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Débroussaillement règlementaire et apiculture. Rapport d'avancement, Programme communautaire apicole 2011/2013 Convention 11-48 R

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Débroussaillement règlementaire et apiculture. Rapport

d’avancement, Programme communautaire apicole

2011/2013 Convention 11-48 R

M. Vennetier, C. Piana, J. Baudel

To cite this version:

M. Vennetier, C. Piana, J. Baudel. Débroussaillement règlementaire et apiculture. Rapport d’avancement, Programme communautaire apicole 2011/2013 Convention 11-48 R. irstea. 2012, pp.22. �hal-02598786�

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Rapport

Etat d’avancement

Débroussaillements

règlementaires et apiculture

Programme communautaire apicole 2011/2013

Convention 11-48 R

Août 2012

Michel Vennetier

Caroline Piana &

Jonathan Baudel

Irstea

Centre d’Aix-en-Provence

3275 route de Cézanne, CS 40061 13182 Aix-en -Provence Cedex 5

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Programme communautaire apicole 2011/2013, Convention 11-48 R. Rapport d’étape 2011-2012 (Août, 2012) 1

Débroussaillements règlementaires et apiculture

Comment optimiser pour les abeilles en particulier et les pollinisateurs en général la gestion spatiale et temporelle des débroussaillements règlementaires

Ce rapport correspond à la deuxième des trois années du projet. Il couvre la période allant de septembre 2011 à août 2012. Il fait le point sur l’avancement des travaux durant cette période de transition sans reprendre en détail la description des protocoles et des dispositifs déjà installés : ces derniers sont détaillés dans le rapport d’étape de première année qui couvrait la préétude, la mise au point de ces protocoles et les premiers résultats. Le rapport de septembre 2011 est fourni en annexe pour information si nécessaire.

Les travaux de la deuxième année on consisté principalement :

* a réaliser les premières analyses spatiales des surfaces débroussaillées à l’échelle départementale, et à évaluer les pourcentages de débroussaillement du territoire et des zones boisées en fonction du mode d’occupation du sol, plus particulièrement de la densité d’habitat.

* à suivre les placettes de mesure installées sur les zones débroussaillées en première année afin de suivre l’évolution de la végétation dans le temps.

* à installer des dispositifs expérimentaux complémentaires afin de répondre aux questions soulevées par la préétude.

* à produire plusieurs documents de communication pour les professionnels régionaux et pour un public plus large : articles et poster.

1 - Rappel rapide du Contexte, des enjeux et des objectifs du projet :

A l'échelle nationale, européenne et mondiale, on observe depuis plusieurs années une réduction des populations d'abeilles domestiques et sauvages, et plus largement des polinisateurs. Cette baisse sensible met en danger la reproduction et donc la survie de nombreuses plantes, menaçant directement la biodiversité. Les répercussions sur l'agriculture peuvent être rapides et économiquement dramatique, notamment en arboriculture et maraichage. Localement, les associations et syndicats d'apiculteurs de la région PACA s'inquiètent de la possible réduction du potentiel apicole des sites forestiers ou périurbains du fait du débroussaillement règlementaire contre l'incendie. A l’échelle de la zone méditerranéenne française, ces débroussaillements couvrent des dizaines de milliers d'hectares le long des routes ou pistes et autour des habitations, ainsi que sur les grandes coupures de combustible au sein des massifs forestiers.

Cette étude est la première à s’intéresser à l’effet du débroussaillement règlementaire sur le potentiel mellifère de la végétation méditerranéenne. Elle a pour objectifs de vérifier si la présence et la fréquence des plantes mellifères, individuellement ou collectivement, est modifiée, mais aussi de mesurer l'abondance et la répartition spatiale et temporelle des floraisons mellifères.

2 - Rappel des travaux réalisés en première année 2.1 - Mise en place du dispositif d’étude

Suite à des réunions de travail et visites de terrain auprès d’apiculteurs et de gestionnaires forestiers une centaine de sites d’étude avaient été retenus, représentatifs des différents milieux forestiers de Provence. Chaque site comporte une zone débroussaillée et une zone témoin non-débroussaillée situées côte à côte dans des conditions écologiques semblables et initialement identiques pour la végétation. Chaque placette a été repérée au GPS de précision et décrite en détail pour l'ensemble des paramètres du milieu (climat, géologie, sol, topographie, structure de végétation, composition floristique). Dans chaque site, le potentiel mellifère a été caractérisé à partir de la liste des espèces intéressantes, productrices de nectar ou pollen récolté par les abeilles domestiques, de l’abondance et de la répartition spatiale de chacune de ces plantes, de la qualité et quantité de la floraison ainsi que sa répartition temporelle. A partir de l’âge du débroussaillement, on a évalué la dynamique générale de la végétation (densité, recouvrement, hauteur) ainsi que celle des plantes mellifères, les principales étant suivies individuellement.

Une interface à été conçue dans le logiciel Microsoft Acess 2003 ® (MS Access), facilitant à la fois la saisie directe des données sur le terrain et leur traitement, ainsi que la géolocalisation des placettes, grâce au couplage à un système d’information géographique, ArcGis ® 9.3. Un guide d’utilisation à été élaboré. L’ensemble des routes et pistes débroussaillées par les opérateurs publics ont été cartographiés dans cette base, afin de permette un analyse spatiale des surfaces traitées.

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Programme communautaire apicole 2011/2013, Convention 11-48 R. Rapport d’étape 2011-2012 (Août, 2012) 2

Deux sites expérimentaux avaient été installés. Un pour comparer les effets des deux types d’engins utilisés couramment dans la région : sur pneu ou sur chenille. L’autre pour suivre en détail les effets du débroussaillement sur l’espèce mellifère la plus abondante et la plus importante, le romarin.

2.2 - Premiers résultats

Les premiers résultats portaient sur une vingtaine de sites installés lors d’une préétude en 2010 et début 2011. Les données acquises en fin de printemps 2011 n’avaient pas encore été traitées.

Ces résultats montraient une diminution sensible du potentiel mellifère, en raison de la modification de la structure de la végétation au profit d’espèces non mellifères comme le chêne kermès, et d’un retour très lent des espèces mellifères qui, après 4 ans, étaient loin de retrouver leur abondance initiale et leur niveau de floraison.

3 - Travaux et résultats de la deuxième année

Nous présentons ici les grandes lignes de ces résultats. Les points 3.1 à 3.3 ont fait l’objet d’un rapport en décembre 2011 qui est joint en annexe pour les détails. Les données de la campagne de mesure du printemps 2012, qui se sont terminées fin juin, ne sont pas encore analysées car elles seront traitées en bloc avec celles des suivis d’automne 2012.

3.1 - Analyses spatiales

Au cours de l’automne 2011, nous avons analysé l’impact spatial des débroussaillements en fonction de la densité urbaine en séparant trois catégories : (a) les massifs forestiers de grande taille, où les débroussaillements ne concernent que des routes, pistes ou grandes coupures de combustible, avec très peu d’éléments bâtis sauf en limite de lisières extérieures. (b) les massifs forestiers mités par une urbanisation diffuse. (c) les zones périurbaines avec une forte proportion d’interfaces entre zones naturelles et bâti.

Les principaux résultats sont :

* que les obligations légales de débroussaillements (OLD) représentent une proportion importante de la surface des départements méditerranéens (par ex. 11,2% du département des Bouches-du-Rhône), la moitié seulement de ces débroussaillements étant réellement effectués. Rapportés aux espaces naturels et forestiers le pourcentage de théorique et le réel passent à 41 et 22%, ce qui est très important.

Il faut rajouter à ces chiffres les grandes coupures de combustibles en forêt et les débroussaillements de pistes forestières non obligatoires mais réalisés dans un objectif DFCI. L'ensemble de ces travaux ne représente que quelques pourcents de la surface des milieux naturels, même s'ils peuvent localement être spectaculaires et dérangeant pour les apiculteurs voisins directement concernés. La grande majorité des OLD et débroussaillements réalisés à l'échelle départementale est relative au bâti.

Le pourcentage de débroussaillement est toujours faible à l'échelle des grands massifs forestiers sans mitage urbain: de l'ordre de 2 à 4%. Il augmente fortement (25 à 35% en moyenne) dans les zones d'interface et dans les zones de mitage.

Une des principales conclusions de l’analyse spatiale est que la grande majorité des débroussaillements n’est pas réalisée par des acteurs publics, ceux qui étaient ciblés initialement par l’étude, mais par des acteurs privés, qui opèrent avec des moyens généralement plus légers : petits engins mécaniques, ou débroussaillement manuel. Il a donc paru logique d’étendre à la fois le travail et la cible des futurs outils de communication vers ce public. Deux inflexions ont donc été choisies : d’une part mettre en place un essai de traitement manuel ou mécanique « contrôlé » de la flore mellifère (possibilité de régler la hauteur de coupe). D’autre part de prévoir, en plus du guide technique destiné aux professionnels et décideurs, un outil de communication léger et pratique à l’attention de tous les publics.

3.2 - Analyse des premiers résultats sur l’ensemble des placettes

Ces résultats confirment et confortent ceux qui étaient entrevus en première année. Le débroussaillement a un effet très négatif globalement sur le potentiel mellifère.

Le nombre d’espèces présentes n’est pas significativement diminué, mais des espèces fortement mellifères, très couvrantes et à floraison prolongée sont remplacées en partie par des espèces herbacées à floraison bien moins abondante et plus fugace. En ce qui concerne les espèces principales, leur recouvrement est fortement diminué en général (-75% ou plus), et limité aux strates basses (<50 cm) peu florifères. Ce n’est que 4 ans après le débroussaillement que la floraison des principales espèces montre une augmentation significative, tout en restant très inférieure à celle des témoins : de 4 à 10 fois moins

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d’éléments floraux à 4 ans pour l’ensemble des espèces. Comme la fréquence moyenne des débroussaillements règlementaires est de 4 ans, le potentiel mellifère n’a que peu de chances de se reconstituer. Sur l’ensemble des zones débroussaillées étudiées, toutes années de débroussaillement confondues, le nombre d’éléments floraux mellifères est divisé par 6.

Quelques espèces de petite taille comme le thym et le Dorycnium peuvent être favorisées en nombre ou en vigueur par le débroussaillement si celui-ci n’a pas trop travaillé la surface du sol, mais ces cas sont assez rares, et la floraison des nouveaux individus ou des rejets n’intervient généralement qu’au bout de 3 à 4 ans. On note parfois la multiplication de quelques espèces herbacées ou semi-ligneuses fleurissant en automne, ce qui peut légèrement compenser le déficit global en fournissant une ressource tardive, à une époque ou le potentiel mellifère est limité.

3.3 - Analyse résultats des expérimentations

Deux essais ont été suivis :

* La comparaison entre pneu et chenille ne montre aucune différence significative. Les chenilles ont tendance à décaper la surface du sol lorsque les engins manœuvrent en pente forte, alors que roues tournantes des engins à pneu font moins de dégâts dans ces conditions. Par contre les engins à pneu dérapent plus facilement, et leur moins forte surface portante entraine des dégâts plus disséminés. L’expérience et la qualité des conducteurs d’engins ont sans doute plus d’importance que le type d’engin utilisé.

* Le suivi détaillé des rejets de romarin n’a pas permis de mettre en évidence des variations liées à l’état initial des individus : âge, taille et densité des brins, état de santé. En effet le taux de survie aux traitements, que ce soit par chenille ou pneu, s’est révélé très faible : 7% des individus seulement ont rejeté. Cet essai démontre cependant que le romarin, principale espèce mellifère par sa floraison, sa fréquence et son recouvrement, est particulièrement impacté par le débroussaillement avec les méthodes actuelles. Il confirme les données recueillies sur l’ensemble des placettes. Le facteur déterminant de la survie d’un pied de romarin est le taux de dommage sur sa souche. La plupart du temps, celle-ci est éclatée par le broyage qui est réalisé au raz du sol et même en travaillant superficiellement le sol. Les individus survivant sont ceux qui se trouvaient protégés par des microreliefs ou des grosses pierres ayant augmenté la garde au sol du broyeur.

3.4 - Suivi 2012 des placettes (2ème ou 3ème passage)

L’ensemble des placettes a été visité entre mars et juin, afin d’évaluer l’étalement des floraisons dans le temps. Seules quelques placettes ont été détruites par un débroussaillement non programmé ou par un incendie. Une campagne d’automne permettra les suivis de la floraison tardive. Elle permettra aussi les premiers suivis de l’expérimentation sur le traitement du romarin (cf 3.5). Les données ne sont pas encore analysées, le seront après relevés d’automne.

3.5 - Mise en place du dispositif recepage romarin

Le romarin est l’espèce mellifère principale des milieux méditerranéens sur roches carbonatées, qui représentent l’essentiel des zones forestières de la région PACA. Nous avons expérimenté différents modes de coupe à des hauteurs variables, afin de tenter d’optimiser le rapport entre contrôle de la biomasse et intensité et vitesse retour de la floraison. Ce dispositif, dans le quel plusieurs centaines de pieds de romarins ont été traités, a été installé en mai 2012. Il sera suivi en automne 2012 et au printemps 2013 afin d’analyser la survie des pieds et la vigueur des rejets, très bon indicateur du potentiel de floraison (et éventuellement présence de fleurs dès la première année).

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Valorisation des résultats :

En fond couleur et italique, les réalisations de 1ère année présentées dans le précédent rapport. Sur fond blanc les réalisation de 2ème année.

Présentation des résultats à des colloques ou des séminaires techniques.

Nom de l’évènement Date Lieu Public Nature/support

intervention Assemblée générale du

syndicat régional des apiculteurs PACA

19/01/2010 Lourmarin (13)

Professionnels Com orale 45 mn

Fêtes du soleil mai 2011 Communauté communes pays d'Aubagne Elus et techniciens Tournée terrain Foresterrannées 2011: "Usages, biodiversité et forêt méditerranéenne" 17-18 nov 2011 Etang des Aulnes (13) Professionnels, associatifs et tt public Poster et courte communication orale Assemblée générale du syndicat régional des apiculteurs PACA

5/12/2011 Aix-en Provence(13)

Professionnels Com orale 30 mn et discussion Comité de pilotage FEAGA 18/01/2012 Paris Comité de

pilotage

Présentation orale

Réalisation de documents de valorisation des résultats

Nature du document Public visé Date prévi

(mois – année) Article de vulgarisation :

Baudel J. ; Vennetier M. - 2011. Comment optimiser pour les pollinisateurs et particulièrement les abeilles, la gestion spatiale et temporelle des débroussaillements règlementaires. ADAPI infos, n° 20, p. 4-6.

Professionnels (Association pour le Développement de l'Apiculture Provençale)

Paru janv 2011

Article de vulgarisation :

Piana C., Baudel J. ; Vennetier M. - 2012.

Débroussaillement et apiculture. ADAPI

infos, n° 23 Janvier 2012. 3 p.

Professionnels (Association pour le Développement de l'Apiculture Provençale)

Paru janv 2012

Article technique:

Vennetier M., Baudel J., Piana C., Martin W. Ripert C., Lemoine T. - 2012.

Débroussaillements réglementaires et potentiel apicole. Premiers résultats en Provence calcaire et perspectives. Forêt

Méditerranéenne 23 (2) 207-220

Professionnels, Associatif, Tout public.

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Prévisions de réalisation de documents de valorisation des résultats en 3ème année

Article Technique:

Le potentiel mellifère des zones débroussaillées en région méditerranéennes. Revue: Abeille de France ou Revue Forestière Française

Professionnels, associatifs Soumission fin 2012 ou début 2013

Article vulgarisation :

Comment optimiser pour les pollinisateurs la gestion spatiale et temporelle des débroussaillements règlementaires.

Info DFCI

Professionnels Soumission fin

2012

Article vulgarisation :

Débroussaillements règlementaires et apiculture : synthèse des résultats.

ADAPI info

Professionnels Soumission

mi-2013

Guide technique (papier, DVD):

Optimiser les débroussaillements règlementaires pour les abeilles et autres pollinisateurs.

Professionnels Parution 2013

Livret de recommandations (feuillet de 2 ou 4 pages, téléchargeable) :

Optimiser les débroussaillements règlementaires pour les abeilles et autres pollinisateurs.

Elus, professionnels et grand public

Parution 2013

Article scientifique:

Impact of fuel breaks management on the melliferous potential of Mediterranean vegetation. Journal ciblé : Forest Ecology and Management

Scientifiques Soumission 2013

Autres formes de valorisation

Nature Public visé Date prévi

(mois – année) Nombreuses réunions de travail avec les

opérateurs de débroussaillement: conseil généraux, ONF, communautés de communes.

Professionnels Au moins 2 par

trimestre Réunions de travail régulières (trimestrielles)

avec les responsables régionaux de la profession apicole.

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Annexe :n° 1

Rapport détaillé de décembre 2011

Présente le détail des protocoles et des résultats de la période septembre-décembre 2011, pour l’interprétation si nécessaire des résultats de ce rapport.

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Rapport d’étape 2011

Débroussaillements

réglementaires et apiculture

Programme communautaire apicole 2011/2013

Convention 11-48 R

19 décembre 2011

Michel Vennetier

Baudel Jonathan

Piana Caroline

Centre de Aix-en-Provence

3275 route de Cézanne, CS 40061 13182 Aix-en-Provence cedex 05

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Débroussaillements réglementaires et apiculture

Programme communautaire apicole 2011/2013 Convention 11-48 R

Rapport intermédiaire première année

1. Introduction... 1 1.1 Contexte et enjeux... 1 1.2. Objectifs du projet ... 2 2. Matériel et méthodes ... 2 3. Résultats ... 4 3.1. Le recouvrement : ... 4

3.2. Le nombre d’espèces mellifères et leur occurrence ... 7

3.3. Quantité d’éléments floraux ... 8

3.4. Modes de débroussaillement ... 9

4. Analyse spatiale... 10

5. Conclusion ... 13

Annexes: Carte débroussaillement Bouches du Rhône et valorisation/communication 14

1. Introduction

1.1 Contexte et enjeux

A l'échelle nationale, européenne et mondiale, on observe depuis plusieurs années une réduction des populations d'abeilles domestiques et sauvages, et plus largement des polinisateurs. Cette baisse sensible met en danger la reproduction et donc la survie de nombreuses plantes, menaçant directement la biodiversité. Les répercussions sur l'agriculture peuvent être rapides et économiquement dramatique, notamment en arboriculture et maraichage.

Localement, les associations et syndicats d'apiculteurs de la région PACA s'inquiètent de la réduction du potentiel apicole de nombreux sites forestiers ou périurbains du fait du débroussaillement règlementaire contre l'incendie. Ces débroussaillements ont plus que triplés en surface depuis que la loi sur le débroussaillement est appliquée plus strictement, à la suite des feux de 2003. Dans un contexte général déjà défavorable aux pollinisateurs, dont la diversité et les populations s'effondrent, les dizaines de milliers d'hectares de débroussaillement le long des routes ou pistes et autour des habitations, ainsi que les pare-feux, constituent une contrainte supplémentaire. Les sécheresses récurrentes de ces dernières années n'ont fait qu'accentuer le phénomène, les zones ouvertes souffrant plus que les milieux fermés.

Mais les apiculteurs reconnaissent par expérience que dans certaines conditions, qui restent à préciser, ces débroussaillements peuvent au contraire favoriser les plantes mellifères. La fréquence des interventions et leur date sont sans doute des critères déterminants en lien avec les potentialités des sites (fertilité des sols, autres caractéristiques des sites).

Dans le passé, l'impact du débroussaillement sur la flore a été largement étudié, en termes de biodiversité et de structure végétale. Mais aucune étude ne s'est intéressée à son effet sur le potentiel florifère et mellifère. Si les apiculteurs et chercheurs spécialisés connaissent bien la liste des fleurs intéressantes pour les abeilles, ils ignorent l'abondance comme la répartition spatiale et temporelle de ces floraisons dans les milieux perturbés par le débroussaillement, et les décalages dans les dates de floraisons entre milieux naturels et milieux débroussaillés.

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2

1.2. Objectifs du projet

Ce projet a pour objectifs

- d'une part, d'étudier dans quelle mesure les débroussaillements règlementaires pour la protection des forêts contre l'incendie ont un impact négatif ou positif sur le potentiel des zones traitées pour les pollinisateurs, particulièrement les abeilles,

- d'autre part, d'expérimenter comment une meilleure gestion spatiale et temporelle de ces débroussaillements pourrait au contraire améliorer ce potentiel apicole et mellifère et favoriser la diversité des pollinisateurs,

- enfin, de façon générale, de définir une méthodologie qui permette d'analyser et expérimenter l'impact des débroussaillements dans un contexte plus large, ouvrant la voie à une généralisation de la réflexion à d'autres régions.

2. Matériel et méthodes

Méthodes utilisées et nature des travaux

Dans un premier temps des réunions et visites de terrain auprès d’apiculteurs et de gestionnaires forestiers ont permis de mieux comprendre les problématiques auxquelles chacun est confronté. Ensuite chaque partenaire a contribué au choix des protocoles et des zones d'étude, par la connaissance du terrain, de la flore, ou par l’historique et la localisation des itinéraires techniques de débroussaillement. Deux méthodes d’étude sont utilisées. Celle consistant à faire le point zéro (état initial) après le traitement, pour suivre dans le temps la nouvelle dynamique. Celle permettant d’étudier la dynamique végétale déjà en cours le long des différentes zones de débroussaillement sur des opérations effectuées depuis un nombre variable d'années.

L'étude se situe en région PACA dans les zones les plus soumises au risque d'incendie, Bouches du Rhône et Var. On s’intéresse potentiellement à l'ensemble des zones débroussaillées le long des routes et pistes ou autour des habitations (à l'exclusion des zones purement urbaines) ainsi qu'aux grandes coupures de combustibles dans les massifs forestiers. Dans ces zones, des sites représentatifs sont choisis, en concertation avec des professionnels de la filière apicole ainsi que des responsables des débroussaillements (services départementaux et communaux, ONF, Forestiers Sapeurs, etc.). Dans chaque site, on compare la zone débroussaillée avec un site équivalent non débroussaillé servant de référence et plusieurs répétitions sont effectuées dans chaque modalité. Echantillonnage

L'échantillon actuel représente 105 placettes débroussaillées dont 75 dans les Bouches-du-Rhône, et le reste dans le Var (voir carte des zones débroussaillées utilisée dans les Bouches du Rhône). Pour élaborer le plan d’échantillonnage, les modalités suivantes sont prises en compte : la région géologique, la potentialité forestière, le type de débroussaillement et le peuplement d’origine.

- La région géologique est prise en compte car elle est associée à un cortège d’espèces végétales particulier. L’étude est réalisée sur deux régions géologiques distinctes : la Provence Calcaire (sol basique) et la Provence Siliceuse (sol acide= massif des Maures).

- La potentialité forestière permet de différencier les sites par niveau fertilité (bonne ou mauvaise) à partir du sol, de la topographie et du climat.

- Le type de débroussaillement (manuel ou mécanique, engin à pneu ou à chenille) permet ou non de mettre en évidence l’hétérogénéité des réponses de la flore mellifère suivant la technique utilisée.

- Le peuplement d’origine permet quant à lui de mettre en évidence les réactions au débroussaillement de différentes structures de végétation. L’étude porte sur les trois

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principaux types de peuplements végétaux méditerranéens : feuillus, résineux,

garrigues/maquis, subdivisés chacun en deux catégories de recouvrement ou hauteur. Nous aboutissons ainsi à six types de peuplements : feuillus ouvert (20-60%) et fermé (>60%), résineux ouvert (20-60%) et fermé (>60%), garrigue/maquis haut (>1m) et bas (<1m).

- L’étude prend aussi en compte l’aspect temporel : l’ancienneté, le pas de temps et la fréquence entre les débroussaillements, ainsi que l’historique des feux sur les zones d’étude. Dans la mesure du possible, la date du débroussaillement est prise en compte (hiver, printemps ou automne) car elle influe sur le potentiel apicole et la vitesse de reconstitution, mais ces dates ne sont que rarement connues avec précision dans les travaux anciens.

Les placettes sont choisies pour croiser différents gradients écologiques qui sont déterminants en termes de bilan hydrique et donc de composition floristique: (i) un gradient de sécheresse, de températures et de continentalité allant de la côte (milieux les plus arides) à l'arrière pays (milieux plus frais et plus arrosés), (ii) un gradient de qualité des sols, pour comparer sols fertiles profonds avec une bonne réserve en eau et sols superficiels, rocheux ou caillouteux, (iii) un gradient d'exposition, différenciant les versants frais, neutres et chauds, ce gradient étant important en termes de microclimat (adrets/ubacs).

Protocoles de repérage et mesures

Chaque placette est repérée au GPS de précision et décrite en détail pour l'ensemble des paramètres du milieu (climat, géologie, sol, topographie, structure de végétation, composition floristique) suivant le protocole standard décrit dans le Guide Technique du Forestier Méditerranéen Français (chapitre 2bis). Le potentiel des sites est aussi évalué à l'aide des deux indices bioclimatiques de ce guide: indice global (climatique et géographique) et indice local (topo-édaphique). La combinaison de ces deux indices permet de comparer objectivement des sites même éloignés. Pour évaluer l’intensité de floraison et son évolution dans le temps un autre protocole a été conçu. On y relève dans chaque site les paramètres clés de la flore permettant de caractériser le potentiel mellifère. Sur l'ensemble des sites les paramètres mesurés sont les suivants : (1) la liste des espèces intéressantes, productrices de nectar ou pollen, (2) l’abondance et la répartition spatiale de chacune de ces plantes ; (3) la répartition temporelle et la qualité/quantité de la floraison ; (4) la dynamique post-débroussaillement sous diverses conditions.

Base de données géoréférencées

Un logiciel de base de données géo-référencées est utilisé comme plate-forme de saisie et de traitement. Le logiciel utilisé est Microsoft Access 2003 ® (MS Access). Une interface à été conçue pour faciliter la saisie in-situ. Elle permet une manipulation semi-automatisée ce qui la rend simple et rapide. Elle est couplée à un système d’information géographique, ArcGis 9.3 permettant la géo-localisation des placettes et faire le lien entre les deux logiciels. Un guide d’utilisation à été élaboré.

Dispositifs expérimentaux

En se basant sur les premiers résultats de l'étude, une expérimentation est conduite en coordination avec des responsables de débroussaillements sur trois sites en situations réelles et sur des surfaces significatives (plusieurs milliers de m²). Il s'agit de tester et comparer en conditions bien contrôlées l'impact du type d'engin utilisé. Ces trois sites ont été choisis et débroussaillés par les Forestiers Sapeurs au printemps 2011. Chaque site comprend six placettes débroussaillées mécaniquement avec un mode de traction à pneu ou à chenille. Ces dispositifs seront suivis sur deux saisons de végétation.

Dans le même temps un autre site représentatif a été choisi pour évaluer la dynamique des rejets post-débroussaillement d'une espèce mellifère essentielle, le romarin. Nous avons géo-

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4 localisé et décrit l'ensemble des individus sur la placette avant le débroussaillement (taille, état sanitaire, nombre et diamètre des brins). Après le débroussaillement mécanique, nous suivons sa dynamique, afin de mettre en évidence l’impact sur son mode de régénération (rejet ou semis).

Un essai supplémentaire est programmé pour tester différentes méthodes de coupe et taille de plusieurs espèces mellifères principales afin de diffuser la méthode la plus appropriée auprès du public concerné par des débroussaillements manuels ou mécaniques légers.

3. Résultats

3.1.Le recouvrement :

3.1.1. Impact du débroussaillement sur les recouvrements par strate

Le débroussaillement diminue principalement le recouvrement des strates de hauteurs supérieures à 0,5 m ce qui est conforme à ses objectifs (figures 1). La diminution relative du recouvrement des espèces mellifères est moindre que pour l'ensemble des plantes, notamment dans les peuplements résineux où elles sont peu représentées initialement, et parfois favorisées par l'ouverture du milieu.

Le débroussaillement diminue le recouvrement des strates hautes (>0.5m) au profit relatif de la strate basse (<0.5m) avec une augmentation significative du sol nu. En effet, des engins de plus en plus lourds sont utilisés pour les débroussaillements et réalisent un fort travail du sol. Lorsque le milieu est très pierreux, cela provoque un concassage des cailloux se traduisant par un re-largage de calcaire actif dans le sol, néfaste à la végétation. Par ailleurs, la xéricité du milieu peut-être accentuée par les traitements mécaniques à courte rotation, et la banque de graines persistante du sol ainsi que la capacité à rejeter de souche sont ainsi affectées.

R e c ouv re m ent ( % ) DRec_A T G Rec_A T RRec_A DRec_B T G Rec_B T RRec_B DRec_C T G Rec_C T RRec_C 0 20 40 60 80 100 Strates : A B C Dé br ou s . Dé br ou s . Dé br ou s . Té m . ga rr igue Tém. R é si n e u x Té m . ga rr igue T é m . g a rri gu e Tém . R é s ine ux Té m . R é s ine u x

Recouvrement des espèces principales

0 2 4 6 8 10 12 Str A Str B Str C Strates R e c ouv re m e nt ( % ) Deb Tem gar Tem Rés Figures 1 : Recouvrements toutes espèces

par strates

Figure 2 : recouvrement des principales espèces mellifères par strate

(14)

5

3.1.2. Dynamique post-débroussaillement du pourcentage de recouvrement par strate

La suppression des arbustes dominants entraine une modification profonde de la structure, de la physionomie et de la composition floristique des groupements débroussaillés. Les débroussaillements étant menés tous les trois à cinq ans, le temps s’écoulant entre deux opérations est trop court pour permettre une résilience effective du milieu. Au bout de six ans, la régénération des strates B et C est encore loin d’être réalisée. A terme, le débroussaillement répété conduit à des stades de végétation de plus en plus dégradés aboutissant en Provence calcaire à la formation de pelouses sèches ou de fourrés

bas et ouverts à chêne kermès.

Le faible recouvrement de la strate B au-delà de 4 ans vient du fait que dans les zones étudiées, la périodicité moyenne de débroussaillement est de l'ordre de 4 ans, sauf dans les zones les moins fertiles et les plus sèches où elle peut atteindre 6 à 7 ans, mais où la végétation est basse et de croissance très lente. Nous n'avons donc pas trouvé de débroussaillements anciens de plus de 4 ans sur les zones fertiles. De plus certaines des placettes de plus de 4 ans correspondent à des zones où le débroussaillement a été très intense depuis longtemps, avant d'être récemment abandonné, dans une végétation devenue essentiellement herbacée. Un complément de placette serait nécessaire pour préciser la dynamique après 4 ans. Les placettes de 5 ans et plus étant spéciales ne sont plus utilisées dans le reste des résultats. Le suivi au cours des deux prochaines années (2012-2013) permettra de connaître l'évolution à plus long terme des placettes actuellement âgées de 4 ans, qui seront protégées.

Dynamique du recouvrement strate A

R e c ouv re me nt (%) n n+1-2 n+3 n+4 n>4 0 20 40 60 80 100 Années

Dynamique de recouvrement strate B

Re c o u v re m e n t ( % ) Années n n+1-2 n+3 n+4 n>4 0 20 40 60 80

Dynamique de recouvrement strate C

R e c ouv re m e nt ( % ) Années n n+1-2 n+3 n+4 n>4 0 10 20 30 40 50

(15)

6

3.1.3. Dynamique de recouvrement des espèces structurantes et mellifères

Le chêne kermès est de loin le plus dynamique des végétaux ligneux après le débroussaillement (figure 4) et il a tendance à concurrencer sérieusement les autres espèces, dont les espèces mellifères. Les cistes ont une dynamique relativement rapide dans les strates basses dès la 2ème année, et occupent en moyenne des surfaces significatives derrière le débroussaillement (16% à 4 ans). Les cistes sont surtout importants pour le pollen et ne sont pas nectarifères. Les principales espèces nectarifères (romarin, thym et Dorycnium) ne retrouvent un début de dynamique que la 3ème ou 4ème année après débroussaillement, sans jamais dépasser quelques pourcents de recouvrement à 4 ans. Sachant que la périodicité de débroussaillement dans les zones soumises à fort risque d'incendie est de 3 à 5 ans, ça ne leur laisse aucune chance de se remettre.

Le romarin est de loin la plante mellifère dominante des milieux méditerranéens étudiés, en nombre d'individus comme en recouvrement, et en importance de sa floraison. On observe une nette diminution de son recouvrement dans toutes les strates après débroussaillement (figure 5). Il ne refleurit que lorsqu'il a atteint une hauteur et une vigueur suffisante (plus de 50cm) et n'a donc que rarement l'opportunité de refleurir entre deux passages.

Pourcentage recouvrement romarin

0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7% 8% 1 A 2 3 B 4 5 C 6 Strates : Témoin Débrous Témoin Débrous

Figure 5 : Recouvrement du romarin.

Dynamique de recouvrement du romarin

0 1 2 3 4 5 6 7 8 n n+1-2 n+3 n+4 Années R e c ouv re m e nt ( % ) A B C Tot

Dynamique de recouvrement du ciste

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 n n+1-2 n+3 n+4 Années R e c ouv re m e nt ( % ) A B C Tot Dynamique de recouvrement thym et Dorycnium 0 1 1 2 2 3 3 4 n n+1-2 n+3 n+4 Années R e c ouv re m e n t ( % ) Dorycnium A Thym A Dynamique de recouvrement espèces structurantes 0 10 20 30 40 50 60 n n+1-2 n+3 n+4 Années Re c o u v re m e n t ( % ) Quec Ros doryc thym Ciste

Figure 4: dynamique des espèces structurantes et mellifères (Quec = kermès, Ros = romarin, Doryc = Dorycnium

Dynamique de recouvrement du romarin

0 1 2 3 4 5 6 7 8 n n+1-2 n+3 n+4 Années R e c ouv re m e nt ( % ) A B C Tot

Dynamique de recouvrement du ciste

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 n n+1-2 n+3 n+4 Années R e c ouv re m e nt ( % ) A B C Tot Dynamique de recouvrement thym et Dorycnium 0 1 1 2 2 3 3 4 n n+1-2 n+3 n+4 Années R e c ouv re m e n t ( % ) Dorycnium A Thym A Dynamique de recouvrement espèces structurantes 0 10 20 30 40 50 60 n n+1-2 n+3 n+4 Années Re c o u v re m e n t ( % ) Quec Ros doryc thym Ciste

(16)

7 Il a été constaté une perte de 45% du recouvrement du thym (Thymus vulgaris) et du Dorycnium (Dorycnium pentaphyllum) après débroussaillement, sur l'ensemble des placettes. Ces deux espèces basses (uniquement en strate A) sont parfois favorisées en nombre d'individus par l'élimination des strates hautes qui les dominent, notamment quand on ouvre des peuplements denses de feuillus et résineux, ou des garrigues hautes. Ils peuvent donc être plus fréquents par endroits après le débroussaillement. Mais en parallèle ils sont partiellement éliminés des zones où ils étaient présents auparavant par un travail du sol qui détruit leurs souches. Le débroussaillement manuel ou sans travail du sol leur est beaucoup plus favorable.

3.2. Le nombre d’espèces mellifères et leur occurrence

Les figures 7 et 8 illustrent le fait que le débroussaillement a un impact négatif important sur le nombre d’espèces mellifères ainsi que sur leur fréquence (nombre d'occurrences) dans les strates supérieures à 1 mètre. Le résultat est le même que l'on considère l'ensemble de la flore mellifère ou uniquement les principales espèces mellifères, celles qui sont à la fois très mellifères et qui peuvent être abondantes (recouvrement >5%). Ces espèces principales représentent l'essentiel du potentiel pour les abeilles et les pollinisateurs, même si la somme de toutes les autres espèces ensemble peut parfois dépasser 5% du recouvrement et du potentiel.

Dans la strate basse, il y a une différence significative du nombre d’espèces mellifères entre le témoin (13) et le débroussaillé (12), mais en moyenne cette différence est donc faible, de l’ordre d’une espèce (moyenne = 1.5, médiane = 1). On ne peut pas considérer que ce soit la perte d'espèces qui appauvri la strate A. La dégradation vient plutôt du passage d'espèces fortement mellifères et à floraison prolongée (thym, Dorycnium) à des petites espèces herbacées beaucoup moins productives en fleurs et à floraisons fugaces.

Dans les strates hautes, la perte est importante en nombre total d'espèces mellifères et encore plus en fréquence de ces espèces, car il n'y a pas d'espèces de substitution aux principales espèces mellifères ligneuses hautes. Il faut noter que le chêne vert fait partie des plantes mellifères, mais en tant que fournisseur de pollen et non de nectar. Le chêne vert est tellement courant et abondant dans la région étudiée que les surfaces débroussaillées ne peuvent pas réduire significativement son potentiel, qui est par ailleurs largement supérieur à la capacité de récolte des abeilles.

Fréquence espèces principales

0 40 80 120 160 200 Débrous Témoin A B C Strates :

Nombre espèces principales

0 2 4 6 8 10 12 14 Débrous Témoin A B C Strates :

(17)

8 Les chênes vert et blanc seraient aussi fournisseurs de miellat de puceron, et peuvent contribuer à l'alimentation des abeilles à d'autres saisons qu'au printemps. Cette récolte est mal connue et non quantifiée. Là encore, le potentiel est probablement très supérieur à la capacité de récolte des abeilles, sauf année très défavorable.

Si l'on considère toutes les strates confondues, on constate que les 4 espèces les plus importantes (figure 9), gagnent du terrain sauf un peu le romarin. Bien que leur nombre d'individus et leur taille aient diminué, elles restent donc en attente de "jours meilleurs" pour se redévelopper en taille et se multiplier.

3.3. Quantité d’éléments floraux

A part dans la strate A, où elle perd de l'ordre de 20%, la quantité d'éléments floraux est divisée par 6 dans les zones débroussaillées (figure 10), ce qui donne une idée globale de la perte de potentiel mellifère, toutes strates et toutes périodes confondues.

La dynamique des éléments floraux après débroussaillement (figure 11) suit la même logique que le recouvrement (cf. fig 4) avec une augmentation significative en 4ème année après une reprise timide en 2ème ou 3ème année. On reste cependant en 4ème année dans des valeurs 4 à 10 fois inférieures à ce qui peut être observé dans les parcelles témoin. Le Dorycnium, plante pérenne mais relativement herbacée, est celle qui redevient le plus vite abondamment florifère là où elle n'a pas disparu. La contribution des plantes mellifères herbacées de milieux ouverts est généralement faible, de l'ordre de quelques pourcents. Seul Odontites lutea, plante semi-parasite se développant significativement dans les zones débroussaillées, peut localement donner des floraisons très significatives. Il a l'intérêt de fleurir en automne quand les ressources en nectar sont faibles.

Quantité d'éléménts floraux 0 50000 100000 150000 200000 250000 300000 350000 A B C TOTAL Strates N o mb re d 'él émen ts f lo rau x Débrous. Témoin

Figure 10 : Quantité d’éléments floraux

Figure 9 : Occurrence des espèces toutes strates confondues. Occurrence des espèces toutes strates

confondues post-débroussaillement 0 10 20 30 40 50 60 70 80

Rosoff Cisalb thyvul Dorpent

Nom

b

re

d'occur

rence

s Occ Total Deb

(18)

9 Nous ne présentons pas dans ce rapport de résultats détaillés dans le massif des Maures où le nombre de placette est trop limité pour faire des statistiques fiables en croisant plusieurs facteurs. On peut cependant donner quelques indications: Les plantes mellifères principales des maquis (bruyères, lavandes, cistes), ont tendance soit à rejeter soit à se ressemer assez facilement derrière le débroussaillement, la bruyère notamment en raison de sa souche forte et très profonde. Elles ont aussi la possibilité de fleurir assez vite: 1 à 2 ans. Dans des conditions normales de travail, le débroussaillement a donc un impact qui semble moins négatif dans ce massif. Cependant, l'emploi d'engins de plus en plus puissants travaillant le sol profondément peut remettre en cause ce jugement.

3.4. Modes de débroussaillement

Nous ne disposons pour l'instant d'un nombre suffisant de placettes que dans des zones traitées mécaniquement. Le débroussaillement manuel est très peu pratiqué par les opérateurs publics avec lesquels nous avons travaillé en priorité à la demande des apiculteurs. Il est limité aux zones les plus abruptes et rocheuses, donc peu représentatives. L'observation de ces zones montre cependant que le travail manuel (débroussailleuse portée), qui ne touche pas le sol, est beaucoup moins destructeur pour les plantes mellifères que le travail mécanique. Les principales espèces nectarifères (romarin, thym et badasse rejettent rapidement après ce travail et redeviennent florifères en 2 ou 3 ans maximum. Lorsqu'il s'agissait de vieux pieds sénescents, il peut même y

Thymus vulgaris 0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000 80000 n n+1-2 n+3 n+4 Années N o m b re élém en ts f lo ra u x Strate A Rosmarinus officinalis 0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000 80000 n n+1-2 n+3 n+4 Années N o m b re él é m en ts fl o rau x Total Cistus albidus 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 n n+1-2 n+3 n+4 Années N o m b re él ém en ts f lo rau x Strate A Strate B Total Dorycnium pentaphyllum 0 20000 40000 60000 80000 100000 120000 140000 160000 180000 n n+1-2 n+3 n+4 Années N o m b re él ém en ts f lo rau x Strate A

(19)

10 avoir un effet favorable. Bien que ce en soit pas pratiqué, il serait facile de rendre ce travail plus sélectif et donc encore plus favorable.

Un travail particulier sur le débroussaillement manuel est envisagé en raison de son intérêt en termes de surfaces dans les zones débroussaillées par les propriétaires privés autour des habitations et pistes d'accès.

Le brûlage dirigé n'a pas encore été étudié, mais le sera au cours des deux prochaines années.

4.

Analyse spatiale

Nous avons réalisé une analyse spatiale des zones concernées par les obligations légales de débroussaillement (OLD) et des pratiques réelles pour quantifier ce que représente le débroussaillement à l'échelle d'un département, et donc en termes de pertes réelles de potentiel mellifère.

Les cartes ont été faites à trois échelles différentes : département (figure 12), grand massif forestier et petit massif en zone périurbaine ou de mitage diffus par l'habitat (figure 13). L'analyse a porté sur les bouches du Rhône où nous disposons de l'ensemble des données.

Le tableau 1 récapitule les résultats :

Théoriques Réalisées Théoriques Réalisées Théoriques Réalisées Théoriques Réalisées

Bâtis (50m) 51 848 27479 2 995 1380 65 41 280 156 Route (20m) 1 776 924 157 82 0.0 0.0 2.0 1.0 Route (10m) 1 241 645 103 54 19.0 14.2 12.0 1.4 Pistes (5m) 714 393 71 39 8.9 5.7 6.0 4.0 Réseaux électriques 377 162 20.4 8.8 0.4 0.3 0.6 0.4 Voies ferrées 167 65 3.5 1.4 0.0 0.0 0.0 0.0 Total 56 121 29 667 3 350 1 565 93 61 301 163 Bâtis (50m) 38.04% 20.16% 5.70% 2.63% 27.08% 17.06% 54.90% 30.59% Route (20m) 1.30% 0.68% 0.30% 0.16% 0.00% 0.00% 0.39% 0.20% Route (10m) 0.91% 0.47% 0.20% 0.10% 7.92% 5.92% 2.35% 0.27% Route (5m) 0.52% 0.29% 0.14% 0.07% 3.71% 2.38% 1.18% 0.78% Réseaux électriques 0.28% 0.12% 0.04% 0.02% 0.17% 0.10% 0.12% 0.07% Voies ferrées 0.12% 0.05% 0.01% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% % de la S totale 41.18% 21.77% 6.38% 2.98% 38.88% 25.46% 58.94% 31.91% % réalisation/OLD

Zones naturelles (ha) concernées par OLD

OLD théoriques et réalisées (ha)

Département Massif zone mitage zone périurbaine

136283 52500 240 510

Pourcentage par rapport à la surface totale

52.9% 46.7% 65.5% 54.1%

Département Massif zone mitage zone périurbaine

(20)

11

Figure 12: OLD à l'échelle du département des bouches du Rhône. Une part importante des surfaces cartographiées se situe à l'interface urbain-forêt, et en partie dans les zones urbaines ou périurbaines ne

pouvant être considérées comme des

zones naturelles (forte surface de jardins et routes).

(21)

12

Figure 13: OLD à l'échelle d'un grand massif forestier et à l'échelle de zones habitées

Les OLD représentent théoriquement près de 52 000hectares, soit 11,2% de la surface totale du département des Bouches-du-Rhône, et les débroussaillements réellement effectués 27 500 ha soit 6%. Mais rapportés aux espaces naturels et forestiers concernés par ces OLD, le pourcentage de théorique et le réel passent à 41 et 22%, ce qui est loin d'être négligeable.

Il faut rajouter à ces chiffres les grandes coupures de combustibles en forêt et les débroussaillements de pistes forestières non obligatoires mais réalisés dans un objectif DFCI (Carte en annexe). L'ensemble de ces travaux ne représente que quelques pourcents de la surface des milieux naturels, même s'ils peuvent localement être spectaculaires et dérangeant pour les apiculteurs voisins directement concernés.

Une des premières conclusions est que l'immense majorité des OLD et débroussaillements réalisés à l'échelle départementale est relative au bâti. On peut considérer que dans la surface concernée, une partie représente des espaces végétalisés mais partiellement ou totalement artificialisés, notamment les jardins. D'autre part, si l'on considère que la majorité des débroussaillements autour des habitations privées est réalisée par des moyens assez légers ou manuels, les conclusions de l'étude réalisée sur les zones forestières ne s'y appliquent pas totalement. Il est par contre intéressant de cibler ce public dans les outils de vulgarisation issus du projet.

Le pourcentage de débroussaillement est toujours faible à l'échelle des grands massifs forestiers sans mitage urbain: de l'ordre de 2 à 4%. Il augmente fortement (25 à 35% en moyenne) dans les

a

a

b

Obligations légales de débroussaillement à l'échelle d'interfaces périurbaines (a)

et d'habitat diffus (b)

a

a

b

Obligations légales de débroussaillement à l'échelle d'interfaces périurbaines (a)

et d'habitat diffus (b)

Zone d'interface et urbanisation diffuse Zone d'interface et urbanisation diffuse

(22)

13 zones d'interface et dans les zones de mitage. On peut considérer par ailleurs que les zones périurbaines représentent des milieux favorables pour les abeilles, en raison de la présence dans les jardins de nombreuses variété de fleurs mellifères qui produisent une grande partie de l'année, même l'été, grâce à l'arrosage. Il y a donc une certaine compensation des destructions réalisées par le débroussaillement dans les interfaces ville-foret, sans qu'il soit possible de chiffrer le rapport bénéfice/perte.

5.

Conclusion

Le débroussaillement règlementaire réalisé par des engins lourds dans les milieux forestiers ou périurbains est très défavorable à la flore mellifère en Provence calcaire, et parfois un peu moins en Provence siliceuse, bien que la différence s'atténue avec l'utilisation de plus en plus fréquente d'engins travaillant le sol. La fréquence moyenne du débroussaillement (3-5 ans) ne permet pas aux principales plantes mellifères de retrouver des niveaux satisfaisant de floraison entre deux passages. Le nombre d'espèces mellifères, leur fréquence, leur recouvrement sont fortement diminués, sauf pour certaines espèces herbacées qui profitent de l'ouverture du milieu sans compenser la perte des espèces principales. Globalement, le potentiel mellifère est divisé par 6 si on considère le nombre d'éléments floraux sur l'ensemble d'un cycle de débroussaillement de 4 à 5 ans.

Cependant, les surfaces concernées par ce travail intensif et destructeur ne représentent qu'une petite partie des surfaces effectivement débroussaillées. Les OLD concernent surtout la sécurité du bâti, et donc en majorité des propriétaires privés. Si certaines interfaces entre les zones urbaines ou périurbaines et les massifs forestiers relèvent de grandes coupures réalisées avec des engins lourds, une grande partie des OLD privées est réalisée manuellement ou à l'aide d'engins plus légers. Ils pourraient donc être beaucoup plus sélectifs envers la flore mellifère.

Il y a donc clairement deux types de publics à viser dans les outils de vulgarisation et développement:

* un public professionnel et technique réalisant l'essentiel du travail pour les organisations et collectivités publiques, à l'aide d'engins puissants. Il est difficile de rendre ces débroussaillements plus sélectifs, en dehors d'une plus grande généralisation des débroussaillements alvéolaires là où ils sont possibles.

* un public professionnel et privé réalisant le débroussaillement pour les propriétaires privés et certaines collectivités, et utilisant des méthodes plus douces, qu'il est plus facilement possible d'améliorer et de rendre plus sélectives.

Le travail doit être complété par une étude plus détaillée du débroussaillement manuel et la prise en compte du brûlage dirigé, même si celui-ci représente des surfaces marginales actuellement.

(23)

14

Figure

Figure 2 : recouvrement des principales espèces  mellifères par strate
Figure 3 : Dynamique de recouvrement pour chaque strate
Figure 4: dynamique des espèces structurantes et mellifères (Quec = kermès, Ros = romarin, Doryc = DorycniumDynamique de recouvrement du romarin
Figure 7 : Nombre d’espèces principales par strate.  Figure 8 : Fréquence des espèces principales par strate
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