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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest : le site d'Ounjougou (Mali) au Paléolithique

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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest : le site d'Ounjougou (Mali) au Paléolithique

ROBERT, Aline, et al.

Abstract

Le gisement d'Ounjougou se trouve en pays dogon, sur le plateau de Bandiagara. Il comprend plusieurs sites archéologiques répartis sur plus de 8 km2 à la confluence de quatre cours d'eau, dont le principal, le Yamé, se jette dans le fleuve Niger à 30 km au nord de Mopti. Cette confluence représente, aujourd'hui comme par le passé, le principal point d'eau permanent de la région. Le gisement est formé de terrasses en cours d'érosion dominant des vallées plus ou moins profondes creusées par les cours d'eau. La configuration géologique particulière d'Ounjougou met en évidence et rend directement accessibles des séquences stratigraphiques naturelles sur parfois plus de 16 m de hauteur. Ces dépôts sédimentaires complexes ont livré du matériel archéologique et des micro- et macrorestes végétaux, souvent dans un état de conservation exceptionnel. Une telle association de vestiges naturels et anthropiques au sein d'une séquence sédimentaire allant du Paléolithique à l'actuel est unique en Afrique de l'Ouest.

ROBERT, Aline, et al. Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest : le site d'Ounjougou (Mali) au Paléolithique. In: Roost Vischer, L., Mayor, A. & Henrichsen, D.

Brücken und Grenzen : Passages et frontières. Forum suisse des Africanistes. Münster : LIT, 1999. p. 203-223

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:16538

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litelbild: Gestaltung VischerVettiger, Basel Foto: Susi Lindig, Zürich

Die Deulsche Bibliothek - CIP-Eioheilsaufoahme

Brücken und Greozen - Passages el frontières: Werkschau Afrikastudien 2 - Le forum suisse des africanistes 2 1 Lilo RoosI Vischer, Anne Mayor, Dag

Henrichsen (Hg./éds.). - Münster: LIT, 1999 (Afrikanische Studien ; 13.)

ISBN 3-8258-4398-x

NE:GT

©

LIT VERLAG Münster - Hamburg - London

Grevener SIr. 179 48159 Münster Tel. 0251-235091 Fax 0251-231972

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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

Le site d'Ounjougou (Mali) au Paléolithique

Aline Robert, Sylvain Soriano, Nicolas Fedoroff. Eric Huysecom

L'équipe de la Mission Archéologique et Ethnoarchéologique Suisse en Afrique de l'Ouest (MAESAO)' s'est lancée depuis 1997, sous la direc- tion d'E. Huysecom (Maître d'Enseignement et de Recherches au Dé- partement d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève), dans un nouveau projet de recherche intitulé « Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest »'. La thématique générale de ce projet a pour objet l'analyse des réponses apportées par les popula- tions humaines aux variations climatiques et environnementales. Cette thématique est abordée dans le cadre de l'étude du gisement d'Ounjougou au Mali, lequel réunit les conditions nécessaires - à la fois archéologiques, historiques, géologiques et paléobotaniques - à l'étude des interactions entre l'homme et son environnement.

, Ont participé aux travaux sur le terrain, outre les auteurs: Nafogo Coulibaly de l'Institut des Sciences Humaines de Bamako, Adama Dembélé et Ambaere An-

dré Tembely de la Mission Culturelle de Bandiagara, Hans Beeckman, Joris Dewolf, Hughes Doutrelepont, Guy Dohmen, Koen Deforce et deux diplô- mants du Musée Royal de l'Afrique centrale de Tervuren et de l'Université de Gand, Anne Mayor, Elena Burri, Jeannette Jakobs-Kocher, un diplômant, Fran- cesco Raeli, et 6 étudiants du Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève, l'équipe des Dogon Tessougué du village de Dirnrnbal et celle des villageois Nantume et Kelepili de Gologou.

, Ce projet est fmancé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, la Fondation Suisse-Liechtenstein pour les recherches archéologiques à l'étranger et le Fonds Sigrnabet. Nous tenons à remercier particulièrement le Dr Koechlin pour son soutien moral et fmancier.

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Aline Robert, Sylvain Soriano, Nicolas FedorofT, Eric Huysecom

Le site d'Ounjougou : association de vestiges anthropiques et naturels au sein d'une séquence sédimentaire exceptionnelle Le gisement d'Ounjougou se trouve en pays dogon, sur le plateau de Bandiagara. Il comprend plusieurs sites archéologiques répartis sur plus de 8 km2 à la confluence de quatre cours d'eau, dont le principal, le Yamé, se jette dans le fleuve Niger à 30 km au nord de Mopti. Cette con- fluence représente, aujourd'hui comme par le passé, le principal point d'eau permanent de la région. Le gisement est formé de terrasses en cours d'érosion dominant des vallées plus ou moins profondes creusées par les cours d'eau. La configuration géologique particulière d'Ounjou- gou met en évidence et rend directement accessibles des séquences strati- graphiques naturelles sur parfois plus de 16 m de hauteur (fig. 1). Ces dépôts sédimentaires complexes ont livré du matériel archéologique et des micro- et macrorestes végétaux, souvent dans un état de conservation exceptionnel. Une telle association de vestiges naturels et anthropiques au sein d'une séquence sédimentaire allant du Paléolithique à l'actuel est unique en Afrique de l'Ouest.

Fig. 1 Vue générale du gisement d'Ounjougou (Mali)

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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

Les caractéristiques générales du gisement et l'objectif fixé dans le cadre du projet imposaient la mise sur pied d'une équipe de recherches pluri- disciplinaire. Les études archéologiques, ethnoarchéologiques et ethno- historiques sont menées au Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève sous la direction de E. Huysecom, exception faite de l'étude des niveaux les plus anciens du Paléolithique, prise en charge par l'Université de Paris X-Nanterre sous la direction d'E. Boëda. Les études paléobotaniques et palynologiques sont menées conjointement par le Musée Royal de l'Afrique centrale à Tervuren et l'Université de Gand (Belgique), sous la direction de H. Beeckman. Le volet géologique du projet est assuré par l'Institut national agronomique Paris-Grignon (INA P-G) sous la direction de N. Fedoroff. L'ensemble du projet est effectué en collaboration avec l'Institut des Sciences Humaines de Bamako, sous la direction de Kléna Sanogo, et la Mission culturelle de Bandiagara, sous la responsabilité de Lassana Cissé, le territoire du pays dogon ayant été classé patrimoine mondial par l'UNESCO.

L'histoire du peuplement en pays dogon débuterait au Paléoli- thique

Les travaux de prospection et de fouilles menés sur le site d'Ounjougou ont d'ores et déjà permis de mettre en évidence des traces d'occupations humaines se rattachant à différentes phases du Paléolithique. Ces décou- vertes viennent considérablement bouleverser notre connaissance de l 'histoire du peuplement en pays dogon. Elles apportent en effet des don- nées qui nous permettent d'envisager un peuplement régional très large- ment antérieur aux limites évoquées par d'autres travaux. Notamment, les recherches menées par R.M. Bedaux et son équipe dans la région de San- ga fixaient la première occupation de la région, occupation dite toloy, aux 3e_2e siècles avant notre ère (Bedaux et al. 1983). L'état extrêmement lacunaire des connaissances sur le peuplement ancien au Mali et plus généralement en Afrique de l'Ouest donne donc aux découvertes d'Ounjougou une importance toute particulière.

Les recherches menées sur les niveaux paléolithiques anciens d'Ounjougou s'inscrivent dans la thématique générale du projet: elles ont pour objectif global de déterminer le cadre environnemental et humain du peuplement ancien de la région. Il sera alors possible de déterminer dans quelle mesure la nature des environnements végétaux a été déterminante dans la mise en place et la diffusion des peuplements humains. Au-delà donc de la seule reconstitution du contexte climatique et environnemental

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Aline Robert, Sylvain Soriano, Nicolas Fedoroff, Eric Huysecom

de l'occupation pléistocène locale et au-delà de la stricte détennination de sa spécificité matérielle, il s'agit d'envisager dans une perspective dyna- mique, à la fois synchronique et diachronique, les relations entre les hommes et des conditions climatiques et environnementales. L'insertion de ces données - de type aussi bien culturel, chronologique, climatique, environnemental que comportemental - dans le cadre plus large de l'ouest africain permettra de mieux saisir les dynamiques du peuplement humain paléolithique à l'échelle d'une région climatique donnée, la zone sahélienne.

Nous proposons ici un bilan préliminaire du peuplement pléistocène ré- gional sur la base des résultats des campagnes de prospection et des deux missions de terrain, menées en 1997-98 et 1998-99.

Contexte géologique: vers une reconstitution du cadre de vie des hommes paléolithiques

Le substratum du secteur d'Ounjougou et plus généralement de l'ensemble du bassin du Yamé est constitué par les grès de Bandiagara non altérés. Ces derniers ne portent pas de sols autochtones. Le couvert pédologique, là où il existe, est donc développé sur des matériaux tou- jours allochtones. Des failles dans ces grès ont favorisé la fonnation

d'ondulations d'orientation nord-sud dans lesquelles ont été piégés des sédiments éoliens. Les sites paléolithiques se situent au sein de ces sédi- ments, au niveau de discontinuités marquées plus ou moins fortement par des niveaux de graviers et même de galets, niveaux que l'on nomme

« stone-lines ».

Une étude pédo-sédimentaire de ces sédiments a pennis de distinguer différentes séquences, dont cinq ont été inventoriées. Ces séquences se sont succédé au cours du Pléistocène supérieur, peut-être au cours du dernier cycle glaciaire. Cette estimation se fonde sur le caractère mono- phasé des phases pédologiques. Chacune d'entre elles est caractérisée par un sédiment éolien de type loessique au sein duquel les artefacts ne sont jamais présents. Sur le dépôt éolien est toujours superposée une organi- sation pédologique. Puis l'ensemble est tronqué par une érosion. On doit en conséquence supposer que les hommes paléolithiques se sont établis sur la surface du sol développé sur le sédiment éolien. Par la suite, au moment de l'érosion, les artefacts ont été concentrés, en raison de leur poids, sur la surface d'érosion, fonnant dès lors une « stone-line ».

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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

Le cadre de vie précis des hommes paléolithiques est particulièrement difficile à reconstruire, les niveaux correspondant ayant déjà subi dans le passé une pédogenèse et/ou des phénomènes d'érosion plus ou moins importants. Toutefois, l'interprétation des horizons profonds sous la tron- cature permet de conclure que, comme aujourd'hui, le climat était à sai- sons très contrastées, mais avec des précipitations plus abondantes. Au cours de la saison des pluies, les sols se saturaient en eau, saturation dont témoignent aussi bien le grand développement de taches blanches dans les sols que l'éluviation, puis ils se dé-saturaient rapidement à la saison sèche, dé-saturation marquée quant à elle par le fort développement des taches rouges et la formation de nodules ferrugineux.

De manière générale, on peut donc reconstituer l 'histoire des niveaux paléolithiques anciens d 'Ounjougou de la façon suivante: au cours du Pléistocène supérieur, des dépôts éoliens fins se mettent en place. Des populations paléolithiques s'installent sur le sol formé sur ces dépôts. Puis survient une modification abrupte des conditions environnementales qui se traduit par une érosion des sols d'habitat. Les processus érosifs ne peuvent pas entraîner les artefacts, en raison de leur taille, avec la frac- tion fme. En conséquence, ces derniers se concentrent. Les données à disposition permettent en outre de reconstituer pour le Paléolithique un climat à alternance saison des pluies / saison sèche. Enfin, l'ensemble de ces dépôts a subi au cours du temps une altération due à une alternance de saturation / dé-saturation en eau, qui a entraîné une modification de la couleur des sols, la formation de nodules ferrugineux et, localement, de cuirasses ferrugineuses.

Les premiers occupants du pays dogon: éléments inédits et perspectives de recherche sur le Paléolithique ancien

C'est au cours de prospections menées en 1997 que furent découverts dans le secteur d'Ounjougou des vestiges lithiques taillés d'aspect archaï- que (Huysecom et al. 1998). Sur le site de Kokolo, vaste crique d'érosion entaillant une séquence éolienne silteuse de plusieurs mètres de puissance accumulée dans une dépression du substrat, a été observé un assemblage comprenant quelques outils massifs en grès accompagnés de galets amé- nagés qui évoquait le Paléolithique ancien. La portée de telles découver- tes se dessine tant au niveau régional, où de telles industries sont inédites, qu'à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest subsaharienne dont le peuplement ancien n'est connu que de façon très lacunaire.

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Aline Robert, Sylvain Soriano, Nicolas Fedoroff, Eric Huysecom

Devant l'intérêt de ces découvertes, qui tendaient à compléter la séquence de peuplement locale déjà très étendue, une mission d'évaluation de ces indices d'occupation a été menée par les auteurs en janvier 1999.

Au tenne de cette phase de diagnostic, il est possible de dresser un bilan provisoire concernant ces indices de peuplement ancien. Des vestiges lithiques constituant un ensemble très homogène tant au niveau typologi- que que technique apparaissent de façon récurrente sur plusieurs sites du secteur (Kokolo. Dandoli. Pouroli. Toniomé, ... ) en association avec une couche de silt jaune éolien positionnée à la base de la séquence sédimen- taire locale et reposant directement sur le substrat gréseux. (fig. 2)

Fig. 2 Le site de Dandoli - occupation du Paléolithique ancien

L'industrie lithique

Le matériel archéologique, strictement lithique, apparaît composé d'élé- ments relatant l'existence de deux schémas de production lithique. Le premier consiste en un débitage de petits galets de quartz, parfois de quartzite, provenant des passées conglomératiques du substrat gréseux. Des stigmates très spécifiques traduisent l'utilisation de façon quasi ex-

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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

clusive de la percussion directe bipolaire sur enclume pour le débitage de ces galets. C'est une technique qui consiste à percuter l'une des extrémités du nodule de matière première alors que l'extrémité opposée repose sur un support dur fixe ou mobile, l'enclume. Une enclume portant plusieurs cupules liées à ce mode opératoire a ainsi été recueillie. Faute d'un réfé- rentiel expérimental, il semble difficile de savoir si l'utilisation exclusive de cette technique résulte d'un choix délibéré ou d'une contrainte réelle liée au matériau. Les éclats obtenus sont majoritairement laissés bruts.

L'outillage est limité à quelques rares racloirs sur éclats et fragments de galets de quartzite encochés. Quelques galets ont cependant été débités par percussion directe simple aboutissant à des pièces que l'on qualifie de

« galet aménagé ». Le second schéma de production repose sur la trans- formation de fragments naturels de grès ou de gros éclats (?) en rabots massifs. Le grès utilisé est de qualité variable, fonction de sa granulomé- trie et de l'importance de la diagenèse, mais il provient assurément du substrat ordovicien. Ces rabots opposent une face plane ou légèrement convexe naturelle ou brute de débitage, partiellement aménagée par de grands enlèvements plans, à une face très convexe qui porte sur sa péri- phérie les négatifs de plusieurs séries d'enlèvements fréquemment re- broussés pour les derniers, dont le rôle est clairement celui d'aménager puis de raviver les bords actifs de l'outil. Quelques éclats de grès pouvant résulter du façonnage des rabots ont été transformés en denticulés (fig.3).

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Fig. 3 Kokolo - Industrie lithique du Paléolithique ancien

Les échantillonnages et prospections réalisés ont pennis de repérer et d'identifier ce type d'assemblage lithique sur plusieurs sites, attestant ainsi d'un peuplement important mais aussi très homogène dans ses mani- festations techniques. Les vestiges de ces occupations apparaissent en outre associés de façon récurrente avec le premier ensemble sédimentaire éolien du secteur d'Ounjougou composé de silts jaunes.

Quelques éléments nous amènent cependant à évoquer l'existence de témoins mobiliers attestant d'un peuplement plus ancien. Dans la zone de confluence du Yamé et du Boumbangou, une couche sablo-graveleuse cuirassée reposant sur le substrat gréseux a livré deux polyèdres accom- pagnés de quelques éclats. Nous devrons cependant nous assurer lors des recherches ultérieures que ces polyèdres représentent bien un événement

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Evolution paléoc1imatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

archéologique distinct et antérieur aux assemblages à rabots du complexe des silts jaunes précédemment présentés.

L'âge de cette occupation

Quels arguments permettent de rattacher l'industrie des silts jaunes au Paléolithique ancien? Si nous ne disposons pas actuellement de datation absolue, c'est en premier lieu un argument d'ordre stratigraphique qui nous permet d'utiliser ce qualificatif. Ces industries apparaissent en stra- tigraphie sous des assemblages lithiques de type Paléolithique moyen dont elles diffèrent significativement tant au niveau typologique que technique. L'étude de la séquence sédimentaire d'Ounjougou étant juste amorcée, il est difficile de proposer une évaluation objective de la data- tion de ces vestiges. Un raisonnement reposant sur des bases typologi- ques et techniques conduirait à qualifier cette industrie d'archaïque. Ce- pendant, dans l'état actuel des recherches sur le Paléolithique régional, ceci ne constitue pas à nos yeux un critère suffisant pour argumenter de l'ancienneté de la série.

L'industrie d'Ounjougou dans le cadre Ouest Africain

Si l'on excepte quelques indices d'industries qualifiées de pré- acheuléennes mal ou non datées, le Paléolithique ancien de l'Afrique de l'Ouest semble se résumer à une présence peu marquée mais largement disséminée d'industries acheuléennes. Les témoins de ces occupations acheuléennes se répartissent sur un vaste secteur épousant au nord le cours du fleuve Niger sans toutefois y être contigu. Cette écharpe se dé- veloppe depuis l'est sénégalais (Camara, Duboscq 1990; Descamps,

1979), enserre la zone saharienne avec le sud de la Mauritanie (Vernet 1983 et 1996), le nord du Mali (Diop 1972; Gaussen, Gaussen, 1995, Raimbault 1991) et du Niger (Tillet 1983) pour aboutir au Nigeria (Sop- per 1965). Il semble difficile d'affirmer que le caractère extrêmement ténu des indices acheuléens entre la boucle du Niger et la côte du Golfe de Guinée est le fait de l'état lacunaire des recherches ou d'une réelle absence de l'Acheuléen.

L'industrie du secteur d'Ounjougou s'insère donc dans un espace où l'on ne connaissait auparavant aucun témoignage d'occupations paléolithiques anciennes. Elle se singularise de plus par l'absence de bifaces et de ha- chereaux et ne peut à ce titre être assimilée à aucun des différents faciès de l'Acheuléen africain présents au nord du Niger. Les indices acheuléens les plus proches semblent ceux signalés par H. Kelley (1935) à Anou

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Aline Robon, Sylvain Soriano, Nicolas FedorofT, Eric Huysecom

Mellène (Mali) au sud-ouest de l'Adrar des Iforhas ou ceux du secteur de Oualata dans le sud-est mauritanien (Boëda, comm. pers.). Ces indices figurant cependant à un minimum de 500 kilomètres des sites d'Ounjou- gou, leur pertinence est très relative. Nous pouvons alors envisager deux hypothèses :

• soit l'industrie d'Ounjougou constitue un faciès original du Paléolithi- que ancien, d'extension régionale, contemporaine de l'Acheuléen;

• soit elle est post-acheuléenne et s'insèrerait dans la phase ancienne du Middle Stone Age.

Dans les deux situations, cette industrie représenterait une manifestation culturelle originale.

Perspectives de recherche

Le secteur d'Ounjougou présente un fort potentiel pour la connaissance des périodes anciennes du peuplement paléolithique de la zone sahé- lienne. Une phase d'occupation principale est attestée par les assemblages à « rabots» et les polyèdres récemment découverts permettent d'envisa- ger une phase antérieure qui reste à documenter tant dans l'expression de ses traditions techniques que du point de vue chrono-stratigraphique. Au delà de l'intérêt strictement chrono-culturel, les conditions sédimen- taires offrent la possibilité d'envisager une problématique palethnogra- phi que dans l'étude de ces occupations. Les prospections ont ainsi révélé sur le site de Dandoli un niveau archéologique en position primaire dans un sédiment fm qui pourra être l'objet d'une fouille extensive. Le matériel lithique prélevé dans un secteur du site en cours d'érosion plaide par sa fraîcheur, la présence de nombreux fragments centimétriques et l'exis- tence de remontages, pour une perturbation restreinte. Cette situation, sans précédent en Afrique de l'Ouest pour des sites de ces périodes, sou- ligne l'importance des découvertes d'Ounjougou.

Les occupations humaines au Paléolithique moyen

L'affirmation d'une présence humaine pouvant être rattachée au Paléoli- thique moyen ou Middle Stone Age (MSA) se fonde sur la découverte de nombreux ensembles lithiques. A l'issue des deux premières missions sur le terrain, trois sites ont d'ores et déjà pu être identifiés et étudiés.

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Evolulion paléoclimalique el peuplemenl humain en Afrique de l'Ouesl

Une première concentration de vestiges lithiques en grès et grès quartzite a été découverte, au lieu-dit Oumoullaama, sur le fond d'une crique d'érosion de plus de 8 m de profondeur située au bord du cours d'eau principal (fig. 4). Une surface de 45 m2 a ainsi pu être fouillée, dégageant l'aire d'un atelier de taille en position primaire. La fouille a permis de prouver la contemporanéité de cette série avec un assemblage obtenu sur galets de quartz, également présent en surface du sol. La réalisation de coupes stratigraphiques et d'une tranchée de raccord entre les coupes et l'aire de l'atelier a permis d'assurer la position stratigraphique de ce der- nier. Il se situe au sein d'un niveau silteux altéré par une forte hydromor- phie, reposant directement sur le substrat gréseux. Un site de cette nature permet non seulement d'envisager une approche strictement technologi- que et typologique, mais ouvre également la voie à des informations d'ordre comportemental. La série lithique mise au jour, si elle n'a pas encore fait l'objet d'une étude détaillée, montre l'utilisation d'une ma- tière première de mauvaise qualité et la présence subséquente de nom- breux accidents de taille. Si ce n'était sa position stratigraphique, il serait difficile d'attribuer une place à cette série sur la base de ses caractéristi- ques technologiques et typologiques.

Fig. 4 Le site d'Oumounaama lors de sa découverte - atelier de taille du Paléo- lithique moyen

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Entre novembre 1998 et janvier 1999, des fouilles ont été menées au fond d'un ravinement étroit et profond perpendiculaire à l'un des affluents du Yamé, nommé « ravin de la vipère». De nombreux artefacts lithiques jonchaient les glacis à la base de piliers épargnés par l'érosion (fig. 5). La réalisation de plusieurs sondages dans la zone a pennis notamment de découvrir les restes d'un atelier de taille en position primaire épargné par l'érosion et de détenniner la place stratigraphique de cette industrie. Cette dernière fonne un niveau d'environ 5cm d'épaisseur au sein d'un sédi- ment silteux d'origine éolienne fortement altéré par les phénomènes de saturation et de dé-saturation en eau évoqués précédemment, et reposant directement sur le substrat gréseux. Une industrie sur quartz était à nou- veau mêlée en surface aux artefacts sur grès, mais la fouille a pennis de prouver la non contemporanéité de ces deux séries, les quartz taillés pro- venant exclusivement d'un niveau supérieur. Une première évaluation du matériel récolté nous pennet d'identifier la mise en œuvre d'un concept de débitage Levallois, plaçant indubitablement cette industrie, sur la base de critères typologiques et techniques, au sein du MSA.

Fig. 5 Le « ravin de la vipère » - occupation du Paléolithique moyen

Enfm, le site d'Orosobo, découvert fortuitement lors de prospections dès 1994 (Huysecom 1996), se présente comme une vaste crique d'érosion

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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

peu profonde entaillant un niveau de silt rouge fin d'origine éolienne. De nombreux artefacts lithiques en grès et grès quartzite, éparpillés sur la surface d'érosion sur plus de 300 m sur 100 m, étaient mêlés d'une part à une industrie sur galets de quartz et d'autre part à un « voile néolithique»

composé de pointes de flèche à retouches bifaciales et de haches polies.

Le matériel archéologique, strictement lithique, a fait l'objet d'un ramas- sage de surface. La place stratigraphique de cette industrie a toutefois pu être assurée grâce à la découverte, lors de la fouille de sondages et de coupes stratigraphiques, d'artefacts présentant les mêmes caractéristiques techniques et typologiques. Le niveau dont provient cet assemblage se compose de nodules ferrugineux roulés et de petits graviers pris dans une matrice silteuse blanchâtre et localement concentrés en une « stone- line ». Nous pouvons donc supposer que cette « stone-line » est le résultat d'une phase érosive ancienne qui a évacué les sédiments fins et concen- trés les matériaux lourds, à savoir les nodules et graviers. Il est difficile de déterminer, en l'état actuel des analyses, si l'occupation humaine a eu lieu après ou avant cet épisode. L'état de fraîcheur des artefacts, taillés dans une matière relativement fragile, ainsi que la présence de nombreux fragments centimétriques laissent supposer tout au moins que ces der- niers, s'ils ont subi cette érosion, n'ont pas été transportés sur de longues distances. L'existence de remontages permettra de renforcer l'hypothèse d'une faible perturbation.

Aspects technologiques de l'Industrie lithique

La matière première utilisée, grès et grès quartzite, est de qualité variable selon sa granulométrie, mais elle appartient sans aucun doute au substrat ordovicien local. D'un point de vue strictement typologique, les outils récoltés se répartissent essentiellement entre des racloirs (simples ou doubles, droits ou convexes), des pièces denticulées et des pointes pseu- do-levallois retouchées. Une première étude technologique de la série lithique découverte à Orosobo permet d'identifier différents schémas de production parmi lesquels deux sont le plus largement représentés. Ceux- ci, les modes de débitage Levallois et discoïde (ou moustérien), sont tout à fait caractéristiques du Paléolithique moyen, en Afrique comme ailleurs dans le monde. Ces modes de débitage, utilisant la percussion directe au percuteur dur, répondent au concept dit de prédétermination qui apparaît selon les régions dès la fin du Paléolithique inférieur : le tailleur imagine à l'avance le produit qu'il désire obtenir et met en place, sur un bloc de matière première, une série de critères techniques qui conditionneront la nombre et la morphologie des éclats obtenus (fig. 6).

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Aline Robert, Sylvain Soriano, Nicolas Fedoroff, Eric Huysecom

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Fig. 6 Orosobo - Industrie lithique du Paléolithique moyen

Il est dès à présent possible de mettre en évidence des différences techni- ques entre les assemblages d'Orosobo et du ravin de la vipère. En effet, le mode de débitage discoïde ne semble pas avoir été pratiqué dans l'indus- trie du ravin de la vipère. De plus, le débitage Levallois, s'il est présent dans les deux assemblages, a mis en œuvre des méthodes différentes (présence d'une méthode Levallois récurrente bipolaire dans l'industrie du ravin de la vipère et utilisation exclusive d'une méthode Levallois récur- rente centripète à Orosobo). L'identification de modes de débitage tout à fait caractéristiques permet, en l'absence de datation absolue, de détermi- ner la place de ces industries en terme de chronologie relative, et donc d'interprétation culturelle. La présence de plusieurs modes de débitage implique que les hommes du Paléolithique ont effectué, en fonction des produits désirés et prédéterminés, un choix conscient entre diverses mé-

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Evolution paléoclimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

tri se grandissante de l'homme sur son environnement, dans le sens de la capacité d'obtention d'un outillage varié, mieux adapté aux besoins.

Position stratigraphique relative de ces occupations

Si l'étude géologique a permis jusqu'ici de proposer un scénario général pour la formation et l'évolution des sols depuis le Pléistocène supérieur, ce dernier l'a été sur la base de la mise en relation de plusieurs séquences stratigraphiques distinctes, distantes de parfois plus d' I km l'une de l'autre. Le problème réside en conséquence dans la détermination de la position stratigraphique relative de ces niveaux. En l'état actuel de nos connaissances, seule la place stratigraphique relative de deux occupations paléolithiques moyen a pu être mise en évidence. Il apparaît ainsi que le niveau du ravin de la vipère est le plus profond, et donc le plus ancien. Il se situe au-dessus du niveau de silts jaunes ayant livré des industries de type Paléolithique ancien et est séparé du niveau d'occupation d'Orosobo - occupation la plus récente du MSA - par plus de 7m de sédiments. La place chronologique relative de l'industrie d'Oumounaama, même si sa place stratigraphique la distingue bien du Paléolithique ancien comme des niveaux du Paléolithique supérieur, n'a par contre pas pu être déter- minée.

La juxtaposition des données à la fois technologiques (variabilité des méthodes Levallois et présence dans un seul niveau du débitage discoïde) et stratigraphiques (position relative des industries) permet donc à ce stade d'envisager la mise en évidence de plusieurs faciès culturels dis- tincts au sein de la période considérée. Une analyse plus poussée des vestiges matériels et des contextes de gisement est cependant nécessaire pour mettre en évidence l'évolution des concepts et techniques de taille, les modes de gestion du territoire (sources de matière première, occupa- tion différentielle du territoire, ... ), ainsi que les caractéristiques climati- ques et environnementales liées à ces occupations. Dans cette optique, il s'agit en particulier de comprendre les modes d'installation des hommes préhistoriques et de déterminer si ces installations correspondent ou non à des conditions climatiques récurrentes.

Insertion de ces découvertes dans le cadre de l'Afrique de l'Ouest De manière générale, les industries du Paléolithique moyen sont mal connues dans l'Ouest Africain, bien que les ensembles lithiques décou- verts à ce jour soient un peu plus nombreux que pour les périodes anté- rieures. L'essentiel de l'information à notre disposition repose sur des

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Aline Roben, Sylvain Soriano, Nicolas Fedoroff, Eric Huysecom

ensembles non datés provenant de contextes perturbés ou de sites de sur- face. De plus, les études effectuées reposent le plus souvent sur une ap- proche purement typologique du matériel lithique.

En Afrique subsaharienne, on a l'habitude de distinguer deux faciès cul- turels distincts pour cette période. Le premier, le Lupembien, a été défini sur du matériel lithique découvert en Afrique centrale (Clark 1982, van Noten 1982). Daté dans sa phase la plus ancienne des environs de 30'000 ans avant notre ère, il se caractérise par l'utilisation de méthodes de fa- çonnage bifacial élaborées permettant notamment l'obtention de grande pointes de forme lancéolée. Des industries de ce type, quoique plus gros- sières et très mal définies, sont mentionnées au Ghana, au Nigeria et dans le centre de la Guinée (Davies 1964, Phillipson 1993, Shaw 1989), mais sans indication stratigraphique suffisante pour leur datation.

Le second faciès identifié présente des affinités avec les complexes le- valloiso-moustériens de l'Afrique du Nord. Des industries de ce type sont mentionnées au Nigeria, notamment sur le Plateau de Jos (Soper 1965, A1lsworth-Jones 1981), au Ghana, en Côte d'Ivoire (Davies 1964, Clark 1967), dans la région de Dakar au Sénégal (Corbeil 1951 a et b) et dans le Sahara central (Clark 1967). Le Sahara malien a quant a lui livré des industries rattachées, de par la présence de pointes bifaciales caractéristi- ques, à l'Atérien d'Afrique du Nord (Raimbault 1981 et 1991). Quelques pièces assimilées à de telles pointes, découvertes le long de la côte séné- galaise et en Guinée, ont été considérées comme un prolongement de ce faciès en Afrique de l'Ouest, nommé Atérien guinéen (Davies 1964). Ce faciès est aujourd'hui totalement remis en question par la majorité des chercheurs.

L'industrie paléolithique moyen d'Ounjougou apparaît comme une mani- festation originale dans un espace où aucune autre occupation de cette période n'a été mise à jour, de la même manière que pour le Paléolithique ancien. Il est évident qu'elle n'est comparable à première vue ni typolo- giquement ni technologiquement avec le Lupembien défini en Afrique centrale, ni avec l' Atérien tel qu'il se prolonge dans la zone saharienne. Si les industries d'Ounjougou présentent des points de comparaison tech- niques avec les complexes levalloiso-moustériens (présence de débitage Levallois et discoïde), la distance la séparant des découvertes les plus proches et l'originalité des méthodes mises en œuvre invalident l'hypo- thèse d'une parenté culturelle. De plus, la nature des données à notre dis- position, presque exclusivement typologique, ne permet aucune compa- raison fiable. En l'absence d'informations supplémentaires, que fourni-

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Evolution paléoelimatique et peuplement humain en Afrique de l'Ouest

prévues dès la mission prochaine) et le réexamen, sous un angle techno- logique, des ensembles lithiques découverts, il apparaît que l'industrie d'Ounjougou, si elle relève de concepts de taille connus, se distingue des faciès culturels les plus proches par l'originalité de ses traditions techni- ques.

Conclusion provisoire sur l'occupation paléolithique du pays dogon

Les recherches menées sur les témoignages d'occupations paléolithiques du secteur d'Ounjougou, bien qu'à un stade préliminaire, permettent déjà de mettre en avant l'intensité et la continuité du peuplement local, même si les facteurs explicatifs de cette pérennité restent à préciser. Nous pou- vons assurément avancer l'hypothèse que ce secteur du plateau de Ban- diagara a présenté à de nombreuses reprises des ressources faunistiques et floristiques très favorables à l'implantation de groupes humains,du fait notamment de l'existence de points d'eau. Les approches paléoenviron- nementales devraient contribuer à isoler les éléments récurrents de l'ins- tallation des hommes du Paléolithique. Les premières données géologi- ques permettent déjà d'envisager une cyclicité pédo-sédimentaire sous

·contrôle climatique qui laisse entrevoir une certaine récurrence des bioto- pes régionaux. Nous devrons ainsi nous efforcer de déterminer si les occupations humaines correspondent ou non à des phases climatiques particulières.

Les premières analyses du mobilier archéologique de ces occupations ont été orientées vers l'identification des concepts, méthodes et techniques mis en jeu par les hommes du Paléolithique pour leur production d'ou- tillage lithique. L'absence d'industries lithiques relevant de traditions comparables tant à une échelle régionale que macro-régionale nous incite à évoquer l'originalité des traditions techniques individualisées dans les différents niveaux d'Ounjougou.

Cette situation pourrait refléter une forte différenciation régionale des traditions paléolithiques et/ou être liée à l'état très inégal de la recherche et de la documentation. Les assemblages lithiques de ces périodes en Afrique de l'Ouest ont le plus souvent été documentés du strict point de vue typologique, ne nous permettant pas d'établir de comparaisons sur des bases technologiques. Ils proviennent généralement de contextes perturbés ou de sites de surface non datés. La mise au jour de plusieurs occupations humaines successives dans un site stratifié ouvre de ce point

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de vue de nombreuses possibilités, en termes à la fois de définition des cultures matérie\1es, d'évolution culture\1e et de mise en évidence des relations dynamiques entre l'homme et son environnement. La possibilité de mener des fouilles et le caractère in situ de certains ensembles lithi- ques offrent une chance exceptionne\1e dans l'Ouest Africain de recueillir des informations de type palethnographique.

Zusammenfassung

Die Forschungsgruppe MAESAO arbeitet seit 1997 unter Leitung von Eric Huysecom an einem neuen Forschungsprojekt mit dem Titel « Die paHioklimatische Entwicklung und die Besiedlung West-Afrikas». Ge- genstand des Projekts ist die Analyse der Reaktionen der Bevolkerung auf klimatische und okologische Veranderungen. Studiert wird diese Frageste\1ung anhand der Ablagerungen von Ounjougouin der Bandiaga- ra-Ebene in Mali. Die Verbindung von natürlichen und menschlichen Resten in einer Sedimentsschicht, die vom Palaolithikum bis in die Ge- genwart reicht, bietet die notigen Bedingungen fUr die Untersuchung der lnteraktion zwischen dem Mensch und seiner Umgebung.

lm folgenden prasentieren wir eine vorlaufige Bilanz der frühen palaon- tologischen Besiedlung von Ounjougou. Die Spuren dieser ausschlielllich steinzeitlichen Besiedelung sind zunachst von regionaler Bedeutung, denn in der Gegend handelt es si ch um die ersten derartigen Technolo- gien. Au13erdem sind die Spuren fUr ganz West-Afrika, dessen Besied- lung nur sehr lückenhaft bekannt ist, aufschlussreich.

Das alteste steinzeitliche Material, das sich gleichrna13ig in verschiedenen Ausgrabungsstatten des Sektors findet, zeugt von einer intensiven Be- siedlung durch eine Bevolkerungsgruppe mit homogenen technischen Fahigkeiten. So hat eine erste Untersuchung erlaubt, die Existenz zweier Produktionsarten zu unterscheiden. Die erste besteht aus dem Abschlagen kleiner Quartzsteine durch beidseitiges Beschlagen auf einem Arnbo13.

Die zweite beruht auf der hobelnden Bearbeitung von Fragrnenten aus Sandstein. Obwohl eine genaue Datierung unmoglich ist, fUhrt sowohl die Situierung dieser Industrie in der Gesteinsschicht aIs auch ihre typo- logische und technische Charakteristik zur Annahrne ihrer ZugehOrigkeit zum frühen Palaolithikum. Das gefundene Material, das sich durch die Abwesenheit von Faustkeilen und kleinen Âxten auszeichnet, kann in keinem Fa\1 den verschiedenen Phasen des afrikanischen frühen Palao- Iithikurns zugeordnet werden.

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Evolution paléoclimatique ct peuplement humain en Afrique de l'Ouest

Ausserdem wurden zahlreiche steinzeitliche Gegenstiinde aus Sandstein und Quartzsandstein ausgegraben, die sich dem mittleren PaUiolithikum zuordnen lassen. Verschiedene Arten des Abschlagens konnten nachge- wiesen werden, insbesondere der allgemein verbreitete Einsatz der Pro- duktionsschemata fur Steingeriite und « discoïdes». Der Vergleich der technischen Befunde (VieWiltigkeit der benutzten Methoden) und deren Situierung in den Gesteinsschichten erlaubt es, verschiedene kulturelle Schichten zu vermuten.

Die Entdeckung aufeinanderfolgender menschlicher Besiedelungen in Gesteinsschichten an einem Ort erlaubt es also, Schlüsse zu ziehen über die kulturelle Entwicklung im PaHiolithikum und über die klimatischen und okologischen Bedingungen, die der Besiedlungsart der Bevôlke- rungsgruppen zugrundeliegen.

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