Thesis
Reference
Polymorphismes de l'ADN et histoire du peuplement humain: apports de l'étude des marqueurs RFLP
POLONI, Estella S.
Abstract
Notre compréhension de l'histoire du peuplement humain provient, en grande partie, de l'étude de la variabilité génétique des populations actuelles. Ici, des marquers RFLP ont été utilisés pour détecter le polymorphisme humain au niveau de l'ADN. Deux ensembles de données ont été récoltés, puis analysés, et ont permis d'observer une forte corrélation entre les distances génétiques et les distances géographiques qui séparent les populations.
L'existence d'une telle corrélation suggère que les populations humaines ont maintenu, entre elles, des flux migratoires importants tout au long de l'histoire de leur diversification. Ces données suggèrent aussi que les populations humaines se sont différenciées génétiquement et linguistiquement de manière concomitante, car les affinités génétiques entre populations reflètent fortement les relations de parenté entre les langues qu'elles parlent. Si, comme le supposent actuellement les linguistes, la diversification des grandes familles de langues humaines est d'origine très récente, la différenciation génétique des populations humaines l'est [...]
POLONI, Estella S. Polymorphismes de l'ADN et histoire du peuplement humain:
apports de l'étude des marqueurs RFLP . Thèse de doctorat : Univ. Genève, 1999, no. Sc.
3079
DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:101908
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:101908
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!.]rHsrÊ
DE GEÈ'lEvEUNwBRstrÉ oe GeNÈvn
Département d' anthropologie et d'écologie
FecuItÉ
DES SCIENCES ProfesseurA.
LanganeyDr L. Excoffier
Polymorphismes de I'ADN et histoire du peuplement humVin: apports de l'étude des
marqueurs RFLP
THÈSE
présentée
àla Faculté des sciences de I'Université de Genève pour obtenir le grade de Docteur
èssciences, mention biologique
par
Esrnlle SnrloNnrra POLONI
de
Genève et Orbetello (Iret.re)
Thèse No 3079
GeNrÈve
1999
Département d' anthropologie et d'écologie Professeur
A.
LanganeyDr L. Excoffier
Polymorphismes de I'ADN et histoire du peuplement humain: apports de l'étude des
marqueurs RFLP
THÈSE
présentée
àla Faculté des sciences de I'Université de Genève pour obtenir le grade de Docteur
èssciences, mention biologique
par
Esrella SnraoNptra POLONI
de
Genève et Orbetello (Irerm)
Thèse No 3079
GBNÈvB
1999
docteur et codirecteur de thèse (Déportement d'onthropologle et
écotogie),J.
BERTRANPEIIT,profeseur
(Universitéde
PompeuFobro,
Unitéde biologie
évolutive-
Borcelone, Espogne) et Y.
MICHALAKIS,docteur
(Unlversltépiene et Morie
Curle,Loborotohe fonctlonnêment et évolutlon des
systèmesécologlques -
Porls, Fronce),outorise I'impreslon
de lo
présente thèse, sons exprlmerd'oplnlon sur les
propositions qui y sont énoncées.Genève,le 7 mol 1999
Thèse - 3079 - ûlUJ'!-
Le
Doyen,
Jocques wEBEREntre I'apprentissage du "métier", I'appui logistique et le soutien
constant, nombreuses,très
nombreuses,sont les
personnes, collègues, parentset amis, qui m'ont
aidée dansla
réalisation de cette thèse. Cette page et toute ma gratitudeleur
sont dédiées.Pour mener à bien ce travail,
j'ai
bénéficié de la confiance de mon professeur et ami, André Langaney, co-directeur de cette thèse. Jelui
dois avanttout d'avoir
éveillé ma curiosité à cettediscipline
particulière qu'est la génétique des populations humaines,puis
dem'avoir offert
lesconditions
idéalespour poursuivre ma formation
en me spécialisant dans ce domaine. Son senscritique,
ses dons pédagogiques, sa culture et sa patience à toute épreuvem'ont
accompagnéetout
aulong
de ces années, et sij'ai
pu parfois le
dépasser,ce n'est que sur une longueur de crawl particulièrement
soutenu.Laurent
Excoffier,
co-directeur de cette thèse, a assuréle suivi
des diverses étapes qui ont permis I'aboutissement de cetravail,
et a ainsi généreusement contribué à maformation. En orientant mes lectures et à travers d'innombrables
séances de"brainstorming" ou
derires, il
a su mefaire profiter
de sonesprit créatif
et de ses connaissances scientifiques précises, qui ont amplement stimulé mes recherches.Les
membresdu jury,
JaumeBertranpetit, de I'unité de Biologie Evolutive
deI'Université Pompeu Fabra à Barcelone, et Yannis Michalakis, du laboratoire Fonctionnement et Evolution
des SystèmesEcologiques, de I'Université Pierre
etMarie Curie à Paris, m'ont fait I'immense plaisir d'accepter avec gentillesse
de participer àl'évaluation
de cette thèse.Les conseils
aviséset l'amitié de David Roessli et Alicia
Sanchez-Mazas ont imprégné ce travail. Leurdisponibilité
à répondre à mes FAQs trop fréquentes et leurs compétencesdans de nombreux domaines, de la génétique à I'informatique,
en passantpar la
statistiqueou la
paléoanthropologie,ont
étéun soutien
inestimable durant toutes ces années.Ce travail n'aurait pas vu Ie jour sans le précieux concours de
nombreuses personnes, chercheursou non, et tout d'abord celui
deshabitants
desvillages
de Batranke, Bantata, Banion, Barraboy etTikankali,
dans le Département de Kédougou, au SénégalOriental.
Je remercie sincèrement tous ces généreux donneurs queje
ne connais, malheureusement, qu'à travers quelques uns de leurs gènes.collection d'échantillons d'ADN
sur laquellej'ai
parla
suitetravaillé. J'ai pu
ainsiprofiter
des ressources et deI'aide
bienveillante de Barbara Kervaire, Etienne Roux, Xiaowen Shi-Isaac et Patricia Roux.Luca Cavalli-Sforza, en
m'accueillant
chaleureusement commeil I'a fait
au sein de son équipe cosmopolite, au Département de Génétique deI'Ecole
deMédecine
de I'Université de Stanford,m'a offert
l'occasion de mefamiliariser
avecle
"monde dulaboratoire" en
anthropologiemoléculaire.
J'aitiré,
de ce séjourriche
en échangesavec la communauté scientifique, d'innombrables enseignements, et je
suis particulièrement redevable pourleur
aide précieuse et constante à Joanna Mountain, Joachim Hallmayer etAlice Lin,
ainsi que Joan Hebert, Berta Young etEric Minch.
Mes remerciements affectueux
vont
aussi à Silvana Santachiara Benerecettiet
sescollègues, du Département de Génétique et
Microbiologie
deI'Université
de Pavie,dont Ornella
Semino, Giuseppe Passarinoet Lluis Quintana-Murci. La
confiance qu'ils m'ont accordée a constitué un terrain idéal pour notre collaboration.Au
sein même de notre Département, I'assistance de chaquejour
etI'amitié
de mes collèguesdu Laboratoire
de Génétique etBiométrie,
a été une source constante demotivation. Un grand merci
àPatricia Dard,
IsabelleDupanloup, Mathias
Currat,Ninian Hubert van Blyenburgh, Alexandra Mossière, Nicolas Ray et
Stefan Schneider, ainsi qu'à mes anciens collègues et amis du présent, BéatricePellegrini
et Laurent Graven.Tous les membres du Département d'Anthropologie et d'Ecologie, à commencer par son directeur,
Alain
Gallay, mais aussi Marie-Noëlle Lahouze Davaud et Jean-GabrielElia,
Corinne deHaller, Leila
Gaudé etMarisa Andosilla Ruggeri, ainsi
que Serge Aeschlimann, Jacques Koerber, Olga Petrovic, Georges Puissant etYves
Reymond, m'ont gentillement apporté, à différents moments, une aide essentielle.Je tiens à remercier le Fond
National
Suisse pour la Recherche Scientifique dont le soutien a assuré I'accomplissement des projets de recherche qui ont stimulé ce travail.Et puis, bien-sûr,
il y
a mes proches, qui ont toujours soutenu mes choix, mes deuxsoleils, Agus
etLluna,
mes amisfidèles,
tous cesformidables baby (et mummy)
- sitters, sans I'aide desquels cetravail
aurait mis encore longtemps à recevoir sonpoint
final.Introduction
générale1.
Variabilité
deI'ADN
nucléaire dansan échantillon
deMandenkalu du
SénégalOriental
1.2. Le polymorphisme de longueur de fragments de
restriction
I .2.
l.
De scription de s polymorphismes étudiés 1.2.2. Protocole de typage des RFLPs1.2.3. Fréquences alléIiques des RFLPs 1.2.4. Echantillons de populations déjà testés
pour
les RFLPs nucléaires 1.3. Description des données1.3.1. Génotypes observés chezles Mandenknlu
L3.2.
Fréquences des aIIèIes observés chez les Mandenkalu 1.3.3. Effectifs des échantillons1.4. Analyse statistique de la
variabilité
génétique des marqueurs nucléaires1.4.1. Polymorphisme et diversité génétique 1.4.2. Test de
I'équilibre
de Hardy-Weinberg 1.4.3. Test de Ia neutralité sélectived'un
locus1.4.4. Variance des fréquences alléIiques entre populations 1.4.5. Distances génétiques entre paires de populations 1.4.6. Relation entre distances géographiques
et distances génétiques 1.5. Discussion des résultats
1.5.1. Détection du polymorphisme RFLP
I
3
6
7I2
15
16 T8 18 18
27
29 29 34 37
4I
47
52 60
6I
1.5.2.
Equilibre
de Hardy-Weinberg et neutralité des systèmes 641 . 5.4.
Différenciation
g énétique des p opulations1.5.5. Origine du polymorphisme et biais d'échantillonnage 1.5.6. Perspectives
2.
Variabilité
du polymorphismep49a,flTaql
dans lespopalntions
humaines 2.1.Introduction
2.2. Description du chromosorne Y humain 2.2.1.
Lafamille
de gènesDAZ
2.3. Analyse de
la variabilité
de p49a,f/TaqI
dans les populations humaines2.3.1. Résumé de I'étude 2.3.2. Publication de I'étude 2.3.3.
Erreurs
2. 3.4. N o uv e aux haploty p e s p49
a,f/Taql
2.3.5. Déséquilibre deliaison
2.4.
Variabilité
d'autres marqueurs Y-spécifiques dans Ies p opulations humaine s2.4.1. Les haplotypes dUYAP 2.4.2. Les polymorphismes
DHPLC
2.5. DiscussionConclusion générale
Bibliographie
80 68 74
96 96
r00
122 124 125
129 133 143
r48
159 167 193 83 85
9l
Annexe
I
I.I.
Nomenclature ettaille
des allèles répertoriéspour
80 polymorphismes RFLP1.2. Génotypes de l'échantillon Mandenka
pour
80r93
polymorphismes RFLP 197
Introduction générale
Si la constitution
dela
moléculed'ADN,
notrepatrimoine
héréditaire, atteste notre appartenanceà une
espèceunique,
I'espècehumaine, la variabilité naturelle
entreindividus qui
caractérisece patrimoine porte les
marquesde I'histoire individuelle
et populationnelle des ancêtres qui nous I'ont transmis.Le travail que
nous présentonsici s'inscrit
dansun
ensemblede
recherchesvisant
àdécrire la diversité
génétique despopulations
humaines,et à interpréter leur
histoirepassée
par
une approcheinterdisciplinaire, faisant
appelà
des domaines d'étude aussi divers que la linguistique diachronique, I'archéologie, la paléoanthropologie, I'ethnologie, et bien sûr la génétique des populations.Plusieurs stratégies sont envisageables dans
ce
genre de recherches,dont
deux serontillustrées par les
deux étudesqui
composent cetravail. Celles-ci ont pu
être réalisées grâce à deux opportunitésqui
nousont
été offertes: unecollaboration
avec l'équipe du Prof. Luca Cavalli-Sforua del'Université
de Stanford, et une autre avec l'équipe du Prof.Silvana Santachiara Benerecetti de I'Université de Pavie.
Dans la première étude, la variation de nombreux locus
génétiques(portions de
la moléculed'ADN),
localisés sur presque tous les chromosomes, a été caractérisée dans untrès petit nombre d'échantillons de populations
humaines.Dans la
seconde étude en revanche, nous n'avons considéréqu'un
seul marqueur,porté par le
chromosomeY
et transmis uniquement parla voie
paternelle, mais dontla variabilité
a été examinée dans de nombreuses populations.Si ce
travail
est composé de deux études, différentes par certains aspects, celles-ci visentnéanmoins à répondre à une même question: à quel point et de quelle manière
les populations humaines sedifférencient-elles
les unes des autres lorsqueleur variabilité
génétique est examinée au niveau de la moléculed'ADN
?Dans les deux études, la variation de la séquence génomique entre
individus
était détectéepar la
méthodeRFLP, et
nous avonsprofité de la première
étudepour
présenter les aspects méthodologiques et les outils d'analyse auxquels nous avonsfait
appel.Le patrimoine
génétique desindividus constitue donc notre "matériel" d'étude,
mais I'approcheévolutive qui
est I'essence de la génétique des populations prend précisément comme unité de base les populations. Quels sont lesprofils
génétiques que I'on rencontre dans les populations, et avec quelles fréquences ?Après avoir
réponduà
ces questions,on peut
évaluerà quel point les populations
se ressemblentou
sedifférencient
et proposer,pour
rendre compte des observations, des hypothèsessur I'histoire
des segmentsdu
génome analysés,puis, par extension,
sur I'histoire des populations. Dans les deux étudesqui
constituent notretravail,
nous avons tenté de proposer des hypothèsesd'évolution
des populations en nous appuyant sur desinformations
externes,d'ordre non
génétique,comme la
géographie des populations humainesou
les relations historiques, connuesou
supposées, entre les langues qu'elles parlent.L'extension de
I'histoire
des segmentsd'ADN
àI'histoire
des populations est différente dans les deux études que nous avons entreprises.Si
unepopulation
est soumise à un même processus démographique(effet
fondateur,migration,
expansion), seseffets
au niveau du génome peuvent être cependant fortement variables d'unlocus
àun
autre.A
cela s'ajoute encore la variation produite par d'autres phénomènes, dont la recombinaison,
la mutation ou la sélection. De ce fait la première étude nous permet d'évaluer la
variabilité génétique "moyenne" entre populations, alors que la
secondeétude,
plus détaillée en termes d'échantillons examinés, ne nous permet cependant que d'interpréter I'histoire d'un seul locus génétique.Variabilité de I'ADN nucléaire dans un échantillon de
Mandenkalu du Sénégal Oriental
1.1.
Introduction
Observer la variabilité génétique directement au niveau de
la
séquenced'ADN
est devenu possible, vers lafin
des années septante, par des développements techniques enbiologie moléculaire qui ont permis, notamment, la mise en évidence
de polymorphismes de longueur de fragments de restriction (RFLP, en anglais).En
1980, Botsteinet al. publient un travail
dans lequelils
démontrentl'utilité des
marqueursRFLP
à l'établissement d'une cartographie du génome humain (Botsteinet al.
1980).On estimait alors que la densité
de
sites génomiques ségrégents étaitde I'ordre de I pour 200 à 500
paires de bases(les
estimations actuellessont du même ordre;
on pourra consulter par exempleZietkiewicz et
al. 1997): une source immense, donc, de marqueurs génétiques potentielsparmi
les quelques troismilliards
de paires de basesqui
composentle
génomehumain. I-es
répercussionsen
génétique médicale sontd'ailleurs clairement
évidentes:la localisation de
gènes responsablesd9
maladies héréditairesdevient possible grâce à l'étude de la
ségrégationde ces
multiples marqueurs dans des généalogies (pour une revue, consulter V/hite& Lalouel
1988).I-e potentiel que
représententles
marqueursRFLP pour l'étude de la
variabilité génétique des populations humaines est très vite reconnu.Il
estmis
en application, dèsle
début des années quatre-vingt, notammentpour l'étude du
génome mitochondrial (Johnson etal.
1983) et de la région dela
B-globine (Wainscoatet al.
1986). Durant cette même période, leProf. L.
Cavalli-Sforza et son équipe, en collaboration avec le laboratoiredu Prof. K. Kidd,
conçoivent leprojet d'étudier la
variabilité autosomiquedu
génomehumain
dans son ensemble (Cavalli-Sforzaet al.
1986).A
cettefin,
ils sélectionnentun
ensemblede polymorphismes à
testerparmi les quelques
1'000RFLPs identifiés vers le
milieu
des années quatre-vingt, en prenant soin de représenterle plus
grand nombre possible d'autosomes.Un
ensemblede 100
polymorphismes(dont 99 RFLPs) a
ainsi été testéà
I'occasiond'une
première étudeportant sur
lavariabilité
observéedans cinq
échantillonsde populations humaines:
Européens, Chinois, Mélanésiens, PygméesBi-Aka,
et PygméesM'buti (Bowcock et al.
1991b, (prêcédé de Bowcock etal. 1987, I99la).
Cet ensembleoriginal de 99 RFLPs a
été ensuite légèrementmodifié,
et réduit à environ 80, pour le typage detrois
échantillons supplémentaires: Japonais, Néo-Guinéens, et Aborigènes Australiens(Lin et
al. 1994).C'est ce même sous-ensemble de RFLPs (quasiment) que nous avons caractérisé dans l'échantillon de Mandenka du Sénégal Oriental.
Les études mentionnées ci-dessus @owcock et al.
199lb,1987, I99Ia; Lin et
al. 1994)ont
porté I'accentsur I'observation d'une forte
différenciation entreles
populations d'origine Africaine et les populations provenant d'autres continents. Les analyses de ces chercheurs les amènent à conclure que: "... la plus ancienne divergence dans I'évolution humaine a séparé les Africains et les non-Africarzs."
(Bowcock etal. 199lb,
p. 839).Dans ces
analyses, cependant,le
continentAfricain n'est
représentéque par
deux échantillons de populations Pygmées, un échantillonnagequi
ne permet, en aucun cas,de rendre compte de la variabilité
génétique intra-continentalemise en
évidence,notamment, dans Excoffier et al. (1987) ou Cavalli-Sforza et al. (1994).
Les populations Pygméesd'Afrique,
confinées dansla forêt
équatorialevivent par
petits groupesd'une
économie dominéepar la
chasse,la
cueillette,et le troc avec
les populations avoisinantes, en général Bantoues ou Nilo-Sahariennes.Même si un
degré de métissageparfois important
avec leursvoisins
est supposépour
certains groupes Pygmées,on
peut observerqu'ils
se différencient des autres populations Africaines dans les analyses de polymorphismesdits
classiques(Excoffier et al.
1987,Cavalli
Sforza et al. 1994).
Dans ces conditions,
il nous a
sembléimportant de
testerles polymorphismes
del'ADN nucléaire sur une autre population Africaine, non Pygmée, et
plusspécifiquement sur une population plus importante tant du
point
de vue démographique que linguistique. Nous disposions d'un tel échantillon, prélevé chez les Mandenkalu (ou Malinkés) du Niokholo, au Sénégal Oriental, une des populations locutrices des langues Mandinguesd'Afrique
Occidentale. Des informations plus détaillées sur la population dontprovient l'échantillon pourront
être trouvées dans Langaney& Gomila
(1973),Lalouel
&
Langaney (1976), Langaney etal. (1979) etDard
(1991). DansDard
(1991)on trouvera aussi une description
de la
campagne de prélèvements sanguinset
de la mise en culture cellulaire de lignées lymphoblastoïdes àpartir de
laquelle nous avons obtenu deI'ADN
en grandes quantités. Une collaboration entre notre laboratoire et celui deL.
Cavalli-Sforza, entre 1991et
1995, nous a permis de mener à bien ce projet, dont les principaux résultats ont été publiés (Poloni etal.
1995).l.2.Le polymorphisme
delongueur
defragments
derestriction
Iæ principe de détection des RFLPs repose sur la spécificité de
réaction d'endonucléases d'origine bactérienne. Chaque endonucléase, ou enzyme de restriction, reconnaît une séquenced'ADN
spécifique, longue de quelques nucléotides, selie
à elle etla
coupe.Une simple
substitution nucléotidiqueà ce site de
reconnaissance, tout comme une insertionou
une délétion d'uneou
quelques paires de bases, entraîne sa disparition, et la réaction de clivage ne se produit pas.Il
en résulte que la longueur des fragmentsde restriction de
chromosomes homologuesva varier en fonction de
la présenceou de
I'absencede
sitesde
reconnaissancepour le clivage
enzymatique.Notons qu'une autre source de variation peut
surgir du fait qu'une
séquenced'ADN
répétée en tandem
un
nombre variable defois (VNTR,
en anglais) soit comprise entre deux sites de reconnaissanced'un
enzyme:le nombre
de repétitions contenu dans leVNTR
étant pardéfinition
variable,la
longueur des fragments généréspar le
clivage enzymatiqueva refléter cette variation. De même, des insertions, délétions,
ou réarrangements de séquences, dans une région génomique comprise entre deux sites de clivage enzymatique, peuvent entraîner I'apparition de fragments de restriction de tailles variables.Enfin,
les clivages enzymatiques peuvent aussi générer des fragments non polymorphes, qui sont alors qualifiés de "constants".Chaque enzyme de restriction peut rencontrer une multitude de sites de reconnaissance spécifique à travers un génome.
Il
s'agit donc de cibler la séquence génomique (locus) à étudier. Ceci est réalisé grâce à l'isolement d'une séquence complémentaire (sonde) à la séquenced'ADN du
locus d'intérêt.En
général,les
sondes sont choisies au hasard dans unelibrairie
de fragmentsd'ADN
clonés représentant le génome au complet.Letypage
d'un RFLP
s'effectue de la manière suivante(Figure
1.1):on
désire étudier un locus spécifique deI'ADN, qui
contientun
site de reconnaissance pourun
enzyme de restriction donnéQCGA
dans lafigure). On
dispose d'une sonde dont la séquence est complémentaire de celle du locus,ou tout
aumoins
en partie.L'ADN total d'un individu est
digérépar I'enzyme de restriction; il en
résulteradonc de
nombreuxfragments
d'ADN
de longueurs différentes.On
applique alors la méthode de Southem (1975): les fragments sont séparéspar
électrophorèse, dénaturés,puis hybridés à
la sonde. Le marquage radioactif de celle-ci permet la révélation (surfilm)
de la longueur des fragments de restriction générés au locus. Dans la figure,le
clivage enzymatique duchromosome
A
conduit à I'observationd'un
fragment court, alorsqu'un long
fragmentest
observépour le
chromosomehomologue B, car une substitution (T-C) a
faitdisparaître le site de reconnaissance de I'endonucléase.
Figure 1.1
-
Principe de détection du polymorphisme de longueur de fragments de restriction1.2.1
Description
despolymorphismes
étudiésL'ensemble des polymorphismes de longueur de fragments
de restriction que
nous avons analysé est rapporté dans la Table 1.1. Chaque polymorphisme estdéfini
par lacombinaison d'une sonde (clone) et d'un enzyme de restriction. Au total,
80 polymorphismesont
été testéssur 58 locus,
dont32
correspondentà
des clones de gènesconnus.
l.e,s26 polymorphismes
restantproviennent de clones
anonymes (segmentsd'ADN
sans fonction connue). Ces derniers sont aisément reconnaissables par leur nomenclature: la lettreD
suivie du numéro du chromosome,suivi
de la lettre Set
d'un numéro
spécifique. Par exemple,sur le
chromosome2,
nous avons testé le polymorphisme de clivage enzymatique de I'endonucléaseMspI
au segment anonyme D2S1 (marqueurlp,
Table 1.1).+locus*
chromosomeA
-TCcA-
Tcce
-
TccA-
sonde
-
chromosome
B.
-
TccA
-
Crcn
-
TCGA
-
B
-
sens de la migration électrophorétique
A
Table
1.1-
Liste des polymoqphismes étudiés".No.b
Locus(HUGO)
LocalisationStatut" Sonde Enzyme
Variationd 1d2d 3d 4d 5d
lp
6d 7d 8d 9d 10d 2p
ltd
3p
l2d
4p l3d
5p
r4d
15d 16d
t7d l8d
19d 6p 7p 20d 8p 9p
2td
22d lop 23d
llp
24d 25d 26d 27d 28d 29d 30d
3ld 32d 33d
lp13.1
2pl2
2p23 NGFB
CDSA POMC
ERV3
D7S8
COLlA2 TCRB CPAl
D7S18 PGY3 MET
D7S13 PLAT ABLI D10520 D11S42l APOAI A2M
coL2Al
IGFlcoL4Al
2p25
3p21.3-3p2r.2 4q2I-4q23 4q28 SpI4-5p12 Sqrl.2-5q13.2 6q27
7p22-7p15
L2.30 H3H2 pADH36 pAFl
pghr.501 pDHFR-1.8 p2-2 pA2H3
HRz PTIO p184 7C22 pMDR2 pmetD pmetH pmetH pB79a ptPA4352 pablK 2 os-3
p19.2
pApoAl
pha2m1
RsaI SsrI MspI Hindm
RsaI Taql BsrM ScrFI PvUII Hinfl Hindln
EcoOl09 Mspl
Bsfi Mspl TaqI Mspl
RsaI
Ben Bsn
EcoRI MspI TaqI TaqI MspI Hinàfn,
EcoRI TaqI TaqI SsrI Xmnl PvUII TaqI EcaRI EcaRV HinfI Betil Haeln Hindm Hindm XmnI C
c c
5'sub
Bg/[JTaqI pcDl-eu2-14 DraI pP2
D2S1
APEH (D3F15S2) ADH2
FGA GHR DHFR D6S2 DTSI
NC
c c c c
C NC NC
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7pl2-7qlI 7p2t-7p15 7q3L
7q21.3-7q22.1 7q35
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7q3l.t-7q31.2 7qLl
7q3L
7q.22.3-7q3t.2 8p12-8p1 I
9q34.r r0q22-10q26
1 lpter-1 lqter Itq23.3
I2pt3.3-12pt2.3
l2ql2-12q13.2 12q22-12q23 13q34
pHPl.7 pBeta2.15
NC
pJ3.1lC
c
?
?
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c c
C
c c
NC
NC
c c
NC NC
c c
DEL INS
2 ,|
c c c
pgHColIIA cD10 HT21
No.u
Locus(HUGO)
LocalisationStatutb Sonde Enzyme
Variation"34d 35d
r2p
36d 13p 37d 38d 39d 40d 41d 42d 43d 44d 45d 46d 47d 48d 49d 50d
5ld
52d 53d
54d 55d
l4p
56d 57d s8d 59d 60d
6td 62d 63d 64d 6sd 15p
RBI NC
NC NC C NC NC NC NC NC NC
c
NC NC NC NC NC NC NC
c
NC NC
HindtrI Hinfl
HaeIIL Bam.III Dral TaqI Bann Hindm
Bgfi
Dral TaqI Dra|Taql Xmnl TaqI Xrnnl Mspl HphI MspI Taq|
Hindm BgN BamIil, Mspl Pvull Betil Hindil, HincI\
Bg'J
Bsn
PstI SstI
Bam\il Pstl Hindm
Bgln D13534
ESD D1355 Dl3S7 DL3S22 D1351 D13510 Dr356 COL4A2 Dl3562 DI3S2 Dr3S26 D13S4 D13S41 D1353 Dl4531 HP D17S71
l3ql4.3
13q14.3 13q32-13q33 I3qr4.t-13q14.2 13q31
13q22
l3ql4
13q13
13qI4 t3ql2.3 13q34 13q13-13q14.1 13q22
r3q2l.l-I3q21.2
13q31
t3q2l
13q34 l4pter-l4qter
16q22.2
l7pIZ-l7pIL2
pHUl0 HT39 pL28-5
p9Dll
pH2-10 P1E8
wc83
p9A7 p18-1 hp2-alpha pA10-41 p123M1.8 p68RS2.0 pCR1330 ET-22 pHuB8 pHU26 pG14El.9 p7F12 p7D2
LEV/301 pHtk9 c-H800
p83.1 pca ps2 22CL-18 v-sis pMS3-18
VP VNTR
(r)
(D
INS
D17558 TKI GH
sLC4Al
(EPB3) c3TFF1 (BCEI) D22S10 PDGFB D22SI
17plL2-l7cen 17q23.2-t7q25.3 r7q22-17q24
17ql2-l7q2l
19p13.3 21q22.3
22qll.L-22q11.2 22q12.3-22q13.1
22qll.2-22q12
c
2c
c
C
c
NC
c
NC
" Les références aux sondes utilisées sont rapportées dans Bowcock et al. (1987, 1991a) et Lin et al. (1994). Les polymorphismes sont numérotés d'après Poloni
et
al. (1995). Cette tablea
été complétée par des informations trouvées dans les bases de données publiques suivantes: "The Genome Database" (GDB : http://gdbwww.gdb.org/) et "Online Mendelian Inheritancein
Man"(OMIM: hup://www.ncbi.nlm.nih.gov/Omim/). b d: diallélisme; p: pluriallélisme. b C: localisation certifiée par le comité GDB; NC: localisation proposée par la soumission originale à GDB, mais non certifiée. d Aucune mention dans cette rubrique signifie que
le
type de variation du RFLP n'est pas défini; DEL: délétion; INS: insertion; VP: variation ponctuelle; ?: ne figure pas dans GDB; (I): "upper system"; (II): "lower system".La liste de marqueurs
nucléaires présentéedans la Table 1.1 appelle
plusieurs commentaires ou précisions :1) Le statut de locus "anonyme" peut être transitoire, et ne refléter parfois que l'état des connaissances; dans notre étude, le locus D3F15S2E, anonyme au moment
du
test, est aujourd'hui reconnucomme le
gèneAPEH
(N-acylaminoacyl-peptide hydrolase).A
noter aussi
qu'un
clone (une sonde) dérivéd'un
gène peut englober ce gène en entier, ne correspondrequ'à
une partie seulement de celui-ci,ou
encore setrouver à
cheval entre le gène et une région flanquante à celui-ci.2)
Tous les autosomes sont représentés par au moins un marqueur,à
I'exception des chromosomes 15,l8
et20. Certains chromosomes sont cependant bienmieux
couverts que d'autres; les chromosomes7 et
13 totalisent à eux seuls prèsde la moitié
(49Vo)des polymorphismes
testés,et les polymorphismes des chromosomes 12 et
17représentent
un 2l%o
supplémentaire.Cette situation découle directement de
la disponibilité en marqueurs nucléairesqui
caractériseles
années quatre-vingt: certains chromosomes (commele 7, le 12,le
13 etle
17) étaientI'objet d'un
intérêt spécial enraison de leur
candidatureà être porteurs de
gènes responsablesde
pathologies congénitales,comme la
maladie deV/ilson ou la
mucoviscidose,pour ne citer
que celles-ci. On peut résumer la représentativité de chaque chromosome dans cette étude par la Table 1.2.Table
1.2-
Répartition autosomique des marqueurs étudiés Marqueurs sur locus:Chromosome
codant anonyme
TotalI
2 3 4 5 6 7 8 9 r0 1l
12
t3 t4
16
t7
19 2L 22
a J
t
12 l1
1
I
1
9 8
I
5
I
1
I
l
; :
1
I t4
1
J
;
a 4
1
a 2
1
t7
1 1 1
2 9 22
I I
8
I I
3
Total 50 30 80
3)
La possibilité que certains marqueurs soienten
déséquilibrede liaison n'a
pas été clairement examinée(Bowcock et al.
1987;Mountain & Cavalli-Sforza
1997). Cette situation esttout
àfait
possible pourun
certainnombre
depolymorphismes
localiséssur le
même chromosome,ou pour
deslocus dont on a
testéles
polymorphismes correspondant à plusieurs endonucléases distinctes.Par
exemple,sur le
chromosome 12, le locusA2M n'est
hybridé que par une unique sonde, maisil
est examiné ave*,7 endonucléases différentes.Figure
1,2-
Localisation cytogénétique des dix-sept locus analysés surle
braslong
du chromosome 13.l3ql I
l3qr2.It
13q12.12
t3ql2.l3 t3ql2.2 l3qI2.3
13q13.1
t3qt3.2
13q13.3 13q14.1 I
l3ql4.l2
t3qt4.13 l3qr4.2 l3qL4.3l3q2l.l
I3q2t.2 l3q2l.3l13q21.32 13q2t.33 t3q22.t 13q22.2 13q22.3 13q3 1.1 13q31.2 13q31.3
t3q32.t
13q32.2 t3q32.3 13q33.1 13q33.2 13q33.3
DI356 Dl3SI
D13562
ESD
Dt3S22
Dl3510 RBl
D13526
D13S4r
D13S2 D13S7
D13S4 D13S5
Dr3534
13q34
coL4At cor-4/l2
D13S3
-
I
I
Tt
I
I
I r
I
:
:
4)La
localisation cytogénétique des marqueurs étudiés n'est pas forcément très précise.Pour
preuve, plusieurslocus
sont "cartographiés"à la
mêmeposition (Figure
1.2).Pour certains locus, on ne connaît, d'ailleurs, que le numéro du chromosome porteur;
par exemple, le segment D14S31 est localisée entre
l4pter et l4qter, soit, en
d'autres termes, quelque part entre les deux extrémités du chromosome 14.5)
A
relever aussi que I'identification des RFLPs s'est faite principalement dans le butd'isoler
des gènes responsables de maladies héréditaires(White & Lalouel,
1988), etceci sur
des échantillons composés,en
général,de familles d'origine
européenne, comme par exemple lesfamilles
duCEPH
(Centrepour l'Etude du
PolymorphismeHumain). Il
est possibled'ailleurs qu'un biais
enfaveur d'une variabitité
accrue en Europe par rapport aux autres régions géographiques étudiées,ait
ainsipu
être introduit dans les données(Mountain & Cavalli
1994).Nous
reviendronspar la
suitesur
ce point.I.2.2, Protocole
de typage desRFLPs
Læ typage
des polymorphismes de
longueurde fragments de restriction de
locus autosomiques que nous avons entrepris s'est effectué surI'ADN total
extrait des lignées de lymphocytes-B transformés. Iæ matériel génomique a été obtenupar un
protocole standard d'extraction au phénol/chloroforme à partir d'un culot de cellules (Sambrook etal.
1989).Nous
avons participé, avecB.
Kervaire,à
I'extractionde I'ADN qui a
été effectuée sous la direction et dans le laboratoire duDr. J.-M.
Tiercy, du Centre Médical Universitaire de Genève.I-e protocole comprend: un lavage du culot cellulaire au PBS et récupération des noyaux après lyse des cellules avec le tampon de lyse
no.
1 (tampon P); un nouveau lavage auPBS puis
récupérationde I'ADN (et
des protéines) aprèslyse des noyaux
avec le tampon de lyse no.2 (MLB:
contient SDS et ProtéinaseK);
des extractions deI'ADN
(2 au phénol et 1 au chloroforme); une digestion de
I'ARN
avec 50pg RNAse
parml d'ADN
en suspension,suivie
d'une nouvelle extraction (au phénoVchloroforme); une précipitation deI'ADN
parSodium
Acétateet
Ethanol.Tous
les échantillonsd'ADN
ont ensuite été mis en suspension dans un tampon
Tris-EDTA.
Le test du polymorphisme des RFLPs s'est déroulé à I'Université de Stanford, dans le laboratoire de
L.
Cavalli-Sforza, selon un protocole établipar
son équipeet
dérivé deceux décrits dans Feinberg
&
Vogelstein (1983) et Feder et al. (1985). Pour assurer une meilleure conservation deI'ADN,les
échantillons ont été complétés avæ, O.lVo d'Azide de Sodium(10 pl
parml d'ADN).
Quatre étapes caractérisentle
protocole de typage des RFLPs:étape no. 1: digestion des échantillons
I'ADN par
une endonucléaseLes échantillons
d'ADN
sont digérés par un enzyme de restriction selon les instructionsdu
fournisseur.En
générd,, chaque réaction contienfi3 pg d'ADN pour 7.5
unités d'enzyme,un
tampon dedigestion 10X, et
deI'eau
distillée stérile.Les
réactions de digestion se déroulent durant toute unenuit.
Quelquesmois
aprèsle
début de notreséjour
dansle
laboratoiredu Prof.
Cavalli-Sforza,celui-ci s'est équipé d'un
robotBiomek, que nous
avonsutilisé pour
préparerun tiers, environ, des
réactions de digestion enzymatique.étape
no.2:
éIectrophorèses sur gel d'agaroseEn général, des gels à0.85Vo d'agarose
(-3 g
agarose/350ml
de tamponTBE lX)
ou parfois l.20%o dans un tampon de migrationTBE lX
sont utilisés. Ces gels permettent de séparer des fragments de tailles comprises entre environ 0.55 et 22kb.
Trente-neuf puits sont préparés dans chaque gel, le premierpuit
recevant un marqueur de taille des fragments(ADN
7u digérê parHindIII
et EcoRI). Les 38 autres puits sont chargés avec les échantillonsd'ADN
digérés.La
séparation des fragmentsd'ADN par
migration sousI'effet d'un
champ électrique(35V) a lieu durant la nuit. I-e
lendemain, pourvérifier
le résultat de la digestion enzymatique,les
gels sont teintés avecdu
bromured'éthidium
(30 minutes) et photographiés souslumière UV; la
coloration est ensuite enlevée par rinçage des gels dans de I'eau distillée.étape no. 3: préparation des membranes de Southern
blot
Pour séparer
I'ADN
double-brin, chaque gel est plongé, deuxfois de
suite, dans une solution de rinçage alcaline dénaturante (500ml NaOH
4I0d,360g
NaCl, complété à 4litres
avecHrO
distillée stérile),puis
lavéà
nouveauà I'eau distillée. On
immerge ensuite le gel (3 fois de suite, durant 20 minutes) dans un bain neutralisantTris-Cl
(120 mlHCI
10N, 240 g Tris-Base, complété à 4 litres avec HrO distillée stérile,pH
7,5).Ir
gel ainsi neutralisé est ensuite placé sur du papier buvard préalablement trempé dans un tampon SSPE
20X.
Une membrane de transfert est alors placen sur le gel(en
généralun filtre
TntaBind), recouverte encorepar du
papier buvard, etun poids (l kg)
estfinalement placé sur I'ensemble. Iæ transfert de
I'ADN
du gel vers la membrane, par capillarité, a lieu durant la nuit. Le lendemain, pour éliminer les débris de gel et d'autres contaminants,la
membrane est rincée dansdu
SSPE2X, puis
une cuissonà 90'C
durant2
heures assurela fixation à la
membranede I'ADN
transféré.Enfin,
la membrane est lavée à65"C
(30 minutes) avec unesolution SDS-SSPE (50 ml
SDS10X,5 ml
SSPE 20X,complétéàun litre
avec HrO distillée stérile), et stockée à-20"C
dans un sac en plastique.
étape
no.4:
marquage radioactif des sondes et hybridation des membranesLes membranes sont immergées dans une solution de pré-hybridation
(50Voformamide,25Vo SSPE 20X,
5Vo solutionde Denhardt 100X,
17oSDS lo7o,
l%oADN
de sperme de saumonà lOmg/ml,
ISVoHrO
distillée stérile) à42"C
durant une nuit précédantI'hybridation
proprement dite. Cette opération sert à bloquer les sites de liaison deI'ADN
non-spécifiques à la membrane; elle permet donc de diminuerI'effet
de"bruit
defond"
dans la réaction d'hybridation. I-es sondes sontd'abord
dénaturées(3
minutesà 100'C),
puis incubées(2
heures à température ambiante) avec l'enzymeADN
PolyméraseI
en présence des amorces spécifiques, de3P dATP ou dcrp,
etd'un
tampon contenant des nucléotides non radioactifs.La
réaction de polymérisation est stoppéepar
adjonctiond'un tampon
spécifique (27oSDS
rÙvo, 20voADN
de sperme de saumon à lOmg/ml ,20VoEDTA
0.5M,
58VoHrO
distillée stérile).A
lafin
de cette réaction,une
centrifugationà
traversune
colonnede
Sephadexpermet
de séparer les nucléotides non incorporés. On vérifie la quantité de nucléotides radioactifs incorporés avecun
compteurà
scintillation.Les
sondes sont ensuite dénaturées une nouvellefois (NaOH 1.5M, 1/10 volume), et
cetteréaction est
stoppéeaprès l0
minutes
(HCl 1.5M, Ill0 volume). Iæs
membranes pré-hybridéessont
transférées dans une solutiond'hybridation
(507oformamide,
25VoSSPE 20X,
l%osolution
de Denhardt 100X, 17o SDSlTvo,lToADN
de sperme de saumonà
lOmg/ml,
22voHrO
distillée stérile)à
laquelle est rajoutéela
solution contenantles
sondes marquées. I-a réaction d'hybridation dure 2 à 3 jours, puis les membranes sont rincées(2
bains de 20 minutes à42"C
dans: 50ml
de SSPE20X, l0 ml
deSDS
107o, complétéà un lite
avec
Hro
distillée stérile; puis un bain de 30 minutes à65'c
dans: 5ml
de SSPE20X,
10
ml
de SDS 107o, complété à unlitre
avec HrO distillée stérile) et placées sur unfilm
sensible au
rayons X. Deux à trois jours au minimum sont
nécessairespour
une impressionlisible de la
radioactivitésur le film. Un
deuxièmefilm, placé sous
lamembrane pour une impression plus longue (en général, une semaine), sert de copie de contrôle.
Une même membrane chargée de
I'ADN
digéré par une endonucléase spécifique peut être hybridée, plusieurs fois, à une nouvelle sonde.A
cet effet, une fois lefilm
révélé, la sonde radioactive est éliminée de la membrane parun
bain de 30 minutes à 42oC dans NaOH 0.4M,suivi d'un
bain de 30 minutes dans une solution de rinçage (SSPE0.lM,
SDS 0.57o,
Tris 0.2M
pH 7,5). La membrane est alors stockée dans un sac en plastique à -20"C jusqu'à sa prochaine utilisation.1.2.3 Fréquences
alléliques
desRFLPs
L'établissement des fréquences des différents fragments observés dans
un
échantillon s'effectuepar
lecture directesur le film, le
systèmeRFLP
étantpar définition
co-dominant. Les fragments de tailles distinctes sont
considéréscomme des
allèles différentsd'un
même polymorphisme; inversement, des fragments de même taille sont considérés comme des copies du même allèle, même si la séparation des fragments par leur taille est directement fonction de la puissance de discrimination de l'électrophorèse(en
général,dans notre étude, nous ne pouvions pas facilement distinguer
des différences en dessous de 50 paires de bases).Il
est sans douteimportant
de relever, aussi, que la technique duRFLP
ne permet pas de faire la distinction entre des copiesdu même fragment, et des fragments de même taille
généréspar des
mutations différentes. Dans les deux cas, I'identitépar
ascendance est assumée.Pour la
plupart des marqueurs que nous avons étudiés, cette supposition sejustifie
par lefait
que seulsdeux fragments sont observés (diallélisme); elle pourrait être moins
facilement soutenable, cependant, pour les marqueurs plurialléliques.Pour les raisons que nous
venonsde
mentionner, l'établissementde la taille
des fragments de restriction (en nombre de paires de bases) est imprécise, et peut conduire à des problèmes de compatibilité entre les résultats provenant de laboratoires différents.Pour preuve, les tailles rapportées dans
GDB
varient parfois sensiblementpar
rapport aux différentes publications originales.Afin
de tenter deminimiser
ce problème, nous avonsinclus, parmi les
échantillonsd'ADN Mandenka à
analyser,des
individus préalablement testés et provenant de différentes populations.Dans deux cas, les marqueurs
27d (AZMIEcoRY) et 60d (GH/BgIII-II), la
détectiond'un
des fragments polymorphes était renduedifficile par la
présenced'un
fragment constant à la même hauteur électrophorétique. Dans ces deux cas,ni
I'augmentation du pourcentaged'agarose dans le gel, ni I'augmentation du temps de
migration électrophorétique n'ont réussi a séparer le fragment polymorphe du fragment constant.Par conséquent, la présence du fragment polymorphe aété détectée par une
plus
grande intensitédu
signal radioactif en comparaison à d'autres fragments(voir
Figure2
dans Poloni et al. 1995). Cette méthode de détection est cependant peu fiable:le
signal de la sonde dépend en effet de nombreux facteurs, comme la quantité exacted'ADN
chargée pour chaque échantillon,ou
le degré de digestion enzymatique etloud'hybridation
à la sonde atteint dans chaque échantillon.l.2.4Echantillons
depopulations déjà
testéspour
lesRFLPs nucléaires
Huit
échantillons de populations humaines, autres que les Mandenkalu,ont
été testéspour le polymorphisme
des marqueurs nucléaires dansle
laboratoirede L.
Cavalli- Sforza. Nous présentons ci-dessous une brève description de ces échantillons, tirée de Cavalli-Sforzaet al. (1994) et Mountain & Cavalli-Sforza (1997). Les
références originales concemant les échantillonsy
sont foumies.A moins d'une
autre indication,les
échantillonsd'ADN proviennent de lignées cellulaires établies à partir
de prélèvements sanguins.L.
Cavalli-Sforza etB.
Hewlett ont collectél'échantillon
de PygméesBi-Aka
dans le village de Bagandu, au Sud-Ouest de la République Centrafricaine,et l'échantillon
de PygméesM'buti
de la forêt de I'Inrrri dans leNord-Est
de la République Démocratiquedu Congo (ex-Zdire). Les premiers, aussi
appelésPygmées
Occidentaux, seraient considérablement métissés avec des populations d'origine Nilo-Saharienne ou Bantoue, alors que les seconds, aussi appelés Pygmées Orientaux,n'ont
vraisemblablement pas connu de métissage important.L'échantillon d'Européens est composé d'individus d'origine
probablement nord- Européenne,et résidant aux Etats-Unis. Pour certains marqueurs
nucléaires, les fréquences ont été complétées par des données publiées, provenant en général du typaged'individus
du CEPH.Les échantillons de Chinois et de Japonais sont constitués d'individus
nés, respectivement, en Chineou
au Japon, et résidant actuellement dansla région de
San Francisco(USA).
L'échantillon de
Mélanésiens, récoltépar J.
Friedlander,est
composéde
locuteurs Nasioi del'île
de Bougainville.I-es
échantillonsde
Néo-Guinéenset d'Aborigènes Australiens ont été donnés
au laboratoire deL.
Cavalli-Sforza par leProf. A. Wilson. Ils ont
été constitués à partir d'échantillons de tissus placentaires, récoltésen milieu
hospitalier (Cannet al.
1987, Stoneking etal.
1990,Mountain &
Cavalli-Sforza 1997). L'échantillonnage des Néo- Guinéens s'est effectué aussi bien dans les régions côtières que dans les Hauts Plateaux de Papouasie Nouvelle-Guinée.Les individus
représentéssont
locuteurssoit
d'une langue Austronésienne, soit d'une langue Papoue. Aucuneinformation
supplémentaire n' est disponible pour l'échantillon Australien.Une étude sur la variabilité
d'un
sous-ensemble légèrement différent de75
marqueurs nucléaires testés dans un échantillon d'un village Piémontais (Italie) a encore été publiée récemment(Matullo
et al. 1997). Cet échantillona
été prélevé par leProf. A.
Piazza et ses collègues dansun
village de la région Turinoise(Matullo et
al. 1994, 1997). Tousles individus échantillonnés sont membres d'une confrérie qui garantit qu'ils
descendent de
familles
établies dans le village aumoins
depuis leXIIIème
siècle.Vu
leur publication très récente, les données relatives à cet échantillon n'ont pas été incluses dans notre étude. Toutefois, nous y ferons référence à plusieurs reprises.
Par commodité, les échantillons seront parfois mentionnés, par la suite,
par
les codes suivants:SEN
Mandenkalu du SénégalCAR
PygméesBi-Aka
de la République CentrafricaineZAI
PygméesM'buti
de la République Démocratique du CongoEUR
EuropéensITA
Piémontais d'ItalieCIN
ChinoisJAP
JaponaisMEL
Mélanésiens de BougainvilleNGN
Néo-GuinéensAUS
Aborigènes Australiens1.3.
Description
des données1.3.1 Génotypes observés chez les
Mandenkalu
Les
génotypesindividuels
Mandenkasont
rapportés dansI'Annexe l. Les ADNs
individuels sont numérotés selon la liste des prélèvements établie dans notre laboratoire.Un
ensemble de76 individus non
directement apparentésont
étéchoisis pour
cette étude.Pour
chaquepolymorphisme
nucléaire à tester,les ADNs des Mandenkalu ont
éÉrépartis en deux gels chargés de 32 échantillons (prélèvements 103 à 305,
et prélèvements308 à
520, respectivement) etun gel de 12
échantillons (prélèvements 527 à558) (Annexe 1).Durant la
première période de notre séjour dansle
laboratoirede L.
Cavalli-Sforza,nous avons
systématiquementtesté les 76
prélèvementspour chaque
marqueur nucléaire. Par la suite, nous avons décidé de réduire l'échantillon à 64individus
(soit lesdeux grands gels de 32
échantillons),car le typage de ces polymorphismes
est extrêmement coûteux, autant en temps qu'en termes financiers.D'autre part, le typage n'a pas pu été réalisé pour tous les échantillons, en raison d'une digestion enzymatique partielle
ou d'un
signald'hybridation de la
sonde insuffisant.Ainsi,
un nombre variable de chromosomes a été analysé pour chaque marqueur.Enfin, outre les 80 nucléaires rapportés dans la Table 1.1, nous avons testé sept autres marqueurs additionnels
pour
lesquelsnous n'avons pas obtenu de résultats
(les polymorphisme de restriction de:BsrNI
etEcoRI
surIGFI, EcoRI sur
Dl3S5, BgtII
et EcoRV sur D13532 (sonde pCR1318), et les deux systèmes révélés par
MspI
sur lelocus GH), en général à cause d'une mauvaise hybridation ou même
d'une contamination de la sonde.1.3.2 Fréquences des allèles observés chez les
Mandenkalu
L'ensemble des fréquences alléliques observées sur les 80 marqueurs nucléaires testés dans l'échantillon Mandenka est présenté dans la Table 1.3, ainsi que dans
I'Annexe I
de Poloni et al. (1995).
Pour trois marqueurs,
cinq
allèlesqui
n'avaient pas encore été décrits ont été observés dans notre échantillon.Il
s'agit de:lp D2SLlMspI
13p RBI/DraI l4p DlTSTIlPvuII
2.70kb
1.35
kb
et3.25kb
et 0.80kb 3.00 kb
L'observation
d'un
fragment supplémentaire,à
2.7Okb
chez les Mandenkalu nous aconduite à
considérerle marqueur D2SllMspI (1p) comme un
polymorphisme pluriallélique, alorsqu'il
est classéparmi les
marqueurs dialléliques dansles
étudesprécédentes
(Bowcock et al. 1987, l99la, Lin et al.
1994).L'observation de
deux nouveauxfragments'pour le
marqueurRBllDraI (l3p) n'est
pas su{prenante car le système met en évidence un polymorphisme detype VNTR;
les fragments observés diffèrent les uns des autres par 50 paires de bases, ou parun multiple
de ce nombre.D'ailleurs,
le fragment à 0.80kb
a déjà été documenté chez unindividu du CEPH
(J.Mountain, communication personnelle). Il se peut que ce même type
de polymorphisme caractérise lemarqueurDlTSTllPvuI[(l4p),
étant donné les variations des tailles alléliques observées (variations de 50 paires de bases ou d'unmultiple
de ce nombre). Guzettaetal.
(1992) ont identifiéun motif (GAAA)re
dansun
sous-clône dela sonde utilisée
pour
révéler le polymorphismedu
marqueur 14p(pA10-41); ils
ont par ailleurs observéun
polymorphisme de PCR tri-allélique associé à cemême
sous-clône. En comparaison au marqueur 13p (RBl/DraI) le marqueur l4p
semble,toutefois,