La Chine et l’Inde dans
le conflit des images
Les deux émergents asiatiques vis-à-vis des normes
internationales de l’industrie cinématographique mondiale
Introduction
Circulation des produits et services
cinématographiques et négociations multilatérales.
Accord général sur les services (AGCS-OMC) –
Convention sur la diversité des expressions
culturelles (CDEC-UNESCO).
Inde et Chine, Parties à la CDEC; elles ont déjà pris
des engagements auprès de l’OMC relativement au
commerce des produits et services audiovisuels.
Inde: premier producteur mondial de films, Chine:
deuxième marché cinématographique mondial en
termes de recettes.
Introduction
Problématique: Les deux puissances émergentes
constituent-elles un axe commun vis-à-vis des pays
développés du Nord ? Quels sont les facteurs qui
expliquent la nature des préférences de la Chine et
de l’Inde, ainsi que le caractère de leurs stratégies?
Littérature existante sur les puissances
émergentes fondée sur deux approches: approche
réaliste – courant libéral/constructiviste
Concept de soft power
Discipline de la communication: Hollywood vs.
Bollywood; plusieurs pôles de production culturelle;
bataille culturelle entre Chine et Hollywood.
Introduction
Lecture du
comportement à
travers les structures
domestiques
Nature et trajectoire
historique des
institutions politiques,
arrangements
organisationnels entre
États et groupes
cinématographiques
a.
Émergence d’un régime
international de
l’audiovisuel: Poids de
Hollywood dans le paysage
cinématographique mondial;
rapports de force lors des
négociations multilatérales;
les positions et le rôle de
la Chine et de l’Inde
b.
Structures domestiques
de deux puissances
émergentes en tant que
source d’interpretation de
leur comportement au sein
des négociations.
1. L’émergence d’un régime
international de l’audiovisuel
Hollywood: de l'âge d’or des studios et du modèle
fordiste à l’avenement du cinéma-monde dans les
années 1980.
Hollywood entre dans l’ère post-industrielle
Avènement d’un nouveau produit (film
évènement), approche mondiale du marché,
concentration horizontale des groupes autour des
activités des loisirs.
Hollywood s’impose dans de nombreux pays pas
comme un cinéma national étranger mais comme le
cinéma.
Déclin des cinématographies nationales en
1. L’émergence d’un régime
international de l’audiovisuel
Les normes internationales pour le cinéma entre l’OMC et l’UNESCO Négociations sur l’AGCS-OMC en 1993: Libéralisation du secteur
audiovisuel (États-Unis, Japon, Nouvelle-Zélande) vs. Exception culturelle (France, Canada): Jusqu’à présent 30 membres de l’OMC ont pris des engagements dans le secteur de l’audiovisuel
De l’exception culturelle à la diversité culturelle
Négociations sur la CDEC-UNESCO: D’un côté, une grande coalition d’Etats
(France, Canada, Espagne, plusieurs pays d’Afrique et d’Amerique latine etc.) favorisant une CDEC efficace face aux accords commerciaux et voué à
renforcer la coopération culturelle internationale et d’un autre, d’autres
gouvernements tels que les États-Unis, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie opposés à l’adoption d’un instrument international voué aux industries
culturelles.
Sur des points controversés, le texte de la CDEC s’est négocié sur la base d’un
1. L’émergence d’un régime
international de l’audiovisuel
Inde: stratégie modérée, alliances
sporadiques et ambivalence.
Chine: intégration réservée, stratégie
coherente et contraintes institutionnelles.
Rôle d’appui et rôle de balancier.
Absence du clivage Nord vs. Sud ou pays
développés vs. puissances émergentes.
Les deux puissances ne constituent pas
une coalition avec des stratégies communes.
Alliances sporadiques en fonction des
2. Les structures domestiques
des puissances émergentes
Inde et cinéma: fragmentation, intervention discrète, langage
filmique particulier et autosuffisance.
Absence d’une véritable politique interventionniste; système de
taxation privilégiant les films régionaux dans les différentes
provinces.
Film “massala” – film de divertissement, langage filmique particulier
adapté au goût du public indien; les films d’autres genres ou les
films d’auteur représentent une place infime dans le paysage
cinématographique indien.
Les films étrangers représentent à peine 10 % de la fréquentation.
Le marché des films indiens hors du pays reste extrêmement limité;
2. Les structures domestiques
des puissances émergentes
Chine et cinéma: centralisation, ouverture contrôlée et insertion continue
A la fin des années 1980, le cinéma est un des secteurs étatiques les plus conservateurs et son
fonctionnement se fonde sur une planification centrale et la propriété étatique.
Début des années 1990, ouverture lente du marché cinématographique chinois sous la crainte d’un
effondrement de l’industrie cinématographique et sous la pression de l’administration.
Depuis 1996, les films étrangers et notamment hollywoodiens accaparent environ 40-50 % du
marché cinématographique annuel.
La Chine développe un film d’auteur qui reçoit un grand nombre de prix dans les cinq grands
festivals internationaux (Cannes, Venise, Berlin, San Sebastian, Locarno).
De 1995 jusqu’à présent, cinq productions chinoises ont enregistré des recettes de plus de 10 millions
US$ dans le marché des États-Unis contre une seule production indienne (Monsoon Wedding (2002)).
Au début des années 2000, le quota est passé de 10 à 20 films étrangers, distribués en partage de
recettes et d’autres films étrangers, dont le nombre est variable, sont vendus à China Film Group au forfait.
Depuis le début des années 2000, la croissance du marché cinématographique chinois reste
Conclusion
La structure du régime international de l’audiovisuel n’obeit pas à une logique
des coalitions Nord vs. Sud, pays développés vs. puissances émergentes;
alliances sporadiques en fonction des questions très spécifiques.
L’analyse doit se tourner vers les structures domestiques, facteur explicatif du
caractère de l’interaction collective à l’échelle internationale.
Inde: les coûts et les bénéfices de son intégration dans le régime international
de l’audiovisuel n’ont pas des véritables effets sur le fonctionnement et la
structure de l’industrie cinématographique indienne.
Chine: une stratégie reflétant ses priorités domestiques, elle vise à
sauvegarder sa souveraineté culturelle/contrôle étatique dans l’industrie
cinématographique et à favoriser l’OMC en tant qu’entité nécessaire à la Chine et à l’industrie cinématographique.
L’Inde est une puissance peu concernée par les enjeux du régime
international de l’audiovisuel vu le caractère autarcique de sa
cinématographie; la Chine correspond à un éléphant tranquille censé dans un avenir proche revendiquer l’innovation du régime et devenir l’instigateur des nouvelles règles du jeu.