SEMAINE 16 ESPACES EUCLIDIENS EXERCICE 1 :
SoitC une partie convexe d’un IR-espace vectorielE. Un pointxdeC est ditextr´emalsi
x= y+z
2 avec y∈C , z∈C
=⇒ (y=z=x). SoitE un espace euclidien. On note
C={u∈ L(E)| ∀x∈E ku(x)k ≤ kxk}.
Montrer que C est une partie convexe de L(E) et que l’ensemble de ses points extr´emaux est exactement le groupe orthogonalO(E).
- - - -
• La partie C est la boule unit´e ferm´ee de L(E) muni de la norme subordonn´ee `a la norme euclidienne de E, et il est imm´ediat de v´erifier (grˆace `a l’in´egalit´e triangulaire) qu’une boule dans un espace vectoriel norm´e est toujours convexe.
• Soitf ∈O(E), on a alorsf ∈C. Supposonsf = u+v
2 avecu∈C,v∈C. Pour tout vecteur xnon nul deE, on a
kxk=kf(x)k=1
2 ku(x) +v(x)k ≤ 1
2 ku(x)k+kv(x)k
≤1
2 kxk+kxk
=kxk. On en d´eduit ku(x)k+kv(x)k= 2kxket, chacun des deux termes ´etant inf´erieur ou ´egal `a kxk, cela entraˆıne ku(x)k=kv(x)k=kxk. Enfin,ku(x) +v(x)k=ku(x)k+kv(x)kimplique que les vecteursu(x) etv(x) sont colin´eaires et de mˆeme sens, donc finalement ´egaux. Donc u=v=f.
•Soitf ∈C, suppos´e non orthogonal. Utilisons la d´ecomposition polaire : il existeω∈O(E) et s∈ L(E) auto-adjoint d´efini positif tels quef =ωs. L’endomorphismesest diagonalisable dans une base orthonormale B de E, soit MB(s) = diag(λ1,· · ·, λn). Les λi sont des r´eels appartenant `a ]0,1]. Ils ne sont pas tous ´egaux `a 1, sinon on auraits= idE et f ∈O(E).
Supposons par exempleλ1∈]0,1[. Consid´erons alors les endomorphismesuetv, de matrices diag(1, λ2,· · ·, λn) et diag(2λ1−1, λ2,· · ·, λn) respectivement dans la baseB, puisg=ωu et h=ωv. Comme |2λ1−1| ≤1, les endomorphismes g et happartiennent `a C ; ils sont tous deux distincts de f, etf = g+h
2 , doncf n’est pas un ´el´ement extr´emal deC.
Rappel sur la d´ecomposition polaire :
Soit f un automorphisme d’un espace euclidien E. Alors il existe un unique couple (ω, s), avec ω∈O(E) ets∈ L(E) auto-adjoint d´efini positif, tel que f =ωs.
Preuve : Commen¸cons par d´emontrer que tout endomorphisme auto-adjoint d´efini positifsadmet une unique racine carr´eeσauto-adjointe d´efinie positive : en effet, dans une certaine base orthonormale BdeE, la matrice des estdiag(λ1,· · ·, λn) avec lesλi srictement positifs ; l’endomorphismeσdont la matrice dans la baseBestdiag(p
λ1,· · ·,p
λn)est auto-adjoint d´efini positif et v´erifie σ2=σ∗σ=s, d’o`u l’existence.
Pour l’unicit´e, si σ est un endomorphisme auto-adjoint d´efini positif v´erifiant σ2 = s, alors σ et s commutent ; les sous-espaces propres E1, . . ., Em de s associ´es aux valeurs propresλ1,. . .,λm(ici suppos´ees deux `a deux distinctes) sont donc stables par σ. Comme l’endomorphisme σ est diagonalisable, sa restriction σi au sous-espace Ei l’est aussi : si µ est une valeur propre de σi et x un vecteur propre associ´e, on a σ(x) = µx d’o`u s(x) =µ2x, maiss(x) =λix, doncµ2=λi etµ=p
λi puisqueσest positif. La restriction σi deσau sous-espaceEi est doncp
λi idEi, ce qui d´etermine enti`erementσ.
Soit maintenant f ∈GL(E), l’endomorphismef∗f est auto-adjoint d´efini positif, donc admet une racine carr´ee auto-adjointe d´efinie positive s ; il reste `a v´erifier que ω = f s−1 est orthogonal, ce qui est une pure formalit´e, d’o`u l’existence. Enfin, sif =ωs, alorsf∗f =s2 doncsest n´ecessairement la racine carr´ee auto-adjointe d´efinie positive def∗f etω=f s−1, d’o`u l’unicit´e.
D´emontrons maintenant le r´esultat suivant :
Soitf un endomorphisme d’un espace euclidienE. Alors il existe au moins un couple (ω, s), avec ω∈O(E) ets∈ L(E) auto-adjoint positif, tel quef =ωs.
Preuve : L’ensemble GL(E) des automorphismes de E est un ouvert dense de L(E). Si f ∈ L(E), il existe donc une suite (fp) d’automorphismes de E qui tend vers f. Pour toutp, soitfp =ωpsp la d´ecomposition polaire defp. Comme O(E)est compact, il existe une suite extraite (ωϕ(p)) qui converge vers un automorphisme ω de O(E). L’application Φ :
(GL(E)× L(E) → L(E)
(u, f) 7→ u−1f ´etant continue, on a lim
p→∞ωϕ(p)−1 fϕ(p)=ω−1f et, en notant s=ω−1f, l’endomorphisme s appartient `a l’adh´erence de l’ensemble des endomorphismes auto-adjoints d´efinis positifs, c’est-`a-dire est sym´etrique positif, et f =ωs, ce qu’il fallait prouver.
Remarquons que l’unicit´e de cette d´ecomposition n’est plus garantie : si, par exemple,f = 0, alorss= 0 etω∈O(E)est quelconque.
EXERCICE 2 :
SoientA1,· · ·,Ap des matrices sym´etriques positives d’ordren. Montrer que det(A1· · ·Ap)
1p
≤det
A1+· · ·+Ap p
.
Source : RMS (Revue des Math´ematiques de l’Enseignement Sup´erieur), janvier 2000, ´Editions Vuibert, solution emprunt´ee `a Moubinool OMARJEE
- - - - La matrice S = 1
p(A1+· · ·+Ap) est sym´etrique positive, donc de d´eterminant positif ou nul.
L’in´egalit´e `a d´emontrer est donc triviale si l’une des matricesAiest de d´eterminant nul. On peut donc supposer d´esormais que toutes les matricesAisont sym´etriques d´efinies positives.
Notons Sn++ l’ensemble des matrices sym´etriques d´efinies positives d’ordre n. C’est une partie convexe deMn(IR). L’in´egalit´e `a d´emontrer se ram`ene `a
1 p
p
X
i=1
ln(detAi)≤ln det1 p
p
X
i=1
Ai
!
et, pour cela, il suffit de prouver la concavit´e de l’applicationf :
(Sn++ → IR S 7→ ln(detS).
Soient donc A et B deux matrices sym´etriques d´efinies positives. Il est possible de les r´eduire simultan´ement, c’est-`a-dire il existe P ∈ GLn(IR) et D diagonale telle que A = tP P et B= tP DP. Rappelons une d´emonstration de ce r´esultat important :
Soient A sym´etrique d´efinie positive et B sym´etrique (ces hypoth`eses sont suffisantes). La matriceAadmet une racine carr´ee sym´etrique d´efinie positiveM (siA=U∆U−1=U∆tU avec U orthogonale et ∆ = diag(λ1,· · ·, λn), poser M = U δ U−1 = U δtU avec δ = diag(p
λ1,· · ·,p
λn) : A = M2 = tM M). La matrice C = tM−1BM−1 est alors sym´etrique (v´erification imm´ediate), donc on peut ´ecrire C=QDtQ avec D diagonale et Qorthogonale ; on a alors
A= tM M= tM QtQM = tP P et B= tM CM = tM QDtQM = tP DP en posant P = tQM.
Soit alors t ∈ [0,1]. Posons D = diag(λ1,· · ·, λn), les λi ´etant strictement positifs puisque B ∈ Sn++. Alors (1−t)A+tB = tP∆P avec ∆ = diag (1−t) +tλ1,· · ·,(1−t) +tλn
, donc
f (1−t)A+tB
= 2 ln|detP|+
n
X
i=1
ln (1−t) +tλi .
Par ailleurs,
(1−t)f(A) +tf(B) = (1−t) ln det(tP P)
+t ln det(tP DP)
= (1−t) (2 ln|detP|) +t 2 ln|detP|+
n
X
i=1
lnλi
= 2 ln|detP|+t
n
X
i=1
lnλi.
Or,λti =λ(1−t)0+t1i ≤(1−t)λ0i +tλ1i = (1−t) +tλi car la fonctionx7→λxi est convexe, et cela permet de conclure.
EXERCICE 3 :
SoitA= (aij)∈ Mn(IR) une matrice sym´etrique positive, telle que
∀(i, j)∈[[1, n]]2 aij 6= 0. Soit la matriceB = (bij), avecbij = 1
aij
.
On suppose que la matriceB (qui est bien sˆur sym´etrique), est aussi positive.
Montrer qu’il existe une matrice-colonneV (`a coefficients tous non nuls) telle queA=VtV. - - - -
La matrice A admet une racine carr´ee sym´etrique positive : il existe P ∈ O(n) et D diago- nale, D = diag(λ1,· · ·, λn) avec les λi ≥ 0, tels que A = P DP−1 = P DtP ; en posant
∆ = diag(p
λ1,· · ·,p
λn) et M =P∆P−1=P∆tP, la matriceM est sym´etrique positive et M2= tM M =A.
En notant (·|·) le produit scalaire canonique sur IRn, et en notant (e1,· · ·, en) la base canonique de IRn, on a, pour tout (i, j),
aij = (Aei|ej) = (tM M ei|ej) = (M ei|M ej), donc, par Cauchy-Schwarz,
a2ij= (M ei|M ej)2≤ kM eik2kM ejk2=aiiajj . Si B est aussi positive, on a aussib2ij ≤biibjj, soit 1
a2ij ≤ 1 aiiajj
.
Finalement,a2ij=aiiajjpour tout couple (i, j)∈[[1, n]]2, c’est-`a-dire (M ei|M ej)2=kM eik2kM ejk2 (cas d’´egalit´e dans Cauchy-Schwarz), les vecteursM ei(1≤i≤n) sont donc tous colin´eaires, d’o`u rg(M)≤ 1 et mˆeme rg(M) = 1 puisque M 6= 0. Si C est une colonne non nulle de la matrice M alors, pour tout i ∈[[1, n]], il existeλi tel que la i-i`eme colonne de M soit Ci = λiC : en notant L la matrice-ligne L = (λ1 · · · λn), on a M = CL. Ensuite, A= tM M= tL(tCC)L, mais tCC est un scalaire strictement positifr(c’est la somme des carr´es des ´el´ements de la colonne C), donc A=r tLL. En posant V =√
r tL, on a bien A=V tV, doncA= (vivj) en notantV = t(v1 · · · vn). Les coefficients deA´etant non nuls, aucun coefficient deV ne peut ˆetre nul.
R´eciproquement, si V = t(v1 · · · vn) est une matrice-colonne `a coefficients tous non nuls, alors la matrice A=V tV = (aij) = (vivj)est sym´etrique positive `a coefficients tous non nuls, et la matriceBde coefficient g´en´eriquebij = 1
aij
est aussi sym´etrique positive, puisque
B=WtW avec W = t 1
v1 · · · 1 vn
.
EXERCICE 4 :
On noteSn le sous-espace vectoriel deMn(IR) form´e des matrices sym´etriques, etSn++ le sous- ensemble des matrices sym´etriques d´efinies positives.
1. Soit S ∈ Sn++. Montrer qu’il existe une unique matrice sym´etrique A telle que eA = S.
On notera A= LogS.
2.Soient S1∈ Sn++,S2∈ Sn++ telles queS1S2=S2S1. Montrer que Log(S1S2) = Log(S1) + Log(S2).
3. SoitS ∈ Sn dont toutes les valeurs propres appartiennent `a l’intervalle ]−1,1[. Montrer que In+S∈ Sn++ et prouver la relation
Log(In+S) =
∞
X
k=1
(−1)k−1 k Sk.
- - - -
1. • Pour l’existence de A, on diagonalise S `a l’aide d’une matrice de passage orthogonale : S = P DP−1 = P DtP. On a D = diag(λ1, . . . , λn) o`u les λi sont des r´eels strictement
positifs. Posons ∆ = diag(lnλ1, . . . ,lnλn) etA=P∆P−1. Alors,A=P∆tPest sym´etrique et, par un calcul classique,
eA=eP∆P−1 =P e∆P−1=P DP−1=S .
• Pour l’unicit´e, on proc`ede comme pour d´emontrer l’unicit´e de la racine carr´ee sym´etrique d´efinie positive d’une matrice du mˆeme m´etal (utile pour prouver l’unicit´e de la d´ecomposition polaire d’une matrice inversible, cf. exercice 1). SiA est une matrice sym´etrique v´erifiant eA =S, alors A et S commutent ; les sous-espaces propres E1, . . ., Em deS associ´es aux valeurs propres λ1, . . ., λm(ici suppos´ees deux `a deux distinctes) sont donc stables par A (enfin, par l’endomorphisme adeIRn canoniquement associ´e). Comme l’endomorphismea est diagonalisable, sa restrictionai au sous-espaceEil’est aussi : siµest une valeur propre de ai et X un vecteur propre associ´e, on a AX =µX d’o`u SX =eAX = eµX, mais SX =λiX, doncµ= lnλi ; la restrictionai de aau sous-espaceEi (1≤i≤m) est donc ai= ln(λi) idEi, ce qui garantit l’unicit´e dea.
Remarque : Il est imm´ediat par ailleurs que l’exponentielle d’une matrice sym´etrique est une matrice sym´etrique d´efinie positive (si A = P DP−1 avec P orthogonale et D diagonale, alorseA=P eDP−1∈ Sn++). L’application exponentielle r´ealise donc une bijection deSn
surSn++.
2.PosonsA1= LogS1etA2= LogS2. SiA1etA2 commutent, alorsA1+A2 est sym´etrique et eA1+A2 =eA1eA2 =S1S2. Prouvons donc queA1etA2 commutent, ce qui nous conduit au Lemme. Deux endomorphismes sym´etriques (deE euclidien) qui commutent sont
diagonalisables dans une mˆeme base orthonormale.
D´emonstration du lemme : notons uet v ces deux endomorphismes, E est la somme directe orthogonale des sous-espaces propres de u, notonsE= ⊕⊥
λ∈Sp(u)
Eλ(u). Pour toutλ∈Sp(u), le sous-espace propre Eλ(u) est stable par v ; la restriction ˜v de v `a Eλ(u) est un endo- morphisme sym´etrique (auto-adjoint), donc diagonalisable dans une base orthonormale Bλ
deEλ(u). Il ne reste plus qu’`a construire une base Bde E par concat´enation desBλ pour obtenir une base orthonormale de E dans laquelleuetv sont repr´esent´es par des matrices diagonales.
Revenons `a la question pos´ee : les matrices sym´etriques d´efinies positivesS1etS2commutent, donc le produitS1S2est sym´etrique, etS1etS2se diagonalisent `a l’aide d’une mˆeme matrice de passage orthogonale P (on d´eduit au passage que S1S2 est aussi d´efinie positive) ; la construction des “logarithmes”A1 etA2des matricesS1 etS2, explicit´ee dans la question 1., montre que ces deux matrices peuvent aussi ˆetre diagonalis´ees grˆace `a la mˆeme matrice de passageP, donc elles commutent, ce qu’il fallait d´emontrer.
3.La matriceI+S est sym´etrique et ses valeurs propres sont les 1 +λi(o`u lesλi sont les valeurs propres deS), elles sont donc toutes strictement positives et I+S∈ Sn++.
PosonsS=P DP−1=P DtP avecD= diag(λ1, . . . , λn) etP ∈O(n).
AlorsI+S=P(I+D)P−1; posons ∆ = diag ln(1 +λ1), . . . ,ln(1 +λn) . Comme |λi| < 1, on a ln(1 + λi) =
∞
X
k=1
(−1)k−1
k λki pour tout i ∈ [[1, n]], donc
∆ =
∞
X
k=1
(−1)k−1
k Dk, puis
Log(I+S) = P∆P−1=P
∞
X
k=1
(−1)k−1 k Dk
! P−1
=
∞
X
k=1
(−1)k−1
k (P DkP−1) =
∞
X
k=1
(−1)k−1 k Sk.
EXERCICE 5 :
SoitEun espace pr´ehilbertien r´eel. Une famille (x1,· · ·, xp) de vecteurs deEest diteobtusangle si
i6=j=⇒(xi|xj)<0. 1.Soit (x1,· · ·, xp) une famille obtusangle. D´emontrer l’in´egalit´e
p
X
i=1
|λi|xi
≤
p
X
i=1
λixi
.
2. Dans un espace euclidien de dimensionn, montrer qu’une famille obtusangle a au plusn+ 1
´
el´ements.
3. Soit E un espace euclidien de dimension n. Montrer que l’on peut construire une famille (u1,· · ·, un+1) de vecteurs unitaires de E v´erifiant (ui|uj) =−1
n pouri6=j.
4.SoitEeuclidien de dimensionn. Montrer que le seul r´eelαdiff´erent de 1 pour lequel il existe une famille (u1,· · ·, un+1) de vecteurs unitaires telle que (ui|uj) =αpour tout couple (i, j) aveci6=j, estα=−1
n.
Source : Jacques CHEVALLET, Alg`ebre MP/PSI, collection Vuibert Sup´erieur, ISBN 2-7117- 2092-6
- - - - 1.Posons u=
p
X
i=1
λixi et v=
p
X
i=1
|λi|xi. Alors
kuk2=
p
X
i=1
λ2ikxik2+ 2 X
i<j
λiλj(xi|xj) et kvk2=
p
X
i=1
λ2ikxik2+ 2 X
i<j
|λiλj|(xi|xj),
donc kvk2− kuk2 = 2 X
i<j
|λiλj| −λiλj
(xi|xj) et chaque terme de cette somme est n´egatif ou nul, donckvk2− kuk2≤0, ce qu’il fallait d´emontrer.
2. Nous allons d’abord d´emontrer que toute famille obtusangle de cardinal p dans un espace pr´ehilbertien r´eel E est de rang au moins ´egal `a p−1 : soit X = (x1,· · ·, xp) une telle famille. Si on avait rgX ≤p−2, alors la sous-famille (x1,· · ·, xp−1) serait li´ee : il existerait doncp−1 r´eelsλ1,· · ·,λp−1, non tous nuls, tels que
p−1
X
i=1
λixi= 0E. Mais, d’apr`es la question 1., une telle relation entraˆıne
p−1
X
i=1
|λi|xi= 0E, d’o`u
p−1
X
i=1
|λi|(xi|xp) = 0. Dans cette derni`ere somme, tous les termes sont n´egatifs ou nuls, ils sont donc tous nuls, donc lesλi sont tous nuls, ce qui est bˆete.
Dans un espace euclidien E de dimension n, une famille obtusangle est donc de cardinal au plusn+ 1. La question suivante prouvera qu’il existe effectivement des familles obtusangles de cardinaln+ 1 dansE.
3.Proc´edons par r´ecurrence surn= dimE.
• pourn= 1, c’est imm´ediat (prendre les deux vecteurs unitaires oppos´es) ;
•soitn≥2, supposons la propri´et´e vraie en dimensionn−1, soitEeuclidien de dimensionn.
Soitxun vecteur unitaire deE, soitH = (IRx)⊥l’hyperplan orthogonal `ax. Par hypoth`ese, dans H, il existe une famille (v1,· · ·, vn) de vecteurs unitaires tels que (vi|vj) = − 1
n−1 pour i6=j. Soit, dansE, une famille de vecteurs U = (u1,· · ·, un, un+1) avecun+1 =xet ui= vi+λix
p1 +λ2i pour touti∈[[1, n]]. Pour que la familleU (dont les vecteurs sont unitaires) v´erifie les conditions impos´ees, il faut et il suffit que
- pour touti∈[[1, n]] (x|ui) =−1
n, ce qui est r´ealis´e si et seulement si λi=− 1
√n2−1 ; - pour tout couple (i, j) avec i6= j, (ui|uj) =−1
n et on v´erifie que cette condition est bien r´ealis´ee siλi=λj =− 1
√n2−1.
La famille U = (u1,· · ·, ub, un+1), avec un+1 = x et ui = 1 n
pn2−1vi−x
pour tout i∈[[1, n]], satisfait aux conditions de l’´enonc´e.
Une famille(u1,· · ·, un+1)satisfaisant `a ces conditions dans un espace euclidien de dimension nest appel´ee unsimplexe r´egulier. On peut v´erifier (c’est facile) que
n+1
X
k=1
uk= 0E et que, sii6=j, on a kui−ujk=
r2(n+ 1) n .
4. Soit U = (u1,· · ·, up) une famille ´equiangulaire de vecteurs unitaires (c’est-`a-dire telle que les produits scalaires (ui|uj) avec i 6=j, aient une valeur communeα). Soit G la matrice de Gram de cette famille, `a savoir la matrice carr´ee d’ordre p de coefficient g´en´erique gij = (ui|uj). On v´erifie facilement que, siBest une base orthonormale deE, on aG= tU U, o`u U ∈ Mn,p(IR) est la matrice de la famille de vecteurs U relativement `a la base B.
On a donc rg(U) = rg(U) = rg(G) puisque les matrices U et tU U (ou les applications
lin´eaires canoniquement associ´ees) ont le mˆeme noyau. Ici, on a G=
1 α . . . α α 1 . .. ...
... . .. . .. α α . . . α 1
et detG= 1 + (p−1)α
(1−α)p−1. La famille U est donc libre sauf pourα= 1 (auquel cas tous les vecteurs sont ´egaux) et pourα=− 1
p−1. Pour quen+ 1 tels vecteurs existent en dimensionn, la famille doit ˆetre li´ee, donc n´ecessairement α=−1
n. EXERCICE 6 :
Notations : soitnun entier naturel non nul ; on note O(n) le groupe orthogonal d’ordren;
Sn+l’ensemble des matrices sym´etriques positives d’ordren;
Sn++ l’ensemble des matrices sym´etriques d´efinies positives d’ordren;
siE est un espace euclidien etX = (x1,· · ·, xp) une famille finie de vecteurs deE, on note G(X) la matrice de Gram de la familleX, c’est-`a-dire la matrice sym´etrique d’ordrep, de coefficient g´en´erique gij = (xi|xj).
1.SoitA∈ Mn(IR). Montrer l’existence d’une matrice Ω∈O(n) et d’une matriceS∈ Sn telles queA= ΩS (on pourra commencer par supposerA inversible, puis conclure en invoquant la compacit´e deO(n)).
2.SoitE un espace euclidien, soitBune base deE, soitf un endomorphisme deE, de matrice M relativement `a la base B. Montrer quef est un automorphisme orthogonal de E si et seulement si tM G(B)M =G(B).
3.SoitEun espace euclidien de dimension 2n, soientF etGdeux sous-espaces suppl´ementaires, chacun de dimensionn. Montrer qu’il existe une sym´etrie orthogonale ´echangeantF etG.
Source : Jean-Marie ARNAUDI `ES et Henri FRAYSSE, Alg`ebre bilin´eaire et g´eom´etrie, ´Editions Dunod, ISBN 2-04-016550-9
- - - -
1.LorsqueAest inversible, il s’agit de lad´ecomposition polaire: la matrice tAAest sym´etrique d´efinie positive, donc admet une racine carr´eeS elle aussi dansSn++ (´evident en diagona- lisant tAA en base orthonormale). En posant Ω = AS−1, il suffit de v´erifier que Ω est orthogonale.
Dans le cas o`uAest inversible, on peut d´emontrer l’unicit´e du couple(Ω, S), mais ce n’est pas utile ici, cf. exercice 1.
L’ensemble GL(n,IR) des matrices inversibles est un ouvert dense de Mn(IR). Si A est une matrice deMn(IR), il existe donc une suite (Ap) de matrices inversibles qui tend versA.
Pour tout p, soit Ap = ΩpSp la d´ecomposition polaire de Ap. Comme O(n) est compact,
il existe une suite extraite (Ωϕ(p)) qui converge vers une matrice Ω de O(n). L’application Φ :
(GLn(IR)× Mn(IR) → Mn(IR)
(U, M) 7→ U−1M ´etant continue, on a lim
p→∞Ω−1ϕ(p)Aϕ(p) = Ω−1A et, en notant S = Ω−1A, la matrice S appartient `a l’adh´erence deSn++, c’est-`a-dire `a Sn+, et A= ΩS, ce qu’il fallait prouver.
Remarquons que l’unicit´e de cette d´ecomposition n’est plus garantie : si, par exemple,A est la matrice nulle, alors S= 0et Ω∈O(n)est quelconque.
2.Manipulons un peu les matrices de Gram : soitE un espace euclidien de dimensionn.
•SiB0est une base orthonormale deE, siF= (x1,· · ·, xp) est une famille depvecteurs deEde matriceF =MB0(F)∈ Mn,p(IR) relativement `a la baseB0, alorsG(F) = tF F ∈ Mp(IR).
• SiB= (e1,· · ·, en) et B0 = (e01,· · ·, e0n) sont deux bases de E, siP =PB,B0 =MB(B0) est la matrice de passage de B versB0, on a B0 : =MB0(B0) = PB0,B0 =PB0,BPB,B0 =BP avec B=MB0(B), donc
G(B0) = tB0B0= t(BP)(BP) = tPtBBP = tP G(B)P (cela sera utile pour la question suivante).
•Si maintenantB= (e1,· · ·, en) est une base quelconque deE, six=
n
X
i=1
xieiety=
n
X
j=1
yjej
sont deux vecteurs de E, on a (x|y) =X
i,j
xiyj(ei|ej) = tX G(B)Y, en notantX =MB(x) et Y =MB(y) les matrices-colonnes constitu´ees des coordonn´ees des vecteurs xet y dans la baseB.
De cette derni`ere remarque, on d´eduit que, si f est un endomorphisme de E de matrice M relativement `a la baseB, on a
f ∈O(E) ⇐⇒ ∀(x, y)∈E2 f(x)|f(y)
= (x|y)
⇐⇒ ∀(X, Y)∈ Mn,1(IR)2 t(M X)G(B) (M Y) = tX G(B)Y
⇐⇒ tM G(B)M =G(B).
3. Soit E euclidien de dimension 2n, soient F et G suppl´ementaires de dimension n. Con- sid´erons une baseB = (B1,B2) de E obtenue par concat´enation d’une base orthonormale B1 = (e1,· · ·, en) de F et d’une base orthonormale B2 = (en+1,· · ·, e2n) de G. On a alors G(B) =
I A
tA I
, en notant I =In la matrice-unit´e d’ordren et avecA ∈ Mn(IR), de coefficient g´en´erique aij= (ei|en+j).
D’apr`es la question1., il existe Ω∈O(n) etS∈ Sn+telles queA= ΩS, doncS = Ω−1A= tΩA et aussiS= tS= tAΩ. PosonsP =
Ω 0 0 I
. AlorsP ∈O(2n) et
P−1= tP =
tΩ 0
0 I
=
Ω−1 0
0 I
.
SoitB0 = (B10,B2) la base deE telle que P=PB,B0 (alorsB10 = (e01,· · ·, e0n) est encore une base orthonormale de F). On a
G(B0) = tP G(B)P =
tΩΩ tΩA
tAΩ I
=
I S S I
.
Soit maintenantf l’endomorphisme deE tel queMB0(f) =M = 0 I
I 0
. De M2=I2n, on d´eduit quef est une sym´etrie. Il est clair quef(F) =Getf(G) =F. Enfin,
tM G(B0)M = 0 I
I 0
I S S I
0 I I 0
=
I S S I
=G(B0), doncf ∈O(E) par la question2.
EXERCICE 7 :
Soient p et q deux projecteurs orthogonaux dans un espace euclidienE, soit l’endomorphisme f =pq.
a.Montrer que les valeurs propres de f appartiennent au segment [0,1].
b.Montrer quef est diagonalisable.On pourra introduire l’endomorphisme g=pqp.
- - - - a.Un projecteur orthogonal v´erifie les propri´et´es
∀(y, z)∈E2 p(y)|p(z)
= p(y)|z
; (1)
∀y∈E kp(y)k ≤ kyk. (2)
Donc, siλ∈Sp(f) est non nul et sixest un vecteur propre associ´e, on a kpq(x)k2= pq(x)|pq(x)
= pq(x)|q(x)
=λ x|q(x)
=λkq(x)k2 avecq(x)6= 0, donc λ= kpq(x)k2
kq(x)k2 ∈]0,1]. Tenant compte de l’´eventuelle valeur propre 0, on a Sp(f)⊂[0,1].
b. L’endomorphisme g = pqp est autoadjoint (car p∗ = p et q∗ = q), donc diagonalisable.
On a donc X
λ∈Sp(g)
dimEλ(g) = dimE. Nous allons montrer que Sp(f) = Sp(g) et que
∀λ ∈ Sp(f) dimEλ(f) = dimEλ(g), d’o`u il r´esultera que X
λ∈Sp(f)
dimEλ(f) = dimE et quef est diagonalisable.
• Soit d’abordλune valeur proprenon nulle deg.
Si x∈ Eλ(g), alors pqp(x) = λx et, en appliquant p, on a pqp(x) = λp(x), on en d´eduit p(x) =x(carλ6= 0), doncf(x) =pq(x) =pqp(x) =λxetx∈Eλ(f) ; on a ainsi l’inclusion Eλ(g)⊂Eλ(f).
Si x ∈ Eλ(f), alors pq(x) =λx et, toujours en appliquant p, on a pq(x) = λp(x) donc p(x) =x, doncg(x) =pqp(x) =pq(x) =λxet x∈Eλ(g), d’o`u l’autre inclusion.
On a ainsi montr´e Eλ(f) =Eλ(g).
• On v´erifie facilement que, pour tout endomorphisme u de E, on a Ker(u∗u) = Ker(u).
On a pq = (qp)∗, donc les endomorphismespq et qp ont le mˆeme rang, et dim Ker(pq) = dim Ker(qp). Mais Ker(qp) = Ker (qp)∗(qp)
= Ker(pqp) = Ker(g). Ainsi, les sous-espaces propres E0(f) = Ker(pq) et E0(g) = Ker(pqp) ont la mˆeme dimension, ce qui ach`eve la d´emonstration.
EXERCICE 8 :
1.Soituun endomorphisme autoadjoint positif dans un espace euclidienE. Montrer l’´equivalence
∀x∈E u(x)|x
= 0 ⇐⇒ x∈Keru .
2.Soient aetbdeux endomorphismes autoadjoints positifs dans un espace euclidienE.
a.Montrer l’existence d’un endomorphisme autoadjoint positifhtel queh2=b.
b.Montrer que l’endomorphismef =abest diagonalisable.On pourra consid´erer l’endomorphisme g=hah.
- - - -
1. Notons λ1, · · ·, λm les valeur propres distinctes et strictement positives de u. On a alors, d’apr`es le th´eor`eme spectral, E =
⊥
M
0≤i≤m
Ei avec E0 = Ker(u) (´eventuellement r´eduit `a {0}) et Ei =Eλi(u) = Ker(u−λi idE) pouri ∈ [[1, m]]. Soit x=x0+
m
X
i=1
xi ∈E, alors
u(x) =
m
X
i=1
λixiet u(x)|x
=
m
X
i=1
λikxik2; cette derni`ere somme, dont tous les termes sont positifs, est nulle si et seulement si tous les termes sont nuls, soit ssi ∀i∈[[1, m]] xi = 0, doncssix∈E0= Ker(u).
2.a. Question classique : avec les notations de la question pr´ec´edente (et en posantλ0 = 0), on prend pour h l’endomorphisme co¨ıncidant avec l’homoth´etie de rapport p
λi sur chaque sous-espaceEi.On peut prouver l’unicit´e deh, mais ce n’est pas demand´e, cf.exercice 1.
b. On a f =ab =ah2 = (ah)h et g =h(ah). L’endomorphisme g =hah est autoadjoint, donc diagonalisable, donc X
λ∈Sp(g)
dimEλ(g) = dimE. Comme dans l’exercice pr´ec´edent, nous allons montrer quef etgont les mˆemes valeurs propres, avec des sous-espaces propres associ´es de mˆeme dimension.
Lemme : Soient u et v deux endomorphismes d’un IK-espace vectoriel E de dimension finie. Alors toute valeur propre λ non nulle de uv est aussi valeur propre de vu et on a dimEλ(vu) = dimEλ(uv).
D´emonstration du lemme : sixest un vecteur propre (donc non nul) de uvpour la valeur propre non nulleλ, on auv(x) =λx, d’o`uvuv(x) =λv(x). Maisv(x)6= 0(sinon on aurait uv(x) = 0 donc λx = 0, ce qui est absurde), donc v(x) est un vecteur propre de vu pour la valeur propre λ, ainsi λ∈ Sp(vu). On a aussi prouv´e que v Eλ(uv)
⊂Eλ(vu), mais
la restriction de v `aEλ(uv) est injective donc dimv Eλ(uv)
= dimEλ(uv). L’inclusion obtenue ci-dessus montre alors quedimEλ(uv)≤dimEλ(vu). Les endomorphismesuetv jouant le mˆeme rˆole, il y a ´egalit´e des dimensions.
En appliquant le lemme avec u=ahet v =h, on voit que toute valeur propre non nulle de g=hahest aussi valeur propre def =ab=ah2 (et r´eciproquement), les sous-espaces propres ayant mˆeme dimension.
Par ailleurs, on a Ker(ah) = Ker(hah) : l’inclusion directe est imm´ediate et, si x∈Ker(hah), alors 0 = hah(x)|x
= ah(x)|h(x)
donch(x)∈Kerad’apr`es la question 1.et x∈Ker(ah). Enfin, rg(f) = rg(ah2)≤rg(ah), donc
dim Ker(f) = dim Ker(ah2)≥dim Ker(ah) = dim Ker(hah) = dim Ker(g). On a finalement prouv´e que Sp(g) = Sp(f) et X
λ∈Sp(f)
dimEλ(f)≥dimE (in´egalit´e qui est forc´ement une ´egalit´e), etf est diagonalisable.