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Environnement et exploration géographique de l'ex-Dahomey (Bénin) à la veille de la conquête coloniale.

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Submitted on 16 Aug 2006

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l’ex-Dahomey (Bénin) à la veille de la conquête

coloniale.

Dominique Juhé-Beaulaton

To cite this version:

Dominique Juhé-Beaulaton. Environnement et exploration géographique de l’ex-Dahomey (Bénin) à la veille de la conquête coloniale.. BRUNEAU et DORY. Géographie des colonisations, - XV°-XX° siècles., l’Harmattan, pp.289-314, 1994. �halshs-00089282�

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ENVIRONNEMENT ET EXPLORATION GÉOGRAPHIQUE DE L'EX-DAHOMEY (RÉP. DU BÉNIN)

À LA VEILLE DE LA CONQUETE COLONIALE.

Dominique JUHÉ-BEAULATON1

Publié dans BRUNEAU et DORY (ed.), Géographie des colonisations, - XV°-XX° siècles. Paris, l'Harmattan. 420 p. Actes du colloque Géographie, colonisation, décolonisation. XV°-XX° siècles. Talence, mars 1992 : 289-314.

Résumé

En 1892, à la veille de la conquête coloniale des territoires qui devinrent le "Dahomey", l'arrière-pays de la "Côte des Esclaves" demeure en grande partie inconnu. Les écrits des voyageurs et résidents européens depuis le XVII° siècle se limitaient à la zone côtière et à l'itinéraire suivi pour aller à Abomey, capitale du royaume du Dahomey. Le pouvoir politique imposait un contrôle des routes, interdisant aux Européens de se déplacer sans l'autorisation royale. Cette situation prévalut jusqu'à la conquête. Celle-ci fut précédée d'un certain nombre de missions d'exploration et d'information visant à la connaissance de la topographie de l'intérieur du pays, de sa végétation et des productions agricoles, de la nature des sols, de l'implantation humaine et des conditions climatiques dans l'objectif de choisir le meilleur itinéraire à suivre pour une colonne expéditionnaire.

Après une brève présentation des paysages végétaux actuels et un rappel historique des relations établies entre les états africains et les différentes nations européennes, nous essaierons de montrer l'évolution de la perception de l'environnement , plus particulièrement les paysages végétaux, en fonction des intérêts et des objectis recherchés par les Européens en nous appuyant sur leurs écrits et des documents cartographiques.

Summary

In 1892, just before the colonial conquest of the territories which became the "Dahomey", the hinterland of the "Slave Coast" stood mostly unknown. The travellers and european residents' written works were limited at the coast area and at the itinerary followed to go to Abomey, capital of Dahomey's kingdom. The political power imposed a roads' control, prohibiting the European to move without the royal authorization. This situation overcame until the conquest. This one was preceded by a number of exploration and information missions in the aim to know the hinterland topography, his vegetation, crops, sols, human settlements, and climatic conditions, the object of these operations was to choose the best itinerary for a military expedition..

After a rapid presentation of the actual vegetable landscapes and a review of the relations established beetween african states and the different european nations, we will try to show the evolution of the environment perception, more particularly vegetable landscapes, in connection with the interests and purposes researched by the Europeans. This study will lean on the european pieces of writing and cartographical documents.

Les études historiques sur la conquête coloniale de l'ex-Dahomey, aujourd'hui république du Bénin, sont nombreuses, je n'aborderai donc pas cet aspect de la question, mais je compte développer la phase des préparatifs aux campagnes militaires, car il me semble que les auteurs qui se sont intéressés à la colonisation se sont essentiellement concentrés sur les acteurs de celle-ci, en insistant davantage sur les origines, les raisons, les événements et les conséquences sur le plan politique, social et économique de la conquête coloniale. Les contraintes imposées par

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l'environnement ont par contre rarement été étudiées bien qu'elles aient été prises en compte par les forces en présence : les Dahoméens1, dans leur pratique de la "guerilla" ont montré leur connaissance du milieu dont ils ont su parfaitement tirer parti. Quant aux Français, opérant en terre inconnue, ils ont dû préparer leurs expéditions et relever des informations sur la topographie des lieux, la végétation, les ressources disponibles en vivres et en eau; Ce sont ces informations qui ont retenu mon attention, principalement celles concernant la couverture végétale.

Je dois préciser que mes recherches portent sur l'évolution des paysages végétaux de l'ancienne "Côte des esclaves" à l'époque précoloniale. Il s'agit des territoires du Sud Togo et du Sud Bénin, jusqu'à la latitude d'Abomey, ancienne capitale des rois du Dahomey. Les informations recueillies dans les sources historiques sur ce sujet amènent à se poser un certain nombre de questions : sur les auteurs et leurs conditions d'observation, les intérêts qui les ont conduits dans cette partie du monde, sur les informations elles-mêmes, le champ sémantique du vocabulaire employé.

C'est précisément l'évolution de celui-ci du XVII° siècle jusqu'à la conquête en 1892 qui m'a amenée à proposer une contribution à ce colloque. En effet, cette région de l'Afrique demeure en grande partie inconnue à la veille de la conquête coloniale, malgré une abondante bibliographie la concernant 1. Ceci est la conséquence de plusieurs facteurs : les Européens ne s'intéressèrent pas aux richesses naturelles de l'Afrique avant le XIX° siècle2 et ne cherchèrent donc pas particulièrement à connaître l'intérieur du continent. De plus , dans la zone qui nous intéresse dans cet article, le roi du Dahomey exerçait un contrôle sur le pays que les Européens ne pouvaient outrepasser.

Après une rapide introduction historique rappelant les phases du peuplement de cette zone, l'émergence des différents "royaumes" jusqu'à la domination des rois d'Abomey sur l'ensemble du sud Bénin et leur résistance à l'influence européenne et à la colonisation, nous présenterons le milieu physique et les grandes formations végétales. Cette présentation permettra de saisir l'évolution de la perception et des connaissances de l'environnement, évolution qui n'est pas sans rapport avec celle des relations établies entre Européens et Africains.

Les premières reconnaissances côtières de cette région du Golfe de Guinée remontent au XV° siècle, mais ce n'est qu'au XVII° siècle que les Européens commencèrent à s'y établir, lorsque la traite esclavagiste connut son essor. Bien que l'archéologie atteste l'existence d'un peuplement ancien, les populations qu'ils rencontrèrent ne s'étaient mises en place que vers le XV° siècle. Elles appartiennent à l'aire culturelle Aja-Tado, du nom de la ville de Tado située au Togo, centre de dispersion des Aja, divisés en différents groupes ethniques qui composent le peuplement du Sud Bénin3. Il s'agit notamment des Watchi, des Aïzo, des Xweda, des Fon, des Gun. Ces différents groupes présentent des affinités culturelles pouvant s'expliquer par leur origine commune située à Oyo, une cité yoruba du Nigéria. Les récits de migrations relatent les étapes de celles-ci et

1 J'utilise le terme de "Dahoméens" pour faciliter la compréhension; il s'agit en réalité

des Fon, population dominante de l'ancien royaume du Dahomey qui donna son nom au territoire de la colonie.

2 Exception faite notament des mines d'or de la Côte de l'or, dont l'accès était interdit aux

Européens; cependant, ce n'est v é r i t a b l e m e n t q u ' a v e c l ' i n t e r d i c t i o n d e l a t r a i t e esclavagiste que les pays européens commencèrent à envisager de développer un autre type de commerce, basé dans cette région sur l'huile de palme; commerce qui, précisons le , existait cependant auparavant. Certains Européens avaient pensé aussi à développer des "colonies agricoles" en Afrique au XVIII° siècle afin de mettre un terme à la traite ou selon les cas à la concurrence des autres nations européennes (ISERT, 1793; GOURG, 1789)

3 Voir la carte ethnique schématique du sud Bénin en annexe (n°1, extraite de

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l'émergence de royaumes 1: le royaume de Ouidah avec à sa tête un roi Xweda et le royaume d'Allada, berceau des dynasties gun de Porto Novo et fon d'Abomey, fondées vers 1600. L'arrivée des Européens et le développement de la traite esclavagiste entraîna des perturbations politiques; en effet les royaumes côtiers de Ouidah et d'Allada contrôlaient les relations commerciales, et c'est dans le but d'avoir des relations directes avec les négriers européens que le roi d'Abomey décida de conquérir le royaume d'Allada en 1724 et celui de Ouidah en 1727. A partir de cette date les rois d'Abomey contrôlèrent le commerce dans cette région. Ils avaient le monopole de la traite esclavagiste.

A partir des années 1840, les relations commerciales s'intensifièrent avec le roi d'Abomey, en relation avec l'interdiction de la traite esclavagiste; des ambassades se succédèrent auprès des rois Guézo (1818-1858) puis Glélé (1858-1889), pour les convaincre d'arrêter le commerce des esclaves et de développer celui de l'huile, de protéger et de faciliter l'action d'évangélisation des missionnaires chrétiens arrivés dans les années 1860. La deuxième moitié du XIX° siècle se caractérise par les visées impérialistes des différentes nations européennes présentes dans le golfe de Guinée qui aboutiront au protectorat anglais sur Lagos en 1851, à celui des Allemands au Togo en 1884. La fin du règne de Glélé et celui de son fils, Gbéhanzin, sont marqués par les revendications françaises sur Cotonou, le protectorat français de Porto Novo et Grand Popo. C'est dans ce contexte que se situent les premières missions de reconnaissance de l'intérieur du Dahomey qui précédèrent la campagne militaire de 1892. Elles eurent pour objectif de reconnaître les itinéraires, les accidents de terrains et la nature des sols ainsi que la végétation.

Les paysages végétaux que l'on peut voir aujourd'hui dans cette région sont variés et dépendent des conditions pédologiques et climatiques2. La topographie est relativement plate : des plateaux de faible altitude dominent, séparés par une dépression orientée Est-Ouest, la Lama ou Ko. Ces plateaux sont composés de "la terre de barre3"; ce sont des sols faiblement ferralitiques, argilo-sableux, réputés d'une grande fertilité, domaine privilégié de la palmeraie d' Elaeis guineensis 4. Un réseau hydrographique orienté Nord-Sud, bordé de galeries forestières, entaille plateaux et dépression; d'Est en Ouest, se rencontrent le fleuve Ouémé qui se jette dans la lagune de Porto Novo, la So qui débouche dans le lac Nokoué, le Couffo dans le lac Ahémé et le Mono dans la lagune de Grand Popo.

Le complexe littoral associe des cordons littoraux sableux anciens et récents isolant des lagunes qui communiquent entre elles. Ce sont les lagunes de Porto Novo, Ouidah, Grand Popo. Les lacs Nokoué et Ahémé sont d'anciennes rias colmatées, séparées de l'océan par des marais d'où émergent des buttes sableuses. Les sols qui caractérisent ces formations sont souvent hydromorphes, qu'ils soient riches en alluvions fluviatiles ou pauvres comme les sables des cordons littoraux, favorables au développement du cocotier ( Cocos nucifera ) . Les zones de bas-fond et les régions lagunaires sont souvent occupées par des forêts marécageuses à Mytragina et à Symphonia globulifera . Les raphiales sont également nombreuses, montrant l'état de dégradation des forêts marécageuses, de même que l'existence de prairies ou savanes marécageuses. Quelques lambeaux de mangrove sont localisés aujourd'hui seulement sur les rives de la lagune de Grand Popo, soumise

1 Par "royaume" il faut comprendre société à pouvoir politique centralisé et

hierarchisé reposant sur une base territoriale.

2 Voir en annexe la carte de localisation des villes et villages cités avec indications des

principaux paysages végétaux. (n°2)

3 Du portugais "barro" qui signifie argile.

4 Tous ces éléments ont été remarqués très tôt par les auteurs voyageurs des XVII° et

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aux flux et reflux de la marée1. La mangrove est précédée d'une vaste zone marécageuse occupée par une prairie à Paspalum destichum qui peut être observée dans la région de Ouidah.2

Il reste à noter la présence de savanes guinéennes, à faux karité ( Lophira lanceolata ) ou à rôniers ( Borassus aethiopium ) incluses non seulement sur les cordons littoraux anciens, mais aussi sur les terres argileuses.

Le plateau d'Allada prolonge le complexe littoral au Nord; il est occupé par le domaine de la forêt dense humide semi-décidue, aujourd'hui largement disparue, où se trouvent des champs cultivés au sein d'une mosaïque de jachères arbustives formant des fourrés impénétrables, où apparaissent quelques grands arbres comme le samba ( Triplochiton scleroxylon ) et le fromager ( Ceiba pentandra ) , des palmeraies sub-spontanées et selectionnées et des îlots forestiers reliques comme celui de Niaouli (forêt dense semi-decidue à faciès hygrophile).

La dépression de la Lama se caractérise par des sols imperméables constitués d'argiles noires gonflantes. Sa couverture végétale dominante est une forêt dense sèche à Dyospyros mespiliformis comprenant souvent des éléments de forêt dense humide comme l'iroko ( Chlorophora excelsa ), un colatier ( Cola cordifolia ) et le fromager ( Ceiba pentandra ); le sous bois est clair et aéré, les graminées de savanes y sont presque absentes. Cette dépression où la circulation est rendue difficile en saison des pluies isole le plateau d'Abomey situé au Nord de cette zone. La végétation qui recouvre celui-ci se compose d'une savane arborée fortement anthropisée à Daniella olivieri associée à Parkia clappertoniana et Adansonia digitata composant la strate arborée haute; Lophira lanceolata et Vitex doniana forment la strate arbustive, et le palmier à huile est constamment présent.

Comment se présentait cet environnement à la veille de la conquête coloniale? Quelles sont les sources d'informations pour cette étude? C'est ce que nous allons examiner maintenant, en partant d'un constat à la fin du XIX° siècle.

I BILAN DES CONNAISSANCES À LA VEILLE DE LA CONQUETE. (1890-1894)

Le Dahomey est, de tous les états qui se pressent le long du golfe de Bénin certainement le moins exploré. Entièrement fermé aux blancs, c'est un pays mystérieux. Les rares voyageurs qui ont pu y pénétrer : Norris, Duncan, le Lieutenant Vallon, Guilvin, le père Borghero, Stertelly, l'abbé Bouche etc ont dû suivre toujours le même itinéraire indiqué par le roi, qui ne manquait jamais de leur faire traverser des marais, de les faire passer par les chemins les plus mauvais et de les faire arrêter s'ils s'avisaient de prendre une autre route. (RIOLS, 1894, p 13)

Ce portrait, quoique "noirci" est assez réaliste. En effet, la circulation n'était pas libre sur le territoire du royaume du Dahomey. Un représentant du roi à Ouidah, le "yovogan"3, était chargé des relations avec les Blancs. Il leur "ouvrait les chemins" pour se rendre à la capitale du royaume, Abomey, où les Européens résidant à Ouidah au XVIII° siècle, étaient invités chaque année pour assister à la grande "fête des coutumes" en l'honneur des ancêtres défunts. Ce n'est qu'à cette

1 C'est une formation végétale édaphique, liée aux complexes lagunaires en relation

avec la mer. Trois espèces principales caractérisent cette formation : Avicennia africana, Rhizophora racemosa, connus sous le nom de palétuviers, A c r o s t i c h u m aureum, la fougère des mangroves.

2 MONDJANNAGNI (1969, p 107) précise que tout porte à croire que la mangrove à

palétuviers fut jadis très étendue et se trouve actuellement au stade ultime de sa régression : son emplacement est occupé par la formation herbeuse à P a s p a l u m v a g i n a t u m

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occasion que les Européens étaient autorisés à se rendre dans l'intérieur du pays, avant que soient établies des relations commerciales et diplomatiques suivies au XIX° siècle. Ils empruntaient toujours le même itinéraire, accompagnés d'une escorte et d'un récadère, messager du roi portant une canne ou "récade", emblème royal reconnaissable de tous. De plus, l'ensemble du pays se trouvait sous le contrôle de "douaniers" ("denugan" en Fon) établis dans certains villages. Certains auteurs nous donnent des informations sur ces postes :

FORBES (1851, p35) explique leur rôle dans le prélèvement des taxes effectué notamment sur l'huile et sur tout commerce étranger à celui du roi formant un de ses revenus. BURTON (1864) les appelle "custom-house" ou "denu", de leur nom Fon. BERTIN (1890) nous apprend que

"la lagune (de Godomey à Aô)est fréquemment obstruée par des barrages faits avec

des pieux (...); ces barrages ne présentent qu'une petite ouverture près de l'une des rives, cette ouverture est gardée par des gens du roi qui prélèvent des cadeaux sur les

pirogues qui passent et qui (lorsque sur l'ordre du roi les chemins sont fermés) s'opposent par la force au passage de quiconque n'est pas muni d'un laissez-passer.

Ce passage s'appelle Décimer. Demander un laissez-passer s'appelle "prendre les chemins"... Le laissez-passer a beaucoup plus de valeur lorsqu'il est accompagné du bâton du chef (yevogan)1 qui vous fait ouvrir les chemins. " (p 390)

Cet auteur confirme les précédents et complète les renseignements sur le rôle de ces postes pour le contrôle royal sur la circulation à l'intérieur de l'Etat. Tout le monde était astreint à ces contrôles où, de plus, comme l'indique BAYOL (1892) "Des gens du rois veillent à ce que

personne ne puisse s'enfuir, et tout sujet dahoméen en état de porter les armes est dirigé sur Abomey".

Ces postes avaient donc une triple fonction, à la fois économique et politique : prélèvement des taxes, contrôle des individus et levée de l'armée. Si les "chemins étaient fermés", la circulation était interdite. Certaines routes, comme celle d'Allada à Porto Novo2, semblent même avoir été interdites en permanence aux Européens. Ceux-ci ne pouvaient prendre aucune initiative de voyage dans l'intérieur sans l'autorisation du "yovogan". Il est certain que cette organisation centralisée d'une administration territoriale a limité la circulation des étrangers dans le royaume, et par conséquent leurs connaissances concernant son territoire.

BERTIN ajoute que "Le roi entoure sa capitale de mystère, et on ne peut y accéder que par

des chemins détournés, prescrits par les guides chargés de lui amener les visiteurs ou de les reconduire. Ceux-ci étant en hamac ne peuvent se rendre facilement compte de la direction suivie et des distances parcourues à cause des nombreux détours imposés aux porteurs". (p 397)

Cependant le roi ne faisait pas passer les Européens qui venaient lui rendre visite par les chemins les plus mauvais; au contraire, il semble qu'une étape ait été aménagée au centre de la dépression de la Lama afin de permettre aux voyageurs de se reposer; un toponyme, "Wondonou", apparaît sur les cartes du XIX° siècle qui n'était pas mentionné au siècle précédent, notamment sur celle de Norris3. Les informations orales que j'ai pu recueillir à Koto-Ayivedji précisent que Wondonou n'était pas un village mais une simple halte.

Dans son rapport sur les opérations du corps expéditionnaire du Dahomey en 1892 le Général DODDS (Dahomey V, dossier 6) fait le bilan suivant :

1 Il s'agit du "yovogan" littéralement "blanc.chef", chargé des relations avec les

E u r o p é e n s .

2 D'après la carte de BORGHERO, 1866.

3 NORRIS, 1790, fait une description détaillée de sa traversée de la Lama et il ne

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..."Le pays en effet était presque absolument inconnu, ainsi que ses ressources. Les

rares voyageurs qui l'avaient parcouru n'en avaient reconnu que de minimes parties; les renseignements donnés par eux étaient contradictoires ou insuffisants pour servir de base à des opérations militaires. Il fallait procéder sur place à une enquête et se faire par un service de renseignements bien organisé une idée approchée de la géographie du pays aussi bien que des forces militaires auxquelles on allait avoir à faire." (p 7.)

Cette région était-elle aussi inconnue que le laissent paraître ces écrits? Les voyageurs et résidents européens qui l'ont visitée depuis les premières navigations des Portugais au XV° siècle ont rédigé de nombreux récits de voyages et articles publiés dans les différentes revues apparues au cours du XIX°siècle. Ils ont décrit ce pays, et bien que leurs observations aient été limitées, de par les conditions imposées par le pouvoir royal, ils ont néanmoins apporté des informations. Il me semble qu'il faut placer ces écrits dans le contexte politique et social de l'époque. La littérature de voyage et l'exploration de terres inconnues, où l'Afrique occupait une place prépondérante, étaient à la mode. Dire qu'un pays est inconnu, c'est justifier son exploration, à des fins militaires et coloniales, sous couvert de mission civilisatrice. De nombreux ouvrages, dont celui de RIOLS, ont été publiés à la fin du XIX° siècle par des auteurs qui ne connaissaient pas le pays et qui portaient des jugements négatifs sur les habitants à seule fin d'alimenter la propagande coloniale.

II PERCEPTION DE L'ENVIRONNEMENT DE 1671 À 1880.

Quels étaient les voyageurs cités par DODDS, et quelles informations nous ont-ils transmises? Comment était perçu cet environnement par les Européens ayant visité cette région avant la conquête?

A ASPECT METHODOLOGIQUE.

Devant le nombre de sources écrites anciennes consultées, il m'a paru opportun de faire une analyse lexicale du vocabulaire employé par les auteurs. Celle-ci met en valeur l'évolution de la perception du mileu végétal du Sud Bénin observé par les Européens à l'époque précoloniale. Cette analyse a porté sur un corpus de sources réunissant des récits de voyageurs1 publiés, des mémoires de résidents français restés inédits, des articles relatant des séjours au Dahomey parus dans les différentes revues créées au XIX°siècle, des rapports de missions d'exploration rédigés par des militaires avant la conquête coloniale2.

Les informations obtenues sur les descriptions de paysage m'ont amenée à définir des régions 3 symbolisées par une lettre :

(O) : Informations sur Ouidah et Savi. (30% des citations).

(G) : Godomey, Abomey-Calavi, Nokoué, Jacquin et Cotonou (6,5%). (P) : Porto Novo et Adjara. (6%)

(A) : Tori, Azohwee, Allada. (11,5%). (H) : Attogon, Hinvi, Ouagbo. (4%). (L) : Lama. (12%).

1 Exceptions faites de DAPPER et LABAT qui n'étaient que des compilateurs. Ils ont été

pris en considération pour cette étude car ils ont porté à la connaissance du public des récits inédits.

2 Les dates des voyages, quand elles sont connues, ont été prises en compte, mais c'est la

date de publication qui a été retenue pour les ouvrages publiés afin de considérer les éventuelles influences sur les écrits postérieurs, un récit pouvant être publié de nombreuses années après le séjour de l'auteur en Afrique.

3 Voir en annexe les histogrammes montrant la répartition temporelle et géographique

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(C) : Aïvedji, Agrime, Cana, Abomey. (11,5%). (D) : informations générales non localisées. (13%).

Le peu d'informations sur certaines régions, comme Porto Novo ne signifie pas que nous ne disposons pas de sources, mais est à mettre en relation avec le sujet traité : les paysages. On constate que les sources deviennent plus nombreuses dans la deuxième moitié du XIX° siècle1 : ceci est à mettre en relation avec d'une part la présence des Missionnaires chrétiens sur la côte des Esclaves à partir des années 1860, et d'autre part, les rapports de missions de reconnaissance et ambassades auprès du roi d'Abomey effectués par des militaires dans les années 1880-90. Cependant, bien que la région de Ouidah ait été particulièrement bien décrite tout au long de la période considérée, et cela assez régulièrement dans le temps, les autres régions ne sont pas totalement méconnues : La Lama de par la nature de son substrat a été décrite dès les premiers voyages à Abomey (et regroupe 12% des citations comme la région d'Abomey). Seule la région de Ouagbo-Hinvi n'apparaît dans les textes qu'après 1850, période où les séjours à Abomey s'intensifient.

La domination des mentions relatives à la région de Ouidah peut s'expliquer aisément : les Européens résidaient à Ouidah et ne faisaient que rarement des voyages à Abomey; ils suivaient pour s'y rendre toujours le même itinéraire : Tori, Allada, Ouagbo, traversée de la Lama et arrivée sur le plateau d'Abomey; ils ont été frappés par la diversité des paysages et ont défini des régions qui, comme la Lama et le plateau d'Abomey s'opposent par leurs sols et par leur végétation.

Pour effectuer cette analyse, j'ai retenu une liste de noms que je qualifie de "déterminants"2. Certains déterminants, comme prairies, herbes, champs, forêt, pourraient être analysés isolément; mais d'autres, comme "pays" doivent obligatoirement être juxtaposés à leur "complément" qui leur donne un sens. Seule l'association de termes est significative. Ceci est d'ailleurs valable pour tous les déterminants qui peuvent ainsi se subdiviser en plusieurs catégories (ex : arbres rares, ou arbres nombreux). J'ai donc ensuite essayé d'opérer des regroupements des compléments par association d'idée :

"respectés, fétiche, divinité.

dispersé, isolé, très peu, de distance en distance. admirable, agréable, beau, charmant.

ininterrompue, continue, immense. impénétrable, épais, vierge, inextricable".

Cette grille d'analyse ainsi définie permet de mettre en valeur des associations de termes. montrant différents types de paysages végétaux n'apparaissant pas tous à la même époque.

B L'APPORT DES DESCRIPTIONS 3 A LA CONNAISSANCE DES PAYSAGES.

Les descriptions du XVII° siècle sont rares et datent de la fin du siècle : ELBÉE voyage à Allada, de nuit, mauvaises conditions imposées par le roi d'Allada pour éviter que ce voyageur ne

1 La moitié des auteurs étudiés ont publié ou écrit après 1850. Voir en annexe les

histogrammes montrant la répartition géographique et temporelle des citations.

2 Voir ce tableau en Annexe; pour une étude temporelle, j'ai réparti les informations

sur plusieurs tableaux se superposant : répartition géographique des descriptions de paysages de 1671 à 1851, de 1671 à 1895, de 1851 à 1895.

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fasse des observations sur le pays1. Il n'a fait de commentaire que sur la topographie plate et la densité du peuplement, estimée relativement forte. La première citation de "bois" date de 1708 d'un auteur anonyme : il s'agit de "bois épais" sur un "terrain fangeux et gras" localisés dans la Lama. La deuxième citation de "bois", du même auteur, cette fois ci précédée de "peu" caractérise la région de Ouidah. Des MARCHAIS, en 1724, indique "très peu de bois" pour la même zone. La première citation de "forêt" est le fait de NORRIS en 179O (voyage en 1772); c'est une "forêt grande, redoutable, peuplée de bêtes féroces, dangereuse", citation également localisée dans la Lama. Les autres citations retenues sur l'environnement font état de "prairies, campagnes, champs, plaines, pâturages" auxquels sont associés les mots suivants : "beaucoup, agréable, cultivé, bois de distance en distance, quelques bouquets d'arbres", les mots "pays, paysages, terre" s'accompagnent de "ouvert, plat, gracieux, charmant, beau, agréable, verdure, fertile, cultivé, peuplé, petits bouquets d'arbres, arbres dispersés".

Toutes ces descriptions, que l'on peut qualifier d'élogieuses, rédigées par des auteurs du XVIII° siècle concernent essentiellement la région de Ouidah; seuls le voyageur anonyme de 1708 et NORRIS décrivent les régions observées entre Ouidah et Abomey, mais ils ne parlent de "bois

épais ou de forêt" que pour la Lama, dont la traversée est pénible. La région d'Abomey (entre Cana

et Abomey) n'est que "prairies, terres cultivées, peu couverte d'arbres", ce que les auteurs du XIX° siècle ne démentiront pas. Certains auteurs, comme SNELGRAVE (1751) et un résident anonyme (1778) ont généralisé leurs observations de la région côtière, aux environs de Ouidah ou de Jacquin, à l'ensemble du royaume du Dahomey, ceci après la conquête de 1727, dont SNELGRAVE était un contemporain.

Une troisième catégorie de citations décrit le complexe lagunaire : "marais à eaux stagnantes" de la région de Jacquin, Grand Popo, Ouidah. Le mot "lagune" apparaît en 1776 (BULLET). Les auteurs du XVIII° siècle ne se sont pas attardés sur la description du réseau lagunaire2, ils se sont essentiellement intéressés aux terres cultivées, aux prairies où les arbres forment des bouquets ou sont "considérés comme des divinités". Les informations d'ailleurs se répartissent en deux grands groupes : pays, campagne, plaine et champs, suivis de qualificatifs, auquels s'associent des formations arborées telles que bois ou arbres, souvent "sacrés". Tous les auteurs sans exception font état d'un pays riche, fertile, peuplé, où les palmiers sont un élément dominant de la strate arborée.

Les descriptions de formations boisées, forestières sont rares : le texte de NORRIS est d'ailleurs le seul a en faire une description détaillée, encore s'agit-il de la formation végétale couvrant la dépression de la Lama, seule région qui s'individualise fortement. Pour lui, et c'est important de le noter, la "grande forêt" commence à Ekpé et se termine à Agrimé3.

Au XIX° siècle, les descriptions se diversifient, les visites à Abomey se multiplient, surtout à partir des années 1840. L'environnement autour de Porto Novo commence à être décrit : l'élément "boisé" est dominant. Pour la région de Ouidah, le terme "savannah" apparaît en 1823 (ADAMS) complété par "herbes hautes" et "bois épais par endroits". La "forêt aux éclaircies rares" caractérise la région d'Allada où elle entoure les villages. Quant à la région de la Lama, de forêt elle devient "marais, dangereux, profond et impassable" (BRUE, 1845; FORBES, 1851). Le terme "brousse" apparaît pour la première fois en 1862, toujours pour décrire la végétation de la Lama.

Jusqu'à la fin des années 1870, les termes descriptifs demeurent inchangés : les missionnaires chrétiens montrent d'ailleurs un grand lyrisme : La "campagne" s'accompagne des qualificatifs "admirable, ravissant, riant, embaumé, animé, cultivé" à laquelle s'associent les compléments "arbres" au feuillage "délicieux, gracieux, superbe", "bois" à la fois "charmant, pittoresque, fétiche"; le "pays" est soit "boisé" (Allada, Hinvi), soit "cultivé" ou ayant l'apparence

1 Ce qui va dans le sens de RIOLS. Les relations ont cependant beaucoup évolué entre le

XVII° siècle et la fin du XIX° siècle.

2 Ou bien ils ont pris les lagunes pour des rivières, comme le Chevalier des MARCHAIS. 3 Voir sa carte en annexe.

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d'un "parc", laissant supposer que l'élément arboré n'est pas dominant ou bien qu'il est représenté par une espèce particulière, en l'occurence le palmier à huile.

B L'APPORT DE LA CARTOGRAPHIE.

Accompagnant certains récits de voyage, des cartes apportent des renseignements complémentaires, notamment pour la localisation des établissements humains et des formations ou espèces végétales. Les premières cartes de NORRIS (1790)1 et d'un auteur anonyme (XVIII° siècle) sont essentiellement des itinéraires, de la côte à Abomey. Celle de NORRIS est particulièrement intéressante car elle situe la "grande forêt" à l'emplacement de la dépression de la Lama. L'auteur anonyme lui, la qualifie de "marais que les nègres appellent bois". Cette zone au XVIII° siècle est considérée par les voyageurs qui l'ont traversée comme difficile et pénible à parcourir; ils l'ont remarquée par la nature de ses sols et la densité de sa végétation qui l'opposent aux .autres régions. Même si celles-ci étaient couvertes de forêt, comme devait l'être la région d'Allada, la végétation n'était alors pas vue comme un obstacle à la pénétration. Les intérêts de l'époque étaient exclusivement commerciaux.

Le document suivant que j'ai retenu est la carte de BORGHERO2 publiée dans le bulletin de la Société de Géographie de Paris3 en 1866 et accompagnée d'une "lettre" au président de la commission centrale de cette Société dans laquelle il distingue ses sources d'informations (dont BURTON) de ses propres observations, celles-ci concernant essentiellement la route de Ouidah à Abomey. BORGHERO précise que "les routes tracées , tant sur ma carte que sur toute autre de

cette contrée, indiquent les routes non pas topographiquement, mais elles veulent seulement indiquer qu'entre les points réunis par le trait, il existe des communications." Il critique

l'évaluation des distances de ces prédecesseurs4. Sa carte comporte cinq catégories d'informations : - les voies de communication, dont celles interdites aux Européens;

- le peuplement, en établissant une hiérarchie des villes aux villages et en indiquant les limites supposées entre les États.

- le réseau hydrographique qui demeure en grande parti inconnu.

- la végétation, car elle mentionne également l'existence de zones boisées ou cultivées. La dépression de la Lama est vue comme un marais boisé. Le dessin semble symboliser une zone forestière autour d'Allada. Le mot "forêt" inscrit le long du trait reliant Allada à Henvi laisse

1 la carte de Norris ne cite pas certains villages pourtant traversés pour se rendre à

Abomey, comme Attogon ou Hinvi; ces villages n'avaient peut-être pas encore été fondés à son époque (1770); la tradition de fondation que j'ai pu recueillir à A t t o g o n relate une fondation sur l'initiative du roi d'Abomey; il est difficile en l'état actuel de nos connaissances de dater cette fondation; si celle-ci est en effet postérieure au XVIII° siècle, cela pourrait expliquer le silence des sources sur ce village.

2 La Carte de la Côte des Esclaves, dressée par F. BORGHERO, missionnaire, d'après ses

reconnaissances et les documents les plus récents, 1865.

3 La Société de Géographie de Paris, fondée en 1821 a certainement joué un rôle dans le

mouvement colonial qui s'est développé en France dans les années 1860-1870, bien que ses ojectifs étaient essentiellement scientifiques. Ses dirigeants ont privilégié l'information sur les voyages et les découvertes. La société de Géographie avait pour objectif de "faire entreprendre des voyages dans les contrées inconnues". (Voir FERRIO, 1983).

4 L'article du capitaine BERTIN s'inscrit dans le même sens : "l'emplacement d'Abomey

n'est pas exactement connu et l'on exagère généralement la distance à laquelle il se trouve au nord de Wydah. On a la certitude que les messages directs et rapides du roi font le trajet en 11 heures, ce qui représenterait 70 à 80 km. "(p 397)

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supposer que la couverture végétale est continue. Au nord de Henvi des "Bombax gigantesques" sont signalés. La région de Ouidah et celle d'Abomey se caractérisent par la présence de "belles cultures".

- la topographie du pays, car elle comprend un profil topographique, dressé sur les indications de BURTON; à notre connaissance, il s'agit du premier, avec quelques cotes d'altitude qui comportent des erreurs : en effet, la dénivellation marquée pour la dépression de la Lama est beaucoup trop accentuée au contact du plateau d'Abomey, au Nord. Abomey (Agbomé) n'est pas à une altitude de 326 m, il n'y a pas 240 m de dénivellé entre Cana et Abomey, distantes d'une dizaine de kilomètress; une erreur a été commise soit dans le relevé, soit par le dessinateur qui ne connaissait pas le terrain1. La carte de BORGHERO s'inscrit déjà dans un contexte politique et économique différent, où la connaissance géographique des territoires inexplorés commencent à devenir importante et représente un des objectifs de la Société de géographie de Paris.

III LE TOURNANT DES ANNEES 1880.

Au cours des années 1880, on observe un changement de ton : le tableau montrant la répartition géographique et temporelle des descriptions fait nettement apparaître un groupe qui jusque là était resté marginal : celui des bois et forêts. La "forêt" devient "immense, vierge, continue, impénétrable, inextricable". Elle commence au nord de Savi2 et se poursuit jusqu'à la Lama, qui est un "marais redouté, mouvant, d'accès difficile". Ce n'est que sur le plateau d'Abomey que les "arbres " sont à nouveau "dispersés, isolés, rabougris" au milieu d'une "brousse très épaisse peu élevée".

Comment expliquer ce changement et qui en sont les auteurs? Il s'agit essentiellement des rapports de mission des membres de l'expédition BAYOL à Abomey en 1889 et des articles parus dans différentes revues qui ont servi de support à la propagande coloniale.

A LES MISSIONS ET LA PRÉPARATION DE LA CONQUETE.

A la veille de la campagne militaire, les principaux acteurs de celle-ci estiment que l'état des connaissances sur le pays3 à conquérir est insuffisant, comme nous l'avons vu dans la première partie, et il est donc nécessaire de préparer les opérations par une "reconnaissance" du terrain.

Voici les instructions données par BAYOL, Gouverneur des rivières du sud du Sénégal à M. ANGOT désigné pour une reconnaissance du territoire inexploré du royaume de Porto Novo. Il doit étudier les routes de Porto Novo à l'Ouémé dans le voisinage de la frontière du royaume de Glélé, noter la nature du terrain, les villages qui ont une position stratégique, les populations, les ressources en vivres, bestiaux, cultures, les cours d'eau traversés et les marais, dans l'objectif de savoir s'il y a possibilité ou non pour une colonne expéditionnaire de se rendre directement et dans de bonnes conditions à la frontière dahoméenne. Il doit également prendre de nombreuses notes sur la richesse du pays en palmiers à huile, arbres pouvant être employés en ébenisterie; il doit demander s'il existe la liane qui donne le caoutchouc et des gommiers; la nature du sol est

1 Le fonds de la Société de Géographie qui se trouve à la Bibliothèque Nationale de Paris

ne semble pas avoir conservé de manuscrit du père BORGHERO, nous ne pouvons donc pas savoir qui a commis l'erreur.

2 AMBRIERES (1891). Voir également la carte de la mission au Dahomey établie par

ANGOT en 1889.

3 La connaissance des forces armées dahoméennes était importante à connaître : de

nombreux ouvrages les décrivent; je ne pense pas exagérer en disant que l'armée des rois d'Abomey était l'institution la mieux connue de toutes les institutions politiques de l'ancien royaume, essentiellement à cause de son corps d'amazones, connu des Européens dès le XVIII° siècle..

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importante à connaître, et il doit rapporter quelques échantillons des roches rencontrées... BAYOL termine sa lettre en précisant : "Si l'on vous interroge, vous direz que vous étudiez le pays pour

savoir si l'on ne pourrait pas introduire la culture du tabac qui serait une nouvelle source de richesse pour les habitants. " (23/10/1889) Dahomey III, dossier 1.

Les instructions de BAYOL s'inscrivent donc dans un double contexte, à la fois la préparation des expéditions militaires et déjà l'inventaire des ressources exploitables de la future colonie, le palmier à huile, le caoutchouc et les gommes représentant trois secteurs du développement économique et industriel de l'Europe au XIX° siècle. La route d'Allada à Porto Novo était alors totalement inconnue des Européens, bien que NORRIS et BORGHERO indiquaient son existence sur leur carte, ce dernier précisant que les Européens n'avaient pas le droit de l'emprunter.

A la fin de l'année 1889, BAYOL est chargé d'une mission à Abomey ( Nov-dec 1889). Il avait pour objectif d'essayer de régler pacifiquement la question de Cotonou, à savoir le respect du traité de1878 qui autorisaient les Français à prendre possession de Cotonou et à y établir une douane. Bien que le but de cette mission fut diplomatique et politique, BAYOL rédigea un "rapport de route"1 et ANGOT, membre de la mission, établit un croquis de l'itinéraire suivi2. Celui-ci comporte de nombreuses indications sur la végétation, qui se révèle être, au travers des documents cartographiques, des journaux de marche et rapports de route, un élément fondamental dans la perception du pays noté par les Européens. Ainsi tout au long du parcours sont mentionnés les paysages, soit par la formation végétale dominante, comme la "grande forêt", dont les limites reculent vers le sud par rapport aux cartes du XVIII° siècle, ou les "hautes herbes" du plateau d'Abomey, soit par la nature des substrats, comme les "marais"3. Des noms d'arbres et de cultures sont cités : palmiers, fromagers, gommiers dans la forêt, rôniers, manioc aux environs de Cotonou, patate, manioc, haricot, mil sur le plateau d'Abomey. Ces informations sur la végétation et les ressources agricoles sont importantes à deux points de vue, comme nous l'avons déjà constaté : à court terme pour la campagne militaire, la végétation présentant un obstacle favorisant la tactique de la "guerilla" adoptée par l'ennemi, et les produits agricoles des ressources disponibles; à moyen terme, le pays se présente favorablement pour une "mise en valeur" agricole. BAYOL lui-même a dréssé une carte de l'itinéraire4 suivi par la mission qui est un véritable "transect" de la végétation observée sur le parcours : beaucoup plus détaillée que le croquis d'ANGOT, elle fait apparaître des aires de cultures entourant chaque village perdues au cœur d'une végétation dense, forestière, où les palmiers sont néanmoins distingués. BAYOL définit des régions caractérisées par une espèce ou une formation végétale dominante : de la côte à Allada s'étend "la région des palmiers" où l'on rencontre des lianes à caoutchouc (probablement des Landolphia ) et des rôniers ( Borassus aethiopium ), lui succède "la région des grands arbres" parmi lesquels se trouvent des fromagers ( Ceiba pentandra ), des rocos (Probablement l'iroko ou Chlorophora excelsa ), des ficus, des acacias et des caoutchoucs, jusqu'à la Lama qui est un marais; au nord de la Lama, le plateau d'Abomey est une "région cultivée" : maïs, manioc, gros et petit mil, patates douces et "haricots variés" auxquels se mêlent des hautes herbes.

Un autre document apporte des informations intéressantes sur la préparation de la campagne militaire; suite à l'affaire de Cotonou, des agents des factoreries de Ouidah furent enlevés par les Dahoméens; leur captivité dura trois mois. Après le retour des otages, certains d'entre eux rédigèrent des articles publiés dans différentes revues; celui de PIETRI nous intéresse particulièrement car il comprend un croquis de l'itinéraire5 suivi par les otages montrant un "transect" de la végétation observée sur le parcours; de plus, ce croquis a été dressé par le Lieutenant E. H. d'A... sur les indications de PIETRI. Ceci indique que les militaires cherchèrent à

1 DIII dossier 1, ANSOM. 2 Carte AF 119, ANSOM. (n°5) 3 la Lama n'est plus qu'un marais. 4 Carte AF 119, ANSOM.

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obtenir des prisonniers des informations sur le pays et que la végétation était considérée comme un élément fondamental, directement perceptible des observateurs étrangers.

Après ces événements et toujours pour régler le litige concernant Cotonou, une deuxième mission (9 fév-25 mars 1891) fut envoyée à Abomey conduite par AUDEOUD et chargée d'apporter des présents au roi Gbéhanzin de la part du Président de la République, Sadi Carnot. Sous cette "couverture diplomatique", la mission avait en fait pour objectif de recueillir des renseignements sur le pays. Tous les membres étaient des militaires qui dès leur retour rédigèrent des rapports ou des journaux1 préparant la campagne militaire de 1892. Tous notèrent des informations sur la végétation : voici le rapport de CHASLES :

De Cotonou à Whydah, le pays est plat, sablonneux, sans végétation, si ce n'est autour des villages et coupé de distance en distance par quelques bouquets d'arbres rabougris...A partir de Whydah le pays change d'aspect, la terre remplace le sable, la végétation est plus abondante, les arbres plus fournis et un peu au-delà de Savi, on entre dans une épaisse forêt pour ne la quitter qu'à Ekpé après 40 kilomètres... La guerre dans ce pays de forêt semble presque impossible, contre un ennemi sur ses gardes et déterminé; il faudrait une colonne très forte pour résister aux nombreuses embuscades que tendrait sans cesse un ennemi invisible et imprenable.(...)En temps de guerre, et même à la belle saison le Lama constitue un obstacle sérieux à la marche en avant d'une colonne, qui ne manquerait pas d'être harcelée de tous côtés. Des approvisionnements en vivres et munitions, et canons ne passeraient qu'au prix de grands efforts et de nombreuses fatigues... En sortant du Lama.(...), l'aspect change complètement, la grande végétation disparaît peu à peu entre Avidji et Kana, complètement depuis Kana, et l'on trouve alors un grand plateau couvert de hautes herbes et garni seulement de loin en loin par quelques bouquets d'arbres sans importance.(...) on trouve un terrain très uni, parfaitement découvert et propice à la guerre européenne.(...) En résumé, il n'y a que la route (ou partie) comprise entre Whydah et Avidji qui présente des difficultés sérieuses, c'est à dire la traversée de la forêt et le passage de la Lama. Une fois parvenue à Kana, une troupe européenne peut être sûre de son succès.

Tout au long de son parcours CHASLES a noté les possibilités de résistance des villes et villages, les sources d'approvisionnement en eau et produits alimentaires;

B RÉSULTATS ET CONCLUSIONS DES MISSIONS.

Le rapport de CHASLES2 de 1891 précise que les routes de Cotonou à Abomey par Ouidah sont à "éviter d'une façon absolue en cas d'expédition, car elles sont en partie couverte de bois et

de forêts épaisses dans lesquelles des embuscades seraient très faciles à cacher sans que l'on puisse rien contre elles. Elles sont coupées de marais, de cours d'eau difficiles à traverser, à la sortie desquels une troupe peu nombreuse pourrait très facilement arrêter une colonne en marche. Le marais de Lama, non loin d'Abomey est particulièrement difficile. Bref, une expédition, surtout à pied, de Kotonou ou Wydah courrait à sa perte si l'ennemi se trouvait dans les environs." Il

préconise la route de l'Ouémé3. Le capitaine BERTIN 4 écrivait d'ailleurs ceci en 1890 :

1 Rapport topographique du sous-lieutenant CHASLES (AN Porto Novo), Journal de

marche rédigé par le capitaine d'artillerie de marine DECŒUR d'après les ordres du chef de la mission. (DIII d2 ANSOM), Rapport de l'aspirant de 1ère classe GOIN D'AMBRIERES sur le voyage de la mission française à Abomey adressé au Contre-Amiral de C u v e r v i l l e . (développe un plan d'attaque pour la conquête du Dahomey.(DIII d2 ANSOM)

2 Archives Nationales, Porto Novo, Bénin.

3 L'Ouémé, décrit dans les récits de DUNCAN (1847) et SKERTCHLY (1874), a fait l'objet

d'une exploration par BALLOT, résident de France à Porto Novo, en novembre 1888.

4 BERTIN (1890) p 397. AMBRIERES, dans son rapport de 1891, préconise également la

(14)

"il existe une autre voie plus praticable (que de passer par la Lama)et qui consiste à

remonter le Ouémé jusqu'à la hauteur d'Abomey. A cet endroit les terres sont plus élevées et il est possible d'atteindre la capitale en six ou huit heures."

C'est cette route qui sera choisie par DODDS en septembre 1892, et les conditions climatiques qui ont également été étudiées avec soin ont déterminé le moment le plus favorable à une campagne militaire (voir Dahomey V, dossier 2, ANSOM) : c'est la petite saison sèche d'août-septembre qui semble la meilleure; pendant la grande saison sèche, le fleuve Ouémé n'est pas navigable, et au cours des mois de juillet et octobre, les eaux sont trop hautes et le courant trop rapide. L'expédition militaire débuta en septembre 1892. Le choix de l'itinéraire et de la saison a été déterminé par les observations préliminaires faites au cours des missions de reconnaissance.

Cette étude a permis de montrer l'importance et le rôle de la végétation au cours des expéditions militaires. Tous les documents présentés, que ce soient des cartes ou des rapports, apportent des informations sur l'environnement végétal dont la connaissance était indispensable pour le succès des opérations militaires envisagées. Ceci a conduit les acteurs de la conquête coloniale à opérer leur propre reconnaissance du pays et de son environnement, car les écrits antérieurs ne présentaient pas la même perception, comme l'a démontrée l'analyse lexicologique; ce qui m'a amenée à dire que cette perception du milieu dépendait des intérêts politiques et/ou économiques; en effet les commerçants ou les missionnaires qui avaient intérêt à développer les échanges ou attirer de nouvelles vocations dans cette région de l'Afrique ont dressé un tableau positif de l'environnement afin de rendre attrayante et attirante cette partie du monde; La végétation luxuriante ne présente pas alors d'obstacle sérieux à la pénétration. Seule la dépression de la Lama est perçue comme difficile à traverser. Les militaires, quant à eux ont estimé nécessaire de faire des reconnaissances de terrain avant de se lancer dans la conquête militaire; L'environnement végétal est alors perçu comme un obstacle et un danger, et tous les auteurs de rapports s'accordèrent pour conseiller la voie fluviale de l'Ouémé, qui fut effectivement retenue. A l'opposé de leurs prédecesseurs, les militaires et les partisans de la conquête coloniale se devaient de noircir le tableau pour justifier l'exploration accompagnant la mission civilisatrice qui suivit immédiatement la conquête coloniale; la forêt vierge, par conséquent inexploitée représentait un obstacle aux expéditions militaires et un terrain riche en potentialités économiques futures. De plus, un environnement présenté comme un terrain difficile, favorable à la guerilla, permet de justifier des demandes de crédits supplémentaires permettant d'accroître les effectifs et de compléter le matériel logistique.

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Carte des environs de Juda et de Porto Novo.

sans date, Anonyme. XVIII° siècle. Archives Nationales, Fonds Colonies, C6/27/1, pièce 132.

DOCUMENTS PRÉSENTÉS EN ANNEXE :

Carte ethnique schématique du Sud Bénin, extraite de MONJANNAGNI, 1969, p50. (n°1)

Carte de localisation des villes et villages cités avec indication des principaux paysages végétaux. (n°2) (Légende tirée de Mondjannagni, 1969)

Histogrammes : répartition géographique et temporelle des citations. Tableaux I à III : Répartition géographique des descritions de paysages de

1671 à 1851, 1671 à 1895, 1851 à 1895.

Carte de la Côte des Esclaves, NORRIS, 1790. (n°3) Carte de la Côte des Esclaves, BORGHERO, 1866. (n°4) Carte AF119 (21/11-28/12/1889)

Mission au Dahomey. Itinéraire suivi par Mr Bayol de Kotonou à Abomey. Croquis établi par Mr Angot. échelle : 1/200000. (n°5)

(17)

Croquis de l'itinéraire des captifs, de Ouidah à Abomey dressé par le Lieutenant E.H. d'A. sur les indications de PIETRI, 1890. (n°6)

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