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La filière bois-énergie

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Texte intégral

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CORAF

Il ~

1

Union Européenne Amélioration et gestion de

la jachère en Afrique de l'Ouest Projet 7 ACP RPR 269

La filière bois-énergie au Mali

Analyse bibliographique critique Didier BAZILE

Q

avec le concours de

Mission Française de Coopération et d'Action Culturelle,

ORSTOM

.r

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CORAF Union Européenne Amélioration et gestion de

la jachère en Afrique de l'Ouest Projet 7 ACP RPR 269

La filière bois-énergie au Mali

Analyse bibliographique critique Bamako, septembre 1997

Didier BAZILE

OR8TOM Projet Jachère

B.P. 84 Bamako MALI

tel (223)

22.43.05.1

fax (223) 22.75.88.

email: bazile@bamako.orstom.ml

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Avant-propos

Au cours des 15 dernières années, les études réalisées et les projets de développelllènt ont nll' lalcctl!'t' l'importance de la filière bois énergie au Sahel. L'accumulation de connaissance~ l1éce~~ltc nWlIlten,1I11 de tin'!

des enseignements pour proposer de nouvelles orientations forestières.

La consultation d'un certain nombre de références bibliographiques a pcrmisd'esqul~~ercetle premlel e \\nthc~e

Je tiensàremercier toutes les personnes qui ont bien voulu participer à la relecture de cc tiocunlcnt - Hamady KONANDJI, Chef de la CCL (SED Mali)

- Yacouba OOUMBIA, DNAER Bamako - Amadou KOUY ATE, ARFS Sikasso

- Yves NOUVELLET, Assistant Technique SEO (Cirad-Forêt) - Pierre MONTAGNE, Projet Energie 11- Niamey (Cirad-Forêt) - Jean-François METRAUX, Intercoopération Suisse

- Rosaire SIMARD,BITForêt Kita

- René MASSE, GRET/CREDAS (CILSS-Union Européenne) - Willem FLOOR, Banque Mondiale

- Hubert De MILLY, Mission Française de Coopération et d'Action Culturelk

Doctorant à l'ORSTOM de Bamako, je réalise ma thèse sur "la gestion des espèces ligncu~es Clll'Ie',L"I,.jliL': til., jachères et savanes soudano-sahéliennes du Mali". Cette bibliographie, qui s'inscrit en marge de ma llèmdl'chc de recherche, s'est avérée nécessaire pour rassembler les éléments épars de la filière boi'i-éncrgle ,1lI Mail ct dc k, confronter de façon critique, C'est pourquoi l'analyse avance plus loin dans sa cntlquc qu'une blhllllgr~IIJhlc

classique.

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TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS 5

INTRODUCTION 13

DES CONCEPTS SIMPLIFICATEURS 13

LA FIN DES RESSOURCES INFINIES 13

1. INSTANCES DE DECISIONS QUI PRESIDENT AU CONTROLE ET A LA MOBILISATION DES

RESSOURCES 15

1.1.LE MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE L'ENVIRONNEMENT (MDRE) 15

1.2.LES TROIS DIRECTIONS NATIONALES 15

1.3.LES STRUCTURES RATTACHEES AU MDRE 16

2. LEGISLATION RELATIVE A L'EXPLOITATION DU BOIS (CODE FORESTIER ET DROITS

COUTUMIERS) 17

2.1. LES CARACTERISTIQUES DE LA LEGISLATION COLONIALE 17

2.2. LES ORIENTATIONS DU RPTES 18

2.3.L'AVENIR DE LA DECENTRALISATION 18

2.4.QUELQUES ELEMENTS DE LA NOUVELLE I-EGISLATION r:DRESTIERE 20

2.41. Desprincipesfondateurs... ]()

2.42. Un Service Forestier avec de nouvelles missions ... ]()

2.43. La création des marchés ruraux a1/ coeur des 101.1' .. ] 1

3. LES ESPACES QUI PARTICIPENT A LA PRODUCTION DE BOIS-ENERGIE 23

3.1. LES ESPACES BOISES AU MALI SELON LEUR GESTION 23

3.2. LES ESPACES nOISES AU MALI SELON LEUR PHYSIONOMIE 25

3.21. Lesformationsfermées . .. .](j

3.21 1. Les forêts et les franges forestières ripicolcs 26

3.212. Les forêts denses sèches. .26

3.213. Les fourrés .26

3.22. Les/ormations ouvertes. .. . . . .

::ri

3.221. Les forêts claires.. . . . . . 26

3.222 Les savanes . . .. .. .. 27

3.223. Les steppes... . 27

3.3. UNE AGRICULTURE CONSOMMATRICE D'ARnRES EN MILIEU RURAL 29

3.31. Fonctions de l'arbre et desformations boisées pour l'agriculture... ]9

3.311. L'arbre rural.. 29

3.312. Les cspaces forestiers ou espaces sylvopastoraux... 29

3.3]. Une dichotomie de l'activité agricole . . ]1)

3.33. Les activités d'enlèvements de bois en agriculture... .. .. .. 30

3.331 Des défrichements de plus en plus nombreu).. . . JO

3.332. L'élevage. une activité d'épargne . . JI

3.34. Interface entre les activités agricoles. .. . . . .31

3.341. AfiCctation du làcteur travail. . . . . . . JI

3.342. AfiCetation de la terre .. .. . . . . J 1

3.35. L'agro-!>ylvo-pastorallsmeàl'épreuve. .. .. . . 3]

3.4. LES USAGES DES PRODUITS FORESTIERS AU MAU 33

3.41. Les bois .1'01/.1' toutes ses formes ~'. .. . . 33

3.4]1.Le bois de service... . .. . 3J

3.412 Le bois d'oeuvre . . . . .. .. JJ

3.413. Le bois de feu... . . . . . JJ

3.414. Le bois d'artisanat . . . 34

3.42 Les produits de la cuet/lette .. 3-1

3.421 Les produits alllllcntaires ct médicinau).. . . ... .. ... J4

3 422. Les produits d'artisanat . . . J6

3.43. Lesfourrages arborés. . . . . .. 36

3.5. LES nOls DE FEU, DES ORIGINES MULTIPLES 36

7

(8)

4. STATlSTIQUES CONCERNANT L'EXPLOITATION, LA COM,MERCIALISATlON ET LA

CONSOMMATION DE BOIS-ENERGIE 38

4.1.LES ELEMENTS DE LA FILIERE BOIS-ENERGIE 39

4.11. La production 39

4.111. la coupe pnr les femmes 39

4.112. La coupe par les exploitants ruraux 39

4.1 13. La coupe par des bücherons migrants 39

4.114. La coupe pnr des bücherons salanés 40

4.115. Ln coupe par les régies de productIOn 40

4 116. La coupe par les charbonniers... .. .. 40

4 12 Le transport 42

4.121. les transports non motorisés .. 42

4.1211. àpied 42

4.1212. chameau .42

4.1213. charrette 42

4.122. les transports motOrISés .43

4.123. autres moyens de transports . .. .43

4.1231. la pirogue. .. . . .. . .. . . .. 43

4.1232. le traill 43

-/.13 Le commerce .. . . .. 45

4.131 La vente. . . .. 45

4.131t.la velite primaire ell milieu rural... . .. 45

4.1312. vente secomlaire en milieu IIrbain... . . . .. .. .. .. . .45

41.32. Les produits bois de feu. .. 46

4.133. La structure des prix... . 46

4 14. La consommation des combustibles ligneux 48

4.141. Données générales sur la situation énergétique du Mali: la place du bois de feu tàce aux autres énergies

disponibles 48

4.142. La consommation des ménages 48

4.1421. en milieu rural : 48

4.1422. ell milieu urbain .49

4.143. La consommation des entreprises 51

4.2. ETUDE DE FILIERES DE BAMAKO ET DE LA 3EME REGION 52

4.21. Bamako .. 52

4.21/. Le bois de feu... . . . 52

4.212. Le charbon de bois . .. . 53

4.22. Sikasso 54

4.221. Le bois de feu.... . 54

4.222. Le charbon de bois... .. 56

4.23. Koutiala 57

4.231. Le bois de feu 57

4 232. Le charbon de bois 59

4.24. Bougouni... .. .. 59

4.241. Le bois de feu 60

4.242. Le charbon de bois 60

4.25. Conclusions sur ces 4 filières 61

5. LE SYSTEME BOIS-ENERGIE: SON FONCTIONNEMENT AU MALI. 63

5.1.LES ELEMENTS CLES DE LA FILIERE 63

5.2.LA STRATEGIE ENERGIE DOMESTIQUE: DES ELEMENTS NOUVEAUX POUR STRUCTURER LE SYSTEME 801S-

ENERGIE 63

5.21. Principes généraux 63

5.22. La SED en détail 64

5 221. L'organisation institutionnelle 64

5.222. Les actions mises en oeuvre 65

5.23. Les résultats attendus pour l'an 2000... .. .. 65

CONCLUSION : 67

LISTE DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 71

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Carte du découpage administratif du Mali (secteur sud-ouest) Figure 2 : Carte du Mali-sud selon l'appellation CMDT

Figure 3: Les filières d'approvisionnement bois de feu selon

Figure 4: Importance en volume du trafic bois de feu à Bamako selon les moyens de transport Figure 5 : Importance en volume du trafic de charbon de bois à Bamako selon les moyens de transport Figure 6 : Importance en volume du trafic bois de feu à Sikasso selon les moyens de transport

Figure 7 : Localisation des zones de coupes de bois-énergie pour Sikasso

Figure 8 : Importance en volume du trafic de charbon de boisàSikasso selon les moyens de transport Figure 9 : Localisation des zones de coupes de bois-énergie pour Koutiala

Figure 10 : Importance en volume du trafic bois de feu àKoutiala selon les moyens de transport

Figure Il : Importance en volume du trafic de charbon de boisà Koutiala selon les moyens de transport.

Figure 12: Importance en volume du trafic bois de feu à Bougouni selon les moyens de transport

Figure 13 : Importance en volume du trafic de charbon de boisà Bougouni selon les moyens de transport.

Figure 14 : Localisation des zones de coupes de bois-énergie pour Bougouni

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Domaine boisé des forêts classées au Mali Tableau 2 : Utilisation des arbres et des arbustes

Tableau 3 : Origine du bois-énergie commercialisé pour l'approvisionnement urbain Tableau 4 : Autorisation de couper le bois-énergie

Tableau 5 : Evaluation des modes et mesures des charges unitaires moyennes pour chacun des modes de Tableau 6: Ventes urbaines de bois dans les 5 principales villes du Mali

Tableau 7 : Part des taxes forestières dans les prix de vente

Tableau 8 : Structure des prix du boisàBamako et àKoutiala en 1990 Tableau 9 : Structure des prix du charbon de bois àBamako en 1990 Tableau 10 : Hypothèses de consommation de bois de feu

Tableau Il : Prix et Coûts économiques des combustibles de cuisson à Bamako en 1989 Tableau 12 : Utilisation urbaine de combustibles

Tableau 13 : Facteurs de conversion

Tableau 14: Distances parcourues par les véhicules motorisés entrantàBamako Tableau 15 : Prévision SED pour l'an 2000

Tableau 16 : Population et urbanisation Tableau 17 : Bilans énergétiques condensés

Tableau 18 : Comparaison de la demande et de l'offre potentiellement durable de bois de feu

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LISTE DES ABREVIATIONS

AOF : Afrique Occidentale Française CCL: Cellule Combustible Ligneux CFD : Caisse Française de Développement

CILSS : Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel CMDT: Compagnie Malienne de Développement des Textiles CRES: Centre Régional de l'Energie Solaire

CTD : Collectivités Territoriales Décentralisées CTFT : Centre Technique Forestier Tropical

DGRC : Direction Générale de Réglementation et du Contrôle du secteur du développement agricole DNAER: Direction Nationale de l'Aménagement et de l'Equipement Rural

DNAMR : Direction Nationale de l'Appui au Monde Rural DNEF: Direction Nationale des Eaux et Forêts

DNRFFH : Direction Nationale des Ressources Forestières Fauniques et Halieutiques ENR: Energies Nouvelles et Renouvelables

FA: Foyers Améliorés

FAO: Food and Agriculture Organization FFN : Fonds Forestier National

LESO : Laboratoire de l'Energie Solaire

MDRE: Ministère du Développement Rural et de J'Environnement MR : Marché Rural

ORSTOM : Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération PAFT: Plan d'Action Forestier Tropical

PNLCD : Plan National de Lutte Contre la Désertification RPTES : Review of Po!i('ip~in the Traditional Energy Sector SED : Stratégie Energie Domestique

SRG : Structure Rurale de Gestion

Il

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La filière bois-énergie au Mali

Introduction

Cette synthèse bibliographique s'est avérée nécessaire pour mener mes travaux de thèse sur la "gestion des espèces ligneuses énergétiques des jachères soudano-sahéliennes du Mali". En effet, avant d'engager mon étude énergétique sur les ligneux des jachères àpartir de l'étude de deux terroirs villageoIs, il était nécessaire d'avoir une connaissance globale au niveau régional. Notre analyse essaie donc de situer les dIfférents paramètres de la filière bois-énergie au Mali au travers de l'étude des espaces concernés, des centres de décisions, de la législation et des politiques mises en place. Tout au long de l'étude, l'accent est mis sur l'approvisionnement des villes de Bamako et de Koutiala qui reçoivent les bois des deux terroirs étudiés dans le cadre de ma thèse (Gouani, cercle de Kati et N'Goukan, cercle de Koutiala).

Une première définition à ce stade s'impose: qu'appelle-t-on le bois-énergie') Il s'agit des formes du bOIs destinées à la production d'énergie quelle que soit l'utilisation finale de cette énergie. Le bois-énergie regroupe donc le bois de feu ou bois de chauffage (brûlé en l'état) et le charbon de bois (issu de la carbonisation du bois)

Des concepts simplificateurs

Le bois-énergie a la particularité d'être intégré dans l'économie locale africaine qui est une economle de subsistance. Pourtant, trop souvent, les choix méthodologiques d'analyse occultent les aspects liés à la dynamique des pratiques sociales, et àla perception du milieu naturel par les populations. Ainsi, les études sont souvent très techniques et fournissent des chiffres de consommation et d'exploitation basés uniquement sur des estimations tirées de comptages à l'entrée des villes (Bertrand A. et Cisse M., 1985; Lefay O., 1995; Sow H., 1987; Sow H., 1990).

Cette approche très orientée vers la prévision économique amène le plus souvent à des polarisations dualistes pour le moins simplistes de type: rural/urbain, marchand/non marchand, riche/pauvre, moderne/traditionnel.

Toutes ces oppositions sont réductrices et masquent le plus souvent les pratiques des populations et les modes d'accès àla ressource.

Sow H. (1990) emploie le concept "moderne/trad itionnel" pour individualiser des secteurs au sein de la filière bois énergie. Mais, le terme moderneici n'est pas opposable au termetradItIOnnel. En effet, moderne ne signifie pas ici "progrès"car les combustibles sont les mêmes dans les deux cas.

Et le terme moderne ne s'applique pas non plus à la situation urbaine car: "La l'llIc a/i'lcall1c n'est pas qI/'I/ne l'dlc "moderne" dans un désert dc "tradItion", qlll serait le restc du pu)'s, c'est aussi11/1énormc l'illage a/,.,nl/n

q!!!c:!!i.~!ncQ!!c:harbor'! dt;! hc!s':!!J!(!t?dS011r!}ll!c'.ysagcif!()!!!!'qStnacel1(f!rr.u1C1!"rOI.I!,r~f-'rendrele'3-tern1e~

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Ph

GRENIERet al. (1987).

En terme de concepts, celui qui me semble le plus adéquat correspond à deux formes d'économie :

"subsistancc/spéculatlOn" ,c'est à dire l'opposition qu'il est possible de faire entre une économie domestique et une économie marchande. Cette dichotomie, simplificatrice comme les autres, a le mérite d'expliquer le fonctionnement parallèle de deux systèmes: une pratique de cueillette "sans restriction" (relativement aux besoins des populations) en zone rurale et un "marché organisé" pour l'approvIsionnement des villes. Nous reviendrons à plusieurs reprises sur ce concept dans notre analyse car c'est celui qui nous semble le plus pertinent.

La fin des ressources infinies

Le bois-énergie est en marge du secteur forestier. Il est inclu dans les pratiques des systèmes de production agricoles traditionnels. Ces systèmes concernent la majorité de la population (80% d'actifs agricoles au Mali). Le premier constat est que leur finalité est avant tout de pouvoir nourrir la population. La nouvelle donnée provient de l'extension des villes africaines qui constitue une population "improductive" d'un point de vue agricole. Avec cette poussée démographique des villes, la production agricole se concentre sur les paysans restants. Deux possibilités s'offrentàeux: augmenter les surfaces pour augmenter la production ou augmenter les rendements par un accroissement de la productivité du travail ou des cultures. Actuellement. nous observons une continuité dans les modes de gestion des systèmes de production avec comme conséquence prévisible la surexploitation des ressources (prélèvements supérieurs à l'accroissement annuel des formations boisées, réduction du temps de

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jachère) et le défrichement continu de nouvelles terres. L'impasse à plus ou moins long terme est l'épuisement des ressources qui ne sont plus infinies. Ainsi, l'objectif assigné à l'agriculture est de réaliser des gains de productivité pour faire face à l'augmentation des besoins vivriers dans un "e,l,pace fini" et avec des ressources naturelles limitées. La nécessité d'une adaptation des systèmes de production sera abordée de façon critique dans le paragraphe 3.3.

Enfin, notre analyse fera référenceàce que les experts appellent le "déficit énergétique sahélien"pour parler de

"/a crisedu hois deleu". Nous essaierons par notre regard de géographe de ne pas seulement porter un regard comptable mais aussi d'étudier ce "dé/iCit énergétique" en terme de gaspillage de temps (pour la coupe de bois par les femmes) et de surexploitation du milieu (équilibre agriculture-formations végétales). La diminution continue de la ressource obligeàse poser la question de la reproductibilité au niveau de la vie domestique de ce système d'approvisionnement en bois de feu.

Cette approche sera ultérieurement développée dans le cadre de ma thèse par l'étude des deux terroirs villageois de Gouani (Arrondissement de Baguineda) et N'Goukan (arrondissement de Koutiala) où nous analyserons les formes d'approvisionnement et de consommation d'énergie àtravers les usages et les besoins des populations. Il s'agira d'une approche liant énergie et espace aux comportements sociaux, qui sera plus orientée sur les mécanismes que sur les quantités. Néanmoins, nos chiffres de consommation et d'exploitation (issus des

~nquètes au niveau des terroirs villageois) pourront ètre comparés aux données nationales et régionales décrites

ICI.

Dans notre document, nous présentons tout d'abord les centres de décisions puis les aspects législatifs relatifs à l'exploitation du bois au Mali.

Ensuite, nous situons les espaces qUI participentàla production du bois en tant que source d'énergie.

La filière bois-énergie est alors détaillée depuis l'exploitation, la commercialisation jusqu'au consommateur final.

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1. Instances de décisions qui président au contrôle et à la mobilisation des ressources

Les menaces de la déforestation datent du début du siècle mais c'est surtout Aubreville (1949) qui alerta l'opinion des colonies sur la réalité de la pression exercée sur les formations boisées en Afrique tropicale sèche.

Depuis, les experts rassemblent de nombreux témoignages mais ce n'est que lors des années 1970 que s'est opérée la réelle prise de conscience à l'échelle internationale des menaces de la déforestation. Associée à la première crise du pétrole, on a alors parlé de la crise du "bois-énergie".

Dès 1973, le CILSS (Com ité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) est créé. En 1976, les Européens, les Américains et les Sahél iens s'associent de façon informelle au sein du Club du Sahel. Pu is en 1977, se tient à Nairobi (Kenya) la première Conférence des Nations Unies sur la Désertification où une place importante est accordée aux ENR (Energies Nouvelles et Renouvelables). Cela conduit le Mali à la création du LESa (Laboratoire de l'Energie Salaire) puis en 1978 d'un Centre Régional de l'Energie Solaire (CRES).

En 1978, le C [LSS et le Club du Sahel publient un rapport sur "l'Energie dans la stratégie de développement du Sahel" qui vulgarise pour la première fois le terme "bois defeu".

Le Plan d'Action Forestier Tropical (PAFT) a été élaboré par la F.A.O. pour planifier le secteur forestier des pays demandeurs (Sanogho, 1991). Au Mali, le PAFT vient en complément du Plan National de Lutte Contre la Désertification (PNLCD) pour mettre l'accent sur l'importance du secteur forestier dans la lutte contre l'érosion, l'autosuffisance alimentaire, le maintien des équilibres écologiques et l'approvisionnement énergétique des foyers (Sanogho, 1991).

Pour la période actuelle, nous pouvons employer le terme de "période SED" (Stratégie Energie Domestique) qui coordonne toutes les actions relatives à l'énergie domestique au Mali. La SED sera développée tout au long de ce document, mais voyons tout d'abord les acteurs qui vont définir la politique forestière nationale malienne.

1.1. Le Ministère du Développement Rural et de l'Environnement (MORE)

Le Mali a défini en 1996 de nouvelles orientations quant à sa politique de gestion des ressources forestières, et plus globalement des ressources naturelles et de l'aménagement du territoire. Dans les faits, cela se traduit par la décentraI isation et la déconcentration des services de l'Etat.

La décentralisation a permis de créer un nouvel échelon territorial (la commune rurale) et la déconcentration va permettre de déployer les agents de l'Etat dans les collectivités territoriales.

Les principes de base de la réforme du MDRE sont le recentrage du rôle de l'Etat, la déconcentration des services techniques de l'Etat, la participation et la responsabilisation des producteurs ruraux et la reconnaissance du rôle des acteurs privés.

Le Ministère du Développement Rural et de l'Environnement (MDRE) a une mission qUI est recentree sur son rôle d'orientation, de suivi et d'évaluation, de promotion des initiatives, d'appui technique aux structures régionales déconcentrées, de réglementation et du contrôle de son application.

La déconcentration s'accompagne d'une réforme interne avec la suppression de six directions sectorielles (Direction Nationale de l'Agriculture, Direction Nationale de l'Elevage, Direction Nationale des Ressources Forestières, Fauniques et Halieutiques, Direction Nationale du Génie Rural, Direction Nationale de l'Action Coopérative et du Développement Régional et Local, et le Service National de la Protection des Végétaux).

Ces six directions sectorielles "verticales" (forêt, élevage, ... ) sont désormais regroupées en trois directions nationales "horizontales" au sein du MDRE pour une approche moins technique et plus sociale.

1.2. Les trois Directions Nationales

La Direction Nationale de l'Appui au Monde Rural (DNAMR) a une mission d'appui aux activités agricoles par du conseil et de la vulgarisation agricole, de la formation et de l'information, la promotion des filières agricoles.

La DNAMR est déconcentrée au niveaux régional, local et communal.

La Direction Nationale de l'Aménagement et de l'Equipement Rural (DNAER) est chargée de l'évaluation des potentiels et des ressources aménageables, et l'élaboration des schémas et plans directeurs d'aménagement du territoire. Sa mission couvre l'élaboration de méthodologies et de systèmes de gestion durable des ressources naturelles, et l'élaboration de normes d'aménagement et d'équipement du monde rural.

15

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La DNAER est déconcentrée au niveaux régional, local et communal.

La Direction Générale de la Réglementation et du Contrôle du secteur de développement rural (DGRC) a pour mission l'élaboration de la réglementation relative aux activités du secteur du développement rural ainsi que l'organisation du contrôle de l'application de la législation et de la réglementation.

La DNAMR est déconcentrée au niveaux régional et local.

1.3. Les structures rattachées au MDRE

Nous trouvons:

- la Direction Administrative et Financière, - la Cellule de la Planification et de la Statistique, - l'Institut d'Economie Rurale

- le Laboratoire Central Vétérinaire, - l'Office Malien du Bétail et de la Viande,

- La Compagnie Malienne de Développement des Textiles, l'Office du Niger et autres projets de développement.

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2. Législation relative à l'exploitation du bois (code forestier et droits coutumiers)

2.1. Les caractéristiques de la législation coloniale

Les législations forestières africaines francophones sont issues d'un décret colonial de 1935 reposant sur une conception étatique et centralisée de la forêt (B. Jean, 1995).

Cette législation sépare le patrimoine forestier en deux blocs. le domaine classé de l'Etat (parcs nationaux, réserves et forêts classées) et le domaine protégé (le reste non délimité, ni permanent car utilisable par l'agricu Iture).

Tous les revenus forestiers revenaient au Fonds Forestier National (donc à l'Etat malien) et une partie seulement était réinvestie dans le secteur forestier. En effet, le FFN servait surtout àfinancer le fonctionnement du ServIce Forestier. \1 a été aboli en 1986.

Le conséquences du système colonial sont un désengagement des populations pour la protection et la gestion des forêts car ils ne se sentent plus propriétaires puisqu'ils n'en tirent aucun revenu. Nous verrons pourtant plus loin de quelle manière les ruraux tirent profit des diftërents usages des produits forestiers bien que la fonction commerciale du bois et des produits de la forêt reste limitée.

Le code forestier soumet l'exploitation commerciale (ou à des fins industrielles) dans le domaine forestier de l'Etat (domaine classé et domaine protégé) au paiement d'une taxe d'exploitation. Un permis de coupe est alors délivré par l'autorité compétente du lieu d'exploitation (le cantonnement forestier situé au niveau du cercle).

Mais, seuls les transporteurs ont besoin de ce permis de coupe pour se procurer une autorisation de circulation des produits forestiers (gratuit), également exigé par les textes de loi. Les agriculteurs n'ont ni le temps, ni les moyens, ni le besoin de se procurer un permis de coupe (qui leur est souvent apporte par le transporteur en cas de besoin). En effet, ces derniers travaillent selon les droits d'usages définies au Conseil du village. Une part importante du commerce du bois de feu échappe ainsi au contrôle des services forestiers. Dembele (1989) a estimé que seuls 7% de la consommation nationale a été contrôlée en 1981. Selon Dolo (1995), 95% des exploitants des deux villages qu'il a enquêté n'étaient pas munis de permis de coupe

Les amendes infligées aux population donnent une image répressive des Services Forestiers. En effet. cette volonté de l'Etat de vouloir contrôler seul la gestion des ressources forestières le place en porte àfaux avec les structures traditionnelles de gestion des terroirs : l'Etat, par Corps Forestier II1terposé, se place entre les communautés et les ressources forestières de leur terroir, ce qui les pnve d'un drOIt de jouissance qui allait de SOI Jusque-là. Traditionnellement, le chef de5 terres d'un VIllage est le seul habtlite il donner des autorisations de défrichement et d'exploitation forestière. C'est aussi lui qui fixe les espèce~ à proteger En ca, de conflIt important, il se tourne vers le commandant d'Arrondissement qui se charg<: d<: contacter les Servlc<:s forestIers pour faire appliquer la loi nationale, en général plus sévère. La gestion local<: de la ressource bois a été écartée pour mettre en place une gestion nationale des ressources forestières. Le chef des terres du village n'est alors plus intégré aux décisions d'exploitation des ressources forestières de son terroir

Dolo (1995) dit à ce sujet que le service forestIer et la chefferie villageoise s<: sont affaibli, mutuellement au lieu de renforcer leur action à partir de l'exemple suivant: "Iorsqll'Ilnche(de l'i/lugee.l/ /lUIIIIL'! de lu dISPOrt//(}1I de.1 ressources boisées de son /erroir, Il l'aprotéger des espaces, mois le SOTICL' fores/icI' ddn'reru de SOli côté III'

perilIl.1'de coupe en bOllnecldlle/orme .l'Ion/III elljài/ lu demande". La situation qUI en résulte est souvent un affaiblissement des deux systèmes.

D'un côté le système gestion local n'a plus de valeur lorsqu'un forestier pénètre le terroir villageOIS (pour contrôler les permis de coupe et sanctionner le cas échéant) alors que ~on fonctionnement étaIt base sur la concertation avec la population. Le chef des terres avait pour mission de r,lppeler les rôles des <:spaces b()l~e~

aux personnes qui ne respectaient pas les règles villageoises Le Consetl lie \ t1lage intervenait plus <:n tant que formateur dans la mesure où tI gérait un conflit par une dIscussion ~UI l'utilité des espèces ligneuses et de, espaces en question. En cas de récidive, il demandait l'appUI au\. aUlOntc~ ~ldmll1lstratives de l'ArrondIssement.

Les deux structures s'appuyaient donc pour arriver à leur iïn. c'est àdllL' tlne gestion participative des forêts en responsabilisant les acteurs.

I.e système de la législation forestière coloniale a décidé de la mainllll'L' ~tlr la gestion des forêts en écartant les chefferies villageoises, qui avaient autorité jusque-là. CelleS-CI n'ont P,I" pour autant disparu des villages. Ainsi, ce changement a pour principale conséquence une exploitation l(\llllllerciale du bois de feu puisque le5 producteurs-exploitants naviguent entre deux systèmes de gestion qUI ,',d'faiblissent respectivement.

17

(18)

2.2. Les orientations du RPTES

1

Le RPTES n'est pas une législation en soi mais un état des lieux avec des propositions d'orientations pour faire évoluer la politique forestière vers un contrôle local des ressources.

Commandité par la Banque Mondiale, ilest distinct de la Stratégie Energie Domestique (SED) du Mali qui était déjà en cours de réflexion àcette époque.

Le RPTES n'a pas de caractère décisionnel mais il donne des éléments d'analyse basés notamment sur les travaux ESMAP (1992) et de Bertrand et Konandji (1992). Des évolutions de la législation sont proposées.

L'évolution du Code Forestier va dans ce sens puisque l'article 34, qui prévoyait le classement du domaine forestier de l'Etat par le Conseil des Ministres, est suivi désormais de l'article 38 dans le nouveau Code qui précise que "la mIse en oelH're des plans d'aménagement des forêts classées de l'Etat peut être faIte avec les poplllations riveraines, les entreprises forestières, les organismes coopératifs dans le cadre d'un contrat de gestion conclu avec l'administrationforestière''.

On peut se poser la question à ce stade comme le fait Ribot (1995) : ''faut-il parler de décentralisation lorsque les populations ont la" possibilité" de rédiger des contrats de gestion, le mot obligation aurait mieux convenu pOlir une décentraltsatlOn ". En effet, rien n'oblige l'Etat àaller dans le sens de la décentralisation puisque ce sont les communautés villageoises qui doivent s'informer de la nouvelle législation pour ensuite faire la demande d'un contrat de gestion pour les forêts classées riveraines.

2.3.

L'avenir de la décentralisation

Selon Ribot (1995), le fait le plus important de la décentralisation qui apparaît dans le nouveau Code Forestier sont les articles 18 et 53 qui permettent d'exclure de la coupe commerciale les produits forestiers de certains des domaines appartenant aux Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) : un régime local de protection pourra en effet être instauré.

La décentralisation présentée dans le Journal officiel d'octobre 1995 fait apparaître trois niveaux dans le découpage géographique:

- la commune rurale (niveau de l'arrondissement auparavant) qui regroupe une dizaine de villages actuels - le cercle, qui regroupe une dizaine de communes rurales.

- et la région qui regroupe en moyenne quatreàcinq cercles.

La carte du découpage administratif du Mali (figure 1) montre les cercles et les régions (inchangés), la carte de localisiltion des communes rurales est disponibleà la Mission de Décentralisation.

La décentralisation servira à déléguer des responsabilités de gestion qui revenaient à l'Etat vers les CTD. Ce tfilnsfert de responsabilité de l'Etat vers les collectivités territoriales doit aussi s'accompagner d'un transfert de la gestion des ressources nécessaires à la gestion décentralisée du patrimoine (forestier notamment). B. Jean (1995) soulève le problème de savoir si ces Collectivités Territoriales Décentralisées, "dont la vtabiltté politique, sociale et économique n'est pas démontrée, et qui ne sont ni acceptées, 111 appropriées par les populations,"

apportera un plus. Le problème soulevé ici est d'ordre du pouvoir de décision àsavoir que les CTD ne sont pas forcément représentatives des instances communautaires de décision dans les villages.

Malgré tout, dans la gestion pratiquée au Mali, on trouve des possibilités pour la mise en place d'une foresterie communautaire étendue au terroir villageois depuis la législation de 1995 (cf.§2.4). Cela devrait conduire les villageois (et non plus seulement àl'Etat) à la maîtrise de l'exploitation et du commerce du bois de feu dans le respect des quotas de prélèvements. Dans l'exemple de la Guinée voisine, à propos de la société paysanne du Fouta-Djallon (Guinée), Favrichon (1992) dit que la population locale est la seuleàmême de juger des produits multiples de la forêt et de les protéger pour peu qu'on lui en donne les moyens.

Les forêts sont souvent menacées par des personnes extérieures aux villages ayant obtenu des permis de coupes auprès des services forestiers. Favrichon (1992) conclut ainsi . ''pour réussir à conserver la jorêt, tI est nécessaire de donner une valeur à l'arbre et à ses produits maIs aussi ct surtout de garantir un droit à la propriété ct rila gestionvtllageoise". Sans une assurance sur le long terme, aucune gestion paysanne ou par les collectivités territoriales décentralisées n'est possible.

1RPTES : Review of Policies in the Traditionnill Energy Sector (1995). C'est une analyse du secteur de l'énergie traditionnelle qu'a mise en place la Banque Mondiale dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest afin d'aider à la réforme des politiques énergétiques de ces pays.

18

(19)

11ot--"'F+-+-~--+-1-~~--l11

°

Limite de région Limite de cercle

10°

L . - - - -...---...L...---....L..---'10°

8° 6°

Limite d'état

13°t----1rt+--++---lf--f---ft+--'L-+---:~~:t_:_~-FH_-_#_+_

- - - -

Figure 1 : Carte du découpage adl11inistratifdu Mali (secteur sud-ouest)

I.dgmde des chiffres cilds de la carle,

l<:re rdgiol/ "f·:oyes" cere/es de I\oyes (1). I!o(ol/Iobd(1),Oiémo (3), I\dl/ù;ho (.1), I\ilo (5),,\'i0l'0(6), l'élllllollé('J

2eme rdgiol/ "I\Olllikoro": cere/es tle I\Olllikoro(8),IJol/ml/ho (9), OlOila (10), I\ollgaha (11), J.:llli (12), I\olokall' (13), ,\'al'll (1./) 3eme région "Sikasso": cere/es de S,kosso(lj).!lollgol/I/i (16). l\odlOlo (17). I\olondiéha (IS), I\ol/Iiolo (/9), )'01//'011/0(JO), l'oros,\(} (11) '/ell/{! région "Ségo/{": cerell!s dl! Ségol/(n),!Jaro/{dil (23), /!Io (N), }..·,;-.l/ocil/o (25), I\'iol/o (20), SOI/(n), 1(){l/il/i{l1/ (lS)

5eme région "A/opli " ,cercles de A/opli(29), DpI/né (32), fénenkol/ (35), }'Ol/ll'orOI/ (36) 6eme rdgiol/ ''Tombol/clol/'': cercll! de il'i{ljolmké (./ 1)

EI1 conclusion, il semble important d'élucider quelques questions quant à la mise en place et aux principes de fonctionnement de la décentralisation:

- qui devient le propriétaire de la forêt (droit de propriété)')

- qui en est le bénéficiaire (perception des revenus, droits d'usages)')

- qui se place en gestionnaire de la forêt au travers de quels objectifs (nouveaux statuts de la forêts, nouvelles règles d'aménagement)?

- quel rôle garde l'Etat')

19

(20)

2.4. Quelques éléments de la nouvelle législation forestière

Les textes de lois et décrets d'appl ication de 1995 et 1996 viennent réorienter l'accès aux ressources forestières et appliquer un contrôle sur le commerce du bois différent selon la zone d'exploitation.

L'analyse qui suit découle de l'étude des textes forestiers disponibles et des commentaires que les différents acteurs concernés peuvent en faire (DNRFFH,1995a; MDRE, 1995; MDRE, 1996a; MDRE, 1996b; Présidence de la République, 1995; Primature, 1995; Primature, 1996a; Primature, 1996b).

2.41. Des principes fondateurs

Quatre grands principes sontà la base de la nouvelle législation forestière:

- la 1im itation au domaine strictement forestier des nouvelles lois, ce qui exclut désormais les arbres champêtres et urbains,

- la responsabilisation des acteurs qui doit découler de la décentralisation. La législation comporte des lois d'orientations2c'est à dire des principes qui sont complétés et adaptés aux cas des différentes CTD. Cela s'associe au fait que les CTD ont leurs domaines propres sur lesquels elles ont pleine compétence.

- une simplification des procédures de protection des espèces, de classement et de déclassement atin de favoriser l'accès des popu lations à la propriété et à l'exploitation des ressources.

- entin, le principe de spécificité de la législation forestière qui comporte des dérogations par rapport au droit commun.

Plusieurs points ressortent de cette première analyse: la volonté de montrer que les ressources forestières sont le patrimoine commun de tous les maliens et non plus la propriété exe/usive de l'Etat. Une garantie d'usufruit est donc accordée au propriétaire de l'espace concerné par la contrepartie des ta;...es prélevées pour l'exploitation sur son domaine. Une specificité émerge donc avec la prise en compte d'un nouveau domaine celui des CTD qui constitue un domaine à part entière géré à son niveau. On sort ainsi du schéma où étaient inclues au domaine forestier toutes les terres du pays à l'exception des terres effectivement cultivées et des agglomérations. Les jachères de moins de 10 ans sont maintenant exe/ues du domaine forestier et les arbres champêtres ne sont plus soum is aux lois forestières. La détin ition de la forêt a évolué, il devient donc nécessaire qu'à l'échelle de la sous- région (Afrique de l'Ouest), une redétinition des termes forestiers courants soit effectuée atin que les experts parlent tous le même langage autour des termes forêt. dom<llne forestier, <lrbre champêtre, ressources forestières ... Celle détinition d'une nomene/ature commune (pour les pays du CILSS par exemple) <lmènerait une meilleure lisibilité des différents rapports et permettraIt des comparaisons plus aisées entre les différents documents.

2.42. Un Service Forestier avec de nouvelles missions

Pour dépasser la vision répressive du Service Forestier, chaque acteur est responsable de la gestion de son domaine et les missions de conseil et de contrôle sont séparées au niveau national (MORE) en deux directions:

la Direction Nationale de l'Aménagement et de l'EqUipement Rural (DNAER) et la Direction Générale de la Réglementation et du Contrôle du secteur du développement rural (DGRe).

D,ms le domaine forestier de l'Etat, le Service Forestier est le maitre d'ouvrage mais peut aSSOCier, sous forme de contrats ou de concessions', les populations à la gestion.

Dans le domaine des CTD, le rôle du Servlcc rorestier sc limite aux conseils pour la mise en place d'une gestion rationnelle. outils techniques, et outils décisionneb.

Dans le domaine des Particuliers, et dans tous les domaines forestiers, la OGRC veille au respect des lois et des réglementations en matière de gestion des ressources forestières.

- Loi d'orientation: loi qui définit des principes generall\ ct laissent au gouvernement ct <lU;'" coilectivités territonales décentralisees le soin de les développer en utilisant leur pouvoir réglementaire.

, L<l Concessioll Rurale (C.R.) est un droit de jouissance accordée de façon temporaire pour mettre en valeur un terrain dans les conditions prévues par l'acte de concession. C'est le mode d'attribution des terrains nus du domaine pnvé de l'Etat en zone rurale Il peut s'agir de terrainsàvocation agricole, pastorale ou forestière.

10

(21)

2.43. La création des marchés ruraux au coeur des lois

Ln législation forestièrc s'applique aux formations forestières naturelles4 et aux formations forestières artificielles5. Elle doit permettre de faire fructifier le capital forestier. Un accent important est mis sur la gestion locale des ressources forestièrcs avcc une forte participation des exploitants ruraux.

La loi qui nous concerne le plus est la loi n095-003 portant organisation de l'exploitation, du transport et du commerce du bois (Présidencc dc la République, 1995).

Sous le terme "bois", seules trois mentions apparaissent: bois d'oeuvre, bois de service et bois-énergie6La loi se limite au bois en tant que bien marchand mais elle exclut toutes les activités annexes liées aux sous-produits forestiers et qui constituent néanmoins des marchés réels (cf.§3.4.).

Cette loi est intéressante car clic cherche à structurer les filières de commercialisation du bois par la mise en place de marchés ruraux7de bois. Ces futures structures de gestion de bois seront chargées d'assurer, hormis la gestion du marché rural en lui-mêmc, l'entretien des massifs forestiers qui l'approvisionnent. Cela comprend bien sûr la régénération, et la possibilité de réaliser des enrichissements. Cette loi pousse donc le producteur rural à être acteur de la gestion du massif forestier qu'il exploite en lui donnant la possibilité de fixer les statuts et les règles de fonctionnement les plus adéquates pour une gestion concertée du massif par tous les exploitants.

La structure de gestion eréée (coopérative, groupement coopératif, association de producteurs, groupement villngeois) dispose d'un quota nnnuei d'exploitation non révisable en cours d'année fiscale. Ce quota est fixé au niveau de la commune rurale (dernier niveau de la décentralisation) par une commissionRcomposée de deux représentants de la structure rumle de gestion, d'un représentant de la CTD et d'un représentant du Service Porestier.

Outre les structures rurnles de gestion de bois, les propriétaires de forêts privées immatriculées et les particuliers munis de titre d'cxploitation (pour les zones non délimitées, non nménagées) sont habilités à exploiter et à vendre du bois.

Ln loi reprend sur ce point la législntion mise en place nu Niger dans le SDAN (Schéma Directeur d'Approvisionnement de Niamey) (Peltier el ct/., 1994; Peltier cl al., 1995). Trois zones d'exploitation sont distinguées: l'exploit<llion contrôlée, l'exploitation orientée et l'exploitation incontrôlée.

L'exploitntion contrôlée est effectuée par la structure de gestion du bois dans une zone aménagée en suivant les règles du pbn de gestion.

L'exploitation orientée est effectuée dnns une zone délimitée mais non encore nménngée. Elle est organisée nu profit de ln structure de gestion du bois.

L'exploitntion incontrôlée est l'exploitation forestière des formations végétnles nnturelles en dehors des zones délimitées.

Un titre de transport (Coupon'!) est nécessaire pour le transport du bois-énergie. Il certifie l'origine du produit (couleur différente selon ln zone d'exploitntion), la qunntité déterminée de bois. Il n'est utilisable que pour un seul voyage et doit être présenté nux postes forestiers qui contrôlent l'entrée des villes.

Les Coupons sont émis pM l'Adll1inistrntion Forestière ct remis nux propriétaires des plantations forestières ou de forêts privées et aux structures rurales de gestion de bois.

4Les formations forestières nnturelles sont le prodUit du libre jeu des f<Jcteurs nnturels. et d<Jns lesquelles l'action de l'homme n'est pns prépondérante. Toutefois, l'homme inlluence le développement de ces form<Jtions même si l'anthropisntion n'est pas l'élément I1lnjeur ue ln dynam ique de ces formntions végétales.

5Les formations forestières artilicielles correspondent aux parcelles de plantations forestières. L'homme est alors l'élélllent Illnjeur de leur dynamique.

(, Le bois-énergie regroupe le bois ue chauffe ct le charbon ue bois. Il s'agit du bois destiné à la production d'énergie (cuisson des aliments, chauffage, blanchissnge, repassage, etc.). Il est le plus souvent à usnge domestique.

7 Un l11<Jrché rural de bois est un lieu de vente de bois géré par une structure rurale de gestion de bois. Cette structure correspond ilune organisation ue producteurs ruraux ngrée pnr l'administration.

& Les 1110dnlités d'nttribution des quol<ls annuels d'exploitntion sont définies par arrêté du représent<Jnt de l'Etat au niveau de la Région. La Comm ission SUit donc ces prescriptions.

9 L'attribution d'un Coupon de tmnsport est conditionné au versement d'une taxe applicable pour l'exploitation du bois-énergie qui diffère selon les zones d'exploitntions :

Zoneft.:lllHrùkc 10llcO!lCIIICc lonc IIlconlrÎ1h'e

Illois de !Cu (l'CFA/stère) :!OO 300 ;00

1Charbon de bois (HTA/quintal) .,00 .JOO (,00

21

(22)

Re/llarqllc: en dehors de l'exploitation commerciale, le Ministre chargé des Forêts détermine la quantité de bois- énergie que les particuliers10 sont autorisés à transporter. Elle est limitée aux quantités destinées à l'autoconsommation. Cette quantité peut être achetée sur les marchés ruraux de bois aussi bien des zones contrôlées, orientées, qu'incontrôlées. Un coupon gratuit de circulation est délivré par l'administration forestière.

Les recettes provenant du recouvrement de la ta:-.e d'e'\ploltation se répartissent entre l'Etat, la CTD et la structure rurale de~estion~ de bOIs comme le précise le tableau ci-dessous:

zone contrôlée zone onentée zone incontrôlée

Structure rurale de gestion 60% 40~0 O~o

Commune Rurale 30% 40~() 50%

Etat 10% 20~'0 50%

La création des marchés ruraux de bois vise à une plus grande participation des producteurs ruraux dans la gestion de leurs zones d'exploitatIOn. La distinction de trois zones d'exploitation avec des recettes différentes devrait Inciter les vIllageois às'organiser en structures rurales de gestion de bois pour tirer un meilleur revenu de leur exploitatIOn lorestière tout en s'assurant de la préservation à long terme du capital forestier qu'ils gèrent.

Les te:-.tes de lois prévoient aussi l'utilisation des recettes selon différentes affectations:

l'our ln \'Irllclllre\' ntruln de \!e\I/II11

Zone contrôlée Zone orientée

1Aménagement, entretien des massifs 30~/(, 70%

1Autres affectations 70% 30%

('our les CO/lllIIUl1eS rurales

Zone contrôlée Zone orientée Zone incontrôlée

Aménagement, entretien des massifs 30~ô 50% 0%

Remise agents forestiers 20~ô 20% 20%

communaux

Contrôle forestier 0°/. ° 0°.0 50'%

Autres affectations 50~ô 30~0 30%

l'our l'Elul

Zone contrôlée Zone orientée Zone incontrôlée

Remise agents forestiers de l'Etat 20% 20% 20%

Contrôle forestier 40% 50% 60%

Autres affectations 40~o 30% 20%

Conclusion: Dans la législation révisée. des fonds vont revenir au:-. Structures Rurales de Gestion (SRG) pour amenager les zones exploitées, mais qui va gérer ces fonds') Comment va être composée la SRG et comment les fonctions de décisions seront-cl/cs contïées plutôt au village ou plutôt au bùcheron qui pratique sur le terrain cette nouvelle législation') En effet, cert<lines orientations telles que l<l localisation des zones de coupe, la prise en compte des différents utilis<lteurs d'un espace sont des décisionsà prendre en Conseil de Village. P<lr contre, l'organisation des coupes, le paiement des bùcherons, l<l tenue des documents revient plutôt <lU personnel technique qui assure la mise en place des marchés ruraux.

Entïn, la remise aux ilgents forestiers telle qu'elle est prévue dans le tableau ci-dessus des recettes de l'Etat est nettement plus élevée lorsqu'il s'ilgit d'une zone incontrôlée pour laquelle la tilxe est plus que pour une zone contrôlée. Cette taxiltion Vil donc dans le sens opposé que sc fï:-.e la législation puisque le forestier n'il aucun intérêt à assurer une mission de conseil iluprès des villilgeois cela irilit à l'encontre de ses primes. Quelle personne serait assez "idiote" pour trilvililler dilns le sens d'une dllllinution de son sabire')

10Le terme "Pilrtlculiers" désigne iCI toute personne physique ilchetilnt du bois pour Sil consommation familiale.

(23)

3. Les espaces qui participent à la production de bois-énergie

3.1. Les espaces boisés au Mali selon leur gestion

L'appropriation des forêts et des terres par l'Etat date des législations foncières de l'administration coloniale, en particulier du décret du 4 juillet 1935 de l'Ati'ique Occidentale Française (AOF) (SOW Il., 1990).

Ainsi, le domaine forestier est subdivisé de la façon suivante:

- le domaine forestier de l'Etat

*

domaine classé: forêts classées, périmètres de protection et de reboisememl' .La surface actuelle des forêts classées est de l'ordre de 1,3 millions d'hectares (tableau 1).

*

domaine protégé: reste des terrains soustraits aux défrichements

- le domaine forestier des particuliers qui correspond aux périmètres cultivés. et plantations forestières.

La décentralisation a fait apparaître un troisième niveau:

- le domaine forestier des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD).

L'exploitation est alors différente selon les cas:

- l'exploitatIOn01/t/tre d'lIl1 drol1 d'lisage:

*

dans le domaine classé, il est nécessaire d'obtenir une autorisation préalable en accord ave( les textes du classement,

*

dans le domaine protégé, les populations sont libres d'exploiter en respectant deux (onsignes : ne pas couper les espèces protégées, et couperàrez-terre les autres,

*

dans le domaine des particuliers, s'appliquent les mêmes restrictions qu'au domaine protégé de l'Etat.

- l'exploitatiol1li des/lm cO/ll/llerclOles est SOI/III/se cl trois règles.

*

la détention du permis de coupe délivré par les services forestiers (zone d'exploitation et quantités autorisées),

*

le règlement de la taxe forestière

*

le respect des consignes applicables au domaine protégé de l'Etat.

Il Le classement des forêts maliennes par l'Etat est voisin du classement réalisé en France pour les forêts domaniales. 11 suffit en effet d'une simple délimitation du contour pour obtenir l'arrêté de classement. Ainsi, classement ne signifie en aucun cas aménagement. De gros efforts d'aménagements ont été faits jusqu'en 1985, mais le bilan de la Banque Mondiale en 1986 a montré qu'il s'agissait le plus souvent de coupesà blanc suivies de reboisements utilisant de gros moyens inadaptés pour un PVD (collt exhorbitant du reboisement et prix du bois non compétitif à la récolte). Depuis. on parle d'aménagement des "forêts naturelles". La Caisse Française de Développement assure actuellement le financement d'un tel projet intitulé "Aménagement de trois forêts classées près de Bamako, 143 000 ha (Les Monts Mandingues, Le Sousan, La Faya)". Une extension à Tyenfala est prévue pour 1996. La Banque Mondiale vise de son côté à aménager 500 000 ha de forêts classées d'ici l'an 2000.

'Y'--'

(24)

Tableau 1 : Domallle boi,é des forêts classée, au Malid'(/{JrL',\ f'fRL, Forll/a/lO/7s l'égé/a/es(/988) Localis~ltion Nombre Surface (ha) (1ode la régIOn

en domaine classé

lèJ-e région: KAYES 22 585203

Kita 12 .+89532

Bafolilabé 2 .+8000

Kayes 6 38208

Nioro 2 9.+63

2ème région: KOULIKORO 16 703351

Kangaba 1 5195

Kolokani 1 2600

KOlilikorn .,-' 15065

KMI 9 6.+1531

Dioïla 1 37000

District de Bal11ako 1 1960

3èmc ,"égion : SIKASSO 21 239910

BOllgollni 6 916.+0

Sikasso 8 30950

Koutiala 2 6200

K,ldiolo 2 30520

Kolond iéba 1 3000

Yanll)lila 2 77600

"èmen'~gion: SEGOU 16 81900

13arnuél i 1 6500

Ségou 8 .+2.+70

Macina 7 32930

Sème ,"égion : MOPTI 8 1203336

Douentza 1 1195.+40

Youvaro 7 7896

6ème reglOn

.

: 26 58092

TOMBOUCTOU

TOIll bouctou 1 .+60

Goundal11 2 35300

N iall)LlIlké 15 118.+7

Diré 8 10.+85

7ème ,"égion : GAO 5 175..011

Ansago 2 1751300

Gao 2 1625

l3ourel11 1 1086

TOTAL 7 REGIONS 114 ..625263

dont ex-réserves de faune 29..+5.+40

dont parcs nationaux 350000

dont forêts classées véritables 1329823

".9

7.8

3.1

1.5

13.5

2.2

2.2

(25)

3.2. Les espaces boisés au Mali selon leur physionomie

Selon Dolo(J995), on assiste à une evolution des espaces exploités pour le bois de feu par les ruraux liée à un déplacement vers de nouveaux espaces. La sécheresse des années 70 avait constitué des stocks de bois morts qui sont désormais épuisés l'exception des régions du Delta du Niger vers MoptI). Les paysans exploitent désormais la brousse pour le bois de chauffe commercialisé. Cette partie du terroIr en appropriatIon collective est en accès libre pour toute la population. L'auteur ajoute un élément intéressant: "01'(1/1/, dOll.l' le coc/re de /'oll/oCOI1.\o/ll/llo/ioll, .l'ellle.l' le.l' jochL~re.l' é/oll'II/ explol/ées por le.l' fe/ll/lles DepllI.\ (Ille le !JOIS 0 0('(1111.1' IIIIC 1'(t/eur more/Wilde, ces jochères ne son/ pllls occessihlcs iI/oII/le 1'I110ge e/ ne .1'011/ SOIll'ell/ cxplol/ées qlle fior 10 ./ùmille qUI (111)(1/"(/1'(111/ cul/i\,(lI/ 10 Jlorcelle". L'évolution de l'économie, en passant d'une économie d'autosubsistance à une économie marchande, fait rapidement évoluer les droits coutumiers. Ainsi, l'apparition de cultures de rente dans les systèmes de production agricole a créé un apport monétaire aux ménages ruraux. Le développement important de la culture de coton dans le Mali sud'2 (Figure 2) est sans doute le facteur le plus important de changement de l'économie en milieu agricole.

figure 2 : Carte du Mali-sud selon l'appellation CMDl'

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~+-1l , \ 1 ...

11' 13

BURKINA

N

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5'

5"

i

100

L....-..L.-....L..---'---"

600mm 6'

700mm VIlle

Chel·lleu région CMDT Chef-lieu secteur CMDT Village

Route goudronnée Fleuve Isohylto(1956-1985) Frontière Internationales limiteRégion CMDT Llml1e secteur CMDT Longitude Latitude

CARTE DU MALI-SUD

N 12'

On note des rentrées d'argent concentrées au moment de la vente de coton qu'il faudra gérer pour assurer 1"

trésorerie de l'exploitation agricole pour l'année suivante. Ce changement est le tremplin vers l'économll' marchande puisqu'on qUitte le systeme de production traditionnel avec les céreales vivrières qui étaient vendues au coup par coup en cas de besolll d'argent immédiat.

12Le Mali sud est une appellation couramment utilIsée au Mali. Elle correspondà la partie sud du Mali au sud de l'isohyete 900 mm et dessine l'aire d'extension de la zone cotonnière. Cette appelation "Mali-sud" se retrouve dans toute la IItterature CMDT (Compagnie MalIenne de Développement des Textiles), organisme qui assure l'achat et le traItement du coton au Mali et qui assure aussi une mission de vulgarIsation agricole dans la zone cotonn ière.

25

(26)

Cette economle de subsistance tend à disparaître dans la zone cotonnière avec l'apparition de l'économie marchande qui change les règles de gestion de l'espace agricole. En effet. le champ de coton acquiert une valeur en terme de potentiel de vente et tout espace du terroir villageois rentre dans ce nouveau système lié à la commercialisation. C'est pourquoi la place des jachères évolue dans la perception paysanne et les exploitants cherchent a s'approprier des terres qui auparavant appartenaient au village dans sa globalité. L'individu passe donc au devant de la communauté pour l'appropriation de l'espace.

Les dirtërents espaces boisés au Mali sont regroupés sous différentes appellations c'est pourquoi nous retiendrons Ici une typologie des formations végétales maliennes telle que la propose R.Nasi dans sa thèse de doctorat (1994). Cette classification semble la plus a même de caractêriser le contexte malien, ct elle tire les enseignements de la classification proposée auparavant par Nasl et Sabatier (1988) dans le cadre du Programme d'Inventaire des Ressources Ligneuses du Mali (rlIRL).

3.21. Les formations fermées

Une formation végétale fermée se caractérise par un recouvrement du sol supérieurà80%.

3.211. Lesforêts et lesfrangesforestières ripicoles

Cc sont des tormations végétales caractérisant une forêt dense humide de basse et moyenne altitude dans des régions a saison seche marquée. Elles colonisent sous forme de ruban les berges des principaux cours d'eau.

l\Jous pouvons en distinguer deu" types au Mali selon le cortège tloristique présent qui peut-être à dominance guinéen (avec les taxons suivants Al1lhoc!elslu d/u/ol1enlïs, Ber/1/11l1 grU/1(/Ij1oru, EI:l'lhrophlelllll .lïl(/J·eo/el1s, /'('/'110111l1 c%rul(/, ... ) ou bien à dominance soudanien (avec les taxons SIIIl'UI11s Al10gelsslIs /eiocurplIs, D/O.lp.1'1'os lIIespilifi!lï/lls. f'lerocUljJlIs eI'lI1UCells .... ). On parle alors de galeries forestières guinéenne ou de galeries forestières soudaniennes.

Ces formations sc caractérisent par de grands arbres souvent dotés de contreforts àla base (hauteur dom inante supérieure a 17 m). Le volume de bois à l'hectare est élevé ct dépasse les 100m3. Les lianes sont nombreuses et le couvert herbacé négligeable.

3.212. Les forêts denses sèches

Elles ne se trouvent qu'a l'état relictuel au Mali lorsqu'elles ont éte protégees en tant que bois sacrés par les populations (rôle de cimetière le plus souvent).

Les rares exemples du Mali se trouvent dans le massif du Plateau Mandigue ct sont à base de CJi//ellOdel1drol1 g/U/1(/II/OSIl111et deCJlli!Jollrllll copa/liferu.

3.213. Les fourrés

Cc sont des formations ligneuses denses dont la hauteur ne dépasse pas 8 mètres. Leur extension spatiale est souvent limitée et combinée à d'autres formations pour conslttuer des 1:1Clès particuliers telle que la brousse tigrée.

Au Mali. on peut distinguer:

- les bourgoutières du Delta Central qui constituent des fourrés ripicoles,

- et les brousses tigrees déterminées par des conditions édaphlques particulières (termitieres effondrées, lithosols, ... ).

3.22. Les formations ouvertes

Par opposition aux formations végétales fermees. le formations ouvertes ont un recouvrement au sol inférieur a 80%.

3.221. Les forêts claires

Ce sont des fOrtllatlons mixtes (ligneuses/herbeuses). La strate arboree domlllante a une hauteur moyenne de 12 à 17 m et un couvert compris entre 40 et 60%. La strate arbustive «8m) est plus ou mOlll5 développée. Le rapport biomasse ligneuse / biomasse herbacée est supéneureà2 ce qui les rattache aux formations a dominante ligneuse.

Au Mali, ces formations se retrouvent sous le climat soudanien sud. /so!Jer/il1iu dok(/ cl DUl1ie//lu olil'eri

dom inent dans les forêts claires; les volumes sur pied varient dans ce cas entre 40 et 100m3/ha.

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3.222. Les savanes

Ce sont des formations herbeuses ou mixtes herbeuses/ligneuses où le rapport biomasse ligneuse / biomasse herbacée est inférieur à 2. La strate herbeuse peut être dominée par une strate ligneuse (composée de buissons, d'arbustes ou d'arbres) qui sont en général de petite taille ou de taille moyenne, et qui du fait de cette taille limitée n'influencent pas la strate herbeuse dans son ensemble.

La strate ligneuse est composée de vivaces.

Suivant l'importance de la strate ligneuse, nous distinguerons:

- les savanes herbeuses (exemptes de ligneux) sont composées essentiellement d'Andropogonées, - les savanes buissonneuses avec des buissons de taille inférieure à 5 m,

- les savanes arbustives où les ligneux peuvent atteindre 8 m de hauteur,

- et enfin, les savanes boisées ou arborées possédant une strate ligneuse composée d'arbres et d'arbustes, avec des arbres dominants qui peuvent atteindre 12 m de hauteur.

Nous distinguerons ensuite les savanes-parc ou savanes-verger d'origine anthropique qui correspondent aux formations savanicoles découlant des champs cultivés où l'on retrouve ainsi toutes les espèces utiles conservées dans le parcl3 cultivé par les paysans. Vi/ellaria paradoxa(karité), Parkia biglobosa(néré), Faidherbia albida (balanzan) sont parmi les espèces les plus fréquentes. Ces espèces du parc cultivé sont donc les espèces que nous retrouverons dans les jachères qui forment les premiers stades des savanes-parc qui se caractérisent en outre par une flore herbacée très riche en rudérales et en plantes cultivées.

3.223. Les steppes

Les steppes sont des formations herbeuses ou mixtes herbeuses/ligneuses caractérisées par la présence d'une strate graminéenne de densité et de hauteur variable composées essentiellement d'annuelles.

La strate ligneuse, non systématique, présente une hauteur généralement inférieure à 10 m et de densité faible.

Comme pour les savanes nous distinguerons des steppes herbeuses, buissonneuses, arbustives et arborées suivant l'importance de la strate ligneuse.

Retenons pour le Mali:

- les steppes érémiques (ou désertiques),

- les steppes sahéliennes qui sont dominées par les herbacées annuelles et qui déterminent la physionomie de la végétation,

- et les bowé (sing. bowal) qui sont des formations soudaniennes caractéristiques des affleurement cuirassiques.

La strate herbacée est à dominante annuelle, entrecoupée par la présence de quelques plantes vivaces et d'arbustes rabougris.

En conclusion à ce chapitre qui récapitule d'un point de vue écologique les formations végétales rencontrées au Mali, il devient maintenant intéressant d'essayer de replacer les termes couramment utilisés dans la bibliographie.

La "brousse" est une appellation familière généralement utilisée par les paysans pour désigner l'espace non cultivé autour du finage villageois. Par extension des cultures, les champs gagnent sur brousse qui est peu à peu défrichée, on parle alors de champs de brousse par opposition aux champs de case situés près des lieux d'habitations. Ce découpage de l'espace se développe en auréole autour des hameaux.

Les ''jachères'' sont des terres cultivées que l'on laisse au repos pour permettre la remontée de la fertilité (cultures sans engrais minéraux), et éviter la prolifération d'adventices et de ravageurs notamment. Cette pratique de la jachère s'inscrit dans le cycle de la culture itinérante traditionnelle en Afrique de l'Ouest. En pays soudano-sahélien, les experts de la F.A.O. considèrent que la période de jachère doit correspondre à deux fois la période de culture pour éviter un épuisement minéral des sols (soit 10 années de jachère pour 5 ans de cultures).

Néanmoins, il apparaît que l'érosion entraîne plus de pertes en éléments minéraux majeurs (N,P,K) que les exportations agricoles. Au Mali, la tendance est au raccourcissement des temps de jachère, voire à sa disparition dans la zone cotonnière.

13Le parc que l'on nomme souvent parc arboré ou parc cultivé est une des caractéristiques des paysages agraires africains de savanes où l'arbre est conservé au milieu des cultures. Le parc est donc une pratique agroforestière.

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