J.P.
BIDANELINRA Station de
Génétique quantitative
etappliquée
78350
Jouy-en Josas
Taux d’ovulation
et survie prénatale
chez la truie :
aspects génétiques
Peut-on augmenter l’efficacité des méthodes d’amélioration génétique
de la prolificité des truies
enagissant
nonplus directement
surla taille de la portée, mais
sur ses2 principales composantes : taux d’ovulation
et survie prénatale? A partir d’une synthèse des connaissances actuelles
sur
le déterminisme génétique des composantes de la prolificité, cet article
apporte des éléments de réponse et présente les problèmes pratiques et méthodologiques qu’elle soulève.
Malgré
sonimportance économique,
laproli-
ficité des truies n’a que très peu évolué au cours des 15 dernières années.
Globalement,
l’améliorationapportée
par lagénéralisation
ducroisement n’a fait que compenser la réduction de la taille de la
portée
liée à l’avancement del’âge
à lapremière
mise bas et à la diminution de la durée d’allaitement. La sélection sur laprolificité
n’a pas,quant
àelle, dépassé
le stadedes réalisations
expérimentales.
Celles-ci ontpermis
d’aboutir à desgains
notables(entre
1,4et 1,7
porcelet
parportée ;
Bolet et al 1987, LeRoy
et ai1987), qui
ontcependant
nécessité uneffort de sélection
important
et delongue
durée(10
à 15ans).
L’efficacité de cette sélection esten effet limitée par le mode
d’expression
et lafaible héritabilité de la
prolificité.
Aussi la recherche de méthodes d’améliora- tion
plus
efficaces a-t-elle faitl’objet
de nom-breuses
investigations.
L’une d’entre elles consiste àagir
nonplus
directement sur la taille de laportée,
mais sur les composantesqui
caractérisent la série d’événements
depuis
lamaturation des
gamètes jusqu’à
la naissance deporcelets
viables :ovulation, fertilisation,
déve-loppement embryonnaire.
Le taux de fertilisa- tion est très élevé chez le porc(plus
de 90% ;
Wrathall1971)
et ne contribue que defaçon marginale
aux variations de laprolificité
destruies. L’ovulation et la survie des
embryons
constituent donc les
principaux
facteurs devariation de la taille de la
portée
à la naissance.Cet article se propose de faire le
point
desconnaissances actuelles sur la variabilité
géné- tique
de ces 2 composantes. Lespossibilités
etl’intérêt de leur utilisation pour l’amélioration de la
prolificité
des truies sont ensuite discutésà la lumière de cette
synthèse.
1 / Mesure des composantes de la prolificité
Contrairement à la
prolificité,
l’ovulation et la survieembryonnaire
ne sont pas directement accessibles à l’observateur. Le taux d’ovulation peut certes être mesuré par dénombrement desRésumé —
Cet article fait le
point
des connaissances actuelles sur la variabilitégénétique
dutaux d’ovulation
(TO)
et de la survieembryonnaire (SE).
Les 2 caractèresprésen-
tent une forte étendue de variation entre races
(8
à 10 ovules et 20 à 25points
depourcentage
pour TO et SErespectivement).
Les effets d’hétérosis direct sont peuimportants (2
à 3 % pour TO ; 1 à 2 % pourSE).
Par contre, la survieembryon-
naire
présente
un effet d’hétérosis maternelimportant (environ
8%).
L’héritabilité du taux d’ovulation est relativement élevée
(0,30).
Celle de la survieembryonnaire
est moins bien connue, mais semblecomparable
oulégèrement supérieure
à celle de laprolificité (environ 0,15).
La corrélationgénétique
entreTO et SE est
négative,
les liaisons avec laprolificité
étant par contrepositives.
Lesquelques
estimationsdisponibles
nepermettent
malheureusement pas depréciser l’importance
de ces relations.Des liaisons avec le
système majeur d’histocompatibilité
et laprésence
de translo- cationsréciproques
ont par ailleurs été mises en évidence. D’autres sont suspec- tées avec le groupesanguin
H et le locus de la transferrine.Les
possibilités
d’utilisation de cescomposantes
pour l’améliorationgénétique
dela
prolificité
sont ensuite discutées. Desperspectives
semblentexister,
mais l’im-précision
de nos connaissances sur la variabilitégénétique
de TO et SE et les pro- blèmes de modélisation de la survieembryonnaire
ne permettent pas, pour l’ins- tant, de conclure.20-30% 10-15%
5-15%
2_3%
..
’
’
’ ’ ’
.’
’ ! !! ! ’
. 2-3%
implantation
saillie naissance
sevrage
e1 1 1 1
0 13 30
jours
115 143ovules collectés à
partir
d’unlavage
de l’ovi-ducte. Mais cette
opération, qui
nécessite uneintervention
chirurgicale
et une connaissanceprécise
du moment del’ovulation,
restelourde, délicate,
et tend à sous-estimer le taux d’ovula- tion : on considèregénéralement qu’environ
5 % des ovules sont
perdus
au cours de la col-lecte. C’est
pourquoi
lui est leplus
souventpré-
férée une mesure indirecte par dénombrement des corps
jaunes
sur l’ovaire. Les corpsjaunes peuvent
être visualisés in vivo par les techni- ques delaparoscopie
et delaparotomie
ou,après abattage,
par l’examen direct et la dissec- tion des ovaires. Lalaparoscopie (encore
appe-lée
endoscopie
oucoelioscopie) permet,
à l’aide d’unendoscope
et d’unetige
demanipulation
introduits dans la cavité
péritonéale,
de visuali-ser facilement et de
façon
peutraumatique
lesovaires. Elle nécessite
cependant
une anesthé-sie
générale
de la truie. Lalaparotomie, qui
consiste à ouvrir la cavité abdominale de
façon
à observer directement les ovaires, est une
opé-
ration nettement
plus conséquente.
Deux sources d’erreurs
peuvent
affecter la fiabilité de ces méthodes indirectes. La pre- mière est l’absence decorrespondance
entre lesnombres de corps
jaunes
et d’ovulespondus.
Elle
peut
être due à laprésence
de corpsjaunes
« accessoires » formés en cours de
gestation
àpartir
de follicules non rompus ou au contraire à l’existence de follicules «polyowlatoires
» et/ou d’ovules «polyembryonnaires« .
Le carac-tère
exceptionnel
des corpsjaunes
« acces-soires » et
plus globalement
la constance dunombre de corps
jaunes
tout aulong
de la ges- tation sont bien établis chez la truie(Longe-
necker et al 1968,
Cooper
et Scofield1969).
Parcontre, la
fréquence
des follicules «polyovula-
toires » et des ovules «
polyembryonnaires
»reste mal connue. Les
quelques
résultatsdispo- nibles,
malheureusement obtenus sur des échantillons de taillelimitée, penchent
toute-fois en faveur de la rareté de ces 2
phénomènes (Perry
1961,Cooper
et Scofield1969).
La seconde source d’erreurs est liée à la
pré-
cision de la
technique
du dénombrement des corpsjaunes.
La dissectioncomplète
desovaires assure un dénombrement correct et constitue à cet
égard
la méthode de référence.L’examen visuel direct de l’ovaire
(après
abat-tage
oulaparotomie)
assureégalement
un boncomptage
des corpsjaunes apparents,
mais nepermet
pas de détecter certaines formations« enfouies » dans les amas de corps
jaunes ;
il tend de ce fait à sous-estimerlégèrement
letaux d’ovulation. Ce même défaut se retrouve
dans la
technique d’endoscopie, qui
conduitpar ailleurs à des erreurs de dénombrement
plus fréquentes.
Ces erreurs restentcependant
de faible
importance
pour un observateurexpé-
rimenté
(Locatelli 1971). ).
La survie
embryonnaire
est estimée par la différence(ou
leratio)
du nombred’embryons
à un stade donné de la
gestation
au taux d’ovu- lation estimé àpartir
des méthodes indirectes décrites ci-dessus. Le dénombrement desembryons peut
être réaliséaprès abattage
desfemelles ou in vivo
après
collecte au cours despremiers jours
degestation,
parlaparotomie
aucours de la
période post-implantatoire
ou à lanaissance. La
quantité
estimée diffère selon le stadeauquel
est réalisée la mesure, car lespertes embryonnaires
sontsusceptibles
de seproduire
tout aulong
de lagestation (figure 1).
La part de mortalité la
plus importante
se situeau cours du mois suivant la saillie mais la mor- talité tardive
(après
60jours)
estparfois
loind’être
négligeable (Etienne
et al1983).
La fiabilité de la mesure de la survie
embryonnaire dépend
bien entendu de celles du dénombrement des ovules et desembryons,
mais
également
d’une confusionpossible
entreune non-fertilisation de certains ovules et une
mortalité
précoce
desembryons.
Cette confu-sion peut conduire à une surestimation
(en
casde fertilisation
incomplète)
ou à une sous-esti-mation
(en
cas de mortalitéembryonnaire
totale en début de
gestation,
lalongueur
ducycle
n’étant pasaffectée)
de la mortalitéembryonnaire. Cependant,
l’erreur ainsi com-mise est en
général
de faibleimportance,
car la non-fertilisation et la mortalitéembryonnaire
totale sont des
phénomènes
peufréquents
dansdes conditions normales de saillie ou d’insémi- nation
(Bolet 1986).
Le dénombrement desembryons
ne pose deproblème qu’au
cours despremiers
stades de lagestation (perte
d’em-bryons
lors de lacollecte).
L’étude des
composantes
de la taille de la por- tée nécessiteégalement
depréciser
et decontrôler les
principaux
facteurs de variation du milieu. L’ovulation et la survieembryon-
naire varient fortement avec
l’âge physiologi-
que
(numéro
d’oestrus et numéro deportée)
ouchronologique
desfemelles,
l’alimentation et les conditions de milieu(température,
éclaire-ment, état
sanitaire).
Par contre, l’effet intrinsè- que(indépendant
des variations liées àl’âge)
du
poids corporel
semble limité : voir lesrevues récentes de Christenson
(1986)
etDyck (1988).
2 / Facteurs génétiques
identifiables
Deux groupes de facteurs
génétiques
identi- fiablespeuvent affecter,
directement ou indi- rectement, laprolificité
des truies(Bolet 1986) :
les anomalies
chromosomiques
d’unepart,
lesgènes
à effets visibles(gènes majeurs
et &dquo;mar-queurs&dquo;)
d’autre part.2.
1 / Anomalies chromosomiques
Parmi les différents types d’anomalies chro-
mosomiques
mises en évidence dansl’espèce porcine (voir
Fechheimer1981)
les transloca- tions(transfert
ouéchange
de matériel chromo-somique
entrechromosomes)
sont lesplus
fré- quentes. Les translocations robertsoniennes(fusions centriques), présentes
à desfréquences
élevées dans certaines
populations
de porcs sauvages, ne semblent pas affecter lesperfor-
mances de
reproduction (Mc
Fee et Banner1969).
Des fusionscentriques
sont occasionnel- lement observées dans lespopulations
de porcsdomestiques,
mais sans maintien d’unpoly- morphisme.
Par contre, les translocations réci- proques(échange
mutuel deportions
de chro-mosomes)
sont àl’origine
de réductionsimpor-
tantes de la
prolificité :
de 5 à 100 % selon larevue récente de
Popescu
etLegault (1988), qui
recense 22 translocations
réciproques
diffé-rentes. Cette réduction
provient
d’une diminu- tion du taux de survieembryonnaire,
le tauxd’ovulation des femelles
transloquées
étant nor-mal. Cette diminution est
provoquée
par la for- mation degamètes
àcaryotype déséquilibré (manque
ou excès de matériel chromosomi-que).
La fécondation estnormale,
maisproduit
des
embryons
non viablesqui
sont éliminésavant ou
pendant l’implantation (Popescu
etLegault 1988).
2.
2 / Gènes à effets visibles
Trois
gènes
ou groupes degènes
à effets visi-bles sont à l’heure actuelle connus pour leurs relations avec la
prolificité
des truies : le sys- tème de groupesanguin
H, lesystème majeur d’histocompatibilité (SLA)
et lesystème
de la transferrine. Unquatrième gène,
celui de la sensibilité à l’halothane(Hal ‘ ) peut
êtreajouté
àcette
liste,
bien que son influence sur la taille de laportée
soit controversée(Sellier
et al1987).
Les liaisons entre cesgènes
et l’ovulation et la survieembryonnaire
sont malheureuse- ment mal connues, seuls le SLA et legène
Hal’ayant fait
l’objet d’investigations précises.
Destravaux menés à l’INRA sur des animaux de
race
Large
White et aux USA sur deslignées
deporcs &dquo;miniatures&dquo; ont
permis
de mettre en évi- dence un effetsignificatif
de certainshaplo- types
du SLA sur le taux d’ovulation(Renard,
données non
publiées, Conley
et al1988),
ainsiqu’un
effet défavorable del’haplotype
&dquo;H02&dquo;sur la survie
embryonnaire (Renard 1988).
Al’inverse, Simpson
et al(1986)
ne mettent enévidence aucune différence
significative
detaux d’ovulation ni de survie des
embryons
à 30jours
degestation
entre truies sensibles et non sensibles à l’halothane. Une liaisonpositive
semble par ailleurs exister defaçon
assezgéné-
rale entre le niveau
d’hétérozygotie
de laportée
à ces différents locus et la
prolificité (Rasmusen
et
Hagen
1973, Schworer etMorel 1984,
Renardet al 1985, Valenta et al
1986). L’origine
de cette liaison reste mal connue, mais peut vraisembla- blements’expliquer
par une meilleure survie desembryons hétérozygotes
à des locus don- nés ou à des interactionsimmunologiques
entre les
génotypes
de la mère et desembryons pendant
lagestation (Bolet 1986).
3 / Variabilité entre
racesLes
comparaisons
de races sont leplus
sou-vent réalisées à
âge physiologique
constant. Enpratique,
lesâges physiologiques
etchronologi-
ques diffèrent peu entre les diverses races étu-
diées,
à la notableexception
des races chi- noises,beaucoup plus précoces
sexuellement que les raceseuropéennes
et nord-américaines(3
mois contre 6 à 7 mois -Legault
et Caritez1983).
3.i / Différences entre
racesLes différences de taux d’ovulation et de sur-
vie
embryonnaire
entre races,exprimées
enécart au
Large
White(ou
au Yorkshire pour lescomparaisons nord-américaines)
sontreprésen-
tées sur la
figure
2. Les variations du taux d’ovulation sont extrêmementimportantes (8
à10 ovules
d’écart)
etbeaucoup
mieux connueschez la cochette au cours des
premiers cycles
suivant la
puberté
que chez la truie adulte.Néanmoins, les
principales
races utilisées àLes taux
d’ovulation
et de survie
embryonnaire
sont ttrès
variables selon
les races :l’écart
entre extrêmes atteint 8-10 ovules et
20 à 25 points de
taux de survie.
l’heure actuelle comme
type génétique
mater-nel
(Large
White ouYorkshire, Landrace,
Ches-ter
White, Duroc)
ont des taux d’ovulation assezcomparables (14
à 16ovules)
avec,semble-t-il,
une
légère supériorité
duLarge
White(Yorks- hire)
sur les autres races. Ces races sont nette- mentsupérieures
aux racespaternelles spéciali-
sées
(Hampshire,
maiségalement
Piétrain etLandrace
Belge,
non mentionnées sur lafigure 2)
et aux racesLarge
Black et Poland China. Larace chinoise Meishan
présente
certainesparti-
cularités : le taux d’ovulation des cochettes estfaible au cours des
premiers cycles
suivant lapuberté,
mais augmente par la suite pour se situer à un niveausupérieur
aux meilleuresraces
européennes
à mêmeâge chronologique.
Les
performances
des truies Meishan adultes sont moins bien établies :comparables
à cellesdu
Large
Whited’après
Bolet et al(1986),
elleslui sont nettement
supérieures
selon une série de résultats récents(Bidanel
et al données nonpubliées ; Martinat-Botté,
communication per-sonnelle). ).
Les différences de taux de survie
embryon-
naire sont le
plus
souvent mesurées vers 30jours
degestation.
Elles sont moinsmarquées (environ
2écart-types phénotypiques
entrevaleurs
extrêmes),
ceciqu’elles
soient ou noncorrigées
pour le taux d’ovulation. Les femelles Meishanprésentent
une très nettesupériorité
sur l’ensemble des autres races. Parmi
celles-ci,
les femelles Duroc, Landrace etLarge
Whiteont des
performances
assez semblables(avec cependant
unléger désavantage
des truiesLarge White)
et nettementsupérieures
auxraces Lacombe et surtout
Hampshire.
Il n’existepas, pour
l’instant,
decomparaison
entre racessur le
plan
de la mortalitéembryonnaire
tardive mais,compte
tenu desprolificités respectives
de ces races, on
peut
raisonnablement penser que les différences sont peumarquées.
Quelques
études ontessayé
de dissocier lesparts respectives
des effets directs et maternels dans cette variabilité. Les effets directs(liés
auxgènes
de lafemelle) jouent
un rôleprépondé-
rant sur le taux d’ovulation. Néanmoins,
plu-
sieurs auteurs
(voir
la revue de Robison1972) indiquent
des différences d’effets maternelssignificatives,
les écarts entre croisements réci- proquespouvant
atteindre 2 ovules(figure 3).
L’origine
des variations de la survieprénatale
est
beaucoup plus
mal connue. Lesquelques
résultats
disponibles
vont dans le sens d’uneffet maternel
(lié
auxgènes
de latruie)
favora-ble des truies
Large
White(ou Yorkshire)
surleurs
homologues Duroc, Hampshire,
Landraceet Meishan
(figure 3)
et au contraire d’un effetdirect
(lié
auxgènes
desembryons) positif
desraces Duroc et Meishan et très
négatif
de la raceHampshire (Short
et al 1963,Young
et al 1976,Bidanel et Caritez, données non
publiées).
Cesestimations restent malheureusement peu
pré-
cises et non
significatives
et nepermettent
pas dejuger
del’importance
relative des 2 types d’effets.3.
2 / Effets d’hétérosis
Souvent considéré comme un caractère pure- ment additif
(voir
parexemple Hughes
et Var-ley
1980 ouJohnson 1981),
le taux d’ovulationprésente
en fait un effet d’hétérosis nonnégli- geable,
de l’ordre de 0,3 à 0,5 ovule(figure 4a).
Cet effet ne peut
s’expliquer
par laplus grande précocité
sexuelle des truies croisées, car laplupart
des estimations sont faites à mêmeâge physiologique.
Les moyennes d’effet d’hétéro- sis par race ne sont pasrigoureusement
compa-rables,
dans la mesure où tous les croisementspossibles
n’ont pas encore été réalisés. Elles semblentcependant
assezhomogènes,
saufpour la race
Hampshire, qui présente
une mau-vaise
aptitude
à lacombinaison,
et la race Meis-han,
les truies croiséesLarge
White x Meishan adultes étant à créditer d’une valeur d’hétérosisexceptionnellement
élevée(2,1
± 0,9 ovules : Bidanel et Caritez, données nonpubliées).
Les truies croisées
présentent également
unemeilleure
aptitude
à assurer la survie de leursembryons
que les truies de race pure, commeen
témoignent
les valeurs élevées d’hétérosis maternelgénéralement
observées sur la viabi-lité
embryonnaire (figure 4b).
Ces valeurs sous-estiment
légèrement
lasupériorité
des femellescroisées,
du fait de l’existence d’un effet d’hété- rosis sur le taux d’ovulation. Cette sous-estima- tion reste toutefois de faibleimportance,
sauf dans le cas des femellesLarge
White x Meishanadultes,
pourlesquelles
la valeur obtenue(2,1 points
de pourcentage - Bidanel et Caritez, don- nées nonpubliées)
estprobablement
sous-esti-mée de 3 à 4
points.
A
l’inverse,
lesembryons
croisés ne semblentpas bénéficier d’une meilleure survie à 30-40
jours
degestation
que ceux de race pure(figure 4c).
Même si une certaineprudence s’impose
compte tenu du faible nombre d’estimationsdisponibles,
ce résultat amène à supposer une meilleure viabilité desembryons
croisés en finde
gestation
pourexpliquer
l’effet d’hétérosis directpositif
sur la taille de laportée
à la nais-sance
(0,2
à 0,3porcelet/portée -
Sellier 1976,Bidanel
1988). Malheureusement,
aucune don- néeexpérimentale
nepermet
à l’heure actuelle de vérifier cettehypothèse.
4 / Variabilité intra-race
4.
1
/ Variabilité phénotypique
La variabilité
phénotypique
du taux d’ovula-tion est assez similaire à celle de la taille de la
portée (écart-type
= 2,2 à 3 ovules - tableau1),
avec une distribution
qui
peut être considéréecomme normale
(figure 5a).
Par contre, la dis- tribution du taux de survieprénatale
s’écartenettement de la
normalité,
avec unedissymé-
trie
marquée
due à un étalement des faibles valeurs de survie(figure 5b).
Plusieurs auteurs ont mis en évidence une
non-linéarité de la liaison entre ces 2 variables
(voir
parexemple Legault
et Gruand 1981, Bli- chfeldt et Almlid1982). Toutefois,
cette absence de linéarité est essentiellement dueaux valeurs extrêmes du taux d’ovulation
(figure 5c).
Pour les faibles tauxd’ovulation,
certaines femelles
présentent
une mortalitéembryonnaire importante, qui correspond
pro- bablement à des mécanismesphysiologiques particuliers (taux
insuffisant deprogesté- rone,...?).
Pour les valeurs élevées du taux d’ovulation(To)
obtenues parsuperovulation
ou,
indirectement,
parhémi-hystérectomie (rapporté
à la corne utérine restante, le nombre d’ovules estpratiquement
doublé - voirJohnson
et al
1985),
le nombred’embryons
estpratique-
ment
indépendant
de To(Christenson
et alLes
effets d’hétérosis direct
sont enmoyenne peu
importants.
Enrevanche, le
taux desurvie
présente
uneffet d’hétérosis
maternelfavorable : les
truies croisées ont unemeilleure
aptitude
à assurer lasurvie de
leurs
embryons.
L’héritabilité du taux
d’ovulation
est assezélevée (0,30). Celle de la
survieembryonnaire
estplus faible
maisloin
d’être négligeable.
1987).
Le taux de survieembryonnaire
variealors
proportionnellement
à la fonction 1/To etprésente
donc une certaine curvilinéarité.Quoiqu’il
en soit, ces 2phénomènes
correspon- dent à des situations trèsparticulières.
Pour lesvaleurs usuelles de taux d’ovulation
(10 -
30ovules),
la liaison taux d’ovulation - survieembryonnaire peut
raisonnablement être consi- dérée comme linéaire. Cette liaison est moyen- nementnégative (figure 5c),
mais avec, semble-t-il,
des variations liées au stade degestation
d’unepart (Wrathall 1971),
à la race d’autrepart (Davis et al 1987).
Les liaisons entre ces 2 variables et la
prolifi-
cité des truies sont
positives,
mais fortement curvilinéaires(Swierstra
etDyck
1976,Legault
et Gruand 1981, Blichfeldt et Almlid
1982).
Cette absence de linéarité
explique
vraisembla- blement enpartie
les variationsimportantes
entre estimations de corrélations
phénotypi-
ques : de 0,06 à 0,57 pour la liaison taux d’ovu- lation -
prolificité ;
de 0,55 à 0,82 pour la liai-son survie
prénatale-prolificité.
4.
2 / Héritabilités
Le taux d’ovulation
présente
une héritabilité moyenne(environ
0,30 - tableau1), qui
permetd’envisager d’importantes possibilités
d’amélio-ration par sélection. Ces
possibilités
ont étéconfirmées dans une
expérience
de sélectionsur le taux d’ovulation réalisée à l’Université du Nebraska
(USA.).
Laréponse
directe atteint3,71 corps
jaunes après
9générations
de sélec- tion,correspondant
à une héritabilité réalisée de 0,42 ± 0,06(CunnighaOl et al 1979).
L’héritabilité de la survie
prénatale,
nette-ment moins bien connue, semble
plus
faible(tableau 1).
Elle n’en est pas pour autantnégli-
geable, puisque
la valeur moyenne du tableau 1 estsupérieure
aux valeursgénéralement
obte-nues pour la taille de la
portée
à la naissance(0,15
contre0,10).
Lespossibilités
de sélectionsur ce caractère n’ont malheureusement
jusqu’à présent
faitl’objet
d’aucune évaluationexpéri-
mentale. Elles ont par contre été démontrées
avec succès chez la
souris,
avec uneréponse
de13 % au bout de 16
générations
de sélection(Bradford
et al1980).
4.
3 / Corrélations génétiques
Les estimations de corrélations
génétiques
entre le taux
d’ovulation,
la survieembryon-
naire et la taille de la
portée
sontregroupées
dans le tableau 2. Les corrélations avec la
pré-
cocité sexuelle et différents caractères de pro- duction
figurent
dans le tableau 3. Ces diffé- rentes liaisons sont dans leur ensemble très mal connues et le seul élément de certitudeconcerne, dans le meilleur des cas, le
signe
de la corrélation. Ainsi, le taux d’ovulation et la survieembryonnaire apparaissent
défavorable- mentliés,
mais sans que les rares estimationsdisponibles permettent
d’avoir d’idéeprécise
sur
l’importance
réelle de la liaison. Les rela- tions entre ces 2 variables et laprolificité
destruies semblent au contraire
plutôt positives
auvu des estimations du tableau 2. Ces résultats ont été confirmés dans le cas du taux d’ovula- tion par les
réponses
corrélatives favorables obtenues sur ce caractèrea’près
sélection sur laprolificité (Bolet
et al 1986, Bolet et al1989)
ouréciproquement
celles obtenues sur la taille de laportée après
sélection sur le taux d’ovulation(Johnson
et al1984).
Les résultats obtenus surla survie
prénatale
dans ces mêmesexpériences
sont moins nets et ne
permettent
pas de conclure quant ausigne
de la corrélation.Il existe une
corrélation
génétique
défavorable entre les taux d’ovulation et de survie
embryonnaire.
Parcontre, les liaisons
avec la taille de la
portée
sontpositives.
Mais les estimations
disponibles
nepermettent
pasde préciser l’importance
deces
relations.
Il est
également
difficile de conclurequant
au sens des liaisons entre ces
composantes
et laprécocité
sexuelle ou les caractères deproduc-
tion. La vitesse de croissance
apparaît positive-
ment liée au taux d’ovulation au vu des corréla- tions estimées à
partir
des relations entre appa- rentés. Aucuneréponse
corrélative sur legain
moyen
quotidien
n’est toutefois observée dans lalignée
sélectionnée au Nebraska sur le tauxd’ovulation
(Newton
etal 1977).
Par contre, unetendance défavorable est mise en évidence pour les caractères de
composition corporelle,
mais sans que les
réponses
corrélatives soientsignificatives (England
et al1977).
Une liaisonlégèrement
défavorable sembleégalement
exis-ter entre le taux d’ovulation et
l’âge
ou lepoids
à la
puberté
mais, là encore, les valeurs obte-nues sont non
significatives
et aucuneréponse
corrélative à la sélection n’est observée dans lalignée
du Nebraska.Les seules valeurs
disponibles
dans le cas dela survie
embryonnaire
sont toutes nonsignifi-
catives et permettent
uniquement
de conclure à l’absence de liaisonmarquée
avec les carac-tères de
production.
4.
4 / Effets de la consanguinité
Les taux d’ovulation et de survie
embryon-
naire sont tous deux défavorablement affectés par la
consanguinité.
Le taux d’ovulationpré-
sente une réduction de 0,6 à 1,7 ovule selon les études pour un accroissement de 10 % du taux de
consanguinité
Tc(Hughes
etVarley 1980).
Ilne semble pas exister à l’heure actuelle d’esti- mation directe des effets de la
consanguinité
sur la survie
embryonnaire.
Les valeurs obte-nues pour la taille de la
portée
à la naissancepermettent
néanmoins de se faire une idéeassez
précise
des effets de laconsanguinité
de laportée :
-0,13porcelet
pour une augmenta-tion de 10 % de Tc selon la revue de Hill et
Webb
(1982).
Il est par contre difficile de quan-tifier avec
précision
lesparts respectives
dutaux d’ovulation et de la survie
embryonnaire
dans l’effet de la
consanguinité
des truies sur laprolificité (-
0,23porcelet
né pour un accroisse- ment de 10 % de Tc : Hill et Webb1982).
5 / Perspectives d’utilisation pour l’amélioration de la prolificité des truies
5.
1
/ Des possibilités apparemment
intéressantes
....La modification par les
techniques
de lagénétique quantitative
du taux d’ovulation et de la survieembryonnaire peut-elle
s’avérer inté- ressante pour l’amélioration de laprolificité
destruies ? En d’autres termes, la connaissance de
ces
composantes
est-ellesusceptible
d’accroître l’efficacité des méthodes d’améliorationgénéti-
que de la taille de la
portée ? Compte
tenu des incertitudesqui
subsistent quant à la variabilitégénétique
de cescomposantes,
notamment intra-race, ilapparaît
à l’heure actuelle difficiled’apporter
uneréponse
définitive à ces interro-gations.
Au vu des résultats de cettesynthèse bibliographique, quelques perspectives
sem-blent néanmoins exister et méritent d’être
approfondies.
L’existence de liaisons entre des marqueurs
génétiques (notamment
ceux mis en évidencepar les nouvelles
techniques
debiologie
molé-culaire - RFLP,
régions hypervariables,...) peut
permettre d’améliorer l’efficacité des méthodes de sélection(sélection
assistée par marqueur - voir Smith etSimpson
1986, Soller et Beckmann 1988 ou Ollivier1989).
Parmi lesapplications envisageables,
lapossibilité
d’identifier
précocément
desgénotypes
favora-bles dans les 2 sexes
présente
un intérêt certainpour les caractères de
reproduction
femelle.Une des
principales
difficultés de ces méthodes réside dans la détection de telles liaisons. Surce
plan,
une étudeprécise
des différentes com-posantes de la
prolificité (ovulation,
survieembryonnaire, paramètres
hormonaux et uté-rins,...)
devrait permettred’augmenter
l’effica-cité d’un
dispositif
de détection de ces liaisons.Une fois celles-ci identifiées et
caractérisées,
l’intérêt depoursuivre
àgrande
échelle lamesure de ces composantes est
moindre,
unsimple
examen du caractère à améliorer(la
pro-lificité dans le cas
présent)
permettant dansune
large
mesure de vérifier et contrôler l’effi- cacité de la sélection. Un contrôlerégulier
dumaintien des associations favorables marqueur- caractère reste certes
nécessaire,
mais neconcernera que des échantillons d’animaux de taille limitée. La connaissance de ces liaisons peut
également
être utilisée dans certains caspour
planifier
desaccouplements,
en associantpar
exemple
deshaplotypes
liés à un fort tauxd’ovulation à d’autres liés à une survie
embryonnaire
élevée. Mais, ici encore, lamesure des
composantes
de laprolificité
concerne essentiellement la
phase
de détection et de caractérisation de la liaison.Entre races, la connaissance des compo- santes de la
prolicité
ne semble pas d’un intérêtmajeur
pourl’optimisation
desplans
de croise-ment, tout au moins à court terme. Par contre, à
plus long
terme, le croisement de 2 races oulignées
sélectionnées l’une sur le taux d’ovula- tion, l’autre sur la survieembryonnaire,
peut constituer une alternative à une sélection sur laprolificité
dans les 2 races(tableau 4).
L’intérêtde la méthode
provient
notamment despossibi-
lités de sélection individuelle des
jeunes
femelles sur le taux d’ovulation.Cependant,
sila survie
embryonnaire
est mesurée à la misebas
(cas
2 - lacapacité
de mise bas étant unecontrainte
pratique
trèsimportante),
legain
obtenu par rapport à une sélection directe surla
prolificité (cas 1)
est faible. La méthodedevient
plus
intéressante si l’on contrôle lesjeunes
femelles en cours degestation
parlapa-
rotomie. Un
gain
d’environ 25 % parrapport
àune sélection sur la
prolificité
peut alors théori- quement êtreenvisagé (cas 3). ).
Une autre
possibilité, proposée
parJohnson
et al
(1984),
consiste à sélectionner les femellessur un indice
pondérant
defaçon optimale
letaux d’ovulation et le taux de survie
embryon-
naire. Des
gains
trèsimportants
sont alors théo-riquement envisageables,
notammentlorsque
lasurvie
embryonnaire
est mesurée sur lesjeunes
femelles en cours degestation (cas 4).
5.z
/
...mais de nombreux problèmes
subsistent
Les
perspectives optimistes présentées
ci-dessus
appellent
un certain nombre de com-mentaires et de
critiques.
La solutionpotentiel-
lement la
plus
intéressante dans un avenirproche
reste, dans l’état actuel de nos connais- sances,l’application
auxcomposantes
de laprolificité
des méthodesclassiques
de sélec-tion. Malheureusement, l’intérêt de ce type
d’approche dépend
fortement desparamètres génétiques
de cescomposantes,
notamment desvaleurs,
encore très mal connues, de la cor- rélationgénétique
entre les taux d’ovulation etde survie
embryonnaire.
Une étude de la sensi- bilité des résultats aux variations de ceparamè-
tre
indique
en effet clairementqu’une
sélectionsur les
composantes
de laprolificité
nepré-
sente un avantage sur une sélection directe sur
la taille de la
portée
que si la liaisongénétique
taux d’ovulation - survie
embryonnaire
n’estpas trop forte
(figure 6).
Une estimationprécise
de la corrélation
génétique
entre ces 2 variablesapparaît
doncindispensable.
La difficulté de cette tâche augmentera fortement si, comme le laissentenvisager
les résultats de Davis et al(1987),
lesparamètres génétiques
diffèrent selon la race. Par contre, l’héritabilité de la sur- vieembryonnaire
est relativement moinsimportante.
Une autre condition nécessaire à l’efficacité de cette sélection est l’existence d’une corréla- tion élevée
(ou
mieux, d’uneidentité)
entre lesmesures de survie
embryonnaire
en cours degestation
et à la naissance. Lesquelques
esti-mations
disponibles
ne vontguère
dans cesens. Etienne et al
(1983) présentait
une corré-lation
phénotypique négative (- 0,23)
entre lestaux de mortalité
précoce
et tardive. Neal etJohnson (1986)
estiment la corrélationgénéti-
que entre les tailles de
portée
à 50jours
de ges- tation et à la naissance à 0,18 ± 0,31. Ces faibles valeurss’expliquent
au moinspartiellement
par latechnique
de mesure utilisée(laparotomie),
La sélection sur
les
taux d’ovulation et de survie
embryonnaire
estthéoriquement plus
efficace
qu’une
sélection directe
sur la
prolificité
si la corrélation
génétique
entre lesdeux caractères n’est pas
trop défavorable.
Une estimation
précise
de cetteliaison est en cours.