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À la conquête de mon ennemie

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Monica McCarty

Après avoir étudié le droit à Stanford et exercé le mé- tier de juriste, elle s’est tournée vers l’écriture. Passionnée depuis toujours par l’Écosse médiévale, elle se consacre au genre des Highlanders avec des séries à succès comme Les MacLeods, Le clan Campbell ou Les chevaliers des Highlands.

Elle est aujourd’hui une auteure incontournable de la romance historique.

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À la conquête

de mon ennemie

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LES MACLEODS 1 – La loi du Highlander

N° 9332 2 – Le secret du Highlander

N° 9394 3 – La fierté du Highlander

N° 9535 LE CLAN CAMPBELL 1 – À la conquête de mon ennemie

N° 9896 2 – Le proscrit

N° 10032 3 – Trahi N° 10084

LES CHEVALIERS DES HIGHLANDS 1 – Le Chef

N° 10247 2 – Le Faucon

N° 10413 3 – La Vigie

N° 10511 4 – La Vipère

N° 10609 5 – Le Saint

N° 10696 6-La Recrue

N° 10785 7- Le Chasseur

N° 10906 8 – Le Brigand

N° 10996 9 – La Flèche

N° 11146 10 – Le Frappeur

N° 11487 11 – Le Roc

N° 11564 12 – Le Spectre

N° 11588 Du même auteur aux Éditions J’ai lu

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monica

McCARTY

l e c l a n c a m p b e l l

– 1

À la conquête de mon ennemie

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Astrid Mougins

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Titre original HIGHLAND WARRIOR

Éditeur original

The Random House Publishing Group, a division of Random House, Inc., New York.

© Monica McCarty, 2009

Pour la traduction française

© Éditions J’ai lu, 2011

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À Dave, mon grand gaillard rien qu’à moi.

Hum… je me demande de quoi tu aurais l’air en kilt ?

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Remerciements

Entre le moment où j’ai l’idée d’un roman et le jour où je remets les dernières épreuves, de nombreuses per- sonnes interviennent pour m’aider et me conseiller.

J’aimerais remercier tout particulièrement mon édi- trice Kate Collins dont le retour chez Ballatine Books a coïncidé avec la date de remise de mon manuscrit et qui, en dépit de sa maison inondée, est parvenue à le lire en un temps record. Rien de tel qu’un redémarrage sur les chapeaux de roues, n’est-ce pas, Kate ? Un grand merci également à Charlotte pour son aide au début de ce projet et à Kelli Fellingim pour avoir mis de l’huile dans les rouages. Comme d’habitude, je remercie mes agents Kelly Harms et Andrea Cirillo ; Nyree et Jami, les divas de Fog City ; l’équipe de production de Ballantine ; l’équipe de concepteurs de sites Web d Wax Creative… vous êtes les meilleurs !

Je remercie mon beau-frère Sean pour avoir répondu à mes questions médicales. J’espère que je n’ai pas commis d’erreurs. S’il y en a, elles sont entièrement de mon fait. Qui aurait cru quand ma sœur s’est mariée que j’y gagnerais non seulement un frère mais un méde- cin s’intéressant aux blessures de guerre historiques ? Je devrais jouer au loto plus souvent.

Merci à Tracy Anne Warren et à Allison Brennan, deux auteurs qui sont « passées par là » et m’ont aidée à m’y retrouver en écrivantdeuxtrilogies d’affilée.

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Enfin, merci à mes enfants, Reid et Maxine. Vous n’êtes pas encore assez grands pour lire ces livres mais, un jour, j’espère que vous me pardonnerez de vous avoir nourris de plats réchauffés (surtout les fameuses

« pâtes de maman »). Sachez que vous avez aidé maman à faire quelque chose qu’elle aime.

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Une loi n’est pas la justice Proverbe écossais

Château d’Ascog, île de Bute, Écosse, juin 1608

Caitrina Lamont examina son reflet dans le miroir pendant que la servante fixait la fraise en dentelle der- rière sa nuque. Les pointes délicates, rehaussées de minuscules pierreries, encadraient son visage comme un nimbe scintillant. Elle réprima un sourire espiègle, ne se faisant aucune illusion. Ses frères ne manquaient pas une occasion de lui signaler qu’avec son air effronté et ses idées trop arrêtées, elle était tout sauf angélique.

Ils la taquinaient en répétant que les hommes n’épou- saient que des filles dociles et sages, mais l’encoura- geaient à être exactement le contraire.

Enfin prête, elle recula pour mieux voir sa nouvelle tenue, les yeux pétillants d’excitation. Le vêtement était magnifique. Elle croisa le regard de sa chère nourrice dans le petit miroir.

— Oh, Mor, tu ne trouves pas que c’est la robe la plus somptueuse du monde ?

Mor l’observait avec l’air consterné et soucieux d’une mère envoyant pour la première fois son fils sur un 11

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champ de bataille. La comparaison était à peine exagé- rée. Ce soir, il y aurait un grand banquet pour célébrer l’ouverture de l’Assemblée des Highlands qui se tenait cette année à Ascog. Caitrina savait que son père nour- rissait l’espoir de la fiancer avec l’un des nombreux Highlanders qui descendraient de leurs forteresses pour venir exhiber leur force et leur adresse. Elle refoula vite cette pensée avant qu’elle ne gâte le plaisir que lui procurait ce cadeau.

— Somptueuse ? répéta la vieille femme avec une moue dédaigneuse.

Elle fixait le corsage profondément échancré, laissant entrevoir la rondeur des seins de Caitrina. Elle chassa la jeune servante de la pièce avant de reprendre :

— Elle me paraît surtout impudique. Je ne vois pas ce que tu reproches à la vingtaine d’autres robes sus- pendues dans ton armoire.

— Voyons, Mor, tu sais bien que je n’en possède aucune comme celle-là !

Caitrina baissa les yeux vers sa poitrine pigeonnante.

Comprimée par le corset, elle semblait près de s’échap- per de sa prison de satin. Effectivement, le décolleté était assez plongeant. On voyait presque le bord rose de ses… Elle s’efforça de ne pas rougir, ne voulant pas apporter de l’eau au moulin de sa nourrice et déclara d’un ton ferme :

— Elle est tout à fait convenable. À la cour de Whitehall, toutes les dames en portent de pareilles.

Mor marmonna quelque chose qui ressemblait dan- gereusement à « Fichus Anglais ! » et que Caitrina choi- sit de ne pas entendre. Des siècles d’inimitié n’allaient pas s’effacer comme par magie, simplement parce que le roi d’Écosse venait de monter sur le trône d’Angle- terre. La jeune femme souleva la soie or pâle à la lumière de la fenêtre pour faire jouer ses reflets irisés et soupira :

— Je me sens comme une princesse dans cette robe.

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— En tout cas, la faire venir de Londres aura coûté les joyaux de la couronne, c’est sûr ! Quand je pense qu’on a d’excellentes couturières à Édimbourg !

— Elles ne connaissent rien à la dernière mode ! pro- testa Caitrina.

Toutefois, la remarque de Mor avait fait mouche et Caitrina songea qu’elle n’avait pas réfléchi au prix du présent de son père.

— Tu crois vraiment qu’elle a coûté trop cher ? demanda-t-elle.

Mor haussa un sourcil sarcastique et répliqua :

— Quand on cède au chantage, on y laisse toujours des plumes…

Caitrina se retint de sourire.

— Ce n’était pas du chantage. C’est père qui a eu l’idée de la robe. Il se sentait sans doute coupable de me faire subir les avances de tous ces paons qu’il invite à venir se pavaner dans notre château. Entre nous, je suis sûre qu’il n’a accepté d’accueillir l’Assemblée à Ascog que dans l’espoir que je fasse mon choix parmi ce large éventail de « braves ». C’est un peu comme de choisir un taureau sur le marché aux bestiaux !

En réalité, l’entêtement de son père à lui trouver un mari l’inquiétait plus qu’elle ne le laissait paraître. Cela ne lui ressemblait pas. L’opiniâtreté, c’était plutôt l’apa- nage de Mor.

Cette dernière évita soigneusement le sujet du mariage, préférant se concentrer sur sa toilette.

— Cet homme t’aurait offert la lune pour sécher tes larmes. Il s’en tire à bon compte s’il a suffi d’une robe.

Elle agita un doigt en direction de Caitrina et ajouta :

— Un jour, il se présentera quelqu’un que tu ne par- viendras pas à mener par le bout du nez, ma jolie…

Caitrina se pencha vers elle, déposa un baiser sur sa joue ridée et rétorqua :

— C’est déjà fait. Tu es là, toi.

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La vieille femme pouffa de rire.

— Friponne !

Caitrina enlaça la taille de sa nourrice et enfouit la tête dans le creux de son épaule. La laine de son ari- saidhétait rêche contre sa peau et sentait bon la tourbe, la bruyère et l’âtre.

— Elle ne te plaît vraiment pas, cette robe, Mor ? Si c’est le cas, je ne la porterai pas.

Mor pencha la tête en arrière et la regarda dans les yeux.

— Ne fais pas attention à moi, ma fille. Je ne suis qu’une vieille folle qui a peur que son petit agneau soit dévoré par les loups.

Ses traits s’adoucirent et elle lui caressa la joue du revers de la main.

— Tu as toujours été tellement protégée ! Tu ignores tout de la cruauté des hommes. Cette robe me rappelle que tu es désormais une femme.

À la surprise de Caitrina, le regard de sa nourrice se voila de larmes.

— Tu ressembles tant à ta mère ! poursuivit-elle.

C’était la plus belle femme des Highlands quand elle s’est enfuie avec ton père…

Caitrina sentit son cœur se serrer. Sa mère les avait quittés depuis plus de dix ans, mais l’émotion était toujours aussi forte. Elle avait onze ans quand sa mère avait été emportée par la consomption. Les souvenirs d’une femme au visage de madone riant aux éclats et la serrant dans ses bras s’estompaient au fil des ans. Elle avait laissé un grand vide dans son cœur et la conscience qu’il lui manquait une partie vitale d’elle-même.

— Raconte-moi encore une fois, Mor.

Elle ne se lassait pas d’entendre comment il avait suffi à son père d’apercevoir la fille de son ennemi pour en tomber éperdument amoureux. Ou comment, après 14

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qu’ils se furent fréquentés en secret pendant des mois, il l’avait convaincue de s’enfuir avec lui.

Avant que Mor ne puisse répondre, le plus jeune frère de Caitrina fit irruption dans la chambre en s’écriant :

— Caiti ! Caiti Rose, viens vite !

Elle imagina aussitôt le pire. Quelqu’un s’était blessé ? Elle saisit Brian par les épaules et, s’efforçant de paraître calme, elle demanda :

— De quoi s’agit-il ?

— Tu promets de ne pas te fâcher ?

— Comment veux-tu que je te le promette si je ne sais pas de quoi il s’agit ?

À douze ans, Brian n’avait pas encore mis au point des stratégies de négociation élaborées. Il abandonna aussitôt toute tentative de marchandage et chercha plu- tôt des excuses.

— Ce n’est pas ma faute. J’ai dit à Una…

En entendant le nom de la fillette, Caitrina comprit de quoi il retournait.

— Brian ! Combien de fois t’ai-je dit de ne pas laisser tes molosses s’approcher des chatons ?

Il baissa les yeux vers ses souliers, piteux.

— Una a oublié de fermer la porte des écuries. Puis, tout s’est passé si vite ! Boru voulait seulement jouer, mais cet idiot de chat a grimpé dans l’arbre.

— Quel arbre ? murmura Caitrina.

L’enfant fit une grimace avant de répondre :

— Le vieux chêne. S’il te plaît, Caiti, aide-moi à le faire descendre de là avant qu’Una s’en aperçoive. Elle va se mettre à pleurer.

Il donna un coup de talon sur le plancher.

— Je ne supporte pas quand elle pleurniche.

Caitrina croisa le regard de Mor, dont Una était la petite-fille adorée. La nourrice tapota le torse maigrelet du garçon du bout de son index noueux et soupira :

— C’est bon, je vais tâcher de l’occuper pendant que tu descends ce chaton de son perchoir.

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L’enfant saisit sa sœur par la main.

— Vite, vite, Caiti !

Lorsqu’elle fut hors du donjon et presque parvenue au portail de la barbacane, la jeune femme se rappela soudain, en croisant les regards surpris des hommes du clan, qu’elle portait toujours sa nouvelle robe… sans chaussures. Le ciel était dégagé mais le sol encore trempé par la pluie matinale. La boue se glissait entre ses orteils avec un bruit de succion. Il était trop tard pour y remédier. Elle remonta ses jupes le plus haut possible pour ne pas salir l’ourlet et poursuivit son chemin.

— Tu aurais pu me laisser le temps de me changer, grommela-t-elle.

— Pourquoi ? répondit Brian après un bref regard surpris. Tu es très bien comme ça.

Elle leva les yeux au ciel. Les garçons ! Elle aurait enfilé un sac de jute qu’ils n’auraient rien remarqué.

De l’autre côté du portail, ils descendirent le sentier puis, à la fourche, tournèrent à droite en direction des bois. Le chemin de gauche menait au loch Ascog.

Comme on était à la veille des jeux, les dépendances situées sur les berges grouillaient d’activité. En revan- che, les bois étaient étonnamment calmes, hormis les aboiements de Boru qui s’intensifiaient à mesure qu’ils approchaient du vieux chêne. Les Lamont descendaient des grands souverains d’Irlande et Brian avait baptisé le chien du nom de son lointain ancêtre, le célèbre monar- que Brian Boru.

— Tu as laissé le chien ici ? s’étonna Caitrina.

Son petit frère rougit.

— Je lui ai dit de rentrer à la maison mais il n’a rien voulu entendre. Puisque cet idiot de chat était déjà dans l’arbre, je me suis dit que ce n’était pas grave.

— La pauvre bête doit être morte de peur ! Elle se tourna vers le chien et tonna : 16

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— Boru !

L’animal s’arrêta aussitôt d’aboyer et la regarda d’un air intrigué, une oreille repliée. Elle pointa l’index en direction du château, invisible derrière les arbres.

— File à la maison, tout de suite !

Boru gémit, renifla ses jupes puis la fixa de ses grands yeux bruns d’un air contrit. Elle ne se laissa pas atten- drir. Ce chien était un vrai comédien. Sans cesser de couiner, il finit par baisser la tête et s’éloigna au petit trot vers le château, la queue entre les jambes. Brian regarda sa sœur avec stupéfaction.

— Je ne sais pas comment tu fais ! Tu es la seule qu’il écoute.

Caitrina se retint de répondre que c’était sans doute parce qu’elle était la seule à lui donner des ordres. Sans elle, les chiens du château ne seraient qu’une bande de loups sauvages. Elle aurait probablement pu en dire autant de ses frères.

Quand elle leva la tête vers l’enchevêtrement dense de branchages, elle distingua à peine la petite masse de poils roux et blancs.

— Comment est-il arrivé tout là-haut ?

— J’ai voulu grimper derrière lui mais il allait tou- jours plus haut, expliqua l’enfant. C’est pour ça que je suis venu te chercher. Il a peur de moi.

Caitrina lui lança un regard interloqué.

— Tu n’imagines tout de même pas que je vais mon- ter là-haut ?

— Pourquoi crois-tu que je t’aie fait venir jusqu’ici ? Le chat refuse de me laisser approcher. Toi, il t’aime bien et puis tu as déjà escaladé ce chêne des centaines de fois.

— C’était il y a des années. Au cas où tu n’aurais pas remarqué, j’ai passé l’âge de grimper aux arbres.

— Pourquoi ? Tu n’es pas si vieille que ça.

Si ce garçon voulait avoir une chance de séduire une fille un jour, elle allait devoir lui enseigner quelques 17

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notions de galanterie. D’un autre côté, avec un tel visage, il n’en aurait sans doute pas besoin. Ses frères n’avaient aucune manière mais comblaient cette lacune grâce à leur charme et leur allure. Ce n’était qu’une bande de voyous qu’elle aimait plus que tout au monde.

Comment son père pouvait-il imaginer qu’elle voudrait les quitter ? Ils avaient besoin d’elle… et réciproque- ment. Elle ne quitterait Ascog pour rien au monde.

Tenter de raisonner Brian était une perte de temps.

— Il n’en est pas question. Je veux bien te faire la courte échelle ou sinon, trouve quelqu’un d’autre !

Il prit un air abattu qui rivalisait avec celui de Boru un peu plus tôt.

— Mais… pourquoi ?

— À cause de cette robe, d’une part.

— S’il te plaît, Caiti ! Il n’y a personne d’autre. Père, Malcom et Niall sont à la chasse avec les hommes ; les autres sont tous occupés aux préparatifs du banquet.

Voilà qui était étrange.

— Je croyais que la chasse était terminée ?

— Moi aussi, mais ce matin ils sont tous partis au grand galop. Père avait l’air préoccupé. Quand je lui ai demandé où ils allaient, il m’a répondu qu’ils partaient chasser. Alors tu vois, il ne reste que toi, Caiti. S’il te plaît…

Pour ne rien arranger, le chaton émit un miaulement pitoyable. « Maudits soient les hommes et les bêtes ! » songea Caitrina furieuse, tournant le dos à son frère.

— Aide-moi d’abord à m’extirper de là-dedans.

Le sort avait beau s’acharner contre elle, il n’était pas question d’abîmer sa nouvelle robe. Brian se jeta sur elle et l’enlaça de ses longs bras maigrelets.

— Je savais que je pouvais compter sur toi. Tu es la meilleure sœur du monde !

Elle soupira, incapable de rester fâchée contre Brian bien longtemps. Il n’était plus vraiment un enfant et pas encore un homme et pourtant, il la dépassait déjà. D’ici 18

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à quelques années, il serait aussi fort et musclé que ses frères aînés Malcom et Niall. À la mort de leur mère, Brian n’était qu’un nourrisson. Caitrina avait toujours pris soin de lui et il n’avait pas été envoyé en nourrice comme la plupart des garçons de son âge. Conformé- ment à la tradition, il partirait bientôt pour servir un chef de clan voisin comme écuyer. À cette pensée, Caitrina sentit son cœur se serrer. Comme elle aurait voulu arrêter le temps !

Elle prit son frère dans ses bras, puis s’attela à la tâche ardue d’enlever sa robe. Jupe, vertugadin, jupon, corsage et manches furent retirés l’un après l’autre jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus que sa chemise et son corset, dont Brian avait du mal à dénouer les lacets.

Elle l’entendait marmonner dans son dos puis il se mit à tirer des coups secs.

— Aïe ! Tu me fais mal. Sois plus doux.

— Si tu crois que c’est facile ! Pourquoi t’encombres-tu de toutes ces nippes ?

C’était une bonne question, à laquelle elle n’était pas sûre de savoir répondre.

— Parce que c’est ce que portent les dames ! rétorqua- t-elle.

Il parvint enfin à la dépouiller de son carcan d’étoffe et le corset alla rejoindre la robe. Sa chemise en lin était suffisamment discrète mais Caitrina préférait éviter qu’on la voie dans cette tenue.

Elle examina le vieux chêne et réfléchit à la meilleure manière de procéder. En effet, cela faisait belle lurette qu’elle n’avait pas fait d’escalade. C’était l’arbre le plus haut des parages et le chaton avait presque atteint la cime.

— Aide-moi…

Brian mit un genou en terre et elle prit appui sur son autre jambe fléchie pour se hisser jusqu’à la première branche. L’écorce écorchait la plante de ses pieds à 19

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mesure qu’elle grimpait lentement en cherchant ses prises.

— Aïe ! lâcha-t-elle encore lorsque son pied glissa contre un chicot tranchant.

À ce rythme, elle finirait les mains et les pieds en sang.

Le chaton observait son ascension avec de grands yeux affolés et des miaulements plaintifs. En appro- chant, elle le vit plus distinctement. Il tremblait sur son perchoir précaire. Elle tenta de le calmer avec des paroles apaisantes. Plus elle montait, plus les branches étaient fines et elle devait vérifier leur robustesse avant de poursuivre son escalade. Enfin, elle parvint à hau- teur du chaton ; il s’était réfugié sur une branche laté- rale qui ne supporterait pas le poids de la jeune femme.

Elle la saisit d’une main ferme et, les pieds posés sur celle du dessous, s’avança en crabe.

— Fais attention ! cria Brian.

Le cœur battant, elle résista à l’envie de baisser les yeux vers lui. C’était une tâche laborieuse ; elle devait marquer un arrêt à chaque pas pour se stabiliser car la branche sur laquelle elle se tenait oscillait sous son poids. Encore un pas…

Enfin, ses doigts se refermèrent sur la petite boule de poils. Elle serra le chaton contre elle et sentit son petit cœur battre aussi vite que le sien. Il tentait désespéré- ment de s’accrocher à elle en enfonçant ses griffes minuscules à travers le lin de sa chemise.

« C’est maintenant que les difficultés commencent », songea-t-elle alors qu’elle entamait la descente. Cette fois, elle n’avait plus qu’une main pour se tenir. Elle poussa un soupir de soulagement lorsqu’elle atteignit de nouveau le tronc. Elle lança un regard en contrebas et constata que Brian avait lui aussi grimpé dans l’arbre et se trouvait quelques branches plus bas. Il tendit les mains vers elle.

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— Donne-le-moi…

Consciente qu’elle ne pourrait descendre en se tenant d’une seule main, elle abaissa précautionneusement le chaton vers lui. Il le glissa sous son pourpoint en cuir, descendit de quelques branches puis sauta à terre.

Il fallut quelques instants à Caitrina pour reprendre son souffle, puis elle reprit sa descente.

— Merci, Caiti, tu es la meilleure !

Elle se tourna vers la voix qui s’éloignait mais il était déjà trop tard.

— Attends, Brian ! J’ai besoin de toi pour…

Elle n’acheva pas sa phrase, sachant qu’il ne l’enten- drait pas. Déjà, il courait vers le château, son dos dispa- raissant entre les arbres.

— Voilà comment tu me remercies ! maugréa-t-elle.

Attends un peu que je t’attrape…

Elle était encore trop haut pour pouvoir se laisser tomber comme son frère. Soudain, il y eut un craque- ment sinistre. La branche sur laquelle elle était pen- chait dangereusement, ne tenant plus au tronc que par un fragment et menaçait de céder à tout instant. Le pas- sage de son frère avait dû la fragiliser.

Elle était coincée. Elle osa un regard vers ses orteils.

Elle se trouvait encore à plus de quatre mètres du sol, trop haut pour sauter. Il lui faudrait attendre que Brian se souvienne de son existence… Autant dire qu’elle ris- quait d’y passer la nuit !

Elle marmonna de nouveau :

— Attends un peu que je t’attrape…

— Vous vous répétez.

Le sang de Caitrina se figea au son de la voix grave, très grave. Baissant de nouveau les yeux, elle croisa le regard d’un inconnu qui se tenait à quelques pas du chêne et l’observait d’un air amusé. Depuis combien de temps était-il là ? Assez de temps pour être descendu de l’imposante monture qui broutait à ses côtés.

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Elle se sentit à la fois gênée et soulagée. Certes, elle avait besoin d’aide, mais elle aurait préféré que son sau- veur ne fût pas aussi… viril.

Il lui était difficile de l’évaluer avec exactitude depuis son perchoir ; il mesurait sans doute plus d’un mètre quatre-vingt-dix. Un géant, en somme, même dans les Highlands.

Mais peut-être n’était-il pas des Highlands ?

Même s’il s’était exprimé en écossais et non dans le dialecte local, elle avait cru déceler un léger accent de la région. Il ne portait pas lebreacan feile, le grand kilt des Highlanders, mais cela n’avait rien d’inhabituel pour un homme de haut rang. Sur ce point-là, elle n’avait aucun doute : l’excellente qualité de son pourpoint et son pantalon de cuir noirs en attestaient.

Néanmoins, ses beaux atours ne pouvaient dissimu- ler la force de sa puissante musculature. Sa carrure, ainsi que l’énorme claymore qu’il portait en bandou- lière, ne laissait planer aucun doute sur son statut : ce ne pouvait être qu’un guerrier. Il devait être redoutable sur un champ de bataille.

Il n’y avait pas que sa taille qui la troublait. Elle aurait préféré un sauveur moins impressionnant. Tout chez lui – son assurance, son air impérieux et l’audace avec laquelle il la regardait – portait l’empreinte d’une auto- rité incontestable. Elle en fut si décontenancée qu’elle ne remarqua pas tout de suite à quel point il était beau.

D’une beauté arrogante qui accentuait encore sa virilité.

Lui non plus ne se gênait pas pour l’examiner et elle en fut troublée. Seigneur, quelle audace ! Il promena son regard sur tout son corps, en s’attardant sur ses seins suffisamment longtemps pour la faire rougir. Elle prit soudain conscience qu’elle ne portait pas grand- chose. Sous l’inspection soutenue de l’inconnu, la che- mise en lin qui lui avait paru très convenable un peu 22

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plus tôt semblait à présent aussi transparente qu’un voile de gaze.

Elle avait toujours été entourée par son père et ses frères. Aucun homme n’aurait osé la regarder de cette façon… comme un fruit prêt à être cueilli.

Ce comportement était fort déplaisant. Certes, elle était en chemise mais n’importe quel homme sensé aurait compris sur-le-champ qu’il avait affaire à une lady… même sans remarquer la robe luxueuse étendue sous son nez.

Qui était donc cet impudent qui se conduisait comme un roi ?

Elle était certaine de ne l’avoir jamais vu. À sa tenue et à ses armes, ce n’était pas un hors-la-loi. Ce devait être le chef d’un clan lointain venu pour les jeux… ce qui signifiait qu’on lui devait l’hospitalité, dans la pure tradition des Highlands. Où étaient donc ses gardes ?

Chef ou pas, il n’aurait pas dû la lorgner ainsi. Elle prit son ton le plus péremptoire pour demander :

— Qui êtes-vous, seigneur ? Vous vous trouvez sur les terres des Lamont.

— Dans ce cas, je suis arrivé à bon port.

— Êtes-vous venu pour les jeux ?

Il soutint son regard avec l’air de savoir quelque chose qu’elle ignorait avant de répondre :

— Entre autres, oui.

Il ne lui avait toujours pas donné son nom mais, pour le moment, elle se fichait de savoir qui il était. Elle aurait accueilli les bras ouverts le diable en personne – voire l’un de ses suppôts, un Campbell – pour peu qu’il l’aidât à descendre de son chêne. Alors qu’elle s’agrip- pait toujours à la branche supérieure et que ses bras commençaient à lui faire mal, son sauveur ne semblait pas pressé d’intervenir.

Elle s’impatienta :

— Vous comptez rester planté là, à m’observer toute la journée ?

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— Pourquoi pas ? Je ne tombe pas tous les jours sur une nymphe des bois à demi nue perchée dans un arbre.

Caitrina sentit le feu lui monter aux joues :

— D’abord, je ne suis pas à moitié nue ; ensuite, si vous vous donniez la peine de lever le nez, vous consta- teriez que je ne suis pas perchée, mais coincée, et que j’ai besoin d’aide.

Sa réponse acerbe sembla réjouir l’inconnu qui conti- nuait de l’observer d’un air amusé. Le scélérat se moquait d’elle !

Peu habituée à être traitée de la sorte, surtout par un homme, Caitrina lui lança un regard assassin. Certes, la situation était comique, mais il aurait dû avoir la cour- toisie de ne pas le montrer. Elle se sentait maintenant ridicule. Mais ce goujat ne perdait rien pour attendre ! Dès qu’elle serait de nouveau sur la terre ferme, elle lui dirait sa façon de penser.

Elle prit sa voix la plus hautaine, celle qu’elle utilisait pour donner des ordres à ses frères.

— Dépêchez-vous de m’aider… tout de suite ! Exiger n’était sans doute pas la meilleure stratégie à adopter car la lueur amusée disparut des yeux de l’inconnu, qui pinça les lèvres et croisa les bras sur son torse. Seigneur ! Comme il était musclé !

— Non, répondit-il d’un ton las. Ça ne me dit rien.

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2

Caitrina resta un instant sans voix, plus choquée que furieuse. Puis elle se ressaisit et s’écria d’un air offusqué :

— Mais… enfin… ça ne se fait pas !

Il promena de nouveau son regard sur son corps puis répondit nonchalamment :

— J’aime assez la vue que j’ai d’ici.

Elle manqua de s’étrangler et de lâcher sa prise.

— Comment osez-vous ! Vous n’êtes qu’un malotru !

— À votre place, je prierais pour que ce ne soit pas le cas.

— Mais je vais tomber !

Il jaugea du regard la distance qui la séparait du sol.

— Je vous le déconseille.

Caitrina ne savait plus quoi penser. Elle n’était pas habituée à ce qu’on lui refuse quoi que ce soit, surtout pas un homme. Était-il sérieux ou la provoquait-il ? Son expression demeurait indéchiffrable, ce qui l’exas- pérait davantage encore.

Elle s’y était mal prise, mais c’était la faute de cet indi- vidu, avec son air goguenard et ses regards indiscrets ! Elle inspira profondément et afficha un charmant sou- rire, battant des cils pour faire bonne mesure, avant de susurrer :

— Je sais bien qu’un galant chevalier comme vous ne laisserait pas une dame en détresse.

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Il arqua un sourcil, ayant clairement compris son jeu, puis il la dévisagea un long moment avant de répondre :

— Nous pouvons peut-être parvenir à un arrangement.

— Quelle sorte d’arrangement ? demanda-t-elle, méfiante.

— Il me semble que, dans ce genre de situation, il est coutumier d’accorder une faveur.

Leurs regards se croisèrent. Le sien était provocateur.

— Un baiser, peut-être ? ajouta-t-il.

Elle écarquilla les yeux. Avait-on jamais vu pareille muflerie ? Elle frémit d’indignation mais se retint d’exploser.

— Et il me semble que, dans ce genre de situation, il est coutumier de porter secours à la dame sans imposer de conditions.

Il se tourna vers son cheval et reprit sa bride.

— Comme vous voudrez…

— Où allez-vous ? Vous n’allez pas me laisser comme ça ! s’écria-t-elle.

La branche sous les pieds de Caitrina craqua une nouvelle fois et s’inclina encore un peu plus. Il lui sem- bla que l’homme avait tressailli, mais elle n’en était pas sûre. Ses bras, qui soutenaient le plus gros de son poids, étaient endoloris et elle n’était pas certaine de tenir encore bien longtemps.

— D’accord, dit-elle. Descendez-moi de là.

Il se retourna et s’inclina.

— Comme il vous plaira, madame.

Pour un homme aussi grand et bien bâti, il était remarquablement agile. Une minute plus tard, il se tenait quelques branches sous celle qui menaçait de rompre. Il tendit les bras vers elle et lui prit la taille. Elle retint son souffle, surprise par cette sensation incon- nue. Ses mains étaient larges et fortes et elle sentit ses pouces juste sous ses seins.

Ils se dévisagèrent quelques instants. De près, il était encore plus beau, avec des yeux bleu-gris perçants et 26

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des cheveux châtain foncé aux reflets auburn. Il avait dû tirer sur le roux quand il était enfant. Il avait la bou- che large, la mâchoire ferme et carrée. Son visage était dur et viril, mais incroyablement attirant. Elle se sentit rougir, à son grand dam. En dépit de son expression indéchiffrable, elle savait qu’il n’était pas aussi indiffé- rent qu’il le laissait paraître.

Il la souleva de la branche brisée et la descendit à sa hauteur. Soulagée, elle s’effondra contre lui. Elle ne sentait plus ses bras et, l’espace d’un instant, elle se laissa aller contre son torse chaud et solide, qui sem- blait taillé dans le granit. Alors qu’une telle puissance aurait dû l’intimider, elle se sentit envahie par une étrange et bienfaisante chaleur…

Elle ne s’était jamais tenue aussi près d’un homme.

C’était… excitant et troublant à la fois. L’une de ses jambes était prise entre ses cuisses musclées et ses seins étaient pressés contre son torse. Elle percevait le batte- ment régulier de son cœur, qui se mêlait aux palpita- tions erratiques du sien. Il était chaud et dégageait un parfum envoûtant… une odeur de propre et de savon, mêlée à de vagues effluves d’épices.

Elle dut renverser la tête en arrière pour voir son visage. Il était aussi grand qu’elle l’avait imaginé ; elle lui arrivait au niveau des épaules. Elle déclara d’une voix mal assurée :

— Vous pouvez me lâcher, à présent. Je peux descen- dre seule.

D’abord, elle crut qu’il allait refuser mais, après un instant d’hésitation, il la libéra.

Heureusement, le sang affluait de nouveau dans ses bras et elle parvint à le suivre sans heurts. Une fois sur la branche la plus basse, il bondit au sol, puis se tourna en tendant une main vers elle. Quand elle sauta, il la rattrapa par la taille et la déposa avec douceur sur le sol, comme si elle ne pesait pas plus que le chaton qu’elle venait de sauver.

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En retrouvant la terre ferme, elle voulut pousser un soupir de soulagement mais se rendit compte qu’elle pouvait à peine respirer, la poitrine prise dans l’étau de ce regard magnétique. Le fait que seule une fine couche de lin séparait sa nudité de ce corps mâle lui procurait d’étranges sensations.

Et si ce n’était pas un gentleman ? Elle aurait sans doute dû y penser plus tôt mais ne s’était jamais trouvée dans une telle position de vulnérabilité. En vérité, elle n’avait encore jamais rencontré un homme comme lui.

Elle aurait dû s’écarter, mais son corps refusait de lui obéir. Une force qui ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait connu jusqu’alors la clouait sur place.

Toutefois, sa puissance l’effrayait ; suffisamment pour qu’elle se détache enfin de lui.

— Merci, dit-elle d’une voix mal assurée. Je peux me débrouiller seule, maintenant. Vous pouvez partir.

Elle glissa nerveusement une mèche derrière son oreille, geste qu’il observa avec une attention déran- geante. À dire vrai, tout chez lui était troublant.

La masse de muscles ne bougea pas d’un pouce. Si elle ne s’était pas sentie aussi vulnérable, elle aurait sans doute admiré l’impressionnant torse contre lequel elle était plaquée quelques instants plus tôt. Elle se ren- dit compte avec un temps de retard qu’elle lui avait une nouvelle fois parlé sur un ton tranchant.

— Madame me congédie ? dit-il avec sarcasme. Vous n’oubliez pas quelque chose ?

— Vous ne parlez tout de même pas de votre condi- tion ridicule ? Je n’ai accepté que contrainte et forcée !

— C’est une dette d’honneur. La parole d’une Lamont ne vaut-elle rien ?

— Comment connaissez-vous mon nom ? Il éclata de rire.

— On raconte que Lamont a une fille très belle.

Il fronça les sourcils et l’examina avec attention.

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— Mais je me trompe peut-être. On ne m’a pas parlé d’un nez crochu.

— Quoi ? Je n’ai pas un…

Elle porta machinalement une main à son visage, puis s’arrêta en voyant son sourire moqueur. Ce butor arrogant se moquait à nouveau d’elle ! Et voilà qu’il voulait qu’elle l’embrasse !

Caitrina se mordilla la lèvre, se demandant quoi faire.

Elle ne lui devait rien, mais avait tout de même accepté son marché. Il avait touché la corde sensible, l’atta- quant là où tous les Highlanders étaient le plus vulnéra- bles : leur fierté.

Ses tergiversations semblaient l’amuser.

— Alors, jeune dame, qu’en dites-vous ? demanda-t-il.

Elle lui adressa un sourire sournois.

— Fort bien, vous l’aurez, votre baiser.

Elle crut déceler un léger mouvement de surprise de sa part. Lorsqu’elle lui présenta sa main, il resta per- plexe une fraction de seconde, puis la saisit.

Elle pensa avoir remporté la partie mais, quand elle vit la lueur déterminée dans son regard d’acier, elle se figea, tous ses sens en alerte.

Ses doigts étaient comme engloutis dans la paume large du guerrier. Une paume chaude, calleuse… et forte. Il aurait pu les broyer sans le moindre effort mais, au lieu de cela, il les caressa du bout du pouce, avant de retourner sa main et d’examiner sa peau écorchée.

— Vous êtes blessée ! Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ?

Elle tenta de retirer sa main mais il la retint.

— Ce n’est rien, dit-elle.

Tout en la regardant au fond des yeux, il porta lente- ment sa main à ses lèvres.

Elle ne pouvait détourner le regard. Son pouls bat- tait, frénétique, comme les ailes d’un colibri. Elle sentit la chaleur de son souffle juste avant qu’il ne pose sa bouche sur sa paume blessée. Le contact de ses lèvres 29

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sur sa peau lui laissa une sensation brûlante, comme une marque au fer rouge.

Il laissa glisser sa bouche jusqu’à la chair sensible du poignet. Les battements de son cœur s’accélérèrent encore quand elle comprit où il voulait en venir : il ne s’agissait pas d’un simple baisemain, mais d’une entre- prise de séduction.

Une entreprise diablement efficace car bientôt, une étrange sensation s’empara de son corps : ses jambes étaient soudain molles et une douce torpeur l’envahissait. Il remonta jusqu’au creux de son coude.

La caresse des lèvres douces et du souffle chaud sur sa peau nue faisait courir de légers frissons le long de son bras et le frottement de son menton contre sa chair embrasait tous ses sens. Elle entrouvrit les lèvres, le souffle court…

Quand il leva les yeux vers elle, son expression chan- gea. Fermement, il glissa un bras autour de sa taille et l’attira à lui. Ses traits étaient concentrés, son regard ardent. Il contempla sa bouche.

Elle savait ce qu’il s’apprêtait à faire. Elle aurait pu l’arrêter, mais elle n’en fit rien. Jamais elle n’avait eu envie d’être embrassée par un homme… jusqu’à aujourd’hui.

Il lui saisit délicatement le menton et caressa sa peau du bout des doigts. Il paraissait impossible qu’un homme d’une telle puissance se montre aussi doux. Il pencha son visage vers le sien. Elle retint son souffle, dans l’attente, sentant monter en elle une soudaine cha- leur. Ses seins, pressés contre le torse de l’homme, étaient sensibles et son corps tout entier semblait être prêt à s’embraser à la première caresse…

Enfin, alors qu’elle pensait ne pouvoir attendre une seconde de plus, il posa les lèvres sur les siennes.

Elle ressentit une délicieuse langueur… Elle avait l’impression de s’épanouir telle une fleur ouvrant ses pétales au soleil brûlant. Les lèvres de l’inconnu étaient 30

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chaudes, veloutées et elle perçut le soupçon d’épices, profond et mystérieux, qu’elle avait détecté plus tôt.

Il glissa une main derrière sa nuque. Ses doigts s’enroulèrent autour de son cou et s’enfoncèrent dans ses cheveux, pressant ses lèvres plus fermement encore contre les siennes.

Son étreinte était autoritaire, possessive – comme lui –, et ne ressemblait en rien au chaste baiser auquel elle s’était attendue.

Elle s’abandonna contre lui, dégustant la saveur de sa bouche, brûlant de la goûter plus encore. Le sang bat- tait à ses tempes. De la langue, il tenta de franchir la barrière de ses lèvres. Elle sentait sous ses doigts ses muscles frémir de retenue et devina qu’il luttait inté- rieurement contre une force obscure.

Il la libéra avec un léger soupir, la laissant étourdie.

Inassouvie… Dès qu’elle en prit conscience, le nuage de brume qui l’enveloppait depuis qu’il avait pris sa main se dissipa. Elle fut mortifiée de l’avoir laissé prendre une telle liberté. Un parfait inconnu ! S’ils l’appre- naient, son père et ses frères le tueraient – et elle avec lui !

Se tournant légèrement pour lui cacher sa gêne, elle déclara d’une voix mal assurée :

— Vous avez pris votre dû. À présent, laissez-moi en paix, je vous prie.

Il lui prit le bras et la força à le regarder. Ses yeux bril- laient de colère.

— Je n’ai rienprisdu tout, ma belle. Ai-je besoin de vous le rappeler ?

Elle fit non de la tête et il la lâcha. En le voyant se diri- ger vers son cheval, elle songea, déçue, qu’il allait la quitter ainsi sans un mot de plus.

Mais, à sa grande surprise, il sortit une étoffe de la sacoche accrochée à sa selle et la lui tendit.

— Tenez. Vous pourrez vous draper dedans.

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Cette attention la stupéfia plus que s’il lui avait subi- tement poussé des ailes au lieu des cornes et du trident qu’elle lui avait attribués. En effet, elle aurait du mal à remettre sa robe toute seule. Enveloppée dans ce tar- tan, elle pourrait rentrer au château en évitant les ques- tions embarrassantes.

— Merci…, murmura-t-elle.

Puis, comme il s’éloignait de nouveau, elle demanda :

— Qui êtes-vous ?

Il esquissa un sourire sournois.

— Un simple chevalier, madame.

Là-dessus, il grimpa en selle et partit en direction du château.

Elle l’observa jusqu’à ce qu’il eût disparu entre les arbres, se demandant si elle avait eu affaire à un cheva- lier servant ou au diable en personne.

Bigre ! Cela ne s’était pas du tout passé comme prévu.

Jamie Campbell n’était pas homme à se laisser sur- prendre, mais la fille Lamont l’avait pris de court. Dans ses bras, elle s’était transformée en une exquise frian- dise : douce, sucrée, fondant contre son corps… Il ins- pira profondément, essayant d’étouffer le feu qui couvait encore en lui, mais le désir que ce baiser avait fait naître était tenace. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti une telle soif, une soif qu’un seul baiser ne suffirait pas à étancher.

Ce n’était certes pas la meilleure manière de se pré- senter à la fille qu’il était venu courtiser.

Il se trouvait dans le bois quand il avait vu le garçon partir en courant. Puis, en levant les yeux, il l’avait aper- çue… ou plutôt, il avait aperçu un fessier rebondi, juste au moment où elle était sur le point de tomber et de rompre son joli cou.

Il avait remarqué la belle robe jetée sur un tronc cou- ché mais ce n’est qu’en découvrant son visage qu’il avait compris : ce ne pouvait être que Caitrina Lamont et la 32

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ressemblance avec sa mère était frappante. Il n’avait vu Marion Campbell qu’une seule fois quand il était enfant mais ce n’était pas le genre de femme qu’on oublie. Le père de Marion, le laird de Cawdor, n’avait jamais par- donné à sa fille de s’être enfuie avec son ennemi juré, le chef des Lamont, des années plus tôt. La querelle entre les deux familles ne s’était pas apaisée depuis. Cela n’avait rien d’inhabituel entre deux clans voisins, dans un pays où les terres sont rares et donc très convoitées.

Jamie avait souvent entendu vanter la beauté de Caitrina et, pour une fois, la rumeur disait vrai. En général, il préférait les beautés plus sages, plus réser- vées, mais il était difficile de résister à cette chevelure noire, ce teint clair, ces yeux bleus et ces lèvres rouges.

Et ce corps… Elle avait un corps pour lequel n’importe quel homme se serait damné : une silhouette élancée, une croupe voluptueuse, des seins ronds et généreux. Il ressentit un délicieux frisson au souvenir de ces courbes exquises pressées contre lui. Il avait vécu un moment divin… et infernal, car il ne pouvait aller plus loin. Cette petite naïve devait s’estimer heureuse d’être tombée sur un homme comme lui.

Même s’il doutait qu’elle le voie de cet œil.

Naturellement, il avait toujours eu l’intention de la faire descendre de l’arbre, mais le ton de sa voix l’avait provoqué, lui donnant envie de la taquiner un peu. Son expression – un mélange de stupeur et de confusion – quand il lui avait refusé son aide, valait son pesant d’or.

De toute évidence, Caitrina Lamont avait l’habitude d’obtenir ce qu’elle voulait.

S’il avait exigé un baiser, c’était pour donner une leçon à cette péronnelle. Il n’avait pas vraiment eu l’intention d’exiger son dû… jusqu’à ce qu’elle tente de le berner en lui tendant sa main. Là encore, il n’avait voulu que lui faire désirer un vrai baiser… sans l’embrasser. Mais le goût sucré de sa peau et, plus encore, son frisson de passion innocente quand il avait 33

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Composition FACOMPO Achevé d’imprimer en Italie

par GRAFICA VENETA le 30 avril 2018

1er dépôt légal dans la collection : février 2012 EAN 9782290069462

OTP L21EPSN001950N001 Dépôt légal : mai 2018

ÉDITIONS J’AI LU

87, quai Panhard-et-Levassor, 75013 Paris Diffusion France et étranger : Flammarion

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