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Les villages préhistoriques littoraux du Léman : présence, conservation et érosion

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Les villages préhistoriques littoraux du Léman : présence, conservation et érosion

CORBOUD, Pierre

Abstract

Entre les années 1854 et 1921, plus de soixante habitats préhistoriques littoraux immergés ont été identifiés et observés sur les rives lémaniques. Dans le Léman, encore plus que dans d'autres lacs de Suisse, de France ou d'Allemagne, la présence des ruines d'un village littoral du Néolithique ou de l'âge du Bronze est le résultat de circonstances très particulières, autant naturelles que culturelles. La conservation jusqu'à nos jours des restes de ces établissements correspond à des critères très différents que ceux des sites établis en dessus des plus hautes eaux du lac. Les vestiges de l'occupation de la zone littorale par des populations d'agriculteurs, dès le Néolithique moyen et jusqu'à la fin du Bronze final (entre 4000 et 850 avant J.-C.) est une source de renseignements considérable sur le mode de vie des premiers agriculteurs des rives lémaniques, mais aussi sur leur environnement. Le choix d'un point de la rive pour un établissement, les phénomènes d'érosion et de sédimentation à l'emplacement du site dès son abandon par l'homme sont autant de facteurs complexes qui participent [...]

CORBOUD, Pierre. Les villages préhistoriques littoraux du Léman : présence, conservation et érosion. In: Bertola, C., Goumand, C. & Rubin, J.-F. Découvrir le Léman : 100 ans après François-Alphonse Forel. Colloque pluridisciplinaire. Nyon ; Genève : Slatkine, 1999. p.

483-502

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:33521

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Between 1854 and 1921, more than sixty underwater prehistoric settle- ments were identified and observed along the shores of Lake Geneva. In this lake, more than in other lakes of Switzerland, France or Germany, the presence of the remains of an underwater shore settlement of Neoli- thic or Bronze Age is the result of very specific circumstances, both natural as cultural. The conservation up until now of the remains of these settlements corresponds to very different criteria from those of the settlements situated above the highest water level of the lake. The ves- tiges of the lakeshore 's occupation by agricultural populations from the Middle Neolithic until the end of the Early Bronze Age (Between 4000 and 850 B. C.) constitute a major source of information not only on the way of life of the first farmers of the Léman shores but also on their environment. The choices of a point on the lake's shore for a settlement, and the phenomena of erosion and sedimentation of the site since the human desertion, are some of the complex factors involved in the conservation of the prehistoric remains. The interest in the understan- ding of these phenomena is justified from the point of view of preserva- tion and protection, and is above all indispensable for discussing the place and importance of the shore settlements in the evolution of the prehistoric population of the entire Léman region.

Entre les années 1854 et 1921, plus de soixante habitats préhistoriques littoraux immergés ont été identifiés et observés sur les rives léma- niques. Dans le Léman, encore plus que dans d'autres lacs de Suisse, de France ou d'Allemagne, la présence des ruines d'un village littoral du

ABSTRACT

PRÉHISTORIQUES LITTORAUX DU LÉMAN : PRÉSENCE,

CONSERVATION ET ÉROSION

PIERRE CORBOUD

Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève 12, rue Gustave-Revilliod, CH-1227 Carouge (GE)

RESUMÉ

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Néolithique ou de l'âge du Bronze est le résultat de circonstances très particulières, autant naturelles que culturelles. La conservation jusqu'à nos jours des restes de ces établissements correspond à des critères très différents que ceux des sites établis en dessus des plus hautes eaux du lac. Les vestiges de l'occupation de la zone littorale par des populations d'agriculteurs, dès le Néolithique moyen et jusqu'à la fin du Bronze final (entre 4000 et 850 avant J.-C.) est une source de renseignements considérable sur le mode de vie des premiers agriculteurs des rives lémaniques, mais aussi sur leur environnement.

Le choix d'un point de la rive pour un établissement, les phénomènes d'érosion et de sédimentation à l'emplacement du site dès son abandon par l'homme sont autant de facteurs complexes qui participent à la conservation des vestiges préhistoriques. L'intérêt de la compréhension de ces phénomènes se justifie dans une optique de sauvegarde et de protection, mais surtout elle est indispensable pour discuter la place et l'importance des villages littoraux dans l'évolution du peuplement préhistorique de toute la région lémanique.

Mots clés : Bassin lémanique, préhistoire, Néolithique, âge du Bronze, niveau des lacs.

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INTRODUCTION

La préhistoire du Bassin lémanique (les territoires qui bordent le Léman jusqu'aux premiers reliefs) est encore mal connue par rapport à d'autres régions voisines, comme par exemple le Plateau suisse, le Jura français ou le Valais. Cette méconnaissance est la conséquence d'un certain retard de la recherche en préhistoire dans ce domaine géogra- phique, mais aussi de mauvaises conditions de conservation des sites préhistoriques terrestres, établis pour la plupart dans des terrains forte- ment construits et sous des couvertures sédimentaires peu épaisses. En comparaison, les habitats littoraux actuellement immergés contrastent par leur abondance et leur bonne conservation, même si la qualité des vestiges qu'ils renferment est moins bonne que celle des sites des lacs de Neuchâtel de Morat et de Bienne.

Le but de cette présentation est tout d'abord de mieux définir les condi- tions qui ont permis la conservation jusqu'à nos jours des restes d'un village littoral en zone actuellement immergée. Ensuite, nous rappel- lerons à quel point ces vestiges sont fragiles et exceptionnels pour la connaissance de plusieurs millénaires de notre histoire. Enfin, nous dis- cuterons la place des informations livrées par ces sites archéologiques dans la connaissance globale du peuplement préhistorique de notre région. Par cet exercice, nous tenterons aussi de montrer en quoi les travaux de François-Alphonse Forel, publiés entre 1876 et 1904, ont grandement contribué à jeter les bases d'une approche pluridisciplinaire des «cités lacustres» et de celles du Léman en particulier.

QUELLES QUESTIONS ABORDER AVEC LA CONSERVATION

DES SITES LITTORAUX LÉMANIQUES ?

Les questions soulevées par la conservation des sites préhistoriques littoraux touchent plusieurs champs de connaissances, qui vont de la taphonomie des restes archéologiques immergés à l'étude des conditions de sédimentation et d'érosion des vestiges conservés, en passant par l'appréciation du nombre et de l'importance des établissements construits en zone littorale pour chacune des époques représentées.

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La taphonomie des villages préhistoriques actuellement immergés L'étude des conditions de dépôt et de conservation des sites archéo- logiques et des vestiges qui les composent a pour objet la reconstitution de l'image et de l'apparence de ces villages littoraux, autant au plan de leur construction que de leur organisation. Cette approche, courante sur les sites terrestres, prend une dimension essentielle sur les sites littoraux immergés, car en outre elle nous renseigne sur les conditions naturelles de l'établissement en zone littorale et les raisons de son abandon.

Les mécanismes de sédimentation et les fluctuations du niveau des eaux

La reconstitution de la dynamique de sédimentation et d'érosion des restes archéologiques nous permet de comprendre les relations entre les fluctuations du niveau des eaux, et le rythme et la durée des occupations littorales. Ces liens s'expriment en fonction des variations bathymé- triques, saisonnières et séculaires du Léman. En effet, la problématique relative aux niveaux des eaux avant, pendant et après les occupations préhistoriques littorales, permet de traiter les raisons de l'établissement en zone littorale mais aussi d'apprécier les rythmes et l'importance de ces fluctuations.

La représentativité des sites littoraux conservés pour chaque époque Le nombre des sites immergés et la qualité de leur conservation pour chacune des époques représentées, par rapport à la totalité des établis- sements littoraux et terrestres construits dans le Bassin lémanique, est fondamentale pour aborder le peuplement préhistorique de cette région.

Dans cette perspective, la richesse des informations issues des villages littoraux participe d'une manière globale à la compréhension du peuplement régional, même si ces restes ne sont représentatifs que de quelques phases d'habitat, chronologiquement limitées dans le temps.

Chacune de ces questions est très ambitieuse. Or, la recherche archéo- logique sur les sites littoraux du Léman n'a vraiment débuté avec des moyens d'investigation scientifique adaptés qu'au début des années 1980, avec les recherches menées sur les sites de Morges-La Poudrière (VD) et de Corsier-Port (GE). Pourtant, les premières explorations entreprises avec frénésie dès 1854 par des archéologues tels Adrien Morlot, Frédéric Troyon, François Forel, Louis Revon et, bien sûr, dès les années 1870, par François-Alphonse Forel (le fils de François Forel), témoignaient, à la fin

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du siècle dernier, du dynamisme de la recherche archéologique léma- nique (Troyon 1858, Revon 1875, Chantre 1875-1876, Forel 1876). La qualité de ces recherches n'avait rien à envier aux travaux réalisés à la même époque dans les Trois Lacs (Neuchâtel, Morat et Bienne), dans le lac de Zurich, dans celui de Constance et dans la plupart des lacs de Suisse, de France et d'Allemagne.

Actuellement, aussi bien sur les rives vaudoises, genevoises et françaises du Léman, nous venons seulement de terminer l'inventaire des données encore disponibles, entrepris depuis une vingtaine d'années. Le moment est donc opportun pour faire le point sur les connaissances que recèlent encore les archives constituées par les restes de ces villages engloutis, chaque jour plus menacés par l'érosion naturelle et l'aména- gement des rives (Corboud 1996a, Corboud 1996b, Marguet 1995).

LES ÉLÉMENTS

D'UNE STATION LITTORALE LÉMANIQUE

Les types de restes anthropiques conservés sur un ancien village littoral aujourd'hui immergé sont en nombre limité et leur organisation est régie par des règles constantes. Dans le Léman, encore plus que dans d'autres lacs au dynamisme des eaux moins puissant, la conservation des ruines des villages préhistoriques peut être classée sur une échelle régulière, qui va du site le plus intact à celui dont ne subsistent que quelques meules en granite à même le sol érodé.

Dans le cas d'un site littoral lémanique bien conservé, les éléments observés sur le terrain sont les suivants (fig. 1) :

T. Les ténevières sont formées de galets déposés en surface du sol actuel, en une couche irrégulière peu épaisse (au maximum 20 cm d'épaisseur). Elles correspondent à d'anciennes plages lacustres, de formation antérieure ou contemporaine aux époques préhistoriques. La constitution de ces «ténevières» (d'après un terme employé dans le lac de Neuchâtel) est parfois d'origine naturelle, parfois de nature anthropique et le plus souvent des deux. Les ténevières naturelles apparaissent sous la forme de cordons successifs, décalés les uns par rapport aux autres, et de granulométrie très constante. Ces surfaces couvertes de galets se forment par l'érosion de la rive naturelle et l'accumulation des éléments les plus grossiers contenus dans le terrain. Une fois immergées, les anciennes plages subissent encore l'action de l'érosion et sont débarrassées des particules les plus fines, jusqu'à former une surface de galets triés qui protège le terrain sous-jacent. En revanche, les ténevières apportées ou

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aménagées par l'homme présentent un contour plus massif et une granulométrie de surface plus grossière et hétérogène. Dans le Léman, lorsque leur caractère anthropique est indiscutable, ces ténevières sont interprétées principalement comme des éléments de stabilisation du sol humide, entre les cabanes ou sur les emplacements des celles-ci.

P. Les pilotis, quand ils sont conservés, dépassent du sol érodé de 0 à 2,5 mètres. Ils sont encore enfoncés dans le sol de 0,1 à plus de 1 mètre.

L'érosion naturelle du sol sous-lacustre réduit parfois considérablement la profondeur d'enfoncement originelle et expose les pilotis à l'arrachage par les vagues de tempêtes. Parmi l'ensemble des 50 stations lémaniques qui possèdent encore des vestiges observables, 40 seulement comportent encore des pilotis, dont il ne subsiste parfois que la pointe. Les pilotis sont les restes de toutes structures verticales, plantées dans le sol du village pour soutenir des éléments horizontaux, qui dans la plupart des cas ont disparu ou sont conservés en dépôt secondaire. La disposition des pilotis ainsi que leur taille et leur aménagement éventuel permettent de distinguer les pieux de soutien des cabanes et les pieux de palissades (limites du village ou brise-vagues).

T P M C

rive actuelle

Fig. 1. Restes anthropiques conservés sur une station littorale lémanique, dans le cas des sites les mieux conservés (par exemple les stations du Bronze final de Morges-La Grande-Cité VD ou de Collonge-Bellerive GE). T : ténevière, P : pilotis et éventuelles structures architecturales, M : matériel archéologique conservé en surface du sol, C : lambeau de couche archéologique.

Anthropic remains preserved on a Lake Geneva's littoral settlement, in the case of the best preserved sites (for instance the Finale Bronze settlements of Morges-La Grande Cité VD or Collonge-Bellerive GE). T: ténevière, P: piles and possible architectural structures, M: archeological material preserved on the ground surface, C: scrap of the archeological stratum.

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M. Le matériel archéologique récolté sur les stations lémaniques – quand il n'est pas contenu dans les couches anthropiques – est toujours en dépôt secondaire. C'est-à-dire qu'il est concentré par l'érosion dans un horizon de réduction constitué par le sable de surface.

Les objets en matière organique, tels que bois de cervidé, vannerie, écorce, bois, etc. ne peuvent être conservés que s'ils sont contenus dans une couche d'origine anthropique. En revanche, les artefacts en matières plus dures, telles la céramique, le métal et la pierre, peuvent subsister en surface d'un site lorsqu'ils sont concentrés dans un horizon de réduction.

Enfin, les objets en pierre taillée ou polie, ainsi que le matériel de mouture (meules, molettes et broyeurs) sont les seuls objets mobiles conservés sur le sol lessivé des stations littorales les plus érodées.

C. La présence de couches archéologiques conservées a été observée sur seulement une dizaine de stations lémaniques. Ces couches anthropiques, constituées de matériaux organiques et de débris d'objets archéologiques, sont interprétées comme les restes des activités domes- tiques, rejetés dans le village pendant son occupation. Au moment de l'abandon de l'établissement, provoqué par exemple par une phase de transgression du lac, les déchets les plus récents forment la couche archéologique, appelée aussi «fumier lacustre» ou «fumier d'habitat».

Ces matériaux organiques, principalement d'origine végétale, sont pré- servés du pourrissement et de la dessiccation par leur enfouissement sous une couche de sédiments stériles, formée de limon lacustre ou de sable.

Les couches anthropiques sont généralement conservées sous la forme de lambeaux, comprenant un ou plusieurs niveaux, situés dans la partie du site la plus au large du village et avec une pente toujours dirigée vers le lac. Sur un même site, l'ensemble de la séquence archéologique consti- tuée par la superposition de plusieurs niveaux, séparés par des passages limoneux stériles, peut atteindre une épaisseur maximale de 0,8 mètre.

Ce premier schéma d'une station littorale correspond à l'état de conservation le meilleur que nous ayons observé sur un site lémanique (fig. 1). D'autres formes de conservation, relatives à une érosion plus importante, sont présentes sur de nombreuses stations. Pour simplifier, nous en citerons encore deux, représentatives de la plupart des sites étudiés (fig. 2). Le deuxième schéma figure les restes d'un village où la couche archéologique a complètement disparu (ou n'a jamais été conservée) et où les pilotis ne dépassent du sable de surface que de quelques centimètres (fig. 2/A). La céramique érodée est très rare et les seuls artefacts accumulés entre les galets de la ténevière sont en matières dures : roche verte, silex, métal ou granite pour le matériel de mouture.

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Enfin, le troisième schéma correspond à un site dont le sol est totalement érodé (fig. 2/B), où toutes les structures de construction ont été déman- telées par les vagues et la disparition du sol ancien. Seuls quelques objets en roche dure matérialisent encore l'emplacement de l'habitat, ainsi que les galets d'une éventuelle ténevière.

A

B

Fig. 2. Deux autres types de conservation d'une station littorale lémanique. A : seules les pointes de pilotis sont conservées, les restes de couches archéologiques ont disparu, les objets en matières dures sont conservés à même le sol, ainsi que quelques fragments de céramique. B : les pilotis ont été érodés ou démantelés par l'érosion, les objets en pierre dure sont concentrés dans les galets de la ténevière.

Two other types of preservation of a Lake Geneva's littoral settlement. A: only the tips of the piles are preserved, and the archeological stratum's remains have disappeared, the objects in hard materials are preserved on the ground, as are several ceramic fragments. B: the piles have been eroded or demolished by erosion, while the objects in hard stone are concentrated in the ténevière pebbles.

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La plus ou moins bonne conservation d'une station littorale lémanique est influencée par de multiples facteurs, dont nous tenterons de distinguer l'influence réciproque. Tout d'abord, l'ancienneté d'un village devrait être assurément un paramètre à prendre en compte. Ainsi, on pourrait s'attendre à ce que les stations les plus anciennes soient les moins bien conservées et les plus récentes les plus intactes.

La comparaison des trois degrés de conservation représentés par les figures précédentes (fig. 1 et 2) pour chaque phase chronologique démontre la difficulté d'établir des règles sur un aussi faible nombre de sites étudiés (fig. 3). Pour les quatre villages du Néolithique moyen (occupés vers 4000 ans av. J.-C.), deux d'entre eux sont dans l'état d'érosion le plus avancé, tandis que l'un des deux autres possède encore de la couche archéologique (Corsier-Port GE) et le dernier, des pilotis (Thonon-Rives I Haute-Savoie F). Pour le Néolithique récent (vers 3300 à 3000 av. J.-C.), très mal représenté dans le Léman, un seul site a livré des pilotis attribués avec certitude à cette période. En ce qui concerne le Néolithique final (entre 2900 et 2400 av. J.-C.), les 18 établissements identifiés se répartissent pour moitié en stations où seuls les pilotis sont conservés et seulement deux villages avec des couches non érodées. Le Bronze ancien (vers 1800 à 1500 av. J.-C.) représente un cas à part : la moitié des sites identifiés possèdent encore de la couche archéologique,

PÉRIODES

Néolithique moyen Néolithique récent Néolithique final

Bronze ancien Bronze final TOTAL : 60 villages

1 (25%) 1 (25%) 2 (50%)

0 (0%) 1 (100%) 0 (0%)

2 (11%) 9 (50%) 7 (39%)

3 (50%) 1 (17%) 2 (34%)

5 (16%) 22 (71%) 4 (13%)

11 (18%) 34 (57%) 15 (25%)

Fig. 3. Tableau de la représentativité des stations littorales lémaniques par période d'occupation et pour chacun des trois types de conservation décrits. Les sites qui possèdent plusieurs phases d'occupation ont été traités indépendamment pour chaque phase.

Table of the representativeness of the Lake Geneva's littoral settlements by occupation period and for each one of the three types of conservation described. The sites which possess several occupation phases have been treated independently for each phase.

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mais avec un total de six établissements cette répartition n'est pas très significative (Corboud et Pugin 1992, Corboud 1996c). Enfin, le Bronze final, période la plus récente (entre 1100 et 850 av. J.-C.) et aussi la mieux représentée avec plus de la moitié des établissements conservés (52%), possède une majorité de sites où les pilotis sont encore en place, mais où les couches archéologiques ont disparu. Une seule conclusion s'impose : si l'on excepte l'unique village attribué avec certitude au Néolithique récent, les sites les moins bien conservés sont les plus anciens ; en revanche, les stations les mieux conservées le doivent plus à leur situation géographique ou sédimentologique qu'à leur âge récent.

En fait, la question est certainement beaucoup plus complexe. Les facteurs qui définissent la conservation d'un village littoral reposent à la fois sur la situation topographique du village, la constitution du substrat, l'exposition aux vents dominants, la position du village par rapport aux niveaux extrêmes du lac pendant l'occupation, les circonstances de l'abandon d'un site (déplacement de l'habitat pendant une phase de basses eaux ou abandon motivé par l'inondation des cabanes) et surtout, le rythme et la vitesse de transgression du lac après l'abandon du village. Par exemple, les villages littoraux les mieux protégés des vents dominant sont en général mieux conservés que les autres (c'est le cas pour les éta- blissements de la région de Morges). A contrario, un habitat abandonné pendant une période de basses eaux, subirait tout d'abord une altération terrestre (dessiccation des matières végétales et des structures en bois), avant d'être atteint par les hautes eaux, lors d'une transgression, et d'être éventuellement protégé par des sédiments lacustres. En définitive, seul l'ensemble de ces facteurs, dont la reconstitution nous est assurément impossible, est à l'origine de la présence de restes observables d'un ancien village littoral, aussi modestes soient-ils, et de l'état dans lequel nous les retrouvons aujourd'hui.

LE CYCLE D'ÉROSION SÉDIMENTATION SUR LA TERRASSE LITTORALE IMMERGÉE

Pour mieux comprendre le processus de conservation (ou de dispari- tion) d'un village littoral établis sur une ancienne rive lémanique, il est nécessaire de connaître l'ensemble des mouvements de sédiments, anté- rieurs, contemporains et postérieurs à la construction et à l'occupation d'un village établi en zone littorale. Ainsi, le phénomène principal est l'avancée (par progradation) de la terrasse lacustre vers le large, sous l'effet de l'érosion des vagues du côté de la rive et du dépôt des matériaux érodés en direction du large. Ce dépôt est aussi complété par la précipita-

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tion du carbonate de calcium dissous dans l'eau (CaCO ), qui précipite 3

dans les eaux peu profondes grâce à la respiration des plantes aquatiques.

En outre, l'existence d'un courant latéral peut influencer le mode de dépôt et ainsi la morphologie de la terrasse littorale (fig. 4). Ce cycle d'érosion- sédimentation, phénomène spécifique des lacs «à beine» (terme local pour désigner la terrasse littorale immergée), a pour effet la formation d'une vaste terrasse littorale, aujourd'hui comprise entre 2 et 5 mètres de profondeur en moyenne. C'est précisément sur cette terrasse que les vil- lages préhistoriques ont été construits, lorsqu'elle s'est trouvée émergée à la faveur d'une baisse plus ou moins importante du niveau moyen du lac.

En fait, la notion de niveau moyen d'un lac est une approximation grossière, pour apprécier de manière quantitative les phénomènes d'érosion-sédimentation sur une terrasse lacustre immergée et, a fortiori, sur les restes d'anciens villages préhistoriques établis sur cette terrasse.

Les mesures bathymétriques des niveaux extrêmes du Léman, enregistrés avant la mise en service du Pont de la Machine à Genève, indiquent des valeurs les plus hautes et les plus basses distantes d'environ 2,6 mètres, pour une période de moins d'un siècle (de 1806 à 1887). Pour la préhis- toire, cette valeur peut donc être utilisée pour rendre compte de l'ampli- tude des fluctuations séculaires des niveaux extrêmes du Léman autour de son niveau moyen (fig. 5).

précipitation du CaCO3

érosion transport

courant latéral

dépôt

372 m 370

365

360

355

350 dépôt

érosion

niveau moyen du lac

Fig. 4. Eléments du modèle d'érosion-sédimentation sur la beine littorale immergée.

Schéma pour le Léman, pour un niveau moyen théorique du lac à 372 m.

Elements of the erosion-sedimentation model on the underwater littoral beine.

Diagram for Lake Geneva, for a theoretical average lake level of 372 m.

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LA QUESTION DES VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX DU LÉMAN

La recherche des raisons de la conservation des villages littoraux du Léman et de leurs périodes d'occupation est bien sûr indissociable de la connaissance des variations du niveau de ce lac, pendant la durée des époques préhistoriques. En effet, quel que soit le mode de construction des villages littoraux (maisons avec des planchers à même le sol ou plan- chers surélevés pour se protéger des inondations), les établissements lit- toraux dont nous retrouvons les restes aujourd'hui ont été construits et occupés pendant des phases de basses eaux (fig. 6). L'importance de ces régressions, leur durée, leur fréquence et surtout leurs causes sont encore mal connues. Les sources de données proviennent, d'une part, de l'obser- vation et de la datation de certains dépôts lacustres (pour les hauts ni- veaux) et, d'autre part, des restes archéologiques des villages littoraux (pour les bas niveaux). Les informations qui nous permettraient de tracer la courbe des fluctuations du niveau moyen du Léman, entre le quatrième millénaire avant notre ère et l'époque actuelle, se résument à quelques points isolés dans le temps. Parmi ces quelques repères chronologiques et

A

B C D

375 m

370

365

360

355

350 haut niveau estival

bas niveau hivernal niveau moyen théorique dépôt

érosion

372

Fig. 5. Modèle d'évolution de la terrasse littorale pour un niveau moyen théorique du lac de 372 m. Processus d'érosion du côté du bord et de dépôt des sédiments érodés sur l'extrémité de la terrasse littorale.

Model of the evolution of the littoral terrace for a theoretical average lake level of 372 m. Process of erosion near the edge and of depositing of eroded sedi- ments on the extremity of the littoral terrace.

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bathymétriques, certains sont datés précisément par la dendrochrono- logie – grâce aux bois prélevés dans les sites immergés – et d'autres très grossièrement à l'aide du matériel archéologique ou des datages par le carbone 14 (Corboud 1999). Les seules certitudes que nous pouvons émettre à ce sujet sont les suivantes : ces fluctuations ont été fréquentes, relativement rapides et de courte durée (de l'ordre du siècle) et leur amplitude, en ce qui concerne les niveaux extrêmes, devait se situer dans la tranche d'altitude 366 à 375 mètres (soit –6 à +3 mètres par rapport au niveau moyen actuel). En revanche, la durée des phases de bas niveaux du Léman est très difficile à apprécier avec précision, en l'absence de datations systématiques sur la totalité des sites littoraux où des pilotis sont encore en place. Les raisons de ces fluctuations sont tout aussi difficiles à cerner. Néanmoins, les causes principales en sont probablement des modifications climatiques, mineures et de trop courte durée pour influencer la répartition des espèces végétales et ainsi être détectées par les analyses palynologiques (Magny et Olive 1981, Magny 1993). Les hauts niveaux du Léman, notamment ceux qui sont datés entre la fin des dernières occupations littorales au Bronze final (vers 850 av. J.-C.) et l'époque romaine (jusqu'au IIème siècle de notre ère), trouvent aussi une origine dans des variations climatiques, mais dont les effets ont probable- ment été renforcés par des accidents géologiques survenus dans le lit du Rhône à Genève (Corboud 1997).

LE RÔLE DE F.-A. FOREL ET DE SES CONTEMPORAINS DANS L'ANCIENNE CONCEPTION DE LA «CIVILISATION DES PALAFITTES»

Sans pour autant développer l'historique des premières recherches archéologiques sur les sites littoraux lémaniques, il est utile de rappeler quelles étaient les conceptions de nos prédécesseurs, en ce qui concerne la «civilisation des palafittes» (en allemand Pfahlbauten), et en particulier les interprétations de F.-A. Forel relatives aux villages immergés du Léman. La découverte des «stations lacustres» du Léman est survenue après l'hiver 1853-1854, à la faveur d'une baisse des eaux consécutive à une sécheresse importante. Cet abaissement naturel des eaux a permis le repérage des vestiges préhistoriques immergés dans la plupart des lacs de Suisse et des pays voisins. Les restes de pilotis, dépassant du sol sous- lacustre sur les rives de nos lacs, étaient vraisemblablement déjà connus auparavant, mais leur interprétation en tant que ruines de villages préhis- toriques n'a été attestée et diffusée dans les milieux scientifiques qu'à la

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1

2

3

4

5

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suite des travaux de l'archéologue zurichois Ferdinand Keller (1854, 1858).

La première observation archéologique d'un site lémanique date du 22 mai 1854, lors de l'exploration de la station de la Grande-Cité de Morges par F. Troyon, A. Morlot et F. Forel, accompagnés de F.-A. Forel alors âgé de 13 ans (Troyon 1860 p. 3-4). Depuis cette date, près d'une soixantaine d'établissements préhistoriques immergés seront signalés sur les rives lémaniques, les derniers en 1921 lors d'une nouvelle sécheresse hivernale (Blondel 1923, Viollier 1930). Très tôt, la richesse en objets de pierre, de céramique et de bronze de ces stations littorales a fasciné et intrigué les archéologues qui les découvraient et plus encore leur situation dans le lac à près de 100 m parfois de la rive actuelle. L'interprétation qui a prévalu dès 1854, proposée par Keller mais aussitôt unanimement acceptée par ses pairs, était celle de villages construits sur une ou plusieurs plates- formes, au-dessus d'une tranche d'eau à peu près égale à l'actuelle. Les villages ainsi établis sur les eaux devaient être reliés à la rive par une pas- serelle, qui en permettait l'accès mais aussi facilitait la protection contre d'éventuels dangers venus de la terre. Cette conception reposait sur la croyance de l'absence de fluctuations importantes du niveau des eaux, entre la préhistoire et l'époque actuelle. L'habitat lacustre était vu ainsi comme un choix délibéré des populations du Néolithique et de l'âge du Bronze, dont les raisons étaient aussi diverses que discutables : protection contre des populations ennemies, propreté et hygiène facilitées par le mouvement de l'eau sous les cabanes, rapprochement vers le lac de popu-

Fig. 6. Processus de dépôt, de protection et d'érosion des structures architecturales et de la couche archéologique sur un village préhistorique lémanique après son abandon. 1 : dépôt de la couche archéologique pendant la dernière phase d'oc- cupation de l'habitat. 2 : début d'une phase transgressive, abandon du village et conservation partielle de la couche archéologique, démantèlement des structures horizontales. 3 : haut niveau du lac et dépôt d'une couche de limon sur la couche archéologique. 4 : baisse progressive du niveau du lac, érosion de la couche de limon et du niveau anthropique, avancée de l'extrémité de la terrasse vers le large. 5 : situation actuelle d'un établissement littoral bien cons- ervé, après de nombreux cycles de transgression-régression du lac.

Process of depositing, protection and erosion of the architectural structures and of the archeological stratum on a prehistoric Lake Geneva's village after its desertion. 1: archeological stratum's deposit during the last phase of occu- pation of the settlement. 2: start of a transgressive phase, desertion of the village and partial preservation of the archeological stratum, horizontal structures' demolition. 3: high level of the lake and deposit of an alluvium stratum on the archeological stratum. 4: gradual fall of the lake's level, erosion of the alluvium stratum and the anthropic level, extension of the terrace's extremity towards the open lake. 5: present situation of a well-preserved littoral settlement, after numerous transgression-regression cycles of the lake.

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lations de pêcheurs, etc.

Parmi l'abondante littérature sur les palafittes, les écrits de F.-A. Forel – notamment son chapitre sur les «Palafitteurs» dans le troisième tome de sa monographie Le Léman (Forel 1904, p. 418-496) – sont certainement les plus explicites et les mieux formulés. Si F.-A. Forel reprend et défend la plupart des idées exprimées par ses collègues archéologues sur les habitants des «cités lacustres» – les Palafitteurs comme il les nomme lui- même – il ne cache pas les contradictions qui subsistent dans ces interpré- tations et les nombreuses questions qui restent encore non résolues. Le seul point qui lui semble indiscutable est la nature franchement «lacustre»

de ces villages, par opposition à l'hypothèse d'habitats littoraux inondés après leur abandon, qui commence à se répandre dans le monde scienti- fique en ce début de XXème siècle :

(Forel 1904, p. 451-452) – «On a bien parfois émis l'idée que les villages lacustres étaient bâtis sur la grève, plus ou moins à sec, et qu'ils auraient été ultérieurement envahis par un exhaussement du lac. Ce n'est pas admissible ; les objets délicats qui étaient autrefois sur les anciens planchers des cabanes sont tombés dans l'eau, et dans une eau assez profonde pour qu'ils n'aient pas été roulés par les vagues ; les tessons de poteries entre autres n'ont nulle part les angles et bords émoussés qu'ils auraient eus s'ils avaient été maniés, roulés et frottés par les flots. Nous pouvons même d'après ce dernier détail compléter notre conclusion. En même temps que nous pouvons affirmer que, à l'époque lacustre, le lac avait à peu près – j'entends à 2 ou 4 mètres près – le même niveau que de nos jours, nous pouvons ajouter que, entre cette époque et l'époque actuelle, le lac ne s'est jamais abaissé, même temporairement, assez pour que ces poteries aient été roulées sur la grève. Il est possible que dans cet intervalle le lac ait été plus élevé ; il n'est pas possible qu'il ait été plus bas. Le sol de nos cités lacustres n'a jamais fait partie de la grève depuis que les objets antiques y sont tombés.»

Etrangement, ni Forel ni ses contemporains ne discutent de la plus ou moins bonne conservation des sites préhistoriques immergés, notamment par comparaison du nombre des villages recensés dans les lacs de Neuchâtel de Bienne et de Morat par rapport à ceux repérés dans le Léman. Cet oubli est surprenant à plus d'un titre chez Forel, car ses observations sur les phénomènes d'érosion de la terrasse lémanique, ainsi que ses remarques sur la formation des ténevières naturelles, auraient dû le porter plus que tout autre savant à traiter cette question (Forel 1879).

L'explication est probablement à rechercher dans un postulat implicite, jamais sinon rarement exprimé par les archéologues de l'époque, qui

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voyaient dans les sites littoraux retrouvés sur les rives d'un lac les restes de la quasi-totalité des villages préhistoriques, construits de tous temps autour de ce lac. Un autre postulat, celui-là fréquemment évoqué, est que les villages littoraux sont l'expression d'une «civilisation lacustre», pen- dant la durée de laquelle la plus grande part des habitants de la région construisait leurs villages sur les eaux. L'absence de restes d'établis- sements terrestres dans la région lémanique, à l'exception de nécropoles néolithiques ou de l'âge du Bronze final, devait d'ailleurs conforter ce postulat.

Il demeure néanmoins, que les observations archéologiques de F.-A.

Forel sur les sites littoraux du Léman, et en particulier sur ceux de la région de Morges, sont restées longtemps la seule référence pour les chercheurs qui étudiaient l'occupation préhistorique des rives de ce lac.

En outre, la prise en compte dans ses interprétations de l'habitat littoral des lacs de Suisse de toutes les connaissances géologiques et naturalistes, contenues dans son ouvrage sur le Léman, constitue les prémisses de l'approche pluridisciplinaire adoptée par l'archéologie contemporaine dès les années soixante.

QUELLE PLACE

OCCUPENT LES SITES LITTORAUX CONNUS DANS LE LÉMAN,

PAR RAPPORT AU PEUPLEMENT HUMAIN ENTRE LE NÉOLITHIQUE ET L'ÂGE DU BRONZE ? Après toutes ces digressions – peut-être fastidieuses mais assurément indispensables pour comprendre les modalités de conservation et de dis- parition des villages littoraux dans le Léman – nous pouvons enfin aborder la question de la place de ces habitats dans le peuplement préhis- torique régional. Pour ce faire, il est utile de résumer les conclusions issues des observations et interprétations sur les établissements préhisto- riques du Bassin lémanique, autant terrestres que littoraux ou riverains.

Contrairement aux archéologues du siècle dernier, nous savons main- tenant que les sites littoraux conservés et connus sur les anciennes rives lémaniques ne représentent qu'une proportion réduite, mais malheureu- sement impossible à évaluer, de tous les habitats qui ont pu être construits et occupés dans la zone littorale, entre le quatrième et le premier mil- lénaire avant notre ère. Il en est de même pour les habitats terrestres, rarement préservés dans la région pour des raisons de destruction et de mauvaise sédimentation. A fortiori, les éventuels villages riverains – s'ils ont certainement existé – n'ont vraisemblablement pas laissé de vestiges

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observables, tant l'érosion du lac sur la ligne de rivage et les aménage- ments anthropiques récents ont continuellement perturbé cette bande de terrain pourtant attractive pour l'homme.

Il apparaît ainsi, que la richesse et la relative abondance des villages littoraux actuellement immergés n'est que la conséquence d'un concours de circonstances très favorables à leur conservation, et que leur nombre et leur distribution dans l'espace et dans le temps ne sauraient être signifi- catifs et représentatifs à eux seuls de la continuité du peuplement préhis- torique de toute une région (fig. 7). Les datations dendrochronologiques des bois prélevés dans les villages littoraux, autant dans les lacs de Suisse, de France et d'Allemagne, montrent des durées d'occupation très brèves, entre lesquelles d'autres villages (littoraux, riverains ou terrestres) ont très certainement existé, mais n'ont pas laissé de traces observables ou de restes bien datables. Les rives de nos lacs ont enregistré mieux que d'autres terrains le passage des populations préhistoriques, établies dans notre région entre le Néolithique et l'âge du Bronze. Seulement, sur l'échelle du temps, cet enregistrement est très ponctuel et ne doit pas nous

10 km

Fig. 7. Distribution sur les rives lémaniques des sites littoraux préhistoriques actuellement conservés. Carrés noirs : sites avec couche archéologique et pilotis, rondelles grises : sites avec pilotis conservés, triangles blancs : sites érodés matérialisés par une ténevière ou du matériel archéologique en pierre.

Distribution on the Lake Geneva's shores of the prehistorical littoral sites at present preserved. Black squares: sites with archeological stratum and piles;

grey circles: sites with preserved piles; White triangles: eroded sites materialized by a ténevière or archeological material in stone.

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laisser ignorer toutes les autres activités des préhistoriques, effacées à tout jamais du grand livre de la mémoire.

Cette nouvelle vision des habitats littoraux de nos lacs détruit évidem- ment le fameux «mythe des stations lacustres», cher à nos vieux livres d'histoire suisse. En revanche, elle révèle l'intérêt considérable que représente l'étude systématique de ces villages pour la connaissance du peuplement préhistorique du Bassin lémanique.

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