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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Mots et questionnements d'étudiants tunisiens relatifs à la reproduction et à la sexualité humaine

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Academic year: 2021

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MOTS ET QUESTIONNEMENTS D’ÉTUDIANTS TUNISIENS

RELATIFS À LA REPRODUCTION

ET À LA SEXUALITÉ HUMAINE

Sami ABDELLI, Mondher ABROUGUI I.S.E.F.C (Tunis), F.S.B (Tunis)

MOTS-CLÉS : REPRODUCTION – SEXUALITÉ – ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ – ÉDUCATION À LA SANTÉ – ATTENTES ET CRAINTES –

TRANSPOSITION DIDACTIQUES – CONCEPTIONS – GRILLES D’ANALYSE

RÉSUMÉ : Quelles sont les attentes des jeunes étudiants tunisiens (futurs enseignants) relativement à l’enseignement de la reproduction et de la sexualité humaine ? Cet enseignement est-il en concordance avec les questions principales que se posent les jeunes Tunisiens ? Notre objectif a été de déterminer les attentes des étudiants à partir de leurs interrogations et l’élaboration d’une grille d’analyse spécifique à l’enseignement de la reproduction et l’éducation sexuelle.

ABSTRACT : The present contribution studies the expectations of young Tunisian students (future teachers) about the teaching of human reproduction and sexuality. This teaching is-it in concordance with the main Tunisian youngster’s questions ? Our investigation was to determine the student’s expectations from their interrogation and to elaborate a specific grid to analysis corpus and syllabus.

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1. INTRODUCTION

Les aspects biologiques de l’enseignement de la reproduction et de la sexualité humaine empiètent très vite sur des dimensions affectives et morales liées à une grande diversité de valeurs entraînant ou non, par exemple, des interdits ou des gênes quant à nos rapports à la nudité ou à la sexualité en général. En biologie, les savoirs savants spécifiques à la reproduction et à la sexualité humaine, sont caractérisés par une production intense de savoirs très pointus. Alors une sélection s’impose d’autant plus que ces connaissances ont de fortes répercussions sociales, économiques, éthiques et juridiques massivement exploitées par les différents médias. À partir de l’étude des attentes de jeunes étudiants tunisiens, il est possible de mettre en évidence des indicateurs et des conceptions s’articulant fortement aux connaissances scientifiques, aux systèmes de valeurs et aux pratiques sociales (Clément, 2004). Les indicateurs permettent, en plus, l’élaboration d’une grille d’analyse de contenu des programmes et des manuels scolaires en tenant compte des attentes des jeunes tunisiens.

2. MÉTHODOLOIE

La collecte des données a été effectuée durant 3 semaines (février 2005). Il s’agissait de répondre anonymement et individuellement à une seule question : « Quelles sont les questions que vous vous posiez durant votre enseignement secondaire ou encore actuellement sur la reproduction et la sexualité humaine et dont vous auriez voulu ou voulez encore avoir les réponses ? »

Notre investigation a porté sur 205 jeunes étudiants (dont 83.9 % étudiantes et 16.1 % sont des étudiants) en 4e année Sciences de la Vie et de la Terre (SVT4) à la Faculté des Sciences de Bizerte (Tunisie), sur un total de 1042 questions (875 d’étudiantes et 167 d’étudiants).

3. RÉSULTATS ET ANALYSE DE L’ENQUÊTE

1. Catégorisation des attentes et des préoccupations de jeunes étudiants tunisiens de l’enseignement de la reproduction et de la sexualité humaine dans l’enseignement secondaire.

Catégorisation en fonction de la fréquence des questions posées

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enquêtés. Les demandes d’informations générales sur la santé reproductive et sexuelle sont les questions qui reviennent le plus souvent (48.1 %). Il s’agit là de demandes à connotation bio-médicale : les maladies de la sexualité (MST/SIDA ainsi que leur mode de prévention, stérilité, frigidité, impuissance, cancers des organes génitaux et des seins, malformations génitales, etc.). Viennent ensuite les questions concernant la sexualité du sexe opposé (32.4 %). Elles sollicitent des informations concernant la physiologie de la reproduction et de la sexualité, l’anatomie de l’appareil génital, la maturation sexuelle, la virginité et la psychologie générale de l’autre sexe. Environ 14.2 % des questions posées concernent les dimensions anatomiques des organes génitaux des deux sexes (taille des seins, longueurs du pénis, aspect de l’hymen, etc.). 13.9 % des questions sont liées à la psychologie générale du sexe. Il s’agit là de demandes d’explication de quelques comportements liés à la vie sexuelle des jeunes (flirt, trac le jour du mariage, agressivité, etc..). Catégorisation en fonction de leurs effectifs et leurs sexes

• Besoin de connaissances à propos de la santé reproductive et sexuelle (SRS)

91.2 % des jeunes se posent des questions en relation directe ou indirecte avec la SRS (2 questions en moyenne pour chaque jeune). À travers ces questions, il apparaît que les jeunes prennent conscience des interrogations qui les « travaillent » et les formulent en un langage clair avec des mots pourvus de charges affectives et de connotations imaginaires pesantes.

• Besoin de connaissances à propos de l’anatomie génitale et sexuelle

67.32 % des étudiants posent des questions sur l’anatomie génitale et sexuelle humaine « Pourquoi le sein droit est plus gros que le sain gauche ? Qu’est-ce que le point G au niveau du vagin ? Quelle est la taille maximale du pénis ? ». 14.15 % des étudiants posent des questions sur l’anatomie de l’hymen (structure, position, localisation…).

• Besoin de connaissances à propos de la vie sexuelle et génitale de la femme

Les faibles pourcentages des questions sur l’enfance de la fille (1.95 %) ainsi que l’adolescence (2.93 %) peuvent être expliqués par le fait que dans la culture arabo-musulmane la sexualité humaine est exclusivement liée au monde des adultes et n’est autorisée que dans le cadre du mariage. C’est pour cela que 7.8 % des enquêtés marqueraient plus d’intérêt à la pré-nubilité et la nubilité. Pour quelques jeunes, l’association entre virginité et menstruation suscite des interrogations : « Comment la femme peut garder sa virginité au cours des menstruations ? », ou l’association entre « virginité-cycle sexuel » ou « virginité-avortement » citée par une étudiante. 57.57 % des jeunes posent des questions à propos des menstruations, de ses associations et ses équivalences chez le sexe masculin à raison de 110 étudiantes et 8 étudiants. L’intérêt le plus mentionné était pour l’association « menstruations-douleurs » : « Quels sont les effets d’un accouplement pendant les règles pour la femme ainsi que pour l’homme ? », puis «

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menstruation-grossesse » : « Pourquoi certaines femmes au début de leur menstruation-grossesse ressentent des douleurs de règles ? ». Les associations « menstruation-acné » et « menstruation-sport » étaient les moins citées. Quant à la grossesse, 7 types d’associations sont distinguables : la plus mentionnée est celle de « grossesse-rapport sexuels », 11.22 % des jeunes émettent des questions sur les rapports sexuels pendant la grossesse ; l’association « grossesse-virginité » : « Comment expliquer qu’une femme mariée et enceinte mais elle est encore vierge ? » ; avec des proportions égales (2.44 %) les associations : « grossesse-pigmentation » : « Pourquoi la femme enceinte peut avoir des tâches noires à la face ? « grossesse-menstruation » : « Est-ce qu’une femme enceinte peut avoir les signes de prémenstruations ? « grossesse-physiologie » : « Pour quelle raison l’état physiologique de la femme se perturbe au cours des premiers mois de la grossesse ? ». D’autres questions spécifiques à la grossesse sont en relation avec la culture et les pratiques sociales « Comment la femme peut connaître qu’elle est enceinte dès les premiers jours sans qu’elle consulte un médecin ? Est-ce que la forme du ventre de la femme enceinte donne une idée sur le sexe de son bébé ? ».11.71 % des enquêtés posent des questions sur la contraception « Y a-t-il un moyen précis pour détecter précisément la date de l’ovulation ? ». D’autres sujets les préoccupent tels que le déterminisme du sexe (6.34 %) « Que doit faire la femme pour avoir un garçon ou une fille ? Qu’elle est la position idéale pour avoir un garçon ou une fille ? », etc…

• Besoin de connaissances à propos de la vie sexuelle et génitale de l’homme

7.56 % des filles s’intéressent à la puberté, ses variations physiologiques et morphologiques « Pourquoi pendant la puberté certains garçons ne se modifient pas physiologiquement ? », 3.49 % des filles s’interrogent sur l’adolescence masculine « Certaines disent que l’âge de l’adolescence (14 ans) peut être retardé vers un âge très avancé (30 ans ou plus). Est-ce que cela est vrai ou non ? ». 3.49 % des filles questionnent sur l’acné juvénile « Pourquoi les adolescents ont des problèmes d’acné ? ». Comme pour le cas de la circoncision féminine, 2.44 % des jeunes, (soit 4 filles contre 1 garçon) posent des questions sur la circoncision masculine. Les filles veulent en connaître les avantages et les inconvénients ainsi que l’influence de cette pratique sur le plaisir « Peut-on dire qu’un homme oriental (circoncis) est plus excitable qu’un homme occidental ? ». Le mécanisme d’érection et d’éjaculation semble être mal compris. Plus de 18 % des enquêtés s’intéressent à travers leurs questionnements au phénomène d’érection (soit 7.8 %) et d’éjaculation (soit 11.22 %). Parmi les questions posées on peut citer : « Quels sont les mécanismes qui interviennent lors de l’excitation de la verge ? Si l'éjaculation de sperme refoule que se passe-t-il ? Au moment d’un rapport sexuel comment le pénis n’excrète pas l’urine et n’éjacule que le sperme ? ». 6.98 % des étudiantes marquent un intérêt pour l’influence de l’alimentation sur la qualité et la quantité du sperme « Quel est le rapport entre la concentration du sperme et les fruits

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secs ? », sa couleur et son influence sur la beauté de la femme et sur l’obésité « Est-ce que le sperme fait grossir les femmes après le mariage ? Pourquoi les femmes après leurs mariages deviennent plus jolies et est-ce que c’est vrai que les spermes sont bien pour leur santé ? La non-intervention du système immunitaire reste aussi un questionnement « Pourquoi un spermatozoïde lorsqu’il se trouve pour la première fois au niveau de l’appareil génital femelle n’est pas considéré comme un antigène (corps étranger) ? ».

• Besoin de connaissances à propos de réactions sexuelles

Les questions sur la physiologie de la réponse sexuelle se distinguent par des pourcentages élevés : 32.56 % des filles et 45.45 % des garçons. Parmi les indicateurs des attentes des jeunes à propos de la physiologie de la réponse sexuelle, citons : « synchronisation sexuelle, définition de l’orgasme, types orgasmes, point G, durée d’un rapport sexuel complet, fréquence des rapports sexuels par jour, par semaine, par mois, fréquence d’éjaculations masculine par rapport sexuel, le plaisir clitoridien et le plaisir vaginal, Durée de la période d’excitation ».

• Besoin de connaissances à propos de l’activité sexuelle

Les deux sexes semblent marquer un intérêt très important pour le plaisir sexuel avec les pourcentages suivants : 43.02 % des étudiantes, 36.36 % des jeunes étudiants « Est-ce que l’homme trouve le même plaisir lorsqu’il porte le préservatif ou non ? 42.93 % des jeunes enquêtés marquent un intérêt pour les problèmes de comportements sexuels, principalement ceux du coït, la copulation et l’orgasme « Quelle est la position idéale pour un accouplement satisfaisant et aussi sans problème et combien peut durer cet accouplement ? ». 4.39 % des jeunes cherchent des informations sur les zones érogènes « Quels sont les endroits où l’excitation est maximale chez la femme ? ». La masturbation est un grand problème pour la majorité des jeunes. C’est ainsi que 33.66 % des jeunes posent 73 questions sur la masturbation féminine et masculine dont ils veulent savoir l’impact sur la santé humaine « Quelle est la relation entre genoux et masturbation ? Pourquoi la masturbation rend aveugle l’homme ? ». Le problème de l’homosexualité marque l’intérêt de 13.66 % des jeunes. Il interpelle beaucoup plus les filles que les garçons (27 filles contre 1 garçon). Elles recherchent une explication scientifique à ce phénomène « Comment explique-t-on l’homosexualité ? Est-ce que l’homosexualité est une maladie ou bien les homosexuels veulent être dans cette condition ? ».

Attitudes des jeunes étudiants tunisiens

Les questions recueillies sont des indicateurs qui reflètent les attitudes des jeunes envers la sexualité (curiosité, esprit critique, confiance en soi, ouverture aux autres). Les garçons s’intéressent par exemple à l’activité sexuelle des filles « Y a-t-il des manifestations externes pour connaître si une

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fille est vierge ou non ? Quelle est la taille approximative du vagin ? Est-ce que les filles se masturbent et comment ? »). Le poids des tabous n’est pas totalement absent des attitudes des enquêtés car cette spontanéité est favorisée en grande partie par la double protection de l’anonymat et de l’écrit en tant que mode d’expression indirecte. Sur un autre plan, les réflexions des jeunes enquêtés sur les orientations sociales et culturelles sont fortement liées à des pressions et des coutumes sociales qui concernent le mariage, la virginité, la religion, la sexualité de troisième âge et les pratiques magico-religieuses. Les interrogations des jeunes filles portent généralement sur les changements physiques, psychologiques et affectives que subit la femme après le mariage « Pourquoi le corps de la fille change après le mariage ? Pourquoi après le mariage toutes les acnés disparaissent. Quant aux interrogations des jeunes hommes, elles portent plus précisément sur les avantages et les inconvénients du mariage « Pourquoi les jeunes de nos jours ne veulent plus se marier ? Le mariage est-il obligatoire ? Est-il bénéfique ? Quels sont ses inconvénients ? ». Il en découle de ces types d’interrogations qu’une grande importance est accordée au mariage par nos jeunes enquêtés. Ceci reflète concrètement notre contexte socioculturel tunisien : comme dans la majorité des autres sociétés arabo-musulmanes, le mariage, seul cadre socialement admis pour la procréation et la sexualité, détermine dans une large mesure l’entrée dans la vie féconde (Bouhdiba, 1986). En outre, 17.56 % des enquêtés (29 filles et 7 garçons) semblent être en état de crainte et de peur liées entre autres à des pressions et des coutumes sociales (virginité, douleurs, vie sexuelle…).

4. REFLEXION

La réalisation de l’enquête elle-même, la nature de la question posée, la qualité et l’authenticité des questions mettent en évidence, avant même l’exploitation des résultats, le fait que notre jeunesse est consciente des tabous et des contraintes frappés d’archaïsme qui pèsent sur leur personnalité. Cependant, ce qui attire notre attention c’est que si les étudiants plus spécialisés en biologie de la reproduction posent des questions de ce type (futurs enseignants et citoyens), que serait alors le cas des autres citoyens tunisiens qui n’ont reçu aucune formation ? Rien d’étonnant alors si les notions liées à la sexualité chez la majorité de la population sont le résultat d’une communication orale à l’écart de tout fondement scientifique. La sexualité humaine est liée au langage populaire, à une conceptualisation minimale permettant la compréhension de sa propre sexualité (Lemaire, 2003). Il ressort de cette enquête plusieurs axes de réflexion et plusieurs domaines d’intervention tant au niveau de l’éducation à la sexualité, la formation scientifique et culturelle des jeunes qu’au niveau de l’éducation à la citoyenneté. De nombreux questionnements sont fortement liés à des croyances

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et des mythes populaires qui façonnent les conceptions des jeunes, et à plusieurs lacunes didactiques liées directement à l’enseignement. Ces axes serviront à l’élaboration de grilles d’analyse dans un cadre d’éducation sexuelle lié au contexte arabo-musulman.

BIBLIOGRAPHIE

BOUHDIBA A. (1986). La sexualité en islam. Paris : Presses Universitaires de France.

CLÉMENT P. (2004). Science et idéologie : exemples en didactique et en épistémologie de la biologie. In Actes du colloque Science - Médias – Société. Lyon : ENS-LSH (http://sciences-medias.ens-lsh.fr)

LEMAIRE M. (2003). Conférence d’Éducation à la santé et à la sexualité (mercredi 8 octobre 2003). Inspection de l'Éducation Nationale, Circonscription Amiens 5. (http://www.ac-amiens.fr/amiens5)

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