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Obtention d’un ion isolé, mesure précise de sa charge;
correction à la loi de Stokes
R.A. Millikan
To cite this version:
R.A. Millikan. Obtention d’un ion isolé, mesure précise de sa charge; correction à la loi de Stokes.
Radium (Paris), 1910, 7 (12), pp.345-350. �10.1051/radium:01910007012034500�. �jpa-00242437�
Obtention d’un
ionisolé,
mesureprécise de
sacharge;
correction
àla loi de Stokes.
Par R. A. MILLIKAN
[Université de Chicago. 2014 Laboratoire de Physique.]
I. Introduction. -
L’objet
de cette communica-tion est une nouvelle méthode pour étudier l’ionisa- tion dans les gaz, méthode qui a permis d’arriver
aux résultats suivants.
1. On a pu observer
l’acconplement
d’une goutte minuscule d’huile soit à un ionatmosphérique
isolé,soit a un nombre
quelconque
de ces ions variant entre 1 et 150, et suivre cette goutte dans le champvisuel d’une lunette aussi longtemps qu’on voulait.
2. En étudiant les mouvements d’une gouttelette
semblable sous l’action simultanée de la pesanteur et d’un champ électrique, on a pu fournir une démons- tration directe et tangible de ce postulat que les
charges
électriques,
quel que soit leur mode de pro- duction, sont toujours des multiples exacts d’uneméme charge élémentaire.
5. On a pu mesurer la valeur exacte de cette
charge élémentaire, en évitant toute supposition théo- rique sujette à caution ; la précision n’était limitée
que par celle avec
laquelle
on connaît le coefficient de viscosité de l’air.4. On a déterminé directement l’ordre de grandeur
de l’énergie cinétique de l’agitation thermique des molécules, et on a donné par là une preuve nouvelle,
directe et convaincante en faveur de la théorie ciiié-
tique de la matière.
5. On a fait voir que la grande majorité des ions de l’air, tant positifs que négatifs, portent une seule charge élémentaire; mais que certains d’entre eux
peuvent en porter plusieurs, ce qui voudrait dire que des phénomènes de valence peuvent avoir lieu dans
un gaz ionisé.
6. On a montré que la loi de Stokes relative au mouvement d’une petite sphère a travers un milieu
résistant ne s’applique plus lorsque le diamètre de la
sphère devient comparable au libre parcours moyen des molécules du milieu., et on a établi la correction
qu’il faut apporter u la loi dans ce cas.
Il. Méthode expérimentale. - Un nuage de
gouttelettes fines d*huile, de mercure ou d*une autre
substance non volatile est formé, â l’aide d’un puhé-
risateur, au-dessus d’un condensateur à
plateaux
horizontaux. Le plateau supérieur étant percé au
centre d’un trou
d’épingle,
un petit nombre de gout-telettes tombent librement dans
l’cspace
compris entreles plateaux ; le trou est alors bouché pour éviter les courants d’air. Le condensateur
employé
consistait généralement en deux plateaux de laiton massifs, circulaires (diam. = ?0 cm) et bien drossés, iiiainle-nus exactement à 16 mm l’un de l’autre au moyen de trois petites cales d’ébonite. Les
plateaux
sontenfermées de tous côtés et la température réglée de fiçon à supprimer les mouvements d’air dans le con-
densateur. Une fois la gouttelette dans le condensa- teur, elle est éclairée par un faisceau venant d’un
arc électrique à travers une petite fenêtre; elle appa- rait alors dans le champ de vision d’un cathétomètre
comme une étoile brillante sur fond noir. Sous l’action de la pesanteur, cette étoile tombe lentement vers le
plateau inférieur; mais avant
qu’elle
l’atteigne, un champ de 5000 à 8000 volts est appliqué aux plateaux,et si la gouttelette avait à l’origine (c’est-à-dirc au
moment où elle a été forlnée dans le
pulvérisateur),
une charge de sigiie et de grandeur convenable, elle
est repoussée vers le haut par le champ. Avant qu’elle
ait pu toucher au plateau supérieur, on supprime le champ et on met les plateaux en court-circuit; la
goutte se relnet à tomber, et on mesure exactement le temps qu’elle emploie à franchir la distance corres-
pondant à l’intervalle des lils formant le réticule de la lunette’. On rétablit le champ et on Juesure de
nouveau le temps de passage correspondant : ces deux opérations peuvent être répétées alternativement un
nombre de fois indéfini.
De temps en temps, la gouttelette cueille un des
ions toujours présents dans le condensateur, qu’il s’aâisse de l’ionisation normale de l’air atmosphérique
ou de celle produite par du radium ou des ravons X ;
ce fait se traduit aussitôt par un changement de la
i ilosse obseiiée avec champ. En connaissant ce chan- gement. en signe et en grandeur, et en le comparant
1. Cette distance variait généralement entre 1 et 1.3 cm.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:01910007012034500
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à la vitesse sans champ (laquelle reste bien entendu
invariable),
on calcule le signe et la valeur exacte de la charge de l’ion cueilli; l’erreur d une observation iso- lée ne doit pasdépasser
1 /,) pour 100. Les conclusions énoncées dans le paragraphe 1 sont déduites directe-ment et simplement des valeurs des vitesses observées.
III. L’équation suivante établit la relation entre la
masse 11t d’une gouttelette, sa charge en, sa vitesse v,
sans
champ
et sa vitesse 1’2 dans un champ F:densité de Fairct 03BC son coefficient do viscosité. Comme
d’autre pari :
on u, en combinant les trois dernières équations,
En mesurant v1 et 1)2 ainsi qu’il a été dit
plus
hauton peut donc déterminer la charge en que la goutte
possède
à chaque instant.Tableau I.
Un remarquera que la iôrmule (1) ne contient im-
plicitement que cette seule supposition que la vitesse de la goutte est proportionnelle à la force qui la sol- licite ; or cette supposition est vérifiée d’une façon
complète et précise
par les expériencesqui
vont êtredécrites.
Admettons provisoirement, polir une es LÍn1ation
préalable de la charge en, que la loi de Stokes s’ap- plique à nntre goutte, c’est-à-dire que l’on a :
si fi est le rayon de la goutte, cr sa densité, p la
IV. Le tableau 1 représente rune des séries de
mesures, où les mouvements de la goutte ont été sui- vis pendant un tem ps, exceptionnellement long, de quatre heures et delnie. ’1’0 est le temps;en secondes, que la goutte met à passer entre les fils sous l’action de la
pesanteur seule-,
on voit qne ces temps sont bien concordants d’un bout à l’autre de la série, sauf petite-être pour les 10 premier, quoiqu’il y ait une légère
augmentation
systématique due à l’évaporation lentde la goutte. Cette concordance montre qu’on avait
réussi à éliminer les conrants de convection et autres
perturbations
dans l’air du condensateur; ce résultatn’a été acquis qu’au prix de difficultés considérables.
En
particulier,
on évitait l’échauffement par l’arc en filtrant ses rayons a travers 60 cm. d’eau et en ne leslaissant pénétrer dans le condensateur que
pendant
letemps strictement nécessaire aux lectures. L’absence de courants d’air est démontrée aussi par ce fait que la
gouttelette
eiécutait ses mouvements de va-et-vienttoujours sur une même verticale, sans s’en écarter de
plus
de’ à 5 mm. au bout d’une heure et plus.Tp est le temps de passage de la goutte lors de son
mouvement ascensionnel sous l’influence comhinée de la pesanteur et du champ électrique; la différence de
potentiel
Y entre les plateaux a varié dans cette sérieentre 7950 et 7750 volts. Les temps Tr restent cuns-
tants
pendant
un certain nombre de mesures, puis augmentent ou baissent brusquement; comme la charge initiale de la goutte était négative dans ce cas,une augmentation du temps signifie que c’est un ion
positif
qui vient d’êtrehappé
par la goutte, et une diminution signifie que c’est un ionnégatif.
On aréuni par des accolades les temps TF qui forment des groupes de valeurs constantes; la troisième colonnc du tableau contient les valeurs de en calculées
d’après
la formule (5) pour la moyenne de chacun de ces groupes.
En se bornant à la seconde partie de la série, où
les mesures ont été
plus précises,
on constate que si l’ondisp’ose
les valeurs de en par ordre croissant etqu’on prenne les différences de
chaque paire
de valeursconsécutives, ces différences sont sensiblement cons-
tantes :
La moyenne est 4,95. 10- 1°’ U. E. S. ; il est clair qu’elle représente une première
approximation
de la charge élémentaire d’un ion. On divise alors chacun des nombres en par un nornhre eniier n tel que lequotient soit aussi voisin que possible de 4,93.10-10 ;
T2 est donc le nombre de charges élémentaires que la goutte
possède
à chaque instant. On voit que les quo-üents e1 ainsi obtenus sont très constants, ils ne dif- fèrent pas plus d’un demi pour cent de leur moyenne
qui est 4,917.10-10. On a donc la une mesure pré-
cise de la charge élémentaire, en admettant toutefois que la loi de Stokes soit applicable à la goutte exa..
minée.
On peut faire encore les remarques suivantes à pro- pos du tableau I.
1) La charge initiale de la goutte due aux frotte-
ments qu’elle a subis en se formant dans le
pulvéri-
teur, est 54,47.1 O-to, soit, à très peu de chose près,
le septuple de la charge élémentaire 4,917.10-10; la
même concordance se retrouve dans chacune des 100 à 200 séries que nous avons faites, M. Harvey Fletcher
et moi ; c’est-à-dire que la charge initiale est toujours
un
multiple
exact de la charge la plus petite que la goutte puisse cueillir dans l’air. Quant à la chargecueillie, elle est toujours égale à la quantité élémen- taire, calculée comme ci-dessus, ou à un
multiple
peu élevé de cette quantité.2) Il n’y a aucune différence
systématique
entreles charges ei obtenues pour divers temps TF, quoique
ceux-ci aient varié entre 580, et 6,7. On en déduit que les valeurs calculées de et ne dépendent pas de la vitesse de la goutte; ceci prouve l’affirmation avancée
plus
haut, que la vitesse est rigoureusement propor- tionnelle à la force.5) Puisque la charge de la goutte a varié entre 4e1
et 1 7el et que ni les valeurs de To ni celles de e, ne dénotent aucune différence correspondante, on conclut
encore que la résistance que 1 air oppose au mouve- ment de la goutte ne
dépend
pas du faitqu’elle
soit chargée ou non.4) On voit que, d’une manière
générale,
la gouttene
s’adjoint
un ion que dans les intervalles de tempsou il n’existe pas de champ entre les plateaux ; en effet, s’il en était autrement, il y aurait beaucoup de
nombres
irréguliers parmi
les valeurs de Tp ; or iln’y en
a eu qu’un seul. Ons’explique
facilement cefait en considérant que dans des
champs
aussi intenses que ceuxemployés
ici, la vitesse d’un ion est de l’ordre de 10’ cm/sec; pourqu’un
ion soithappé
par la goutte, il faut donc que la molécule ionisée se trouvejuste sur la même verticale que la goutte, ce qui est
en général peu
probable.
Au contraire, en l’absence du champ, les ions ne sont sollicités que par l’agita-t:on thermique et peuvent facilement se rencontrer tôt ou tard avec la goutte.
5) Dans la première
partie
de la série, la goutteportait
de 12 à 17 charges négatives ; mais ceci nel’empêchait
pas de s’adjoindre de nouveaux ions néga-tifs. L’énergie nécessaire pour qu’un ion négatif’ soit poussé, en dépit de la répulsion électrostatique, vers
la goutte chargée négativement, ne peut
provenir
du cllamp, puisque lephénomène
seproduit
précisémentlorsque
le champ estsupprimé;
elle ne peut non plusêtre due à une
projection
de l’ion par la molécule aumoment où celle-ci fait explosion, car dans ce cas égale-
ment les ions viendraient se coller sur la goutte aussi
bien (ou presque aussi bien) dans un champ que sans
champ. On a donc ici une preuve directe de ce qu’un
ion
possède
une certaine énergie cinétique d’agitation, qui est suffisante pour vaincre la répulsion électrosta-tique de la goutte. Cette énergie peut facilement être calculée en connaissant le rayon de la goutte qui a
été de 0,000 197 cm, et la valeur exacte de la charge
élémentaire qui, d’après 1"ensemble de nos expériences
est de 4,902.10-10 U. E. S. L’énergie nécessaire pour pousser un ion chargé de e contre une sphère de
rayon r chargée de 16e, est
348
L’équation de la théorie cinétique
combinée avec la valeur de e qui vient d’ètre citée, conduit au nombres de 5,756.10-14 ergs pour l’éner-
gie
cinétique d’agitation
d’une molécule; suivant laloi de Maxwell-Boltzmann, c’est aussi l’énergie ciné- tique
d’agitation
d’un ion. On voit que cette valeur est à peu prèstriple
de laprécédente ;
il s’ensuit que si l’on chargeait la goutte négativementjusqu’à
un tel degré quel’énergie potentielle
de sa charge fût troisfois plus
grande
que cellequ’avait
la goutte consi- dérée ici, la goutte perdrait la faculté des’adjoindre
de nouveaux ions négatifs. L’expérience montre que tel est bien le cas ; en effet, une goutte très chargée
avait
toujours beaucoup
moins de tendance à cueillir des ions de son signe, et pour une goutte que nousavons observé
pendant
près de quatre heures etqui
avait un rayon de 0,000658cm, une charge
négative
de 126 à i 50 unités élémentaires et, par conséquent, une énergie
potentielle
de 4,6.10-14 à 5,47.10-14 ergs,nous n’avons constaté
qu’une
seule fois en ces quatreheures qu’un ion
négatif
soit venu se poser sur lagoutte quoique l’ionisation ait été
plusieurs
foisplus
intense que dans le cas du tableau 1. Il est donc prouvé
d’une manière directe et indépendante de toute théorie,
que l’énergie cinétique d’agitation d’un ion ou d’une
molécule est de l’ordre de 5. 1 0-l- ergs, ainsi que le
veut la théorie
cinétique.
6) La majorité des changements de vitesse qu’on
trouve dans le tableau
correspondent
à des variations d’une seule unité dans le nombre n; c’est donc que la majorité des ions ne portent qu’une seule charge.Quant aux variations égales à 2 ou à 5, qui se pré-
sentent
également
dans le tableau, elles ne suffisentgénéralement
pas pour établir l’existence des phéno-mènes de valence, pour des raisons qu’il serait trop long
d’exposer
ici ; i mais une indication induhitablea été fournie par un cas qui s’est
produit
vers la finde la série, oû la goutte s’est chargée d’un ion double
négatif
pendant
son mouvement ascensionnel en pré-scnce du champ et pendant que j’étais en train de la regarder.
7) Dans la première partie de la série, l’air du
condensateur était ionisé par les rayons d’un échan- tillon de radium (500 mgr. de bromure d’activité
3 000)
placé
à un mètre et demi. Ensuite on approcflele radium à une dizaine de centimètres et on modi- fie artificiellement de six unités la charge de la goutte, par un
procédé
qui va être indiqué tout à l’heure; puis on a emporté le radium dans une autrepièce, de sorte que dans la dernière partie de la série
on n’a eu affaire qu’à l’ionisation normale de l’air.
I,e procédé employé pour modifier la charge con-
siste en ceci. Supposons qu on veuille ajouter à la
goutte des charges négatives ; on l’arrête alors à peu de distance du
plateau positif,
parl’application
d’un champ convenable, et on place le radium de façon à produire une ionisation uniforme entre lesplateaux.
Dans ces conditions, si on admet en
première
approxi-mation que la mobilité et le nombre d’ions des deux
signes sont les mêmes, la
probabilité
pour un ionnégatif
de rencontrer la goutte sera à laprobabilité correspondante
pour un ion positif, comme la distanceentre la goutte et le
plateau
négatif est à la distanceentre la goutte et
leplatcau
positif; si donc la goutteest près du
plateau positif,
elle se chargera négati-vement de
préférence 1.
V. En calculant les valeurs de ci pour différentes gouttes, on a trouvé au début des divergences nota;-
bles mème pour celles qui avaient la même vitesse v1, par conséquent les mêmes dimensions ; pourtant (ha-
quc goutte
prise
isolément donnait des valeurs très concordantes entre elJes. Cetteirrégularité
a été éli-minée en soufflant les gouttes dans de l’air
privé
de poussières ; dans ces conditions, si la vitesse Vi està peu près la même pour deux gouttes, les valeurs
de e1 sont égales, même si les différences de
potentiel
V varient considérablement. Au contraire, pour des gouttes de vitesse différente, e1 ne reste pas invariable, mais diminue à mesure que vi augmente. Ceci tient évidemment à ce que la loi de Stokes ne trouve
plus
son
application
exacte.Pour étudier ces
divergences
d’une façonprécise,
nous avons fait un grand nombre d’observations sur
des gouttes d’huile dont les vitesses ont varié entre des limites
qui
sont dans le rapport de 1 à 560. Lenombre total des gouttes étudiées
pendant
un inter-valle de
cinq
rnois a été 100 à 200; en supprimant les poussières, enréglant l’évaporation
des gouttes, enemployant
unelironographe
au lieu d’un compte- secondes, en faisant alterner les lectures faites par M. Fletcher avec les miennes, afin d’éliminerl’équa-
tion
personnelle,
nous sommes parvenus à un degréde précision beaucoup
plus grand
que celui qu on aeu dans le tableau I. Voici, à titre
d’exemple,
deuxséries faites dans de bonnes conditions ; la seconde se
signale par le grand nombre de charges élémentaires
présentes. Le calcul
approximatif
de e1 à l’aide desdifférences donne des moyennes exactes à 1/2 pour 100
près, même lorsque n est très grand; mais la préci-
sion est augmentée de beaucoup en divisant les e par n, aussitôt qu’on connaît les n
d’après
le calcul des différences.1. En réalité, la mobilisé et le nombre d’ions négatifs sont un
peu plus grands ; c’est pour cette raison que les gouttes ont toujours une certaine tendance à recueillir plutôt des charges négatives. Par conséquent, pour pouvoir les garder pendant longtemps dans le champ visuel sans qu’elles finissent par se uerdre sur les plateaux, il e,t préférable de choisir des gouttes chargées négativement dès le début.
Tableau II.
Tableau III.
Diffërcnces :
Le tableau IV contient les résultats définitifs de
toutes les séries faites pendant une période de 47
jours
consécutifs, à l’exception toutefois de trois séries con-
duisant à des valeurs de ei qui sont de 2 à 4 pour 100 trop faibles pour trouver leur
place
sur la courbe de la fige 1,qui
est la représentationgraphique
du ta-bleau IV. Il est
probable
que dans chacun de ces cas anomaux on a eu deux gouttes collées ensemble aulieu d’une; en effet, on n’a jamais observé de valeurs de e1
qui
aient été trop élevées, et d’autre part lasphère
est, de tous les corps ayant même masse et même densité, celui
qui
doit tomber leplus
vite. La goutte du tableau 1 est du nombre de ces gouttes anomales,Tableau IV.
car elle donne une valeur de ei trop faible de 4 pour
’100 p1ur s’adapter à la courbe; c’est la plus grande
déviation qu’on n’ait jamais observée.
VI. Correction à la loi de Stokes. Un
procédé
que j’indiquerai ailleurs conduit à remplacer la for-mule (2) par la suivante :
350
où a est lc rayon de la goutte, 1 le libre parcours moyen d’une molécule du gaz et A une constante à déterminer par les expériences. Il se trouve que A
co’incide, dans les limites des erreurs expérimentales,
c’est-à-dire à 1 ou 2 pour ’J 00 près, avec la valeur dé- duite par M. Cunninghanl1 par des considérations fon- dées sur la théorie cinétique; la valeur de A que donnent nos expériences est donc égale à 0,815. La
connaissance de A permet de calculer le rayon en le tirant de la formule
(4) ;
les résultats sont portésau tableau lV.
VII. Valeur absolue de la charge élémen-
taire. Si dans la formule (5) on tient compte de la
modification que nous venons d’introduire et qu’on
désigne
par e la valeur absolue de la charge élémcn-taire et par et, comme
précédemment,
la valeur cal- culée en supposant exacte la loi de Stokes dans saforme
(2),
on trouve :Les valeurs de e résultant de cette formule ont été
également inscrites dans le tableau IV; on a seule-
ment omis celles relatives aux 4’
premières
et aux 6dernières
expériences (quoiqu’elles
n’eussent pas modifié sensiblement la moyenne finale), parce que les erreursexpérimentales
sont relativementplus
grandes lorsque les gouttes sont très lentes ou très ra-pides.
La moyenne finale de e est 4,9016.10-10 U. E. S. ; l’erreur
probable
calculée à la manière habituelle estenviron 1/10
pour 100 ;
mais, comme le coefficient u de viscosité de l’air entre dans notre formule, laprécision de e est limitée par celle avec laquelle on
connait p.. Après une étude détaillée de toutes les
Fig. 1.
données
qu’on possède
sur p,je
me suis arrèté à la valeur u==0,0001785 (à 15°) queje
crois exacte àmoins d’un demi pour 100 près.
Il est très intéressant de constater l’accord parfait qui existe entre nos résultats et la formule théorique
de M.
Canningham;
toutefois, l’exactitude de notrevaleur finale de la
charge
élémentaire nedépend
d’aucune
explication particulière
quant à la raison qui met la loi de Stokes en défaut. Il sepourrait
que desexpériences
avec une substance autre que l’huile conduisissent à une valeur différente de A : mais notre valeur de e n’en serait nullement affectée. II est trèsimportant de savoir si une variation du libre parcours
(qu’on
pourrait produire
soit en faisant varier lapression, soit en prenant un autre gaz) entraîne une
variation de Ci conforme à la théorie de M. Cunnin-
gham ; nous comptons bientôt
pouvoir
éclaircir cepoint
et faire une nouvelle communication à cesujet.
[Manuscrit reçu le 28 Novembre 1910].
(Extrait par L. KOLOWRAT).
La recombinaison des
ionsproduits dans les gaz par les rayons 03B1
Par M. MOULIN
[École de Physique et de Chimie. - Laboratoire de Physique.]
1. 2013 Les ions produits dans les gaz par les rayons x
se comportent, après leur production, exactement de la même manière que les ions
produits
par d’autres agents ionisants. Mais il n’en estplus
de méme si l’on étudie ces ions au moment même de leur for-mation ; en
particulier,
on sait que le courant de satu- ration est beaucoup plus difficile à obtenir dans ungaz soumis à 1’action des rayons ce que si ce gaz est soumis à l’action des rayons Röntgen.
MM. Bragg et Kleeman2, qui ont attiré l’attention
1. V. Le RadiulII. 7 (1910 556.
2. BRAGG et KLEEMAN, Phil. Mag., 1i (1906) 466.
sur ce fait, ont trouvé que la courbe de saturation
(courant en fonction de la différence de
potentiel)
pré-sente des caractères tout à fait spéciaux : si le cou-
rant est assez faible, la courbe tracée en fonction du clzantp ne dépend sensiblement pas en valeur rclati re de la distance des
plateaux
du condensateur enlrelesquels on produit l’ionisation elle ne dépend pas
non plus de l’intensité du courant de saturation.
Ces faits expérimentaux sont très nets si l’on emploie l’appareil de Bragg.
Pour les interpréter, M. Bragg a supposé que la rccon ninaison la plus importantc s’cffcctuc entre les