A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
S AÏD B ENAYADI
Certaines propriétés d’une classe d’algèbres de Lie qui généralisent les algèbres de Lie semi-simples
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 5
esérie, tome 12, n
o1 (1991), p. 29-35
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1991_5_12_1_29_0>
© Université Paul Sabatier, 1991, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de la faculté des sciences de Toulouse » (http://picard.ups-tlse.fr/~annales/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions).
Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitu- tive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
- 29 -
Certaines propriétés d’une classe
d’algèbres de Lie qui généralisent
les algèbres de Lie semi-simples
SAÏD BENAYADI(1)
Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse Vol. XII, n° 1, 1991
RÉSUMÉ. - On montre que certaines propriétés classiques des algèbres
de Lie semi-simples restent vraies pour les algèbres de Lie g qui vérifient
~ 9 , 9~
= 9,ad(g)
=Der(g), z(g)
= 0.ABSTRACT. - We show that some classical properties of semi-simple Lie algebras are still valid for the class of Lie algebras
satisfying g , g~
= g, ,ad(g)
=Der(g), z(g)
= 0.Introduction
Soit g
unealgèbre
de Lie de dimension finie sur IK = IR ou ~. Ondésigne respectivement
parDer(g), ad(g), Z(g), R(g), l’algèbre
des dérivations de g, l’idéal des dérivationsintérieures,
le centre de g, le radical de g. Il y avingt
ans, M. Flato avaitposé
leproblème
suivant : "On saitqu’une algèbre
de Lie
semi-simple g
estégale
à sonalgèbre dérivée g , g ~ ,
que toutes ses dérivations sont intérieures(c’est-à-dire Der(g)
=ad(g)),
et que son centreZ(g)
estnul;
ces troispropriétés
sont-ellescaractéristiques
desalgèbres
deLie
semi-simples ?".
En1988,
E.Angelopoulos
arépondu
par lanégative
àcette
question [1],
en construisant une familled’algèbres
de Liequi
ont toutesces trois
propriétés,
maisqui
ne sont passemi-simples.
Le contreexemple
dedimension
minimum,
connu à cejour,
est unealgèbre
de Lie de dimension35, ayant
un radicalnilpotent,
et unesous-algèbre
de Lieisomorphe
àsl(2).
Le but de cet article est d’étudier en
général
lesalgèbres
de Liequi
ontces trois
propriétés,
que nousappellerons (suivant
E.Angelopoulos [1])
dest 1 ~ ) Laboratoire de Physique Mathématique, UA CNRS 1102, Université de Bourgogne,
BP 138, 21004 Dijon Cedex, France
algèbres
de Liesympathiques.
En termescohomologiques,
unealgèbre
de Lieest
sympathique
sig)
=g)
=~0~ ;
l’ensemble desalgèbres
de Liesympathiques
est donc un ouvert de la variété desalgèbres
deLie de dimension fixée. Nous démontrerons les
principaux
résultats suivants :(i) soit g
unealgèbre
deLie,
I un idéalsympathique,
alors 7 est facteurdirect ;
(ü)
toute extension de deuxalgèbres
de Liesympathiques
est sympa-thique
ettriviale ;
(iü)
unealgèbre
deLie g
estsympathique
si et seulement si elle est sommedirecte d’idéaux
sympathiques
irréductibles(c’est-à-dire
sans idéauxsympathiques
nontriviaux).
Ces trois résultats sont
classiques
si l’onremplace sympathique
par semi-simple,
mais lasemi-simplicité
n’est absolument pas une condition nécessaire pour les obtenir.Toutes les
algèbres
de Lieenvisagées
sont de dimension finie sur IK = IRou ~.
DÉFINITION
1. - Unealgèbre
de Lie g estsympathique
si ellevérifie
g
= 9 ~ 9 ~ ~ Der(g)
=ad(g), Z(g) _ ~0~.
PROPOSITION 1. - Soit g une
algèbre
de Lie.Les trois assertions suivantes sont
équivalentes:
:(i) g = 9 ~ 9 ~ ~ Der(g)
=ad(g), Z(g) = ~0~ ; (ii) g
=~ g , g l,
g estisomorphe
àDer(g) ;
(iii) g)
_~~Î~ ~1 (9~ 9) _ ~~~~ ~1 t9~ IK) _ ~~~.
Preuve
~),
~9)
^-’ etI~1 (g, (g~~
9~ 9 ~i l*
d’où
l’équivalence
de(i)
et(iü).
Montrons que g =
[7, , g implique
queZ (Der(g)) - ~0~.
Soit D E
Der(g),
si D EZ(Der(g)),
ona [D, ad(x) 1
= = 0pour tout x E g. Ce
qui
entraîne queD[
y,z]
= 0 pour tout y, z E g.Alors g , g ~ ]
= get g isomorphe
àDer(g)
entraîne queZ(g)
=~0~
etDer(g)
=ad(g),
donc(ü) implique (i).
(i) implique (ü)
est uneapplication
évidente. DRemarque.
- En utilisant l’assertion(’iü),
on montre facilement que l’ensemble desalgèbres
de Liesympathiques
est ouvert dans la variété desalgèbres
de Lie de dimension donnée.LEMME 1
([2]). -
Soient g unealgèbre
de Lie et I un idéal de g.Si I =
~ I
,I ~,
alors I est un idéalcaractéristique
de g.Preuve
Soient D E
Der(g)
et x EI,
alorsDonc E l et par suite I est un idéal
caractéristique
deg. 0
PROPOSITION 2. - Soient g une
algèbre
de Liesympathique
et I un idéalde g.
Si I est
facteur
direct de g, alorsÎ
estsympathique.
Preuve
I est un facteur direct de g, alors il existe J un idéal
de g
tel que g =I~
J.[I, J]={0}
entraîne que[g, g] = [1,7]
~[7, J],d’oùl= [7, 7].
Soit d E
Der(I),
on considèrel’application
linéaire D EEnd(g)
définiepar :
D/I
= d etD/ J
= 0. Un calcul facile montre que Dappartient
àDer(g).
Comme g
estsympathique,
il existe z E g tel que D =adg(z).
Si z = zI + zJ,
où zr
E I et zJ EJ,
on a d =adI(zI),
et par la suiteDer(I)
=ad(I).
Enfin, Z(I)
CZ(g) = ~0~. ~
PROPOSITION 3. - Soient g une
algèbre
de Lie etI,
J deux idéaux de g tels que I rl J =~0~.
Si I et J sontsympathiques,
alors l’idéal H = I ® J estsympathique.
Preuve
Comme [l, J]
_~0~,
alorsSoit D E
Der(H).
D’après
le lemme1,
l et J sont des idéauxcaractéristiques
deH,
doncD /1
EDer(I)
etD/J E Der(J). Alors,
il existe z E Iet y
E J tels quePosons
D1
=adH(x
+y)
et montrons que D =D1.
Soient r
E 1
et t EJ,
Donc D =
adg(x
+y) et,
parsuite, Der(H)
=ad(H).
Soit x E
Z(H),
x = xI + où aeI EI,
xJ E,T alors
ce
qui
entraîne que xI = x J = x = 0. ~COROLLAIRE . - Soient g2, i =
1,
... , n, desalgèbres
de Lie sympa-thiques,
alors gl x g2 x ~ ~ ~ x gn estsympathique.
PROPOSITION 4. - Soient g une
algèbre
deLie,
et I un idéal de g tel queDer(I)
=ad(I~ .
.Si l’une des deux
hypothèses
suivantes :(i) z(g~ _ ~0~,
(ii) Z(I)
=~o~
est
vérifiée,
alors I estfacteur
direct de g.Preuve
Soit J =
~x E g ~ ~ x , 1] = ~0~~.
Soit x E g,adg Der(I),
donc ilexiste un
élément y
de I tel queadg
x~I
=ad I(y).
D’où~ x -
y, z ~
= 0 pourtout z de
I,
cequi
prouveque j
= x - y E J. Il en résulte que g = 7 + J.Supposons (i)
vérifiée. Soient On écritet alors : :
Donc x E
Z(g)
=~0~.
Il en résulte que g = I ® J.Une démonstration
analogue
prouve le résultatquand (ü)
est vérifiée. 0 COROLLAIRE 1. 2014 Soient g unealgèbre
deLie,
et I un idéalsympathique
de g, alors I est
facteur
direct de g.COROLLAIRE 2. 2014 Soient g une
algèbre
de Liesympathique,
et I un idéalde g, alors I est
sympathique
si et seulement si I estfacteur
direct de g.Preuve. -
Proposition
2 et 4.Remarque.
- Dans~1~,
E.Angelopoulos
donne unexemple d’algèbre
deLie
sympathique ayant
des idéauxqui
ne le sont pas.COROLLAIRE 3.2014 Toute extension d ’une
algèbre
de Liesympathique
parune
algèbre
de Liesympathique
estsympathique
et triviale.Preuve
Soient gi, g2 les deux
algèbres
de Liesympathiques, g l’extension,
ilexiste un
morphisme surjectif : g
~ g2 tel que Ker = gl.D’après
lecorollaire 1 de la
proposition 4,
l’idéalsympathique
gl est facteur direct de g, donc l’extension esttriviale,
gl x g2 Le corollaire de laproposition
3montre alors que g est
sympathique. 0
Remarque.
- Cecis’applique
enparticulier
au cas suivant soient g unealgèbre
deLie,
I un idéalsympathique
de g, J unesous-algèbre sympathique
de g, avec
l’hypothèse
I n J =~0~. Alors,
lasous-algèbre
H = I ~ Jest extension de
sympathiques,
doncsympathique.
Ce résultat améliore laproposition
3.DÉFINITION
2.2014 Unealgèbre
de Liesympathique
est irréductible si elle n’a aucun idéalsympathique
non trivial.Remarques
( 1 )
Unealgèbre
de Liesympathique
nonsemi-simple
atoujours
au moinsun idéal non trivial et non
sympathique :
parexemple
son radical.En
effet,
unealgèbre
de Lie à la foissympathique
et résoluble estnécessairement nulle.
(2)
E.Angelopoulos
donne dans[1]
unexemple d’algèbre
de Lie sym-pathique
irréductible nonsemi-simple.
Lareprésentation adjointe
decette
algèbre
de Lie estindécomposable,
mais non irréductible.THÉORÈME
1. - Soit g unealgèbre
de Liesympathique,
alors g estsomme directe d’idéaux
sympathiques
irréductibles.Preuve
On va raisonner par récurrence sur la dimension de g. Le résultat est vrai si g =
~0~.
Il n’existe pas
d’algèbre
de Liesympathique
de dimensionégale
à 1 ou 2.Si
dim g
= 3et g sympathique, alors [ ~,
?== g implique
que g estsimple,
donc irréductible.
Supposons
donc que le résultat est vrai pourdim g
n, et montrons-le pourdim g
= n.Si g
n’est pasirréductible,
elle a un idéalsympathique
Inon trivial. Par le corollaire 1 de la
proposition 4,
il existe un idéal J tel que g = I 0J,
et par laproposition 2,
J estsympathique. L’hypothèse
derécurrence
s’applique
donc à I etJ,
etpermet
de lesdécomposer
en sommedirecte d’idéaux
sympathiques
irréductibles.Pour
conlure,
il suffit alors de remarquer que tout idéal deI,
ouJ,
estun idéal de g. D
LEMME 2
([2]). -
Soient g unealgèbre
deLie,
I et J deux idéaux de g.Si I et J sont
semi-simples,
l’idéal I + J estsemi-simple.
COROLLAIRE . - Toute
algèbre
de Lie a unplus grand
idéalsemi-simple.
PROPOSITION 5. - Soit g une
algèbre
de Liesympathique,
et soit Sson
plus grand
idéalsemi-simple.
Il existe un idéalsympathique
I tel que g = S QI,
et I n’a pas d’autre idéalsemi-simple
que~0~.
- 35 - Preuve
S étant un idéal
semi-simple de g
est facteurdirect,
d’où l’existence de Iqui
estsympathique d’après
laproposition
2. Tout idéalsemi-simple
de Iest un idéal
semi-simple
de g, donc contenu dans S ~ I ={0}. []
Remarque.
2014 Laproposition
5 ramène l’étude desalgèbres sympathiques
à celles
qui
n’ont pas d’autre idéalsemi-simple
que~0~.
Combinant avec lethéorème
1,
on voitqu’une
tellealgèbre
se réduit en somme directe d’idéauxsympathiques
irréductibles nonsimples.
Conclusion
Certaines
propriétés classiques importantes
desalgèbres
de Lie semi-simples
restent vraies pour lesalgèbres
de Liesympathiques.
Biensûr,
ilen est aussi
qui disparaissent,
comme parexemple
le théorème deWeyl
de
complète
reductibilité(voir
la remarque(2), après
la définition2).
Unequestion
intéressante est la suivante : lesalgèbres
de Liesympathiques
sont-elles
rigides (ou mieux,
a-t-on :H2(g, g) _ ~0~?)
comme c’est le cas pour lesalgèbres semi-simples ?
Nousrépondrons
à cettequestion
dans unprochain
article.
Remerciements
’
Je remercie les Professeurs M. Flato et G. Pinczon
qui
m’ontsuggéré
cesujet
d’étude et m’ontencouragé
et conseillépendant
sondéveloppement.
Reférences
[1]
ANGELOPOULOS(E.) .
2014 Algèbres de Lie satisfaisant g =[g, g], Der(g)
=ad(g),
C.R. Acad. Sci. Paris, t. 306