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Note d'information. Recherches récentes à Kition (Chypre).

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HAL Id: hal-01593289

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Submitted on 4 Oct 2017

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(Chypre).

Sabine Fourrier

To cite this version:

Sabine Fourrier. Note d’information. Recherches récentes à Kition (Chypre). . Comptes-rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris : Durand : Académie des inscriptions et belles-lettres, 2016, pp.1019-1032. �hal-01593289�

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NOTE D’INFORMATION

recherchesrécentesàkition (chypre),

parmmesabinefourrier

La ville de Kition, sur la côte sud-est de Chypre, fut fondée au xiiie siècle av. J.-C. Contrairement à de nombreux autres sites contemporains, aussi bien dans l’île que sur les rivages voisins de Méditerranée orientale, elle ne fut pas abandonnée pendant les Crisis years qui marquèrent la fin du Bronze Récent, puis elle devint, au cours du Ier millénaire av. J.-C., la capitale d’un royaume chypro-phénicien prospère que documentent de nombreuses sources, en particulier pour l’époque classique (ve-ive s. av. J.-C.)1. Occupé sans solution de continuité pendant le temps long des royaumes de Chypre, le site est donc essentiel pour appréhender les périodes-clefs de l’histoire de l’île antique, par exemple celle de la « colonisation » phénicienne du viiie siècle av. J.-C.

C’est pourtant un site qui résiste à l’exploration archéologique : les vestiges antiques sont recouverts par la ville moderne de Larnaca, la ville est sous la ville. Les fouilles y sont soit des fouilles d’urgence2, à l’occasion de travaux d’aménagement, soit des fouilles programmées limitées aux fenêtres étroites de parcelles3. L’archéologie fait connaître à Kition des sites, il faut assembler ces membres disjoints pour comprendre la ville, dans son espace et dans le temps long de son histoire. C’est ce programme de recherche

1. Les testimonia de Kition ont été rassemblés dans M. Yon éd., Kition-Bamboula V. Kition

dans les textes, Paris, 2004. Pour une présentation générale du site, Ead., Kition de Chypre, Paris,

2006.

2. Les découvertes antérieures à 1974 sont rapidement recensées par K. Nicolaou, The Historical

Topography of Kition, Göteborg (Studies in Mediterranean Archaeology, 43), 1976.

3. Fouilles du département des Antiquités de Chypre aux limites ouest (zone de l’église de la Chrysopolitissa) et nord (lieu-dit Kathari) de la ville antique publiées dans la série Excavations at

Kition, I-VI, Nicosie, 1974-2005. Depuis 2012, un nouveau programme chypriote explore le site de Mantovani/Terra Umbra, immédiatement au sud de Kathari. Les fouilles de la mission française ont

essentiellement porté sur le site de Bamboula (série Kition-Bamboula, I-VI, Paris-Lyon, 1982-2015), où la mission suédoise avait déjà fait un important sondage en 1929-1930 (E. Gjerstad, J. Lindros, E. Sjöqvist, A. Westholm, The Swedish Cyprus Expedition. Finds and Results of the

Excavations in Cyprus, III, Stockholm, 1937, p. 1-75).

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pluridisciplinaire sur la topographie urbaine, récemment développé par la mission archéologique française de Kition (MAEDI-CNRS-université Lyon 2), auquel l’Académie a accordé son label, que cette note s’attache à présenter.

Latopographie : paysageurbainet sig (fig. 1)

La contrainte forte du milieu contemporain invitait à définir à Kition une stratégie d’exploration qui rompe avec une approche fragmentaire, par sites, pour appréhender le continuum urbain. Cette stratégie passait par la réalisation d’un SIG (système d’information géographique), c’est-à-dire une base de données archéologique liée à un système de cartographie, qui permet de représenter dans l’espace l’ensemble des découvertes effectuées à Kition et dont la plupart sont désormais recouvertes.

Sans entrer dans le détail, on peut résumer en trois temps princi-paux les étapes de sa réalisation. La première phase est celle de la documentation. On a recensé l’ensemble des fouilles et découvertes connues, à partir des publications, des archives du département des Antiquités de Chypre4, parfois même des témoignages oraux. Ce travail a été complété par des prospections, à la fois traditionnelles et géophysiques5. Elles ont notamment porté sur la muraille, marqueur urbain susceptible de laisser une empreinte forte, toujours sensible même dans un environnement dégradé comme celui de la ville con-temporaine. Les prospections pédestres ont permis d’en déceler des restes, blocs de soubassement maçonnés dans une terrasse moderne (fig. 2) ou élévation de briques crues entamée par une route. Les prospections géophysiques ont permis d’en recueillir l’écho sous l’asphalte des rues.

La deuxième phase est celle de l’organisation de la documenta-tion, de la création des champs d’interrogadocumenta-tion, bref de la réalisation des bases de données. Elle comporte également des vérifications de

4. Je remercie vivement les directeurs successifs du Département, P. Flourentzos, M. Hadjicosti et M. Solomidou-Ieronymidou, qui m’ont permis d’en consulter les archives inédites.

5. Ces dernières, coordonnées par Chr. Benech, ont bénéficié d’un soutien spécifique de l’université Lyon 2.

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RECHERCHEs RéCEntEs à kition (CHyPRE) 1021

f

ig

. 1

. –

La ville de Kition à l’âge du Fer

, avec la localisation des sites

archéolog

iques, des tombes (points), du rempart (traits rouges)

et de la ligne de rivage antique (tracé bleu). Réalisation

A.

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terrain, sur les vestiges éventuellement encore visibles, et surtout sur le mobilier retrouvé6.

troisième et dernière phase, enfin, celle de la représentation. Les cartes replacent les vestiges dans leur espace, elles associent les restes contemporains, qu’ils soient aujourd’hui visibles ou non ; elles réparent en somme la fragmentation des découvertes et renouent les fils de la trame urbaine. Cet espace est un paysage, qui a été fortement altéré, comme souvent en Méditerranée, par la modifica-tion du rivage. L’étude géomorphologique a permis de retracer les grandes lignes de cette évolution et de retrouver l’emplacement de la mer à l’âge du Fer7. Ainsi ont été dessinés les contours du bassin qui, au nord de Bamboula, abrite le port de guerre d’époque classique8 ; ainsi peut-on suggérer que la mer, une lagune navigable, entrait dans les terres au nord de Kathari et pénétrait jusqu’à peu de distance de la région de la Chrysopolitissa. La ville de Kition, implantée sur un plateau bas, était résolument sur la mer, elle possédait deux, voire trois baies favorables au mouillage, peut-être utilisées de manière contemporaine. Le paysage invite à reconnaître une ville marchande, ouverte sur les échanges ; l’archéologie le confirme.

Outil d’enregistrement, de conservation des informations, le SIG a une visée patrimoniale. Il permet également une gestion raisonnée d’un patrimoine archéologique fragilisé par le déve-loppement urbain contemporain. Son intérêt est aussi bien sûr scientifique. Voir permet de mieux questionner et, partant, de mieux comprendre. On a pu mettre en évidence un développement de la ville à l’âge du Fer en trois grandes périodes, qui ne correspondent qu’imparfaitement avec celles de l’histoire générale de Chypre et avec le découpage chronologique de sa civilisation matérielle. On a pu retrouver un rythme propre, une histoire singulière qui est celle du royaume de Kition9. à l’intérieur de cette dernière, le viiie siècle, qui

6. Je remercie les directeurs successifs du département des Antiquités de l’autorisation d’examiner un matériel, notamment funéraire, en partie inédit.

7. L’étude géomorphologique a été menée par R. Dalongeville puis Chr. Morhange et J.-Ph. Goiran, essentiellement dans la région de Bamboula. Elle a été approfondie et complétée par G. Bony dans le cadre de sa thèse (soutenue en 2013).

8. Présentation synthétique dans J.-Chr. Sourisseau, J.-Ph. Goiran, Chr. Morhange, « Analyse archéologique et approches environnementales : l’exemple du port de Kition-Bamboula (Larnaca, Chypre) », Cahier du Centre d’études chypriotes 33, 2003, p. 253-272.

9. Voir S. Fourrier, « The Iron Age topography of Kition », Kyprios Character – History,

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RECHERCHEs RéCEntEs à kition (CHyPRE) 1023

correspond au moment de la « colonisation » phénicienne, marque bien une phase d’expansion et de développement urbain ; y répond, dans le domaine de la civilisation matérielle, une « phénicisation » profonde, aussi bien dans les formes et le répertoire que dans les techniques, en particulier céramiques. En regard de ces change-ments, d’autres traits manifestent une profonde stabilité. Ainsi les nécropoles et les sanctuaires, et les pratiques qu’ils accueillent. Les lieux sont les mêmes, les gestes également : aucune crémation, par exemple, ne documente à Kition un rite alors prédominant à Tyr. Le schéma colonial, le schéma emporique, ces modèles que la recherche a jusqu’alors utilisés10, ne rendent pas compte de manière satisfaisante de l’installation durable, indéniable, de popu-lations phéniciennes à Kition. D’autres popupopu-lations phéniciennes s’installent, à peu près à la même période, dans d’autres royaumes chypriotes, en particulier à Amathonte. Les manifestations de leur présence y sont totalement différentes, avec une nécropole (à cré-mation) et plusieurs lieux de culte distincts11. Il ne s’agit pas d’une différence de degré, bien au contraire : l’influence phénicienne est à Kition plus profonde et plus durable qu’à Amathonte, l’exemple de la langue et de l’écriture suffit à le montrer. il s’agit d’une

dif-10. Exposés dans l’article fondateur d’E. Gjerstad, « the Phoenician Colonization and Expansion in Cyprus », Report of the Department of Antiquities, Cyprus, 1979, p. 230-254.

11. S. Fourrier, C. Petit-Aupert, « un sanctuaire phénicien du royaume d’Amathonte : Agios Tychonas-Asvestoton », Cahier du Centre d’études chypriotes 37 (Hommage à Annie Caubet), 2007, p. 251-264, avec références.

fig. 2. – Blocs du rempart remployés dans une terrasse de béton moderne. © Mission archéologique française de Kition.

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férence de forme : les modalités de la présence phénicienne ne sont pas les mêmes à Kition et à Amathonte. On aimerait suggérer que ce constat, à l’échelle insulaire, vaut à l’échelle de la Méditerranée, qu’il est temps d’abandonner les modèles et d’observer les sites. Faute de nuances, l’interprétation générale peine à progresser.

Dernier intérêt scientifique du siG, celui-là prospectif. Les fouilles lui sont désormais adossées : nécessaires pour répondre à des questions historiques, que le croisement des sources met en exergue, elles portent sur des zones précises, accessibles dans le maillage urbain contemporain, et elles sont programmées sur un temps court.

vivantsetmorts : fouiLLesdansLanécropoLede Pervolia

Le premier cycle de fouilles ciblées a porté, entre 2012 et 2014, sur l’une des nécropoles de l’âge du Fer, située au nord-ouest de la ville, au lieu-dit Pervolia12 (fig. 1 et 3). Fouiller des tombes n’était certes pas nouveau à Larnaca, mais les fouiller de façon program-mée, non pour sauver leur contenu de la destruction mécanique mais pour multiplier les observations in situ l’était13. La nécropole de Pervolia était connue, notamment grâce à des fouilles d’urgence qui avaient eu lieu en 1958. Ces dernières étaient relativement bien documentées, ce qui permettait de s’appuyer sur un premier relevé topographique14. La zone était donc strictement délimitée ; quant à la méthode d’exploration, elle était définie par les questions auxquelles on souhaitait répondre. On voulait comprendre la topographie de la nécropole, son mode de développement, la façon dont les tombes étaient implantées : il fallait donc faire un décapage de surface étendu, afin de faire apparaître les dromoi (couloirs d’accès aux caveaux), qu’on ne fouillait que partiellement pour en établir la date de comble-ment. On voulait retrouver les gestes de dépôt et, partant, les pratiques funéraires : il fallait donc dégager les vestiges en place, multiplier les observations pour aller des traces aux gestes qui les causent.

12. un rapport succinct sur les campagnes de terrain est accessible en ligne sur le site de la « Chronique » de l’école française d’Athènes : <http://chronique.efa.gr>, notices nos 3783, 4562 et 4631.

13. Voir la présentation des conditions des fouilles d’urgence dans s. Hadjisavvas, The

Phoenician Period Necropolis of Kition, vol. I, Nicosie, 2012, p. 3-6.

14. une partie des archives de fouilles, en particulier les relevés, est publiée par K. Nicolaou,

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RECHERCHEs RéCEntEs à kition (CHyPRE) 1025

f

ig

. 3

. – Relevé général des fouilles françaises dans la nécropole de Kit

ion-Pervolia

.

Réalisation

A.

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On ne présentera ici que quelques-uns des riches résultats de cette fouille, désormais achevée et en cours de publication15. Les tombes, toutes creusées dans le substrat rocheux, suivent, avec quelques variations de détail, le même plan (fig. 4) : elles possèdent un dromos long et étroit, en partie taillé en escalier, une ouverture resserrée (stomion) que vient bloquer, lors de la fermeture définitive du caveau, une dalle de gypse, et une chambre unique en contre-bas, de forme généralement carrée ou trapézoïdale, que couvre une voûte taillée en berceau. Elles sont implantées très près les unes des autres, souvent tête-bêche, de façon à économiser l’espace. Certains cas montrent des recoupements, des creusements interrompus parce que l’espace était déjà occupé par un caveau plus ancien. Que restait-il, en surface, des tombeaux, une fois l’ouverture remblayée ? Aucun marqueur (stèle, tumulus, muret, etc.) n’a été, de fait, retrouvé à Pervolia ; on en a pourtant des vestiges dans d’autres nécropoles kitiennes.

Les tombes découvertes, qui datent du début de l’époque archaïque à la fin de l’époque classique (viiie-ive s. av. J.-C.), sont étroitement imbriquées. On ne distingue pas de noyau ancien, originel, à partir duquel la nécropole se serait développée. Le seul impératif d’organisation semble avoir été l’exploitation optimale de tout affleurement rocheux, ce qui signale à la fois la pression démographique (en particulier à l’époque classique) et l’importance du lieu, de sa permanence fonctionnelle, pour les communautés qui y étaient inhumées : la nécropole, pourtant assez éloignée de la ville, n’est pas abandonnée au profit d’un site neuf, à l’espace moins contraint ; elle est utilisée pendant tout l’âge du Fer. Là encore, le constat ne vaut pas pour tous les cimetières de la ville : celui d’Agios Prodromos16, au nord, est apparemment créé à l’époque tardo-classique ; les tombes y sont soigneusement alignées, selon un plan assurément préétabli, et elles sont parfaitement contemporaines (seconde moitié du ive s. av. J.-C.) ; certaines même, pourtant déjà meublées de leurs sarcophages de pierre, n’ont pas été utilisées. Les textes manquent, malheureusement, pour saisir les raisons de cette

15. A. Cannavò, S. Fourrier, A. Rabot, Kition-Bamboula VII. Fouilles dans les nécropoles de

Kition (2012-2014), Travaux de la Maison de l’Orient, à paraître.

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RECHERCHEs RéCEntEs à kition (CHyPRE) 1027

différence ; le mobilier n’autorise, en tout cas, aucune distinction sociale entre les morts de Pervolia et ceux d’Agios Prodromos.

L’analyse des dépôts et du mode de comblement des dromoi permet de reconstituer le cycle d’utilisation des caveaux. Les chambres sont collectives, c’est à dire qu’elles accueillent plusieurs inhumations successives dont on peut définir, au moins partielle-ment, la succession (fig. 5). On a dénombré entre 14 et 24 individus par chambre (un nombre bien supérieur à celui qui était jusqu’alors généralement admis, en l’absence d’analyses anthropologiques). Pendant tout le cycle d’utilisation de la tombe (sur deux, peut-être trois générations), l’accès au caveau restait ouvert, seule la dalle de fermeture étant remise en place : l’emplacement de la tombe était donc visible depuis la surface (le lieu de circulation des vivants), et le dromos pouvait être fréquenté. une fois abandonné, le caveau était enfin définitivement fermé, et son accès remblayé. Aucune des tombes fouillées à Pervolia n’a connu plusieurs cycles d’utilisation, à différentes périodes, selon un usage pourtant bien attesté à Kition et ailleurs dans l’île.

La fouille met en évidence, sous l’alluvionnement qu’ont apporté les pluies et qui comblait parfois les chambres jusqu’au plafond, la disposition finale des dépôts (de défunts et de mobilier), dont il faut tenter de reconstituer les étapes. Il manque, par ailleurs, tous les

+ Est konnos havara + A’ 6,217 + A 6,217 Locus 2 (dromos)

Locus 11 (chambre funéraire)

Ouest

Kition-Pervolia

Coupe Est-Ouest de la tombe Locus 2/11

Anna Cannavo’ / Sabine Fourrier DAO Alexandre Rabot

1/20

0 0,5 1,00 m

fig. 4. – Coupe est-ouest de la tombe 379 (ve s. av. J.-C.).

© Mission archéologique française de Kition (A. Cannavò/S. Fourrier. DAO A. Rabot).

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1028 COMPTES RENDuS DE L’ACADéMIE DES INSCRIPTIONS

matériaux périssables (notamment les bois et les textiles) dont on peut toutefois retrouver les traces, directes et indirectes.

Les gestes qui accompagnent le dépôt des défunts sont générale-ment les mêmes (fi g. 5). L’inhumation primaire est la pratique dominante, c’est-à-dire que les corps se sont décomposés à l’endroit où ils ont été placés. La disposition des ossements indique qu’ils étaient enveloppés dans un contenant souple, sans doute emmaillotés dans un vêtement. Ils étaient vraisemblablement aussi déposés dans des cercueils de bois, le même coffre pouvant parfois accueillir plusieurs corps, selon un usage déjà connu dans d’autres nécropoles kitiennes où le sarcophage de bois est doublé d’un sarcophage de pierre (ce qui n’est jamais le cas dans les tombes de Pervolia).

SONDAGE 5 CARRE E-3/3 LOCUS 50 sous US S5-129 Relevé terrain : S. FOURRIER A. CANNAVO D.A.O : P. VAREILLES Echelle 1:20 10 50 cm Légende : Squelette 1 Squelette 2 Squelette 3 Squelette 4 Squelette 5 Squelette 6 Squelette 7 Squelette 8 Squelette 9 Squelette 10 Réduction R1 Réduction R2 Squelette 11 Squelette 12 Squelette 13

SONDAGE 5 CARRE E-3/3 LOCUS 50 sous US S5-129 Relevé terrain : S. FOURRIER A. CANNAVO D.A.O : P. VAREILLES Echelle 1:20 10 50 cm Légende : Squelette 1 Squelette 2 Squelette 3 Squelette 4 Squelette 5 Squelette 6 Squelette 7 Squelette 8 Squelette 9 Squelette 10 Réduction R1 Réduction R2 Squelette 11 Squelette 12 Squelette 13

Relevé terrain : S. FOURRIER A. CANNAVO D.A.O : P. VAREILLES Echelle 1:20 10 50 cm Légende : Squelette 1 Squelette 2 Squelette 3 Squelette 4 Squelette 5 Squelette 6 Squelette 7 Squelette 8 Squelette 9 Squelette 10 Réduction R1 Réduction R2 Squelette 11 Squelette 12 Squelette 13

fig. 5. – Relevé des dépôts dans la tombe 398 (viiie s. av. J.-C.).

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RECHERCHEs RéCEntEs à kition (CHyPRE) 1029

Deux séries de réductions, de nature différente, sont attestées dans la même tombe archaïque (fi g. 5, R1 et R2) : deux corps d’adultes repoussés (après qu’ils se sont décomposés, sans doute au même endroit) pour poser des supports de pierre destinés à isoler de l’humidité du sol un nouveau sarcophage ; deux immatures dont les ossements secs ont été rassemblés dans une amphore, au fond de la chambre. Si, dans le premier cas, la raison pratique semble déterminante, d’autres impératifs que celui de l’économie d’espace peuvent avoir conduit au second dépôt (par exemple, le souci de rassembler ces défunts, d’abord inhumés ailleurs, avec les autres morts de la tombe). Aucune crémation, donc, contrairement à l’usage alors dominant à Tyr mais on remarquera que l’amphore Bichrome qui reçoit la seconde réduction est semblable à celles qui, à Tyr-al

Bass, reçoivent les cendres des défunts17. Autre pratique, donc, mais

même vase destiné à une même fonction funéraire.

Les morts appartiennent aux deux sexes et à toutes les tranches d’âge, à l’exception des très jeunes enfants (âgés de moins d’un an) : un seul individu, dont l’âge a été estimé à 6 mois maximum, a été découvert dans une tombe archaïque. De manière générale, le ratio matures/immatures révèle un défi cit évident dans la représentation de cette dernière catégorie. Le constat n’est pas neuf et la mort des enfants occupe une place particulière dans la plupart des civilisa-tions, qui se traduit notamment par un accès différent à la sépulture18. On manque, à Kition, d’études anthropologiques autorisant des interprétations statistiques. Mais on sait, par un exemple découvert en fouille à Bamboula, que les périnataux étaient parfois ensevelis en enchytrisme dans l’habitat19.

Les corps étaient accompagnés d’objets, en grande majorité céramiques, qu’on retrouve généralement regroupés dans les coins de la chambre, surtout de part et d’autre du stomion, à l’entrée. Il

17. Sur la nécropole de Tyr-al Bass, voir M. E. Aubet éd., The Phoenician Cemetery of Tyre-Al

Bass, Excavations 1997-1999, Beyrouth (Bulletin d’Archéologie et d’Architecture Libanaises Hors-Série, I), 2004.

18. Pour la Méditerranée grecque, voir les résultats de l’ANR « EMA » (L’enfant et la mort dans l’Antiquité), et notamment les actes publiés des rencontres. Pour Chypre, voir le bilan succinct de L. Alpe, « La place des enfants dans les nécropoles chypriotes à l’époque des royaumes : bilan et perspectives », Cahier du Centre d’études chypriotes 38, 2008, p. 143-159.

19. A. Caubet, M. Yon, Kition-Bamboula III. Le sondage L-N 13, Paris, 1985, p. 29. L’inhumation date du xie siècle av. J.-C.

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est impossible de déterminer si cette disposition finale correspond à un état originel ou à un réaménagement régulier de l’espace, au fur et à mesure des inhumations. Les objets ou dépôts mobiliers qu’on peut associer à des défunts particuliers sont rares. Il s’agit surtout des bijoux, ornements personnels emportés dans la tombe. De fait, on n’a pas retrouvé à Pervolia de ces fragiles parures funéraires, couronnes ou plaques de métal précieux : les ornements des morts sont ceux qu’ils portaient vivants. C’est notamment le cas des enfants, chargés de bracelets de poignet et de cheville et de colliers de perles et d’amulettes dont la statuaire contemporaine (série des « temple-boys »20) offre une image sommaire mais exacte. Certains défunts tenaient une lampe dans leur main : le geste évoque une symbolique universelle, dont on ne peut saisir, faute de texte, la portée spécifique. on remarquera d’ailleurs que les lampes, entières et fragmentaires, sont nombreuses dans le comblement des dromoi, ce qui suggère que les inhumations, ou du moins une partie des rites qui leur étaient liés, se déroulaient la nuit.

Certains dépôts mobiliers se distinguent. On a ainsi retrouvé dans une tombe archaïque, auprès d’un squelette de femme adulte, un lot formé de petits vases de terre cuite et de faïence, d’un peigne en os et d’un coquillage (une valve de praire commune) qui contenait un jeton en pâte de verre (fig. 6). Ce dernier élé-ment pourrait être une pièce de jeu, s’il n’était isolé et associé à une série de pots et cruchons à onguents. Il servait donc plutôt à broyer les fards ; quant à la valve de praire, elle servait de palette21. L’ensemble formait une trousse de beauté déposée auprès de son élégante propriétaire. Autre exemple, le squelette d’une oie en-tière découvert auprès de deux enfants, probablement inhumés au même moment dans une tombe du ve siècle av. J.-C., entre sans doute dans une catégorie différente, celle de l’offrande22 (fig. 7).

20. Pour ce type statuaire, voir en dernier lieu A. Hermary, J. Mertens, The Cesnola Collection

of Cypriot Art. Stone Sculpture, New York, The Metropolitan Museum, 2014, p. 201-212.

21. L’usage de coquilles naturelles comme coupes à onguents est bien connu en égypte : J. Vandier d’Abbadie, Musée du Louvre, Département des Antiquités égyptiennes, Catalogue des

objets de toilette égyptiens, Paris, 1972, p. 104-106, nos 406-408. On connaît en Perse aux vie-ve siècle av. J.-C. des coupelles en faïence en forme de coquillage qui servaient à la préparation des cosmétiques : A. Caubet, G. Pierrat-Bonnefois, Faïences de l’Antiquité, de l’Égypte à l’Iran, Paris, 2005, p. 154, nos 408-409.

22. Ce dépôt a été étudié en détail par A. Gardeisen, S. Fourrier, « L’oiseau et les enfants : à propos d’une pratique funéraire inédite de Kition », Cahier du Centre d’études chypriotes 44, 2014,

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RECHERCHEs RéCEntEs à kition (CHyPRE) 1031

fig. 7. –L’oie et les deux enfants dans la tombe 379.

© Mission archéologique française de Kition. fig. 6. –Trousse de beauté in situ dans la tombe 398.

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Cet aperçu rapide ne met en relief que quelques-unes des avancées suscitées par nos recherches. Sans découverte exceptionnelle de mobilier, car le matériel déposé dans les tombes est, somme toute, modeste, les fouilles françaises de Kition-Pervolia ont donné des résultats importants et neufs, qui complètent, nuancent, renou vellent également sur bien des points notre connaissance des pratiques funéraires à Kition, mais aussi plus largement à Chypre et en Méditerranée orientale à l’âge du Fer. Le prochain cycle de fouilles commence à l’automne 2016 au lieu-dit Bamboula, sur le rempart et l’habitat de l’époque géométrique (xie-ixe s. av. J.-C.). Comme le précédent, il prend appui sur des travaux antérieurs, en l’occurrence un sondage restreint23 dont l’interprétation reste fragile et nécessite un élargissement.

Espace des morts, espace des vivants, la ville de Kition est peu à peu mieux connue ; elle permet, en retour, de s’interroger sur la topographie urbaine d’autres sites, à Chypre et en Méditerranée, auxquels les sources prêtent une histoire coloniale similaire. L’enquête, pour livrer des résultats solides, est forcément précise et donc lente. Le label, accordé par l’Académie, est une marque d’intérêt pour laquelle je remercie ses membres ; c’est aussi, je veux le croire, un encouragement à poursuivre nos travaux.

* * *

Le Secrétaire perpétuel Michel Zink, au nom de M. Olivier

picard, empêché, puis en son nom propre, MM. Jean richard,

Nicolas grimaL, ainsi que M. André Lemaire et Mme Annie Caubet, correspondants français de l’Académie, interviennent après cette note d’information.

p. 299-322.

Figure

fig. 1. –La ville de Kition à l’âge du Fer, avec la localisation des sites archéologiques, des tombes (points), du rempart (traits rouges) et de la ligne de rivage antique (tracé bleu)
fig. 3. – Relevé général des fouilles françaises dans la nécropole de Kition-Pervolia

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