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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Aimez-vous les roses bleues ? Médias et information sur les biotechnologies agricoles

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Academic year: 2021

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AIMEZ-VOUS LES ROSES BLEUES?

MEDIAS ET INFORMAnON SUR LES BIOTECHNOLOGIES

AGRICOLES

Kratia LAKKA, Yolanda ZIAKA

U.F.R. de Didactique des Disciplines, Université Paris 7

MOTS-CLÉS: BIOTECHNOLOGIES - AGRICULTURE - MASS

MEDIA-SPECTACLE DE LA SCIENCE - ALPHABÉTISATION SCIENTIFIQUE

RÉSUMÉ: Les prouesses biotechnologiques dans le domaine agricole donnent lieuà une mise en spectacle lors de leur divulgation par les médias, le consommateur de produits agricoles étant le premier concerné. Dans une perspective d'alphabétisation scientifique pour tous, quels sont les concepts, méthodes, démarches intellectuellesàtransmettre, susceptibles de contribueràune véritable éducationà la citoyenneté ?

SUMMARY : What the consummer of agricultural products receives by the mass media, concerning the biotechnology applications in agriculture, is nothing less than the spectacle conceming scientific progres. Given that our objective is scientific literacy for ail, what wouldhethe concepts, the scientific methods, the intellectual processes, whose transmission could contribute to a veritable education of citirens?

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"La structure objective théorie - expérience se réfracte en un double spectacle.Lathéorie sera représentée par le spectacle d'un modèle "surmodélisé". L'expérience le sera par le spectacle des scientifiques et des loboratoires. Le premier sera considéré comme discours - spectacle de la science, le second comme discours - spectacle sur la science venant légitimer et authentifier le premier" (Roqueplo, 1974).

1. INTRODUCTION

L'atelier a réuni une vingtaine de participants de nationalités française, grecque, italienne, belge, québecoise et laotienne. L'objectif premier de l'atelier était de recenser les représentations des participants sur la question et entamer ainsi une réflexion autour de : 1. la présence des sciences dans notre vie quotidienne à travers les produits alimentaires issus des biotechnologies, et 2. l'alphabétisation scientifique des citoyens. Les impacts multiples et spectaculaires des biotechnologies sur la nature, la société et l'honune amènentàun bouleversement rapide de la notion d'éthique, notion qui varie selon la culture, la religion, le pays, le moment historique (Lavoux, 1987). L'homme lui-même devient l'objet d'une recherche sans mesure commune dans le développement des sciences: une fois qu'on aura répenorié les 100 000 gènes humains, aura-t-on compris ce que c'est l'état amoureux (Cohen, 1992)?La crainte de la modification irréversible des processus naturels, la peur devant la modification génétique des espèces et l'impact des espèces créées sur la biosphère, la mise en spectacle de la recherche dans le domaine des biotechnologies lors de sa diffusion par les médias ont été les questions centrales pour la mise en place de cet atelier.

La démarche proposée était, en partant d'une première liste de concepts relatifs aux biotechnologies, de mener une réflexion autour des concepts "de base" qui seraient indispensables afin qu'on aboutisseàune culture scientifique opérationnelle pour le grand public. La notion du "grand public" est une notion vague qui couvre en réalité une grande variété de publics. Il s'agit pour nous d'un public de non-spécialistes, le consommateur de produits agricoles que nous sommes tous. Le travail autour des concepts de base que nous avons proposé aux participants provient de notre préoccupation particulière qui est celle de l'alphabétisation scientifique pour tous: du moment où on est confrontéàdes problèmes complexes,àl'interface entre sciences exactes et sciences humaines, qui affectent directement notre vie quotidienne, la stratégie éducativeàsuivre devrait s'appuyer sur un choix de concepts de base et leur popularisationà travers l'école et les médias.Lavulgarisation exhaustive de tous les concepts impliqués serait pratiquement impossible étant donné le grand nombre des concepts impliqués et la multiplicité des situations où l'on se trouve confrontéàdes problèmes complexes.

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2. BIOTECHNOLOGIES: UN DOMAINE DE CONNAISSANCES ANCIEN 2.1 Développement des biotechnologies

Les biotechnologies sont apparues avec la civilisation et se sont affinées suivant le progrès de moyens techniques misà la disposition de l'homme. Les Babyloniens utilisent des levures pour fabriquer la bière 6000 avant J. Christ.Àla même époque, les Égyptiens utilisent des levures pour fabriquer le pain et le vin.

Les biotechnologies, dans leur sens moderne, sont apparues avec le commancement de l'exploitation industrielle et commerciale des résultats de la recherche biologique. La première génération des biotechnologies remonte au début de l'industrie des fermentations au XIXème siècle (Gros, 1989). Plusieurs facteurs ont conduit à l'accroissement de l'intérêt pour les fermentations. Un facteurimportant a été la nécessité d'améliorer l'alimentation(DeRosnay, 1979) et de produire des substances issues de processus naturels. Entre 1857 et 1876, Pasteur montra avec ses travaux qu'à chaque fermentation correspondait un micro-organisme spécifique.

La deuxième génération remonte à l'époque de la découverte de la penicilline par Fleming en 1926. Les facteurs qui ont contribué à l'évolution de ces techniques étaient: la nécessité de lutter contre les micro-organismes pathogènes et la naissance de l'industrie alimentaire.

L'émergence en 1972 des techniques du génie génétique a donné naissanceàla troisième génération des biotechnologies. Le génie génétique regroupe un ensemble de méthodes et de techniques qui permettent d'isoler et d'analyser les gènes (Kourilski, 1987). Parmi les facteurs qui ont contribué à ce développement, on trouve surtout la pression économique et sociale résultant des trois grandes crises que vit actuellement le monde: la crise de l'énergie, la crise alimentaire, la crise de l'environnement, ainsi que le progrès des sciences fondamentales et des sciences appliquées.

2.2 Biotechnologies et agriculture

Les biotechnologies intéressent aussi bien les domaines de la médecine et de la pharmacie que ceux de l'agriculture et de l'alimentation, de l'énergie et de la dépollution. Elles permettent de nous insérer dans les cycles biologiques et biogéochimiques naturels pour tenter d'intensifier leurs rythmes ou de contrôler leurs cours.

La première réalisation majeure des biotechnologies agricoles a été la "révolution verte" (Senez, 1987). Elles permettent de croiser des espèces trop éloignées et ouvrent ainsi la possibilité de créer des plantes entièrement nouvelles. Elles cherchent à fixer directement l'azote (élément essentiel de toutes formes de vie) aux végétaux supérieurs en utilisant des bactéries symbiotiques, ce qui permettrait de diminuer la dose d'engrais utilisés en agriculture. Elles permettraient aussi la fixation du phosphore, élément essentiel pour la santé des forêts et des cultures. Le déficit en protéines constitue, d'une manière générale, le premier problème alimentaire des pays en développement Une grande variété de produits et de déchets agricoles se prête potentiellementàla production de protéines d'organismes unicellulaires dans les pays en développement

Le but visé par la recherche dans le domaine des biotechnologies agricoles serait d'arriver à nourrir les six milliards et demi d'hommes de l'an 2000, en vue de l'autosuffisance alimentaire et du

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développement. Mais les biotechnologies sont-elles une panacée pour les pays en développement ou ne font-elles qu'aggraver les disparités avec les pays technologiquement avancés (Sasson, 1986)?

2.3 Vulgarisation à travers les médias

Une enquête que nous avons effectuée dans des journaux grecs, pour les années 1990-92, en analysant des articles qui traitent des biotechnologies, nous montre que :

- les représentations véhiculées sont celles d'une science rationnelle, objective, "tout puissante", en progrès continu, - l'image des biotechnologies est celle d'une science àprogrès spectaculaires (p. ex. le D.NA. est présenté en tant qu'une usine ou en tant qu'un immense chantier où l'homme peut interveniràsa guise) - on dirait que le scientifique est assimiléàun magicien -, la prise de décisions concernant les biotechnologies est censée obéir àdes objectifs scientifiques uniquement, où les choix politiques sont masqués sous la présence de l'infaillibilité de la science.

Nous avons par la suite effectué une enquête préliminaire auprès des enseignants de l'enseignement primaire et secondaire en Grèce, en leur demandant ce qu'ils pensent à propos du terme de la biotechnologie. Cette enquête montre que le culture scientifique dans ce domaine est pratiquement inexistante. Les enseignants ne sont absolument pas conscients des enjeux économiques, sociaux, politiques et éthiques du problème.

Ledébat autour des biotechnologies présenté par les mass media ainsi que son écho dans le corps enseignant, nous amèneànous poser des nouvelles questions: - le problème d'éthique que pose la modification génétique des espèces, comment est-il traité par les médias? - les valeurs relatives aux concepts de l'équilibre écologique, de la solidarité entre générations et de la sauvegarde des espèces, comment sont-elles présentées dans ce débat? - quelle est laportéeactuelle du mythe de la "domination" de la nature? - les valeurs relatives aux rapports nord-sud etàla solidarité planétaire sont-elles présentes? - dans le but d'une participation du grand publicàla prise de décisions, quels seraient les concepts scientifiques de base pour assurer une culture scientifique opérationnelle?

3. DÉROULEMENT DE L'ATELIER

3.1 Représentations autour des biotechnologies

Au départ, nous avons demandé que chaque participant écrive cinq termes qui représentent ce que suggère pour lui le concept des biotechnologies. Les réponses obtenues montrent une grande hétérogénéité dans les représentations du public scientifique qui a participéàcet atelier. En procédant à des regroupements des termes proposés àdes catégories, on voit, tout d'abord, que les biotechnologies sont liées à d'autres disciplines scientifiques: agriculture, génie génétique, biologie, économie.Ouencore, qu'elles sont liées à des termes ou expressions qui portent en eux un jugement de valeur: qui ont une connotation positive (p. ex. amélioration des espèces, progrès, lutte contre les nuisibles, ... ) ou négative (p. ex. danger, conséquences, artificiel.,,) ou qui sont ambivalentes (p. ex.compliqué, maladies en plus et des maladies en moins, création de choses nouvelles, inévitable, changement, ambiguité...). Des termes qui traitent de la puissance de l'intervention

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humaine par les biotechnologies ont été proposés : manipulation du vivant, pouvoir, puissance, modification du réel, production à grande échelle.Lespectacle de la science apparaîtà travers des termes comme: magique, apprenti-sorcier, techniques mystérieuses, artifice. On se rétère aussi à des concepts propres aux biotechnologies età des concepts biologiques en général : bactéries, énergie, transgéniques, sang, fermentateur, gènes, chromosome, cellule, médicaments, vivant. Ou bienà des notions qui ont trait aux sciences sociales et àl'économie: profit, coûts, ouàdes procédés techniques: fabrication, laboratoires, technologie, machine.

3.2 Popularisation de la recherche et concepts de base

Nous avons proposé, par la suite, un travail àpartir d'articles traitant des applications agricoles des biotechnologies, tirés tous de la revueBiofutur. La consigne était que les participants essayent, en lisant chacun un article différent, d'identifier les concepts de base. Il fallait se mettreàla position d'un médiateur (scientifique mais non spécialiste du domaine en question) qui, en face d'une question d'actualité présentée par l'article, aurait comme objectif de vulgariser le problème traité pour un public non scientifique: consommateur de produits alimentaires.

Pendant un certain temps, les participants ont proposé des concepts qui, pour eux, seraient des concepts de base : l'hormone de croissance, la molécule, l'information génétique, la

somatotropine bovine. Progressivement une discussion plus générale s'était engagée. Une grande partie du débat a porté sur l'évaluation de la vulgarisation faite par les articles. Les retombées économiques et sociales des biotechnologies et leur relation étroite à des questions d'ordre politique ou éthique ont été les points soulevés par la majorité des participants, ce qui a donné lieuàun débat très animé. De cene manière, le travail de cet atelier n'a pas pu aboutir à l'établissement d'une liste de concepts de base suivant la consigne de départ. La présentation qui suit reprend l'essentiel de la discussion engagée.

3.3 La vulgarisation, est·elle possible ?

Selon les participants, un effort de vulgarisation supplémentaire devrait être fait pour une grande partie de termes présents dans ces articles, sans lequel ces articles seraient incompréhensibles par le "commun des mortels". Certains articles ont été jugés comme totalement incompréhensibles, les informations contenues fausses et non fondées. Rien n'était dit, dans la plupart des cas, sur les conditions de validité des résultas scientifiques présentés.

L'interrogation principale des participants était: peut-on faire de la vulgarisation scientifique d'un haut niveau adresséeàun public qui n'a pas un minimum de connaissances? Les journalistes, disposent-ils des moyens pour faire de la bonne vulgarisation ou devrait-on confier la médiatisation scientifique aux seuls scientifiques? Dans quelle mesure les médias de masse peuvent remplir une fonction éducative? Pour les participants, le problème du "mur" qui sépare la science du grand public est dûà la qualité de la vulgarisation : il serait possible de diffuser la science,ilaurait suffit que la vulgarisation soit bien faite. Ceci n'est pas le cas de la France où, actuellement, la presse de vulgarisation se trouve à un niveau rudimentaire. Il faudrait, en outre, distinguer un article d'information scientifique d'un article argumentatif dans lequel on développe une thèse en utilisant

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des arguments apparemment scientifiques mais qui, en réalité, ne sont que des arguments d'autorité servantàdes fins politiques.

3.4 Les biotechnologies : un domaine de connaissances interdisciplinaire

Avec les biotechnologies, on aàfaireàce qu'on peut appeler un "phénomène social global", c'est-à-dire un ensemble de phénomènes qui touchent à toutes les dimensions de l'individu et de la société. Et, par rapportàcet ensemble de phénomènes, plusieurs points de vue sont possibles: le point de vue d'un scientifique comme celui du biologiste, avec ses propres finalités, ses propres méthodes, qui définissent l'objet d'une certaine façon, le point de vue de l'industriel, de l'économiste, du moraliste, du philosophe, du religieux. TI s'agit d'un domaine de connaissances par essence interdisciplinaire. Plusieures disciplines y sont impliquées: la microbiologie, la chimie, la fermentation, l'alimentation, l'enzymologie, la bactériologie, l'écologie ou même l'économie.

3.5 Savoir et pouvoir

Les liens qui existent entre savoir et pouvoir ont été évoqués. Avec le développement des sciences le pouvoir, dans le sens des possibilités d'intervention et de "modification du réel", devient trop important pour être laissé uniquement entre les mains des sceintifiques. Le grand public n'a pas les connaissances nécessaires pour qu'un "partage du pouvoir" soit effectué.Leproblème qui se pose est que, pour avoir une véritable maîtrise de la connaissance,ilfaut aniver à la maîtrise des conditions même de production de cette connaissance. La science n'est pas qu'un ensemble de résultats: la production de la connaissance scientifique est un processus très complexe. Cette maîtrise seule peut apporter des éléments pour la prise de décisions. Et le grand public n'y a pas accès, d'où l'importance de la médiation et de l'enseignement. Ce qu'on est en train de populariser sont des résultats plus ou moins mis en scène, mais pas réellement le processus lui-même. Pour nous la question devrait être: Comment populariser la science, c'est-à-dire ce processus lui-même et pas tout simplement les résultats?

L'importance de l'histoire des sciences est évidente afin d'éclaircir les critères de choix des orientations scientifiques - en grande partie extérieurs à la science elle-même et liés à des questions d'ordre politique.Lescientifique a la même responsabilité que n'importe quel citoyen.Lesimple citoyen pourtant se trouve impuissant devant le poids du pouvoir économique représenté par les institutions et les lobbies industriels.

3.6 Rôle du scientifique

La particularité d'un phénomène de société aussi complexe que les biotechnologies est que le scientifique dans son rôle de médiateur utilise souvent des arguments d'ordre scientifique comme support de l'ordre moral. Et inversement, on utilise des arguments moraux pour servir dans l'ordre scientifique. Dans la pratique sociale de la médiatisation, on demande au scientifique d'être un moraliste. Les médias font souvent appel à des scientifiques dont la notoriété est reconnue pour qu'ils s'expriment sur des faits politiques: leur autorité politique découle apparement naturellement de leur autorité scientifique.

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Dans une grande partie des articles, les participants ont constaté qu'il s'agit d'une apologie de la réponse qu'apportent les biotechnologies (vues sous un angle très technique) à des préoccupations économiques, réponse introduite par des expressions comme: "mieux contrôler", "accélérer", "baisser les coûts", "réguler" etc. Les questions concernant la biodiversité ou les rapports avec la nature sont pratiquement éliminées. Le scientifique est donc amenéàservir comme caution pour un nouveau type de marketing, qui répondrait aux impératifs de la guerre commerciale entre les grands laboratoires de recherche de l'Europe et des États-Unis.

3.7 Besoins alimentaires et biotechnologies

L'exemple de la somatotropine bovine (substance qui permet d'augmenter la production du lait) nous a amenésànous poser des questions sur l'utilité des biotechnologies. Du moment où, au niveau de la Communauté Européenne, on est devant des excédents énormes de produits laitiers (excedents qui sont en outre subventionnés), pour quelle raison aurait-on besoin de produire plus de lait? Créer des nouveaux produits pour répondre à quels besoins, du moment où les besoins peuvent être couverts par la production existante ? Ceci pose le problème des rapports nord - sud. Les excédents communautaires sont énormes tandis que la famine sévit dans le Tiers-Monde. Leur demande de produits alimentaires n'est pas "solvable", nous dit-on. On est confrontéàune question qui dépasse largement le cadre d'une affaire de spécialistes. 11 ne s'agit pas d'une démocratie digne de ce nom quand le citoyen se désiste au profit des professionnels de la politique. Comment pourrions-nous intervenir dans le processus de la prise de décision?

3.8 Éthique . Risque

Les biotechnologies posent un problème d'éthique, problème où chaque citoyen est bien placé pour intervenir - à la limite un non biologiste serait mieux placé pour donner une réponse.Le

biologiste adopterait une approche centrée sur la technologie. L'impact véritable pourtant, ne se trouve pas dans les moyens utilisés mais dans les résultats. On touche pour la première foisàce qui se transmet génétiquement: la dimension éthique peut et doit être transmise aux non-scientifiques.

La notion du risque est-elle subjective? Dépenderait-elle de données politiques? Dans les pays où il existe un mouvement écologiste assez fort, qui conteste l'utilisation de nouveaux produits issus des biotechnologies, la réglementation est plus stricte. On voit, par contre, que l'expérimentation en grandeur nature se fait dans les pays d'Afrique p. ex., pays où la contestation est pratiquement inexistante.Leproblème du risque impose l'adoption de valeurs nouvelles: solidarité entre générations et aussi solidarité interplanétaire.

3.9 Pratiques pédagogiques

Quels concepts faudra-t-il donc transmettre ? Quand les scientifiques eux-mêmes se contredisent : comment faudrait-il choisir parmi les résultats ou les processusàtransmettre aux apprenants? Comment la société peut former le citoyen de façon qu'il puisse comprendre ces évolutions? Comment médiatiser autrement pour rendre accessible pour le grand public?

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centrée sur le futur: réflechir sur les moyens qui permettraient d'anticiper les évolutions?La

réflexion sur le projet souhaitable nous permettra de définir les objectifs pour un projetàlong terme. Mais les projets à long terme n'intéressent aucun politique...Lesenfants ne constituent pas des futurs citoyens : ce sont des citoyens à part entière. Avec les élèves on peut utiliser les textes de vulgarisation comme support pour l'entraînementàla lecture d'un texte scientifique (avec l'aide des professeurs de lettres) : apprendreàdistinguer les afftrmations dogmatiques des arguments d'ordre scientifique. Le but ne serait pas de faire des élèves des experts en biotechnologies mais les initierà une démarche intellectuelle critique.

On a tendanceàcentrer toutes les efforts et toutes les discussions autour de l'école et oublier ainsi le consommateur: la notion de l"'alphabétisation scientiftque pour tous" est essentielle. En ce qui concerne la vulgarisation, une pratique sociale ancienne consiste à mettre en place des règles d'utilisation pour la protection du consommateur pour les produits marché (lessives, insecticides, engrais), p. ex. tous les composants d'une lessive sont indiqués. Mais quels sont les connaissances scientifiques dont on dispose pour pouvoir évaluer l'impact de la présence de chaque composant chimique? Quelles règles faut-il instituer? Et quel contrôle exercer sur leur application?Larecherche en didactique sur les textes eux-mêmes ne suffit pas: il faudrait étudier les conditions de production du discours dans des textes de vulgarisation, en fonction des objectifs, des priorités et du public pour lequel ce discours a été conçu.

4. CONCLUSION

En ce qui concerne la médiatisation dans le domaine des biotechnologies,ils'agit, pour nous, de transmettre des connaissances mais aussi de créer un sentiment de responsabilité. Une nouvelle conception de la responsabilité s'impose: la responsabilité vis-à-vis de l'individu et la responsabilité vis-à-vis de l'espèce. L'information sur les sciences remplit une fonction politique puisque, en permettantàchaque citoyen de participer à la prise de décisions, elle contribue à une véritable démocratie.Lapolitique est considérée ici dans le sens original du terme: gestion de lacité.L'objectif prioritaire serait pour nous le partage des savoirs aftn d'aboutir au partage des pouvoirs: faire en sorte que tous les citoyens puissent intervenir dans lesgrandsdébats de la société.

BIBLIOGRAPHIE

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SASSON (A.), Quelles biotechnologies pour les pays en développement?, Coédition Biofutur / UNESCO, 1986.

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Références

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