• Aucun résultat trouvé

ARTheque - STEF - ENS Cachan | De la galerie de zoologie à la galerie de l'évolution, vers un musée du quatrième type

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "ARTheque - STEF - ENS Cachan | De la galerie de zoologie à la galerie de l'évolution, vers un musée du quatrième type"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

DE LA GALERIE DE ZOOLOGIE A LA

GALERIE DE L'EVOLUTION, VERS UN

MUSEE DU 4ème TYPE.

Michel VAN-PRA ET Muséum National d'Histoire Naturelle Animation Pédagogique et Culturelle

MOTS CLES : Muséums Recherche Spécimens Interactivité Evolution.

RESUME: Les musées scientifiques peuvent être divisés en 3 catégories. Celles-ci correspondent au choix de s'appuyer: soit sur des objets, soit des dioramas, soit des expériences dans les présentations. Ces choix résultent pour une large part de l'état des connaissances scientifiques à telle ou telle époque historique; il ne s'agit donc pas d'une hiérarchie de valeur, par exemple en fonction de niveaux d'innovations : architecturales, muséographiques ou interactives. Après avoir précisé l'apport de ces 3 types de présentations nous tenterons de préciser l'intérêt des objets et la nécessité de créer un musée d'objets et d'idées pour la réalisation d'une galerie de l'Evolution dans le contexte scientifique moderne.

ABSTRACT : Museums of Natural History and Museums of Science with a department of Biology could be divided in three types. These types correspond to importance of specimens, dioramas or experiments in their exhibitions. This importance mainly results of progress in science, so it is not a classification function of innovations in architecture, museography or interactivity.

After an analysis of the historie contribution of these three types of museums we specify interest of specimens and necessity to create a museum of specimens and ideas for the realization of a "Galerie de l'Evolution" in the modem scientific context. A. GIORDAN, J-L MARTINAND, Actes JES X, 1988.

(2)

1. INTRODUCTION

Les grands musées scientifiques peuvent être classés en une catégorie originelle, celle des "musées d'objets" qui s'est développée au XVlIème avec les Muséums et deux catégories plus récentes qui s'en identifièrent au cours du XXème siècle. Ce furent les "musées d'expérimentation" initiés par la création du Palais de la Découverte lors de J'exposition internationale de 1937 et les "musées de dioramas" . Si ces 3 catégories ont été créés à des périodes historiques successives, elles perdurent et coexistent, parfois même dans des lieux proches, comme à Paris pour deux des catégories précitées avec d'une part le Muséum et d'autre part le Palais de la Découverte et la Cité des Sciences et de l'Industrie.

Cet exposé tentera de montrer que l'évolution des musées d'objets, puis l'apparition de nouvelles catégories résultent du progrés des sciences et que leurs différences ne correspondent ni au souci pédagogique moderne d'interactivité niàdes choix politiques différents. Ces deux volontés, didactiques et politiques, sont au contraire communes au développement des 3 catégories de musées.

Toutes les créations de grands musées ont en effet en commun de correspondre aux actions de scientifiques, relayées par les pouvoirs politiques, désirant combleràdes moments historiques donnés le fossé entre d'une part de nouveaux savoirs et leurs applications et d'autre part un public.

L'évolution des musées d'objets, en musées d'objets et d'idées, puis l'émergence des 2 plus récentes catégories de musées résultent principalement de l'évolution des sciences elles-mêmes avec au XIXème siècle, le passage de l'étape d'accumulation des connaissances et de leur classification, vers l'étape expérimentale et synthétique qui complète la précédente.

Ainsi, l'émérgence des musées de dioramas au XXème siècle et leur multiplication après la seconde guerre, particulièrement importante dans lès pays anglo-saxons, scandina ves et suisses est parallèle au développement de l'écologie dans ces pays, à cette époque.

De même, l'émergence des musées d'expérimentation est clairement motivée par1. Perrin dans sa préface du rapport général de l'Exposition Internationale de 1937 consacrée au Palais de la Découverte par la conception moderne de la recherche et de ses applications technologiques.

2. Musées d'objets, musées de dioramas et musées d'expérimentation.

2.1. Les musées d'objets peuvent être illustrés par l'exemple du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. A son ouverture en 1635, le "Jardin royal des plantes médicinales" s'adresse essentiellement au public spécialisé des apothicaires et médecins. II leurs présente des collections d'objets: plantes vivantes de J'Ecole de botanique, plantes en herbiers et minéraux du "Droguier", à valeur médicinale ou supposée, mais son ouverture au public non spécialisé ira grandissante durant le siècle

(3)

des Lumières, pendant lequel se développe "le Cabinet d'Histoire naturelle" ouvert vers 1725, qui contient des collections animales et minéralogiques. La transformation du Jardin du Roi en Muséum d'Histoire naturelle par la Convention, en pleine période d'exploration des ressources naturelles du globe et de classification correspond à la volonté d'étendre le domaine d'étude du Jardinàl'ensemble des sciences de la nature. Cette extension se matérialise au niveau scientifique par la création de 12 laboratoires et au niveau muséologique par la création de la Ménagerie, mais lui conserve son caractère de musée d'objets.

Au cours du XIXème, l'émergence de nouvelles idées scientifiques fit évoluer les présentations, certaines collections systématiques furent réorganisées. Ce mouvement débuta lors de la création de la Grande Galerie de Zoologie en 1889 et se traduisit lors de l'ouverture de la galerie de Paléontologie en 1893, où R. Gaudry ne classa plus les fossiles de manière systématique, mais les disposa comme "un troupeau de l'Evolution" qui présente aux visiteurs "les enchaînements" menant progressivement des premiers poissons aux reptiles et aux mammifères dont l'homme.

Le musée devient un musée d'objets et d'idées. Pendant 3 siècle les musées consacrés aux sciences naturelles seront ainsi dans la vieille Europe, puis partout de par le Monde, des musées d'objets, devenus pour quelques uns d'entre eux dès la fin du XlXème des musées d'objets et d'idées.

2.2. Les musées de dioramas.

Au cours du XXème et plus particulièrement dans les pays anglo-saxons où l'écologie a fait de rapides progrès les présentations d'objets disparaissent aux profits des musées de dioramas.

Les dioramas ne sont pas seulement une transition du musée d'objets au musée d'idées, ils tendentà une présentation naturaliste, oÙ chaque spécimen perd de son poids intrinsèque pour devenir un élément de la scène présentée qui constitue le support de l'idée transmise au public. En quelques années l'écologie de la savane africaine, de la forêt équatoriale et du milieu polaire dominèrent de nombreux muséums étrangers. L'amorce d'une démarche éthique y apparait avec la présentation de milieux mis en péril par l'activité humaine (dioramas de prairies peuplées de bisons dans les grands musées nord-américains ... )

Le Muséum national d'Histoire naturelle fut relativement peu concerné par ce mouvement muséologique, en partie du fait d'un moindre développement de l'écologie en France et en partie des faibles moyens accordés au Muséum dans les années 50-60 qui n'y permirent aucune présentation nouvelle pendant cette période d'expansion des dioramas.

2.3. Les musées d'expérimentation.

Lors de la création du Palais de la Découverte en 1937,1. Perrin justifie clairement ce nouveau type de musée par le développement de la recherche dont il écrit: "Elle ne se borne pas à observer, elle éveille les possibilités immenses que permet la Nature sans les contenir, jusqu'au moment où le Génie humain les révèle.

(4)

C'est ainsi par exemple, que d'humbles expériences d'Ampère ou de Faraday sur des courants que la Nature n'offrait pas à l'observation, mais que l'on peut y créer, ont permis notre prodigieuse industrie électrique... ". Ces musées d'expérimentation se sont développés, après guerre outre-Atlantique et récemment en France sous la forme des CSTI et en particulier de la Cité des Sciences et de l'Industrie. Cette muséologie d'expérimentation particulièrement riche dans les domaines de la chimie et de la physique reste plus limitée dans le domaine des sciences naturelles sensus stricto. Peu de réactions biologiques sont compatibles avec la durée d'une visite et surtout avec l'attention de quelques minutes du visiteur dans un lieu donné. De ce fait l'interactivité et le caractère démonstratif des présentations de sciences naturelles nécessitent souvent dans ces musées le recours

à

des artéfacts (Phénomène d'origine humaine, artificielle, dans l'étude des faits naturels. Cf. "petit Robert" ). La célèbre "loterie de l'hérédité" de

J.Rostand, au Palais de la Découverte constitue un magnifique artéfact démonstratif et les présentations "biologiques" non artéfactuelles de l'Ontario Science Centre et surtout de l'Exploratorium concernent principalement la physiologie nerveuse qui permet l'obtention de réactions immédiates.

2.4. Vers un Musée du 4ème type ou réaffirmer l'intérêt du musée d'objets .u et d'idées en sciences naturelles.

Un musée moderne consacré à la Nature ne peut pas ignorer l'intérêt des dioramas et expérimentations et doit en inclure au même titre qu'il doit rechercher une démarche interactive. C'est pourtant probablement le musée d'objets qui plus que le musée de dioramas ou le musée d'expérimentations peut à la fois contribuer à enrichir une muséologie rendant compte des idées actuelles, synthétiq ues et éthiques, en sciences de la Nature et en permettre la compréhension globale grâceàla théorie de l'évolution. L'importan<:e accordée aux spécimens ne signifie pas le rejet muséographique de la panoplie d'artéfacts didactiquement utiles (maquettes, audiovisuels, didacticiels), mais correspondàla volonté de fournir aux visiteurs du musée d'autres éléments que ceux qu'il peut consulteràl'école, au cinéma ou àson domicile, via la microinformatique et l'audiovisuel.

Dans cette période d'explosion de l'audiovisuel les spécimens prennent un intérêt particulier en tant qu'objets réels pour permettre au visiteur de se situer dans le temps et l'espace. Alors que la baleine est réduite à la largeur d'un écran de télévision, le musée peut en donner la masse; alors que l'histoire de l'Univers peut se réduire à celle d'un montage télévisuel, la présentation de fossiles et d'espèces naturalisées, trés récemment disparues de la surface du globe, contribue à matérialiser le temps sans le quel la nature et son évolution sont non compréhensibles.

Les limites du musée de dioramas et du musée d'expérimentation par rapport au thème de l'Evolution biologique sont en effet réelles lorsque l'on considère cet élément essentiel pour la compréhension de la nature : le temps.

Les dioramas correspondentàune approche naturaliste et écologique, mais l'écologie elle même ne fournit qu'une interprétation partielle de la nature. Les dioramas ne constituent de ce fait qu'un des niveaux d'une présentation synthétique des sciences de la nature.

(5)

Les limites du musée d'expérimentation en sciences de la nature, dont l'intérêt pour une approche globale des sciences demeure évident, mérite une attention plus particulière. L'importance du temps pour la compréhension de la Nature et de l'évolution contribue à limiter l'apport du musée d'expérimentation. Au delà du peu d'expériences compatibles avec la durée d'une visite , le recours à ces expériences physiologiques et biochimiques indispensables, biaise l'importance essentielle du temps dans les phénomènes de l'évolution biologique.

Au niveau scientifique le choix de s'appuyer sur les objets, quelle que soit l'importance de réapprendreà observer, ne correspond pasàl'idée, devenue inexacte, qu'il suffirait d'observer pour comprendre. Elle tente de permettre aux visiteurs de reprendre une partie du parcours cognitif historique des recherches en sciences naturelles à partir de spécimens, parfois moins esthétiques qu'une maquette ou une image, mais plus riches d'informations qui furent et demeurent parfois des objet,> de recherche.

Par rapport au thème même de l'évolution l'observation de ces spécimens qui furent des objets de découverte, permet d'illustrer le fait que ni un objet, ni une expérience ne fournit en soi la preuve de l'évolution, mais aussi que leur observation et leur réalisation sont indispensables àl'établissement de la théorie; de même que celle-ci amèneà concevoir de nouvelles expériences et des réobservations.

C'est aussi bien sûr utiliser le pouvoir émotioorrel de ces objets pour susciter l'imaginaire et favoriser la prise de conscience de la fragilité de la nature. Cette démarche historique et sensitive devrait inviter le vi.siteur à se situer dans la dynamique de la nature età prendre conscience de l'impact des activités humaines sur celle-ci.

3. Conclusions sur les composantes modernes d'un musée en Sciences de la nature.

Musée moderne la galerie de l'évolution l'est par son thème et ses deux considérations synthétiques et éthiques caractéristiques du développement récent des sciences de la nature.

Musée moderne elle l'est par sa conception de musée d'objets et d'idées qui développe dans sa présentation une démarche historique que le visiteur peut suivreà son gré. Musée d'objets elle correspondà la découverte de la diversité du vivant depuis l'aube de l'humanité.

Musée d'objets et d'analyse, elle correspondàla classification de cette diversité qui en montrant les enchaînements des organismes de l'éponge àl'homme, fournit les bases du transformisme àla fin du

XVnr

eme.

Musée d'idées elle fournit grâce à la théorie de l'évolution l'explication de cette diversité et donne la clef de l'unité du vivant.

Musée d'idées, elle conclut par deux considérations éthiques sur les relations de l'Homme à la Nature - la fragilité de la biosphère face aux activités humaines alors que de nombreuses inconnues demeurent sur sa dynamique. L'action de l'homme sur l'évolution biologique, empirique et limitée avec l'élevage et l'agriculture depuis la préhistoire, mais aujourd'hui décuplée par les outils de la biologie moléculaire.

Références

Documents relatifs

Rédiger le protocole expérimental que vous allez suivre afin d’aboutir au but recherché, à savoir trouver la concentration du sérum physiologique. (Préparation des solutions,

conductivités molaires ioniques des ions de la solution. 2) A l’aide d’une combinaison linéaire, trouver l’expression de la conductance de la solution d’hydroxyde de potassium

- le collège représentant les infirmiers relevant des salariés du secteur privé - le collège représentant les infirmiers exerçant à titre libéral. composition des

4° Toute personne titulaire d'un diplôme, certificat ou tout autre titre de médecin qui exerce la médecine sans être inscrite à un tableau de l'ordre des médecins

Ces entreprises éprouvent des difficultés pour accéder au marché du crédit ; les contraintes de ces entreprises sont liées au taux d’intérêt pratiqué par les banques,

- Le di recteur chargé des E ta blissemen ts d 'enseignemen t élémentaire et second aire, les rec teurs et les préfets sont chargés de l'ex écution d u présent arrê té qui

Cependant, il nous semble apercevoir un modèle molécu- laire qui, tout arbitraire qu'il est, se prête aisément au calcul et reflète sans trop d'inexactitude la principale

d'application de l'article 706-73 l'exigent, le juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance peut, à la requête du procureur de la République, autoriser,