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Guétat-Bernard Hélène, Féminin-masculin, Genre et agricultures familiales

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agricultures familiales

Alexis Annes

To cite this version:

Alexis Annes. Guétat-Bernard Hélène, Féminin-masculin, Genre et agricultures familiales. 2015. �hal-01885139�

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Comptes-rendus de lecture

Guétat-Bernard Hélène, 2014 Féminin-masculin, Genre et

agricultures familiales, Éditions Quae, 247 p.

Hélène Guétat-Bernard, professeure de sociologie à l’École Nationale de Formation Agronomique de Toulouse, a acquis depuis plusieurs années une expertise dans l’étude des relations entre rapports sociaux de genre et développement dans des contextes de ruralités Nord-Sud. Elle coordonne cet ouvrage Féminin-Masculin, Genre et Agricultures Familiales qui se propose de faire dialoguer le monde de la recherche et celui du développement autour de la question du genre et des agricultures familiales du Nord et du Sud. Les auteur-e-s des différents chapitres viennent d’ailleurs de différents domaines professionnels (recherche, développement et formation) et de champs disciplinaires variés (sociologie, géographie, économie ou encore anthropologie). L’objectif (atteint) de ce travail est de compléter des connaissances globales et quantitatives, nationales et internationales, qui abordent la question du genre dans le domaine de l’agriculture au sens large, par des études de cas qualitatives, plus approfondies et surtout ancrées dans des contextes socio-culturels variés.

L’ouvrage part d’un double constat : il existe 1. peu de publications francophones qui interrogent le développement agricole au prisme de relations de genre et dans une perspective Nord-Sud, ainsi que 2. peu de travaux sur le genre qui intègrent des problématiques agricoles. L’enjeu de l’ensemble de ces contributions apparaît clairement : croiser ces deux domaines d’études (le développement agricole et les rapports sociaux de genre) et montrer la nécessité de réfléchir au devenir des agricultures familiales dans les pays du Nord et du Sud en abordant les rapports femmes-hommes en général, et plus spécifiquement les inégalités (en défaveur des femmes) qui caractérisent ces rapports. En d’autres termes, il s’agit « de considérer les différentes opportunités offertes aux femmes et aux hommes, les rôles qui leur sont assignés socialement et les relations qui existent entre eux » (p. 7). Citant la FAO et les Nations Unies, les différent-e-s auteur-e-s de cet ouvrage rappellent qu’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes dans, entre autres, l’accès et le contrôle des ressources de production, aurait un impact favorable sur la productivité agricole et donc la sécurité alimentaire de nombreux pays – en particulier les pays du Sud. Comment atteindre cette égalité et, surtout, comment rendre visible les inégalités et les rapports sociaux de domination des hommes sur les femmes afin de mettre en place des leviers d’action, sont les questions centrales auxquelles tente de répondre cet ouvrage.

L’ouvrage est organisé en trois parties : 1. une première partie qui soulève la question des inégalités de genre dans la gestion sociale des ressources, 2. une deuxième partie qui insiste sur le besoin d’indicateurs non seulement objectifs

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mais également pertinents dans les différents contextes culturels pour mesurer les inégalités liées au genre et proposer des leviers d’action, et 3. une dernière partie qui interroge les nouveaux modes de consommation au prisme du genre – en particulier, comment (principalement) les femmes ont un rôle moteur dans la mise en place de systèmes agricoles alternatifs.

Qu’elles soient naturelles, humaines, sociales, financières, physiques et techniques, ou bien politiques et institutionnelles, l’accès aux ressources est crucial au processus de développement. Comme le montrent les différentes contributions de la première partie de l’ouvrage (« Inégalités de genre et gestion sociale des ressources »), cet accès dépend du contexte politique, économique et culturel, et de la position de domination ou de subordination des groupes sociaux. De ce fait, les inégalités sociales entre femmes et hommes, qui sont le résultat de normes sociales ancrées dans un système patriarcal, sont souvent à l’origine d’une répartition inégale des ressources – souvent, pour ne pas dire toujours, en défaveur des femmes. C’est particulièrement ce que montre le premier chapitre (« Réduire les inégalités de genre, un enjeu de politique agricole ») qui insiste sur le fait que, dans le contexte des pays du Sud, les femmes font toujours l’objet de discriminations systématiques lorsqu’il s’agit d’accès aux ressources et aux services. Il montre l’intérêt crucial de mettre en place des politiques publiques pour pallier ces discriminations. Néanmoins, la tâche ne semble pas simple tant les contraintes auxquelles doivent faire face les femmes (et qui doivent donc être prises en compte par les politiques publiques) sont nombreuses : difficultés d’accès à la terre et aux ressources naturelles, aux services financiers, à un travail décent, à l’éducation et la vulgarisation technologique, pour n’en citer que quelques-unes. De ce fait, les femmes sont souvent exclues des prises de décisions. Afin d’aider les décideurs à mettre en place des politiques publiques efficaces, l’auteure de ce chapitre propose une typologie très pertinente des politiques publiques soutenant le développement rural, en fonction de leur intégration plus ou moins réussie de la dimension genre. Le chapitre suivant « Gouvernance foncière au prisme du genre» s’intéresse à la gouvernance foncière dans trois pays (Niger, Sénégal et Bolivie) et a pour objectif d’étudier les dynamiques de dépossession et d’acquisition des terres par les femmes. Ce chapitre questionne tout particulièrement comment les différents modes de gestion des terres (privé, collectif, ou traditionnel) peuvent ou non sécuriser l’accès au foncier par les femmes. Il montre, de façon très juste, que si certains modes de gestion (comme par exemple le mode de gestion privatif qui émerge) permettent de favoriser l’accession aux terres, ils ne garantissent pas que les femmes gardent ces terres et surtout les transmettent à leur(s) fille(s). Si l’accès à la terre est une condition nécessaire, elle n’est donc pas suffisante, car à long terme, les femmes doivent pouvoir garder le contrôle de ces terres.

Les deux derniers chapitres de cette partie (« Participation des femmes aux systèmes d’information géographique » et « Affirmation identitaire des femmes dans l’action collective ») rendent compte d’initiatives, dans deux pays de l’ouest Africain (Sénégal et Niger), ayant pour objectif de favoriser

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l’accès des femmes aux ressources foncières. Dans le premier cas, il s’agit d’utiliser les Systèmes d’Information Géographique Participatifs (SIG-P) afin de co-construire des cartes foncières avec les différents acteurs (femmes et hommes) et ainsi de mettre en lumière les inégalités d’accès à la terre pour les femmes. Le deuxième cas présenté montre comment au travers d’une implication dans des groupements collectifs, les femmes ont la possibilité, en plus d’accéder au champ collectif, d’avoir à leur disposition une parcelle individuelle. Dès lors, les compétences qu’elles partagent et acquièrent dans le cadre du travail collectif, peuvent être réinvesties individuellement sur les parcelles mises à leur propre disposition.

Si cette première partie fait le constat d’inégalité de genre, la deuxième partie de l’ouvrage («Inégalités de genre dans l’agriculture familiale : mesures, indicateurs, leviers pour l’action») offre des contributions qui interrogent les moyens de rendre visible les inégalités pour pouvoir par la suite y pallier. Comme le suggère la première contribution (« Améliorer la visibilité des femmes dans les systèmes d’information en Afrique de l’Ouest »), il s’agit bien dans un premier temps de rendre compte des inégalités auxquelles les femmes font face, pour pouvoir dans un second temps y remédier. Cette contribution, s’appuyant sur le cas des pays de l’Afrique de l’Ouest, suggère que si des données statistiques globales existent sur la condition des femmes, ces données sont trop générales et ne prennent pas en compte la complexité sociale et culturelle des sociétés d’Afrique de l’Ouest. Afin de pouvoir compléter ces données globales, l’auteure de ce chapitre insiste sur l’importance de mettre en place des approches alternatives qualitatives par l’intermédiaire d’observatoires ruraux et d’enquêtes plus fines comme par exemple les « Enquêtes Budgets-Temps ». Ce chapitre se trouve d’ailleurs complété par un autre chapitre (« Mesurer l’immesurable et rendre visible pour mieux agir ») qui lui fait écho en dressant un portrait riche et assez complet de ces observatoires ruraux mis en place il y a quelques années pour fournir plus de données qualitatives et contextualisées sur le rôle des femmes et des hommes. Ce chapitre montre dans quelle mesure ces observatoires sont potentiellement des outils pertinents pour jouer un rôle de veille et alerte sur les enjeux de gouvernance et les inégalités femmes-hommes pour les politiques publiques.

Malgré tout, rendre visible ces inégalités n’est pas suffisant. Il faut également que les femmes elles-mêmes prennent conscience de l’origine de l’oppression, c’est-à-dire des structures sociales et culturelles les maintenant dans une situation de domination. Le chapitre « Les femmes actrices de développement, un programme de recherche-action » montre bien l’intérêt (et les difficultés) de faire comprendre aux femmes ces éléments. Ce chapitre suggère que l’utilisation d’outils de recherche-action participative, en Afrique de l’Ouest, tels que des séminaires de formation et d’échange, des enquêtes quantitatives et qualitatives, ainsi que des ateliers, sont un moyen efficace de mettre en lumière les obstacles liés au genre et de proposer de nouveaux leviers d’action. De plus, ces outils permettent d’impliquer les populations

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concernées, de les rendre sujet, et non plus objet, de leur devenir. Pour finir, le chapitre « Femmes en mouvement : la naissance d’une existence sociale, politique et professionnelle»montre, qu’au Brésil, rendre visible les inégalités femmes-hommes et créer une catégorie politique«femme travailleuse rurale»

passe par des mouvements collectifs et est le résultat d’actions publiques continues de ces groupements. Les femmes sont donc plus à même de faire entendre leur voix quand elles sont solidaires et unies entre elles.

Alors que les deux premières parties de l’ouvrage traitent plus des inégalités subies par les femmes, la dernière partie («Genre et nouveaux modes de consommation»), au contraire, montre leur capacité d’action, leur pouvoir d’agir. En d’autres termes, il s’agit d’étudier dans quelle mesure les femmes ont (ou ont eu) la capacité d’influencer de nouveaux modes de consommation et/ou de production agricole. Par exemple, le chapitre«Consommer différemment, les nouveaux rapports villes-campagnes»montre, à partir de différentes études conduites dans le Sud-Ouest de la France, le rôle des femmes agricultrices dans le développement d’activités de diversification agricole en général et dans l’émergence des circuits courts et des circuits de proximité en particulier. Face aux contraintes économiques et crises subies par les mondes agricoles, ce chapitre suggère que les agricultrices, en se basant sur leurs savoirs et savoir-faire acquis par leur expérience, ont pu faire preuve d’inventivité et ainsi contribué au développement de systèmes alimentaires alternatifs. Le chapitre« Les coopératives féminines rurales en Grèce» va d’ailleurs dans le même sens en montrant que dans un contexte de modernisation agricole ayant privé les femmes d’une source d’emploi, celles-ci ont trouvé une alternative en créant et s’impliquant dans des coopératives rurales. Ces femmes rurales grecques ont su développer l’entreprenariat rural tout en valorisant non seulement le patrimoine local mais également en mettant à profit les savoirs traditionnels qu’elles avaient acquis en tant que mère, fille ou épouse. De plus, ces coopératives féminines rurales, si elles ont permis à ces femmes de développer une source de revenu, elles leur ont également donné accès à un lieu de sociabilité et d’échange qui faisait défaut dans un espace rural où les populations sont de plus en plus isolées. Cependant, l’insertion des femmes dans l’économie marchande via le développement d’activités génératrices de revenu n’engendre pas nécessairement plus d’égalité femmes-hommes. En ce sens, le chapitre « Les femmes burkinabés face à l’économie marchande »

nuance l’idée qu’aider les femmes à développer des activités économiques génératrices de revenu conduit automatiquement à leur autonomisation. Au contraire, développer des activités qui génèrent un produit commercialisable peut conduire à l’exclusion des femmes par les hommes, même pour des activités dont elles avaient traditionnellement la charge (production laitière ou fabrication de beurre de karité). La perspective d’un gain économique ravive donc, ou simplement met en lumière, les structures socio-culturelles de domination des hommes sur les femmes.

Si ces trois chapitres montrent comment les femmes rurales participent à l’évolution des modes de production agricole, les deux autres chapitres de

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cette dernière partie (« La volonté organisatrice de jeunes mères citadines au foyer, la genèse du Teikei au Japon » et « Consommateurs réfléchis et marchés locaux au Mexique ») insistent plus sur comment des systèmes agricoles alternatifs ont émergé suite aux efforts de femmes venant de milieux urbains. En effet, des femmes, soucieuses d’acheter des aliments sains pour leur famille (leurs enfants en particulier) ont, dans des contextes culturels différents (le Japon et le Mexique), contacté des producteurs afin qu’ils adoptent des techniques de productions saines et/ou proches de celles de l’agriculture biologique. Nous pouvons regretter que ces chapitres ne discutent pas (ou du moins, ne mentionnent pas) la question de la domination de l’urbain sur le rural, néanmoins ils ont le mérite de fournir des exemples dans lesquels les femmes sont moteurs du changement et contribuent à faire évoluer les mondes agricoles.

Au final, cet ouvrage montre que la place des femmes dans le domaine agricole au sens large demeure prépondérante. Ainsi, la prise en compte de la question du genre devrait être une priorité, en particulier lorsqu’il s’agit de politiques publiques souhaitant promouvoir un développement agricole et rural qui soit durable. Cependant, il souligne de façon très juste que cette prise en compte de la question du genre passe, dans un premier temps, par une mise en lumière ainsi qu’une compréhension approfondie des inégalités liées au genre. En effet, aujourd’hui, n’étant pris en compte dans toute pratique de développement que ce qui est visible et mesurable, il est crucial de définir des indicateurs qui rendent compte des discriminations dont les femmes font l’objet. Cet ouvrage permet justement de mettre en évidence certaines de ces discriminations, en particulier celles liées à l’accès aux terres agricoles. Comme le soulignent à juste titre les auteur-e-s, mettre en lumière ces inégalités n’est pas chose facile puisque les femmes peuvent être la cible de discriminations, non seulement directes et visibles (donc plus faciles à repérer et combattre), mais aussi de discriminations moins visibles, plus subtiles, mais non dépourvues de conséquences négatives. Repérer ces discriminations, ancrées dans des pratiques sociales et culturelles spécifiques, est essentiel. Malgré la présence de contributions de qualité inégale ou dont les études de cas se recoupent (et se répètent), une qualité majeure de cet ouvrage est de montrer que repérer ces discriminations passe par la mise en place d’études qualitatives, à plus petites échelles, qui peuvent mettre en évidence des discriminations que des études quantitatives, nationales ou internationales ne peuvent pas voir. Ainsi, si nous pouvons parfois regretter l’absence de conclusion théorique, généralisable et adaptable à différents contextes, nous comprenons vite que là n’est pas l’objectif des auteur-e-s. Elles/ils adoptent une posture compréhensive, afin d’entrer au mieux dans des contextes culturels spécifiques où les expériences quotidiennes des femmes apparaissent plus pertinemment. Ce sont d’ailleurs surtout les contextes culturels des pays du sud qui sont mis en avant dans cet ouvrage, qui a pourtant l’ambition de faire dialoguer pays du Nord et du Sud. Les études de cas issues des pays du Nord sont moins présentes, ce qui pourrait laisser penser, à tort, que les femmes y

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sont moins à même de subir des discriminations. Cet ouvrage n’en reste pas moins important pour toute personne (étudiant-e, enseignant-e, chercheu-r-e, professionnel-le du développement, responsable politique) intéressée par les questions de développement rural et agricole, au Nord comme au Sud, et qui souhaite prendre en compte la question des rapports sociaux de genre dans ses réflexions.

Alexis ANNES

Université de Toulouse,

Institut National Polytechnique – École d’Ingénieurs de Purpan alexis.annes@purpan.fr

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