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L’agro-alimentaire en période de crise
Jean-Baptiste Henry
To cite this version:
Jean-Baptiste Henry. L’agro-alimentaire en période de crise. [Rapport de recherche] Station d’Economie Rurale de Rennes. 1981, 16 p. �hal-02338165�
Lf.{"R;4.
-
l'i,,ii'.îi'it::3 ËC C,N O ltl i [ /' I i i."i i- L,':\t-EBrBLrût=f ii:Çt.iË
MiNI5lIR€ DE L'AGRICULTUFE
ll'ISIITUI NAII0NAL 0E tA RTCHFBCHE AGR0N0MI0UÉ
STATION D'ÉCONOMIE
ET DE
SOCIOLOGIE RURALES65, rue do Srlnt-Etleuc - 35042 REIIItIES CEDEX Té1. (99) 59.29.52
)
L'reno-RLIMENTAIRE
EN pÉRIoDE DE cRIsEJ .
B,
HENRYjanvier
1981I
L'reno-RLIMENTAIRE
EN pERIoDE DEcntsE
*
1.
Introduction
:
L'aqro-alimentaire
et la
crise
1.1.9gelle-gci:e
t
Depuis
cinq à
six
anss'est
imposée auprèsde
l'opinion
pubfique unecertaine
idée de
"LaCrise"
:
celle-ci
serait
unesorte
de langueurrde dépressiongénéra1e de l'économie mondia'le, se
traduisant
notammentpar
'le
chômage,I'in-f'lation
et'la
baisse des revenus pour 1es peuples des paysindustrialisés.
I1s'est
développé parallèlement uneréaction
defatalisme
devant 'les mécanismeset
les
conséquences de ces phênomènesqui
sembientincontrôlables
et
iné'luc-tables,
droù une tendance au découragementet
au pessimismequi
pousse chacunà
courberl'échine
dans soncoin
en attendant que ce'la se passe...
et
que viennent desjours
mei I 'leurs.Sans
entrer
dans'le
détai'l
des controversessur'la
notion
decrise
il
est
pourtant
nécessaire dedire
quelques motsrenintroduction â cet
exposê,sur
ce qu'un peut appelerpius justement,
en dédramatisant,les
nouvel'lescondi-tions
del'activitê
économique.Depuis
le
dêbut des années70,
l'économie des paysindustridlisés
à
dûfaire
face
à
:-
un dérèglement du système monétaireinternationa'l
: les
changesjusqura'lors
fixes
sont devenuesflexibles
avecles
conséquences quel'on
connaîtsur les
taux
de croissance nationauxet
sur les
courants dtéchanges.-
une augmentation considérable duprix
de'l'énergie
et
de 1a plupart des matières premièresindustrielles.
-
une concurrence des pays du Tiers-Monde,à
bassalaires,
pour desactivités
dont
la
technologie sebanalise
(textile,
sidérurgie, é'lectrique,
é'lec-tronique,
bois,
jouets,
pêche,optique,
chantiers
navalsetc...).
x
Cetexte
a
été
préparé pour un exposéâ
I'assemb'lée générale du G.R.D.A. deCes changements
ont'leurs
prémisses,il
faut tout
desuite
le
faire
re-marquer, dans 1a
politique
menéepar
1es paysindustriels
et
leurs
entreprisesvis-à-vis
duTiers
Monde,et
notammentdans'lrétat
de dominationpolitique,
êconomique
et
technologique auquel ces paysétaient
et
restent
'le
plus
souventsoumis. Nous assistons non pas
à
unecrise
d'effondrement de l'êconomie, maisà
une gigantesqueredistribution
descartes
à
l'échelle
mondiaiequi
affecte
d'i fféremment' 'les pays
,
1 es secteurs d racti vités
et
'les
typesd'entrepri
ses .Dans ce
contexte,
le
gouvernement dela
France animépar
unephiloso-phie
libérale
a
décidé de donnerla
priorité
au redéploiement del'industrie
vers
les
secteursdravenir
(1esfameuxrrcrêneaux")r.t
à
l'assainiisement
de1'appareil
industriel
par
1têlimination
decequ'unministrea
appelé"les
canardsboiteux",
avecles
conséquencesque'l'on
connaît au niveau de l'emp1oi.Ainsi
ce qu'onappelle
"LaCrise"
est'la
résultante
drunepart
duchangement des rapports de
forces
au niveau mondia1,d'autre part
des po1;itiquesd'adaptation
oud'offensive
menéespar les
paysindustrialisés.
t.2.
tlrgrg:eliuenlcite-{ln:-Ie-eri:e
Ce préambule permet,
je
crois,
de mieux comprendre 1a placeprise
par1'agro-alimentaire
dansles
discours
officjels, et
par
voie
de consêquence dans1a presse
et
les divers
moyensdrinformation,
depuis que'lques années.C'est
parrapport
auxdifficultés
actue'lles d'adaptation
de l'économiefrançaise
et
parrapport
auxobjectifs de'la
polit'ique
du gouvernementqu'i'l
est
demandé au secteuragro-alimentaire
dejouer
unrô1e
important dansle
maintien des grandséquilibres
économiques
du
pays :- celui
dela
balance des paiements, encontribuant
à réduire
le
déficit
dû aux importations
d'ênergie
notamment(cf.
"1e pétro'lede
la
France").- celui
desprix
et
dessalaires
encontribuant
à
1a'lutte
contre
l'in-f'lation
par1e
maintien
au niveaule
plus
bas possible duprix
desproduits les plus nécessaires,'l'alimentation.
-
celui
de 1'emp'loi, encréant
des emplois dans'les
IAA,et
en empêchantla
dêsertification
decertaines
zones,pâr
le
ralentissement deItexode rural
Ainsi, et
ce sera mon hypothèse gênêra'le,jravenir
de 'l 'agro-alimentaireest
pensê fondamentalement enfonction
de sa capacitéà
permettre l'accumulation ducapital
dansles
branchesd'activité
jugéesprioritaires.
0F,
1e problèmeest
qu'au moment oùi'l
est
demandé ausecteur
agro-a'limentaire de "donner son sang"si
ie
puis
dire,
pour permettreà
l'économienationale
de sereconstituer,
cesecteur,
et
particulièrement
sa composanteagricole
(l'agriculture)'
ne setrouve
pas en bonne santéet
donne des signesd'essouflement
et
d'anémie.Llagro-alimentaire
peut-i'l
fajre
le
pompier chezles
autres
quand sa propre maisonest
enfeu
?
onpourrait
aussi
se poser.'la question souscette
forme.
I'l y
a
donc uneautre
manièred'aborder
le
débatsur
l'avenir
del'agro-alimentaire qui
consiste
à
partir
de sa propresituation
et
de ses propresdifficultés.
2.
Lescri
sesde
I ragro-a'l i mentai re2.1.
Un_qgnstat:
'la
baisse des revenusL'êvolution
des revenusagricoles
moyensi'llustre
les
difficultés
queconnalt
actue'llement1'agricu'lture,
ouplus
exactement, que connaissent lesagriculteurs.
Il
y
a
euâ
partir
de 1974 un renversement complet dela
tendanceobservée depuis
'le
dêbut des années 1960.Alors
que de 1965à
1973le
revenunet
par
exploitation
avait
augmentêde 40 % environ (p1us de
4
% par an en moyenne), depuislors
il
a
constammentbaissé,
diminuant globalement de 74à
80d'environ
z0 %(-3rs
%par
an).
En1980, on va
retrouver
un revenunet agricole
moyenpar
exploitation
équivalentà
ce1ui de lrannêe 1970.Cette
tendanceest
spêc'ifique au secteuragr.icole,
carle
sa'laire
net
par
sa'larié a
continué sa progressionet'le
revenu desentrepre-neurs non
agricoles
également.El'le
aurait été
p'lus défavorab'le encores'jl
n'y
avait
eu des aides exceptionne'lles(?)
desoutien
accordées de 1974à
1977, puis en 1980,et
f
indemnisation des calamitésen
1978(1).
Quelles
sont les
causes decette évolution
des revenusqui
révèle
bienl'existence
d'unecrise
agrïco'le dansnotre
pays ?Apparemment
les
chosessont
très
simples1)
D'unepart,
il
y
a
eu au coursde]a
décennie des accidentsclimatiques
:très
bonne année de 1973,très
mauvaise année L976, Maisl'évolution
du volumedes
jivraisons
de'l'agriculture
n'explique qu'en
partie
la
chute des revenus(cf.
tableau).(1)
Source:
F.
HOUILLIER, L'êconomieagrico'le
en lg7g,
Revue d'Economiepo]itique,
Tableau
1.
Taux devariation
annuel du volume deslivraisons
de 1'agricu1ture françai set960-74
+ 2,5
%par
anL974-76
- t,l
%t976-1979
+ 4,L
%Source
: VIIIè
P'lan,rapport
de'la
commissionagriculture
et
IAA (p.182).2)
d'autre
part,
on observe depuis 1975 un ralentissement dela
diminution
dunombre
d'exploitants
(-2,5
%/an
de 63à
70,
-3,5
% de 70à 75,
-L,l
% de 75â
80)"0r,1a
diminution
deia
popu'lationactive a êtê
unfacteur
important
de1'augmentation des revenus
agricoles.
Cecidit
on nesait
pastrès
bien
si
ceralentissement
est
dûâ
la
crise ('l'agriculture
"stockant"
à
uncoût
bas pour'la
collectivité
des chômeurspotentie'ls)
ouà
uneffet
mécaniquede'la
pyram'idedes âges
(de
la
structure
démographique) de 1apopulation agricole.
3)
Maisla
causeprincipa'le
est à
rechercher dansle
domaine desprix, et
notam-ment dans
la
relation entre'l'évo'lution
desprix
des consommations intermêdiaires,et
ceuxdesproduits
agricoles.
Il
y
a
eu une dégradation des termes de l'échange dusecteur
agricole
dtenviron
15 % au cours des années 72-73-74,à
la
suite
de
la
hausse desprix
de
ltênergie
et
des matières premières;
cela alors
queIa
baisse
(enfrancs
constants) duprix
desproduits
agricoles
s'accentuait.
Lahausse des
produits
pétroliers
en 1979a
encore accrula
différence
d'évolution
des
prix
deslivraisons
et
des consommationsintermédiaires
(cf.
VIIIè
Plan :rapport
dela
commissionagriculture
et
IAA, p.188-189).Ai
nsi
peut-on avo'ir
'l ' i mpressi on que 1es probl èmes agri col es actuel ssont
dues auxeffets
mécaniquesdu
"chocpêtrolier"
frappant
1'agriculture
dansses approvi si onnements
.
l'lais si
'l'on
regarde de pl us près,
'i'l
apparaît que'le
secteur
agrico'leconnaît
enfait
unesuperposition
decrises
qu'iont
desorigines
moinsconjoncturelles,
contenues danslrhistoire
des transformationsêconomiques
et
sociales
depuistrente
ans.0n peut
ainsi
distinguer
notamment :la
crise
du "modèle" technico-économiqueagricole,
la
crise
de 1apolitique
agro-alimentaire,2 .
2
\l
-çri :c -d g - luedÈ le I -legbn ige:Ê gsnssisse -es
ricele
Ce modèle, que
certains appellent
"industriel",
d'autres "productiviste",
d'autres
"capitaliste",
...
a été
mis en place progressivement depuis 1945. Maisil
a êté
défini
surtout par
1aloi
d'orientation agricole
de1960-62:
sespromoteurs, 1e gouvernement De
Gaulle
(et
sonMinistre Pisani)
et
1e CN,JA, puisla
FNSEA(et
sesdirigeants
p.armilesquels
M. Debatisse)avaient
1'objectif
deconduire
les
agricu'lteurs
à
1aparitê
des revenus avecles
autres latégories
sociales
(lesque'lles
?) â travers
la
promotion delrefficacité
technique au plande
la
production,
et
de'l'organisation
économique au niveau dela
mise en marchéet
dela
commercia1isation. Desrésultats
considérablesont étê
obtenus,sur'le
pian
desquantités
produites,
et
sur
1eplan
des revenus, dans un prem'ier temps ;mais
les
effets
négatifs
sesont
manifestês, progressivement,et
surtout
après1973,
lorsque
les
nouvellesconditions
économiques génêralesont
servi
derévé:-lateur
auxdéfauts du
"modèle",Citons,
brièvement, quelques-uns :-
la
diminution
accélérée du nombred'exploitants,
accompagnée dedisparités
au niveau économiqueet
au niveau géographique (tendanceà
la
concen-tration
et
â
l'enrichissement
d'un côté,
tendanceà
'la
margina'lisationet
à
la
désertifjcation
de 'l'autre)
i-
1afragiIité
financière
desexp'loitations
dites
"modernes"et
leur
sensibilitë à
la
politique
ducrédit:
cequi
fait
la
spécificité
de ce qu'on appe'l'le pudiquement'les "casdifficiles"
cen'est
pasqu'i'ls
soient
endifficultê
(il
y
a toujours
eu des casdifficiles
enagricu'lture
cf.
revenus, exode,etc...)mais
qu'ils
sont
incapables des'adapter;
cesexploitations
nep'lient
pas,
elles
cassent;
e'lles
n'ont
plus
d'amortisseurs.-
la
sensibi'lité
économ'ique desexploitations
spécialisêes
dépendantesà
lramontet
lraval
defacteurs
et
de marchésqu'el1es
ne peuvent pas contrô1er,dépendantes des
politiques
budgêtaires des gouvernements.-
la
dêpendancesociale
à
l'êgard
desIAA,
notamment dans 1es productions animalesa étê
soulignée, particulièràment
dansl'Ouest
dela
France.-
1e problèmefoncier,
celui
dela
transmission desexploitations
et
ce'lui
ducoût
drentrée dansI'agriculture
aujourd'hui
rendant depius
en p'lusdifficile
et
risquée
l'installation
des jeunesexploitants.
-
'l'efficacité
productive
d'uneagricu'lture faisant
deplus
en pius appe'l aux consommationsintermédjaires, est
elle-même mise endoute.
Ala
fois,
â
cause des gaspi'llages de ressourcesrares
qu'e1'le provoque,et
à
cause de sonrendement en termes de
création
de richessesnouvelles.
Lavaleur
ajoutée paraugmenté en volume de
2rI
%paran, alors
que de 1971à
79el1e
a
diminué en moyenne de0,5
%/an(v.A./actif,
de +712%/anà
+2,9 %/an).Alors qu'en
1969,100 F deconsommat'ions
intermédiaires
conduisaientà
323 F deproduit
brutpour
les exp'loitations
laitières
(de
20à
50ha),
dix
ansplus
tard
(i978)100 F ne
rendent
plus
que 245F.
(source RiCA:
l'évolution
dela
productivitê
des consommations
intermédiaires
de 1968à
1978-
S.C.E.E.S.
S
nol nov.
1980).Les
critiques
du modèle technico-économique nesont
pas récentes iun des courants du syndicalisme
agrico'le,
"'les
paysans-travailleurs",
a
mêmeson
origine
danscette
mise en cause. Depuis queiques années, cescritiques
ont
rencontré un échoplus
large
et
il
est
quand mêmesignificatif
de'l'existence
dtun
problèmeréel
à
ce niveau, que 1edirecteur
génêral de1'I.N.R.A.,'l'un
despromoteurs du modèle en
question,
ait
écrit
unrapport
sur
uneagriculture
p'lus économeet
p'lus autonome(cf"
aussi
interview
dans 0uest France du 8.01.1979, ouAgrisept
6.01. 1978).2.3
Lacrise
dela
pel,i!igse-3ete:BI imentai reLa
politique
agro-alimentaire
est
caractériséejusqu'à
présent par un interventionnisme des pouvoirspublics
relayé
depuisl'ouverture
du marché communpar'la
politique
agricole
commune.Interventions
sur les
prix
despro-duits
agricoles
et
sur les
marchés, s'appuyantsur
un système de soutien auxmodalitês
diverses
(stockage,exportaiions, protection
desfrontières,
aidesà'la
consommation,etc
...)
et
destinêesà
assurerf
indépendance alimentaireet la
sêcuritê
des approvisionnements de base. Cettepolitique
a
êté
1'un desfacteurs
du développement du modèle technico-économique"productiviste", elle
a été
en quelquesorte
son"filet
desécurité".
0r
cette
politique
agro-alimentaire
est
soumiseà révision
depuisplusieurs
années dansle
sensd'un libêralisme plus
granddont
le
prétexte
estIa
génêration d'excédentsstructurels
conduisantà
uncoût
dusoutien
de p'lusen p'lus
lourd:
limiter
les
interventions
dela
P.A,C.et
donc 1es dépenses ;ouvrir
1'Europesur
le
marché mondialdont
les
prix
sont en généra1 beaucoupplus
faibles
(cette
ouverture sefaisant à
la
fois
par
l'admission
de nouveauxmembres (Grande-Bretagne,
puis
Grèce, Espagne,Portugal)
et
par
un assoup'lisse-ment de 1aprotection
auxfrontières
dela
C.E.E.),
te'ls sont
les
principesde
cette
réforme.
Le premier pasétant
I'institution
dela
co-responsabi'litê desproducteurs, en considêrant
qu'i1 n'est
plus
possible
decontinuer
à garantir
les niveaux deprix
à
desquantités
il'limitées
de production("1'artiste"
va devoirtravailler
sansfilet !). Il
faut
remarquer que1'ouverture
au marché mondialdistorsions
monétaires:
despolitiques
de nouveaunationales
desprix
agricoleset
des dêrogationssont'la
conséquence deI'institution
des montants compensatoiresmonétai res.
I'l y
a
donc dansl'évo'lution
dela
po'l'itique agro-alimentaire
uneautre
source de problèmes pour1'agriculture
;
problèmesrelativement
indépendantsde
"la
crise"
comme ceuxpar
exemple des producteurs de porcs (M.C.M.), desproducteurs de
Tait
(excédentset
co-responsabilité),
des producteurs defruits
et
'légumes(entrée
de nouveaux membres).2.
4
ts-gri:e-!e:-relc!ien:-g
c'l
aut caLes transformations de
la
vie
urbaineet
industriel'le
induisentde
la
part
de 1a grandemajorité
dela
population française
urbanisée, uneredéf
inition
deleur
rapport
à
la
nature, à 'la
campagne,à
'l 'espacerura1, et
par
voie
de conséquence,à 1'agriculture
0r,
cette attente
renouveléerdansle
sensdu "nature1", du
"sain"du
"calme",du
"traditionnel"
(1esracines),
de1'"artisanal"
que'la
publicité
sait
très
bien
uti'liser,
débouchesur
une déceptionlors
ducontact
aveci'agri-culture
réelle.
0n peutdistinguer à
cesujet
3
niveaux d'incomprêhension,vis
à
vis
:-
de 'l'uti'lisation
du so'l,
lorsque
'l'agriculteur paraît détenir
un monopoleface
auxappet'its croissants
de rêsidenceset
dejardins
ruraux-
des techniques de productionqui
semb'lent.conduireà
la fois,
à
la
destruc-tion
des paysageset
à
la
po'l'lution
des ressourcesnaturelles
(i'eau
notamment)et
à
une mauvaisequa'litê
hygiéniqueet
gustative
desproduits
(1e pou'letet le
veau aux hormones...)-
du comportementcivique
desagricu'lteurs
qui,
à
la fois,
manifestent v'iolemmentlorsqu'ils
sont mécontents,paient
moinsd'impôts
qu'iis
nedevraient,
préfèrentdétruire leurs produits
a'lors
gueles
besoins nesont
passatisfaits,
perçoiventles
aides pubiiques,
etcCe phénomène de
dêtêrioration
def
image delragriculture est
dû enpartie
à
la
mëconnaissancepar
1a population urbaine des transformationsde'l'agri-cu'lture
;
maisil
est
dûaussi,
enpartie,
aureport,
pâf
1esagricu'lteurs,
decertains
coÛtsinhérents
au système de production modernersur
I'environnementries-gesieLer
ou
sur les
consommateurs. Cettecrise entre
1esagriculteurs
qu'iont
mis enapplication
le
modè'le technico-économique dominantet
les
autres
couches socialesqui
sont
en même tempsles
consommateursnta
pas que des aspects négatifsd'ailleurs,
car
elle
est
aussi
révêlatrice
dela
demandesociale,
dê ce qurattendla
société
de1'agriculture
et
desagriculteurs.
3.
La nouvellepolitiq
ue aqro-alimentaireFace aux problèmes
d'orig'ine
diverse
qui
se posentaujourd'hui à
l'a-griculture
que proposent 1es pouvoirspublics
:
enquoi consiste
la
nouvel'lepolitique
de 'l'agro-alimentaire,
te11equ'el'le
sedéfinit
à
travers
'!esdéclarations
des gouvernantsrla
loi
d'orientation agricole
et le
8è Plan?L ' agro-a 1 i mentai
re
est à
'l ' honneur !,"L'agriculture
doit
être notre pétrole",
."L'agriculture
doit
être
uneagricu'lture
de conquête".Le PrÉsident deia
Républiqueen
1977à
Vassy.."La
puissanceagricole
française
a
un aspectinternationa'l
dontf
importanceest
désormaiscapitale"
(M. Debatisser 59è congrès dela
CNMCCA). Premier
arti
c'le de'la
Ioi
d'ori
entati on agri coJe
"Accroître
'la
compé-titivité
de1'agriculture
et
sacontribution
au développement êconomique du paysen
renforçant
sacapacitê
exportatrice
et
enassurant 'l'équiljbre
delremploi".
.
Premièreslignes
durapport de
la
commission"agriculture
et
IAA"du 8è
Plan: "Dans'l'ère d'incertitude
et
de changement danslaquelle
le
mondeest
entré
depuisplusieurs
années, 1e secteuragro-alimentaire
demeure pour -denombreuses
raisonsr
T'une des chances dela
France".Au-delà de ces propos
optimistes,
exa'ltants même,sur
un secteurd'ac-tivité
dont I'importance a
été
sou'lignée depuis longtemps,quelles
sont'les
modalités de mise en oeuvre de
cette politique
deconquête,'les
moyens prévuspour
1'extraction
et
1'exploitation
du
"pétrole
vert"
?Trois
grandsprincipes
guident
la
politique
agro-alimentaire
(qui,
3.1.
te-pilglcge-p
ar
lraval
"C'est
Ireffort
commercial qu'i désormais dynamiseI'agriculture"
"Le revenu paysan
est
désormais accrochêà
i'expansionagro-
alimentaire"...
"La
crise
doit
être
conjuréepar
1'expansion commerciale des produits transforméset
vendusâ
l'étranger"...
"Nous avons gagné une première
rêvolution,
celle
dela
production,i'l
nousfait
maintenant gagner une deuxième,ce'lle
dela
tranformation"i..
Michel Debatisse,
Secrétaire
d'Etat
aux IAA(Le Tê1égramme, 3-4-5-6.01. 1981)
L'accent
est
missur
le
rôle
essentiel
quedoivent
jouer les industries
detransfor-mation des
produits
agricoles
qui,
affrontêes
aux marchésinternationaux, seront
enmesure de
réorienter
les
productions enfonction
des débouchês.Dans ce
but,
uncertain
nombredtinstruments
nouveauxsont
progressivement mis en p'lace :-
Secrétariat
d'Etat
aux IAA-
Institut
de Développement desIndustries
alimentaires-
Conventions de développement(coordination
des aides de'l'Etat)
-
Fonds de promotion desproduits agricoles
et
alimentaires
pourfavoriser
1 rexportation-
la
CNCAa
été
autorisée
à prêter
directement auxIAA,
tandis
que laliberté
desprix
desproduits
alimentaires a
étê
restaurée,
afin
de permettre auxIAA de
reconst'ituer
'leurs marges.3"
2 tc-renferssue!!-dc-le-prsdss!iyi!É-en-qgrisul!sre
,.."En
face
despêri1s
s'amoncelant dansle
Marché Commun,1'agriculture
doit
connaître
sa deuxièmerêvolution,
une expans'ionà
n'importe
quei
prix.
Ni'la
France,
ni
la
Communauté Européenne nepourront
longtempsmaintenir
des dépensesélevêes en faveur drun
secteur
qui
nefait
pas'lui-mêmel'effort
deproductivité"
R.
Barre,
(0.F.
11.03. 1980) ...."I.l
nty a
pas demiracle,
il
nefaut
pas tromperles
gens. La seulesolution reste
1aproductivité,
aussi bien
pourles
entreprises
alimentairesque pour
les
agriculteurs.
Ce queje
dis est peut-être
crue'l,
maisi'l
ne peutexister
drentreprises agro-alimentaires rentables
sansproduits
agricoles
bonCette
dêclaration
n'est
pasd'un
ministrer
rïrâis du P.D.G. des salaisons"Hénaff".
tlle
a
le
mérite
d'êire
claire
et
de poser sansambiguité'la
contradic-tion
fondamentalequi
risque
des'élever entre
producteurset
transformateursau
sein
du secteuragro-alimentaire.
Maisla
recherche d'uneso'lution
à cette
contra-diction
a inspiré
le
troisième volet
de'la
nouvelle
pofitique
agro-alimentaire.3.3.
La mise en p'lace defi'l
i èet
d'inte
r0fess i ons"C'est
lreffort
commercialqui
désormais dynamisel'agriculture.
Celan'est
pascontradictoire
aveclramêlioration
dela
productivité.I'l
y
a
risque de dêpendance des producteursvis-à-vis
desindustries, qu'el'les soient
privéesou coopératives. Ce
risque
doit
être
é'liminêpar
1rorganisation interprofessionnel'le".
..
Qutagriculteurs
et
industriels
s'organisent
à
I'intérieur' d.
fi'lières
dynamiques
;
queies
mêmesindustriels,
qu'ils ioient
coopératives ouprivês,
regroupent
leurs
forces pour
ja
conquête des marchêsà 1'exportation.
Lestrois
objectifs
concernant'le
revenuagricole,
la
sauvegarde des emp'loiset
la
croissance de lrexcédent commercial agro-a'limentairepourront
alors
seréaliser
pleinement"..
Debatisse,Secrétaire
d'Etat
aux IAA(Le Té'légramme
,
3-4-5.0i.
1981)4.
Quellessont
les
chances derêussite
decette
politique
?Les pouvo'irs
publics
en pronant 1apo'lit'ique
queJe viens
dedéfinir
font
trois
paris
audacieux :.
I'un
sur lrexistence
de débouchés solvables,.
lrautre
sur
la
capacité
des IAA A mener unepolitique
d'expansioni.
le
troisième,
sur
ia possibilité
pour
'ltagriculture,
non seulementde poursuivre dans
la
voie
engagée depuis 20 ans, mais encore deréaliser
un nouveau bond en avant.Avant d'examiner
très
brièvement chacun de cespoints,
i1
importe de souligner quecetie
politique
ambitieuse ne s'appuie passur
des moyensfinanciers
pub'lics accrus maissur
uneréorientation
des concours budgétairesvers'les
investissementsproductifs
dansle
cadred'une
sê1ectivité
accrue des aides publiques("aider
ceuxqui
vont
gagner" déclare encore M. Debatisse). Les moyens nouveauxseront
dégagésà travers
uneparticipation financière
accrue desagriculteurs
:
relèvement descotisations sociales,
pré1èvementsfiscaux
adaptês aux revenusréels,
versement de+. 1 Elig!e:!:i1-deg-delsushe:-gel.ycbl.es ?
A observer 1 révo'lution de 'la balance commercia'le agro-ai imentaire,
i'l
semblebien
queoui.
Eneffet,
misâ
part
l'accident
climatique
de 1976 quis'est
répercutéen
1977, 1e soldeest
toujours
positif
depuis 1974et
enforte
augmentation en 1980 pour
atteindre'les
18M de Fenviron.
Maisil
s'agit
seule-ment du solde desproduits alimentaires
i
si lron
prend en compteles
produitsagricoles
nonalimentaires
et
les
produits industrie'ls
destinésà 1'agriculture,
le
so'ldedevient
plutôt
négatif
(sourcecf.
note
1),
Cequi
veutdire:
à
quoibon consacrer de gros
efforts
à ltexportation,
si
paral'lèiement on ne se souciepas'
ou peu, desimportations
et
des coûts deproduction
!
Et
ced'autant
plusque nos
produits
excédentaires nesont
pas(sauf'le
blé)
stratêgiques,
maisque nos
importations par
contre
le
sont (soja,
machinesetc
...),
Une
deuxième'limite
est
constituée
par
les
doutes que1'on
peutavoir
sur
l'avenir
dela
P.A.C.
:
la
Franceest
largement dépendante dela
C.E.E.soit
par'les
marchésintérieurs
quecelle-ci
lui
fournit, soit
par les
facilités
drexportation
sur les
marchés mondiauxqu'el'te permet.0r
un courantmalthusia-niste
se déve'loppe pourlimiter
les
interventions
deja
P.A.C.et
1a protectionvis-à-vis
du marchémondial.
La questionest alorsr gutelle
peutêtre
lrautonomied'une
politique
agro-alimentaire nationale
par
rapport
à
la
po'litique
dela
p.A.C.
?4.2' tg:-I:ô:ô"-99!!:9ll
esc
bles
d's!9-sel.i!iegc-dielesnsie!
?Les
I.A.A.
sevoient
confier
une doublemission
:
trouver
des débouchéssur
le
marché mondia'I,et,
réorienter'la
production pour 1'adapter au marché, Quiva pouvoir mener de
front
cette po'litique
?Les grands groupes
industrie'ls
? maisleurs
capitauxsont
instab'les,(cf.Perrier)
ils
choisissent
des iréneauxlimités
à
forte
valeur
ajoutéeet
leurscontacts
avec'le secteur
productionsont
très
réduits
en génêra1. De nouveauxcapitaux
srinvestissent
dansl'agro-alimentaire
actuellement maispiutôt
dansla
périphérie
et
notammentla
bioindustrie
(Rhône-Pou'lenc,Lafarge,
Clin
-MidyIndustries
...).
Les P.M.E. ?,mais comment
les
coordonneret
leur
permettrelraccès
auRestent 1es coopératives
et
notammentles
grandesunités
coopératives rêgionaiesqui
iouent déjà
unrô]e
de coordinationet
drencadrement desproduc-teurs,
et
qui
ont
souventaussi
unepolitique exportatrice,
individuellement
ouau
sein
d'Unions.
Le prob'lèmeest
que depuis quelques années,1es grandescoopé-ratives
po]yva'lentes ouspêcialisées
marquent'le paset
connaissent desdifficultés
financières qui
nesont
pas sansrelation
aveccelles
quesubissent'leurs
socié-taires
et
adhérents. 0ûtrouveront-el'les
les
capitaux nêcessairesà 1'exploitation
du
"pétrole
vert"
?
Chezleurs
adhérents?
Cecirenvoie
directement au 3ème parisans doute
'le pius
risqué
dela
politique
agro-alimentaire.q.s
tlggriggllgre-9:!:e11e- le-pgr:iDili!É-de-recLiger-s!-lesysss-!etd-en-ryc!!
?Finalement
tout
lrêdifice
agro-alimentaire
reposesur
le
comportementdes
agriculteurs "ies
japonais de'l'économie", selon lrexpression
de M.Albert
le
commissaire au PlanEt
c'est vrai
qu'ils
ont à
résoudre'le
"quadrature ducerc'le"
!
Investir,
alors
que'leur valeur
ajoutée baissealors
que 1esconditions
de financementet
dremprunts sedêtériorent
alors
que'les
prélèvementssur leurs
revenusdoivent
s'accroitre.
Ceci,
dans une atmosphèred'incertitude
sur
'lesprix,
Ceci,
dans une conioncture de ralentissement dela
croissance économiqueCeci,
dans un environnementqui
remet en causele
modèle de développement appliquêjusqu'à
présent"I'l
est
probable que 1e nombredragriculteurs
capab'lesd'investir
va serédui
re
:
"beaucoup d'appelês,
peu d'él us"Mais
i1
est
probab'leaussir
gu€d'autres
formesd'investissements,
impli-quant un changement de
statut de'l'agriculteur,
dans'le
sens del'intégration,
vont se développer. La rêférence constante au dynamismede'la
brancheavicole est explicite
à
cesujet.
La
question
est
alors
desavoir
si
1e syndica'lismeagricole
officiel
(FNSEA)
qui
a
collaborê
directementà
la
définition
et
à
la
mise en place dela
nouve'l'le
po'litique agro-alimentaire,
accepteraet
cette sélectivitê
renforcêe etcette
situation
de dépendance de nombreuxagriculteurs
peu compatible avec sesrêférences
à
l'agriculteur
"chef d'entreprise"
et
à
une "économ'ie deliberté,
ci'ini-tiative et
deresponsabilité".
Le syndicalismeagricole
et la
Coopération, quiiouent
unrôle
de régu'lationet
d'entremetteur
-
amortisseurentre
ies
agricul-teurs,
1es iAAet
1es pouvoirspublics,
risquent
doncd'être
soumisâ
detrès
5.
Conc'l rlsion
:
et
'la
Bretagne ?Tous ces probTèmes,
toutes
cescontradictions, tous
ces doutes,la
Bretagne
les
ressentet
les
vit
intensément.I1
suffit
derappeler
l'importance deI'agro-alimentaire
dans 'l 'économierêgionale
;
p'lus de 30 % des emp'lois,50 % des
exportations
régiona'tes.El'le
les
ressentdrautant
plus
qu'elle
estengagée
plus
quedrautres
rêgions dansle
modèle technico-êconom'ique dominant,et
qutelle est
donc mieux à mêmedten apprécier
les résultats
et1es
risques.Au moment où
le
secrétaire
d'Etat
aux IAAvante'te
dynamismerégional
"Faites commeles
bretons.
Voilà
ce queje
dis
aux gens du Sud-Ouestu(le
Têlégramme4-5.01.1981),'les
bretonsconstatent,
à leur
corps défendant, QU€ si pour'l
'ensemble de
'la
France'la
baisse du revenuagricole
est
cette
année de 10 19 %,pour
]a
Bretagne,elle
est
estiméee
1915 %,soit
presquele
doub'le!Le
bonélève
corûnenceâ avoir
des doutessur
la
qualité
de Itenseignementqu'i'l
a suivi
En même temps
le
complexe derelations d'entreprises,
de services'de pouvoirs
aussi
qui
s'est
constitué
autour
del'agro-alimentaire
représente désormais unestructure
lourderpeuplastique
...
Comment
alors
envisagerItavenir
? Je proposerai unerêflexion
dansle
senssuivant
:
face
à
la
déstabilisation
dubloc
agro-alimentaire,
c'est
le
niveau de
l'emploi
et'le
type
d'occupation de ltespace bretonqui
sont en ieu"5.1.
Face à un a---bloc
aqro-alimentaire déstabilisé
--- --f ----
----Soudé
par
f
idéologie
de1'efficacité
technique,
du pouvoir économiqueet
dela
croissance,
i1
comprendles
exploitants agricoles,
ies
entreprises
dramontet
dtaval,
et'les
institutions
d'encadrementet
deservices
qui
ont été les
acteurs pri nci pauxet
'les bénéf i ci aires
des transformati ons de 'l tagricu'lture
bretonnedepuis 30
ans.
Appuyéssur
la
réussite
du modèlequlils
ont
appliqué,
ses diri-geants(parmi lesquels
desagriculteurs
disposentd'un poids
croissant,
à
traversle
dêveloppement descoopératives,
des groupements de producteurs,et
autresorganisnes,
à
côté
d'une bourgeoisieagro-alimentaire
d'origine
régionaleet
d'une bourgeoisie d'encadrementliées
auxentreprises extra-régionales) jouent
auiourd'hui un rô1eimportant
dansltévolution
non seu'lement del'agricu'lture
ma'is de l0économierêg'iona'le
toute
entière, êtant
donné que1'agro-alimentaire
est,
en quelquesorte,
l'industrie
lourde
de'la
Région. Cebloc
agro-a1imentaire organisé verticalement,est
lié
organiquement aux marchés mondiaux desprotêines végétales
(soia,
manioc,céréales,
etc
,..)
pour son approvisionnement, aux marchés mondiaux des protéines animales(1ait,
viandes, oeufs)
pour ses débouchês.Sollicité
par
ja
nouvel'lepolitique
agro-alimentaire,
cebloc
connaltl'essouflement
(agriculteurs,
coopérativeset
PME) pour 1esraisons
qui
ont
étê analysêes, Maisintégrê
financièrementet
économiquementà
'la
politique
despouvoirs
publics'
i]
nepeut
guèrereculer:
il
est
sur
rails
et captif
de'la
direction
prise.
I'l
vadevoir
poursuivre
,
mais dans deplus
mauvaises conditions.Supportant
plus directement'la
concurrenceinternationale
et
les à
coups desmarchés de matières premières (énergie
-
céréales
-
tourteaux
-
protêines
etc
,.,)
dont sa
spécialisation
animale'la
rendparticulièrement
dépendante,1'agriculture
norma'lisée va
profiter
moins quepar'le
passé de ses propres gains deproductivitê
(réduction
de ses marges). Sa capacité d'investissement g'lobalerisque
donc dediminuer,
tout
en se concentrantsur
un nombreplus
réduit
drexp'loitations.0utre
ces
limites
internes'â
la
croissance, uneautre
question peut se poser:
letransfert
de productions(lait -
viandes-
oeufsetc...)
vers-1a
Bretagne auxdépens des
autres rêgions
vat-il
se poursuivre commepar
le
passé?
(de
1955â
1975la
part
dela
Bretagne dansla
production
agricole
nationale
a cru
de616 %
à
10,6 %), au moment où]e
8èmeplan
préconisele
réquilibrage
interrég'iona'l deltagriculture,
au moment oùla
politique
agricole
commune envisage unelimitation
plafonnement de 1a
production ?
0r
cespossibi'lités
de gains externesont
adoucien quelque
sorte'la
concurrenceinterne
â
la
Bretagne en permettantà
un plus grand nombred'exploitations
d'accêderà 1'agriculture
normaliséeJe
penseque
le
bloc
agro-alimentaire,
tout
en essayant de stadapteraux ncuvel'les
conditions
êconomioues ques Dar un accroissement depar
un Accroissement de sa saproductivité,
vaplutôt sraff,ajblir, à
la fois
numériquement-idêologiquement. D'unepart,
i1
vaperdre
de sa substanceet voir
sa base serétrécir:
les
entrées
(agriculture
et
IAA)seront
plus
difficiles,'les
sorties
et
échecs(agriculture
et
IAA) plus nombreux.D'autre
part,
son idéolog'ie moderniste triomphantei1
y
a
peu,est
et
serade
pius
en p'luscontestée;
notammentrlrun
des argumentsqui
faisait
la
forcedu modèle technico-économique dominant,
à savoir
son apparenteaccessibilitê
àchacun,
à
condition dtappliquer
correctementles
recettesrisque
des'effondrer,
(du même
coup,'la culpabilisation
desexploitants
hors
normes auraaussi
plusde ma1
à fonctionner
!)En
définitive
un
bloc
agro-alimentaire
encore dominant, mais déclinantet
moinssûr
deluir gui
aura moinsd'effet
d'entrainementsur
lrêconomie régiona1e,et qui,
aulieu dtêtre
unatout
pourcelle-ci,
peut
devenir un de ses problèmes.5.2.
tlenies-de
'l tloi
e!- 9e-llespace bretonsLa
constitution
du b1ocagro-alimentaire
autour du modèletechnico-économ'ique
productiviste a
pu seréaliser
au cours d'unepériode
(1950-1975)où des emp'lois non
agricoies êtaient
disponibles
soit
sur placer
Soit
dansd'autres rêgions.
Elle
srest traduite par
uneaccélération
du rythme dedimi-nution
du nombre desexploitations
et
dela
popu'lationactive agricoles
(1),
ainsi
quepar
unedétérioration
dela
structure
démographique dela
paysannerie(vieillissement
-
réduction
du nombre de naissanceset
dutaux
demaintien
dans1 ' agri cul
ture
( 1).
'Aujourdrhu'i 1a conjoncture
est
sensiblementdifférente :
ralentie
et
instab'le,
elle
staccompagned'un
chomage considérablementaccru,
p'lus encoreen Bretagne que dans
drautres
rêgions.Dans ces
conditions'le
mouvement deliquidation
dela
petite
et
moyennepaysannerie va
t-il
sepoursuivre,
sera'lentir,
s'accêlérer,
avec sesconséquen-ces
sur
'l'uti'lisation
et
i'occupation
de 1'espacerural
?,
te1
est l'autre
aspect de
la
question poséepar
1acrise
dins notre région.
tn
effet'la
Bretagnese
caractêrise,
malgré 1adiminution
observêe, pâFltexistence
d'une p,aysannerieencore nombreuse,
dont
p'lus dela
moitié
(2)
subsiste
hors des nonnes du moment. Commentceux-ci
et
leurs
successeurs éventuelsvont-ils
se comporter, a'lors que1'agriculture
"de conquête"devient
peu accessib'le,ou,
appanalt dévalorisêeà certains, alors
que des emplois non-agricoles nesont
pas d'isponibles ?Alors,
aussi,
QUÊles critiques
adressées au modèleproductiviste
(uneagriculture
plus
économe,
plus
autonome,plus
solidaire,
par
exemple) ne se transformentpas,
pour]e
moment, enalternative
positive.
Aplus
forte
raison,
i'l
ne semanifeste pas au
sein
de'l'agriculture
bretonne de courantsocial
rêformateurcom-parable
(avecd'autres
objectifs)
à
celui
des jeunes agricu1teurs des années 1950symbolisé notamment
par
'la
JeunesseAgricole
Chrêtienne (J.A.C.)Les
statistiques
disponibles
sur
1apêriode
1975-1980 permettent deconstater
un ralentissementsensible
dela
diminution
dela
population
familiale
agri co'le.
(1)
Cf.1.Q49ÇF_i
1apopulation
agricole
dansl'Ouest
dela
Francen 15p.
sept.1980.M. C0LIBET
:
Une nouvel'le -photographie del'agriculture
bretonnb. 0ctant no4 1980.Tableau
â-Taux annuel drêvo'lution de
la
populationagricole
bretonneexpl oi tants
ai des fami'l i aux
1969-70
-2r4
%-3'3
70-75 -3r5 -6 12 75-80-
!r2
-
3'9 Source:
P.
DAUCEIl
semble quel'on
assiste â
lrextension
druneagricu1ture
"de rep1i"comprenant
à
la
fois
desagriculteurs
âgêsconservant'leur
activité,
desexploi-tants qui n'ont
pas accèsà
ltagriculture
normalisée,ainsi
qued'autres
quirefusent
ce modèle. Sansdoute,
aussi,
se dêve'loppet-il,
parallèlement uneagriculture
"de soumission", caractér'isêepar
une dépendanceétroite
à lrégard
desI.A.A.
ou des organismesfinanciers (travai'lleurs à
façonruinés
ou sans capitauxau
départ, dans'le
secteur
del'aviculture,
dela
productionporcine'
parexemple). P1utôt qutune
accélération
deItexode,
crest
donc une paupêrisationde'la
petite et
moyenne paysannerie qu'i seproduit,
Provisoirement ?car,
coinci-dence
historique,
defortes
génêrat'ionsd'agriculteurs
(60 % desexpioitants
actue'ls) vont
atteindre
'l'âge
de'la
retraite
d'ici
quinze anslibêrant
théorique-ment 50 % de 1a S.A.U.régiona1e.
Comment serarêsolu,
danscette
période, la
contradiction
entre
les
aspirations,
les
capacitêset
compétences croissantesdes
agriculteurs
et
deleurs enfants,
etr'les
perspectivesoffertes par
uneactivité
entrée
dans une phase dedéva'lorisation
?-
déva'l ori.sati onpar
rapport
à
drautres
agri cu1tures
auxquel 'les el I eest
et
sera deplus
en p'lus confrontéeà
travers'le
processus del'ibéra'lisation
de 1a po'l i
ti
que agro-al imentaire.
-
dêvalorisation par
rapport
â
sasituation
antérieure,
pmargÉ6e-par
une remise en.cause de savoie
de développement,et
par
une régression sur1e
plan social,
-
dévalorisation,
enfin,
par
rapport
â dtautres
utilisations
de itespacequ'e1le
a
jusqu''ici
mis enva'leur,
avec 'l raccroissement des pressions du tourisme,des
fonctions
rêsidentielle
et
minière,
desservices
"d'utilité
publique"tels
quepians
dteauet
barrages,centrales
nucléaires, campsmilitaires
etcL'enjeu
dela
politique
agro-alimentaire
est
donc considérab'le puisquecelle-ci
détermine non seulementI'orientation
techniqueet
êconomique dessystèmes de
production,
mais encorele
statut
social
desforces
detravail
agricoles,
et
endéfinitive
les
densités
et1es
formes d'occupationet
d'util'isation
deI
I
,
QUELQUES SOURCES BIBLIOGRAPHiQUES A L'APPUI DE L'EXPOSE
L.
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avril
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TomeI
Synthèse 101 p.Tome
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Fichier
Documentaire 135p.,
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EconomieRurale:
L'agriculture
et
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crise I.
Communicationset
compte rendusde groupesde
travai'l
dela
sèssion dela
SFER enavril
1980,-
no138-
1980-4ène no
7.
Nouve'l1es Campagnes:
Rêflexionsà
propos dela 'loi
cadreagricole
parG,
ALLAIREp.35-54.
no6, automnelg7g.
8.
J.
POLY, Pour uneagricu'lture
économe
et
autonome INRA 1978.9.
L'agriculture d'entreprise
:
Bretagne'l'agriculture
au senvice d'une ambitionrégionalê,
ho192, marsavri'l
1.980, C,Ë.N"A.G.10. P.
HOUEE:
Bretagne en mutationTorùe
II
Transformations de 'l'agriculture
bretonneI.N.R.A.,
Rennes, octobre 1979, 315 p.11.
Ch. M0UCHET', Les comptes êconomiques de1'agriculture
bretonne de 1950à
1975.Cahiers économiques de Bretagne
noZ.3.
-
1978.L2,
J.B.
HENRY:
Surltévolution
du monderural
en Bretagne depuisla
seconde1
.
In.troduction
:
1 ragro-al imentaire
et
Ia
cri
se1 . 1
.
Quel'le crise
?L2,
L'agro-al imentaire
dans la
cri
se?.
Lescrises
delragro-alimentaire
.
Unconstat
:
la
baisse des revenus.
Lacrise
du modèle technico-économ'iqueagricole
.
Lacrise
de 1a pofitique
agro-alimentaireLa
crise
desrelations
avecles
autres
catégories sociales3.
La nouvel'lepo'litique
agro-al imentaire3 . i
.
Le p'i 1 otagepar
'l 'aval3.2,
Le renforcement dela
productivité
enagriculture
3.3.
La mise en place defilières
et
d''interprofessions5
.
Conc'l us ion
:
Et
la
Bretagne ?5"1.
Faceà
unbloc agro-alimentaire destabilisé
5,2
L'enjeu
deI'emploi
et
de 'l 'espace bretons 2.1 2.2 2.3 2.4 Les 4"1 4.2 4.34 chances de