souvent la grosseur
du petit doigt,
nous avons pu nousen convaincre sur un fibrome
pesant 15 livres et opéré
tout récemment par
M. le professeur Boursier, sont émi¬
nemment favorables à la formation d'une thrombose. Les veines du
pédicule, du ligament large, fortement dilatées
chez les
porteuses de tumeur utérine quelconque, offrent
anssi un lieu de
prédilection
pourla formation d'une
thrombose infectieuse
post-opératoire
;cesont
cesveines,
à notre
avis, qui sont le plus souvent le point de départ
de l'embolus. M.
Folet, dans
sonobservation ci-dessous mentionnée,
pense quele lieu de formation de la throm¬
bose, qui occasiona l'embolie dont mourut
samalade,
était une veine du
ligament large; M. Fraikin,à l'autopsie
de sa
malade,
atrouvé
unethrombose d'une veine utéro-
ovarienne.
CHAPITRE 11
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Quelle
est constitution del'embolus?
Dansquel point
du réseau vasculaire
pulmonaire peut-il s'arrêter? Quelles lésions détermine-t-il
? Telles sont les troisquestions
quenous
devons
nous poser, et que nousallons résoudre
dans le courant de cechapitre.
Nous
devons
dire tout d'abord quedans le
casprésent, toujours
ou presquetoujours c'est d'une grande embolie
del'artère pulmonaire qu'il s'agit. On sait
eneffet
querarement
produites
pardes caillots nés dans
le cœurdroit,
les
grandes embolies pulmonaires
reconnaissent pourcause
habituelle
les thromboses des veinespériphériques,
tandis que
les embolies
moyennes sontdues le plus
sou¬vent à un
thrombus cardiaque,
et queles embolies capil¬
laires,
gazeuses,graisseuses, microbiennes
ounéoplasi-
ques
relèvent,
ainsi queleurs
nomspeuvent le laisser prévoir, de
causesmultiples
etvariées.
L'embolus,
cebloc erratique,
pour nousservir de
l'expression imagée de Gubler,
seprésente généralement
sous la
forme
d'uncylindre composé de couches stratifiées qui
sont desdépôts de fibrine, d'un blanc jaunâtre à 1
ex¬térieur, d'une
coloration brunâtre àl'intérieur,
à surlaceirrégulière,
portantquelquefois l'empreinte de valvules veineuses,
etcapable de s'adapter
aucaillot de throm¬
bose dont
il émane et dont ilconserve
l'aspect et la
struc¬ture. A son extrémité
supérieure
setrouve
unrenflement
qui le
fait ressemblerassez exactementauserpent à lunet-
— 26 —
tes,
dont la tête fort petite
estsupportée
par unrenfle¬
ment cervical énorme. Si Ton
incise, ainsi
quele fait
remarquer
M. Bail dans
sathèse inaugurale, cette partie renflée,
on trouveau-dessous de
cescouches
dont nousvenons de
parler, et qui forment
pourainsi dire la
coque del'embolus,
unesubstance
roséebeaucoup plus molle,
s'enlevant facilement par
le grattage, et composée de
gra¬nulations
moléculaires, de globules
rouges,de quelques leucocytes, de quelques fibrilles et enfin d'une quantité
assez considérable de
gouttelettes graisseuses qui dispa¬
raissent si on les traite par
l'éther, qui
secolorent
ennoir
si on les traite par
l'acide osmique.
Mais cet embolus ainsi constitué ne
remplit
pastou¬
jours d'emblée la lumière du vaisseau; il
netarde pas cependant à l'oblitérer complètement
parl'adjonction de coagulations secondaires qui viennent renforcer pour ainsi
dire le caillot
primitif, et il
seforme de la sorte : 1° un
caillot cortical
qui enveloppe l'embolus; 2°
uncaillot ter¬
minal s'étendant dans les ramifications du vaisseau
obli¬
téré et formé par
le
sangayant passé à côté de rembolus
avant l'oblitération
complète; 3°
uncaillot prolongé formé
en
deçà de l'embolus
ettourné
versle
cœur.Il nous semble nécessaire ici de
dire
un motseulement
sur les altérations que
peut subir le thrombus.
Ces altérations ont pour
point de départ la fibrine qui
compose
le caillot, et la structure certainement très com¬
plexe de la fibrine à l'état normal laisse facilement entre¬
voir la nature essentiellement
diverse des modifications
que
peut subir
ceprotée, ainsi que l'appelle ingénieu¬
sement Robin. La fibrine
peut s'incruster de sels calcai¬
res ;
elle peut subir la transformation purulente, mais la
modification
graisseuse, la dégénérescence stéatosique est
de
beaucoup la plus fréquente
;tandis que les premiè¬
res sont
l'exception, la dernière est la règle, et c est ainsi
que
le thrombus deviendra facilement friable et éminem¬
ment propre
à engendrer un embolus.
— 27 —
Formé ainsi que nous venons
de
le montrer,l'émbolus
s'arrête leplus
souvent àl'éperon de bifurcation de
l'ar¬tère
pulmonaire
;s'il
nes'accroche
pas en cepoint, il s'engage
presquetoujours dans le
poumondroit
etdans
la branche
qui alimente le lobe inférieur,
cequi s'expli¬
que par
la plus grande dimension des
vaisseauxqui
se rendent aupoumon
droit
et àla
base.Quant
auxlésions qu'entraîne la production d'une
em¬bolie
pulmonaire, elles
sont en rapport avecl'importance
durameauartériel
oblitéré,
eton ne sera nullementétonné de ce fait si l'on serappelle
queles branches de l'artère pulmonaire
sontterminales, n'ont
aucune communicationavecles artères
bronchiques,
sontuniquement destinées à
la nutrition del'organe,
etincapables de lui fournir,
aupoint de
vuede l'hématose,
unecirculation supplémen¬
taire.
Toutes les fois que
l'embolie
nedétermine
pasla
mort subite ourapide, l'artère s'enflamme, les
poumons se con¬gestionnent, des
adhérences s'établissent entre l'émboluset les
parois vasculaires,
etdiverses altérations
peuventen être la
conséquence. Yirchow, dans
sesnombreuses
tentatives pourintroduire parles veines des obstacles de diverse
nature dans la circulationpulmonaire,
a vudes lésions
fort variables seproduire, depuis la pneumonie enkystée, jusqu'aux altérations gangréneuses.
D'ailleurs
l'émbolus lui-mêmepeut subir des modifica¬
tions variées : il peut
s'incruster de sels calcaires, être remplacé
par unebande de tissu celluleux
; on amême prétendu qu'il
peutdevenir le
noyaud'une tumeur cancé¬
reuse ;
il
peut serésorber
peuà
peu,mais toujours
sous 1influence
de l'actionimpulsive du
cœur,il s'engage alors dans
les ramifications deplus
enplus ténues, et ainsi, embolie primitivement volumineuse, donne naissance
à desembolies capillaires multiples. Enfin
on asignalé des
cas où
l'émbolus
seperfore à
son centre etpermet ainsi
au
sang de reprendre
sonancien
cours.— 28 —
Mais la mort subite ou
rapide est dans la grande majo¬
rité des cas le corollaire
obligé de l'embolie pulmonaire.
On trouve alors au début un peu
d'anémie du tissu pul¬
monaire et de l'atélectasie ; un peu
plus tard, l'anémie
lait
place à la congestion et il
seproduit même
un peu d'œdème.Cettehyperhémies'explique, d'après M. Achard,
par
le reflux du
sangdans la veine pulmonaire qui
cor¬respond
auterritoire embolisé.
En nous
reportant à
nosobservations,
nous voyons queles choses peut-être
un peugénérales
que nousvenons
d'exposer, s'appliquent
au casparticulier qui
nousoccupe.
Sur
cinq observations, deux fois seulement l'autopsie
aété faite ;
la première
arévélé la présence d'un caillot
volumineux,
àcheval
surl'éperon de bifurcation de l'ar¬
tère
pulmonaire, la seconde révèle la présence d'un caillot qui
occupeentièrement l'artère pulmonaire, autant à droite qu'à gauche, et les ramifications aussi loin qu'on puisse
les suivre.
CHAPITRE III
SYMPTOMES. PRONOSTIC.
Avant
d'entreprendre l'étude symptomatique de l'affec¬
tion
qui
nous occupe, nous ne pouvons nousempêcher
de
répondre
toutd'abord
à unequestion, question inté¬
ressant au
plus haut point le clinicien
etqui vient d'em¬
blée à
l'esprit
:l'embolie pulmonaire qui peut
seproduire après l'hystérectomie offre-t-elle le tableau clinique de l'embolie pulmonaire
engénéral? En d'autres
termesles symptômes dans
ce casd'embolie pulmonaire sont-ils les symptômes classiques partout bien décrits
etbien
connus de cet accidentpathologique?
Nous avons voulu nous en
rapporter uniquement
auxquelques observations qu'on
a eul'obligeance de
nouscommuniquer,
et auxquelques
raresindications
que nous avonsglanées dans les journaux scientifiques, et
nous avons conclu queles symptômes sont les mêmes,
quele
tableau clinique classique
nevarie
pas, oubien
peu.Le
voici en
quelques
mots.Une malade
opérée récemment est
enpleine convales¬
cence;
les points de
suturede la plaie abdominale ont été enlevés;
aucune douleur dans le ventre,ni spontanée, ni provoquée, n'est plus
perçue parla patiente; 1 appétit est bon, la température excellente
; on seréjouit déjà de cette guérison
presqueassurée,
car eneffet
aucunsymptôme
ne fait
prévoir
encorele drame qui
va sedérouler; nous disons
aucunsymptôme, pourtant quelquefois la malade
se
plaint d'un point de côté entre les épaules, de légères
— 30 —
douleurs dans les membres
inférieurs,
sespommettes
sontplus
oumoins colorées, mais
cesphénomènes
sontsi atté¬
nués, si bénins,
quela plupart du temps ils
nelaissent
pas supposerle dénoûment brutal, inattendu, qui
seprépare.
En effet
brusquement,
aumilieu d'une conversation,
mêmeau milieu dusommeil, la malade
pousse uncri de
terreur;
elle
est enproie à
unedyspnée extrême
;le buste penché
en avantafin de
mettredans la position la plus
favorable tous ses muscles
inspirateurs, elle
essayede
s'accrocher aux personnes ou aux
objets qui l'entourent,
ou d'arracher avec ses mains de sa
poitrine
comme unpoids
ou unétau qui l'oppresse; chose étrange, elle
a mêmequelquefois conscience de l'obstacle qui s'oppose
au cours du sang,
elle
enindique le siège précis, et l'au¬
topsie confirme
souvent,dit Vidal,
cesingulier diagnostic.
Les
joues, d'abord pâles et
exsangues,deviennent bientôt bleuâtres, la face
se cyanose,les jugulaires sont truges-
centes,
les
yeuxsaillants, les pupilles dilatées, le cœur
battumultueusement, le pouls est fréquent mais petit;
quelquefois des phénomènes
nerveux,convulsions, délire,
viennent
compléter la scène, et avant qu'on ait
puappeler
un médecin ou
apporter du
secours,la malade,
enproie à
une
prostration croissante et couverte de
sueursfroides,
ne tarde pas
à succomber.
Telle est la forme
foudroyante la plus commune. II est
des cas dans
lesquels la mort est plus brutale encore; la
malade
pâlit brusquement et meurt, c'est la forme synco- pale,qui d'ailleurs
aété niée
parbeaucoup d'auteurs. Enfin
quelquefois, après
unictus semblable à celui que nous
venons de
décrire, la malade présente une amélioration
notable bientôt suivie d'une nouvelle
crise, d'un nouvel
ictuset ainsi de
suite,
etaprès plusieurs périodes d'aggra¬
vation et de rémission
qui correspondent probablement
au
déplacement de l'embolus, elle succombe dans une
crise finale.
Si l'embolie
pulmonaire
seproduit généralement qua-
— 31 —
torze,
vingt, vingt-cinq jours après l'opération, il
est aussi des casbeaucoup plus
rares où elle seproduit
unjour, deux jours après l'hystérectomie,
etBouilly
a rap¬porté
uneobservation
de mort parembolie pulmonaire quarante-huit heures après l'opération
et sansqu'il soit possible, l'auteur
insistelà-dessus, d'incriminer
l'inter¬vention. Dans les
observations
que nouscitons, la
mortaprès embolie
est survenue, pourla première sept jours,
pour
la deuxième dix-neuf jours,
pourla troisième
onzeheures,
pourla quatrième
onzejours
et pourla cinquième vingt
et unjours après l'hystérectomie. 11
ne faut donc pasoublier qu'à côté des
emboliespulmonaires tardives
lesplus habituelles, il
estdes
emboliesprécoces, infini¬
ment moins
fréquentes,
et queles premières
sontde
beaucoup les plus trompeuses, justement
parcequ'elles viennent surprendre la malade
à un moment où on lacroyait hors de danger
et pourainsi dire guérie.
Reprenons maintenant
un à un et avecquelques détails chacun
desprincipaux symptômes. Ce qui frappe
au pre¬mier
abord, c'est
ladyspnée; l'inspiration
estprofonde,
longue, incessante; la bouche
estlargement
ouverte, et, pour nous servir del'expression consacrée
:la malade
a« soif d'air ». Elle est dans l'attitude de
l'orthopnée
et la
respiration atteint le
chiffre de 40 à 50 parminute.
Cependant,
cettedyspnée n'est
pasproduite
pardéfaut
<-le
pénétration
de l'air dans les poumons, carsi
on exa¬mine
l'appareil pulmonaire à
cemoment-là, les signes physiques font complètementdélaut,
cen'est
queplus tard qu'apparaissent
de la matité et dessignes de
conges¬tion et
d'œdème, elle
est due à l'arrêt subit de 1 hé¬matose.
L'état
du cœur et de la circulation fournit dessignes importants.
Le sang,lancé
parle ventricule droit dans
1 artère
pulmonaire,
trouvelà
unobstacle qui
s oppose a sa marche;il reflue
dans le cœur droitqui devient impuis¬
sant à
lutter
contre la massesanguine, d'où pléthore vei-
— 32 —
neuse et anémie artérielle :
pléthore veineuse
setradui¬
sant par
des
mouvementscardiaques tumultueux
audébut, affaiblis ensuite, des jugulaires turgescentes et
animées de battements ;
anémie artérielle
pardes verti¬
ges,
du refroidissement des extrémités,
surtoutde la rapi¬
dité et de la
petitesse du pouls.
Un auteur
allemand, Wyder,
ainsisté spécialement
sur ce dernier
signe;
unfait l
afrappé
:c'est le désac¬
cord
qui existe d'après lui dans
ce casentre le tracé de
la
température
etcelui du pouls. Tandis
quela tempéra¬
ture reste
normale, le pouls est fréquent et petit, quatre
ou
cinq jours même avant l'apparition des autres signes
de
thrombose,
et à proposd'une observation, l'auteur souligne les lignes suivantes
: «Quand les deux
outrois premiers jours après l'hystérectomie,
onconstate un pouls plus fréquent qu'à l'ordinaire, et ceci dans des con¬
ditions où les
phénomènes de la septicémie font défaut,
où la
température reste normale et l'état général satisfai¬
sant,
quand,
en unmot, cette fréquence anormale du pouls
nepeut être rattachée à
aucune cause,elle doit aus¬
sitôt donner l'éveil et faire songer
à
uneembolie qui se prépare
».11
ne nous a pasété donné de pouvoir contrô¬
ler l'assertion de
Wyder,
nous ne pouvonsdonc nous permettre de porter
uneappréciation quelconque sur son opinion;
nousdonnons
cesymptôme
pource qu'il vaut.
Quant
auxtroubles
nerveux,ils sont
sousla dépen¬
dance directe de l'anémie artérielle et par
conséquent de
l'anémie
cérébrale; ils consistent
envertiges, perte de
connaissance, cependant l'intelligence est ordinairement
conservée et la malade se voit pour
ainsi dire mourir.
Ce que nous avons
déjà dit de l'embolie pulmonaire va
nous
dispenser de
nousétendre longuement sur le pro¬
nostic.
Certes,
on aobservé des
casde guérison, mais si
rares
qu'ils constituent
presquedes exceptions, la termi¬
naison habituelle est la mort. On a
longuement discuté
pour
savoir si
ondevait attribuer la mort à l'asphyxie ou
— 33 - à la
syncope;
retracer lesluttes
que cettequestion
a sou¬levées n'entre
pasdans
le cadre de notresujet;
nous nouscontenterons de faire
remarquer qu'il
y adeux façons
de mourirasphyxié
:la première
parobstacle
àl'arrivée
de l'air dansl'arbre respiratoire,
la secondepar
obstacle
àl'arrivée
dusang dans les vaisseaux
del'hématose
et parconséquent suppression de
cettehématose,
et c'est à cetteforme d'asphyxie qu'avec le grand
maîtreTrousseau
nous
attribuons
la mortdans
lesembolies pulmonaires.
Martinet
3
CHAPITRE IV
DIAGNOSTIC
Le
diagnostic
neprésente ordinairement pas de diffi¬
cultés;
nousdisons ordinairement,
cgril est des cas où
le clinicien
peut
setrouver fort embarrassé. Les circons¬
tances dans
lesquelles
seproduisent les accidents chez
une malade récemment
opérée, la constatation d'une
thrombose veineuse
périphérique, quelquefois la disparition
de cette thrombose
coïncidant
avecles symptômes dys- pnéiques donnent la certitude au diagnostic.
Pourtant, surtout
lorsque les signes de thrombose péri¬
phérique font défaut ou ont été fort atténués, on pourrait
peut-être songer soit à une dyspnée d'origine nerveuse,
mais ces
dyspnées surviennent dans des conditions bien
différentes, et ne
s'accompagnent pas en général du
même affaiblissment
des battements cardiaques et du
pouls
;soit à
unesyncope qui s'en distingue par la perte
de connaissance,
la pâleur persistante, l'arrêt de la respi¬
ration et du
pouls; soit à une rupture du cœur, mais dans
ce cas la tendance
syncopale l'emporte sur la tendance
asphyxique et de beaucoup; le diagnostic peut cependant
être malaisé entre
l'embolie pulmonaire et ces ruptures
du cœur où les
malades meurent rapidement.
II est deux affections
dont le diagnostic est plus délient
et que nous
avons réservées pour les dernières, nous vou¬
lons
parler des polypes fibrineux du cœur et des caillots
autochthones
de l'artère pulmonaire.
Dans le cas de
polypes fibrineux du cœur, la formation
du