PREVENTION
DES INFECTIONS
DU SITE OPERATOIRE ET
INFORMATION DU PATIENT
Sylvie PAGET
UE 2.10 S1 – 2016 - 2017
PLAN INTRODUCTION
1- Les Infections du Site Opératoire (ISO)
1-1 Epidémiologie 1-2 Définition
1-3 Physiopathologie, voies de contamination 1-4 facteurs de risque
2- Prévention des Infections du Site Opératoire
2-1 Surveillance
2-2 Prévention préopératoire
3- Responsabilité, qualité et sécurité des soins 4- Information du patient
1- Les Infections du site opératoire 1-1 Epidémiologie
L’infection du site opératoire représente, en fréquence, la troisième infection associée aux soins
Enquête Nationale de Prévalence (ENP 2012)
N°1 : Infections urinaires N°2 : Pneumopathies
N°3 : Infections du site opératoire
« les ISO représentent 13,5% des infections
nosocomiales, ce qui les classe à la 3ème
place après les infections urinaires (29,9%)
et les pneumopathies (16,7%). »
Infection du Site Opératoire ⇒ Impact humain, social, économique
1-2 Définition de l’infection du site opératoire
Infection superficielle de l’incision : Infection survenant dans les 30 jours suivant l’intervention, et affectant la peau (ou les muqueuses), les
tissus sous cutanés ou les tissus situés au- dessus de l’aponévrose de revêtement,
diagnostiquée par :
Cas N°1 : écoulement purulent de l’incision Cas N°2 : Micro-organisme associé à des
polynucléaires neutrophiles à l’examen direct, isolé par culture obtenue de façon aseptique du liquide produit par une incision superficielle ou d’un
prélèvement tissulaire
Cas N°3 : ouverture de l’incision par le chirurgien et présence de l’un des signes suivants : douleur ou sensibilité à la palpation, tuméfaction localisée, rougeur, chaleur et micro-organisme isolé par
culture OU culture non faite (une culture négative, en l’absence de traitement antibiotique, exclut le cas)
Remarque : l’inflammation minime confinée aux points de pénétration des sutures ne doit pas être considérée comme une infection
Infection profonde : Infection survenant dans les 30 jours, ou dans l’année s’il y a eu mise en place d’un implant, d’une prothèse ou d’un
matériel prothétique, affectant les tissus ou organes ou espaces situés au niveau ou au dessous de l’aponévrose de revêtement, ou encore ouverts ou manipulés durant
l’intervention, diagnostiquée par :
Cas N°1 : Ecoulement purulent provenant d’un drain sous-aponévrotique ou placé dans l’organe ou le site ou l’espace
Cas N°2 : Déhiscence spontanée de l’incision ou ouverture du chirurgien et au moins un des signes suivants : fièvre >38°C, douleur localisée, ou
sensibilité à la palpation et micro-organisme isolé par culture, obtenue de façon aseptique, d’un
prélèvement de l’organe ou du site ou de l’espace OU culture non faite ( une culture négative, en
l’absence de traitement antibiotique, exclut le cas)
Cas °3 : Abcès ou autres signes d’infection
observés lors d’une ré intervention chirurgicale, d’un examen hystopathologique, d’un examen d’imagerie ou d’un acte de radiologie
interventionnelle
→ il est important d’envisager
systématiquement la nécessité d’une reprise
chirurgicale
A quel niveau peut se situer une infection du site opératoire ?
Il existe 3 niveaux d'infection :
-
les infections dites superficielles (60% des infections du site opératoire)- les infections profondes (25%) - les infections d'organe (15%)
1-3 Physiopathologie, voies de contamination : Pathogénèse
Les voies de transmissions des micro-organismes peuvent être exogènes (air, patients, personnel principalement ou / environnement)
MAIS origine souvent endogène +++: provenant généralement du patient lui-même
1-4 Facteurs de risque
Facteurs de risque liés au patient (terrain) Facteurs de risque liés à l’intervention
Geste opératoire : classification d’ALTEMEIER Contexte
2- Prévention des Infections du Site opératoire
La surveillance et la prévention des ISO représentent donc un enjeu de santé
publique important
La réduction d’incidence des infections du site opératoire (ISO) est l’un des objectifs du programme national de lutte contre les
infections nosocomiales (IN)
En France, un des objectifs du Plan
stratégique IAS et Programme de Prévention des Infections Nosocomiales ( PROPIN) pour la période 2009 – 2013 :
→ La baisse d’un quart du taux d’incidence des ISO pour 100 actes (y compris les
infections profondes) pour des interventions ciblées à faible risque d’infection
Recommandations
Conférence de Consensus (SFHH): Gestion
préopératoire du risque infectieux, octobre 2013
2-1 Surveillance
Depuis 1999, les surveillances interrégionales des ISO sont coordonnées par le Réseau d’alerte,
d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales (Raisin).
Le programme ISO-RAISIN préconise une
surveillance sur les gestes opératoires et une surveillance de toutes les ISO
7 indicateurs font l’objet de surveillance et
d’évaluation ⇒ Tableau de bord des Infections nosocomiales pour les établissements de santé ICALIN 2: Indicateur Composite des Activités de Lutte contre les Infections nosocomiales
ICSHA 2: Indicateur de la Consommation de produits hydro alcooliques (SHA)
ICA-LISO : Indicateur Composite de Lutte contre Les Infections du Site Opératoire
ICATB : Indicateur composite de bon usage des ATB
ICA-BMR : Indicateur Composite de maitrise de la diffusion des Bactéries Multi-Résistantes
⇒ Score agrégé des activités : reflet global de la lutte contre les infections
nosocomiales
SARM : Indice triennal de Staphylococcus Aureus Résistant à la Méticilline
2-2 Prévention préopératoire
La prévention des ISO commence dès la période préopératoire
Dépistage et stratégies préventives préopératoires
Mesures d’hygiène en préopératoire et préparation de l’opéré
En pré opératoire, quels dépistages et quelles stratégies préventives appliquer pour réduire le risque infectieux?
Dépistage et stratégies préventives des infections bactériennes
Antibioprophylaxie en chirurgie propre et propre contaminée
La présence d’une infection bactérienne sans
rapport avec l’indication opératoire doit faire
différer celle-ci sauf urgence
Dépistage et décolonisation non systématique du portage nasal de
Staphylococcus aureus, Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) ou autres infections bactériennes
notamment bactéries multi résistantes
(BMR) : uniquement recommandé chez les patients à haut risque, notamment en
chirurgie cardiaque
Recommandations et mesures d’hygiène en préopératoire : Préparation de l’opéré
Le traitement des pilosités La toilette préopératoire L’hygiène bucco-dentaire La tenue du patient
Au bloc opératoire : La désinfection
cutanée et muqueuse du site opératoire
Objectif :
Supprimer ou abaisser de manière significative au niveau de la zone opératoire, le nombre de microorganismes du patient, pendant la durée de l’acte chirurgical
Traitement des pilosités
Il est recommandé de ne pas pratiquer une dépilation, en routine
Si la dépilation est réalisée, il est
recommandé de privilégier la tonte , et non pas recourir au rasage mécanique.
Quand faire la dépilation? : aucune recommandation ne peut être émise
concernant la période de la dépilation (veille ou jour de l’intervention). Elle est cependant à réaliser AVANT la douche préopératoire
Douche préopératoire
Nombre de douches? : aucune recommandation ne peut être émise concernant le nombre de
douches préopératoires
Il est recommandé de pratiquer AU MOINS UNE douche préopératoire
Quand? La veille ou le jour de l’intervention? : aucune recommandation ne peut être émise concernant le moment de la douche
préopératoire
Avec quel type de savon ? : aucune
recommandation ne peut être émise sur le type de savon (savon antiseptique ou non
antiseptique) à utiliser pour la douche
préopératoire : Le CHU de Dijon opte pour un savon doux en uni dose (40 ml) et propose si
chirurgie en ambulatoire de conseiller de prendre un savon doux du commerce ( flacon neuf) (protocole qui peut être modifié en fonction du service et de la décision du chirurgien)
Savonner et faire mousser à main nue ou avec un gant à usage unique ou un gant de toilette propre Se sécher avec une serviette propre
Shampoing? Aucune recommandation ne peut être émise concernant la réalisation
systématique du shampoing
Un shampoing peut être prescrit lors d’une chirurgie de la tête ou du cou
Il est recommandé de réaliser un shampoing préopératoire quand le cuir chevelu est dans le champ opératoire
Particularités chez l’enfant
Faire ôter les bijoux, alliances, piercing, vernis, prothèses auditives et dentaires ( sauf si avis contraire du chirurgien) …et indiquer au patient de ne pas les remettre après la douche :
hygiène de base
La lutte contre les infections
nosocomiales est l’affaire de tous : patients, soignants…
Hygiène bucco-dentaire
Le brossage des dents est nécessaire pour tout opéré et entre dans le cadre de l’hygiène de base En chirurgie cardiaque et en chirurgie bucco-
dentaire, il est prévu de pratiquer ou de faire
pratiquer des bains de bouche antiseptiques en pré et postopératoire
Tenue du patient
Afin de limiter la contamination environnementale et réduire la dissémination des squames, le
patient doit revêtir une tenue propre de
l’hôpital, (non tissé ou micro fibre - coton à proscrire)
La personne douchée se couche ensuite dans des draps propres
Pour les patients pris en charge en
ambulatoire : une tenue d’opéré propre leur sera fournie
A l’arrivée au bloc, revêtir une coiffe à UU
Mesures d’hygiène en préopératoire : Particularités en chirurgie cardiaque
( Protocole CHU Dijon suite aux recommandations)
La décolonisation cutanée, nasale et oro-
pharyngée doit durer 5 jours, si possible 2 jours avant la chirurgie (en dernière limite la veille de l’intervention) et à continuer 2 jours après en post-opératoire
→Décolonisation cutanée : Réaliser ou faire
réaliser des douches/toilettes pré-opératoires au savon à la Chlorhexidine ( flacon unidose) . Ces douches doivent être réalisées quotidiennement pendant 5 jours à main nue ou avec un gant à UU ou gant de toilette propre.
La douche/toilette comprenant le shampoing (au savon à la Chlorhexidine) sera réalisée
dans le service d’hospitalisation la veille ou le matin de la chirurgie
Retirer bijoux ( piercing), vernis…de J-2 à J2
→ Décolonisation oro-pharyngée : Le brossage des dents est nécessaire, matin et soir. Une
brosse à dents neuve et un tube de dentifrice
neuf à prévoir pour commencer la préparation à J-2, qui serviront pendant toute la durée de la
préparation et de l’intervention
Pratiquer ou faire pratiquer sur PM des bains de bouche antiseptiques à la chlorhexidine ( type ELUDRIL ®), 2 fois / j en pré et post opératoire en même temps que la décolonisation cutanée et nasale ( 5jours)
→ Décolonisation intra-nasale : 2 fois / jour en même temps que la décolonisation
cutanée et oro-pharyngée (5 jours) :
application d’une pommade en intra-nasale sur prescription médicale
Détersion et désinfection cutanée du site opératoire au bloc opératoire
Détersion? : Aucune recommandation ne peut être émise concernant la détersion avant la
réalisation d’une antisepsie sur la peau sans souillure. Recommandée uniquement sur
peau souillée
La détersion se réalise à l’aide d’une solution
moussante antiseptique (après le traitement des
pilosités), suivie d’un rinçage et d’un essuyage (dans le but de réduire la flore cutanée ou muqueuse et
éliminer les souillures ou débris cutanés) puis désinfection par l’application d’un antiseptique alcoolique
Désinfection cutanée : Il est fortement recommandé de pratiquer une désinfection large du site
opératoire mais aucune recommandation ne peut être émise concernant l’antiseptique à utiliser
Il est seulement recommandé de privilégier un antiseptique en solution alcoolique
Si préparation du futur opéré conforme au
protocole : antisepsie en un temps ( Importance du temps de contact = 1 mn)
la désinfection permet de réduire la flore cutanée ou
muqueuse au moment de l’incision et pendant l’intervention
Le circuit patient
2 possibilités :
-arrivée directe au bloc opératoire via le SAU urgence vitale
-transit par l’unité de soins urgence
différée
Recommandations acceptables en urgence vitale
Compenser le déficit de préparation
préopératoire du patient (douche) par une détersion et désinfection rigoureuses… si possible..sinon si Urgence ++, réaliser
uniquement une désinfection cutanée large du site opératoire avec un antiseptique alcoolique Privilégier les étapes de la détersion et
désinfection plutôt que la dépilation
3- Responsabilité, qualité et sécurité des soins
EXERCICE DE LA PROFESSION IDE ACTES PROFESSIONNELS
ARTICLE R.4311-5 DU CODE DE LA SANTE PUBLIQUE
Dans le cadre de son rôle autonome , l’IDE accomplit les actes ou dispense les soins
suivants visant à identifier les risques et à
assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de l’entourage :
…..
« Préparation du patient en vue de son
intervention, notamment soins cutanés
préopératoires »
Nécessité parfois d’aider ou de vérifier l’efficacité de la réalisation de la douche préopératoire pour les personnes ayant une dépendance
Soin du rôle propre infirmier, qui peut être confié à l’aide soignant qualifié, en collaboration et sous la responsabilité de l’IDE
Importance des transmissions : la réalisation ou
non de la douche et de la dépilation doivent être
tracées dans le dossier de soins de la personne
Important de vérifier avant le départ au bloc
opératoire que la fiche préopératoire est présente dans le dossier, que le côté concerné est indiqué, que l’item « germe multi résistant » est renseigné si c’est le cas et que l’autorisation d’opérer est
signée + présence de l’imagerie nécessaire à l’intervention + étiquettes au nom du patient à vérifier
Important de s’assurer également que le patient est porteur de son bracelet d’identification, que ses vêtements sont retirés ainsi que les bijoux et les
prothèses et qu’il est porteur des bas anti-
thrombose
4 – Information de la personne
Nécessité d’informer les patients (Loi
n°2002-203 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé. Journal Officiel 2002;5 mars)
Rôle de l’IDE/ information (cf. Actes
professionnels – Art R.4311-5 du Code de la Santé Publique)
L’intérêt ainsi que la qualité de la technique doivent faire l’objet d’une information de la
personne pour la prévention des ISO, qu’il soit en chirurgie ambulatoire ou classique
Recommandations et
Protocoles+ utilisation de différents supports, brochures adaptés à l’adulte ou l’enfant
Lien vers You tube
http://www.youtube.com/watch?v=MS
8Uewpvhp4
CONCLUSION
Important de respecter les recommandations
Rigueur
nécessaire dans l’asepsie de la
peau
Importance d’évoluer en permanence sur nos
pratiques et de s’appuyer sur les dernières données issues de la science ( études scientifiques)
recommandations
Pour avoir accès aux résultats des établissements de santé :
http://www.platines.sante.gouv.fr/
Pour en savoir plus sur les infections nosocomiales et le tableau de bord :
http://www.sante.gouv.fr/les-infections- nosocomiales.html
http://www.sante.gouv.fr/tableau-de-bord-des-
infections-nosocomiales-dans-les-établissements-de- santé.html
Pour en savoir plus sur vos droits, le site du défenseur des droits :
http://www.securitesoins.fr/
Pour en savoir plus sur les données épidémiologiques :
http://www.invs.sante.fr/raisin
Bibliographie
Société Française d’Hygiène Hospitalière ( SFHH) –
Conférence de Consensus « Gestion pré opératoire du risque infectieux » octobre 2013
www.icalin.santé.gouv.fr
www.invs.santé.fr : Réseau ISO Raisin – Surveillance des infections du site opératoire
www.cclin-est.org : Protocole national de surveillance des ISO ; Rapport ISO CClin Est : résultats 2015
www.atih.sante.fr
Protocoles de soins -CHU Dijon : préparation du futur opéré (14/03/2016) – Antisepsie cutanée (05/11/2013)