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piscine dumonde La plus grande

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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somme une adaptation du trot à l’élément liquide. Tiens, tiens! Pourtant, la plupart des mammifères aquatiques n’utilisent que deux de leurs membres pour nager -au point que les espèces les mieux adaptées ont perdu leurs jambes- alors que la loco- motion terrestre reste très largement quadrupédique! D’après les chercheurs, cette contradiction apparente résulterait d’une subtilité du processus évolutif. Chez l’homme, la propulsion des jambes parti- cipe peu à l’avancement dans l’eau. On nage de façon plus économique lorsqu’on se contente de l’action des bras. Seule- ment, on doit aussi rester à plat et le battement des jambes permet le maintien d’une position horizontale. Chez les mammifères, le passage de mouvements quadrupédiques à une locomotion aqua- tique avec deux segments corporels actifs aurait été lié à l’acquisition d’une épaisse fourrure capable d’emprisonner l’air et autorisant de ce fait un gain de flottabi- lité. Pour certains mammifères particuliè- rement bien adaptés au milieu aquatique comme une espèce de rat australien, seules deux pattes assurent la propulsion.

En faisant l’économie des battements de jambes, les hommes pourraient bénéficier eux aussi d’un déplacement plus écono- mique. Mais il nous manque les poils qui permettent de flotter! On peut toutefois résoudre ce petit handicap par l’utilisation d’un pull boy. Comme chacun le sait, il s’agit d’un petit flotteur utilisé par les nageurs pour effectuer un travail unique- ment sur les bras, ce qui permet, au passage, d’améliorer ses qualités de glisse. Autre subterfuge: l’utilisation d’une combinaison isotherme. Celle-ci permet d’économiser jusqu’à 30%

d’énergie pour une vitesse de nage comprise entre 3 et 4,5 km/h (1). Là encore, cet avantage résulte d’une meilleure flottaison. Les triathlètes l’ont bien compris. Ils utiliseraient toujours leur combinaison pour la partie natation... si seulement le règlement les y autorisait (2). Notons encore que le bonus est d’au- tant plus marqué que le nageur est de piètre niveau. Sans combinaison, ce dernier demeure incapable de garder son horizontalité. Dans sa combinaison, il ressemble davantage à un vrai champion.

Si la philosophie et les religions placent souvent l’homme au sommet de la créa- tion, la biologie nous ramène à des niveaux moins glorieux. Prenons nos stra- tégies locomotrices. Nous aurions de quoi rougir en les comparant avec celles des autres animaux de masse équivalente. Sur terre, on trouve en effet des centaines d’espèces plus performantes que la nôtre.

Dans l’eau, c’est pire encore. Nous sommes loin d’égaler les performances enregistrées chez les nombreux champions au sein des règnes oiseaux, reptiles, mammifères... Sans parler des poissons!

De plus, ces comparaisons ne sont possibles qu’avec la frange minoritaire de la population qui pratique régulièrement la natation. Nous ne parlons pas ici de cousin Marcel qui n’apprécie l’eau que dans son pastis. Pas de quoi pavoiser, donc. Voyons tout de même comment nous pouvons tirer parti de nos modestes apti- tudes natatoires.

La nage du petit chien

Première constatation: la nage n’est pas aussi éloignée de la locomotion terrestre que nous l’aurions imaginé. Les études les plus récentes montrent au contraire d’étonnantes similitudes entre les modes de déplacement aquatique et ceux sur le plancher des vaches. Contrairement à la théorie qui veut que les mammifères aient été aquatiques avant d’être terrestres, plusieurs observations sur la nature des évolutions du squelette permettent aujourd’hui d’élaborer une histoire inversée avec des mammifères qui auraient eu de la terre collée sous les pattes avant de s’enfoncer dans l’océan pour prendre petit à petit l’apparence de gros suppositoires comme les baleines ou les dauphins. Dans cette vision des choses, nos techniques de nage résulteraient d’une simple modification des patrons moteurs de la locomotion terrestre. Le mouvement alternatif des différents segments du corps dans l’eau serait en

Les recherches biomécaniques en natation révèlent bien des surprises. Leur but? Comprendre les

raisons qui font qu’on est bon ou mauvais nageur.

La plus grande

piscine du monde

Otarie: la palme d’or!

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Nous ne sommes pas des requins!

Depuis quelques années, les maillots de bain ont changé d’allure. En compétition, les nageurs enfilent des combinaisons, certes différentes de celles des triath- lètes, mais qui recouvrent tout de même de larges parties du corps. Le but est différent. Ces combinaisons ne changent pas grand-chose à la densité du corps (3).

Leur avantage réside dans la couverture de la peau par une surface très structurée.

Aussi curieux que cela puisse paraître, il semble que l’on glisse un peu mieux dans l’eau avec un revêtement irrégulier. Cette rugosité pose problème pour la traînée de friction, une des trois composantes de la traînée totale en natation. Mais un autre mécanisme intervient pour contrebalancer ce petit désavantage. On améliore en effet la traînée de pression, la deuxième composante de la traînée totale. Or, il s’agit d’une origine importante aux forces qui s’opposent à l’avancée du nageur. Ce n’est pas un hasard si les poissons possè- dent des écailles et si la peau des requins est loin d’être parfaitement lisse. Au fil des millénaires, la nature a sélectionné une interface avec le fluide qui permet de minimiser les résistances et donc d’amé- liorer l’hydrodynamisme. Le même prin-

cipe s’applique d’ailleurs aux déplace- ments dans l’air. Pour une frappe de départ identique, la distance parcourue par une balle de golf alvéolée sera plus importante que si elle était parfaitement lisse. Cela paraît surprenant. Mais dans l’eau comme dans l’air, les forces de résis- tance varient en fonction de la vitesse de déplacement. A faible vitesse, on ne remarque aucune différence entre les objets lisses ou rugueux. Mais si on accé- lère le mouvement au-delà d’un seuil critique, l’écoulement s’améliore avec l’introduction d’un revêtement légère- ment rugueux. Ce phénomène est specta- culaire pour les balles de golf et a fortiori pour les avions. Evidemment, lorsqu’on parle de locomotion humaine, on ne doit pas s’attendre à des miracles. Les avis divergent d’ailleurs sur le fait qu’on arrive ou non à atteindre cette zone critique de vitesse pour laquelle le coefficient de forme ou Cx diminue (4). Nous ne sommes pas des requins! Jusqu’à présent, les études sur les maillots couvrants n’ont pas réussi à mettre en évidence une diminu- tion significative de traînée. Leurs auteurs ont conclu que l’avantage qu’ils procu- raient (entre 2 et 4%) résultait surtout d’un effet placebo (5). Enfin, si les combi- naisons isothermes profitent surtout aux piètres nageurs, les maillots couvrants ne

devraient logiquement intéresser que les meilleurs, c’est-à-dire ceux qui sont déjà capables d’atteindre des vitesses élevées.

Ils ne présentent donc aucun intérêt pour le nageur lambda. Sinon de crâner au bord du bassin.

Ivresses tragiques

La température de l’eau exerce également son influence en matière d’énergétique comme le démontre une étude récente qui comparait les coûts et les apports alimen- taires spontanés associés à un exercice dans une piscine froide (20°C) et dans une eau plus chaude (33°C). Trente-trois degrés représentent en effet la tempéra- ture pour laquelle l’homéothermie ne coûte aucune énergie. On parle de neutra- lité thermique. Cette valeur est très diffé- rente selon que l’on se trouve dans l’eau ou dans l’air. A 33°C sur la plage, on crève littéralement de chaud. On doit alors dépenser une importante quantité d’énergie pour abaisser sa température.

On se sent mieux dans une pièce à 20 degrés. En revanche, si l’on se retrouve plongé dans une eau à 20 degrés, on est vite gagné par la sensation de froid alors que, par comparaison, on se sent parfaite- ment confortable dans un bain à 33 degrés. Les chercheurs ont donc testé

Filippo Magnini:

pas de quoi

se vanter!

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notre capacité à fournir un effort dans les deux environnements (6). Pour un exercice modéré, les différences ne sont pas flagrantes. Mais les choses changent dès que l’on sort de l’eau et que l’on se dirige vers le buffet. La ration calorique spon- tanée s’avère nettement plus élevée chez les nageurs en eau froide. Plus on a froid, plus on se ruera facilement sur la nourri- ture. Et parfois aussi sur l’alcool! Car les statistiques sont formelles: il existe plus de cas de noyade chez les hommes que chez les femmes. Les chercheurs qui ont tenté d’élucider ce mystère ont abouti à cette explication: en clair, les hommes ne sont pas moins bons nageurs que les femmes.

Seulement, ils sont plus souvent bourrés au bord du lac ou de la piscine (7). Qui a dit que les pêcheurs à la ligne étaient des pochtrons? Les kayakistes qui leur dispu- tent les mêmes terrains de jeu sont intaris- sables sur le sujet. Il semble que les baigneurs leur emboîtent parfois le pas.

Pourtant, boire ou nager, il faut choisir!

Pourquoi

les femmes flottent

Les études sur la natation ont aussi pour ambition d’améliorer l’efficacité de nos techniques de nage. Là encore, les spécia- listes accordent beaucoup d’attention à l’observation des espèces animales.

Comme pour tout déplacement, la perfor- mance en milieu aquatique dépend de deux grands types de facteur: ceux liés à la puissance du moteur et ceux en rapport avec l’économie de déplacement. La puis- sance d’abord est déterminée par trois aptitudes énergétiques: la consommation maximale d’oxygène (VO2 max), l’endu- rance qui définit le pourcentage de VO2 max maintenu sur un temps donné et la capacité anaérobie qui prédomine seule- ment sur courtes distances. Pour le détail de ces filières énergétiques, on peut se référer à nos articles précédents (8). Rien ne change fondamentalement, qu’il s’agisse de course à pied ou de natation.

En revanche, tout diffère lorsqu’on aborde la question du coût énergétique qui, vous l’aurez compris, dépend des résistances hydrodynamiques et de l’efficacité de la propulsion. On s’aperçoit alors que les femmes sont plus économiques que les hommes en raison d’une répartition des graisses plus favorable pour une flottaison en position parfaitement horizontale. En clair, elles stockent les graisses sur les fesses et les cuisses et cela positionne mieux le corps sur un plan hydrodyna- mique. Certes, elles sont nombreuses à ne pas considérer cette silhouette fuselée comme une générosité de la nature. Il reste que cela leur confère un indéniable avantage par rapport à leurs homologues masculins qui ont plutôt tendance à stocker la graisse au niveau du ventre et des épaules et qui se retrouvent de ce fait prisonniers d’une sorte de bouée qui tend à les placer en position verticale et qui les freine dans leurs déplacements. Le genre influence donc l’économie de nage. L’âge

>

>> > P Pa au uv vr re e n no ou us s

Dans le petit jeu des espèces, on peut se martyriser en comparant nos performances aquatiques à celles des poissons. On découvre que l’homme possède un coût énergétique de nage 22 fois plus élevé qu’un poisson de taille équivalente! Cela ne sert donc à rien de vouloir échapper à un requin en tentant de fuir. D’autant que, comme tous les prédateurs, il est excité par un comportement trouillard. Mieux vaut alors lui faire face et répondre éventuellement à une agression avec nos petits poings. La famille des oiseaux possède aussi quelques redoutables nageurs, comme le pingouin qui compense ses talents aquatiques par une locomotion bipédique sur la terre ferme assez peu efficace et un dandinement qui rappelle un peu celui de tante Julia. Pour l’homme, la comparaison avec les mammifères qualifiés de semi-aquatiques, en raison de leur aptitude à se mouvoir dans les différents milieux, sera un peu moins humiliante.

Mais nous sommes encore loin d’égaler l’économie de nage de la loutre, de l’otarie, du castor ou de l’ornithorynque. Leur supériorité leur vient d’une locomotion totalement immergée grâce à des mouvements ondulatoires de propulsion, une chose que nous sommes incapables d’accomplir au-delà de quelques dizaines de mètres. Bref, nous ne sommes pas faits pour parcourir de longues distances à la nage.

On a pu déterminer que la dépense énergétique était quatre fois plus élevée dans l’eau que pour le même déplacement sur la terre ferme. De ce point de vue, nous ressemblons étrangement au rat d’égout (ainsi que sous d’autres aspects moins avouables). D’après des études récentes, ce petit rongeur s’avère nettement meilleur coureur que nageur, sauf pour une branche australienne de la famille qui nage encore mieux qu’elle ne court (12).

Dès qu’ils le peuvent, les triathlètes endossent leur costume de pingouin.

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aussi. Au cours de l’adolescence, on remarque une amélioration du coût éner- gétique et donc de la performance en natation qui survient indépendamment du volume d’entraînement. Un jeune adulte dépense moins d’énergie pour parcourir une distance donnée qu’un adolescent et a fortiori qu’un enfant. On avait déjà observé ce phénomène en course à pied.

Les spécialistes lui avaient donné une explication d’ordre morphologique. Sur terre, on devient de plus en plus écono- mique au fur et à mesure que nos jambes s’allongent. Un phénomène analogue se produirait dans l’eau avec une améliora- tion de l’efficacité de la propulsion grâce à l’allongement des bras. Puis il faut aussi compter avec l’accroissement de la force musculaire des membres supérieurs, comme vient de le rappeler Paola Zamparo sur la base d’une étude à la fois simple et convaincante (9). Quand on est plus costaud, on est capable d’une propulsion plus efficace et on parcourt une plus grande distance à chaque cycle de bras. A l’inverse, lorsqu’on est fatigué, le manque de force ne permet pas de conserver des trajets moteurs efficaces avec des mouvements de moindre amplitude et des surfaces motrices mal orientées.

D’ailleurs, tous les spécialistes en natation sont désormais convaincus de la nécessité, pour être bon nageur, de disposer d’une puissance musculaire élevée. Surtout au niveau des bras. Par nature, les masses qui permettent de mouvoir les segments supé- rieurs sont relativement petites par rapport à celles des membres inférieurs. De plus, ces muscles sont constitués d’une propor- tion importante de fibres rapides. Entendez par-là rapidement fatigables. On devra les entraîner de façon à améliorer leur puis- sance et leur endurance. Cela passe par un travail dans l’eau et hors de l’eau.

La suprématie des gros bras

Tous ceux qui entretiennent la prétention de bien nager un jour doivent se convaincre de la nécessité d’acquérir plus de force dans le haut du corps. Comment faire? Dans un premier temps, on peut opter pour des exercices non spécifiques et sans charge comme des “pompes”, des tractions à la barre avec appui partiel sur les pieds, des extensions sur les triceps, etc. Bref, un travail prophylactique au sens où l’entend le pape de la préparation physique, Jean-Pierre Egger. Il s’agit d’ob- tenir un renforcement musculaire pour pouvoir aborder, sans risque de blessure, une seconde phase dans le travail, celle qui

s’effectuera contre résistance. On utilisera alors de simples élastiques pour reproduire le plus fidèlement possible les trajets moteurs du nageur ou des exercices sur chariot incliné. Les nageurs en raffolent.

Notez qu’il s’agit toujours d’un renforce- ment musculaire “à sec”. Mais déjà on s’efforce de respecter la forme du geste moteur en natation ainsi que sa vitesse d’exécution. Ce dernier point est très important. En vertu du principe de spécifi- cité, il faut savoir que les gains s’expri- ment principalement à la vitesse utilisée et que le bénéfice d’un entraînement s’es- tompe pour des vitesses plus éloignées.

Pour couronner cette préparation olym- pique, on peut alors recourir à des expé- dients plus radicaux tels que la muscula- tion lourde. Au menu des exercices, on trouvera le classique développé-couché avec barre olympique. Couché sur le dos, on lève la fonte par séries de 2 à 10 répéti-

tions (10). Là encore, la vitesse d’exécu- tion doit être la plus rapide possible compte tenu de la charge soulevée. Et comme on n’est pas là pour faire de la gonflette, on calcule la charge de telle sorte que la dernière répétition devienne limite. Pour l’exercice du “pull-over”, il faut se tenir couché sur le dos, jambes en crochet de chaque côté du banc, bras en hyper extension derrière la tête, et on ramène la charge sur le tronc comme si on enfilait un pull-over. Plus esthétique, mais plus traumatisant, le “papillon”consiste, dans la même position, à écarter et à ramener les bras tendus en tenant dans ses mains quelques rondelles de fonte. Puis on passera progressivement à d’autres mouve- ments que l’on ne recommande pas tout de go, car ils isolent généralement une articu- lation sur laquelle ils font porter toutes les contraintes, d’où le risque de blessure et de déséquilibre entre groupes musculaires

>

>> > L La au ur re e e et t M Ma ar rc ce el l

On a dit que les jambes participaient peu à l’avancement. Chez certains nageurs pas très doués, elles ne servent pour ainsi dire qu’à faire de l’écume. Ils échouent tristement dans l’exercice classique qui consiste à prendre une planche entre les mains pour avancer seulement grâce aux battements. A propos, cousin Marcel s’est mis à la natation. “Plus je pédale et plus je recule”, râle-t-il au milieu de la piscine. Bon d’accord. Il existe des nageurs plus doués que lui. Mais le travail des jambes reste globalement assez peu efficace. En crawl, elles participent pour moins de 10% dans les forces propulsives. On peut même s’en passer, comme a choisi de le faire Laure Manaudou qui n’effectue que deux battements de jambes par cycle complet de bras et cela seulement dans un but d’économie et

d’équilibration. Elle concentre alors toute sa dépense énergétique sur le travail des membres supérieurs à la recherche d’appuis solides. Cela lui permet de nager à l’économie. En cas de sprint, il lui reste toujours la possibilité de passer avec “les jambes en six temps”comme le pratiquent les sprinteurs. Lorsque la distance est courte, on peut en effet se permettre une débauche d’énergie. Et tant pis pour le gaspillage. On procède à l’image d’un dragster qui patine énormément mais qui produit aussi une accélération phénoménale.

Laure Manaudou, une traction avant

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agonistes et antagonistes. On alternera alors avec des exercices plus naturels et qui mettent en œuvre une chaîne muscu- laire et plusieurs articulations en raison de leur meilleure tolérance par le système musculo-squelettique mais aussi pour leur meilleure qualité de transfert vers le geste sportif. Les débuts d’un tel programme sont généralement très encourageants. On gagne rapidement de la force grâce à une adaptation de la commande motrice et par le biais d’une levée de l’inhibition réflexe de la cellule de Renshaw. En temps normal, ce réflexe assure un rôle de protection du muscle contre le risque de claquage lors d’une mise sous tension trop intense. Voyez comme la nature est bien faite: ce n’est que quand les complexes muscles-tendons disposent d’un bon renforcement que l’inhibition protectrice se lève peu à peu. Ensuite, en poursuivant l’effort sur de nombreuses semaines, on obtient une hypertrophie musculaire grâce à une augmentation de la taille des fibres rapides et une multiplication des têtes de myosine qui permettent un meilleur coulis- sement avec les filaments d’actine. Pour les plus acharnés, on peut même espérer

une hyperplasie, c’est-à-dire une augmen- tation du nombre de fibres comme vient de le montrer l’équipe de Bottinelli chez des culturistes (11). Bien sûr, le nageur doit ensuite transférer ces avantages dans les gestes de la natation. Voilà qui passe par d’autres exercices de renforcement musculaire, dans l’eau cette fois-ci, avec plaquettes. Ces ustensiles durcissent le travail. Ils s’avèrent aussi extrêmement précieux lorsqu’il s’agit d’augmenter la vitesse de nage et de réveiller nos apti- tudes ancestrales qui nous permettent de mieux glisser dans l’onde. Nous disposons de nombreuses terminaisons nerveuses sensibles à la pression que nous devons rééduquer pour bien sentir l’écoulement du fluide sur le corps. Le plus souvent possible, on s’entraînera alors à nager en eau libre pour mieux goûter ce plaisir de ramer avec ses plaquettes, un peu comme on le ferait en kayak. On gagne sur deux tableaux: la puissance musculaire et la technique de nage. Avec les plaquettes, on ressent aussi beaucoup mieux la nécessité de placer correctement les surfaces motrices, en l’occurrence perpendiculaire- ment au sens du déplacement. Attention

toutefois à ne pas forcer la dose car des muscles trop fragiles risquent d’en porter les cicatrices pendant des lustres. Voilà le début d’un apprentissage réussi. Dans le prochain numéro, nous fouillerons de façon plus systématique les facteurs techniques et nous vous donnerons toutes les recom- mandations pour l’utilisation d’un petit logiciel d’évaluation de la performance en natation que nous sommes en train de concocter avec le plus grand soin.

Robin Candau

Notes et références

(1) Trappe TA, Pease DL, Trappe SW, Troup JP, Burke ER Int J Sports Med. Feb; 17(2):

111-4. Physiological responses to swimming while wearing a wet suit (1996).

(2) Dans les compétitions de triathlon, le port de la combinaison est interdit pour une température de l’eau au-dessus de 20 degrés.

(3) Tous les nouveaux maillots doivent être homologués par la FINA (Fédération Internationale de Natation Amateur).

(4) Cela pose aussi un problème éthique et commercial car la FINA a autorisé les nouveaux maillots sur initiative de la marque Speedo qui est aussi sponsor de ses Championnats du Monde. Or, il existe un règlement qui précise:

“Aucun nageur ne peut porter ou utiliser un procédé qui améliore sa vitesse, sa flottabilité ou son endurance durant une compétition.”

(SW 10.7 FINA)

(5) Roberts BS et coll. Effect of a FastSkin suit on submaximal freestyle swimming, 2003 Med Sci Sports Exerc 35(3): 519-24

(6) White LJ, Dressendorfer RH, Holland E, McCoy SC, Ferguson MA. Increased caloric intake soon after exercise in cold water. Int J Sport Nutr Exerc Metab. 2005 Feb; 15(1): 38-47.

(7) Howland J, Hingson R, Mangione TW, Bell N, Bak S. Why are most drowning victims men? Sex differences in aquatic skills and behaviors. Am J Public Health. 1996 Jan;

86(1):93-6.

(8) Lire La VO2 max pour les nuls dans Sport et Vie no90, page 14 et L’arbre des possibles, dans Sport et Vie no92, page 40.

(9) Il existe une relation directe entre le coût énergétique et les résistances

hydrodynamiques comme le montre l’équation suivante: C = (Whydro/Rp)/Rtot.

Où Whydro est le travail fourni par mètre parcouru pour vaincre les résistances hydrodynamiques, Rp est le rendement de la propulsion et Rtot est le rendement global.

(10) Au-delà de dix répétitions, il ne s’agit plus vraiment de “musculation” mais de

“renforcement musculaire” si on se réfère au jargon des préparateurs physiques.

(11) D’Antona G, Lanfranconi F, Pellegrino MA, Brocca L, Adami R, Rossi R, Moro G, Miotti D, Canepari M, Bottinelli R. et al. Skeletal muscle hypertrophy and structure and function of skeletal muscle fibres in male body builders. J Physiol 570.3 (2006) pp 611-627 (2006) (12) Fish et Baudinette. Energetics of locomotion by the Australian water rat. The Journal of Experimental Biology, 202, 353-363 (1999)

(13) Nouvelle petite philosophie, Albert Jacquard, Stock 2005

Roland Schoeman muscle

ses ailes de papillon.

(6)

Ce graphique indique la relation existant entre l’économie de déplacement et la masse pour les mammifères semi- aquatiques et pour les poissons. Par la pente négative des quatre droites, on comprend au premier coup d’œil que, dans le règne animal, plus on est gros et plus les déplacements sont rentables. Le mode de déplacement joue également un grand rôle. Tout en haut en bleu, on compare les performances en natation des

mammifères semi-aquatiques. Vous noterez alors que les hommes (représentés par le triangle bleu au- dessus de la ligne) font moins bien que la moyenne. En clair, la nage est plus coûteuse pour nous. Nos performances se rapprochent de celles du vison, pourtant de toute petite taille. Elles sont encore loin d’égaler celles du rat musqué et de la loutre de mer, considérés comme les stars de la discipline. La ligne rouge en dessous représente les déplacements terrestres. Là encore, nous sommes assez ridicules par rapport aux autres espèces (sauf le vison, merci à lui). En noir, on représente le coût du déplacement sous l’eau. Dans cette catégorie, où nous ne sommes pas représentés parce que nous avons le souffle trop court, le castor donne toute la mesure de son talent. Pour certains mammifères adaptés à cette situation, on observe que le coût énergétique de la locomotion en totale immersion est plus faible que celui de la locomotion terrestre.

S’ils veulent rendre visite aux habitants du terrier voisin, ils auront donc tout intérêt à passer par la rivière. En vert, on peut comparer nos performances avec celles des champions toutes catégories de l’économie de déplacement en totale immersion: les poissons. Leur avantage

s’explique par l’absence d’énergie consommée pour lutter contre la gravité ainsi que les faibles résistances hydrodynamiques. En évoluant sous la surface, ils se sont affranchis aussi de la traînée de vague, la composante la plus importante des forces de résistance. Au total, nos piètres performances en matière de locomotion, qu’elle soit terrestre ou aquatique, nous invitent à quelques réflexions. A condition que nous arrêtions de nous considérer comme le sommet de la création,, dotés de surcroît d’un droit de préemption sur l’ensemble du monde vivant. Un castor sera sans doute moins performant qu’un homme s’il s’agit de changer une roue. Pour construire un barrage, en revanche, c’est lui qui l’emporte sur nous... Méfions-nous donc de toutes ces tentatives d’établir une

hiérarchie entre les espèces. Comme le mentionne très justement Albert Jacquard dans son dernier bouquin, ces

classements n’ont aucun sens du point de vue évolutif (13). L’homme n’est pas au- dessus du règne animal et végétal (sur quel critère?) et ne peut en aucune façon s’accaparer l’espace naturel et les ressources de l’ensemble du monde vivant. Ce comportement à courte vue, qui n’est que la conséquence de l’idéologie de la compétition économique, ne peut être que destructeur pour l’humanité et l’ensemble du monde vivant. Il est sans doute encore temps de changer fondamentalement notre organisation pour des perspectives à plus long terme si l’on veut laisser un monde à l’humanité en devenir. Commençons par faire preuve d’un peu plus de modestie et de lucidité.

A

Au u f fo on nd d d de e l la a p piis sc ciin ne e

Nage en surface Nage humaine Nage du vison Nage du rat musqué Nage de l'otarie Nage du rat d’eau Course à pied Course humaine Course du vison Course du rat Nage sous l'eau Nage du castor Nage de l'ornythorynque Nage de la loutre Nage de l'otarie Poisson 1

0,1 10 100

0,1 1 10

Masse en kg

Economie de transport (Joules : Newtons x kg)

Virginie Dedieu

roule en Dauphine

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