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Les enjeux de l’intégration de l’eTandem en didactique des langues-cultures étrangères : interactions entre apprenants et dynamique institutionnelle dans un dispositif universitaire sino-francophone

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Academic year: 2021

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Submitted on 18 Nov 2016

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Les enjeux de l’intégration de l’eTandem en didactique

des langues-cultures étrangères : interactions entre

apprenants et dynamique institutionnelle dans un

dispositif universitaire sino-francophone

Jue Wang-Szilas

To cite this version:

Jue Wang-Szilas. Les enjeux de l’intégration de l’eTandem en didactique des langues-cultures étrangères : interactions entre apprenants et dynamique institutionnelle dans un dispositif univer-sitaire sino-francophone. Linguistique. Université Sorbonne Paris Cité; Université de Genève. Faculté des lettres, 2016. Français. �NNT : 2016USPCF009�. �tel-01399352�

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Institut  National  des  Langues  et  Civilisations  Orientales  

École  doctorale  n°265  Langues,  littératures  et  sociétés  du  monde  

PLIDAM  

THÈSE  EN  COTUTELLE  

avec  

Université  de  Genève  

Faculté  des  lettres  

Ecole  de  langue  et  de  civilisation  françaises  (ELCF)

 

 

présentée  par  :  

Jue  WANG-­‐SZILAS  

 

soutenue  le  21  septembre  2016  

pour  obtenir  le  grade  de  

Docteur    

INALCO  -­‐  Sciences  du  langage  :  linguistique  et  didactique  des  langues   Université  de  Genève  –  Lettres  

 

Les  enjeux  de  l’intégration  de  l’eTandem  en  didactique  des                                    

langues-­‐cultures  étrangères  :  interactions  entre  apprenants  et  dynamique  

institutionnelle  dans  un  dispositif  universitaire  sino-­‐francophone  

 

THÈSE  dirigée  par  :    

M.  Joël  BELLASSEN                                                                                          HDR,  PLIDAM-­‐INALCO  

M.  Laurent  GAJO   Professeur  ordinaire,  Université  de  Genève    

 

MEMBRES  DU  JURY  :      

M.  Joël  BELLASSEN  (directeur)                                                HDR,  PLIDAM-­‐INALCO  

M.  Laurent  GAJO  (directeur)   Professeur  ordinaire,  Université  de  Genève  

M.  Nicolas  GUICHON  (rapporteur)   Professeur  des  universités,  Université  de  Lyon  2  

M.  Jean-­‐Paul  NARCY-­‐COMBES   Professeur  émérite,  Université  Paris3-­‐Sorbonne  nouvelle  

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Remerciements

Je tiens à remercier ici Messieurs Nicolas GUICHON, Jean-Paul NARCY-COMBES, et Yongyi WU, à Paris et en Chine, qui m’ont fait le plaisir et l’honneur de faire partie de mon jury de thèse, ainsi que Monsieur Nicolas ZUFFEREY à Genève, qui a accepté d’en être le président du jury.

J’exprime mes profonds remerciements à mes deux directeurs de thèse, Messieurs Joël BELLASSEN et Laurent GAJO, pour la confiance qu’ils m’ont accordée en acceptant d’encadrer ce travail d’« aventurier », et pour toutes les heures qu’ils ont consacrées à diriger cette thèse. J’ai pu apprécier leur remarquable compétence dans leur accompagnement scientifique, de même que leur infaillible soutien affectif. Leur regard critique m’a été très précieux pour structurer le travail et pour améliorer la qualité de rédaction. Pendant ces quatre années de travail, j’ai pu grâce à eux apprendre à devenir un véritable chercheur.

Ensuite je tiens à remercier Messieurs Daniel PERAYA et Daniel SCHNEIDER de l’équipe de recherche TECFA de l’Université de Genève, pour m'avoir fait profiter de leurs expertises sur l’enseignement et l’apprentissage avec les nouvelles technologies et sur les méthodologies de recherche dans ce domaine.

Un grand merci à Claudia BERGER, avec qui j’ai commencé le projet eTandem chinois-français, elle m’a encouragée vivement à entreprendre cette thèse. Je la remercie pour sa grande disponibilité à chaque fois que je l’ai sollicitée et lui suis très reconnaissante pour ses nombreux conseils, discussions, relectures, et son effort régulier pour que je puisse me concentrer sur la thèse.

Je souhaiterais exprimer ma gratitude à Isabelle GRAND-CAILLARD, pour sa relecture en profondeur, ses encouragements et ses suggestions constructives tout au long du processus de rédaction. Je remercie chaleureusement Denis Huan LIANG, pour le temps considérable qu’il a consacré à vérifier la transcription des enregistrements vidéo et pour la qualité et le soin apportés à cette tâche fastidieuse.

Mes remerciements vont également à M. Frank Ling ZHANG, Mme Zhitang DROCOURT dont la participation active au projet eTandem a permis de recueillir les données dont j’avais besoin pour les analyses. Sans oublier les étudiants de l’Unité des études chinoises de l’Université de Genève, du Département du français de l’Université du Hubei et du Département chinois de l’INALCO. Je vous remercie toutes et tous pour avoir généreusement accepté d’être filmés et donné l’autorisation d’utiliser ces données.

Je remercie aussi mes collègues de Genève et Paris : Laure ZHANG, Grâce POIZAT, Ping ZELLER de l’Unité des études chinoises de l’Université de Genève, Thomas SZENDE, de l’équipe PLIDAM de l’INALCO, et tous ceux que je ne peux citer ici par manque de place. En outre, l’ESTAS de l’Université de Genève a eu la générosité de m’offrir un bureau à part, ce qui m’a permis d’écrire ma thèse dans le calme. Qu’il en soit remercié.

Enfin, je remercie Nicolas, mon mari, pour son soutien, sa patience et ses encouragements pendant toute la durée de ma thèse et plus particulièrement pour la relecture durant les derniers mois de rédaction. Cette thèse et moi te devons beaucoup. Merci !

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Avant-propos

Un après-midi de février 2009, je rencontrais Mme Claudia Berger à la cafétéria de l’université, pour envisager le lancement d’un projet eTandem chinois-français. Cette idée venait non seulement de ma longue expérience dans le domaine d’enseignement des langues étrangères en Chine (un fort besoin d’exposer à la langue-culture cible des apprenants), mais aussi d’une formation en technologies éducatives au laboratoire TECFA de l’Université de Genève (le potentiel des technologies pour réaliser ces besoins).

Cette rencontre a été décisive pour le projet qui a effectivement vu le jour et pour la présente thèse qui en a découlé. Toutes deux enseignantes expérimentées en langues étrangères, passionnées par les nouvelles technologies appliquées à l’enseignement/apprentissage des langues. À la fois sinophones et francophones, nous voyions alors le cours eTandem français-chinois comme une évidence technologique, une nécessité pédagogique et un désir de faire de la rencontre avec autrui le substrat de tout apprentissage linguistique et culturel.

Je dois aujourd’hui reconnaître que ma vision d’alors était teintée d’une certaine naïveté, et que j’étais loin d’imaginer les multiples difficultés (conflits) inhérents à l’apprentissage en eTandem. Heureusement, d’autres chercheurs et praticiens, que j’allais rencontrer après avoir pris connaissance de leurs travaux respectifs, nous avaient guidé sur cette voie, notamment au travers de vastes initiatives européennes remontant aux années 1990. Mais là où finalement nous allions réellement ouvrir une voie nouvelle, c’était dans le fait que nous osions unir dans un dispositif eTandem deux langues distantes. Aujourd’hui encore, sept ans plus tard, cette caractéristique reste une marque d’innovation.

Le succès pratique du projet est lié à cette rencontre de 2009 et à ce duo que nous avons constitué, et ce pour deux raisons. D’une part, comme cette thèse a pu le mettre en évidence, le lien fort entre les enseignants est un des facteurs clef de réussite d’un tel projet. Certes, je n’étais pas l’enseignante côté chinois, mais je pouvais jouer ce rôle et être le lien amenant de la cohésion entre Genève, Paris et Wuhan, les trois universités partenaires. D’autre part, l’esprit de cette rencontre, à savoir cette curiosité et passion pour la langue et culture de l’autre, est celui que nous avons diffusé année après année auprès des étudiants, enseignants et gestionnaires. Là encore, on peut y percevoir un des facteurs déterminants du succès d’une approche eTandem.

Je laisse maintenant au lecteur le soin d’apprécier les contributions scientifiques de ce travail de recherche. Et je souhaiterais évoquer ici le rôle que nous attachons aux possibles retombées pratiques de ces recherches. En analysant, en expliquant, en systématisant les principes de conception techno-pédagogiques, au-delà d’un design unique « qui marche », nous souhaiterions rendre possibles d’autres projets eTandem entre langues distantes, même si une rencontre telle que celle du 4 février 2009 devait ne pas entrer forcément dans l’agenda d’un tel projet.

(6)

Table  des  matières  

Remerciement  ...  3  

Avant-­‐‑propos  ...  4  

Introduction  ...  9  

Partie  1  Cadre  théorique  ...  16  

Chapitre  1          L’acquisition-­‐‑apprentissage  des  langues-­‐‑cultures  étrangères  (LC2)  :   différentes  perspectives  ...  18  

1.1   Présentation  de  quelques  théories  de  l’acquisition/apprentissage  des  langues-­‐‑ cultures  étrangères  (LC2)  ...  19  

1.1.1   Le  béhaviorisme  ...  19  

1.1.2   Le  cognitivisme  et  le  constructivisme  ...  21  

1.1.3   Le  socioconstructivisme  et  interactionnisme  ...  26  

1.1.4   Synthèse  ...  28  

1.2   Interaction  et  acquisition  :  courants  et  conceptions  ...  30  

1.3   La  communication  exolingue  ...  34  

1.3.1   La  notion  de  communication  exolingue  et  ses  caractéristiques  ...  34  

1.3.2   L’apprentissage  et  la  communication  exolingue  ...  36  

1.3.3   Le  contrat  didactique  dans  la  communication  exolingue  ...  37  

1.3.4   Apprentissage  formel  et  informel,  institutionnel  et  non  institutionnel  ...  39  

1.4   Notions  transversales  ...  40  

1.4.1   Médiation  et  médiatisation  (acquisitionnelles  et  didactiques)  ...  40  

1.4.2   Stratégie  d’apprentissage  et  stratégie  de  communication  ...  44  

1.4.2.1   Les  stratégies  d’apprentissage  ...  44  

1.4.2.2   Les  stratégies  de  communication  ...  46  

1.4.2.3   De  la  négociation  du  sens  à  la  négociation  de  la  forme  ...  47  

1.5   Synthèse  ...  50  

Chapitre  2  Trois  perspectives  didactiques  :  actionnelle,  interculturelle  et   technologique  ...  53  

  L’enseignement-­‐‑apprentissage  des  LC2  dans  la  perspective  actionnelle  ...  55  

2.1.1   La  notion  de  perspective  actionnelle  ...  55  

2.1.2   La  notion  de  co-­‐‑action  ...  56  

2.1.3   La  perspective  actionnelle  et  la  culture  d’apprentissage  chinoise  ...  58  

  L’approche  interculturelle  pour  l’enseignement-­‐‑apprentissage  des  LC2  :   développer  des  compétences  interculturelles  dans  l’interaction  avec  autrui  ...  59  

2.2.1   La  notion  d’approche  interculturelle  ...  60  

2.2.2   Le  développement  de  la  prise  de  conscience  interculturelle  et  la  compétence   interculturelle  ...  61  

2.2.3   La  didactique  ...  63  

  Les  TIC  pour  l’enseignement-­‐‑apprentissage  des  LC2  ...  65  

2.3.1   Un  regard  historique  sur  les  TIC  dans  la  didactique  des  LC2  ...  65  

2.3.2   Un  projet  TIC  pour  les  LC2  :  quels  enjeux  ?  ...  70  

  Synthèse  ...  72  

Chapitre  3        L’eTandem  :  état  de  l’art  et  expériences  ...  74  

3.1   L’apprentissage  en  tandem  :  notions  et  historique  ...  75  

3.1.1   L’apprentissage  en  tandem  ...  75  

3.1.2   Historique  de  l’application  du  tandem  dans  l’enseignement-­‐‑apprentissage  des   langues  et  cultures  ...  78  

3.2   De  l’interaction  en  tandem  face-­‐‑à-­‐‑face  à  l’interaction  en  eTandem,  quels   changements  ?  ...  85  

(7)

3.2.1   Des  conversations  en  présentiel  aux  conversations  à  distance  :  quels  changements  ?

  ………..86  

3.2.2   Contextes  spatiaux  des  échanges  en  tandem  et  en  eTandem  :  asymétrie  vs  symétrie   ………..89  

3.2.3   Equilibre  entre  apprentissage  formel  et  informel  ...  90  

3.2.4   Interculturalité  en  face-­‐‑à-­‐‑face  et  à  distance  ...  90  

3.3   L’eTandem  institutionnalisé  ...  91  

3.3.1   Nouveaux  savoir-­‐‑faire  ...  92  

3.3.2   Collaboration  entre  équipes  pédagogiques  ...  93  

3.3.3   Coordination  et  collaboration  entre  institutions  ...  94  

3.4   Synthèse  ...  94  

Partie  2  Analyse  macro  et  micro  d’un  dispositif  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  97  

Chapitre  4  Présentation  du  dispositif  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  104  

4.1   Le  contexte  et  la  problématique  du  projet  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  105  

4.1.1   Le  potentiel  des  échanges  en  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  105  

4.1.2   Les  défis  ...  107  

4.1.3   Les  soutiens  institutionnels  ...  109  

4.2   La  conception  pédagogique  du  dispositif  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  109  

4.2.1   Les  objectifs  pédagogiques  ...  109  

4.2.2   Les  participants  visés  ...  110  

4.2.3   Les  TIC  et  l’interface  bilingue  du  dispositif  ...  110  

4.2.4   Le  module  d’ingénierie  pédagogique  :  ADDIE  itérative  ...  111  

4.2.5   Déroulement  du  cours  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  112  

4.2.5.1   L’inscription  ...  113  

4.2.5.2   Formation  préparatoire  ...  113  

4.2.5.3   La  formation  des  binômes  ...  113  

4.2.5.4   La  première  rencontre  ...  113  

4.2.5.5   Le  déroulement  de  chaque  séance  thématique  :  les  activités  d’apprentissage  avant,   pendant  et  après  l’échange  ...  114  

4.2.5.6   L’évaluation  ...  115  

4.3   Le  développement  du  dispositif  eTandem  chinois-­‐‑français  :  design  et  recherche   116   4.4   Présentation  du  développement  du  dispositif  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  121  

4.4.1   Une  vision  globale  ...  121  

4.4.2   Le  projet  pilote  ...  124  

4.4.3   Le  deuxième  cycle  :  première  mise  en  place  du  dispositif  (année  académique  2010-­‐‑ 2011)   ………130  

4.4.4   Le  troisième  cycle  :  intégration  curriculaire  initiale  du  dispositif  (année  académique   2011-­‐‑2012)  ...  136  

4.4.5   Le  quatrième  cycle  :  intégration  du  dispositif  dans  le  cursus  (année  académique   2012-­‐‑2013)  ...  143  

4.4.6   Le  cinquième  cycle  :  exploitation  du  dispositif  pour  les  cours  en  présentiel  (année   2013-­‐‑2014)  ...  152  

4.5   Synthèse  ...  156  

Chapitre  5  Analyse  macro  :  description  et  analyse  des  relations  entre  les  facteurs   du  dispositif  eTandem  chinois-­‐‑français  ...  161  

5.1   Identification  et  analyse  des  facteurs  structurants  dans  le  dispositif  eTandem   chinois-­‐‑français  avec  la  théorie  de  l’activité  ...  161  

5.2   Les  contradictions  dans  la  phase  apprenant  ...  165  

5.2.1   Affordances  technologiques  des  apprenants  ...  166  

5.2.2   Intégration  des  tâches  dans  le  cursus  ...  167  

5.2.3   Tâches  ouvertes  ou  tâches  fermées  :  dilemme  !  ...  168  

(8)

5.2.5   Décalage  au  niveau  des  compétences  langagières  ...  170  

5.2.6   Statut  du  cours  et  participation  asymétrique  ...  171  

5.2.7   Enjeux  autour  de  la  réciprocité  ...  171  

5.3   Les  contradictions  de  la  phase  enseignante  ...  172  

5.3.1   Gestion  du  temps  ...  172  

5.3.2   Soutien  pédagogique  et  développement  de  l’autonomie  ...  173  

5.3.3   Divergences  de  conception  pédagogique  :  obstacle  à  l’ancrage  plus  profond  du   eTandem  dans  le  cursus  ...  174  

5.4   Les  contradictions  dans  la  phase  institution  ...  174  

5.5   Synthèse  ...  175  

Chapitre  6  Analyse  macro  :  confrontations  culturelles  visibles  et  invisibles  ...  177  

6.1   Tension  culturelle  au  niveau  institutionnel  ...  178  

6.1.1   L’historique  des  disciplines  :  lettres  vs  langue  appliquée  ...  178  

6.1.2   Administration  institutionnelle  :  organisation  du  cours  ...  180  

6.2   Tension  culturelle  au  niveau  enseignant  ...  180  

6.2.1   La  confrontation  de  la  culture  éducative  :  rôle  de  l’enseignant  ...  180  

6.2.2   La  notion  de  collaboration  aux  yeux  des  enseignants  chinois  ...  181  

6.2.3   La  conception  de  l'  «  autonomie  »  pour  les  enseignants  ...  182  

6.3   Tension  culturelle  au  niveau  étudiant  ...  182  

6.3.1   Confrontation  des  cultures  éducatives  :  entre  liberté/autonomie  et  contrôle  ...  182  

6.3.2   Perdre/garder  la  face  :  hypocrisie  ?  Politesse  ?  ...  183  

6.3.3   Les  attentes  :  se  faire  des  amis  ou  bien  juste  avoir  un  «  partenaire  linguistique  »  ..  184  

6.3.4   Les  tabous  ...  185  

6.3.5   Tolérance  vis-­‐‑à-­‐‑vis  des  affaires  personnelles  ...  186  

6.3.6   Individualisme  et  collectivisme  à  l'ère  digitale  :  outil  de  tutorat  culturalisé  ?  ...  187  

6.4   Synthèse  et  réflexion  curriculaire  ...  187  

Chapitre  7  Analyse  micro  :  déroulement  des  interactions  entre  pairs  ...  192  

7.1   Organisation  et  gestion  liées  à  la  distance  ...  195  

7.1.1   Rituels  d'ouverture  et  de  clôture  de  l’échange  ...  195  

7.1.2   Catégorisation  des  styles  de  gestion  de  la  parole  :  le  format  «  entretien  »,  le  format   «  professeur  »  et  le  format  «  ping-­‐‑pong  »  ...  202  

7.1.2.1   Format  «  entretien  »  :  donnant-­‐‑donnant  ...  203  

7.1.2.2   Format  «  professeur  »  :  enseignant-­‐‑élève  ...  209  

7.1.2.3   Format  «  ping-­‐‑pong  »  :  bavarder  ...  215  

7.1.2.4   Synthèse  ...  223  

7.2   Collaboration  métalinguistique,  construction  de  l’expertise  et  travail   d’apprentissage  ...  225  

7.2.1   Types  de  problèmes  et  traitement  ...  226  

7.2.1.1   Problèmes  de  communication  et  traitement  ...  227  

7.2.1.2   Problèmes  langagiers  liés  aux  spécificités  de  chaque  langue  et  traitement  ...  229  

7.2.1.2.1  Problèmes  liés  aux  spécificités  de  la  langue-­‐‑culture  chinoise  et  traitement  ...  230  

7.2.1.2.2  Problèmes  liés  aux  spécificités  de  la  langue-­‐‑culture  française  et  traitement  ...  239  

7.2.1.2.3  Problèmes  méritant  une  recherche  plus  approfondie  ...  244  

7.2.1.2.4  Problèmes  non  identifiés  par  les  interlocuteurs  ...  247  

7.2.1.3   Problèmes  techniques  ...  248  

7.2.2   Réalisation  du  rôle  d’expert  et  du  rôle  d’«  apprenant  »  ...  249  

7.2.2.1  Les  séquences  potentiellement  acquisitionnelles  (SPA)  ...  250  

7.2.2.2   Deux  styles  d’«expert  »  :  le  style  «  focalisé  sur  le  sens  »,  le  style  «  focalisé  sur  la  forme  »   ………..252  

7.2.2.3   Les  aides  de  tiers  ...  257  

7.2.2.4   Les  stratégies  du  non-­‐‑natif  :  «  prise  »  et  «  saisie  »  ...  259  

7.2   Les  TIC  dans  les  échanges  en  eTandem  ...  262  

7.2.1   Problèmes  locutoires  ...  262  

(9)

7.2.3   Elément  culturel  ...  271  

7.3   Interculturalité  ...  273  

7.3.1   Gestion  des  problèmes  interculturels  ...  273  

7.3.2   Réflexion  interculturelle  ...  274  

7.3.3   Collaboration  interculturelle  ...  275  

7.4   Synthèse  ...  277  

Chapitre  8  Discussion  générale  et  implications  didactiques  ...  280  

8.1   Discussion  générale  ...  280  

8.2   Implications  didactiques  ...  283  

Conclusion  générale  et  perspectives  de  recherche  ...  288  

Bibliographie  ...  291  

Annexes  ...  305  

Annexe  1  Questionnaire  A  (dès  l'année  académique  2010-­‐‑2011,  a  été  amélioré  chaque  année,   38  questions)  ...  305  

Annexe  2  Questionnaire  B  (dès  l’année  académique  2010-­‐‑2011,  a  été  amélioré  chaque  année,   22  questions)  ...  314  

Annexe  3  Questionnaire  C  (Bilan  du  cours)  ...  319  

Annexe  4  Tests  oral  (UniGe)  ...  334  

Annexe 5 Les traces de travail dans la plateforme Moodle (rapport des activités de l’année 2013-2014)  ...  336  

Annexe  6  Evaluation  institutionnelle  (ADEVEN)  de  l’Université  de  Genève,  la  version  chinoise   traduite  par  les  conceptrices  du  cours  eTandem  chinois-­‐‑français.  ...  338  

Annexe  7  Les  entretiens  collectifs  (les  questions  de  l’entretien  de  l’année  2012-­‐‑2013)  ...  340  

Annexe  8  les  huit  questions  ouvertes  de  l’entretien  avec  les  participants  du  projet  pilote  de   l’année  2009-­‐‑2010  ...  341  

Annexe  9  Les  consignes  bien  standardisées  étaient  consultables  dans  un  document  PDF  (les   consignes  tirées  du  thème  4  voyage)  ...  342  

Annexe  10  Annonce  du  cours  eTandem  du  semestre  du  printemps  2012-­‐‑2013  (nouveau   déroulement  avec  les  deux  préparations  de  test)  ...  344  

Annexe  11  Rapport  sur  le  cours  eTandem  chinois-­‐‑français  Année  académique  2012-­‐‑2013  346   Annexe  12  Transcription  des  vidéos  enregistrées  pendant  les  années  académique  2013-­‐‑2014   et  2014-­‐‑2015  ...  357  

Convention  de  transcription  adaptée  à  des  échanges  français  –  chinois  ...  357  

1415eTh02_BD  ...  359   1314eTh03_LG  ...  376   1314eTh03_OW  ...  390   1314eTh04_AC  ...  409   1314eTh04_RY  ...  423   1314eTh05_RY  ...  439   1314eTh06_RY  ...  451   1314eTh07_RY  ...  466   1314eTh06_XP  ...  480   1415eTh07_MS  ...  500   1314eTh08_NZ  ...  515  

(10)

Introduction

« Pendant l’année 2000, un groupe d’étudiants ouvrent un forum sur un cours de grammaire du chinois à forte affluence pour échanger, partager et mutualiser, en dehors de tout cadre institutionnel. Une nouvelle ère commençait… » (Joël Bellassen, 2015)

Avant la vague du Web 2.0, nous ne pouvions pas imaginer ce genre d’échanges hors d'une classe de langue. Cependant, aujourd’hui, la communication via Internet est omniprésente. Nous sommes entrés au vingt-et-unième siècle, ère digitale où l'individu est devenu captif de toutes sortes de nouvelles technologies comprenant les techniques de l’information, de l’audiovisuel, des multimédias, d’Internet, des télécommunications, et des réseaux sociaux. Ces nouvelles technologies jouent un rôle de plus en plus central dans l’évolution des sociétés et affectent significativement les moyens de communication. La mobilité physique est remplacée par la communication en ligne et les échanges professionnels internationaux de tout type et de tout niveau s'effectuent par Internet. Par exemple, la mondialisation des marchés et la montée en puissance du commerce en ligne influencent considérablement notre vie quotidienne, en nous permettant d’obtenir des produits du monde entier sans sortir de chez nous. L’impact des nouvelles technologies se manifeste aussi dans l’internationalisation de l’éducation, un bon exemple étant les MOOCs, phénomène marquant dans le monde de l’enseignement supérieur. MOOC signifie « Massive Open Online Course » que l’on peut traduire par « cours en ligne ouvert et massif » (CLOM). Ces cours, de niveau universitaire, diffusés souvent gratuitement et accessibles sur Internet, sont accessibles pour tout le monde.

Pour répondre à la mondialisation et à l'évolution vers des économies fondées sur la connaissance, Le Conseil européen a souligné que les ressources humaines sont le principal atout de l'Europe. Dans « Compétences clé pour l’éducation et la formation tout au long de la vie : un Cadre de Référence Européen » (2006)1, huit nouvelles compétences sont exigées des futurs employés, dont quatre ont un lien avec la pratique des langues étrangères : communication en langues étrangères, compétence numérique (e-literacy)2, apprendre à apprendre3 et enfin sensibilité et expression culturelles4. Celles-ci correspondent bien à ce qu’a identifié le Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer (CECR, 2001)5.

1  Les   8   compétences   clés   sont  :   la   communication   dans   la   langue   maternelle  ;   la   communication   en   langues   étrangères  ;   la  

compétence   mathématique   et   les   compétences   de   base   en   sciences   et   technologies  ;   la   compétence   numérique  ;   la   capacité   à   apprendre   à   apprendre;   les   compétences   sociales   et   civiques  ;   l'esprit   d'initiative   et   d'entreprise  ;   et   la   sensibilité   et   l'expression   culturelles.  «  Les  compétences  clés  pour  l'éducation  et  formation  tout  au  long  de  la  vie  »  est  un  cadre  de  référence  européen.  Elles   constituent  l’annexe  d’une  recommandation  du  Parlement  européen  et  du  Conseil  du  18  décembre  2006  sur  les  compétences  clés   pour   l’éducation   et   la   formation   tout   au   long   de   la   vie   (voir   le   site   officiel     http://eur-­‐‑lex.europa.eu/legal-­‐‑ content/FR/TXT/?uri=URISERV%3Ac11090  ).    

2  Précisément  «  la  maîtrise  des  technologies  de  l'information  et  de  communication  (TIC)  ».  

3  Précisément  «  la  capacité  d’entreprendre  et  organiser  soi-­‐‑même  un  apprentissage  à  titre  individuel  ou  en  groupe,  selon  ses  propres  

besoins,  à  avoir  conscience  des  méthodes  et  des  offres  ».    

4  Précisément  «  la  sensibilité  et  l'expression  culturelles  qui  implique  la  conscience  de  l'importance  de  l'expression  créatrice  d'idées,  

d'expériences  et  d'émotions  sous  diverses  formes  (musique,  arts  du  spectacle,  littérature  et  arts  visuels)  ».

5  CECR  est  le  résultat  d’une  recherche  du  Conseil  de  l’Europe.  Il  constitue  une  approche  totalement  nouvelle  et  très  détaillée  de  la  

description   de   l’étalonnage   de   l’utilisation   de   la   langue   et   des   différents   types   de   connaissances   et   de   compétences   que   cette   utilisation  requiert.  

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Le CECR définit les compétences communicatives langagières6 comme un ensemble de trois compétences : la compétence linguistique, la compétence pragmatique et la compétence sociolinguistique, qui se focalise sur l’utilisation adéquate de la langue, en s’appuyant sur l’importance de développer les compétences interculturelles (savoirs, faire et

savoir-être).

Les modalités de communication à l’ère d’Internet, par exemple le « chat » (clavardage), le blog, le forum, la visioconférence, etc. ont transformé la communication monomodale en une communication multimodale. Elle fait intervenir à la fois plusieurs modes de communication dans l’échange d’information et plusieurs activités communicatives (compréhension orale et écrite, production orale et écrite, interaction, etc.). Par exemple, dans une entreprise, un manager français à Paris discute avec ses collègues à Londres, Shanghai, Tokyo, Sydney, Rio via une visioconférence, et en même temps, il envoie un message depuis son iPhone à son patron parisien qui n’arrive pas à se joindre à leur discussion, tandis qu’il prend des notes pour rédiger un rapport après la réunion.

Ces compétences communicatives interculturelles, sont plurilingues et pluriculturelles. Reprenons l’exemple ci-dessus : le manager, un non-anglophone, maîtrise l’anglais comme lingua franca sur son lieu de travail et l'utilise avec ses collègues venant du monde entier, tout en communiquant en français avec son patron.

Nous parlons aussi de compétence partielle, une maîtrise limitée de la langue, mais aussi une maîtrise qui varie selon les contextes d’utilisation (touristique, professionnel, académique), selon les spécificités de langue (par exemple, la langue chinoise se caractérise par un lien singulier entre graphie et phonie, Bellassen et Zhang, 2015), et en fonction des choix et motivations de l’apprenant (pour voyager, faire du business ou faire des études). Par exemple, pour le manager ci-dessus, c'est une bonne maîtrise de la réception et production à l'oral qui prime, alors que pour un chercheur universitaire, c'est une bonne maîtrise de la réception et production à l’écrit qui est prioritaire, car celle-ci lui permet de lire et produire des travaux scientifiques.

Nos étudiants d’aujourd’hui se trouvent dans une société plurilingue et pluriculturelle (Gajo, 2003). Ils sont nés à l'ère numérique, et l’utilisation des nouvelles technologies fait partie de leur vie quotidienne. L’accès aisé à une énorme quantité d’informations exige d'eux de nouvelles capacités à traiter l’information et de nouvelles compétences communicatives et multimodales pour réussir leurs études dans un environnement où l’éducation est devenue de plus en plus internationale. De plus, l’apprentissage ne se limite pas à la classe, mais se prolonge hors de la classe, et même tout au long de la vie. Le fait que les étudiants de l’INALCO mentionnés ci-dessus utilisent le forum pour échanger, partager et mutualiser en est un bon exemple. Ceci devrait être pris en compte par les didacticiens des langues et par la communauté enseignante.

6  Le   terme   «  compétence  »   désigne   ici,   conformément   au   CECR,   les   savoir,   savoir-­‐‑faire   et   attitudes,   relevant   aussi   bien   des  

compétences  générales  que  de  la  compétence  à  communiquer  langagièrement.  L’usager  de  la  langue  forge  ces  compétences  au  fil  de   son  expérience  et  celles-­‐‑ci  lui  permettent  de  faire  face  aux  exigences  des  activités  communicatives  dans  les  divers  contextes  (CECR,   2001).

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Comment rendre l’enseignement-apprentissage des langues efficace en vue de développer des compétences communicatives langagières multimodales et interculturelles ? Cette question est devenue une problématique pour tous les enseignants et chercheurs du domaine. L’exploration et la recherche en méthodologies de l’enseignement des langues ont considérablement évolué durant les dernières décennies, et en particulier la conception même de l’apprentissage/acquisition des langues étrangères, passant d’un phénomène purement cognitif à un phénomène social et culturel dans lequel l’utilisation des langues dans un « socially-mediated world » (Atkinson, 2002) est fondamentale. L’évolution de la conception de l’apprentissage des langues influence directement la didactique des langues.

Dans les années 1970, un grand tournant s’opère avec l’apparition de l’approche communicative, qui consiste à favoriser la communication à l’aide de l’utilisation des langues plutôt que la connaissance linguistique. Cette approche permet ainsi de rendre compte de la réalité de l’usage de la langue en tant qu’outil de communication sociale. Elle s’enrichit dans la perspective actionnelle 7 qui prône une plus grande authenticité des situations de communication pour l’apprentissage.

Les apports des TIC8

dans l’enseignement-apprentissage des langues étrangères, surtout l’augmentation du temps d'exposition à la langue cible, ont été soulignés par de nombreuses études empiriques. De plus, avec les technologies du Web2.0 (les réseaux sociaux, les blogs, les wikis, les sites de partage de documents), ils présentent l’avantage potentiel d’offrir plus de contact avec un environnement linguistique authentique et plus d’occasions de communiquer avec des locuteurs natifs.

L’accessibilité des technologies Web 2.0, la reconnaissance de l'indissociabilité entre langues et cultures dans la didactique des langues-cultures, de l’importance du rôle de l’interaction dans et pour l’apprentissage des langues-cultures, de l’exigence des nouvelles compétences, en particulier la e-littéracie, etc. orientent la pratique et la recherche vers le domaine de l’interaction et de l’échange en ligne (Online Interaction and Exchange, OIE, Dooly et O’Dowd, 2012) ou télécollaboration (Belz, 2003 ; O'Dowd & Ritter, 2006 ; O'Dowd, 2005, 2007). « La télécollaboration désigne l'utilisation d'outils de communication en ligne pour faire travailler ensemble des classes géographiquement distantes afin de développer leurs compétences langagières et interculturelles » (O'Dowd, 2012, cité et traduit par Nissen et Mangenot, 2012 : 3)9

. Elle permet de travailler simultanément plusieurs compétences : langagières, interculturelles, multimodales et disciplinaires. Parmi les divers modèles

7  «  La   perspective   privilégiée   ici   est   (…)   de   type   actionnel   en   ce   qu’elle   considère   avant   tout   l’usager   et   l’apprenant   d’une   langue  

comme   des   acteurs   sociaux   ayant   à   accomplir   des   tâches   (qui   ne   sont   pas   seulement   langagières)   dans   des   circonstances   et   un   environnement  donnés,  à  l’intérieur  d’un  domaine  d’action  particulier  (…).  Il  y  a  «  tâche  »  dans  la  mesure  où  l’action  est  le  fait  d’un   (ou  de  plusieurs)  sujet(s)  qui  y  mobilise  (nt)  stratégiquement  les  compétences  dont  il(s)  dispose  (nt)  en  vue  de  parvenir  à  un  résultat   déterminé  »  CECR,  2001.  

8  Le   terme   TIC   désigne   les   outils   informatiques,   matériels   et   logiciels   utilisés,   par   exemple   le   réseau   Internet,   les   logiciels   de  

bureautique,  messageries,  etc.  Le  terme  TICE  désigne  les  outils  plus  particulièrement  conçus  à  des  fins  éducatives,  par  exemple  un   portail  éducatif  sur  le  réseau  Internet,  des  didacticiels,  CD-­‐‑Rom,  etc.  Nous  prenons  ici  le  terme  plus  général  TIC  dans  le  cadre  de  notre   thèse,  car  certains  outils  ne  sont  pas  conçus  pour  l’enseignement  mais  peuvent  être  utilisés  dans  ce  but,  par  exemple  Skype,  Wechat,   les  blogs,  les  forums,  etc.  

9  le   texte   original   en   anglais  :   «  The   application   of   online   communication   tools   to   bring   together   classes   of   language   learners   in   geographically  distant  locations  to  develop  their  foreign  language  skills  and  intercultural  competence  throught  collaborative  tasks   and  project  work  »  (O’Dowd,  2012  :  123).

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télécollaboratifs, le eTandem10, à savoir le « tandem à distance »,  est reconnu comme un modèle idéal pour développer les compétences langagières et l’autonomie des apprenants en dehors de la classe de langue (O’Rourke, 2007).  

L’apprentissage en eTandem, issu de l’apprentissage en tandem (face-à-face), permet à deux locuteurs de langue maternelle différente de communiquer pour mener ensemble leur apprentissage en s’aidant l’un l’autre. Il se fonde sur l’autonomie des participants et sur la réciprocité (Little et Helmet, 1996). L’échange en eTandem exige une (co-) construction de sens entres les interlocuteurs, ce qui implique également des stratégies de négociation du sens et de négociation de la forme (Develotte et Mangenot, 2007 ; Zourou, 2009). Par ailleurs, comme la communication s’articule toujours entre personnes appartenant à des communautés de langues et de cultures différentes, cet échange facilite également l’apprentissage interculturel (Rancière, 2004) et la construction d’une dynamique d'autonomisation sociale (Lewis, 2014).

Les potentialités offertes par les TIC, avec notamment la pratique de la visioconférence, modifient considérablement les conditions d’apprentissage en eTandem. Ainsi s’ouvre un nouveau champ d’étude et d’analyse qui commence à mobiliser les chercheurs dans le domaine de l’acquisition et de la didactique des langues et cultures.

Sa « normalisation »11

(Bax, 2003 ; Chambre et Bax, 2006 ; Bax, 2011), c’est-à-dire son intégration dans un environnement d’apprentissage institutionnel, favorise l’apprentissage grâce aux nombreux soutiens pédagogiques qui peuvent être mis en œuvre (Brammerts 1996 ; Helmling, 2005 ; Chambre et Bax, 2006 ; O’Dowd, 2010). Cependant, l’institutionnalisation des échanges en eTandem amène des changements fondamentaux : de la collaboration locale vers la collaboration internationale, de la situation mono-institutionnelle à la situation bi-institutionnelle (ou même multi-bi-institutionnelle), d’une mono-pédagogie à une bi-pédagogie (ou même multi-pédagogie). Ces changements suscitent des rencontres de diverses disciplines, par exemple études philosophiques, langues appliquées, sciences, etc. Une réflexion curriculaire au niveau de l’apprenant, au niveau de l’enseignement et au niveau institutionnel est donc nécessaire pour mettre en œuvre le eTandem de manière appropriée.

Le potentiel du eTandem pour l’enseignement-apprentissage des langues et cultures étrangères a suscité un grand intérêt au niveau de la pratique et de la recherche, non seulement pour les langues-cultures « proches », comme par exemple entre les langues-cultures anglaise et allemande, mais aussi pour les langues-cultures « distantes»12, comme par exemple entre les langues-cultures chinoise et française.

10  Depuis  2000,  le  terme  de  «  eTandem  »  est  employé  pour  désigner  le  terme  «  tandem  à  distance  »  parce  que  la  coopération  s’appuie  

presque   toujours   sur   des   médias   électroniques   (Brammerts   et   Calvert,   2003  :   33).   Après   le   projet   eTandem   Europa,   le   terme   «  eTandem  »  est  devenu  un  terme  standard  pour  le  tandem  basé  sur  Internet  (Cziko,  2004).  

11  Le  terme  «  normalisation  »  est  défini  dans  le  sens  «  only  when  CALL  is  normalised  will  teachers  and  learners  reap  its  full  benefits.  

Only  when  the  technology  is  normalised,  and  therefore  as  invisible  and  natural  as  whiteboards  and  pens,  will  it  have  found  its  proper   place  in  language  education»  (Chambers  et  Bax.,  2006).    

12  Langue  distante  :  la  didactique  romane  préfère  l’opposition  entre  langues  apparentées  et  langues  non  apparentées  génétiquement.  

Les   termes   «   langues   voisines   »,   «   langues   proches   »,   «   langues   apparentées   »,   «   langues   sœurs   »   fonctionnent   comme   des   quasi   synonymes  et  s’opposent,  dans  le  cadre  de  l’enseignement/apprentissage  des  langues  étrangères  ou  secondes,  à  «  langues  lointaines   ou  éloignées  »,  «  langues  distantes  »  ou  «  langues  rares  ».  La  différence  entre  ces  deux  catégories  réside  dans  la  possibilité  ou  non   d’intercompréhension,   mais   chaque   didactique   trace   de   façon   arbitraire   les   frontières   entre   les   notions   de   langues   étrangères,  

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Cependant un projet eTandem entre des langues-cultures « distantes » relève le défi de les placer dans un même dispositif institutionnalisé. Ceci exige un « mariage sous conditions » (Springer, 2005) qui doit aborder les aspects suivants : spécificités des deux langues-cultures « distantes », construction collaborative des tâches, collaboration et reconnaissance interinstitutionnelle, mise en place institutionnelle, soutien technologique, et rencontre de deux champs disciplinaires.

A partir de l’analyse des recherches antérieures sur la Télécollaboration et tout particulièrement sur le eTandem, un projet pilote de cours eTandem chinois-français a été initié en 2009 entre l’Unité des études chinoises de l’Université de Genève (Suisse) et le Département de français de l’Université du Hubei (Chine). A partir des résultats de ce projet pilote, un cours eTandem chinois-français destiné aux étudiants de deuxième année a été conçu et implémenté dès l’année académique 2010-2011. Certains étudiants du Département chinois de l’INALCO ont rejoint le projet à partir de 2012-2013. L’objectif de ce cours eTandem était de mettre en relation des apprenants francophones de chinois et des apprenants sinophones de français dans un processus d’apprentissage collaboratif de leurs langues et cultures respectives, en modes asynchrone et synchrone. Ce projet eTandem chinois-français a été conçu non seulement en tant que cours visant à développer les compétences langagières et interculturelles des apprenants de CLCE et de FLCE, mais aussi en tant que projet de recherche présentant des caractéristiques de « Design-Based Research » et de « recherche-action ». Le développement de ce projet est itératif, sur cinq cycles (2010-2015). Chaque cycle pose des questions opérationnelles précises visant à améliorer le cycle suivant.

Notre expérience soulève la question de la mise en œuvre d’un dispositif eTandem alliant les deux disciplines « études chinoises » et « langue appliquée », démarche qui s’avère jusqu'à présent très rare dans les recherches et les pratiques sur le eTandem, celles-ci étant plutôt construites à partir des « langues appliquées ». Dès le début de cette recherche, nous avons perçu une tension entre les deux disciplines susmentionnées présente dans la scénarisation et la réalisation de notre projet. Cependant, nous avons persévéré, car nos enquêtes montraient chez les étudiants un fort besoin de pratiquer la langue avec le natif. Ce constat nous permettait de bâtir notre projet sur un terrain commun réunissant les deux disciplines.

D’une part, le projet eTandem chinois-français nous a menée à une réflexion sur le statut et la construction d’une nouvelle discipline («la didactique des langues et cultures chinoises ») impliquant les formations de spécialité LLCE (langue, littérature et civilisation étrangères) et les formations de chinois LEA (langues étrangères appliquées) qui met l’accent sur la « langue appliquée » et exige une bonne maîtrise communicative. En même temps, cette démarche nous autorise à réfléchir sur l’avenir de la discipline traditionnelle « études chinoises », qui met l’accent sur la « sinologie » et exige une connaissance profonde de la civilisation chinoise. Ainsi, se pourrait-il que ces deux disciplines se positionnent en deux pôles contradictoires, ou bien trouvent un terrain d’entente ?

langues  voisines,  langues  proches,  etc.(Robert,  2004).  Ici  nous  pouvons  comprendre  aussi  que  la  langue  chinoise,  comparée  avec  le   français,   est   considérée   comme   une   langue   particulièrement   distante   géographiquement,   culturellement,   linguistiquement,   graphiquement  (Bellassen,  2011).

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D’autre part, concernant la construction de la discipline FLCE en Chine, ce projet nous conduit à envisager l’intégration du eTandem dans le cursus d’un département français. Un des grands problèmes dans l’enseignement des langues étrangères en Chine était et est toujours le manque de contact avec les locuteurs natifs. Le modèle de cours proposé dans cette thèse peut constituer une piste de résolution de ce problème.

Un regard longitudinal porté sur le développement du dispositif eTandem chinois-français, sur la rencontre interdisciplinaire et interculturelle, sur la conception des tâches communicatives en situation réelle et sur l’intégration progressive dans les curricula universitaires, a donné l'impulsion nécessaire au présent projet de thèse. Nous avons affronté de nombreux défis dans le processus de « normalisation » du dispositif eTandem, dans la collaboration entre enseignants de profil différent ainsi que dans l’encadrement des étudiants sinophones et francophones. Nous nous sommes rendue compte progressivement que c’est dans cette pratique et cette étude longitudinale que nous comprenions le mieux la dynamique et le déroulement du dispositif eTandem chinois-français. A partir de cette connaissance, nous précisons nos deux points d’intérêt principaux : l’un s’appuie sur la compréhension de l’ensemble du projet eTandem en tant que système d’activités humaines, faisant intervenir divers facteurs d’influences sur ce même système, et l’autre s’appuie sur le déroulement de l’échange entre les binômes, précisément la réalisation de l’apprentissage des langues-cultures à partir de ces échanges.

Nous essayons de découvrir la dynamique de l’intégration institutionnelle du eTandem en tenant compte de l’interdépendance de multiples facteurs : l’apprenant, son partenaire, les enseignants et l'environnement (contextes institutionnels, matériels et soutiens informatiques). En même temps, nous essayons de décrire l’interaction entre les partenaires : découvrir ce qui se passe pendant l’échange en eTandem, catégoriser chez les apprenants les différentes façons d’organiser et de gérer l’interaction, mettre en évidence comment s’effectue l’apprentissage dans l’interaction à travers les TIC.

Nous adoptons une méthode d’analyse macro et micro à partir des données récoltées au cours de la période 2010-2015, notamment celles relevées dans les questionnaires, les évaluations institutionnelles, les bilans du cours, les traces de travail sur la plateforme, les tests oraux, les entretiens et les séances d’interaction filmées. Tout en ayant conscience de l’importance de l’analyse quantitative, notre analyse principale s’appuie sur l’analyse qualitative. Cette méthode nous permet de nous appuyer sur le principe d’articulation de différentes perspectives conceptuelles et méthodologiques adéquates pour étudier des aspects aussi variés et pertinents que possibles du phénomène visé (Flick, 2009). En prenant en compte la complexité du contexte et des processus acquisitionnels, nous pouvons observer les évolutions du dispositif sur le long terme et effectuer des analyses fines. Ceci nous permettra de tirer des principes généraux pouvant s’appliquer à d’autres recherches et pratiques.

En qui concerne sa structuration, ce manuscrit comporte deux parties. La première partie présente le cadre théorique et comporte trois chapitres.

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Dans le chapitre 1, le cadre théorique cible le domaine de l’acquisition / apprentissage des langues. En présentant une vision globale des théories de l’acquisition/apprentissage des langues, nous nous positionnons sur la théorie interactionniste : l’acquisition/apprentissage des langues se construit dans et pour l’interaction. A partir de la théorie interactionniste, nous étudions à la fois la relation entre interaction et acquisition, ce qui nous amène à caractériser la communication exolingue, et les méthodes et outils d’analyse pertinents. Les notions transversales telles que médiation et médiatisation, stratégies d’apprentissage et de communication, sont également abordées. Dans le chapitre 2, la construction du cadre théorique se poursuit avec le champ de la didactique des langues. Nous en développons trois dimensions particulières : la perspective actionnelle, l’approche interculturelle et l’application des TIC dans l’enseignement des langues et cultures étrangères (LC2. Le chapitre 3 concerne l’apprentissage en tandem. Nous présentons d’abord les concepts et retraçons l’historique de l’approche tandem dans l’apprentissage et l’enseignement des LC2. Ensuite, nous faisons une comparaison entre tandem en face-à-face et eTandem et nous arrêtons sur ce dernier. Après un panorama des recherches et projets sur les dispositifs eTandem existants, nous essayons d’identifier les facteurs les plus influents dans la conception d’un dispositif eTandem.

Dans la deuxième partie nous menons deux analyses fondées sur les expériences et les données récoltées lors d’un projet longitudinal : un dispositif eTandem chinois-français. Nous présentons en premier lieu ce projet au chapitre 4. Celui-ci en présente le contexte et la problématique, la conception pédagogique et le développement au cours des années 2010-2014. La perspective « ingénierie pédagogique » et l’aspect « recherche » sont présentés dans le cycle d’évolution de chaque année académique. Nous procédons ensuite à l’analyse macro de la dynamique de l’ensemble du dispositif eTandem chinois-français avec l’outil de la « théorie de l’activité » au chapitre 5. Cette dernière analyse dévoile certaines contradictions entres les éléments impliqués. Nous essayons de les synthétiser et de les catégoriser selon trois dimensions : apprenant, enseignant et institution. Et c'est ce qui nous conduit vers la dimension culturelle et interculturelle au chapitre 6, qui aborde les tensions palpables, causées par des conflits culturels, à la fois visibles ou explicites (par exemple notées ou mentionnées par les étudiants) et invisibles ou implicites (par exemple identifiées par l’analyse ou émergeant progressivement). Ensuite, nous effectuons une analyse micro des interactions en binôme au chapitre 7. Nous terminons cette partie avec une discussion générale sur les deux analyses et les indications pédagogiques au chapitre 8. Enfin, nous concluons notre thèse en proposant des applications concrètes et quelques pistes pour de futures recherches.

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L’objectif de cette partie est de nous positionner par rapport aux théories de l’apprentissage. Au chapitre 1, nous dressons un état des lieux décrivant différentes perspectives sur l’apprentissage des langues en offrant une vision globale. Nous nous positionnons alors sur la façon dont les individus apprennent les langues : l’acquisition se construit dans et par l’interaction. Or, cette perspective d’apprentissage se concrétise lors de la pratique de la langue étudiée dans différentes situations et c’est pourquoi notre intérêt se porte sur la communication entre natif et non-natif. Ce qui nous amènera à étudier la notion de communication exolingue et ses caractéristiques ainsi que le contrat didactique qui permet d’y développer les compétences langagières et interculturelles. Les notions transversales de médiation et médiatisation des TIC en tant qu’outil culturel et social et agent du processus d’apprentissage, ainsi que les stratégies de communication et d’apprentissage au travers des TIC dans la communication exolingue en ligne seront abordés par la suite.

Au chapitre 2, à partir des éléments essentiels de la didactique des langues-cultures étrangères (publics visés, objectifs à atteindre, contenus et théories d’enseignement, méthodes et pédagogie à mettre en œuvre), nous constatons que trois axes se dégagent : l’axe actionnel, l’axe interculturel et l’axe technologique. L’axe actionnel demande à ce que l’enseignant conçoive un ensemble de tâches sociales et authentiques, afin d’exercer le rôle social de l’apprenant. L’axe interculturel est un guide destiné aux enseignants pour créer des tâches et environnements appropriés, afin que l’apprenant puisse avoir le plus d’expériences directes avec la langue-culture cible et développe des compétences interculturelles (savoir,

savoir-faire, savoir-être). Enfin, l’axe technologique permet d’exploiter le potentiel des TIC dans

l’enseignement des langues étrangères, ce qui stimule et enrichit l’apprentissage. C’est au travers des TIC que nous réfléchissons à une pédagogie axée sur une prise de conscience actionnelle et interculturelle. De plus, la question de l’application de ces trois axes dans des cultures éducatives différentes, notamment la Chine, la France et la Suisse est abordée.

Les trois axes mentionnés ci-dessus sont indissociables et se rejoignent dans le sujet traité au chapitre 3 : l’eTandem. Tout d’abord, nous retraçons l’origine et l’histoire des échanges en tandem, du tandem face-à-face au tandem à distance, puis effectuons une comparaison entre ces deux types et en dégageons les différents aspects, pour enfin catégoriser les caractéristiques des interactions en eTandem. L’analyse de nombreux projets de recherche sur ce sujet met en lumière l’importance de l’institutionnalisation des échanges en tandem ou en eTandem. Sont ensuite présentés les facteurs déterminants dans la mise en place et la réalisation de tels projets pédagogiques fonctionnant sur les échanges en eTandem. Cette analyse établit les bases de la conception pédagogique de notre projet eTandem chinois-français, objet même de notre recherche, décrit à la fin de cette partie.

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Chapitre 1 L’acquisition-apprentissage des

langues-cultures étrangères (LC2) : différentes

perspectives

Dans ce chapitre, nous construisons le cadre théorique qui sous-tend notre projet de recherche.

Dans un premier temps, en distinguant les notions d’acquisition et d’apprentissage, nous présentons différentes théories sur l’acquisition et l’apprentissage des langues et cultures étrangères (LC2) : béhaviorisme, cognitivisme et constructivisme, socioconstructivisme et interactionnisme. C’est dans cette dernière perspective que nous nous positionnons : l’acquisition/apprentissage des LC2 selon la perspective interactionnelle. La présentation se focalise sur les points suivants :

•   les théories sur l’acquisition/apprentissage en général, leur croisement avec les théories linguistiques ainsi que quelques repères historiques ;

•   leur regard respectif sur l’acquisition/apprentissage des LC2 en mettant l’accent sur quatre éléments : la langue ou le langage comme objet ou objectif d’acquisition/apprentissage ; le rôle ou la place de l’enseignant et surtout de l’apprenant (passif ou actif) ; la nature et la fonction de l’interaction (mécanique ou communicative); l’environnement d’acquisition/apprentissage de la LC2 (interaction sociale).

Dans un deuxième temps, nous nous intéressons plus spécifiquement aux approches interactionnistes et situons deux courants principaux : le courant input interactionniste nord-américain, qui se centre sur les interactions entre natifs/non-natifs et sur la définition du rôle de l’input (l’exposition aux données de la langue cible) et de l’output (la production en langue cible) dans l’acquisition d’une L1 ou d’une L2; l’approche interactionniste francophone, qui se focalise sur les séquences interactionnelles favorables à l’acquisition/apprentissage d’une LC2. Le point commun entre ces deux courants est que l’acquisition se construit dans l’interaction. Les notions d’input (input compréhensible, input prémodifié, input modifié) et d’output (production) de la perspective interactionniste sont très pertinentes pour notre projet de recherche. Elles nous aideront à comprendre le mécanisme de l’échange en eTandem : quels types de stratégies développe le natif pour aider le non-natif (hypothèse : il modifie son input pour qu’il soit plus compréhensible pour son partenaire) et comment le non-natif réagit (hypothèse : il accepte ou refuse). Les outils proposés par les approches interactionnistes nous permettent de comprendre les conditions et les mécanismes socio-interactifs (négociations interactives, tâches communicatives, structures de participation, etc.) qui cadrent les processus d’acquisition/apprentissage.

Dans un troisième temps, comme notre intérêt de recherche porte sur l'acquisition de la LC2 et la communication exolingue, en particulier les échanges en eTandem, nous introduisons la notion de communication exolingue. Nous analysons l’acquisition qui s’effectue par et dans la

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communication exolingue dans ses liens avec le contrat didactique, l’acquisition formelle/informelle et l’apprentissage institutionnel/non institutionnel.

L’objectif est de positionner l’acquisition/apprentissage en tandem/eTandem à l’intersection entre formel et informel. Cette position sera utilisée plus tard pour présenter les avantages et les limites des échanges tandem. Elle nous servira aussi à faire une comparaison entre échanges tandem face-à-face et en ligne.

Dans la dernière partie de ce chapitre, en complément aux recherches en linguistique et en didactique des langues-cultures étrangères, nous présentons des notions transversales estimées pertinentes pour notre projet de recherche : d’une part, la médiation et la médiatisation ; d’autre part, les stratégies de communication et les stratégies d’apprentissage.

1.1   Présentation

de

quelques

théories

de

l’acquisition/apprentissage

des

langues-cultures

étrangères (LC2)

1.1.1  Le béhaviorisme

Le béhaviorisme est une théorie de psychologie de l’apprentissage apparue au début du 20ème siècle. Cette théorie, combinée avec le courant structuraliste en linguistique, a fortement influencé l’enseignement et l’apprentissage des langues étrangères.

Le béhaviorisme naît des travaux expérimentaux sur les comportements des animaux et des humains. Les études montrent que les animaux et les humains développent certaines habitudes après avoir été conditionnés pendant un certain laps de temps. L'émergence de ces nouvelles habitudes correspond au conditionnement classique pavlovien stimulus-réponse : il s’agit d’un changement de comportement résultant d’un changement conditionné. Skinner (1957) ajoute que l'apprenant est influencé par son environnement (stimulus) auquel il réagit (réponse) et reçoit à son tour une réaction (renforcement). Le renforcement positif associé à la réponse permet d’accroître la probabilité d’apparition de celle-ci tandis que le renforcement négatif la diminue ou l’annule (Gaonac’h, 1991 : 30).

Nous pouvons dire que les stimuli (explicites ou implicites) sont des facteurs externes provenant de l’environnement, tout comme le renforcement. Ils jouent un rôle fondamental pour déclencher chez l'apprenant la production d'une réponse (explicite ou implicite) correcte, immédiate et observable. Pour les béhavioristes, tout comportement d'apprentissage peut être expliqué par ce mécanisme stimulus-réponse-renforcement, l’apprentissage d’une langue étrangère ne fait pas exception.

Le langage, pour les béhavioristes, est un objet d’apprentissage, précisément, une série de comportements verbaux. « L’enfant acquiert le comportement verbal quand des vocalisations

Figure

Tableau  1.  Taxonomie  des  stratégies  d’apprentissage  de  C.  Bégin  (2008  :  63)  
Tableau  2.  Le  tableau  de  stratégies  de  résolution  des  problèmes  de  communication  proposé  par  Bange  (1992,  p.57)  
Tableau  3.  Caractéristiques  de  la  perspective  actionnelle  et  de  la  culture  de  l’apprentissage  chinoise  (Pu,  2011  :  42)  
Figure  2  Le  modèle  développemental  de  Bennett  (tiré  de  son  article  «A  developmental  approach  to  training  for   intercultural  sensitivity  »,1986  :  182)  
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Références

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