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Contribution à l'étude des causes de régression de la grande outarde ( Otis tarda L., 1758 ) au Maroc

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

UNIVERSITÉ MOHAMMED V – AGDAL

FACULTÉ DES SCIENCES

Rabat

N° d’ordre : 2482

THÈSE DE DOCTORAT

Présentée par

ARHZAF Zine Laabidin

Discipline : BIOLOGIE

Spécialité : Ornithologie

Contribution à l’étude des causes de régression

de la Grande Outarde (Otis tarda L., 1758) au Maroc

Soutenue le 12 mars 2010 à 15H00

Devant le jury :

Président :

A. YAHYAOUI, Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat Examinateurs :

A. BENHOUSSA, Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat A. CHAHLAOUI, Professeur à la Faculté des Sciences de Meknès M.A. EL AGBANI, Professeur à l’Institut Scientifique de Rabat A. QNINBA, Professeur à l’Institut Scientifique de Rabat

(2)

……….Le Maroc qui, à l'instar de tous les pays en développement,

affronte des défis majeurs et pressants en matière de développement,

a pleinement conscience de la nécessité de préserver l'environnement

et de répondre aux impératifs écologiques. Face à ces exigences et

conformément à ces engagements, Nous réaffirmons qu'il est

nécessaire de poursuivre la politique de mise à niveau graduelle et

globale, tant au niveau économique qu'au plan de la sensibilisation,

et ce, avec le concours des partenaires régionaux et internationaux.

A ce propos, Nous appelons le gouvernement à élaborer un projet de

Charte nationale globale de l'environnement, permettant la

sauvegarde des espaces, des réserves et des ressources naturelles, dans

le cadre du processus de développement durable. La Charte devrait

également prévoir la préservation des sites naturels, vestiges et

autres monuments historiques qui font la richesse d'un

environnement considéré comme un patrimoine commun de la nation,

dont la protection est une responsabilité collective qui incombe aux

générations présentes et à venir. En tout état de cause, il appartient

aux pouvoirs publics de prévoir le volet protection de

l'environnement, dans les cahiers de charges concernant les projets de

développement. ……

Extrait

du discours de S.M. le Roi Mohammed VI à l'occasion de la Fête du Trône

(3)

Dédicace

A mes très Chers parents et mes frères : Youssef, Younes et

Ibrahim

A la mémoire de mon très cher frère Moulay HACHIM

A ma femme Kaima et mes enfants : Khawla, Wissal et

Mohamed Amine qui ont supportés mes longues absences au cours

de ce travail

A ma Famille et mes meilleurs Amis

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Avant Propos

Les travaux présentés dans ce mémoire ont été effectués dans la Faculté des Sciences de Rabat à l’UFR : « Biodiversité et Aquaculture », sous la Direction de Monsieur Ahmed YAHYAOUI, Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat.

Le présent travail a été réalisé avec l’encadrement de Monsieur le Professeur Abdelkader CHAHLAOUI, responsable de l’équipe Eco-Conseil en Environnement et de l’UFR : « Qualité et Fonctionnement Hydrobiologique des Systèmes Aquatiques » à la Faculté des Sciences de Meknès.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Monsieur Ahmed Yahyaoui. Mes plus sincères remerciements pour m’avoir accueilli dans votre UFR. Je tiens également à vous exprimer toute ma reconnaissance pour ces 7 années de thèse que j’ai passées à vos côtés. Votre grande disponibilité, votre rigueur scientifique, votre enthousiasme et vos précieux conseils m’ont permis de travailler dans les meilleures conditions. Soyez assuré, Monsieur, de toute mon estime et de mon profond respect.

Auprès de Monsieur Abdelkader CHAHLAOUI, Professeur de l’Enseignement Supérieur à la Faculté des Sciences de Meknès, j’ai bénéficié de l’aide morale et matérielle dont j’ai eu besoin durant ma carrière de chercheur. J’adresse toute ma gratitude pour sa disponibilité et pour ses précieux conseils qui m’ont guidés au cours de mes études. La confiance qu’il m’a accordée ainsi que nos nombreuses discussions m’ont permis de progresser dans mon travail. Veuillez trouver ici l’expression de mes remerciements les plus sincères ainsi que la marque de mon profond respect.

Je remercie Monsieur Aziz BENHOUSSA, Professeur de l’Enseignement Supérieur à la Faculté des Sciences de Rabat. Je suis très touché de l’honneur que vous me faites en acceptant de juger ce travail et d’en être le rapporteur. Je vous remercie pour vos conseils et vos suggestions qui ont permis l’amélioration de ce manuscrit. Veuillez accepter mes plus sincères remerciements pour votre présence dans ce jury et soyez assurée, Monsieur, de tout mon respect et de ma profonde gratitude.

Je remercie également Monsieur Abdeljabbar QNINBA, Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’Institut Scientifique de Rabat. Mes remerciements les plus respectueux, vous m’avez fait l’honneur de prendre connaissance de ce travail et d’en être rapporteur. J’ai pu apprécier votre rigueur scientifique mais

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aussi votre professionnalisme quand j’ai récupéré mon manuscrit. Je tiens enfin à vous remercier pour votre implication dans ce travail de thèse, pour votre aide, votre disponibilité, vos nombreux conseils et votre soutien sans faille.

L’extraordinaire gentillesse de Monsieur Mohammed Aziz EL AGBANI, Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’Institut Scientifique de Rabat, et que tout le monde lui reconnaît d’ailleurs, m’a toujours impressionné. Je tiens à lui témoigner toute ma reconnaissance pour la confiance que vous m’avez accordée. Je suis très heureux qu’il fasse partie de ce jury de thèse. Soyez assuré de mon profond respect et de mon amitié sincère.

Monsieur Driss AZIZI, Codirecteur de l’Emirate Wildlife Scientific Research Center Crown Prince court Abu Dhabi Rabat Maroc. Je vous remercie pour votre disponibilité et votre engagement. Grâce à votre compagnie j’ai toujours eu le courage de continuer et d’aller vers l’avant quelque soient les difficultés.

Monsieur Juan Carlos ALONSO, Professeur au Museo Nacinal des Sciencias Naturales Madrid. Je vous exprime ma gratitude pour notre collaboration de 1999 à 2005, et pour la sympathie que vous m’avez témoignée au cours de ces années. Je vous exprime mon profond respect et ma grande amitié.

Monsieur Mohammed DAKKI, Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’Institut Scientifique de Rabat. En souvenir de notre sortie de recensement de la Grande outarde sur le terrain avec Alonso et son équipe en 2004, et de nombreuses discussions à propos de la conservation de l’espèce au Maroc. Le respect que j’étais censé vous témoigner en tant que notre ‘‘ancien’’ c’est rapidement transformé en amitié sincère.

Je voudrais adresser un remerciement particulier à Monsieur ELHAFI Abdelaadim qui nous a octroyé les autorisations nécessaires pour les études sur le terrain et pour la convention signée avec la Société des autoroutes (ADM).

Je remercie Monsieur Othmane Fassi Fihri, le directeur général de la Société des Autoroutes du Maroc (ADM), ainsi que Messieurs BOUFOUS et LBLIDI de l’ADM), et Monsieur MASTOUR (HCEFLCD), pour leur aide.

Monsieur EL BOWARDI, Crown Prince Court Abu Dhabi Ministère de l’Environnement d’Abu Dhabi. Je voudrais adresser ma profonde gratitude à Monsieur El Bowardi pour ses qualités humaines, ses conseils et son amour propre à la conservation de la vie sauvage en générale et aux Outardes en particulier.

(6)

Monsieur PITRA et LIECKFELDT, Institut für Zoo- und Wildtierforschung. Dr Josiane FONTAINE-PERUS, Dr Françoise DIETERLEN de l’Institut d’Embryologie de Nogent sur marne, Dr Corine CHERBONELE, Madame Nicole LEDOUARIN, Membre à vie de l’Académie des Sciences à Paris et Dr Botzenna OSZLANSKA et Ursula STEPINSKA, de l’Institut Jatzierbick de Varsovie a qui je témoigne de mon profond respect, et vous souhaite longue vie.

Messieurs JAAFARI, MARTIN, MOUATI et PALACIN. A tous les moments passés ensemble au travail sur le terrain et en dehors. Je vous exprime toute mon amitié.

A mes amis de toujours, les gardiens de l’ADM à Tahaddart : Ahmed, Mostafa et Abdelhalim, ainssi qu’au Gardes chasse d’Azilah : Kassimi et Cheham, pour tous ces grands moments passés ensemble sur le terrain et pour nos week-ends de « décompression ».

Enfin, je remercie toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont apportés leur contribution à ce travail ; je leur exprime toute ma reconnaissance et ma grande sympathie.

(7)

REPERTOIRE DES TABLEAUX

Page

Tableau 1 : Liste de la famille des Outardes (Clements, 2000 et IUCN, Avibase et BirdeLife :

http://www.oiseaux.net/oiseaux/otidides.html)... 16

Tableau 1 (suite) : Liste de la famille des Outardes (Clements, 2000 et IUCN, Avibase et BirdeLife: http://www.oiseaux.net/oiseaux/otidides.html)... 17

Tableau 2 : Equipes et dates de recensements au cours de la période d’étude (1999-2007)……….. 44

Tableau 3 : Estimation des quantités d’outardes en mars 1999 (Alonso et al. 2000a), complétant ce recensement pour les zones de Tleta-Rissana et Mrhitane, non visitées en 1999, avec les quantités d’adultes recensées en 2001 et 2002 (résultats propres de Hellmich et Idaghdour 2002)……… 50

Tableau 4 : Résultats du recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2000………... 50

Tableau 5 : Résultats du recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2001………... 50

Tableau 6 : Résultats du recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2002………... 51

Tableau 7 : Résultats du recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2003………... 51

Tableau 8 : Résultats du recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2004……….. 51

Tableau 9 : Résultats du recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2005……….. 52

Tableau 10: Résultats du recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2006………. 52

Tableau 11 : Résultats de recensement des Grandes outardes du Maroc réalisé en mars 2007………. 52

Tableau 12 : Proportions des sexes dans les différents noyaux reproductifs du Maroc………. 59

Tableau 13 : Productivité de la population d’outardes du Maroc durant la période d’étude………. 60

Tableau 14 : Productivité de la population d’outardes du Maroc durant la périodd’étude (Nombre de poussins mâles recensés par noyau)……… 60

Tableau 15 : Estimation des quantités d’outardes en mars 2001, résultats propres combinés à ceux de Hellmich et Idaghdour (2002) ……….. 62

Tableau 16 : Echantillons collectés pour analyse génétique dans différentes zones de présence de Grandes outardes au Maroc. Dans les cas 4, 5 et 6 nous n’avons pas pu écarter totalement l’hypothèse, encore que ce soit peu probable, que les plumes appartiennent à un même individu……… 69

Tableau 17 : Haplotypes obtenus à partir des échantillons collectés pour l’analyse génétique dans les différentes zones de présence de Grandes outardes au Maroc. Dans les cas 4, 5 et 6 nous n’avons pas pu écarter totalement l’hypothèse, encore que ce soit peu probable, que les échantillons appartiennent à un même individu……… 71

Tableau 18 : Paramètres utilisés dans les simulations de viabilité de la population de Grande outardes du Maroc……….... 76

(8)

Tableau 19 : Mortalité des outardes au Maroc : nombre d’individus morts par les différentes causes

identifiées, dans chacun des noyaux reproductifs………. 85 Tableau 20 : Nombre d’exemplaires édités de chaque modèle de matériau d’information destiné à la

campagne de sensibilisation sur l’importance de la population de Grandes outardes au

(9)

REPERTOIRE DES FIGURES

Page

Figure 1 : Distribution de la grande outarde (Otis tarda) dans le monde (Arhzaf et al., 2006)………..….. 19 Figure 2: Carte modifiée de répartition géographique mondiale de la grande outarde

(http://www.oiseaux.net/oiseaux/distribution/outarde.barbue.html)... 19 Figure 3 : Zones occupés par les grandes outardes recensées durant la présente étude au Maroc (Carte

modifiée d’Alonso et al., 2005)………..… 33 Figure 4 : Evolution des effectifsd'outardes mâles adultes (> 3 ans), mâles immatures (2- 3 ans), mâles jeunes (< 1 an) et Femelles dans la zone de kanouat durant la période d’observation

1999- 2007………... 54 Figure 5 : Evolution des effectifs d'outardes mâles adultes (> 3 ans), mâles immatures (2- 3 ans), mâles jeunes (< 1 an) et Femelles dans la zone d'Araoua durant la période d’observation 1999 –

2007………... 54 Figure 6 : Evolution des quantités d'outardes mâles adultes (> 3 ans), mâles immatures (2- 3 ans), mâles jeunes (< 1 an) et Femelles dans la zone de Chakbouchan durant la période d’observation

1999 – 2007………... 55 Figure 7 : Evolution des effectifs d'outardes mâles adultes (> 3 ans), mâles immatures (2- 3 ans), mâles jeunes (< 1 an) et Femelles dans la zone de Tendafel durant la période d’observation 1999 – 2007………... 56 Figure 8 : Evolution des effectifs d'outardes mâles adultes (> 3 ans), mâles immatures (2- 3 ans), mâles jeunes (< 1 an) et Femelles dans la zone de Tleta-Rissana durant la période d’observation

1999 – 2007………... 57 Figure 9 : Evolution des effectifs d'outardes mâles adultes (> 3 ans), mâles immatures (2- 3 ans), mâles jeunes (< 1 an) et Femelles dans la zone de Mrhitane durant la période d’observation 1999 – 2007………... 57 Figure 10 : Evolution des effectifs d'outardes mâles adultes (> 3 ans), mâles immatures (2- 3 ans), mâles jeunes (< 1 an) et Femelles dans la zone de Had Kourt durant la période d’observation

1999 – 2007……….. 58 Figure 11 : Productivité en poussins (nombre de poussins recensé par noyau) dans les sept noyaux

reproductifs (Kanouat, Araoua, Chakbouchan, Tendafel, Tleta-Rissana, Mrhitane, Had

Kourt) depuis 1999 à 2007………... 61 Figure 12 : Pourcentages des différentes causes de mortalité des Grandes outardes au Maroc………. 85

(10)

REPERTOIRE DES PHOTOS

Page

Photo 1 : Habitat de la zone de Kanouat……… 36

Photo 2 : Habitat de la zone de Araoua………..…… 37

Photo 3 : Habitat de la zone de Chakbouchan. ………..… 38

Photo 4 : Habitat de la zone de Tendafel ………..…… .. 39

Photo 5 : Habitat de la zone de Tleta Rissana. ………..… 40

Photo 6 : Habitat de la zone de Mrhitane. ……….… 42

Photo 7 : Habitat de la zone de Had Kourt……… 43

Photo 8 : Equipes et véhicules tout-terrain utilisés lors des recensements de la Grande outarde. ………… 45

Photo 9 : Difficultés rencontrées lors des recensements. ……….. 45

Photo 10 : Enquêtes effectués pendant auprès des agriculteurs et des bergers. ……… 46

Photo 11 : Equipes de recensement de la Grande outarde……… 46

Photo 12 : Destruction et réduction de l’habitat par l’autoroute Rabat-Tanger……… 86

Photo 13 : Installation électriques dans la zone champêtre des groupes reproducteurs………. 87

Photo 14 : Zone de voisinage de la centrale électrique………. 89

Photo 15: Autocollant utilisé dans la campagne d’information sur l’importance de la population de Grandes outardes au Maroc………99

Photo 16 : Affiches simulant la protection de la Grande outarde………. 99

Photo 17 : Dépliant utilisé dans la campagne d’information sur l’importance de la population des outardes au Maroc . ………100

Photo 18 : Dépliant utilisé dans la campagne d’information sur l’importance de la population des outardes au Maroc ……… 101

Photo 19 : Visite d’une école dans la zone de Had Kourt (distribution des Tee-shirt)………. 102

(11)

TABLE DES MATIERES

Page

Avant Propos

INTRODUCTION GENERALE 08

CHAPITRE I : Généralités sur la grande outarde 14

1-Introduction 15

2-Répartition géographique de la Grande outarde 18

3-Taxinomie et systématique de la grande outarde 18

4-Biologie de la grande outarde : 20

4.1- Morphologie 20

4.2- Régime alimentaire 20

4.3- Comportement 21

4.4- Habitat 21

4.5- Reproduction 23

5-Génétique de Population de la Grande Outarde 24

6-Protection et menaces 25

6.1-Menace à l’échelle mondiale 25

6.1.1- Problèmes engendrés par le développement des infrastructures 25

6.1.2- Pollution provoquée par l’agriculture, la sylviculture et l’industrie 25

6.1.3- Effet de la surexploitation exagérée des oiseaux 26

6.2-Menace à l’échelle du Maroc 26

7-Protection 27

7.1- Association Internationales et nationales de protection des oiseaux et plan stratégique 27

7.2- Sites d’Intérêts Biologiques et Ecologiques (SIBE) et Zones importantes pour la

conservation des oiseaux 27

7.2.1- SIBE 27

7.2.2- ZICO 28

8- Mesure du progrès 28

9- Antécédents de la situation de l’outarde au Maroc 28

CHAPITRE II : Recensement de la population des outardes du Maroc 31

(12)

2- Climatologie 41

3-Méthodologie 44

4-Résultats 48

4.1- Distribution des Grandes outardes au printemps 48

4.2- Recensement des Grandes outardes au Maroc 49

4.3- Proportion des sexes chez la Grande outarde 58

4.4- Productivité chez la Grande outarde 59

5-Discussion 61

5.1- Taille de la population des Grandes outardes 61

5.2- Proportion des deux sexes au sein de la population des Grandes outardes 63

5.3- Productivité chez la Grande outarde 63

CHAPITRE III: Diversité génétique de la population de Grandes outardes du Maroc et sa relation avec celle de la Péninsule Ibérique 65

1-Introduction 66

2-Méthodologie 67

2.1- Collecte des échantillons de plumes et d’excréments 67

2.2-Amplification et séquençage d’ADN mitochondrial 68

2.3- Analyse des séquences 70

3-Résultats et discussion 70

CHAPITRE IV : Viabilité de la population 74

1-Introduction 75

2-Méthodologie 75

3-Résultats et discussion 77

CHAPITRE V: Etat de conservation de la population de Grandes outardes du Maroc 80

1- Menaces 81

1.1-Causes de mortalité 81

1.1.1-Braconnage 81

1.1.2-Collisions avec les installations électriques ou lignes de haute tension 82

1.1.3-Mortalité juvénile et destruction des nids 83

1.1.4- Autres causes 83

2-Destruction et altération de l’habitat 86

3-Tendance actuelle et récente de la population de la Grande outarde 88

4- Réflexions sur la conservation de la population marocaine de la Grande outarde

(13)

CHAPITRE VI : Campagne de sensibilisation sur l’importance de la population de

Grandes outardes du Maroc 95

1- Introduction 95 2- Méthodologie 96 3- Campagnes de sensibilisation 97 CONCLUSION GENERALE 104 SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS 109 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 111

(14)
(15)

La diversité biologique représente un patrimoine précieux et de riches atouts. Le Maroc occupe une place privilégiée dans le bassin Méditerranéen grâce à la diversité de ses bioclimats, à la variété des écosystèmes naturels et aux cortèges floristiques et faunistiques qui leur sont liés. On note le nombre d’espèces et le taux d’endémisme élevés, en plus de la diversité des écosystèmes identifiés (plus de 24 000 espèces animales et plus de 7 000 espèces végétales, un taux d'endémisme global de 11% pour la faune, et de plus de 25% pour les plantes vasculaires) (Berraho et al., 2006 et Zerouali, 2009).

Cette ressource biologique peut constituer une contribution importante à la richesse nationale dans les différents secteurs économiques et humains (agriculture, élevage, foresterie, pêcheries, plantes médicinales, lichens, plantes aromatiques, caroube, glands, champignons comestibles, truffes, oignon sauvage, apiculture, gibier, escargots, tortues, oiseaux, algues marines, corail, écotourisme).

Le drainage des zones humides, essentiellement pratiqué dans la zone côtière (Gharb, Loukkouss, etc.) pour des fins agricoles ou d'urbanisation a occasionné la perte d'habitats estimée à 34000 ha de zones humides, notamment la disparition d'habitats pour les oiseaux migrateurs, des poissons, de la flore et de la faune aquatiques. C’est l’exemple des marécages

des cours inférieurs de la Moulouya, du Bou Areg, de Tahaddart, de Smir (Dakki et Hamzaoui, 1998 et El Agbani et al., 2009)

Les ressources naturelles et écologiques constituent une richesse, dont la dégradation peut représenter une contrainte au développement humain et économique et souvent une menace pour l’équilibre social (Laouina, 2006). Il est important de signaler qu’avec chaque peuplement qui disparaît il y a tout un cortège d’espèces animales et végétales qui disparaissent avec eux (Menioui, 2008). Au Maroc, plus de 2000 espèces animales et végétales sont menacées de disparition (Madbouhi, 2009). La surexploitation des ressources naturelles, la déforestation, le surpâturage, l’urbanisation et la pollution constituent les causes majeures contribuant à l’appauvrissement de la biodiversité nationale et la disparition des espèces.

La situation géographique du Maroc et la diversité de ses habitats expliquent la richesse de notre avifaune, tant pour ce qui est des espèces sédentaires que pour les espèces migratrices pour lesquelles le pays constitue une importante voie de passage ou une

(16)

destination lors de leurs migrations entre l'Europe et l'Afrique. L'avifaune nationale compte aujourd'hui 481 espèces plus ou moins régulièrement visibles au cours d'un cycle annuel complet, réparties sur 17 Ordres appartenant tous, depuis la disparition de l'Autruche de nos territoires sahariens, à la seule Section des Carinates (Bergier et Thévenot, 2010).

A côté de cette avifaune assez régulièrement présente sur notre territoire figurent des espèces parfois observées accidentellement, dont 131 ont été rapportées jusqu'à présent, et dont la présence peut maintenant être confirmée ou infirmée par l'étude des dossiers transmis à la Commission d'Homologation Marocaine (commission chargée de valider, au niveau national, les espèces aviaires observées) (Bergier et Thévenot, 2009).

.

Depuis les dernières décennies, plusieurs espèces d'Oiseaux qui nidifiaient plus ou moins régulièrement dans le pays en ont disparu, suite à la pression anthropique et à ses conséquences directes ou indirectes. Ainsi, entre 1930 et 1940 s'est éteinte l'Erismature à tête blanche (Oxyura leucocephala) (Bergier et al., 2003, Qninba et El Agbani, 2008 ; EL Agbani et al., 2009) mais réapparus récemment en 2009 (Cherkaoui, Maire et Rih dans perso.menara.ma/gomac) ; puis, entre 1950 et 1980, de prestigieuses espèces, telles que l'Autruche (Struthio camelus), le Vautour oricou (Torgos tracheliotus), le Vautour moine (Aegypius monachus), l'Aigle impérial ibérique (Aquila adalberti) et la Pintade sauvage (Numida meleagris). La dernière espèce à avoir disparu est l'élégante Grue demoiselle (Anthropoides virgo), qui nidifiait sur les hauts plateaux moyen atlasiques jusqu'en 1984. Deux autres espèces, nidificatrices occasionnelles sur le Bas Drâa (plan d'eau de l'Iriki), le Flamant rose (Phoenicopterus ruber) et le Canard pilet (Anas acuta), ont disparu vers 1970-75 (Madbouhi, 2007), suite à l'assèchement de cette zone, consécutive à la construction en amont du Barrage El Mansour Eddahbi. La Guifette moustac (Chlidonias hybrida), autrefois fréquente dans les marais du Gharb, est aujourd'hui devenue très rare suite à la destruction de son habitat (drainage et assèchement intense). Le Courlis à bec grêle (Numenius tenuirostris), hivernant sibérien autrefois abondant, est devenu rarissime, localisé à la Merja Zerga où il fut observé au cours de l'hiver 1994-95 (Bergier et al., 2000) et depuis 1996, aucun courlis à bec grêle n’a été observé (une observation non confirmée en 1998) (CMS, 2002).

La Grande outarde, Otis tarda, est une espèce mondialement menacée mais avec un secteur de distribution large dans certaines régions d'Europe et d'Asie : Espagne, Europe de

(17)

et le nord-ouest du Maroc (Blotzheim et al., 1973 ; Cramp et Simmons, 1980 ; Collar, 1985 ; Urban et al., 1986 et del Hoyo et al., 1996). Bien que largement distribuée, la plupart des populations ont souffert de grands déclins et quelques-uns sont éteintes dans les périodes relativement courtes pendant le dernier siècle. L'espèce est, donc, classée comme vulnérable sous les critères de conservation d'IUCN actuels (Collar et al., 1994; BirdLife International, 2000 dans Alonso et al., 2003 et Thévenot et al., 2003).

L’effectif le plus important est observé au niveau de la péninsule Ibérique (24000 exemplaires) (Alonso et Alonso, 1996 ; Alonso et al., 2003). Malgré cette abondance en Espagne, la grande Outarde reste vulnérable (Palacín et al., 2003).

Au Maroc, en 1894, la Grande outarde était présente sur les plateaux de la chaouia (Weisgerber, 1909). Au début des années 1970, il y’avait au moins trois populations de Grandes outardes: la première, « au Sud de Tanger » comptant à peu près 30 individus, la seconde « au Nord de Larache » avec 20 individus, et la troisième, plus au Sud, dans une zone proche de Souk-el-Arba-du-Rharb où on mentionnait la présence de 10-12 individus (Pineau et Giraud Audine 1977 ; Collar, 1985). La présence d’outardes dans la zone aux environs de Tanger, du Rharb et de la vallée du Sebou dans sa section moyenne fût aussi mentionnée par Thévenot et al. (1982) et Arhzaf et al., (2006a et b).

Durant ces dernières années, la population de la Grande outarde est en danger d'extinction en Afrique, et particulièrement au Maroc. Ceci est dû à l'augmentation rapide d'infrastructures humaines et l’utilisation des terres agricoles autour des zones où a été observé l’espèce Otis tarda :Tahaddart dans la région d’Asilah et dans certains secteurs du GHARB (Arhzaf et al, 2006a, 2006b et 2009).

La plupart des travaux réalisés sur la Grande outarde ont été réalisés en Espagne, Europe de l'est, Asie centrale, à l'est jusqu'à la Mandchourie et en Turquie (Gewalt ,1959 ; Glutz von Blotzheim et al., 1973 ; Cramp et Simmons, 1980 ; Collar, 1985 ; Saiki et al., 1985 ; Lucio et al., 1990 ; Taberlet, 1991 ; Excoffier et al., 1992 ; Faragó, 1992; Wenink et al., 1993 ; Collar et al., 1994 ; Moritz, 1994 ; del Hoyo et al., 1996 ; Marshall et Baker, 1997 ; Suárez et al., 1997 ; Zink et Blackwell, 1998 ; Onrubia et al., 1998 ; Hellmich, 1999 ; BirdLife International, 2000 ; Wolff et al., 2001 ; Beissinger et McCullough, 2002 ; Morales, 2003 ; Morales et Martín, 2002 ; Pitra et al., 2002 ; Idaghdour et al., 2003 ; Palacín et al.,

(18)

2003 ; Broders et al., 2003 ; Broderick et al., 2003a ; Alonso et al., 2004a ; SEO/BirdLife, 2004 ; Suárez, 2004 ; Martín et al., 2004 ; Morales et al., 2005a ;Vincent Bretagnolle, 2008).

Dans l’état actuel des connaissances, les travaux de recherches réalisés sur la Grande outarde au Maroc sont : Pineau et Giraud Audine, 1977 ; Thévenot et al., 1982 ; Goriup, 1983 ; Collar, 1985 ; e.g. Urban et al., 1986 ; Alonso et Alonso, 1990 ; Johnsgard, 1991 ; Alonso et al., 1994 ; Collar et al., 1994 ; Alonso et al., 1995 ; Alonso et Alonso, 1996 ; del Hoyo et al., 1996 ; Hellmich, 1999 ; Alonso et al., 2000 ; Alonso et al., 2000a ; Alonso et al., 2000b ; Alonso et al., 2001 ; Hellmich & Idaghdour, 2002 ; ; Morales et al., 2002 ; Lacy et al., 2003 ; Alonso et al., 2003b ; Alonso et al., 2004, 2004a, 2004b et 2005, Arhzaf et al., 2006a , 2006b et 2009.

L’objectif principal de la présente étude est le recensement de la population de Grandes outardes du pays et d’étudier la viabilité de la population des Grandes Outardes du Maroc.

Dans cette étude, nous présenterons un recensement mis à jour de la population de la Grande Outarde dans la région de Tahaddart d’Asilah et au GHARB. Nous comparerons nos résultats avec les recensements précédents, et nous discuterons les tendances démographiques actuelles.

Dans le cas précis de notre recherche sur la Grande outarde, nous nous sommes trouvés obligés de mener nos investigations de la biologie de l’espèce, aussi bien au niveau de la Péninsule Ibérique qu’au niveau du Maroc, afin d’élargir nos connaissances concernant la répartition et les interactions existantes entre les différentes populations de l’espèce de la région ibéro-marocaine.

Les objectifs spécifiques développés tout au long de cette étude sont les suivants : ¾ Confirmation de la taille de la population d’outardes du Maroc,

¾ Détermination de sa diversité génétique, ¾ Etude de la viabilité de la population,

¾ Campagne de sensibilisation sur l’importance de sa conservation, ¾ Etude de l’état actuel de conservation de l’espèce au Maroc.

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Pour ce faire, le présent mémoire sera subdivisé en 6 chapitres:

9 Le premier chapitre sera consacré à des Généralités sur la grande outarde : répartition géographique, Biologie de la grande outarde, comportement, protection et menaces.

9 Le deuxième chapitre se consacrera aux recensements de la population des outardes du Maroc,

9 Le troisième chapitre portera sur la diversité génétique de la population de Grandes outardes du Maroc et sa relation avec celle de la Péninsule Ibérique,

9 Le quatrième chapitre initiera la viabilité de la population,

9 Le cinquième chapitre portera sur l’état de conservation de la population de Grandes outardes du Maroc,

9 Le sixième chapitre se consacrera à la campagne de sensibilisation sur l’importance de la population de Grandes outardes du Maroc

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CHAPITRE I

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1-Introduction :

La première trace d’une association entre l’Homme et l’outarde remonte à quatre ou cinq mille ans avant notre ère, et consiste en un simple dessin au trait dans la cave de Tajo Segura, au sud de l’Espagne. Que le dessin soit celui d’une outarde barbue ne fait pas de doute. Aujourd’hui, après d’innombrables générations, nos connaissances sont étonnamment maigres en ce qui concerne l’outarde, qui reste pour nous un objet de respect et de spéculation (Abrougui, 1996).

La famille des outardes comporte 27 espèces appartenant à 11 genres (Tableau 1). On admet généralement que ces 27 espèces se subdivisent en 47 sous-espèces ou races dont la taille, le plumage et la distribution géographique diffèrent. Les check-lists actuelles les placent parmi les gruiformes, avec les grues (gruidés) et les râles (rallidés), mais il a été suggéré qu’elles se rapprochent davantage des courlis de terre ou des autruches. La répartition actuelle des outardes couvre l’Afrique, l’Europe, l’Asie et l’Australie. Par contre, il n’existe aucune trace de la grande outarde sur le continent américain, ni actuellement ni dans le patrimoine fossile (Abrougui, 1996).

L’outarde typique a le bec court, le cou long et élancé, le corps fort et la queue courte; ses jambes sont relativement longues, et la patte ne porte que trois doigts. Les écailles des jambes sont étrangement hexagonales, et l’outarde n’a ni gave ni glande uropygienne. (L’outarde lisse son plumage, mais elle ne peut pas huiler ses plumes, qui sont couvertes d’une matière friable appelée «duvet poudreux» qui, associé aux bains de poussière, aide à maintenir la propreté du plumage.). Le mâle est normalement plus grand que la femelle, et son plumage est plus criard (Abrougui, 1996).

Autrefois, on croyait l’outarde monogame. Mais dans la plupart des espèces qui ont été étudiées avec suffisamment de détail, la polygamie paraît être la règle, la femelle couvant seule et élevant ses petits sans l’aide du mâle (Abrougui, 1996).

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Tableau 1 : Liste de la famille des Outardes (Clements, 2000 et IUCN, Avibase et BirdeLife : http://www.oiseaux.net/oiseaux/otidides.html)

Français Latin Anglais Répartition géographique

Outarde

barbue Otis tarda Great Bustard

Europe du Portugal, Espagne , Allemagne, Pologne, Hungrie, Balkans, Maroc, Turkie Iran, Ukraine vers la mer noire, et de la mer Caspienne vers le Caucase. Kazahstan et Turkestan. Ouest de la Chine et Mongolie et la Siberie

Outarde

arabe Ardeotis arabs Arabian Bustard

Algerie, Burkina Faso, Cameroon, TChad, Côte d’Ivoire, Djibouti, Eritrée, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinea-Bissau, Kenya, Mali, Mauritanie, Maroc, Niger, Nigeria, Arabie Saoudite, Senegal, Somalie, Soudan, et Yemen.

Outarde kori Ardeotis kori Kori Bustard

Afrique de l’est (Ouganda, l’Éthiopie, Somalie, Kenya, la Tanzanie) et l’Afrique australe (Angola, Namibie, Botswana Zimbabwe, Afrique du Sud)

Outarde à

tête noire Ardeotis nigriceps Indian Bustard

Inde

Outarde

d'Australie Ardeotis australis

Australian

Bustard Australie Outarde

houbara Chlamydotis undulata

Houbara

Bustard l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient Outarde de

Macqueen Chlamydotis macqueenii

MacQueen's

Bustard Moyen-Orient, de l’Arabie à l’Iran et au Pakistan Oriental, Kazakhstan, Mangolie, la chine et du Golfe Persique à l’Inde. Outarde de

Ludwig Neotis ludwigii

Ludwig's

Bustard Afrique du Sud, Namibie et Angola Outarde de

Denham Neotis denhami

Stanley

Bustard Afrique sub-saharienne Outarde de

Heuglin Neotis heuglinii

Heuglin's

Bustard Djibouti, Eritrea, Ethiopia, Kenya, et Somalia. Outarde

nubienne Neotis nuba Nubian Bustard Burkina Faso, Cameroon, Chad, Mali, Mauritania, Niger, Nigeria, et Sudan

Outarde du

Sénégal Eupodotis senegalensis

White-bellied Bustard

Angola, Benin, Botswana, Burkina Faso, Cameroon, Republique Central Afrique, TChad, Congo, Côte d’Ivoire, Eritré, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guineée Kenya, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Senegal, Somaleie, Afrique du Sud, Soudan,Tanzanie, Togo, Uganda, et Zambie.

Outarde à ventre blanc Eupodotis barrowii Barrow's Bustard

Zambie, Tanzanie, Somalie et Ethiopie.

Outarde

plombée Eupodotis caerulescens Blue Bustard

Afrique du Sud

Outarde de

Vigors Eupodotis vigorsii Karoo Bustard

Afrique du sud et Namibie.

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Français Latin Anglais Répartition géographique

Outarde de

Rüppell Eupodotis rueppellii

Rüppell's

Bustard Angola et Namibie.

Outarde

somalienne Eupodotis humilis

Little Brown Bustard

Ethiopie et Somalie

Outarde de

Savile Lophotis savilei

Savile's

Bustard Mauritanie, Senegambie, Mali, côte d’ivoire, Burkina Faso, Niger, Nigeria,Tchad et soudan.

Outarde

d'Oustalet Eupodotis gindiana

Buff-crested Bustard

Soudan, Ethiopie, Somalie, Uganda, Kenya et Tanzanie.

Outarde

houppette Eupodotis ruficrista Red-crested Bustard

Angola, Zambie, Zimbabwe, Mozambique, Namibie, Botswana et l’Afrique du sud.

Outarde

korhaan Eupodotis afra Black Bustard Afrique du sud Outarde à

miroir blanc Eupodotis afraoides

White-quilled Bustard

Afrique du sud, Angola, Botswana et Namibie.

Outarde à

ventre noir Lissotis melanogaster

Black-bellied Bustard

Senegambie, Mali, Burkina Faso, Guiné-Bissau, Guiné, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Benin, Niger, Nigeria, Cameroon, Gabon, Congo, Angola, Zaire, Afrique Centrale, TChad, Soudan, Ethiopie, Eritrée, Somalie, Uganda, Rwanda, Burundi, Kenya , Tanzanie, Malawi, Zambie, Mozambique, Namibie, Botswana et Zimbabwe.

Outarde de

Hartlaub Lissotis hartlaubii

Hartlaub's

Bustard Afrique de l’est. Outarde du

Bengale Houbaropsis bengalensis

Bengal

Florican Inde et Asie. Outarde

passarage Sypheotides indica

Lesser

Florican Pakistan et l’Inde

Outarde

canepetière Tetrax tetrax

Little Bustard

France, Portugal, Espagne, Italie, Grece, nord de l’Afrique (Maroc). Turkie, Ukraine, de la mer noire à la mer caspienne, Kazakhstan, Afghanistan, Turkestan, Iran, Chine, Mongolie, Siberia, Syrie et l’ Inde.

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2-Répartition géographique de la Grande outarde :

Les travaux paléontologiques menés ces dix dernières années ont montré que la Grande outarde était présente en Méditerranée à Bonifacio en corse au 8ème Millénaire av. J.-C. (Cuisin et Vigne.1998) ; et à Chypre au 10ème millénaire av. J.-C. (Mourer-Chauviré. 1993 ; Reese.1996). Elle servait de gibier, sa présence à ces époques, avait des implications biogéographiques, écologiques et anthropologiques étant donné que les populations suivaient les zones de présence de la Grande outarde et s’y installaient (Cuisin et Vigne,1998).

Dans l’état actuel des choses, la grande outarde est un oiseau farouche qui vit dans les steppes d'Europe et d'Asie : Espagne, Europe de l'est, Asie centrale, à l'est jusqu'à la Manchourie. L’effectif le plus important se trouve dans la péninsule ibérique (57 % de l’effectif globale dans le monde) (figure 1). La grande outarde niche aussi dans le nord du Maroc et le centre de la Turquie (figure 2).

3-Taxinomie et systématique de la grande outarde

La taxinomie de la grande outarde ou outarde barbue est la suivante : Règne: ANIMAL Embranchement: CHORDES Classe: OISEAUX Ordre : GRUIFORMES Famille: Otididés Genre : Otis

Espèce : Otis tarda Linnaeus, 1758

D’autres taxons sont apparentés (sous espèce) à l’espèce Otis tarda : Otis tarda tarda Linnaeus, 1758 qui concerne le Maroc, Otis tarda dybowskii Taczanowski, 1874 et Otis tarda

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Figure 1 : Distribution de la grande outarde (Otis tarda) dans le monde (Arhzaf et al., 2006).

Figure 2: Carte modifiée de répartition géographique mondiale de la grande outarde (La coloration indique le pays)

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4-Biologie de la grande outarde :

4.1- Morphologie

- Aspect

De la taille d'un dindon, la grande outarde a le dessus gris et brun plutôt terne, avec quelques nuances rousses, et le dessous blanc. Mais pendant la période de reproduction, le mâle effectue une parade nuptiale spectaculaire qui révèle sa beauté : il ressemble a une très grande fleur blanche observable de loin dans les champs, la femelle étant de petite taille. En vol la grande outarde ressemble, à distance à une oie. Elle vole avec la tête et le cou en avant, et son battement d'ailes est vigoureux, ses ailes sont larges et nettement rectangulaires (Peterson et al., 2005). Nous pouvons aussi citer d’autres aspects tels que :

- Camouflage : Le plumage brun roux strié de noir de la femelle la camoufle parfaitement dans les prairies sèches où elle vit,

- Parade nuptiale : Le mâle rentre la tête dans les épaules et gonfle l'ensemble de son plumage,

- Queue : Relevée, et plumes blanches des ailes ébouriffées, -Voix : Glapissement bas,

- Longueur : 75 - 100 cm,

- Envergure : 1,70 - 2,20 m (mâle plus grand que la femelle), - Poids : 10 à 13 kg chez le mâle et 4 à 5 Kg chez la femelle, - Age maximum : 8 ans.

4.2- Régime alimentaire

La grande outarde a une alimentation variée, et mange aussi bien des petits animaux que des plantes tel que des pois et des choux. Elle se nourrit surtout de graines et de petits insectes, et affectionne les plaines herbeuses et les champs de céréales où la nourriture est abondante (Alonso & Alonso 1990; Peris et al. 1992; Lane et al. 1999, Lane et al., 2001).

La grande outarde mange durant la journée. Elle se tient alors en petit groupe, déambule à la recherche de nourriture.

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4.3- Comportement :

D'un naturel très farouche, la grande outarde est toujours très attentive et sur ses gardes. Elle vit dans des milieux herbeux sans arbres où elle peut voir très loin. Malgré sa grande taille, la grande outarde vole très bien, mais s'élève rarement à plus de 100 mètres du sol.

Dans le type d'habitat où il vit, l'oiseau est bien camouflé par son plumage moucheté. En cas de danger, il s'aplatit souvent sans bouger plutôt que de s'enfuir.

4.4- Habitat

La steppe est son habitat originaire. Actuellement, l’espèce occupe des zones ouvertes, dégagées et sans arbres, à culture céréalière principalement. De préférence, zones écartées des villages et des routes.

Divers travaux insistent sur le rôle de l’agriculture céréalière extensive dans le maintien à des niveaux appropriés des populations de différentes espèces d’oiseaux de steppe (Suárez et al. 1997, Suárez 2004). Ainsi Wolff et al. (2001) proposent différents modèles théoriques qui prédisent le niveau de population de plusieurs groupes d’espèces en fonction des indices de culture et d’intensification du milieu. Selon ces auteurs, les espèces plus tolérantes à l’agriculture comme la Grande Outarde présenteraient un maximum pour des valeurs plus grandes pour l’indice de culture mais jamais pour des valeurs très élevées pour l’indice d’intensification.

En Espagne, Les mesures agro-environnementales mises en place par les Conseils de l'Environnement et de l'Agriculture, et de l'Élevage, destinées à améliorer et à conserver le milieu naturel dans lequel vivent les outardes, et la création de ZEPAs (Zones de Protection Spéciale pour les Oiseaux) ont eu pour résultats une augmentation du nombre d’outarde de 30% à Castille et León, au cours des 10 dernières années (Valladolid, 2009).

Au Portugal l’étude de la distribution géographique de la Grande outarde a reposé sur les informations recueillies sur les principales tendances dans l'utilisation des terres agricoles, l'activité de chasse, les infrastructures et le développement des plans d'urbanisme pour chacun des sites de l’espèce (Pinto et al. 2005). En vingt ans (1980-2002), la taille de la population de

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la Grande outarde a augmenté (de 759 à 1151 individus), à cause de l’augmentation des effectifs uniquement au niveau du site (Castro Verde). Cependant, elle a complètement disparu de 8 sites dans le nord de son aire de répartition (Pinto et al. 2005).

La concentration de la Grande outarde dans un seul site (Castro Verde au Portugal), pourrait aboutir à une perte de la diversité génétique et une vulnérabilité de l’espèce en cas de catastrophe naturelle (Pinto et al., 2005).

Au Portugal, les priorités pour la conservation de la Grande outarde, consistent à assurer un biotope favorable avec des cultures de céréales, transformer les systèmes d’irrigations existants et promouvoir des mesures de corrections pour les lignes électriques (lignes existantes doivent être marqués ou enterré) (Pinto et al., 2005).

Malgré les effectifs actuels élevés de la Grande outarde en Espagne (24000), son avenir est incertain et reste dépendant des politiques sur les présents et futurs changements dans les pratiques agricoles (Alonso et Alonso, 1996).

Les résultats d’études réalisées en France (pour l’outarde canepetière) et dans la péninsule ibérique, ont montré que les Grandes outardes comme les outardes canepetières ont tendances à sélectionner les types d’habitats à caractéristiques similaires : (jachères enherbées, terrains en friches, pâturages, certaines légumineuses), sur des terrains avec des mises en culture et des intensifications très diverses (Morales et al., 2006). Cependant, le même auteur rapporte que la Grande outarde semble tolérer des niveaux plus élevés de mise en culture et elle montre une réponse populationnelle de type optimale à l’intensification agricole.

L’Outarde barbue utilise généralement des paysages avec un haut niveau de mise en culture, alors qu’elle présente une réponse optimale par rapport à l’intensification. Cela est en accord avec ce qui a été trouvé par d’autres auteurs qui confèrent à la dynamique sociale et populationnelle des espèces une importance explicative de leur abondance, au moins comparable à celle des variables d’habitat (Lane et al., 2001 ; Morales et al., 2005a).

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les parades nuptiales de certains oiseaux) éclaté (Jiguet et al., 2000 ; Morales et al., 2001 ;

Morales & Martín, 2002), résultant ainsi en une attraction spécifique qui peut donner une densité de population élevée dans des zones où l’habitat ne diffère pas substantiellement de celui de zones où la densité est nulle (Lane et al., 2001 pour l’Outarde barbue). Cependant la réponse de type optimal de la densité d’Outarde barbue (qui reste toujours liée à des valeurs assez hautes de mise en culture) au niveau d’intensification suggère que les populations de cette espèce pourraient souffrir dans des paysages où la couverture de jachère serait trop grande (faible intensification) ou trop faible (forte intensification).

Dans ce contexte, nous considérons que les populations d’outardes qui subsistent en Europe en dépit d’un processus d’extinction qui se poursuit depuis des siècles (Cramp & Simmons, 1980 ; Morales & Martín, 2002).

En conséquence, la perte d’habitat n’est qu’un facteur dans ce processus et, probablement, la structure du paysage ne peut pas expliquer à elle seule les différences de densité entre les populations survivantes.

La sélection de l’habitat, observée chez l’Outarde barbue suggère une plus grande influence des caractéristiques de la nature des cultures. Ces choix sont probablement orientés selon la dynamique sociale de cette espèce et son usage traditionnel de certaines zones, en particulier pendant la reproduction, quand ces populations montrent un patron d’agrégation spatiale de type lek ( Lucio et al., 1990 ; Pescador et al., 1996 ; Onrubia et al., 1998 ;Morales

et al., 2001 ; Alonso et al., 2004a).

Notons bien qu’au Maroc, la Grande Outarde Otis tarda fréquente toujours le Bas Tahaddart et ses environs qui représentent la plus importante aire de nidification de l’espèce; de même que dans les plaines à fortes intensités culturales (le Gharb) ; les effectifs sont toutefois en nette régression d’après les données recueillies dernièrement (Alonso et al. 2000,2004a, 2005 ; Hellmich & Idaghdour 2002).

4.5- Reproduction

La femelle fait un nid très simple, soit en écrasant les herbes, soit en grattant une petite dépression dans le sol. Elle pond 2 à 3 œufs. Ces derniers sont couvés par la femelle seule jusqu'à l'éclosion, qui survient au bout de 25 à 28 jours (Peterson et al., 2005).

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Les poussins sont nidifuges mais sont nourris par les parents. A la naissance, La femelle nourrit chaque poussin avec des insectes et leur donne progressivement des plantes. A cinq semaines, les jeunes savent voler, mais ne sont indépendants qu'à un an environ (Peterson et al., 2005). Cependant, nous pouvons citer d’autres caractéristiques en relation avec le mode de reproduction :

- Période de nidification : avril à août. - Nombre de couvaisons : une par an.

- Nombre d'œufs : 2 à 3 par ponte ; gris pâle ou vert tacheté de brun rose et de gris. - Incubation : 25 - 28 jours (femelle)

- En vol : à 5 semaines.

5-Génétique de Population de la Grande Outarde :

La Grande outarde est une espèce d’intérêt national et international. Nous avons réalisé en collaboration avec le laboratoire de Génétique, du Museo National de Ciencias Naturales (CSIC), une étude pour répondre à des questions liées à la structure génétique de la dernière population africaine des Grandes outardes estimées à 100 oiseaux situés au nord du Maroc et dans le Gharb.

La collecte des échantillons (fèces et plumes appartenant aux différents groupes reproducteurs marocains) sur le terrain a été réalisée par les 2 équipes Marocco-Espagnole (cf. chapitre : Diversité génétique de la population de Grandes outardes du Maroc et sa relation avec celle de la Péninsule Ibérique). Ceci a été réalisé en employant la PCR et le séquençage d’ADN mitochondrial à partir des fèces de l’espèce. C'est une étude qui a utilisé des fèces comme source de l'ADN pour étudier la structure populationnelle d'une espèce d’oiseaux (Idaghdour et al., 2003).

Les grandes outardes se déplacent régulièrement autour de leurs sites de reproduction en fonction des saisons. Les femelles d’un noyau reproducteur dont le ou les mâle (s) ont disparus se déplacent pour s’accoupler et reviennent à leurs zones de reproduction.

Notre travail vient en réponse à des questions préoccupantes :

- la nature de la filiation entre les deux populations des grandes outardes (marocaine et espagnole),

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- la nature d’un éventuel ou probable déplacement de la Grande outarde entre le Maroc et l’Espagne (s’il existe),

- la sauvegarde de la Grande outarde marocaine par l’apport d’individu de la population espagnole.

6-Protection et menaces :

6.1-Menace à l’échelle mondiale :

6.1.1- Problèmes engendrés par le développement des infrastructures

Nos infrastructures en perpétuel développement d’habitations, d’industrie, d’eau, d’énergie et de réseaux de transport détruisent et dégradent les milieux naturels. L’expansion et le développement des infrastructures facilitent la progression d’autres activités telles que l’agriculture et l’exploitation forestière qui sont potentiellement néfastes si elles ne sont pas correctement gérées. De nombreuses structures artificielles constituent également une menace directe pour les oiseaux, notamment lors des migrations.

On note également que l’exploitation des milieux naturels est un non-sens économique dès lors que l’on prend en compte la potentielle valeur marchande des services rendus par les écosystèmes, valeur qui n’est aujourd’hui pas intégrée dans le calcul économique. En moyenne, près de 50% de la valeur économique totale du milieu naturel est perdue lors de sa conversion pour une utilisation humaine plus intense (Balmford et al., 2002).

6.1.2- Pollution provoquée par l’agriculture, la sylviculture et l’industrie

La pollution de l’environnement affecte directement les espèces d’oiseaux, entraînant la mortalité (pour 6% des oiseaux mondialement menacés) ou la baisse du succès de reproduction (pour 3%) (BirdLife International, 2000). Les oiseaux sont également affectés indirectement par la dégradation des milieux (pour 11%). La pollution liée aux activités agricoles, sylvicoles et industrielles est la menace la plus courante et celle qui a le plus d’impact sur les milieux marins et d’eau douce et les espèces qui en dépendent.

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6.1.3- Effet de la surexploitation exagérée des oiseaux

A l'échelle mondiale, selon l'UICN, la planète aurait perdu 153 espèces d'oiseaux depuis l’an 1500 (UICN, 2009). En 2008, la surexploitation touche un tiers des espèces d’oiseaux mondialement menacées. Les impacts se font surtout sentir en Asie, région dans laquelle se trouvent huit des dix pays comptant le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux menacées (BirdLife International, 2008).

L’excès de la chasse pour la nourriture ou le sport ainsi que le piégeage pour le commerce d’oiseaux en cage ont entraîné l’extinction de nombreuses espèces d’oiseaux. A ce jour cela reste une menace significative. La surexploitation touche plus particulièrement certaines familles d’oiseaux à savoir les perroquets, les pigeons et les faisans et affecte surtout l’Asie. Le statut de nombreux oiseaux qui font l’objet d’un commerce international continue de se dégrader notamment sous l’effet du commerce illégal (BirdLife International, 2008).

6.2-Menace à l’échelle du Maroc

Les oiseaux sont en forte régression et en particulier la grande outarde. Les problèmes principaux sont la disparition et la perte de qualité de son biotope suite au développement urbain et agricole; principalement, la monoculture céréalière, la mécanisation agricole, l'usage massif d'herbicides et la transformation en zones d'irrigation. Aussi menacée ponctuellement par le braconnage et les collisions contre les lignes électriques.

Nous avons observé la présence de la grande outarde dans la zone humide de l’Oued Tahaddart dans des endroits marécageux et difficiles d’accès. Selon Qninba et al., (2009), il parait clair que les changements constatés dans la composition de l’avifaune aquatique nicheuse du complexe de zones humides du Bas Tahaddart sont liés à des changements au niveau de l’hydrologie du milieu ayant permis la réhabilitation de certaines zones humides (marais à végétation émergente) suite à des aménagements routiers ou la création de nouvelles zones humides artificielles (salines).

D’ailleurs, Il est remarquable de constater que ces changements, globalement positifs ont eu lieu alors que la majorité des zones humides marocaines ont connu et connaissent des contraintes de différentes natures qui tendent à réduire leurs valeurs biologiques, en général,

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7-Protection

7.1- Association Internationale et Nationale de protection des oiseaux et plan stratégique

Les représentants de BirdLife International œuvrent pour la construction de groupes d’intérêts à différents niveaux : entre leurs propres membres, au travers de différents réseaux de Groupes locaux de protection, par des partenariats stratégiques avec l’industrie ainsi que par un travail constructif avec les gouvernements. Dans le cadre de leurs travaux avec les gouvernements, un nombre croissant de représentants s’occupent des politiques gouvernementales et 70 étaient actifs en 2007 contre tout juste six en 1998. Outre les politiques sectorielles directement liés à la biodiversité, les représentants de BirdLife International commencent également à s’occuper des sujets ayant un impact indirect (comme le changement climatique), ou de questions transversales (comme la lutte contre la pauvreté, le financement de la protection et le tourisme).

Notons bien qu’au niveau National, certaines institutions s’occupent de l’étude des oiseaux et leurs écosystèmes, à savoir l’Institut Scientifique de Rabat, Facultés des Sciences, Le Centre d’Etude de Migration des Oiseaux (CEMO),…Ainsi que certaines associations non gouvernementales (GREPOM, SEEPOM, GOMAC, AMO,…).

7.2-Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) et Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO)

7.2.1- SIBE

Les écosystèmes au Maroc connaissent un vrai problème de perte de biodiversité et nécessitent des mesures urgentes de conservation écologique. Une étude pour l’identification des sites d’intérêt biologique et écologique (SIBE), a été réalisée au Maroc entre 1992 et 1994. Dans cette perspective, suite à l’étude nationale des aires protégées réalisée en 1995 (AEFCS & BCEOM-SECA, 1995), le Maroc s’est engagé à développer les moyens d’application de la stratégie nationale de protection des Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique. Le concept Site d’Intérêt Biologique et Ecologique ou SIBE est apparu dans l’étude nationale des aires protégées et signifie un site représentatif sur le plan bioécologique de zones à écosystèmes remarquables, à forte concentration d’espèces végétales et/ou

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animales endémiques, rares ou menacées, ou à indices de biodiversité élevés. Selon cette étude, il existe 160 SIBE à l’échelle nationale. Ces SIBE ont été classés en se basant sur plusieurs critères, dont les principaux sont liés à la représentativité, à la biodiversité, aux valeurs écologiques, forestières, patrimoniales et socio-économiques, à la superficie, aux perturbations et menaces… auxquels il faut ajouter le paramètre de l’urgence de la situation qui se traduit par des exigences de temps relativement impératives (Benabid, 2000).

7.2.2- ZICO :

Protéger les Zones importantes pour la conservation des oiseaux identifiées à ce jour contribuerait considérablement non seulement au maintien des oiseaux mais également à celui de beaucoup d’autres éléments de biodiversité. Si la protection réglementaire reste souvent la meilleure option, il existe beaucoup d’autres approches, souvent novatrices, qui peuvent également être extrêmement efficaces. Il s’agit notamment de l’application de mesures de sauvegarde et d’évaluations environnementales efficaces pour les projets de développement. Dans tous les cas, les clés du succès consistent à maximiser l’implication des communautés locales et des parties prenantes et de s’engager à travailler sur le long terme.

8- Mesure du progrès

Les objectifs décidés au niveau mondial, comme l’objectif de l’horizon 2010 et les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) pour 2015, nécessitent un système de suivi mondial. En matière de biodiversité un tel système n’existe pas encore, mais des progrès sont en cours en commençant par les oiseaux. Ces derniers sont faciles à observer et beaucoup de gens, souvent des bénévoles, s’y emploient dans le monde, collectant des informations vitales pour notre avenir. Dans l’ensemble, les oiseaux constituent une merveilleuse fenêtre ouverte sur la nature, une voie qui permet de s’engager pour l’environnement et un guide en vue d’un changement positif.

9- Antécédents de la situation de l’outarde au Maroc

Conformément aux vérifications ornithologiques, l’unique population africaine de cette espèce se trouve au Nord-ouest de notre pays.

La présence d’outardes dans la zone aux environs de Tanger, du Rharb et de la vallée du Sebou dans sa section moyenne fût mentionnée par Thévenot et al., (1982). Le 28 février

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1982, pendant une expédition ornithologique à la recherche des Grandes outardes (Otis

tarda), 58 Grandes outardes ont été observées dans les « plaines autour de Tanger », 56

d’entre elles furent identifiées comme étant des mâles (Goriup, 1983, com. pers. Collar, 1985). A partir de ces observations, on a estimé que la population de cette espèce au Maroc ne devait pas dépasser au milieu des années 1980 les 100 outardes (Collar, 1985). Cette quantité a été utilisée dans les vérifications ultérieures en tant qu’estimation la plus fiable de la taille de la population marocaine de l’espèce (e.g. Urban, et al. 1986 ; Johnsgard, 1991 ; Collar et al., 1994 ; Alonso et al. 1995 ; del Hoyo et al., 1996).

Plus récemment, une équipe de la International Foundation for Conservation and Development of Wildlife (IFCDW), ayant son siège à Inezgane, prés d’Agadir, a effectué trois recensements, au printemps, en été et en hiver 1998 respectivement, dans lesquels elle a fait un recoupement avec les zones où était mentionnée la présence d’outardes avant, ainsi qu’avec d’autres zones correspondant au type d’habitat de l’espèce, mais sans les avoir recensées au préalable (Hellmich ,1999). Les résultats des ces recensements furent 66 outardes vues en mars, 28 en juillet et 90 en décembre. Ce dernier recensement a servi de base à Hellmich pour évaluer le nombre total d’outardes au Maroc à 133, alors que, aussi bien dans le recensement du mois de mars, comme dans celui de décembre, les données provenant d’enquêtes effectuées auprès des agriculteurs locaux dans les zones déterminées ont été acceptées comme valides. Des données dupliquées ont été probablement incluses, au moins en ce qui concerne les mâles, étant donné qu’on a comptabilisé un total de 21 mâles en dix mois, c'est-à-dire entre 24-40% de plus que ceux qui ont été vus en mars 1998 et 1999 dans les mêmes zones (Hellmich 1999 ; Alonso et al. 2000a).

Dans des conditions naturelles, les populations de cette espèce montrent un déséquilibre en faveur des femelles, ce qui correspond à une espèce polygynique avec un grade élevé de dimorphisme sexuel au niveau de la taille. Les mâles adultes pèsent normalement entre 10-13 kg, alors que les femelles ne dépassent pas les 4-5 kg. La proportion des deux sexes dans les populations d’outardes non soumises aux conditions défavorables de conservation varie aux alentours de 1.5 à 1.8 femelles pour chaque mâle (Alonso et Alonso 1990 ; Alonso et al. 1995). La disproportion entre les mâles et les femelles augmente d’habitude parmi les populations en moins bon état de conservation, dû à une plus grande vulnérabilité des mâles (grande taille par rapport à la femelle) face aux facteurs de mortalité naturelle et non naturelle (p.ex. : dû aux collisions avec des câbles électriques, Alonso et al.

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1994), ou à la chasse (Alonso et al. 1995 ; Alonso et Alonso 1996 ; Alonso et al. 2003b). Par comparaison, les proportions entre les sexes parmi les populations d’outardes d’Andalousie, Madrid et de Castille et León, étaient, respectivement, de plus de 3, 2.5 et 1.5 femelles par mâle, c'est-à-dire en ordre décroissant, tout comme l’ordre des pressions négatives dues aux facteurs induits par l’homme qui affectent leur état de conservation.

En 1999, sans avoir connaissance du travail de recensement qui avait été réalisé l’année précédente Hellmich, et vu le manque de données fiables sur l’état de cette population dans les dernières décennies, nous avons décidé d’effectuer des prospections dans le Gharb du Maroc, et nous avions observé des outardes dans la zone de Had Kourt (Arhzaf, 2000). L’équipe espagnole avait effectué en 1999, un recensement en mars 1999, incluant pour la première fois des données fiables sur la structure des sexes et des âges. La quantité totale d’oiseaux était de 66 outardes, quantité légèrement supérieure à celle obtenue en mars 1998 (Alonso et al. 2000a).

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CHAPITRE II

Recensement de la population des outardes

du Maroc

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1-Présentation du milieu d’étude

La zone d’étude s’étend sur 5000 km² de superficie avec un habitat potentiellement adapté pour l’espèce, entre les villes de Tanger et de Meknès (le Tahaddart et la région du Gharb).

Le bassin de Tahaddart est caractérisé par sa diversité morphologique et ses reliefs qui diffèrent d’une commune à l’autre, avec la prédominance du caractère montagneux et des collines. Du point de vue socio-économique, l’agriculture et l’élevage d’ovins, de bovins sont la principale activité de la population autochtone. Les agrosystèmes du bassin connaissent une forte pression démographique. La nature géologique des bassins et leurs caractéristiques topographiques ont limité les pratiques agricoles au profit des utilisations forestières et d’élevage extensif (ovin, caprin et bovin). La nature de la propriété foncière dans le bassin est caractérisé par la prédominance de la micro (< 0.5 ha) et petite propriété (< 5 ha) ce qui renforce le schéma d’une agriculture fortement traditionnel (Hmimsa et Ater, 2008).

Les terrains visités dans les plaines du Gharb (Had Kourt, Dar Gueddari, Jorf El Melha, Khenichet) sont dominés par les activités agricoles, qui se sont développées dans le cadre de l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Gharb (Sidi Kacem). La plaine du Gharb fournit 44% de la production agricole, 22% de la production forestière et 33% de la production d'élevage à l’échelle nationale. Les projets d'aménagement hydroagricole prévus peuvent faire de cette zone la région agricole la plus importante du pays (Monographie Régionale de l’Environnement du Nord-Ouest, 2001).

Avant les visites, nous disposions d’informations sur la présence d’oiseaux obtenue à partir des recensements antérieurs (Hellmich, 1999 ; Alonso et al., 2000a) pendant lesquels 30 secteurs géographiques ou zones avec une haute probabilité de présence d’outardes ont été visités.

Dans le présent recensement, seule une sélection de 7 grandes zones, où la présence d’outardes avait été confirmée ou bien où il y avait une haute probabilité de présence (figure 3), a été visitée. A l’intérieur de ces zones nous avons délimité des zones occupées par les Grandes outardes vues durant le recensement, de telle manière qu’elles comprenaient toutes les bandes qui avaient été vues.

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Figure 3 : Zones occupés par les grandes outardes recensées durant la présente étude au Maroc (Carte modifiée d’Alonso et al., 2005).

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Nous avons délimité une zone de lek pour chacun des noyaux reproductifs détectés comprenant les bandes appartenant à ce lek ou noyau reproductif. En plus une bande de terrain où l’espèce est susceptible de se déplacer. L’ensemble constituait un habitat adéquat conforme avec les informations obtenues des agriculteurs ou des bergers locaux sur les oiseaux et aussi en utilisant des cartes 1/50 000ème (carte du Ministère de l’Agriculture) lors de nos visites sur le terrain qui nous ont servi de base de délimitation des superficies.

Par lek ou noyau reproductif nous entendons les groupes de mâles et de femelles qui se réunissent pour la reproduction chaque année sur un territoire déterminé, traditionnel, ou dans une zone d’exhibition pour les amours et l’accouplement (Alonso et al., 2005).

Nous avons identifié un total de 7 zones de lek ou noyaux reproductifs (photos 1 à 7). Les différentes photos ont comme source le site web : http://www.visomap.com.

Les 7 groupes reproductifs mentionnés sont dispersés entre Tanger et Meknès, limités à l’Ouest par la côte atlantique, à l’Est par la partie occidentale du massif du Rif et au Sud par la vallée de la rivière Sebou. Les zones de distribution de l’espèce sont fondamentalement des zones rurales, cultivées ou destinées aux pâturages, entre 0 et 200 m d’altitude au dessus du niveau de la mer. Les 7 noyaux se retrouvent groupés dans 3 grandes zones, la plus septentrionale comprend les noyaux de Kanouat, Araoua, Chakbouchan, Tendafel et Tleta-Rissana, qui sont relativement proches entre elles et situées au Nord de la rivière de Loukkos. Au Sud de cette rivière on trouve le groupe de Mrhitane qui est relativement isolé, à 50 km des groupes les plus proches, et plus au Sud encore, celui de Had Kourt, à 50km au SE du groupe de Mrhitane et à 80 km au SSE du groupe de Tleta-Rissana.

Site de Kanouat (photo 1)

Le site Kanouat est situé à 20 km au Sud de Tanger avec une superficie de l’ordre de 4000 ha et à une altitude entre 2 et 35m au dessus du niveau de la mer.. Il représente la zone la plus septentrionale du Maroc (Latitude : 35.662 et longitude : -5.911) où se trouvent les Grandes outardes. les noyaux des populations les plus importantes sont Kanouat, Haouara et Hajra En Nhal. Il s’agit d’une plaine sillonnée par les tronçons terminaux des rivières Marhar et Tahadart, qui subissent des inondations saisonnières à l’époque des pluies.

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Sites d’ Araoua et de Chakbouchan (photos 2 et 3)

Le site d’Araoua a une superficie de 12000 ha environs et se trouve à moins de 10 km au Sud de Kanouat (Latitude : 35.5100 et longitude : -5.8700). La zone se divise en deux parties bien distinctes : les plaines inondées par les tronçons terminaux des rivières Hachef et Jenane Aissa, entre 1 et 12 m au dessus du niveau de la mer, et les collines avoisinantes qui entourent ces rivières, avec des altitudes qui ne dépassent pas les 130 m au dessus du niveau de la mer. Cette localité assez grande, contient les plus importants noyaux reproducteurs de la population des Grandes outardes y compris ceux de Briech, El Had des-Rharbia, Ain Ben Ammar, Olad Zaier, Araoua, El Amarat et Charkia.

Le site de Chakbouchan est situé à l’Est à une latitude : 35.4392 et une longitude : -5.9314. La superficie est d’environ 1680 ha. Il s’agit de la vallée d’un oued à pente douce, sillonnée par les rivières Chakbouchan et Ayacha, avec des altitudes qui varient entre 3 et 30 m au dessus du niveau de la mer. Cette zone contient les localités où se trouvent les populations de Grande outarde de Er Riaina, Ed Dehahihat et El Hourech.

Site de Tendafel (photo 4)

D’une superficie d’environ 1716 ha, Le site de Tendafel est localisé à 5 km au Sud d’Asilah plus à l’ouest des autres zones, à une latitude : 35.4100 et une longitude :-6.0500. C’est une zone de collines à versants modérés, sillonnés par divers ruisseaux. Les altitudes varient entre 40 et 100 m au dessus du niveau de la mer. Cette localité est délimitée à l’Est par l’autoroute de Rabat-Tanger, dont la construction et la mise en service a entraîné la destruction d’une partie de l’habitat de ce noyau reproducteur. Les noyaux de populations les plus proches de Tendafel sont ceux d’ Al Akba et d’El Homar.

Site de Tleta-Rissana (photo 5)

Cette zone, d’ une superficie de 2660 ha, est localisée à 30 km à l’Est de Larache et à 20 km au Nord de Ksar-el-Kebir (Latitude : 35.2200 et longitude : -5.9400). Elle est formée de collines aux profils arrondis avec des altitudes qui varient entre les 100 m aux sommets et les 40 m au niveau des vallées qui les séparent. Tleta Rissana occupe une position centrale par rapport à la zone de distribution de l’espèce au Maroc (à 25 km au SE de Tendafel et à 49 km au N de Mrhitane). La frontière naturelle au Sud de la zone est constituée par le cours de la rivière Mekhazen. Les douars constituant ce site sont : Tleta-Rissana, Olad Soultane-Tarkount et Touaina.

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Photo 3 : Habitat de la zone de Chakbouchan.

Figure

Figure 1 : Distribution de la grande outarde (Otis tarda)  dans le monde (Arhzaf et al., 2006)………..….
Tableau 1 : Liste de la famille des Outardes (Clements, 2000 et  IUCN, Avibase et           BirdeLife : http://www.oiseaux.net/oiseaux/otidides.html)
Figure 2: Carte modifiée de répartition géographique mondiale de la grande outarde  (La coloration indique le pays)
Figure 3 : Zones occupés par les grandes outardes recensées durant la présente étude        au Maroc (Carte modifiée d’Alonso et al., 2005) .
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