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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Introduction des XXes Journée : Pourquoi privilégier la formation ?

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Academic year: 2021

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INTRODUCTION AUX XXes J.I.E.S.

André GIORDAN

L.D.E.S., Université de Genève

Président des J.I.E.s.

POURQUOI PRIVILÉGIER LA FORMATION?

Les métiers de l'enseignement ou de la médiation scientifique changent. Il y a dix ans, il suffisaità un enseignant de présenter son cours pour qu'il ait le sentiment de faire son métier. Le journaliste avait rempli sa mission quand il avait noirci sa page, le muséologue quand il avait disposé quelques objets et rédigé des panneaux... Aujourd'hui, l'enseignant, le médiateur est soumisà une série de contraintes, de pressions ou de nécessités qui transforment du tout au tout sa profession.

1. L'ENSEIGNANT, LE MÉDIATEUR FACE AUX DÉFIS

D'abord, l'enseignant, le médiateur est faceà une série de défis qui rendent les exigences de savoirs plus grandes. Absence de maîtrise de l'innovation technique et des forces du marché monétaire, crainte pour l'emploi, crainte pour la survie, en tout cas pour une certaine qualité de la vie, solutions hasardeuses des politiques souvent pires que les problèmes qui les ont engendrées: les individus sont saisis de doutes.

Un défi encore plus grand est incontournable, celui du savoir. La plupart des repères que notre société s'était forgée ont été balayés ou sont en passe de l'être. L'enseignant, le médiateur s'interroge alors sur quels savoirs transmettre. La logique classique, la causalité linéaire, la démarche analytique restent des savoirs indispensables mais ils apparaissent très limités pour comprendre le monde actuel.Ladémarche systémique, la pensée dite "complexe", la logique floue, une certaine approche des antagonismes ou de l'incertitude deviennent indispensables. Quand a-t-on l'occasia-t-on de les enseigner?LeUTmédiation doit pourtant s'appréhender très tôt, autrement l'appropriation a peu de chance de succès. En ce qui concerne les seuls contenus, sur quels aspects mettre l'accent? Avec le développement exponentiel des recherches en sciences et en technologies, quelles connaissances seront encore pertinentes en 2020 ou 2040 ? ..

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En plus, l'enseignant,le médiateur est face à une série de paradoxes. Pour enseigner des démarches, il est obligé de s'appuyer sur des savoirs notionnels. Ces derniers doivent être cependant "biodégradables", autrement ils figent la pensée. Dans le même temps, il ne suffit plus de "faire passer" un savoir, il faut d'abord favoriser des altitudes et développer des méthodes d'investigation. Sans cela, les savoirs ne deviennent pas opératoires.

Ce n'est pas tout. On demandeàl'enseignant, au médiateur d'aujourd'hui, autre chose que du contenu. L'élève, le public souhaite d'abord du relationnel. Ensuite, il chercheà connaîtrelecôté "pratique" des savoirs ("les micro-ondes sont-elles néfastes à la santé 1", "où trouve-t-on des oligo-éléments 7", etc.). Enfin, il s'intéresse aux liens entre sciences, culture et société. Il veut, par exemple, y voir clair sur le plan de la consommation ("quelles conséquences peuvent résulter de l'introduction du maïs génétiquement modifié 7") ou de l'éthique ("jusqu'où peut-on aller en matière de manipulation d'embryon 7"), etc. Il souhaite que le savoir soit mis en perspective ("quel est le sens d'apprendre l'immunologie7", "pourquoi la matière sc complexifie+elle 7"). L'élève, le public exige de plus en plus fréquemment une réflexion sur les savoirs afin de pouvoir les situer. Plus que de "vendre" des sciences ou des techniques, l'enseignant, le médiateur se doit alors de développer une certaine disponibilité à travers ces approches. Plus que des réponses contextualisées, c'est un questionnement, éventuellement une démarche, qui apparaissent prioritaires.

2. L'INTRODUCTION DES NOUVELLES TECHNOLOGIES

Face à l'introduction des nouvelles technologies (multimédia, CD-Rom, DYO ou réseau internet), la simple présentation - d'un cours par exemple - peut paraître un peu triste, voire désuète. Comment concurrencer une simulation ou des images de synthèse quand on n'aàsa disposition qu'un tableau noir 7 L'enseignant, le médiateur se sent comme handicapé devant ces nouveaux médias qu'il n'est souvent pas préparéàaffronter. Il se sent dépossédé de son prestige puisqu'il n'est plus le seul dépositaire d'un savoir.

Comment peut-il intégrer ces nouvelles technologies dans son enseignement ou son animation? Il n'est pas possible de les juxtaposer. Cours el multimédias ont chacun une finalité propre, voire une spécificilé. L'enseignanl, le médiateur doit repenser la structure de sa prestation autant que sa propre place. Il ne peut plus se limiteràêtre un simple transmelteur, sinon celui d'une passion. Son rôle se situe plutôl en amont ou en aval; sa fonction est d'interpeller, de questionner ou de motiver l'apprenant. Elle est encore de le situer ou de lui fournir des repères. Par ailleurs, l'enseignant, le médiateur va être amené de plus en plus souventàfabriquer lui-même des supports multimédias. Il doit alors tenler d'entrer dans la philosophie même que ces nouvelles technologies présupposent. Reproduire sa prestation habituelle sur un nouveau support n'a pas d'intérêt. Il doit ré-évaluer sa progression, son cheminement didactique pour éviter le "tourne-page" informatique. Une refoITnulation de ses habitudes pédagogiques s'avère dès lors indispensable.

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3. L'ENSEIGNANT, LE MÉDIATEUR ET LA DIDACTIQUE

Last but not least, l'enseignant, le médiateur rencontre les travaux de didactique. Là, c'est la douche froide! Ces études lui disent qu'enseigner -au sens habituel- ne suffit pas pour faire apprendre. Des évaluations lui montrent que ce qu'il fait depuis 5, JO ou 20 ans ne sert pratiquement à rien. Après son cours ou après une visite, l'élève, le public n'en sait pas plus qu'auparavant, il n'est guère plus sensible au thème abordé. Il apprend encore que sa manière de transmettre un savoir peut au contraire empêcher ses élèves, son public de comprendre; pire elle peut le(s) démotiver pour une longue durée. Ces même travaux lui montrent que pour favoriser la compréhension, l'enseignant doit passer par un travail préalable incontournable dans le seul but de donner envie aux élèves: un investissement d'énergie et de temps conséquent, mais indispensable. En muséologie, le concepteur ne peut rencontrer quelques succès que s'il met ses objets en scène. Avant de tenter d'expliquer, il doit commencer par envisager des salles pour interpeller le visiteur.

Le modèle constructiviste sur lequel l'enseignant, le médiateur pensait pouvoir s'appuyer pour être performant est même contesté. Certains didacticiens le trouvent trop frustre. La construction d'un savoir n'est que l'un des moments de l'apprendre. Il n'est pas le seul, et ce n'est pas le plus délicat Entre la connaissance et l'apprenant, un système très complexe d'interrelations doit se mettre en place. On peut déjà lister plus d'une vingtaine de paramètres qui, tous, doivent être présents à des degrés divers dans la situation d'apprentissage. Certains sont même contradictoires. Il faut par exemple perturber la pensée de l'apprenant et dans le même mouvement, l'accompagner. S'il n'est pas aisé de transformer le cadre cognitif de l'enfant, celui de l'adulte est encore plus impénétrable. Il faut multiplier les confrontations, tout en mettant en place des situations pour mobiliser le savoir. Pour faciliter la compréhension, l'enseignant, le médiateur doit encore proposer des situations qui "concernent". Il doit traduire le message scientifique ou technique dans des mots qui "parlent" à chaque public respectif. Toutes sortes d'aides à penser sont à fabriquer : des analogies, des métaphores, des schémas, des modèles, etc. Il doit même envisager des créations spécifiques; il ne peut plus simplement transposer le modèle universitaire.

4. COMMENT INDUIRE LE CHANGEMENT?

Devant autant de contraintes, l'enseignement où la médiation apparaissent très difficiles. Ne sont-ils pas devenus des métiers impossibles? Comment tenter d'induire un changement? Plusieurs voies sont envisageables.

La première est celle de la "génération spontanée" : il suffit d'attendre le départ de la génération actuelle de médiateurs et l'éclosion de la nouvelle. Il n'yen a pas pour très longtemps, la moitié du corps enseignant part à la retraite avant 2006. Le problème est l'absence d 'histoire dans l'enseignement; à terme, on risque de voir se reproduire les mêmes dysfonctionnements... Dans la médiation, le domaine en est encore à trouver les moyens de fonctionner. La fom13tion des

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"nouveaux" se fait au coup par coup, sans stratégie à long terme, sans vue d'ensemble, souvent en fonction d'initiatives ou personnels.

La deuxième voie est celle de l'imposition; selon les pays, il existe toujours des ministres de l'éducation qui pensent pouvoir imposer un changement d'en haut, par décrets ou par lois. Plus subtilement, d'autres ministres, par quelques opérations médiatiques indirectes, tentent de déconsidérer les enseignants aux yeux de publique. On rencontre même des pays où les deux fonnules existent simultanément...

La troisième voie est celle de la formation des enseignants ou des médiateurs. Pour ces Journées, nous avons fait ce pari. Elle n'est cependant pas sans embûches, nous aurons l'occasion d'en faire le tour au cours de nos travaux.

D'emblée, il nous faut éviter l'écueil d'un certain nombre d'oppositions stériles. Les tenants d'une formation académique par disciplines, s'opposent à toute introduction de formations didactiques, cognitives ou relationnelles, et vice-versa. Suivant l'époque, l'accent est mis sur la matière à enseigner ou sur l'élève qui se retrouve alors "placé au centre" de la formation. Plus subtils, cenains mettent en avant 1'approche psychosociologique, aux dépens d'une formation pédagogique liéeà des contenus pour la classe, tenus comme retombée évidente. Dans la médiation, il y a les panisans d'une formation pratiqueà toute épreuve et ceux qui mettent en avant une formation théorique préalable, etc.

À l'expérience, il apparaît préférable de ne pas penser ces diverses tendances en opposition ou en simple complémentarité, mais surtout en tension. Chaque approche est peninente, mais limitée. Seules des interactions fortes donnent une certaine dimensionà la formation.

L'autre hypothèse sous-jacente est de mettre en avant la capacité des acteurs àréformer de l'intérieur le système éducatif ou culture!. Devant la complexité des métiers de l'éducation et de la culture scientifique et technique, il devient difficile d'avancer des pratiques pédagogiques ou médiatiques "clef en main", encore moins des recettes. L'enseignant, le médiateur est le mieux à même de connaître son public et d'imaginer une stratégie propreàintroduire ce dernier dans un parcours vers le savoir. Ce dont ont besoin enseignants ou médiateurs, ce sont d'outils et de ressources. Ce sont sur ces plans spécifiques qu'une formation peut mettre l'accent.

Les outils serventàclarifier la situation éducative. Une grille de conceptions sur un contenu permet de mieux comprendre les questions, les façons de raisonner d'un groupe d'élèves ou les obstacles d'un type de public. La fabrication d'un conceptogramme aide un muséologueàpréciser son sujet; elle lui permet de hiérarchiser ses objectifs, d'envisager des liens entre eux ou de repérer les savoirs préalables, etc..

Des ressources facilitent la préparation de la classe ou de l'animation. Pour l'enseignant comme pour l'animateur, il est difficile de préparer ses interventions avec suffisamment de recul. Il ne peut être compétent en tout. Il ne peut pas toujours avoir accès à une littérature abondante ouà une documentation pertinente. Devant la multiplicité des tâches à accomplir, des documents pédagogiques peuvent suggérer des situations ou des aides didactiques attrayantes. Ces dernières peuvent même avoir été testées au préalable pour leur efficacité auprès d'un certain public. L'évaluation, autre outil possible, permet de repérer un certain nombre de ressources possibles.

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Dans la production d'outils et de ressources, la recherche didactique a un rôle importantà jouer. Certes, ce type de projets ne permet pas de faire de "belles" recherches universitaires, au sens où on les entend habituellement. Mais la recherche en didacùque des sciences peut trouverà ce niveau un nouveau souffle. Ce dernier lui évitera de s'enfermer, comme on le constate trop souvent aujourd'hui; il lui évitera de devenir une sorte "d'épistémologie de l'épistémologie" ! ...

S. DE LA CONFIANCE

Toutefois, ce dont ont le plus besoinà ce jour enseignants et médiateurs est la confiance: confiance en eux, confiance aux yeux des autres. Les formations d'enseignants sOnt souvent trop infantilisantes. Dans leur pratique quotidienne, autorités ou parents contrôlent en permanence leurs personnels, multipliant les contraintes dérisoires. Ces derniers, toujours suspectés, doivent agir dans des institutions qui maintiennent un climat peu propiceàl'innovation. De même, les médiateurs,à

l'exception de quelques rares conservateurs de musée, n'ont pas de reconnaissance sociale. Ils n'ont pas réussi à imposer un statut décent. Le journaliste scientifique est considéré comme un journaliste de seconde zone, son projet personnel est de -passer rapidementà la rubrique économique ou politique. Les muséologues ne "font pas le poids" devant les muséographes et les architectes. Tous ne sont pas valorisés aux yeux des chercheurs scientifiques ou des ingénieurs.

Tous, ensemble, nous avons donc à nous convaincre et à convaincre. ]1 faut mettre en lumière la professionnalisation de ces métiers, car seul un professionnel a quelque chance de réussite. Il faut surtout situer leur importance fondamentale dans une société en mutation.

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