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Cent ans de dermatologie en Suisse romande !

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Academic year: 2022

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n septembre 2013, nous avons fêté le 100e anniversaire de la Société suisse de dermatologie par un congrès à Montreux. Celui-ci, organisé sous l’égide du Service de dermatologie du CHUV, a permis, tout en abordant les avancées actuelles et les perspectives futures, de rendre hom- mage au passé de la dermatologie suisse.1

La Société de dermatologie et syphilidologie, comme elle était appelée à l’époque, a été fondée à Genève en 1913. Les fondateurs étaient de véri- tables pionniers de la dermatologie. D’ailleurs, la taxonomie des maladies cu- tanées porte encore certains de leurs noms : Bloch, Jadassohn, Tièsche. Bien

qu’à cette époque, les grandes derma- toses existaient déjà, le début du XXe siècle était encore fortement marqué par les maladies infectieuses de la peau (syphilis, gonorrhée, tuberculose, myco- ses, gale). Il a fallu attendre jusqu’à la moitié de ce siècle pour qu’un changement fondamental ait lieu grâce à l’in- troduction des antibiotiques. Ceux-ci ont permis de traiter d’une façon effi- cace ces maladies infectieuses de la peau. Une deuxième découverte fonda- mentale qui changea de façon drastique notre discipline fut l’introduction des glucocorticoïdes systémiques et topiques au début des années cinquante.

Cela permis, pour la première fois, de soigner efficacement et rapidement des affections cutanées inflammatoires. Depuis les années cinquante à nos jours, la discipline n’a cessé de gagner en dynamisme avec un développement de la recherche. Cette croissance a permis de décrypter les mécanismes patho- logiques des maladies cutanées. Ces progrès ont été rendus possibles grâce au développement de l’immunohistochimie et aux études de l’ultrastructure au microscope électronique. Depuis ces vingt dernières années, nous assis- tons à un développement extraordinaire de la recherche en immunologie et des méthodes moléculaires. C’est ainsi que la dermatologie a gagné, sous de nombreux aspects, l’image d’une discipline exemplaire. Par exemple, nous pouvons relever que l’étude de certains processus pathogéniques importants pour de nombreuses maladies, qui touchent toute la médecine, peuvent être étudiés de manière particu lière sur la peau. Aussi, l’introduction des théra- pies ciblées pour les affections inflammatoires de la peau (notamment le pso- riasis) a révolutionné la prise en charge de certaines pathologies et va conti- nuer son évolution en dermatologie comme dans d’autres spécialités.

Service universitaire de Genève

Hughes Oltramare fut le premier chef du Service de dermatologie à Genève (1889-1926) et le fondateur de la Société suisse de dermatologie et vénéréo- logie à Genève. Clinicien de renommée internationale, ses intérêts au niveau de la recherche portaient principalement sur la syphilis et son traitement avec le Néo-Salvarsan (un composé de l’arsenic). H. Oltramare fonda le Départe- ment de dermatologie et de vénéréologie dans l’ancien pavillon de l’Hôpital cantonal de Genève. La clinique y resta jusqu’à son déménagement en 1967.

Durant la période de l’entre deux-guerres et jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Service de dermatologie de l’Hôpital de Genève fut dirigé par Charles Du Bois (1926-1946). Ses domaines de compétences étaient notam- ment ceux de la radio thérapie, de la dermato-oncologie et le lupus érythé- mateux. Il fut également le premier à décrire les réactions phototoxiques de contact aux parfums (dermatite Berloque) et les érythèmes ab igne. De 1946 à 1958, le service fut dirigé par Werner Jadassohn, fils d’un des fondateurs de la dermatologie et de la vénéréologie à la fin du XIXe siècle. Il écrivit des

Cent ans de dermatologie

en Suisse romande !

«… la dermatologie a gagné l’image d’une discipline exemplaire …»

éditorial

Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 2 avril 2014 731

Editorial

M. Gilliet

W.-H. Boehncke

Michel Gilliet

Service de dermatologie et vénéréologie CHUV, Lausanne

Wolf-Henning Boehncke

Service de dermatologie et vénéréologie HUG, Genève Articles publiés

sous la direction des professeurs

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travaux expérimentaux sur la dermatite de contact allergique et sur des mala- dies généti ques. Paul Laugier (1968-1982), de Besançon, reprit et poursuivit les travaux de Jadassohn avec succès. Durant son mandat, il assura la délocalisa- tion de la Policlinique dermatologique vers son site actuel au quatrième étage du bâtiment principal des HUG. En 1982, Jean-Hilaire Saurat, qui avait mis sur pied un Service de dermatologie pédiatrique à l’Hôpital Necker à Paris, suc- céda à P. Laugier. De renommée internationale, J.-H. Saurat se consacra à la dermatologie pédiatrique, l’immunologie cutanée, la dermatotoxicologie et la dermatopharmacologie des rétinoïdes. Sa carrière fut couronnée de succès et il remporta de nombreuses distinctions honorifiques. J.-H. Saurat a laissé un héritage de collaborateurs précieux, dont Lars French, chef du Département de dermatologie de l’Université de Zurich et Luca Borradori chef du Départe- ment de dermatologie de l’Hôpital universitaire de Berne (Inselspital).

Service universitaire de Lausanne

En 1891, un an après l’inauguration de la faculté de médecine de l’Univer- sité de Lausanne, Emile Dind fut nommé Professeur et assura la création du Service de dermatologie et vénéréologie. Emile Dind s’intéressa particulière- ment aux maladies infectieuses, et notamment, aux maladies sexuellement transmissibles ; à savoir essentiellement la syphilis et la gonorrhée. Au titre de doyen de la Faculté de médecine et plus tard de recteur de l’Université de Lausanne, Emile Dind jouissait d’un grand respect du monde académique et auprès de la population du canton de Vaud. En effet, il exerça également plusieurs mandats en tant que député au Grand Conseil et fut élu au Conseil des Etats ; soit plus de deux décennies de soutien politique fort. Son successeur, Edwin Ramel, dirigea la clinique dans le même sens qu’Emile Dind. Son intérêt principal fut la tuber- culose de la peau. Il exerça également la fonction de doyen. En 1942, à la mort d’Edwin Ramel, Lucien Pautrier accepta de reprendre la direction du service jusqu’ à la fin de la guerre. Il fut remplacé par Hubert Jäger (1946 à 1957). L’at- tention du professeur Jäger se portait sur la dermatologie des maladies pro- fessionnelles, tout particulièrement sur «l’eczéma du maçon». Dans le domaine de la dermato-histopathologie, il réussit à effectuer la coloration des phaseurs nerveux de couleur or et argent. Son successeur fut un autre médecin suisse romand, le vaudois Jean Delacrétaz, qui dirigea brillamment le service de 1958 à 1986. Sa bonne réputation à la Faculté de médecine le conduisit au poste de doyen, puis à celui de recteur de l’Université de Lausanne. Il forma de nombreux cliniciens portant un intérêt particulier pour la dermato-histopathologie et la mycologie. Suite à la modernisation des infrastructures dans les années 80, un étage du nouveau bâtiment hospitalier fut attribué au Service de dermatologie et vénéréologie. En 1991, sous la direction d’Edgar Frenk, et notamment pour répondre aux besoins du service en matière de laboratoires, le service fut déplacé à l’Hôpital de Beaumont, son emplacement actuel. Edgar Frenk fut également nommé directeur médical du CHUV et contribua fortement à la for- mation de nombreux cliniciens dermatologues dans un domaine de recher che axé particulièrement sur la mélanogenèse et la photobiologie. Ce fut sous sa direction que Daniel Hohl et Marcel Huber développèrent un ouvrage de réfé- rence sur le rôle des mutations de la transglutaminase dans l’ichtyose lamel- laire et les mutations de la connexine. Michel Monod reprit, dans les années 90, la conduite de l’Unité de mycologie. De 1996 à 2010, Renato Panizzon, venu de Zurich, dirigea le service. Ses intérêts au niveau de la recherche portaient sur la dermato-histologie en dermato-oncologie, ainsi que sur le traitement des maladies de la peau avec les rayons X, dont il reste l’un des principaux experts dans le monde. R. Panizzon a dirigé le service jusqu’à fin 2010.

Ces brèves rétrospectives démontrent combien la discipline de la derma- tologie et vénéréologie accompagne et parfois même provoque l’évolution de l’univers médical. Ceci aussi bien par les découvertes scientifiques que par les hommes qui occupèrent des fonctions de leader en matière de formation académique et de gestion hospitalière.

Oui, 100 ans de dermatologie, ça se fête !

732 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 2 avril 2014

«… plus de deux décennies de soutien politique fort …»

Bibliographie

1 Swiss Society of Dermatology and Venereo­

logy (SSDV – SGDV. «Spirit and soul of Swiss dermatology and venerology 1913­2013». Neu­

châtel : Eds : Hafner J, Geiges M, et Gilliet M, 2013;311­36.

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